Des cartouches et des flingues

ft.Thunder Reese

Avec ma robe chemise ceinturée et mes jolis imprimés fleuris, il y a pas à dire, je détonne au milieu de la testostérone qui règne dans la pièce au vu des bonhommes autour de moi. Certains ne manquent d'ailleurs pas de me jeter des coups d’œil intrigué ou intéressé selon. Loin de me sentir oppressée ou offensée, j'affiche même un sourire. En même temps, c'est la première fois que je vais me retrouver à un stand de tir et je dois dire que tester, hum... Apprendre à me servir d'une arme de poing, de fusil, de fusil automatique ou de pistolet-mitrailleur n'ait pas pour me déplaire. Oh loin de là même !

Bien sûr, ma présence ici n'est due qu'à la décision d'Acham, cela va sans dire. Trois jours plus tôt, le démon s'est procuré une licence de port d'arme en mon nom. Et désormais, le démon tyran souhaite que je sache me servir des dites armes à feu. Ma foi, pourquoi pas ? Ce n'est clairement pas la pire des activités qu'il m'ait proposées, bien que je ne me fasse pas d'illusion quant à ses réelles intentions. Intentions qu'évidemment, il ne partage pas avec moi.

Donc au programme, une petite formation de quelques jours auprès d'un instructeur au Pioneer Shooting Center. Et la cerise sur le gâteau ? Acham ne m'accompagne pas ! Bon, pour le moment, il n'y a rien de très excitant puisque, avant tout, il me faut surtout remplir une feuille de renseignements afin de m'enregistrer.

Aussi, je m'applique à finir de compléter le formulaire avant d'enfin quitter mon siège et rejoindre l'un des guichets.

- Mercy, c'est ça ? Je vois que tout est en ordre, je vais juste te demander de patienter encore un peu, l'instructeur Vilfrid ne va pas tarder à aller te chercher.

Le secrétaire de l'accueil à une voix étonnamment douce pour un type aussi baraqué et surtout, dans un tel établissement. Enfin, qui suis-je pour juger, moi et ma jolie robe, hein ? Ce sur quoi, j'acquiesce et retourne à ma place, toujours impatiente de cette nouvelle formation.

Il n'y a plus qu'à espérer qu'aucune échauffourée ne vienne ternir cette journée qui commence plutôt bien. Après tout, les lieux publics et moi, cela ne fait en général pas bon ménage. Une chance sur trois que ça dégénère et avec la poudrière présente ici, ça ne peut qu'être risqué. En y songeant, c'est sans doute la raison qui fait que le démon a décidé de ne pas venir.

Je secoue la tête pour chasser mes vilaines pensées. Il n'y aura pas de problème aujourd'hui. Du reste, je me suis préparée à encaisser quelques remarques misogynes pour la peine, ça devrait donc bien se passer...

Heureusement, je n'ai pas à attendre plus longtemps que déjà une énième armoire à glace franchie le pas d'une porte avant ce clamer mon nom tout en balayant du regard la pièce. C'est une belle moustache qu'arbore là ce Monsieur Vilfrid.

- Allez Ma'mzelle, suivez-moi.

Moui, j'ai un grand sourire sur les lèvres et il me faut faire un effort pour ne pas bondir hors de ma chaise. Quant aux petites remarques dites à voix basse sur mon passage, je les ignore.

Rien ne viendra gâcher ma journée.

Des cartouches et des flingues

ft. Mercy Konstantin

Thunder a fini par plier…

Avait-elle vraiment le choix ? Cassidan est la personne qui compte le plus à ses yeux, plus… plus que n’importe qui ou n’importe quoi sur cette terre ! Et cette menace qu’Alice a fait peser sur lui, ce n’était pas acceptable pour Thunder. Sur le moment, elle a eu envie de la massacrer, bien sûr, de lui régler son compte une fois pour toute.

Mais Thunder n’est pas stupide. Alice a dû prendre des garanties, et tuer la chef de section de NY, c’est comme tuer une hydre, on lui coupe la tête, et d’autres repousseront, encore et encore. Les ressources de la NI sont inépuisables. Aussi ne s’est-elle pas sentie de taille à tenter quoique ce soit contre eux. Qui est-elle pour contrer leur pouvoir ? Et on parle ici uniquement de pouvoir politique, celui de l’argent, ou encore celui du nombre. Thunder elle, n’est qu’un pion seul vs une armada de tueurs formés pour écarter les obstacles sur un seul mot d’Alice.

Alors la voilà de retour à la case départ, une main armée sans âme pour servir la NI, en échange de la vie de Cassidan et de la tranquillité de ceux qui sont devenus ses amis, les luccheses et leur meute. Est-ce vraiment cher payé ? Non…absolument non. Thunder est prête à faire n’importe quoi pourvu qu’on laisse son vampire tranquille. Quant à fomenter un complot pour faire tomber la super organisation qu’est la NI, sérieusement ? Thunder est une arme vivante, un soldat des plus efficaces, mais on ne l’a pas dressée à établir des plans d’attaque ou à réfléchir à des solutions stratégiques. On lui donne des ordres, elle exécute, point.

Ainsi sa seule solution a été d’accepter, contrainte et forcée…..

Et depuis ses démons reviennent au galop, colère qu’elle évacue comme elle peut, de la seule façon qu’elle a toujours connu, le combat, ou le feu…..
Quant à Cassidy, elle a été incapable de lui en parler même s’il a dû percevoir son changement d’humeur. Ses sourires sont redevenus rares, ses rires et tout ce qu’elle avait appris avec Cass. Ouais c’est retour à la bonne vieille Thunder, ou pas tout à fait. Peut-on vraiment faire machine arrière après tout ce qu’elle a découvert ? Comment concilier tout ça, sans péter un câble ? Pour quelqu’un qui n’a nullement appris à exprimer ses sentiments quels qu’il soit, le dilemme est de taille.

En attendant, elle fait comme elle peut, passant beaucoup de temps à s’entraîner, comme aujourd’hui dans ce club de tir qu’elle a découvert il y a plusieurs mois et où elle a fait la connaissance de Frank, agent du SPN.

Pas de démons en vue aujourd’hui, de toute façon elle n’est pas là pour le boulot, loin de là, juste pour se défouler. Et tandis que dans le couloir voisin, elle ne prête qu’une attention moindre à la nana qui vient de s’y installer avec un formateur, Thunder vide le énième chargeur de son flingue sur la cible dont il ne reste plus grand-chose. Les balles explosent dans un claquement sonore, jusqu’à être de nouveau à court de munition.

Thunder finit par faire une pause, pour recharger, le visage n’affichant rien d’autre qu’une froide détermination. Puis elle appuie sur la commande qui ramène sa cible par son câble. ET là au micro, l’appel de Nils qui retentit dans son casque et dans les haut-parleurs.

- Bon sang, inutile de vider tous vos chargeurs sur la même cible, râle la voix du jeune homme.

En attendant, Thunder vérifie son arme de mouvements secs et précis, visant une cible invisible. Ce qui lui faut une nouvelle réprimande du type.

- Baissez votre flingue !! le temps qu’on remplace la cible, merde !!

Thunder soupire intérieurement. Il en ferait une belle de cible ce con. Mais elle s’exécute malgré tout avant qu’on ne la vire. Elle pourrait s’inscrire ailleurs. Mais cet endroit est le plus perfectionné techniquement, avec des salles de tirs en condition réels, avec des cibles silhouettes qui se déclenchent automatiquement, au fil d’un parcours, semé d’obstacles. Mais c’est pas ce que recherche Thunder aujourd’hui.

Des cartouches et des flingues

ft.Thunder Reese

Avant de pouvoir manier d'une quelque façon que ce soit l'une des armes à disposition, ce cher Monsieur Moustache m'explique les règles de sécurité qui sont primordiales afin qu'aucun incident ne survienne. Car une balle perdue qui perfore une artère, ce n'est pas vraiment rattrapable, aussi, l'imprudence n'est tout simplement pas permise. Donc le canon s'est toujours braqué soit vers le sol, soit vers les cibles, l'arme toujours considérée comme chargée. De même, on vérifie à chaque fois chargeur, chambres, chien. En suspension de tir, c'est-à-dire en repos, l'objet en question doit impérativement être désapprovisionné et la culasse ouverte... Etc...

Bref, j'ai droit à tout le topo et ce qui est bien, c'est qu'à chaque coin de mur, le règlement y est rappelé grâce à des plaques disséminées un peu partout.

Ce sur quoi, nous prenons place à un stand de tir où casques, lunettes et un pistolet monocoup de calibre 22LR nous attendent. Monsieur Moustache n'a même pas besoin de me l'expliquer que mon cerveau semble déjà détenir l'information. En y songeant, ce n'est pas la première fois que cela m'arrive.

- Vous avez pigé, ma'mzelle ?

J'acquiesce de la tête. Mon instructeur me demande alors de tout bien répétée comme une bonne élève. Et si j'obtempère, je suis interrompue par un haut-parleur qui semble s'énerver contre quelqu'un. Mes sourcils se froncent avant de comprendre que l'on s'adresse à ma voisine de stand.

- C'est interdit de vider son chargeur sur une même cible ? demandé-je à Monsieur Moustache.

En attendant, la jeune femme à côté de moi a les gestes précis d'une experte, mais qui transpire d'une certaine colère. En ce qui concerne sa cible, autant dire qu'elle ressemble à un véritable défouloir, trouée comme elle est.

