Every problem has a solution

ft. ....

13 février 2021

Un peu plus d’un mois s’était écoulé depuis mon réveil à Central Park. Depuis je n’avais cessé de poursuivre mes recherches. Enfin pour ça, il avait fallu que j’achète un ordinateur, achat qu’une drôle de bonne femme m’avait aidé à faire avant que j’lui paie à boire pour le service, et à bouffer aussi….

Et j’avais pas cherché à la recontacter depuis, d’une part parce que j’avais pas vraiment besoin de ce job dont elle m’avait parlé, et d’autre part, ouais justement j’étais déjà très occupé avec mes propres recherches et mon installation à New York. Sans parler des drôles de rencontres que j’avais faites dans les rues du Bronx.

Donc… pour en revenir à ce qui s’était passé en janvier, je n’en gardai toujours aucun autre souvenir que ces drôles de créatures qui m’avaient laissé de sacrées morsures aux bras et aux jambes. Morsures qui avaient demandé un temps de guérison plus long que d’ordinaire, enfin plus longs que ce qui était nécessaire pour un loup-garou.

Un jour après ça, j’avais contacté mon pote Bob puisqu’il était provisoirement installé en ville et on s’était vu au Rocky’s Bar avec mes deux nouvelles « copines » les chasseuses,  Rakel et sa fille Lucy Lou. Elles m’avaient aidé à soigner mes blessures, ayant visiblement accepté mon nouveau statut de chasseur loup-garou. Ouais parce que comme je leur avais expliqué, ça ne changeait rien à ce que j’avais toujours fait, et c’était pour ça que j’étais ici à New York, pour faire le ménage.

Et Bob lui, m’avait aidé à faire la lumière sur ce qui s’était passé, avant Central-Park. Y’avait pas trente-six possibilités pour que ma mémoire ait eu un soudain blackout total de plusieurs jours. J’avais croisé la route d’un ou d’une sorcière ou de toute autre surnaturel qui m’avait effacé tout ça, parce qu’ils voulaient visiblement pas que je découvre quelque chose…. Mais quoi ?

Tout ce que j’avais désormais, c’était le souvenir de ces putains de gremlins roses dont j’avais tenté de faire la description aux autres. Et ils auraient pu se payer ma tête, largement, sauf qu’ils avaient vu les morsures et qu’il s’était vraiment passé un truc pas net. Bob m’avait promis de se renseigner de son côté, tandis que je cherchai du mien.

Et c’était pour ça qu’on devait se retrouver ce soir au Rocky’s. Il avait trouvé un truc et Rakel avait une solution pour m’éviter de nouveaux problèmes de Blackout. Je ramenai donc mes fesses, après avoir marché depuis chez moi, et poussai la porte du bar, mes oreilles aussitôt comblées par un son agréable, un vieux tube des Rolling stones, titre quelque peu ironique au vu de la situation. Mais ça eut au moins le mérite de mettre un sourire sur mon visage.

- Salut les filles ! Bob n’est pas encore arrivé ?

Every problem has a solution

ft. ....

Bob n’allait pas tarder. Voilà la réponse que Rakel m’avait faite. Elle faisait jamais dans la dentelle Rakel, comme j’avais eu l’occasion de le découvrir ces derniers temps. Quant à sa fille, fallait surtout éviter de la caresser dans le sens inverse du poil, une vraie hargneuse celle-là. Mais c’était surtout quand elle avait l’impression qu’on remettait en cause ses capacités et son droit de faire ce qui lui plaisait qu’elle s’énervait.

Elle pouvait être assez marrante le reste du temps, bien qu’un peu méfiante envers moi. Mais de ça, je n’en tenais rigueur à personne. J’aurais agi bien moins tendrement si j’avais été à leur place.

Rakel me servit rapidement un verre sans attendre de savoir ce que je voulais. Je prenais de toute façon toujours la même chose, un wiskhy ou un café, si vraiment c’était trop tôt…. Et ma foi, j’étais très vite devenu un gros habitué du Rocky’s Bar.
Et tandis que j’attendais Bob tout en sirotant tranquillement mon verre, Rakel fit signe à sa fille de ramener ce dont elles avaient déjà parlé.

- T’as déjà fait des tatouages ?

Je tournai la tête quand je réalisai que c’était à moi qu’elle parlait. Je m’marrais.

- Quoi ?
- Des tatouages ? T’en as ?
- Non, dis-je un peu surpris. Quoique j’avais celui qu’on avait fait les potes et moi juste au retour d’une mission mais….il s’est effacé.

J’donnais pas de détail, j’aimais pas parler de ça, comme elles l’avaient très vite compris. Mais Rakel lâcha pas pour autant le morceau.

