Journée de merde...

Alaric Grant

La pleine lune… C’était aujourd’hui qu’elle allait se pointer, comme tous les mois. Si la plupart des Lucchese savait très bien gérer ça, moi, j’avais toujours beaucoup de mal. La douleur… C’était ça le pire… Sans compter que s’empêcher de se transformé et, pour moi, impossible. Je m’étais entrainer mais, pour l’instant, aucun des entrainements n’avait porté ses fruits. Ma mère disait que c’était parce que je ne m’entrainais pas assez. Que je manquais de volonté. Que si je mettais autant d’ardeur à l’entrainement que je n’en mets quand je fais la fête, alors, peut-être que, d’après elle, je saurais parfaitement me contrôler.

C’est vrai… Elle avait raison… Je détestais m’entrainer. A vrai dire, je troquerais avec plaisir ma nature de loup-garou contre une nature humaine si c’était possible.

Même si la nature humaine, aussi, a des inconvénients comme le fait qu’ils vieillissent beaucoup plus vite que nous.

Bref, je savais que la transformation allait, encore une fois, être douloureuse… Mais je ne pensais pas que les symptômes se manifesterais aussi vite… J’étais sur le chemin qui devait me conduire à l’Arena mais j’avais déjà bien trop mal que pour continuer à conduire plus longtemps… Alors, j’ai bifurqué à droite, sans trop réfléchir, pour me diriger, à la place, vers la petite forêt qu’il n’y avait pas très loin de l’endroit où j’étais… Beaucoup de loup allaient courir dans cette forêt. C’était un endroit peu fréquenté la nuit et un endroit idéal pour se transformer sans être vu… Enfin, en dehors de chez moi ou de l’Arena où je pouvais me transformer en paix…

Mais là, je n’avais le temps d’aller ni chez moi, ni à l’Arena.

Je me garai non loin de la forêt et m’appuyai un moment contre ma voiture pour reprendre mon souffle alors que je transpirais très fort et que ça me lançait dans tous mes muscles…

Je sentais que ça allait encore être lent et douloureux…

Je mis ma main dans ma poche et en sortit des anti-douleurs. J’en pris trois… Je savais que ça ne serait pas suffisant. La douleur allait quand même être insupportable.

Je m’avançai vers la forêt avant de voir un type sur un banc. Je levai un sourcil. Il avait l’air très mal. Encore plus mal que moi… Je m’avançais vers lui… J’avais encore le temps…

-Hey… Vous allez bien ?

On entendait la douleur dans ma voix… Et, quand je m’approchai un peu plus près, je pouvais voir que ce type souffrait d’une façon qui m’était bien connue.

Il souffrait comme moi… Certainement pour les mêmes raisons que moi… D’où sûrement, sa présence ici.

Je regardai autour de nous. Par chance, il n’y avait personne.

-Vous voulez de l’aide ? Je…

Pouvait lui en fournir ? Non… J’étais dans la même merde que lui.

-C’est… Votre première fois ?

C’était toujours la question à poser… Assez vague au cas où je me tromperais pour les symptômes et assez claire si jamais il avait bien ce que je pensais qu’il avait.

Journée de merde...

Alaric Grant

Alors que la douleur me tiraillait de plus en plus, je tombai, nez à nez, avec un type qui semblait, aussi, souffrir le martyr. Il était sur un banc à l’orée de la forêt… Il tremblait… Il transpirait… Autant que je tremblais moi-même et que je transpirais. Sauf que la douleur semblait bien pire pour lui qu’elle ne l’était pour moi.

Sachant que cet endroit était l’endroit de prédilection pour les loups garous en quête de paix pour leur transformation, et vu que l’état du type était similaire au mien, je supposais qu’il lui arrivait la même chose qu’à moi. Mais je ne pouvais pas en être totalement convaincu et je savais que révéler sa nature à tout va était très loin d’être recommandé. Les humains, pour la plupart, n’y croyaient pas et une partie de ceux qui y croyaient nous chassaient. Je n’avais pas vu beaucoup de chasseurs de surnaturels dans ma vie en dehors de Thunder mais je savais qu’il y en avait et de très organisés.

