Entraînement [Libre]

Entraînement

ft. Edgar Peabody

Musique

Ça fait maintenant quelques semaines que je viens ici tous les soirs pour frapper dans des sacs à défaut d’autre chose… L’attaque surprise des lycans m’a laissé sans défense et je déteste ça…

Je laisse tomber mon sac par terre le temps d’attacher mes cheveux pour qu’ils ne me gênent pas. Je porte encore mon tailleur de travail. Je me déleste de ces vêtements pour enfiler une tenue plus adaptée, une tenue dans laquelle je peux être moi… dans laquelle je peux laisser jaillir ma colère et ma force…

Je laisse dans le vestiaire la spécialiste en histoire grecque pour redevenir l’amazone… l’armure en moins… Un legging et une brassière de sport pour ne pas être entravée dans mes mouvements.

Je pénètre dans l’immense salle. Le long du mur s’aligne plusieurs sacs de frappe. A l’extrémité de la pièce se trouve deux ring et une cage. Le reste de l’espace permet aux adhérents du club de s’échauffer.

Je commence par courir autour de la salle histoire de réchauffer mes muscles. Je ne prête pas réellement attention à ce qui se passe autour de moi. Je suis uniquement focalisée sur mon entraînement… Lorsque mes cuisses et mes mollets brûlent, c’est le signe de passer aux bras. Je m’attribue le dernier sac de frappe disponible.

Je m’apprête à lui asséner le premier coup quand une main se pose sur mon épaule. Instinctivement, mon corps se retourne tout en repoussant l’homme qui se tient maintenant en face de moi avec les mains en l’air en signe d’excuse.

Désolé. Ça fait déjà deux fois que je t’interpelle pour te proposer de s’entraîner ensemble.

Je le regarde de haut en bas. C’est un homme plutôt bien fait. D’ailleurs, il le sait. Il est torse nu, de sorte que personne ne puisse manquer la musculature de ses épaules, de ses bras ou de ses abdominaux… Mon regard remonte sur son visage.

Qu’est-ce qui te fait croire que j’ai besoin d’aide ?

Il croise ses bras sur son torse et me sourit avant de répondre.

Oh mais, je ne pense pas que tu aies besoin d’aide. En revanche, je pense que tu as besoin d’un partenaire.

Sans attendre de réponse de ma part, il va se mettre de l’autre côté du sac et pose ses mains de chaque côté.
Je le regarde de travers.

Quand tu veux ma belle !

Je serre les dents et me mords la langue pour ne pas lui dire ma façon de penser un peu trop vertement… Mes poings se serrent par intermittence pour essayer de canaliser ma colère. Mon regard plonge dans le sien. Mes sourcils se froncent…

C’est toi qui l’aura voulu…

Ces quelques mots avant de lancer mon poing de toute mes forces. Sous la violence du choc, le sac vient le heurter assez fort pour qu’il recule de plusieurs pas et m’observe avec surprise.

Intéressant…

Sans un mot de plus, il vient reprendre sa position. Si j’avais eu ma force habituelle, il n’aurait pas seulement reculé de quelques pas. Ce constat m’énerve. Je me remets à frapper à un rythme soutenu.

Autour de nous, la salle est bien occupée par des combattants de différents niveaux. Certains arrivent, d’autres partent.

Entraînement Edgar & Ava Superficiel un jour, superficiel toujours. S'il y avait bien une chose que l'enfer aimait à exacerber, c'était bien les défauts et tous les autres petits pêchés ponctuant la vie d'un humain. Edgar avait beau ne pas avoir mérité sa place dans les entrailles de la Terre, en revanche, il n'était pas dénué pour autant de quelques vices. Comme la vanité par exemple.

En fait, surtout la vanité.

Lui qui, à une époque, était si beau, si jeune, idolâtré même, désormais tout cela appartenait au passé. Aujourd'hui, son reflet ne lui inspirait plus qu'un profond deuil. Au revoir ses magnifiques yeux de Jade, son sourire ravageur ou encore son corps d'Apollon. Il ne restait plus rien... Plus rien que cet Edgar Peabody à la silhouette trop grande, trop longiligne et dont le visage rappelait celui d'une fouine un jour de pluie.

La chirurgie ?