Hum, peut-être que je ne devrais pas rester à ce stand et m'éloigner. Cela serait plus prudent pour tout le monde, je connais ma propension à rendre les gens de mon entourage nerveux. Et Madame Reine de la Gâchette d'aller à l'encontre de la première règle d'or.

Okay.

- Voilà pourquoi on ne devrait jamais laisser une arme à une femme, grommelle tout bas mon instructeur.

Cette fois, je hausse des sourcils.

- Pardon ? Il y aurait un problème avec nos chromosomes ?

Bon. Certes, je ne suis pas la plus diplomate, néanmoins, on remarquera mon effort pour garder un ton neutre. C'est alors que c'est non pas mon interlocuteur qui me répond, mais notre voisin de gauche dont le ricanement ne se fait pas attendre.

- Allez, toi et ta petite robe à fleurs, tu poses la question, vraiment ? Tu n'es clairement pas à ta place ici. Retourne donc faire du shopping...

Mon poing part tout seul atterrir sur le nez de l'inconnu. [Colérique 7 vs 8, échec]

Oups.

Bien sûr, l'autre ne l'a pas venu venir et d'ailleurs, moi non plus. L'homme se plie en deux sous la douleur, ses mains retenant le sang qui dégouline déjà de ses narines.

- Baaauch... Deel !!

Rooooh pauvre petit... Mon instructeur, lui, n'a pas apprécié mon geste comme en témoigne l'expression qu'il affiche.

- Excusez-moi, c'est mon allergie à la connerie qui s'est manifestée.

Est-ce que j'ai l'air désolée ? Pas du tout.

Des cartouches et des flingues

ft. Mercy Konstantin

Thunder dispose deux nouveaux chargeurs sur la tablette devant ses yeux, et prépare son arme pour de nouveaux tirs. Rien à foutre du règlement, et des remarques qui viennent d’à côté, une autre jeune femme. Un seul coup d’œil lui suffit pour constater que c’est pas le genre de cliente qui a l’habitude de venir ici. De fait elle a un instructeur avec elle.

Pour autant, les remarques des autres ont tôt fait d’ajouter à son irritation. Putain c’est quoi ces réflexions de merde ? Mais elle ne va pas s’en mêler, jusqu’à entendre un type gueuler et de voir son nez en sang. Là Thunder retire son casque, pose son flingue et en vient rapidement au constat que la nana en robe à fleur lui a fait fermer son clapet à l’autre connard.

Voilà qui est plutôt inattendu pour cette nana au look de gentille fille trop sage. Et en plus elle a l’air plutôt satisfaite d’elle. Mais l’autre n’a pas dit son dernier mot pour autant. Il se redresse et s’apprête à passer à l’attaque. Thunder ne bouge pas mais observe plus attentivement ce qui se passe à tout juste un mètre d’elle.

Le mec se met à insulter la fille copieusement, et l’autre de ne pas sembler s’en inquiéter le moins du monde. Thunder les observe toujours, avant d’intervenir. C’est pas son genre d’ordinaire mais là, on n’est pas dans une situation ordinaire.

- Elle t’a déjà pété le nez, t’en veux plus ? Sérieux vous n’savez jamais comprendre quand il faut pas abuser de notre patience les gars ??

L’autre s’interrompt aussi sec en la dévisageant. Sans doute que dans de toutes autres circonstances, il se serait mis à l’insulter à son tour, mais là peut-être qu’il possède un peu plus de neurone qu’on aurait pu le croire de prime abord. Il ravale ses insultes et là quoi ? Surprise, il s’en prend  à l’instructeur.

- Pas question que j’refoute les pieds dans ce club de merde. J’m’en vais voir le responsable de cet endroit et me faire rembourser. C’est intolérable !!

Puis il leur lance un dernier regard plein de mépris.

- Ca devrait être interdit aux salopes dans votre genre.

Mais très vite, il se tire, avec son flingue, craignant sans doute que l’autre ne lui colle un nouveau pain.

- Connard ! Thunder gronde entre ses dents et dévisage le second type, l’instructeur qui les regarde avec le même air que celui qui s’est tiré.

- Quoi ??? si tu penses pareil, autant te tirer tout de suite aussi !Et après un instant où l’autre s’est figé, Thunder lève la voix d’un ton. VAS-y dégage !

Et il ne se fait pas prier pour s’exécuter. Ils n’ont sans doute pas tout compris à ce qui s’est passé, mais rien à battre.
Sauf que voilà, la nana en jolie robe, se retrouve désormais sans instructeur. Thunder lui lance un regard de biais.

- C’est la première fois que vous venez dans un stand de tir. Ce n’est pas une question, juste un constat.

Puis elle ajoute en marmonnant.

- Ils se comportent toujours comme ça avec les femmes. Mais j’ai pas l’impression que ça vous perturbe plus que ça.

Thunder regarde la main de la nana. Elle lui a mis un sacré coup, et c’était pas juste dû à la chance.

Des cartouches et des flingues

ft.Thunder Reese

Ce n'est vraiment pas faute d'avoir tout fait pour me contenir, vraiment pas. Mais il faut dire qu'avec la remarque déplacée de l'autre, son nez cassé, il l'a un peu cherché. Et je ne suis pas peu fière de mon œuvre. Certes, ce n'est pas judicieux de ma part d'avoir réagi ainsi, d'attirer l'attention surtout, mais je ne supporte pas qu'on soit insultant. De plus, on m'a bien assez piétiné ces derniers temps pour me laisser faire par un sexiste par-dessus le marché.

Sauf que Monsieur Je Suis Trop Con semble vouloir en découdre. Je le toise sans ciller, les muscles déjà tendus, prêt à réagir au moindre mouvement. Parce que, visiblement, ce n'est pas mon instructeur qui va prendre ma défense.

Et au jeu de l'intimidation, je ne suis pas mauvaise non plus.

Mais pour une raison ou un autre, le concerné se ravise et préfère me cracher des insultes à la figure. Je serre les poings. Dans mes veines, je sens la colère bouillonner, mais heureusement, avant d'avoir un autre geste regrettable, c'est la jeune femme derrière moi qui intervient. Celle-là même qui, quelques secondes plus tôt, s'est défoulée sur sa cible non sans provoquer le mécontentement du haut-parleur.

Et on ne peut pas dire qu'elle non plus ait apprécié l'attitude de Monsieur Je Suis Trop Con.

Est-ce que ça sent la poudre ? Bien sûr que ça sent la poudre ! Mais de façon surprenante, l'autre se débine, non sans lancer une petite pique à mon instructeur cette fois.

Non, en fin de compte, il se permet quand même une dernière insulte à notre égard. En réponse, je lui souris avec un doigt d'honneur. Et la jeune femme de l'insulter en retour.

Bientôt, c'est au tour de Monsieur Moustache de se faire houspiller par la demoiselle. Et vu la réaction plus que pitoyable de ce dernier, il y a de quoi rouler des yeux. Ce n'est pas moi qui vais le retenir si lui aussi pense que je suis une salope qui ne devrait pas toucher à une arme.

Et donc, il choisit de partir.

- Mais quelle crevure…

Et moi, je fais quoi maintenant ?

Mon regard tombe sur le calibre 22LR qui m'attend toujours sagement, avant de glisser sur ma voisine. En effet, elle-même fait le constat que c'est une grande première pour moi d'être dans un stand de tir. Ma bouche se tord en une grimace, parce que pour l'instant, l'expérience est assez décevante.

Quant à savoir si ça me perturbe ou non les mecs qui se comportent ainsi...

- Techniquement, pas vraiment parce que je lui ai quand même foutu un poing à la figure à l'autre. Disons qu'en fait, j'ai plutôt le sang chaud, surtout quand j'ai des cons en face de moi.

Je souris pour enfin tendre la main à cette jolie blonde aux yeux bleus. Elle n'a pas l'air commode certes, mais au moins, elle n'a pas fait la sourde oreille.

- Mercy. Et donc, j'en déduis que vous êtes une habituée, est-ce que vous connaîtriez un instructeur présent ici qui ne sera pas choqué par ma robe pour m'enseigner le tir ?

Bien entendu, l'idée de lui demander directement à elle de m'apprendre, m'a traversé l'esprit, seulement, elle doit avoir autre chose à faire comme par exemple, vider son chargeur sur sa cible. Sans compter qu'entre l'arme qui est à ma disposition et la sienne, on ne peut pas dire qu'elles soient comparables. Son arme est bien plus sophistiquée.

Ou alors je tente le coup toute seule. Après tout, mon instinct me dit qu'il n'est pas très compliqué de tirer. Je soupire. Dire que cette journée commençait si bien…

Des cartouches et des flingues

ft. Mercy Konstantin

Thunder ne peut qu’approuver le verdict, d’un hochement de tête, avant de voir la nana jeter un regard dépité à son arme. Mouais du coup elle se retrouve sans instructeur.

Quant à sa réaction de tout à l’heure, d’après elle, c’est surtout qu’elle a le sang chaud, particulièrement face à des cons.

- Vous devez souvent coller des coups de poings dans ce cas, conclut Thunder avec une étincelle amusée dans le regard.

Ouais parce que des cons, c’est pas ce qui manque dans ce monde de dingues et de machos des prés.  
Et là, la fille lui tend la main et se présente. Thunder l’observe un instant puis la lui prend pour une poignée de main ferme :

- Thunder…. Ouais, une habituée de ce genre d’endroit. Mais celui-là, ça n’fait pas longtemps qu’il est ouvert. Enfin ne vous faites pas d’illusion, le comportement des mecs sera le même et ce peu importe où vous irez.