Je m’approchai du type pour lui demander si ça allait… Oui, non, ça n’allait clairement pas… Mais il fallait bien entamer la conversation et, aussi, laisser passer une question qui pourrait, peut-être, lui montrer qu’on était dans le même bateau.

Mais il ne semblait pas comprendre de quelle première fois je parlais… Pas même qu’il semblait savoir ce qu’il se passait… Il me semblait, en fait, complètement largué. Il ne savait pas pourquoi il avait mal, c’était clair…

Je pris un air troublé ne sachant, moi-même, pas bien réfléchir à cause de la douleur. Et si je me trompais ? Et si ce type avait simplement un problème d’ordre médical et non pas d’ordre surnaturel… Non… Ce n’était pas possible. Il avait clairement un problème du même type que le mien…

Je bafouillai tout de même :

-Désolé… Je croyais que… Qu’on avait le même problème… Je…

Je n’en dis pas plus alors que je gémissais parce que la douleur était de pire en pire. L’état de l’homme face à moi n’était pas mieux. Lui aussi avait de plus en plus de mal alors même qu’il essayait, tant bien que mal, de se redresser et, moi, de rester debout.

Il avait mal… Vraiment mal. Ça se voyait dans son regard alors qu’il déclara que c’était une nuit de même avant de parler de la lune….

Il plaqua sa main sur sa bouche alors que mon regard, lui, se posa d’un coup sur la lune avant de s’en détourné presque aussi vite.

La lune…

Il se mordit alors la lèvre jusqu’à sang et je m’approchai un peu plus près de lui. C’était un loup-garou. Il n’y avait presque pas de doute.

-Ecoutez… Je crois que je sais ce que vous traverser… Moi… Moi aussi…

Je montrai la une du doigt.

-Moi aussi, j’ai le même problème…

Sauf que c’était loin d’être ma première fois.

-Ecoutez… Il faut aller dans la forêt. Il ne faut pas rester sur ce banc… Dans la forêt, c’est plus sûr…

Et je l’aidai à se relever espérant qu’il soit coopératif.

-Vite… Levez-vous… Je… Vais pas tenir, non plus…

Oh bordel, qu’est-ce que je regrettais de ne pas avoir tenu jusqu’à l’Arena.

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Alaric Grant

L’homme disait ne pas être un monstre. Il avait l’air complètement perdu en plus d’être largement incommodé par la douleur. Je ne savais pas ce qu’il avait traversé et ce qu’il l’avait mené là… Je pensais bien qu’il subissait les désagréments de la lune mais je n’arrivais pas encore à en être certain. Alors, je dis simplement, d’un ton que je voulais rassurant :

-Non… Vous n’êtes pas un monstre…

Bon… Si ça tombe, j’étais en train de parler à un serial killer sans le savoir… Du coup, ce que je disais, dans cette configuration, était peut-être faux… Mais je n’étais pas du genre à juger un homme négativement sans le connaitre. Et, à vrai dire, ce type semblait plus avoir besoin d’aide qu’autre chose…

Un peu comme moi. Sauf que moi, je savais vraiment ce que j’avais et comment les choses allaient se passer. Je savais que, dès le matin, tout irait mieux… Enfin, presque mieux… J’aurais sûrement envie de dormir mais c’est comme ça tous les mois.

M’est d’avis que, lui, c’était réellement sa première fois…

Et c’était bien la lune, son problème… La façon dont il regardait l’astre… Ses symptômes. Tout collait… Il se frappait même lui-même ce qui me fit me pincer les lèvres.

Je plaignais ce gars…

Il disait qu’il ne voulait pas… Qu’il n’était pas ça… Qu’un « elle » voulait la regarder. Il parlait de la lune… Et, très certainement, de la petite voix en lui qui l’exhortait à regarder.

Et ça semblait l’effrayer…

Je pris un air compatissant.

-Résister va te faire plus mal encore… Tu n’as pas le choix…

Si, avec de l’entrainement, on avait le choix. Mais ce type n’en avait pas et moi non plus… Alors, le mieux était de lâcher prise…

M’était d’avis ce que type ne devait pas être un loup de naissance comme moi… Quelqu’un avait dû le transformer. Ce n’était pas un ado… Alors, ma déduction était facile.