- Mouais, c’est bien c’que j’pensais, tu régénères automatiquement, sauf si la blessure est causée par de l’argent.

Je reposai mon verre et la dévisageai désormais d’un air méfiant.

- Où tu veux en venir ?
- Lou et moi, on a trouvé la solution pour que t’ais plus à connaître le même genre de problème que ce qui t’est arrivé l’autre jour.
- Explique ? dis-je intrigué désormais.

Et elle m’expliqua, tout en me tendant un papier où y’avait un croquis avec des symboles dont je reconnaissais certains, certains seulement. Je fronçais les sourcils en comprenant ses intentions.

- Tu veux utiliser de la sorcellerie sur moi ?

Elle se pencha par-dessus le comptoir.

- Si on veut vaincre ses ennemis, parfois faut utiliser les mêmes armes.

Je fis la grimace et elle me rappela :

- Surtout quand ça peut te protéger des possessions et de tout ce qui pourrait te faire agir contre ta volonté.

Ok…..j’étais convaincu ! Ces saloperies de sorciers avaient déjà assez abusé de ma volonté. Alors… s’il fallait ce truc pour ne plus devenir un putain de pantin, j’étais prêt pour me faire tatouer ce truc où elle voudrait.

- Un tatouage hein ?
- Ouais, avec des pigments d’argent pour éviter qu’il ne s’efface. Donc… ça va faire mal.
- Et j’dois aller où pour me faire faire cette merveille ?
- Pas besoin d’aller où que ce soit, Lou s’en occupera.
- Quoi ??

Et je vis débarquer Lucy Lou avec des gants de latex et tout un équipement sans doute pour me faire ce foutu tatouage. Et quand je vis son large sourire à la blondinette, je fus un peu moins sûr de le vouloir ce tatouage.

Every problem has a solution

ft. ....

- Un endroit de préférence ?
- Quoi ? mais, attends, c’est toi qui va le faire ?
- Ouais, mais t’inquiète pas, j’ai déjà fait ça, souvent !
- Ah ouais ? Tu fais souvent des tatouages de sigles sorciers ?

Elle rit avant de tirer une chaise vers moi.

- Non, juste des tatouages, j’en faisais souvent avant. J’ai un peu moins le temps maintenant.
- Je vois ! entre la guitare, la mécanique et la chasse, c’est sûr que ça doit plus laisser beaucoup de temps pour tout l’reste, me moquais-je
Et je souris en la voyant sourire.  

- Arrête de t’inquiéter, et retire ton haut. Dans le dos, ça t’irait ?
- Et pourquoi pas sur le bras ?
- Trop visible.
- Ok… donc tu veux que j’me désape lançais-je avec un sourire en coin et un sous-entendu qu’elle perçut parfaitement
- Seulement le haut, j’voudrai pas froisser ta pudeur, se moqua-t-elle.

Je ris tout en daignant enfin retirer mon manteau pour commencer, sous le regard attentif de Lucy Lou et de sa mère qui venait d’aller verrouiller la porte du bar. Puis après avoir retiré mon holster que je déposai sur une table, j’enlevai ma chemise et mon tee-shirt, puis m’installai à califourchon sur la chaise, appuyant mes bras sur le dossier.

- Prêt ? Lança Lucy Lou, après avoir tiré une chaise et posé son matériel sur une table juste à côté.
- Mouais, vas-y.

Rakel elle, vint m’apporter un nouveau verre de whisky.

- Tu vas en avoir besoin, dit-elle.

Et je lui lançai un regard en biais avant de sentir la première brûlure. Je jurai en serrant les dents. Et ça ne faisait que commencer…..
Une heure plus tard, je dégoulinai de sueur, le dos en feu, épuisé par cette séance qui s’était avérée effectivement très douloureuse et le mot était faible. Mais désormais le tatouage qui ornait mon dos, presque à niveau de la nuque, juste entre les deux omoplates, encore très rouge pour le moment, ne disparaîtrait plus jamais.

Et moi j’en étais à je ne sais plus combien de whisky, alternant entre ivresse et douleur.

- T’inquiète pas, la douleur va s’atténuer. …..Mais tu sais quoi ? Me glissa Lou à l’oreille. Si quelqu’un essaie d’utiliser sa sorcellerie sur toi, l’avantage, c’est que tu pourras le sentir aussitôt.

Ouais un avantage. Mais pour le moment, je devais me concentrer sur n’importe quoi d’autre que cette brûlure qui irradiait dans tout mon dos, ma nuque, mes épaules. Une douleur qui aurait assommé plus d’un, mais j’étais de constitution solide, Loup ou pas. J’m’en remettrai, ouais….j’m’en remettrai.