Elle désigne la robe de la nana du menton.

- Surtout avec ce genre de fringue. Pas que je critique, ça vous va très bien mais c’est le meilleur moyen de les rendre plus idiots encore. Plus vous vous fondrez dans la masse, plus ils vous ficheront la paix, enfin en règle générale.

Pour sa question sur un instructeur que Thunder connaîtrait, elle ne répond pas tout de suite, la regardant faire avec l’arme. Il lui faut quelques secondes de plus pour se décider.

- Ça n’vous sera pas nécessaire, à moins d’être prête à supporter un ce des types lourds qui pensent que tout ce qu’ils vous diront ne servira à rien parce que vous êtes trop bête pour comprendre.

Thunder lui laisse un temps de réflexion, avant de se déplacer, abandonnant son rang pour s’approcher d’elle. Elle commence par lui donner quelques conseils pour mieux tenir son arme, l’aide à avoir la position adéquate, lui explique le fonctionnement du revolver, et comme ça semble rentrer tout seul, lui dit finalement :

- Allez-y, essayez.

Elle lui donne encore quelques conseils sur le recul possible de l’arme, … puis se tait et observe.

Des cartouches et des flingues

ft.Thunder Reese

Souvent coller des poings... Oui, et encore, là, le type a eu la chance de pouvoir partir sur ses deux jambes. La plupart du temps, quand la colère vient me chatouiller, c'est pour déclencher un véritable chaos.

- Hélas, il y a effectivement beaucoup trop de cons...

Et alors que je lui tends la main pour me présenter, il y a comme une hésitation avant d'avoir droit à une bonne poignée de mains. Thunder donc. Un prénom qui lui va plutôt bien au vu de ce qu'elle dégage et de son attitude.

En ce qui concerne celle des hommes, la déclaration de mon interlocutrice ne me surprend pas.

- Je ne me fais pas d'illusion, en fait, je m'y attendais, mais bon...

Je hausse des épaules.

Comme elle le sait maintenant, j'ai tendance à partir au quart de tour. Bien que j'arrive à mieux gérer mes crises de colère, le chemin est encore long à parcourir avant que je puisse me maîtriser parfaitement.

Un instant, je baisse les yeux sur ma robe. Il n'y a pourtant rien de vraiment choquant ou encore d'aguicheur, cependant, il est vrai qu'ici, dans un stand de tir, le vêtement a de quoi attirer les regards. Seulement, c'est ainsi que j'aime m'habiller et je ne vais pas m'obliger à changer de style juste parce que ça fait perdre quelques points de QI à d'autres.

- Ça ne sera donc pas le dernier nez que je fracasse, assumé-je, et puis, si un jour, je dois vraiment me défendre avec une arme, il y a de fortes chances que je sois dans ce genre de tenue, alors autant s'entraîner ainsi.

Certes, la robe n'est pas le vêtement le plus pratique pour ce genre d'activité, c'est une évidence, mais au moins, je suis certaine que si je me débrouille ainsi, je saurais sûrement me débrouiller en pantalon ou dans une tenue plus sobre.

De fait, malgré la triste réaction de mon instructeur, je préfère persister dans ma démarche que ça plaise ou non. Oui, enfin, à condition qu'il y ait au moins quelqu'un capable de m'enseigner le tir. Toutefois, d'après Thunder, ça ne m'est pas nécessaire.

Mouai, en fait, ça n'arrange pas mes affaires tout ça.

C'est là que je vois ma voisine de stand abandonner le sien pour venir me rejoindre. Je lui souris aussitôt, reconnaissante. Lunette et casque enfilés, je suis bientôt ses conseils qui sont plutôt brefs et précis. Et à son signal, je prends une inspiration.

Vise.

Puis tire deux coups consécutifs. Deux coups étrangement identiques et presque parfaits. [Art de la guerre : 13 pour les deux jets] Et ma foi, la sensation est plutôt grisante, je dois l'avouer. Mon doigt se déloge alors de la gâchette, décharge l'arme comme on me l'a expliqué pour, finalement, reposer le LR22 sur la table.

- C'est plutôt pas mal, non ? fais-je tout en plissant le regard vers ma cible. Je peux comprendre pourquoi certains viennent ici pour se défouler.

Et encore, je sais que d'autres flingues possèdent le mode rafale, ce qui doit être encore plus grisant.

Des cartouches et des flingues

ft. Mercy Konstantin

Mouais, ça c’est clair, il y en a beaucoup trop. Thunder finit par lui tendre la main et se présenter à son tour, même si elle connaît déjà son nom et le lieu où elle travaille. Certaines informations se recoupent plus vite que d’autres, comme le nombre de vues de vidéos où elle figure, sur le net. Elle y jettera un coup d’œil plus tard, là ce sont juste des petits bouts d’infos-textes qui s’affichent dans un coin de sa vision.

Thunder pour le moment mis à part ces infos que vient de lui rendre son scan, ne sais pas trop que penser de cette bonne femme. Son caractère belliqueux lui plait, mais son côté nana en robe par pure esprit de contradiction ? Dans un milieu de mâles, la laisse dubitative. A croire qu’elle aime ça, provoquer des problèmes.

Mais bon, c’est peut-être seulement parce que Thunder elle, si elle aime parfois s’habiller un peu plus sexy, ne possède pas ce côté ultra-féminin. Mouais, à force d’évoluer dans un monde de mecs, on en devient un soi-même. Et puis bon, avoir des mecs sur le dos tout le temps est épuisant, donc autant éviter d’en rajouter. Mais visiblement c’est pas le mode de pensée de cette Mercy. Elle préfère distribuer des coups de poing.

Elle parle aussi du jour où elle devra tirer, en portant ce genre de tenue. Une serveuse de diner…..Thunder pose la question quand même, pour essayer de mettre le doigt sur ce truc qui la turlupine.

- C’est quoi votre boulot ?

Le regard de Thunder vire un instant sur la cible, là-bas au bout de son crochet.

- Donc vous avez voulu prendre les devants en apprenant à vous servir d’une arme.

Qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’elle s’attend à avoir des ennuis ? Ou…..Est-ce que Thunder est face à une nouvelle Bonnie Parker ? Ce qui est sûr, c’est qu’elle est intriguée et plus encore quand elle voit la rapidité à laquelle elle apprend. Et la voir manipuler l’arme confirme cette impression que cette jeune femme n’en est peut-être pas à son coup d’essai. Quelque chose cloche.

Prodiguant ses conseils, Thunder la regarde finalement faire ses tirs et hoche la tête aux commentaires de Bonnie qui semble plutôt satisfaite.

- Ouais, pas mal.

Son regard revient sur elle quand elle dit qu’elle comprend pourquoi on vient ici pour se défouler. Alors sans hésiter, Thunder lui demande oubliant le vouvoiement.

- Tu veux essayer les tirs en situation ? C’est de l’autre côté, salle fermée, ou espace en extérieur, des cibles mouvantes, certains sont des silhouettes de criminels, d’autres de personnes innocentes. La difficulté réside dans le mouvement. Tirer tout en se déplaçant, mais aussi savoir éviter de tirer sur les « innocents ». Si ça te dit ?

Oui parce que son petit doigt lui dit qu’ici, ça va vite devenir rasoir pour elle, mis à part le coté défouloir…..ce qui explique entre autre la présence de Thunder aujourd’hui.

Des cartouches et des flingues

ft.Thunder Reese

Je grimace à la question.

- J'ai démissionné il y a peu de mon travail, j'étais serveuse dans un Diner avant.

Ça n'a pas été de gaieté de cœur, toutefois, je n'ai pas eu le choix, en particulier après les nombreuses révélations que m'a fait Lisbeth. Plus qu'une cliente, j'ai cru m'en être fait une amie, mais finalement, il s'est avéré qu'elle était juste là pour m'espionner. Et aussi me reprocher ma soumission envers un démon, m'accusant par-dessus le marché de tuer John à cause de mon comportement égoïste.

Autant dire que de cette fameuse soirée, j'en garde un souvenir amer.

Mon regard suit celui de Thunder.

- Oui, voilà, disons qu'avec tout ce qui se passe à New York, et puis je me dis qu'en effet, ça serait un minimum que de savoir utiliser une arme.

C'est un mensonge, bien évidemment, bien que teinter d'un brin de vérité. Si la Grosse Pomme n'a jamais été une ville des plus calme, il y règne actuellement un véritable désordre. Il suffit de regarder les informations pour en prendre conscience.

- Et vous, vous faites quoi ? J'ai pu voir que les armes, ça vous connaît.

Militaire ? Thunder m'a l'air bien belliqueuse pour être dans l'armée, mais qui sait ? Ou alors, elle travaille peut-être pour une entreprise dans le domaine de la sécurité.

Ce sur quoi, passé les questions et après quelques conseils de la part de la jeune femme, je fais enfin feu sur ma cible. Deux coups, deux touches. Je souris un peu plus lorsque ma voisine acquiesce à ma question. En tout cas, c'est le genre d'activité qui peut décompresser avec ce petit concentré d'énergie contenu dans ces flingues. 

Et Thunder de me proposer de tenter un autre type d'exercice.

- Pourquoi pas ! Un peu plus d'action, que demander de plus ? Mais ça ne posera pas de problème étant donné mon niveau de débutant ? Je veux dire, pour les membres du personnel ici...