Mais il fallait qu’on bouge. A l’orée du bois, on ne pouvait pas se transformer. Il fallait aller dans la forêt. Le type me suivit tant bien que mal alors que j’avais de plus en plus de mal à résister à la douleur.

J’entendais le type parler. Il répétait « la forêt ». Il voulait aller plus vite. Il voulait qu’on le lâche.

-Ça va aller…

J’essayais de le rassurer mais ma voix était de plus en plus teintée de douleur si bien que je dû m’appuyer contre un arbre pour reprendre mon souffle. Je fixai l’homme.

-Il faut… Il faut te laisser aller… Tu n’es pas un monstre. Juste un loup… C’est comme ça… Je ne sais pas comment tu l’es devenus mais il n’y a pas de remède.

J’étais catégorique.

-Tu vas te transformer… Tu ne pourras pas résister et moi non plus…

Je serrai les dents alors que je me sentais me transformer. J’eus un regard pour l’homme.

-Je pourrais t’aider… Mais… Pour l’instant, je ne suis pas mieux loti que toi. Mais si tu veux de l’aide, reste avec moi cette nuit…

Parce qu’on allait se transformer dans peu de temps et je n’avais aucun foutu pouvoir de télépathie…

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Alaric Grant

J’essayais de rassurer le type… De lui dire que résister ne servait à rien… De l’exhorter à se laisser aller… Tout en essayant, moi aussi, de faire fi de cette douleur inqualifiable.

Mais ce n’était pas simple… J’avais de plus en plus de mal alors qu’on avançait vers la forêt. Elle me paraissait si loin… Vraiment loin… Mais c’était très certainement parce qu’à cause de notre état, on n’avançait pas très vite.

L’homme tomba alors au sol après que je me sois appuyé contre un arbre, plus fatigué que jamais. Je me mordis la lèvre. Je m’en voulait de ne pas pouvoir l’aider alors que, moi aussi, je me laissai glisser contre l’arbre pour finir assis à terre.

La forêt n’était pas loin… Ici, on était encore trop à découvert. Il fallait encore s’enfoncer un peu.

Mais je n’en avais plus la force et l’homme non plus…

Enfin, jusqu’à-ce qu’il se relève d’un bond et m’aide à me relever clamant, sur un air plus sûr, qu’on devait aller dans la forêt maintenant. Je fus surpris sur le coup avant de m’appuyer un peu sur lui et de me remettre à marcher largement aider par cet homme qui venait d’avoir un regain d’énergie et de confiance.

Sa voix commençait à changer… Son attitude aussi… Peut-être que sa transformation commençait déjà… Que la bête prenait le dessus. Ça ressemblait à ça… A croire qu’il avait bel et bien suivi mes conseils.

Je devrais faire de même…

Mais, dans son élan, il finit par s’écrouler et je ne réussis par, moi non plus, à rester debout. Je m’écroulai au sol à ses côté me faisant rouler sur le dos en gémissant de douleur.

On était assez loin dans la forêt… Courir ne servait plus à rien. De toute façon, je n’y arriverais plus.

J’ouvris les yeux sur la lune alors que le type se mit à prier… Il priait réellement ! Ce n’était pas courant, ça.

Je tournai ma tête vers lui. Je n’étais pas croyant… Mais je respectais les croyances des autres…

Même si prier, en réalité, ne servait pas à grand-chose.

-Si tu pouvais glisser une prière pour moi aussi, ça serait cool.

Je lâchai ça sur un ton que je voulais humoristique… Mais c’était la douleur qui prenait le dessus dans mon ton.

Il cria alors d’un cri étouffé. Il déclara qu’il me suivra… Mais il ajouta qu’un certain « il » ne pouvait pas nous abandonner comme ça. Quel « il » ? J’étais confus… Et le type n’arriva pas à achever sa phrase.

La transformation était amorcée…

Je le sentais aussi.

-Détend-toi… C’est la clé…

Ouais, les membres de ma famille rigoleraient s’ils m’entendaient donner des conseils là-dessus. Mais, pour la cause, je crois, à première vue, avoir vécu plus de transformation que mon compagnon d’infortune.

-En tout cas, j’espère que tu es télépathes…

C’est ce que je dis avant de me tendre à mon tour et de gémir alors que mes os commencèrent à craquer. Ma bouche se transforma pour devenir une gueule de loup… Le reste de mon corps suivit dans des craquements sinistres…

La douleur était horrible… Comme à chaque fois.