Every problem has a solution

ft. ....

Lucy était désormais occupée à m’emballer dans du film plastique, comme si je n’étais plus qu’un vulgaire sandwich jambon beurre…..ou un rôti, peu importait. J’avais juste le sentiment de n’être plus qu’un cobaye.

- Bon sang, mais tu pourrais pas juste… .j’sais pas, mettre un pansement ?

Elle rit, de cette façon qui signait combien elle se foutait de ma poire, et combien j’étais un ignare en la matière.

- Si je te mets ça, c’est juste pour garantir la bonne tenue du tatouage et éviter que tes fringues ne frottent contre. Tu saignes déjà plus. Ta peau est encore rouge, ok, mais c’est comme la douleur, ça finira par s’estomper.  

Quand elle s’écarta, je n’attendis plus pour me redresser, et remettre mes vêtements à commencer par le tee-shirt, dans des gestes certes un peu engourdis par l’alcool, mais j’avais encore toute ma tête.

- Et donc….. t’es sûr que ce truc, ce tatouage ça va fonctionner ?
- C’est ce que les potes m’ont dit.
- Tes potes ?
- Ouais, des potes.

Je la dévisageai. Ok, elle ne m’en dirait pas plus. C’est alors qu’on essaya d’ouvrir la porte. Mère et fille échangèrent un regard et moi j’entendis la voix de Bob qui se manifestait, depuis dehors.

- Bah alors on ferme avant l’heure ?

Lucy Lou embarqua son matos et Rakel alla ouvrir. Moi je me laissai tomber sur un tabouret du bar, non sans grimacer de douleur. Saloperie, ça faisait un mal de chien.

Et tiens, en parlant de chien, j’en vis un énorme se pointer d’abord tranquille au pied de Bob, avant de me regarder, pour soudain me foncer dessus toutes babines retroussées.

- Putain !!

J’avais bondi de mon tabouret vers mon arme. Mais l’énorme chien s’était arrêté à un mètre de moi et grognait désormais tout ce qu’il pouvait en position figée.

- Bob, retiens ton chien bordel !!! jurais-je, n’osant plus faire un pas de plus pour récupérer mon flingue.
- Repos Scout !

Et le chien se transforma soudain en gentil toutou, quoique toujours monstrueux, quémandant une caresse à Bob qui la lui donna non sans me regarder, l’air hilare.

- Efficace hein ?
- Quoi efficace ?? ton chien a failli m’bouffer !!! Et merde, depuis quand t’as un chien toi ?? m’exclamais-je plutôt contrarié, récupérant pour de bon mon arme dans son  holster que je mis en place, rassuré par la présence de l’arme.

Je remis ma chemise par-dessus, puis m’installai sur le tabouret à nouveau non sans surveiller d’un air mauvais le clebs qui s’était couché et qui nous regardait l’un et l’autre.
Bob lui, s’était mis à rire. Décidément ce soir ils avaient tous décidé de s’payer ma tête.

- C’est pas mon chien, dit-il, s’installant à son tour sur un des tabourets, reprenant aussitôt son air bougon. C’est celui de Renan.
- Renan ? le frangin Gibson ?
- Lui-même.

Je savais que le gars avait été formé par Bob que c’était un de ses protégés à l’instar de ce connard de Fergus.

- Et il est où Renan ?
- Aucune idée, quelque part en Europe…. Et pas sûr qu’il revienne un jour.

Ok, je vis à la tête de Bob que le sujet était sensible.

- Et donc il t’a laissé son chien.
- Ouais, le chien et la caisse, elle est dehors. Justement, tu cherchais pas une voiture ?
- Ouais, ouais en effet.
- Dans ce cas, j’t’offre le duo pack.
- Quoi ???
- Ouais, le chien va avec la voiture !

Je baissai les yeux vers le monstre toujours tranquille pour le moment. Et je regardai à nouveau mon pote.

- Tu t’fous d’ma gueule !
- Non pas du tout.
- Bob, c’est un chien.

Bob s’esclaffa :

- Ouais j’avais r’marqué merci
- Et moi, moi j’suis un putain d’loup garou !!!
- J’suis aussi au courant merci. T’en as encore beaucoup des comme ça ?
- Mais… tu veux qu’fasse quoi d’un clebs ???

Je fus alors interrompu par Lucy Lou qui était revenue et qui à son tour remarqua le chien.

- Hey Scout !!! ça faisait un moment qu’on t’avait plus vu !! Ohhhh t’es un beau chien chien toi !!