Si ça m'a l'air d'un entraînement bien plus stimulant, peut-être que certains ne verront pas d'un très bon œil que je tente le coup. Après tout, il y a un règlement très strict ici, enfin... Si elle me le propose, c'est qu'il ne doit pas y avoir de problème.

– Je te suis, répliqué-je finalement, en extérieur, ça te va ?

Des cartouches et des flingues

ft. Mercy Konstantin

Thunder observe ses mouvements tout en écoutant ce qu’elle lui dit. Elle note pour le boulot, en surenchérissant :

- Laisse-moi deviner…t’as démissionné parce que des cons t’emmerdaient un peu trop ?

Ou alors on l’a fichue à la porte, parce qu’elle a éclaté trop de pifs. Pour Thunder ça ne fait pas vraiment de différence, à part l’aider à comprendre ce qui la chiffonne chez cette fille. Des allures si sages, enfin sages dans le genre : c’est pas une nana qui va descendre le premier gars au coin de la rue. Elle a l’air plutôt gentille, même si Thunder sait parfaitement qu’on ne doit pas se fier aux apparences. Et c’est justement là que le bât blesse. Parce qu’à voir la façon dont elle manipule son arme, et ses tirs sur cible, ça colle pas au profil.

Mais peut-être qu’elle est juste douée avec les armes et que Thunder se fait des idées. Peut-être que son instinct est déglingué….Mouais c’est sûr qu’aujourd’hui, tout ne va pas pour le mieux dans la vie de Thunder qui se voit désormais contrainte de porter à nouveau le lourd statut d’inquisitrice.

Des réflexions qui se font l’écho de la question de Mercy.

- Responsable de la sécurité d’une entreprise privée.

Mouais, désormais elle va devoir jongler avec ses missions pour la NI…..Il faut qu’elle cesse d’y penser ! Une ombre traverse son regard, fige son expression. Elle ne sait pas encore comment elle va pouvoir l’expliquer à Cass…. Ou peut-être… peut-être que le mieux c’est de ne pas lui en parler. Comme elle n’en parlera pas à Dino. De toute façon, pour eux, ça ne change rien. Et elle veillera à ce que ça reste ainsi.

Thunder se tourne vers Mercy pour lui proposer autre chose. Pour tester ses aptitudes ? Peut-être. Mercy qui s’inquiète de son niveau débutant. Thunder la dévisage, plantant son regard dans le sien.

- J’pense pas non. J’dirai même que t’as l’air d’avoir fait ça toute ta vie !

Thunder repose son casque, rengaine son arme, et précède Mercy vers la sortie de la salle pour gagner la zone de tir en extérieur, avec ses obstacles et ses cibles, tout en ajoutant :

- Et même s’il y en a qui ont a y redire, tu pourras toujours les rembarrer d’un coup de poing ou deux, hm ?

Elle se tourne vers elle, avant de lui demander si elle veut faire un tour au magasin de munition pour faire le plein. Parce qu’elle-même a vidé son stock. Elle en profitera pour réserver le site extérieur avec sa carte de membre, comme ça Mercy n’a pas à être inquiétée.

Elles reprennent ensuite la direction de ce vaste espace, composé de faux décors, de vieilles caisses de voitures récupérées à la casse, de grillages, de murets, tout ce qui peut offrir des protections, parce que comme elle l’explique à Mercy, elles seront aussi ciblées par des tirs lasers reliés à un vaste système électronique. De fait elles sont équipées d’armes factices, à laser de même qu’une coque de protection qui permettra aux différents récepteurs installés le long du parcours de capter leur passage, pour envoyer les cibles au bon moment.

Arrivées au début du parcours, Thunder observe Mercy.

- En fait, t’as l’air aussi à l’aise avec des armes qu’avec tes poings. Où as-tu appris à te battre ?

Thunder entre ses codes sur l’écran tactile du programme automatisé, choisissant un level de difficulté élevée pour elle.

- Je commence, comme ça, ça te donne une idée de ce qui t’attend, à présent que tu sais te servir de c’truc. Dit-elle avec un sourire en coin.

Thunder descend ensuite les escaliers qui mènent au niveau du sol et se tient sur la ligne de départ, attendant le signal donné par les haut-parleurs. De la rampe là-haut, Mercy pourra observer son parcours et mieux comprendre le but de l’exercice. Bien sûr, l’endroit est surveillé par des caméras, mais Thunder n’y fait pas attention. Elle n’a pas besoin de babysitter pour tirer sur des fausses cibles.
Oui enfin idem pour de vraies cibles….

Quand Thunder entend le signal, avec le feu passant au vert, elle se lance, pas allongé mais pas trop rapide, elle abat sans problème les deux premières cibles, évite le panneau d’une petite fille avec son ours en peluche, et rate la troisième cible, un gars avec une cagoule sur la tête.
Entre chaque tir, il lui faut éviter d’être elle-même dans la ligne de mire des ennemis dont les silhouettes masquées surgissent ici et là, ce qui impose quelques courses derrière des remparts improvisés. Voiture, porte, panneaux, etc.

Thunder réalise alors qu’elle vient de tirer sur un clebs. Merde ! Et en fin de parcours, le panneau affiche ses résultats, le souffle un peu court, tapant la poussière de son jean qu’elle s’est sali en plongeant derrière un rocher en plastoc.  Les résultats ne sont pas aussi parfaits qu’elle l’aurait souhaité.

Elle a fait un 7/8, pour les cibles à abattre, un 5/6 pour celles à éviter, Rip le chien…. Par contre, elle s’en sort indemne. Aucune blessure à déplorer !
Désormais, elle peut revenir vers le point de départ du parcours, non sans jeter un regard autour d’elle, scannant les alentours mais par pure
réflexe… Et c’est là qu’elle repère deux gars, dont celui au pif pété par Mercy qui se faufilent de l’autre côté de ce terrain, avec des fusils qu’elle identifie aussitôt comme étant des fusils de paintball. Thunder fronce les sourcils, laissant sa vision revenir à la normal pour rejoindre Mercy.

- Je crois qu’on a de la compagnie… indésirable, précise-t-elle.

Mais Mercy ne peut pas les voir, ils sont derrière des façades séparant les terrains. Thunder serre la mâchoire, contrariée, son regard revenant sur les deux abrutis qui se sont planqués, juste là où les parois de séparation offrent un espace pour leur permettre de passer le canon de leurs fusils.

- Bon, faut que je m’occupe d’un truc. Tu as vu comment il faut faire ? Je peux te laisser ? Thunder lui programme la difficulté moyenne pour l’exercice. Moui, débutante ça serait trop facile, si on oublie les deux crétins qui pensent pouvoir s’amuser à leur insu, sans doute une petite vengeance complotée entre temps.

Des cartouches et des flingues

ft.Thunder Reese

Acham est l'unique raison pour laquelle j'ai dû démissionner. Est-ce que c'est un con qui m'emmerde trop ? Définitivement. Donc, quelque part, cette Thunder devine bien, même si, en réalité, la vérité est bien plus complexe que cela. Mais heureusement, nous ne sommes pas vraiment là pour nous raconter tous nos déboires, de fait, autant ne pas s'y attarder. Bien que, par simple curiosité, à mon tour, je lui demande ce qu'elle fait dans la vie et sa réponse confirme mes propres suppositions.

- Je vois, je me disais aussi, souris-je.

Elle a tout d'une femme d'action et m'est avis qu'elle doit en croiser pas mal des gars comme tout à l'heure. Après tout, elle aussi est une femme, jolie en plus, et puis robe ou pas robe, pour des « Monsieur Je Suis Trop Con », cela ne fait aucune différence.

Ce sur quoi, j'ai droit à mon baptême du feu. Enfin, baptême du feu, j'ai simplement tiré pour la première fois avec un flingue, on ne peut pas vraiment dire que ce soit un combat d'initiation. C'est donc sans véritable effort que je touche ma cible, feuille immobile désormais percée de deux trous au niveau de la tête.

Et si je suis satisfaite du résultat pour un premier essai, Thunder l'est tout autant, allant même jusqu'à me demander si je suis intéressée pour un entraînement au tir plus avancé. Et ma foi, l'idée est loin d'être déplaisante. Quant à mes inquiétudes, elle les balaye, prétextant qu'au moindre problème, je pourrais toujours jouer de mes poings.

Cette fois, je ris.

- C'est pas faux !

On va tout de même éviter, mais je dois dire que j'aime bien cet humour-là.

Du reste, je laisse la jeune femme guider nos pas, car contrairement à moi, elle semble parfaitement savoir comment fonctionne cet endroit. Aussi, après avoir fait le plein de cartouches et être passées au secrétariat pour réserver la zone d'entraînement en extérieur, nous nous y rendons directement.

- Ah, c'est sûr, ce n'est pas la même que le stand de tir de tout à l'heure, constaté-je.

Mon regard observe cet immense parcours composer d'obstacles, d'abris et autres décors pour une meilleure mise en situation. Attentive, j'écoute les explications de  Thunder.

- Un peu comme au laser game en fait.

Sauf que là, j'ai une véritable arme chargée et ici, il n'y aurait aucun gamin pour courir partout.

Ce sur quoi, tout comme ma voisine, j'enfile mon équipement, gilet, capteurs et armes bien en place.  L'accoutrement n'est peut-être pas conçu pour se mettre par-dessus une robe, toutefois, je m'en accommode très bien. Une attitude qui semble intriguer la jeune femme. Je hausse un sourcil.