Et quand ça fut terminé, je gémissais toujours mais sous forme de loup, cette fois… Un gémissement de chien battu alors que ma forme était, maintenant, celle d’un loup au pelage majoritairement gris.

L’autre devait avoir subi le même sort et c’est vers lui que je me tournai cherchant sous regard et espérant qu’il puisse communiquer d’une façon ou d’une autre.

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Alaric Grant

La transformation fut, comme d’habitude, douloureuse. Et ni lui, ni moi ne pouvions rien faire contre. Nos os craquèrent, jusqu’à-ce qu’on soit, tous les deux sous forme de loup. Moi gris, lui brun. Deux couleurs plutôt communes.

Je me remettais doucement de la transformation. Une fois sous forme de loup, les choses allaient mieux. Je me sentais mieux. Pas autant qu’après avoir pris une dose massive de drogue mais je me sentais mieux… Comme délivré d’un grand mal. C’était pour ça qu’en général, résister ne servait à rien. Il valait mieux lâcher prise… Enfin après s’être mis à l’écart, bien sûr… Parce qu’être sous forme de loup amenait d’autres désagréments comme une envie de viande fraiche. En général, je prévoyais toujours le coup en mangeant suffisamment de viande à chaque repas… Un genre de régime protéiné assez efficace.

Mon compagnon d’infortune se mit alors à hurler. Un hurlement qui résonna dans toute la forêt alors que mon attitude laissait entendre que ce n’était pas une bonne idée. Bien qu’on soit dans une forêt, la forêt était, elle, non loin d’habitations. La discrétion était la clé…

Il regarda la lune avant d’aboyer sur moi. Sa seule façon de communiqué. Il n’était pas télépathe ou, alors, il l’était mais n’avait pas encore pris la mesure de ses pouvoirs.

C’était bien ma vaine…

Il avança alors vers moi. Je restais attentif à ses mouvements. Certains devenaient plus agressifs une fois transformés et je n’étais pas vraiment prêt pour une bagarre quelconque. Je lui fis un signe significatif du museau même si son air était un rien agressif… Ce signe signifiait qu’il pouvait me suivre…

Je me mis alors en marche m’enfonçant dans la forêt. Se déplacer sous forme de loup était agréable. On se sentait plus libre et plus agile que sous forme humaine. Je voulais l’emmener au plus près d’une petite cabane appartenant à ma famille. J’y avais stocké, là-bas, quelques vêtements. C’était pratique quand je venais me transformer ici… Parce qu’une fois de retour sous forme humaine, ce n’était pas vraiment pratique…

Je me mis à courir pour en profiter un peu avant de tourner autour de la cabane d’un pas satisfait avant de m’approcher de l’autre. Pour moi, la nuit se résumera à ça : dormir aux pieds de la cabane pour pouvoir me transformer à nouveau ici-même…

C’était l’idée…

Je ne savais pas si l’autre l’avait compris… J’essayai de lui faire comprendre par quelques aboiements avant de m’allonger au sol et de me mettre à fermer les yeux. Il était libre de faire ce qu’il voulait… Absolument libre… Moi, je voulais me reposer sachant très bien que me retransformer me vaudra encore son lot de douleur…

Je ne sais pas ce que l’autre fit de sa nuit mais quand je rouvris les yeux ce fut pour souffrir à nouveau avant de reprendre ma forme normale. J’étais nu. J’avais froid… Et je filai dans la cabane ne sachant pas où était mon compagnon d’infortune. Je me rhabillai en vitesse avant de me laisser tomber dans un fauteuil… J’avais laissé la porte ouverte au cas où l’autre ne serait pas très loin.

Spoiler:

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Je me remettais doucement de ma nuit dans le fauteuil de la petite cabane. La porte était ouverte au cas où l’autre arriverait. Je commençais à avoir moins mal et bien que j’avais dormi une bonne partie de la nuit, j’étais tout de même encore bien crevé… J’aurais, pourtant, préféré passer la soirée au bar de l’Arena mais c’est une activité de laquelle je devais me priver à chaque nuit de pleine lune.