Et le chien se redressa pour lui faire la fête, à coup de léchouille et Bouah, je détournai la tête, c’était dégoûtant, pour regarder de nouveau Bob. J’étais intéressé par la voiture, mais assurément pas par le chien et j’me demandai bien ce qui avait pu lui passer par la tête, pour croire que j’en voudrai de son monstre !!

Every problem has a solution

ft. ....

Bob m’observa un instant du coin de l’œil, puis dans un soupir, quitta le tabouret sur lequel il venait tout juste de s’installer. Il me fit signe de le suivre.

- Allez viens avec moi.

J’ajustai ma chemise, et laissant mon manteau à la patère, je lui emboîtais le pas jusqu’à l’extérieur et sur le parking juste devant le bar. Bob, mains dans les poches de son jean, me désigna une superbe mustang d’un modèle ancien, noire.

- C’est elle. Fergus la chouchoutait avant, avant que Ren la récupère à la mort de son frère. J’aurai pu la vendre mais….je crois que Ren aurait préféré qu’elle aille à quelqu’un qui fait le même job que nous.

Il s’éloigna, après m’avoir laissé le temps d’admirer la courbe de cette superbe caisse, puis s’approcha de l’arrière de la voiture et en ouvrit le coffre.

- Elle est entièrement équipée.

Bob actionna un levier bien planqué sur le côté et souleva un faux fond dans le coffre qui ne contenait rien d’autre qu’une vieille couverture et quelques outils. Mais sous le faux fond, là c’était tout autre chose. Je sifflai d’admiration, non sans me saisir d’une des machettes.

- Ah ouais, j’vois ce que tu veux dire par….entièrement équipée !

Je me marrai.

- Sacré Fergus. Et Ren ? Il veut pas la garder ?
- Elle prend la poussière ici, et sa place c’est pas dans un garage. Moi j’suis venu mettre ses affaires en ordre, récupérer son chien et la caisse. Mais elle te sera bien plus utile à toi, moi, mon vieux pickup me suffit et le chien…. Sérieux, Renan a fait de l’excellent boulot avec cette bête. C’est un brave animal, et y’a pas plus doué que lui pour te repérer des surnaturels à plusieurs kil à la ronde. Il est très bien dressé ! Il pourrait t’être utile…

Je soupirai en reposant la machette et en caressant un pieux en bois étrangement tordu du bout des doigts.

- Bob…j’sais déjà pas m’occuper d’moi, comment tu veux que je puisse m’occuper d’un chien ? Et…. et qui va s’en occuper quand je serai…..quand je serai non opérationnel ? terminais-je incapable de parler autrement de ce qui se passait à chaque pleine lune.
- Tu peux regarder avec Lou, elle l’adore et Rakel aussi… mais là, là ce chien, il a besoin d’un nouveau coéquipier, moi j’me fais vieux et j’chasse plus autant qu’avant. Il s’emmerde avec moi ! Mais c’est pas seulement pour ça que je demande de l’prendre avec toi.

Bob me fit face et je vis à sa façon de me regarder qu’il allait m’faire la morale ou un truc du genre.

- Peut-être qu’il pourra te montrer comment utiliser tes nouvelles capacités.
- Quoi ? Tu t’fous d’moi ??
- Ben…. Les loup garous ont un excellent flair, Scout aussi. Le meilleur qui soit, mais toi, j’parie que depuis le temps, t’as encore jamais essayé de t’en servir.
- Plutôt crever !
- C’est bien c’que j’pensais…..alors Scout pourrait te donner quelques tuyaux, te montrer à quel point ses capacités lui sont utiles.

Je le regardai toujours d’un air à m’attendre ce qu’il m’avoue finalement que tout ça n’était qu’une grosse blague, mais Bob rigolait pas, il rigolait même pas du tout.

- Jack, ce qu’ils ont fait de toi est définitif. Tu vas devoir apprendre à vivre avec, pour le restant de tes jours. Alors il va falloir que tu te fasses une raison, mais pas seulement….Ce qui serait encore mieux c’est que tu utilises ton plein potentiel pour choper ces saloperies qui tuent des innocents, et qui sait, les empêcher de faire de nouvelles victimes comme toi. Imagine…..tout ce que tu laisses de côté, juste parce que ça te débecte trop d’utiliser tes sens, ou tous ces trucs que seul un loup garou peut faire ?

Je lui tournai le dos, en secouant la tête. J’étais pas prêt pour ça, pas prêt du tout. Mais j’entendis Bob me rappeler.

- Hey Jack.

Il agitait les clefs de la caisse.

- De toute façon, le chien va avec la caisse, alors… à toi d’voir !