- Je ne sais pas, c'est instinctif, bien que mon frère m'a appris toute jeune à me débarrasser des gars un peu trop entreprenant et obstiné par un coup bien placé. D'après lui, se faire sécher par une fille, ça refroidit n'importe quelle ardeur d'un con.

Et quelque part, il n'a pas tort, ça a toujours marché jusque-là, mais je sais aussi que c'est loin d'expliquer mon aisance ici.

Entre temps, Thunder pianote sur un écran tactile, programmant certainement le parcours. Une fois terminée, elle se tourne vers moi pour m'indiquer qu'elle passe en premier. J'opine du chef.

Bientôt, je me retrouve seule devant la baie vitré surplombant le site. En face, il y a un immense panneau digital présent pour donner le signal de départ mais aussi, comme je peux le voir, à chronométrer le participant.

Je m'adosse sur la rambarde, les yeux rivés vers le bas. Il n'y a que quelques secondes de latence avant que le feu vert ne soit donné et Thunder entre en scène. Mais au lieu de se précipiter, cette dernière prend le temps d'observer son environnement tout en s'assurant d'être toujours à couvert. Les premières cibles sont abattues avec précision. Mon sourire s’élargit, ça donne vraiment envie d'essayer.

Par ailleurs, y a pas à dire, même pour une amatrice comme moi, Thunder est indubitablement impressionnante, en plus d'être imperturbable. L'exercice ne dure pas plus de dix minutes. Mais au retour de la concernée, à son expression, je comprends aussitôt que quelque chose la contrarie.

- De la compagnie ?

Parce que moi, je ne me suis aperçu de rien, sans doute trop concentrée à la suivre elle du regard. Mais visiblement, elle va elle-même s'en charger. Je lève un pouce en l'air.

- Yes, pas de soucis.

L'exercice de nouveau programmé, c'est mon tour de descendre les escaliers et de laisser Thunder derrière la baie vitrée. Enfin, elle n'y restera pas puisqu'elle doit apparemment régler quelque chose. Dans ma tête, je fais le calcul de mes chargeurs tout en sachant que j'aurais huit cibles à abattre. Bien sûr, j'ai droit à une marge d'erreurs plutôt confortable.

Je prends une inspiration. Me remémore le calme et la précision des gestes de ma coéquipière avant moi. Quant aux tirs adverses, la plupart se font au niveau du poitrail, c'est-à-dire debout. Il est donc préférable de s'accroupir et de présenter son profil pour être plus difficile à toucher.

Okay.

Le signal sonore retentit, j'entre dans la zone. Le canon vers le bas, je cherche d'abord une planque avant de me positionner, chose qui ne me pose aucune difficulté puisque j'ai mémorisé l'agencement du site. Puis, commence alors un enchaînement de tir.

Une balle.

Deux balles.

Trois balles.

Dans ma tête, je compte les cartouches pour anticiper mon rechargement et ce qui me reste de tir. Les méchants cagoulés sont rapidement exécutés sans effort particulier, tout comme j'épargne les pseudos civils innocents. Ma robe est quelques fois malmenée, mais le tissu est très vite oublié pour me concentrer sur mes objectifs. Et j'avoue, un immense sourire barre mon visage tandis que je m'amuse à ce petit exercice stimulant. Quoique peut-être un peu trop facile et quand j'arrive à la fin du parcours, je suis surprise d'en avoir déjà terminé. Enfin, si j'en crois mes calculs, je crois n'avoir commis aucune faute.

Et merde.

J'ai été stupide ! Je me rends compte que j'aurais sans doute mieux fait de rater quelques-unes de mes cibles, ou au moins me faire toucher. Là, c'est carrément suspect qu'une meuf comme moi fasse un tel score. Et cette fois, mon frère ne suffira pas comme excuse...

Soudain, mon attention capte du mouvement près d'une des parois. Mes sourcils se froncent pour finalement m'approcher.

- Il y a quelqu'un ?

Bien sûr, je n'ai pas l'idiotie de relever mon arme. Ce serait vraiment con de blesser quelqu'un comme ça…

Des cartouches et des flingues

ft. Mercy Konstantin

Elle aurait préféré pouvoir assister à la performance de Mercy. Mais régler le problème avec ces deux connards est une priorité. Ensuite seulement elle pourra s’enquérir de ses résultats, juste histoire de voir ce qu’elle vaut sur le terrain.

Quant aux deux lascars, Thunder n’a aucun mal à les repérer. Eux contrairement à elle, n’ont pas de vision x, mis à part des écrans de surveillance caméra auxquels pour le moment ils n’ont pas accès. De fait ils ne la voient, ni ne l’entendent même pas débarquer dans leurs dos, Thunder ayant repéré un couloir de service pour parvenir jusqu’à eux.  

Mais avant elle s’est assurée de ne pas être dans l’angle de vision d’une des caméras. Et vu la position des deux lascars ils ont dû prendre la même précaution. Mouais, leur boss n’apprécierait sans doute pas qu’ils s’amusent à tirer au paintball sur les clients, combien même, la cliente a « tiré » la première.

A portée d’eux, Thunder les interpelle.

- Hey !

Les deux se tournent dans un sursaut, surpris. Et aussitôt elle allonge un premier coup sur la tempe du premier le sonnant quelque peu, avant de balancer un coup de pied à la tronche de l’autre. En un instant, elle a récupéré leurs fusils spéciaux, passe la sangle du premier à son épaule, avant d'épauler le second, le canon dirigé sur eux.

- Alors on voulait s’amuser à tirer sur les clients ? Qu’est-ce que votre boss penserait de tout ça ?

Entre gémissements de douleurs, et retour plus au moins à la compréhension, les deux gars protestent.

- C’est pas c’que vous croyez.
- C’est ça ouais ! vous vous apprêtiez à tirer au paintball sur une cliente sur un terrain pas du tout prévu pour ça, juste pour venger votre petit égo à la con. Parce que vous avez pas aimé qu’une nana vous remette à votre place.

L’un des deux fait mine de se relever mais d’un coup de crosse du fusil, Thunder le renvoie au tapis.

- Vous savez quoi ? J’aime bien cet endroit, il est au top ouais franchement, y’a pas photo avec les autres clubs de la région, alors vous, vous allez dégager d’ici, et si jamais moi ou Mercy, on revoit vos salles tronches dans le coin, on va faire en sorte que votre patron soit informé de vos petites manigances. Et sûr qu’avec la pub qu’on va vous faire, vous serez pas prêt de retrouver un emploi ailleurs.
- Non mais c’était juste pour déconner !!
- Dégagez !!! L’ordre claque sèchement.

Les deux gars hésitent, se regardent puis sans demander leur reste, se tirent vite fait. Et ils savent que Thunder tiendra sa promesse si d’aventure leurs chemins devaient se recroiser.
Puis voyant Mercy de l’autre côté de la paroi, toujours grâce à sa vue améliorée et comme celle-ci s’inquiète, Thunder répond :

- Ouais y’avait quelqu’un, mais ils sont partis. Et ceux là ne te créeront plus jamais de problème. Une minute, je reviens, précise ensuite Thunder, avant de repasser de l’autre côté.

Puis elle avise l’écran des résultats et dévisage Mercy.

- Ben merde alors. C’est bête que j’ai raté ça, un sans faute ?

Des cartouches et des flingues

ft.Thunder Reese

Idiote.

J'ai été idiote. Dans mon enthousiasme, j'ai complètement oublié de garder en tête qu'aux yeux de Thunder, je ne suis qu'une débutante, alors, forcément, mon score parfait ne concorde pas vraiment avec mon profil. La chance du débutant, ça va bien un moment, là, c'est quand même un peu gros pour justifier mon génie au tir.

Mais mes pensées sont bientôt interrompues quand je surprends de l'agitation à quelques mètres de là. Mon regard repère alors cette fine brèche sur une des parois. Prenant soin de ne pas braquer le canon de mon arme n'importe où, je m'approche, curieuse.

Et la seconde suivante, c'est la voix de Thunder qui me répond de l'autre côté. De ce que je saisis, des gars se trouvaient ici avant elle et, visiblement, leur intention à mon égard n'était pas vraiment bienveillante.

Sérieusement ?

- Laisse-moi deviner, l'un d'eux avait le nez bousillé en plus de son cerveau.

Ouai, et je me demande bien ce qu'ils ont bien pu manigancer de là où ils étaient. Me surprendre ? Comment ? Avec quoi ? C'est tout de même extrêmement idiot de croire que c'est une bonne idée de jouer une mauvaise plaisanterie à quelqu'un armé d'un flingue chargé.

Cela étant, la jeune femme m'assure que le problème est réglé et du peu que je la connais, je n'ai aucune raison de douter de sa parole. Suite à quoi, nous nous rejoignons pour considérer les jolis chiffres de mon score. J'ai un sourire crispé au commentaire qui suit.

- Yep, il faut croire que j'ai un don inné pour ça. Peut-être qu'en fait, j'aurais dû me tourner vers une carrière de militaire plutôt que de serveuse, ajouté-je d'un ton léger, loin d'être sérieuse.

Finalement, j'esquisse un sourire.

- En tous les cas, c'était amusant.

Un peu d'action sans conséquence, c'est plutôt sympa, beaucoup plus que de devoir comploter contre un certain Légion, planifiant la mort de ses amis, juste pour l'attirer dans un piège. Mais comme je ne suis pas du genre à pleurnicher sur mon sort, autant profiter des petits moments tranquilles comme celui-là. Enfin, tant qu'il n'y a pas des cons pour tout gâcher.