J’avais relevé les yeux quand j’entendis un bruit. C’était, en fait, mon compagnon d’infortune d’hier que était revenu… Si, dans un premier temps, mon visage s’illumina, mes lèvres finirent par se pincer en voyant qu’il était couvert de sang. Je savais à quel point la faim pouvait être horrible quand on se transformait… Mais j’espérais quand même que ce type n’était pas allé jusqu’à se nourrir de chair humaine. Sinon, il risquait vraiment d’avoir beaucoup d’ennuis…

Il semblait perturbé et troublé, ce que je pouvais vraiment comprendre. Il ne savait, visiblement, pas ce qui lui arrivait. C’était la preuve qu’il n’était pas comme moi, c’est-à-dire un loup-garou né loup-garou… Il devait avoir été transformé et semblait visiblement en souffrir beaucoup.

Je me levai… J’allais tout lui expliquer quand il toussa avant de recracher un morceau de cuir rempli de sang et de poil… A première vue, c’était plutôt un animal qu’un humain qu’il avait mangé… Ce qui… Était rassurant, en fait !

Mais ça ne m’empêcha pas de grimacer avant que je ne sorte des vêtements d’une armoire pour les poser sur la petite table.

-Tiens… Tu auras moins froid avec ça.

Je le fixai avec un air compatissant.

-Ça, c’était une transformation… Tu t’es transformé en loup-garou… Tu es comme moi… En tout cas, je suis rassuré… Tu ne sembla pas avoir fait d’un humain ton repas…

Je me laissai retomber dans le fauteuil.

-Ce n’est pas agréable, les transformations. Ça fait mal… Je sais de quoi je parle… Mais toi… C’était ta première transformation ? Est-ce que tu t’es fait mordre il y a pas longtemps ?

J’avais pas mal de questions, en effet… Mais celles-ci étaient les premières.

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L’homme commença à s’habiller avec les vêtements que je venais de lui prêter. Il semblait vraiment perdu et complètement désorienté. Je ne pouvais que compatir à ça même si je n’avais jamais été dans cet état d’égarement. Moi, j’étais né loup-garou et j’avais été préparé à la transformation. Je savais, depuis tout petit, ce que j’étais. C’était bien différent que d’être transformé et être, par la suite, livré à soi-même.

Je constatai qu’il avait pas mal de sang sur lui et, craignant un moment qu’il n’avait attaqué un humain, il s’avérait que ce n’était qu’un animal de cette forêt qu’il devait avoir attaqué. C’était toujours ça de rassurant. Sinon, ça aurait pu le mettre en danger. S’il avait, réellement, attaqué un humain, je n’aurais pas vraiment pu lui en vouloir. La Faim est parfois plus forte que tout. Moi-même j’avais, parfois, bien du mal à la contrôler.

Toujours perdu, l’homme se demandait pourquoi il aurait attaqué un humain. Ça semblait invraisemblable pour lui.

-Parfois que la faim de chair fraiche nous fait parfois nous attaquer au premier venu, humain ou animal. Ce n’est pas toujours facile d’y résister. Heureusement, il y a bien plus d’animaux que d’humain dans cette forêt.

Je finis par lui dire ce qu’il était et il semblait paniquer. Mes lèvres se pincèrent. C’est vrai que ça ne devait pas être le genre de nouvelle agréable à apprendre… Surtout dans l’état psychologique qu’était ce pauvre homme.

Il semblait ne pas vouloir être un loup-garou… Je comprenais… Qui voudrait ça ? Moi-même il y avait des jours où je maudissais ma nature. Mais c’était comme ça. Il n’y avait aucun remède. Cet homme devra s’y habituer… Et je pouvais peut-être l’y aider.

Il déclara avoir fait une erreur. Et puis, il jura… Comme s’il se sommait à lui-même de se taire. Je le fixai montrant de la compassion.

-Je sais… Ce n’est pas facile à accepter… Il te faudra sûrement le temps…

Il tendit une main vers moi mais je ne savais pas ce que sa signifiait. Il ne semblait pas vouloir croire pouvoir être devenu loup-garou. Il parla de Dieu et je compris que cet homme était réellement très catholique ce qui devait rendre la nouvelle d’autant plus difficile à accepter. Je pris un air désolé.