- Et sinon, ça te dit une bouffe ? Je crois avoir repéré un petit snack pas loin d'ici, c'est moi qui régal, pour te remercier. Enfin, à moins, bien sûr, que tu préfères rester ici à t'entraîner.

Je l'interroge du regard.

Des cartouches et des flingues

ft. Mercy Konstantin

Thunder répond par l’affirmative, avant d’ajouter :

- Ils ne nous créeront plus de problème.

Ouais c’est ça ou la porte. Et s’ils ont un zeste d’intelligence….ils se tiendront à carreau. En attendant elle rejoint Mercy qui a terminé son tour de tir et ses résultats sont sacrément bons….pour une débutante. Ce qui n’a pas fini d’intriguer Thunder.

- Peut-être, à se demander comment personne n’a remarqué ton don avant, ça aurait pu t’ouvrir un tas de possibilités….

Enfin si elle dit ça, c’est surtout que la nana a l’air de bien s’amuser avec ces armes et cet entraînement. Et dans ce pays où les armes font partie du quotidien, c’est assez surprenant de découvrir une fille douée avec les armes mais qui est restée serveuse tout ce temps. C’est une sacrée erreur d’aiguillage ou alors, il y a autre chose.

Aussi quand Mercy lui propose d’aller manger un truc, Thunder n’hésite pas longtemps avant d’accepter. Les questions qu’elle se pose, méritent d’être creusées non ?

- Pourquoi pas ?

Thunder remet le compteur à zéro, pour signifier qu’elles ont terminés ici. Quant à son entraînement, elle répond impassiblement.

- Je m’suis assez entraînée pour aujourd’hui.

Oui enfin elle est surtout venue se défouler, mais maintenant ça va mieux. Mercy lui change agréablement les idées. Rien de tel pour lui faire oublier ses propres problèmes. Elles remettent bientôt l’équipement à la réception, et Thunder suit la jeune femme dehors. Elles n’ont croisé aucun des deux autres gus au passage, et c’est parfait.

A l’extérieur, Thunder avise sa bécane et se tourne vers Mercy.

- Il est où ton snack ?

Elle remet ensuite son casque et lui propose de se retrouver directement là-bas. La Ducati démarre sur les chapeaux de roue, dans un bruit assourdissant, avant de foncer dans la direction donnée. Le GPS intégré lui donne rapidement le point d’arrivée, et une ou deux minutes à peine plus tard, Thunder se gare sur l’emplacement réservé aux deux roues, puis retire son casque pour attendre Mercy. Elle secoue ses cheveux blonds pour leur redonner un peu de volume, retire ses gants et défait les attaches de son blouson, avant de fixer le casque à la moto.

Des cartouches et des flingues

ft.Thunder Reese

L'expression surprise de Thunder est prévisible au regard de mes résultats, de fait, je tente de rattraper ma bêtise en atténuant du mieux que je peux ces derniers par une remarque légère. Pour ma voisine, il est clair que de telles capacités auraient pu me faire accéder à une tout autre carrière que celle de simple serveuse.

- Qui sait... Il y a peut-être encore moyen que je change de carrière, je ne suis pas si vieille après tout...

Oui mais non. Sans doute n'est-ce pas le boulot le plus excitant du monde, mais servir des clients tout en profitant de la musique me convient parfaitement. De plus, c'est un bon moyen de faire de nouvelles rencontres et j'ai toujours aimé discuter. D'ailleurs, je profite de cette occasion pour inviter Thunder à un repas, histoire justement de pouvoir faire plus ample connaissance, parce que les entraînements aux tirs, si c'est fun, on ne peut pas dire que les détonations favorisent les conversations.

Et puis, cette Thunder me paraît sympathique et Acham n'étant pas sur mon dos, autant saisir ma chance. Pas comme si je complote quoi que ce soit contre lui. Thunder n'est pas une Lisbeth 2.0.

De fait, quand elle accepte, nous nous défaisons de nos équipements pour tout remettre en ordre. Une fois dehors, mon regard suit celui de la jeune femme pour tomber sur une moto. Je hausse un sourcil avant de lui donner l'adresse du snack.

- Joli moto, souris-je, admirative.

Rooh, elle est quand même classe cette Thunder, un peu comme une Lara Croft ou une Beatrix Kiddo, les katanas en moins. Ce sur quoi, nous nous donnons rendez-vous devant l'adresse en question pour finalement nous séparer. Moi à pied, et elle sur son joli bolide vrombissant.

Il ne me faut pas plus de cinq minutes pour arriver à destination et rejoindre la jeune femme qui m'attend déjà. Derrière, la façade colorée du Spirit of America nous tend les bras, une bonne odeur de gras et de mal bouffe venant chatouiller nos sens. Hum...Rien de tel pour donner l'appétit !

- Et donc mise à part responsable de sécurité pour une entreprise et être classe sur une moto, ça fait longtemps que tu es à New York ?

La question est banale, mais n'est-ce pas comme ça que l'on entame une conversation ? En attendant, une fois à l'intérieur du snack, mes yeux parcourent le panneau des menus, le cheese burger me faisant de l’œil.

Des cartouches et des flingues

ft. Mercy Konstantin

Pour le changement de carrière, Thunder reste un instant silencieuse. Il y en avait une toute tracée pour elle, mais peut-on vraiment parler de carrière dans son cas ? Le destin a fait en sorte qu’elle tombe sur les recruteurs de la NI, jusqu’à sa rencontre avec Cass, puis E-sak. Car c’est lui qui a changé sa façon de penser. Comme le fait qu’on peut se choisir sa propre orientation plutôt que suivre celle imposée par les autres. C’est lui qui a réussi à s’émanciper de son père.

Et elle, elle y était parvenue, jusqu’à il y a quelques jours. De quoi la laisser songeuse. Comment doit-elle interpréter tout ça ? Que signifie ce retour en arrière ? Qu’elle est incapable de choisir une autre voie ? Que le passé finit toujours par vous rattraper ? …Et que pour certaines personnes, le seul choix qu’on leur donne c’est de faire ce qu’on leur demande, au risque de perdre ce qu’elle a acquis jusqu’ici, comme l’amour de son Cassidy ?
Tout ça la perturbe bien plus qu’elle ne le laisse paraître et le docteur Owen aurait eu beaucoup à en dire. Doit-elle reprendre contact avec lui ?  Le rire de Mercy la rappelle à la réalité. Thunder confirme, une ombre de sourire sur le visage.

- Non, t’es pas si vieille.

Et elle non plus, mais là elle est coincée. Vraiment ? ou c’est qu’elle l’a bien voulu ? Thunder glisse les mains dans les poches de son jean, triture machinalement le briquet qu’elle y a fourré, la tête un peu ailleurs, avant d’accepter la proposition de la miss. Bouffer un truc, ouais, pourquoi pas ?
Quant à la moto, elle sourit, un sourire un peu plus marqué.

- Merci, elle me plait bien à moi aussi….

Mui c’est évident, sinon elle ne circulerait pas avec. Mais cette déclaration n’est pas anodine. La Ducati, elle l’a gardée, après que la NI l’ait virée. Soit disant qu’on la lui avait volée, c’est l’histoire servie par Jamie, mais non, c’est juste que Thunder n’a pas voulu s’en séparer.  Un pied de nez à ses anciens employeurs….redevenus ses employeurs actuels.

Quelques minutes plus tard, elles se retrouvent devant le fast food en question. Et après avoir passé une commande au panneau à l’entrée, elles prennent place à l’intérieur. Thunder a opté pour un simple menu cheesburger et un coca cola. Elle n’a pas vraiment faim, mais il lui faut quand même reprendre des forces.

Et puis elle a envie d’en savoir un peu plus sur cette fille, une serveuse mignonne comme tout dans sa robe très coquette, mais qui sait tirer comme personne….Même Thunder n’a pas eu un résultat aussi bon.  
Sauf que c’est Mercy qui ouvre les hostilités avec les questions, avec une remarque sur la moto qui arrache un vrai sourire à Thunder.

- Ouais j’avoue, elle est classe. Ça fait presque trois ans que je suis arrivée ici. J’ai très vite trouvé ce boulot comme employée de la sécurité.
J’ai grandi dans les armes alors…c’était un peu le job idéal. Et toi ? T’es d’ici ? Comment tu t’es retrouvée à faire ce job ?

Oui de quoi surprendre au vu de ses capacités que Thunder a pu observer.

Des cartouches et des flingues

ft.Thunder Reese

Il est clair que Thunder aime aussi son joli bijou de bolide comme en témoigne son franc sourire à mon compliment. C'est donc tout  en commandant un hamburger que j'apprends que la jeune femme n'est en fait pas d'origine New-Yorkaise.

- Hum je vois, tu viens d'où alors ?

Blonde, les yeux bleus, une peau ni trop bronzée ni trop clair, aucun accent dans sa voix, difficile de deviner ses origines et j'avoue être curieuse. Dans le même temps, je nous paye notre repas avant de nous installer tranquillement à une table. Autour de nous, il n'y a pas beaucoup de clients, ce qui est pour le mieux étant donné ma propension à créer des ambiances chaotiques.

Une première frite est mangée.

- Ah c'est sûr que ta vie doit être bien différente de la mienne et j'imagine que dans une ville comme New-York, ça doit pas être de tout repos comme boulot. D'ailleurs, t'as jamais voulu faire autre chose que responsable sécurité ?

Enfin, désormais, on ne peut pas dire que ma vie soit de tout repos non plus. Il y a quelques mois de cela, j'ignorais encore l'existence de non-humains, de Dieu ou encore de Lucifer. Un chamboulement avec lequel je dois apprendre à vivre, à m'adapter.

Et Thunder de me retourner la question sur mes origines.

- Je suis née à New-York et n'en suis jamais sortie depuis, expliqué-je. Mais en ce moment, je songe sérieusement à visiter un peu le monde, parce que c'est bien beau les buildings et l'Hudson mais c'est bien de voir aussi d'autres paysages.

Mon sourire ne me monte pas jusqu'aux oreilles. S'il est vrai que j'ai ce genre de projet, pour le moment, il me faut faire preuve de patience. Je chasse mes idées noires qui menacent d'un battement de cils. Autant répondre à la question suivante.

- À la base, être serveuse, c'était un job d'été, et puis, j'y ai pris goût et donc j'y suis restée tout simplement. Rien de très mirobolant, malheureusement, il se trouve qu'un incident est survenu il y a environ...

Un instant, je prends le temps de calculer dans ma tête.

- ...Quatre semaines maintenant, un braqueur s'est laissé pousser des ailes dans le Dîner ce qui a déclencher tout un tas de choses et qui, comme tu le sais, m'a finalement poussée à partir.

Il y a eu les journalistes d'un côté, mais aussi Jack, Lisbeth et Julian de l'autre. Résultat : Acham m'a ordonné de déposer ma démission.

Des cartouches et des flingues

ft. Mercy Konstantin

D’où elle vient ? Sacrée question. Thunder portant son plateau jusqu’à leur table, ne répond pas tout de suite. Elle fixe son plateau un instant, sans réagir avant de sembler reprendre seulement sa respiration. Qui est elle vraiment ? Quelles sont ses véritables origines ? Qui est cette fille qui a choisi elle-même son prénom ? Le nom, elle ne se souvient plus où elle l’a entendu et d’où il vient. C’est pas celui de son père, ça c’est sûr.

- Je suis américaine. Mon père l’était, ma mère elle, était allemande.

Et le seul à le savoir jusqu’ici, c’est Cassidy…ah et bien sûr, la NI.

La remarque de Mercy lui fait lever les yeux sur elle, sans avoir encore fait un seul geste pour manger, les deux mains à plat de chaque côté de son plateau. Sa vie ? Ouais elle est tellement différente de celle des autres qu’elle a mis des années pour se reconstruire et aujourd’hui, elle ne sait plus vraiment où elle en est….

Thunder finit par bouger sa main pour entamer le hamburger, machant machinalement, tout en écoutant Mercy qui lui demande si elle n’aurait pas voulu faire autre chose.

- Je ne sais rien faire d’autre de toute façon, finit-elle par déclarer après un moment d’hésitation.

Et c’est bien pour ça qu’elle a fini par rester dans la boîte où elle bossait pour sa couverture, avant de se faire virer. Pourtant, elle doit reconnaître qu’elle aime son job actuel, enfin celui à l’Arena.

- Et le boulot que j’ai me va bien, conclut-elle avec un léger sourire.

Donc ouais, pourquoi chercher autre chose si ce job lui convient ? C’est un boulot qui colle à ses capacités de soldat, et si parfois faut faire des extras pour E-sak, ça aussi ça lui convient. En revanche, ce retour à la NI…..c’est une toute autre histoire. Et ça lui donne pour le moment un méchant sentiment de régression, sans parler du forcing opéré par Alice.

Quant à Mercy, ok, elle est née ici à New York et n’a jamais rien vu d’autre. Et justement elle aimerait bien voyager, voir autre chose.
Pour Thunder, si on exclut son expatriation de Colombie, en fin de compte son plus grand voyage qui  n’a jamais vu de billet retour, c’est leur tentative de road trip avec Cass jusqu’à Vegas qui est le seul autre voyage qu’elle ait fait et ce n’était pas vraiment une grande réussite. Mais elle n’a jamais souhaité ou même pensé que ça doive être autrement. Ouais, il y a aussi les missions pour la NI, mais on n’peut pas vraiment comparer, n’est-ce pas ?

…mouais vaut mieux pas trop penser à tout ça et se concentrer sur ce que lui dit cette fille. Et l’histoire du braqueur n’est pas sans intéresser Thunder.

- Ha ouais, tu t’es fait braquer ?

Mais elle le sait déjà grâce à son scan et à son programme de reconnaissance facial intégré qui a amené d’autres informations, comme les vidéos sur les réseaux sociaux, et des mots clefs, comme braquage. Une fille met sa raclée à un braqueur, et autres commentaires du style qui viennent s’ajouter en plus du reste tandis que Thunder se concentre brièvement.

- T’as démissionné à cause de ce type ?

Il y a de la surprise dans la voix de Thunder. Oui parce que bizarrement, d’un côté elle a une fille qui a pété le nez d’un gars parce qu’il la ramenait trop, qui a donné donc une correction à un braqueur, et elle quitte un job qu’elle avait pris au départ pour un boulot d’été ? Il y a autre chose..

- Hmm je comprends…..mais ça me surprend. Quand on t’observe un peu, on voit tout de suite la fille qui s’laisse pas faire. Et avec tes aptitudes, ce gars là t’aurais pu en faire de la pâtée pour chien, non ?

Ce ne sont toutes que des suppositions, pour trouver la faille…..ou la pièce manquante du puzzle.

- T’es pas le genre à renoncer facilement, ou j’me trompe ?

Thunder qui a terminé son hamburger, prend le temps de s’essuyer les mains tranquillement avec sa serviette, le regard fixé sur Mercy.

- Et donc à présent t’es au chômage…..et toi dis-moi tu vises un boulot en particulier ?

Des cartouches et des flingues

ft.Thunder Reese

Si ma question est plutôt simple, pour Thunder, la réponse semble bien moins évidente. Et à son silence, je sens que cela remue quelque chose en elle, quelque chose dont elle n'a sans doute pas l'habitude de parler. En y songeant, de ce que j'ai pu observer jusque-là, cette reine de la gâchette me paraît être plus une femme d'action plutôt qu'une femme qui papote tranquillement entre copines.

Finalement, ce n'est qu'une fois installées à une table que j'ai droit à une réponse. Américaine donc et aussi, en partie Allemande. Toutefois, je note qu'elle use du passé lorsqu'elle évoque ses parents. Seraient-ils morts ? Peut-être est-ce pour cela que le sujet est si sensible. En tous les cas, je m'abstiens de  creuser plus loin, après tout, nous nous connaissons à peine et il serait malvenu de ma part de remuer des mauvais souvenirs. Surtout, là, alors qu'elle fixe son plateau comme perdue dans ses pensées.

Oui, Thunder est une jeune femme intrigante et... Peu banale ! Ce qui est peu de le dire au vu de ce qu'elle me raconte.

- Rien faire d'autre ? Rembarrer des gars et savoir se battre, c'est pas mal. Mais qui sait ? Regarde-moi, je ne découvre que seulement maintenant que je me débrouille plutôt bien au tir, peut-être que toi aussi t'as d'autres talents cachés.

Au fur et à mesure, mes frites, elles, disparaissent de mon sachet. Il y a pas à dire, c'est bien salé. Moui, ça ne vaut pas celles du Red Robin...

En ce qui concerne son boulot, elle en est parfaitement satisfaite. Je souris.

- C'est tout ce qui compte alors.

C'est un sentiment que je connais bien. Du moins, que je connaissais bien à l'époque où j'étais encore serveuse. Pourquoi changer lorsque on est bien là où on est ? Les gens aiment parfois se compliquer la vie, mais les choses simples ne sont pas non plus un mal. Ouai, malheureusement, la mienne de vie s'est justement compliquée depuis quelque temps. À commencer par ma démission comme je l'explique à Thunder.

- Ouaip, enfin, le Diner s'est fait braquer pendant que j'étais en service. En soi, le braqueur n'a pas été un problème puisque j'ai réussi à le... Euh, neutraliser sans qu'il n'y ait de blessés. Le problème, c'étaient surtout les étudiants cachés sous les tables qui ont cru bon de filmer toute la scène et de la poster sur Internet...

Une grimace vient tordre mes lèvres.

- Je suis devenue une vraie star en quelques jours. Et ça a rameuté plein de journalistes et une poignée de tarés aussi...

Bon j’exagère peut-être pour les tarées, il y en a eu qu'un et c'est Jack. Mais lui, il vaut bien une poignée de tarés à lui tout seul donc bon...

- Une femme qui maîtrise un mec plus costaud qu'elle, et armé de surcroît, tu comprends, c'est pas normal, alors, ça fait un bon sujet à sensation pour certains harceleurs. J'en aurais bien cogné quelques-uns c'est sûr, mais c'était un coup aussi à foutre le bazar et je ne voulais pas que le Diner dans lequel je travaillais se tape une mauvaise réputation à cause de ça.

Mon sourire se fait amer.

- Et non, tu ne te trompes pas, mais parfois, on n'a pas vraiment le choix.

Littéralement pas le choix. Mais comme je ne suis pas du genre à pleurnicher sur mon sort, je préfère me dire que j'y reviendrai. Acham ne sera pas toujours là pour commander ma vie. Il ne sera même plus là tout court, ça, c'est une promesse.

Et en attendant, quoi ?

Je m'adosse sur ma chaise, songeuse.

- hum... Je ne sais pas.

Je hausse des épaules avant de prendre une gorgée de mon soda.

- Mais je trouverai bien, fais-je finalement. New York est plein de possibilités...