-Désolé de t’annoncer ça mais tu es bien un loup-garou… Peut-être que Dieu te met à l’épreuve…

J’essayais de raccrocher tout ça à sa réalité alors que le type semblait pas très adroit sur ses jambes alors qu’il restait comme penché en avant. Il ne voulait pas croire… Il semblait lutter contre la réalité.

Je m’approchai de lui alors qu’il se retenait, maintenant, au mur. Il semblait en total conflit intérieur. Je comprenais ça… Il fit un peu et je finis par poser une main sur son épaule.

-Il va te falloir le temps mais je peux t’aider. Je peux te donner un endroit où vivre et ne pas avoir peur de ta nature… Mais avant, tu devrais t’asseoir et essayer de m’expliquer qui tu es et comment tu t’es fait mordre… Si tu le veux, bien sûr… Je ne peux pas te forcer à accepter mon aide mais je suis certain que tu y gagnerais.

J’espérais qu’il accepte. Un homme en plus dans ma meute, ça n’était pas de trop.

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J’essayais de réconforter le type. De lui faire comprendre qu’il n’est pas tout seul… Je pensais que mettre ma main sur son épaule pourrait témoigner de tout ça mais il se recula avant de s’éloigner. Je le fixai essayant, quand même, de lui expliquer ce qu’il était devenu : un loup-garou. Mais il était croyant ce qui, j’en étais certain, devait rendre plus difficile l’acceptation de sa nouvelle nature.

Il me regardait d’un air qu’on aurait plus dire hostile mais je ne lui en tenais pas rigueur. Il devait se méfier, être effrayer et ne rien comprendre… Pour ça que je n’osais pas faire d’autres gestes vers lui de peur qu’il les interpréter mal… Je n’étais pas un as du combat, il ne faut pas l’oublier. Et même s’il était un jeune loup, lui, n’arriverait pas à se contrôler ce qui pourrait être à mon grand désavantage.

Donc, je restais à ma position lui donnant le conseil de se laisser aller. Lutter ne servait à rien. Ça faisait juste plus mal. Je le sais d’expérience. Mais il croyait bien que Dieu ne voulait pas qu’il s’abandonne… Mais qu’il résiste. Je pouvais comprendre ça… Ce n’est pas moi qui allait lui dicter comment vivre. Je lui donnais juste des conseils. Et vous savez ce que ça me valut ? Ben, d’être traité de naïf. Je levai un sourcil croisant les bras.

-Je ne suis pas croyant… Alors, oui, je ne sais peut-être pas décrypter les messages de Dieu. Mais je ne suis pas naïf.

Et je comprends probablement plus que lui ce qu’il est en train de lui arriver… Il sembla tout de même se rendre compte que je voulais l’aider. Même s’il pensait que j’allais l’aider à échouer sa mission pour Dieu. J’haussai des épaules.

-Je n’ai rien échoué du tout. Je suis né loup-garou, moi. Alors, je ne vois pas ça comme une épreuve. C’est juste ce que je suis. Je n’ai pas eu de mal à l’accepter vu que je suis né comme ça. Et si je veux te faire « échouer » soi-disant c’est parce que je sais très bien que résister est inutile. Tu es ce que tu es, il n’y a pas de remède.

Je ne voulais pas lui donner de faux-espoir. Juste la possibilité d’avoir des gens pour l’aider à s’accepter.

Mais avant, je voulais en savoir plus sur lui. Il sembla hésiter avant de se lancer… Et dans son discours je pensais avoir bien compris une chose : c’est un chasseur. Voilà pourquoi il avait été mordu… Voilà pourquoi il avait tant de mal à s’accepter. Je le fixai d’un air un peu moins désolé d’un seul coup. Je savais que certains humains se faisaient mordre sans l’avoir cherché juste parce que certain loups se plaisaient à en créer d’autre… Mais dans le cas de cet homme… Il l’avait cherché.

-Tu es un chasseur, c’est ça ? Tu n’es pas le premier que je rencontre… Mais tu es le premier que je rencontre qui s’est fait avoir par son petit jeu.

Il se demandait alors ce que Dieu voulait pour moi. Pour être honnête, je m’en fichais complètement. Je faisais ce que je voulais. Mon but était d’aider cet homme s’il en avait envie… Et si ce n’était pas le cas, je partirais.