Des cartouches et des flingues

ft. Mercy Konstantin

L’expression de Thunder s’étire en un sourire en coin.  Elle ne sait rien faire d’autre que tenir un flingue, et coller des baffes, se battre, ce qu’on lui a appris depuis son plus jeune âge : survivre.

Mais ce que Mercy vient de lui dire, fait tellement écho aux paroles de Cass qu’elle ne peut s’empêcher de le relever.

- C’est aussi ce que me dit Cass….et elle précise d’un ton plus emprunté. Mon petit ami.

Ouais il l’est, et elle l’adore, mais….. le jour où il saura la vérité pour elle, pas sûr qu’il croie encore en elle, ni même qu’il tienne encore à elle... Pourtant c’est pas comme si elle avait le choix.

Aussi préfère-t-elle s’intéresser à la jeune femme plutôt que trop se laisser accaparer par ce qui est en train de pourrir sa vie actuellement.
C’est ainsi qu’elle apprend que l’endroit où elle bossait s’est fait braquer et que c’est cette nana qui a neutralisé le braqueur. Rien qu’ça ? Thunder la dévisage.

- Wah, impressionnant ! T’as pris de sacrés risques dis-donc. Et il était armé ?

Et donc ce qui l’ennuie, c’est qu’elle ait été filmée pendant tout ça. Du coup elle est devenue une star, dit-elle, avant de préciser que ça a attiré des journalistes et des tarés. Thunder relève.

- Des tarés ? De quel genre ?

Parce que ouais, les tarés sont nombreux sur cette terre et y’en a de tous les genres, des obsédés, pervers, des psychopathes, et quoi d’autres ? Pourquoi ce soudain engouement pour cette fille ? Encore une pièce qui lui échappe.
Et Mercy lui explique en partie pourquoi… parce qu’elle a neutralisé un type plus costaud qu’elle et que les gens ont trouvé ça bizarre.

- C’est pas bizarre, si tu sais comment t’y prendre.

Sauf que voilà, si Thunder entend bien, cette fille n’a pas de formation particulière. Alors….où elle a appris à neutraliser un type costaud et armé sans doute ? Qu’est-ce qui lui a pris soudain de faire ça ? Juste par altruiste ? Pour aider les gens ?.... mui pourquoi pas, ça c’est aussi un truc que Cass essaie de lui apprendre. À se montrer gentil avec les gens. Et c’est pas gagné….

Bon en attendant…..elle veut faire quoi, Mercy ? Trouver un autre travail ? Thunder pourrait la rancarder. Mais pas sûr qu’un job à l’Arena soit fait pour elle, surtout avec les drôles de gus qui y traînent. Mouais, non mauvaise idée.
Alors elle se contente d’hocher la tête à la réponse de Mercy, avec un :

- Ouais sans doute, et de terminer son plat.

Et soudain, sur une impulsion de lui proposer :

- Mais si tu trouves pas quelque chose. Appelle-moi, j’verrai si j’peux t’aider.

Thunder écrit son numéro sur un bout de serviette pour le lui donner.

Des cartouches et des flingues

ft.Thunder Reese

Personnellement, je trouve ça utile de savoir se battre. Enfin, sans doute que quelques mois en arrière, mon opinion aurait été différente, mais dernièrement, je ne peux que constater la nécessité de ce talent, surtout qu'il y a vraiment trop de cons dans cette ville. Et le petit ami de Thunder est d'accord avec moi.

- Comme quoi, il n'y a pas que des types idiots à New York.

Non, si ces temps-ci, les vermines semblent infester chaque coin de rue, il n'y a pas que ça. Machinalement, je fais tourner mon alliance autour de mon doigt. J'ai une soudaine envie de retourner au Carlyle, seulement, mon souhait est vite balayé par la réalité.

Je me console misérablement d'une bouchée de fast-food avant de finalement évoquer cette histoire de braquage. Le regard de mon interlocutrice est plutôt éloquent. Moui, pas la première à être surprise par mon exploit, et certainement pas la dernière non plus.

- Oui et drogué aussi. Disons qu'encore une fois, je n'ai pas vraiment réfléchi, ça a plus été une impulsion sur le moment.

Encore et toujours ce même problème de colère qui me caractérise. Mais en soi, pour le principal concerné et les autres protagonistes de l'incident, cela s'était plutôt bien goupillé. Aucun blessé à déplorer, seul une des clientes avaient alors été un peu secouée. Non, le problème était autre part parce que bien sûr, un des petits jeunes n'a pas pu s'empêcher de filmer la scène avec son téléphone.

Internet faisant le reste, je me suis alors retrouvée avec une horde de gratte-papiers au cul. Et d'un taré en bonus.

- Du genre à me suivre, à rester planter devant le resto à m'espionner avec des jumelles pendant plusieurs jours, oh... Et mieux encore, y en a un, il s'est fait passer pour un contrôleur de l'hygiène et il s'est débrouillé pour jeter tous nos clients dehors.

Petit con.

La vérité, c'est que Jack, me soupçonnant et à juste titre, d'être une non-humaine, avait décidé de me prendre en « chasse », bien qu'il ne s'était jamais montré agressif. Comme s'il attendait le bon moment pour me coincer dans une ruelle sombre. Mais ce n'est jamais arrivé, heureusement. Pas que je craignais pour ma vie, mais c'était encore un coup à m'attirer des emmerdes.

Bref, pour les journalistes, je faisais un bon sujet pour leurs articles.

Thunder, au contraire, trouve qu'il n'y a rien de bizarre.

- Moui, après quand des gratte-papiers veulent absolument avoir du sensationnel, ils ne lâchent pas si facilement l'affaire.

Et donc, voilà comment j'ai fini par perdre mon boulot. Ça arrange Acham, car ainsi, pas de distraction pour ses propres projets auxquels je dois indubitablement participer. De fait, mes recherches de travail ne sont pas vraiment au goût du jour. Plus tard, en revanche...

C'est alors que la jeune femme inscrit un numéro sur une serviette pour me la tendre ensuite. Je m'en empare. Mes lèvres s'étirent en un sourire reconnaissant.

- Merci, j'y penserai, mais on pourra toujours se refaire une session d'entraînement Pioneer Shooting Center ou ailleurs, ajouté-je. En tout cas, ça faisait longtemps que je n'avais pas passé un aussi bon moment.

Je lui aurais bien donné, à mon tour, mon numéro de téléphone, mais je n'en ai pas. Enfin, techniquement si, mais je n'ai aucune envie qu'Acham soit au courant pour Thunder. Ce sur quoi, je jette un coup d’œil à ma montre, soupire. Il est temps pour moi de retourner à mon enfer personnel, la vermine est intransigeante lorsqu'il s'agit des horaires.

- Je vais devoir te laisser, un rendez-vous...

Je rassemble mes affaires avant de me lever.

- À bientôt, j'espère et je n'oublie pas, fais-je toute en montrant la serviette.

Une dernière salutation, un sourire, et je quitte le snack à regret.

Des cartouches et des flingues

ft. Mercy Konstantin

Nouveau sourire de Thunder. Non, son vampire est loin d’être un idiot. Mais allez, on ne va pas se laisser attendrir. Elle a d’autres préoccupations pour le moment, comme par exemple comprendre à qui elle a affaire. Cette fille est très loin d’être banale, malgré son look bon chic bon genre, jolie robe, jolie mise en pli, maquillage impeccable etc… Ce n’est qu’une surface et de ça, Thunder en est de plus en plus convaincue.
Et puis ses explications laissent de grosses zones d’ombres. On en revient à la vidéo et sûr que Thunder jettera un œil dès qu’elle pourra, mais pas maintenant. Donc elle lui pose quelques questions, des questions qui n’ont rien d’étranges, les questions que n’importe qui se poserait face aux déclarations de Mercy.

Du reste celle-ci explique pour justifier son geste qu’elle a agi sur une impulsion. Sacrée impulsion. Thunder ne connait que très peu de nanas qui s’en prendrait à un type armé en plein braquage pour lui faire sa fête. Mais elle n’insiste pas, parce que Mercy lui cache des trucs.

Une impression exacerbée par cette histoire de « taré ». Le terme est plutôt vaste non ? Sauf que les explications que Mercy lui en donne restreint brusquement le lot de tarés qui peuvent traîner en ville, du genre à l’épier à la jumelle, à la suivre pendant plusieurs jours, ….et à se faire passer pour le service de l’hygiène pour jeter les clients de son diner dehors ? Donc il a été au contact ?

Bordel pourquoi un type agirait de la sorte ? Y’a un truc qui manque à ses explications, mais Mercy passe à autre chose, comme si de rien n’était.
Finalement la discussion s’arrête là sur le sujet. Leur repas terminé, Thunder lui file son numéro de téléphone juste au cas où. Et Mercy accepte non sans suggérer de se refaire une session à l’occasion.

- Oui pourquoi pas, répond Thunder avec un sourire.

Elle hoche la tête, et répond encore :

- Oui à bientôt peut-être.

Et elle la regarde s’en aller, laissant sa vision x s’enclencher, à la recherche d’un détail, de quelque chose qui pourrait lui donner les pièces manquantes et finit par découvrir l’indice qu’elle cherchait, un singulier tatouage dans le dos……L’image est mémorisée, elle étudiera ça plus tard.
Pour l’instant, elle va rentrer chez elle, chez eux, avant que Cassidy ne se demande où elle est passée.

[vision améliorée +14, recherches à suivre]