Il disait manquer de foi… J’esquissai un sourire alors qu’il avait encore dit que j’étais naïf.

-Tu sais, vu le nombre de fois que tu as parlé de Dieu depuis qu’on s’est rencontré, je pense que tu ne manques pas de foi…

Juste de bon sens, peut-être.

-Alors tu vas faire quoi ? Essayer de combattre la bête en toi et continuer de jouer les chasseurs ? Un surnaturel qui chasse d’autre surnaturel, j’imagine que ça existe… Tu comptes devenir ce genre de contradiction ?

Je voulais savoir pour être fixé.

-Parce que peut-être que Dieu veut que toutes les races vivent ensemble… Et qu’il t’a transformé en loup pour te le faire comprendre.

S’il pouvait le voir comme ça, ça serait mieux, non ?

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Alaric Grant

Ce n’était pas un jeu… C’est ce qu’il disait d’un ton à la fois solennel et rempli de reproche. Non, c’est vrai, être un chasseur de surnaturel, ce n’était pas un jeu, c’était un crime. De mon point de vue, en tout cas. Je comprends l’idée de chasser des surnaturels ayant commis des crimes… Mais c’est la justice qui devrait se charger de ça et non des sortes de tueurs à gage spécialisé dans le surnaturel. On est des êtres vivant, on a aussi le droit à une justice.

C’est mon avis.

-Non… C’est un crime.

C’est ce que je dis sur un ton tout aussi sérieux que le sien alors qu’il sembla, encore, se parler à lui-même se demandant de la ferme. Je continuais de le regarder me disant que tout ça était réellement difficile à vivre pour lui mais était un rien moins empathique maintenant que je savais ce qui avait provoqué sa morsure. Son job de chasseur.

Mais ça ne m’empêchait pas de quand même lui proposer de l’aide. J’étais de ceux qui pensaient que les gens pouvaient changer. Peut-être que ça sera le cas de cet homme dont, en réalité, je ne connaissais même pas le nom.

Mais je crus qu’il y avait un espoir pour ce type quand je déclarai que Dieu avait peut-être voulu lui envoyer le message que tout le monde devait vivre ensemble. Il trouvait que ça se tenait et je souris bien qu’il semblait quelque peut éviter.

-Bien sûr que ça se tient. Dieu veut une forme de paix, non ? Si tout le monde vit ensemble en harmonie alors je suis sûr qu’il en sera satisfait.

Il sembla longuement y réfléchir avant que, tout d’un coup, il ne refixe son regard sur moi. Il ouvrit la bouche alors que sa voix, son ton et son attitude avait totalement changé. Je pris un air surpris alors qu’il semblait se présenter à moi pour la seconde fois. Il parlait de l’autre lui… Le chasseur… En fait, sa transformation semblait lui avait provoqué un dédoublement de personnalité. Ça arrivait parfois… J’avais toujours pensé que ce phénomène était un signe d’un manque d’acceptation de sa condition.

J’essayais de ne pas me déstabiliser en soutenant le regarde de l’autre. Il disait que je faisais douter le chasseur… Non, l’Inquisiteur plutôt…

Alors ce type n’était pas qu’un simple chasseur. Il faisait carrément partie de la Nouvelle Inquisition. Mes lèvres se pincèrent. Thunder aussi faisait partie de ça avant. Et voilà que je tombais sur un autre chasseur de cette organisation…

-Tu es un Inquisiteur ? Ça explique ta foi… Et aussi le fait que tu n’acceptes pas vraiment ce que tu es devenu.

Je continuais de le fixer n’approchant pas.

-Tu sais, tu n’es pas le premier chasseur que je rencontre. J’en ai rencontré une autre et elle travaille désormais pour moi. Tu pourrais faire la même chose. Faire partie de ma meute. Ton passé d’Inquisiteur peut rester dans le passer et je peux t’offrir une nouvelle vie. Une vie plutôt normale où ta foi et ta condition pourra coexister.

Je n’étais peut-être pas un leader né mais je savais faire de bonnes propositions quand je le voulais.

-Cet autre qui prend ta place constamment, je peux t’aider à faire en sorte d’en avoir le contrôle.

Je continuais de le fixer.

-C’est à toi de choisir.

A personne d’autre.