Bien sûr qu'il y avait songé, malheureusement ce n'était certainement pas avec son pauvre salaire de professeur des écoles qu'il allait se payer une opération. Les travaux à entreprendre étaient trop vastes et donc, certainement fort coûteux pour lui. Triste constat qui n'avait pas manqué de le faire pleurer. Sa seule consolation : savoir qu'il était mieux ici à New York plutôt qu'en bas.

Cependant, pleurnicher, ça allait bien un temps.

Soit, il était moche et alors ? La beauté ne faisait pas tout ! Du moins, le démon tentait de s'en convaincre, une tentative qui se solda par un succès mitigé. Aussi, en vint-il à la conclusion qu'il devait se reprendre en main. Faire du sport. Pour redessiner abdos, trapèzes et pectoraux. Ça ne pouvait pas lui faire de mal après tout, non, ça, personne ne le nierait.

Ainsi, le West Shore Plaza était La solution.

- Aaaaallllllleeeeerrrr..., siffla-t-il entre ses dents.

Bon, peut-être que la solution n'était pas aussi simple. Dans une immense salle de sport, les coudes au sol, les jambes tendues pour faire la planche, le démon suait à grosses gouttes dans sa toute nouvelle tenue de sport. À la vérité, il ressemblait à une écrevisse victime d'un lumbago.

C'était assez douloureux à voir.

Finalement, la seconde suivante, Edgar se laissa tomber au sol, histoire de reprendre son souffle. Dans le même temps, il capta l'échange d'une femme et d'un homme, aussi beau l'un que l'autre et à la fleur de l'âge.

Ça aussi, c'était douloureux à voir. Enfin, du point de vue du démon.

Cependant, ce qu'il l'interpella plus encore, c'étaient les commentaires du type en question. Il y allait du « ma belle », « ma jolie », sans parler de son attitude quand il l'observait sans la moindre gêne, tout en tenant le sac de frappe. Et autant dire que la boxeuse ne semblait pas apprécier, en témoignait son expression renfrognée.

*Il a bien raison d'en profiter*

Edgar secoua la tête à cette irritante voix dans son crâne. Celle de Max, bien entendu. Régner entre eux un perpétuel désaccord.

Mais l'attention du démon revint bien vite sur le couple. Si lui-même avait été plus costaud que le gars, sûr qu'il serait intervenu. Un peu comme le type qui se tenait justement non loin d'eux. Un gros baraqué, tatoué et au crâne rasé. Ouai, ça aurait été parfait. Parce que ça ne se faisait pas d'agir ainsi. Seulement, il n'était que lui, et son état actuel ne lui permettait clairement pas de venir s'opposer à qui que ce soit. Déjà que se lever était difficile.

Ce fut alors qu'il se passa un incident tout à fait étrange. Et tandis qu'Edgar regrettait de ne pouvoir rien faire, il se retrouva soudain à la place de l'homme tout en muscles et tatoué. Il y eut un instant de surprise, son regard fixant ses nouvelles mains. Puis, il comprit.

Il eut alors un immense sourire carnassier. Finalement, y avait peut-être des avantages à être un démon, quoique ça lui faisait tout drôle d'être dans ce corps là. Par ailleurs, il sentait quelque chose s'agiter au fond de lui, mais il en ignora cette gêne, légère pour le moment.

Tenant là sa chance, aussitôt, il s'approcha du gars torse nu pour lui faire une petite tape à l'épaule.

- Hey, mon beau, tu voudrais pas me la tenir aussi, tant que tu y es ?

Il inclina la tête, roula des mécaniques pour lui faire comprendre le message. Ça ne plut nullement à l'autre dont le front se creusa méchamment.

- Quoi, tu as un problème ? J'aime pas trop les types de ton genre si tu vois ce que je veux dire... Si tu veux t'entraîner, tu le fais sans emmerder les autres, suis-je clair ?

Et pour ponctuer sa réponse, il le toisa de toute sa hauteur. Quelques secondes de tension s'écoulèrent et enfin, le type se tira, grommelant dans sa barbe et les abandonnant tous les deux [Réussite]. Edgar lança alors un clin d’œil à la jeune femme.

- Désolé qu'il y ait ce genre de mec lourd, ça devrait pas arriver…

:copyright: Justayne

_________________

Entraînement

ft. Edgar Peabody

musique

Malgré mon premier coup l’ayant expulsé du sac de frappe, le bellâtre ne semblait pas vouloir me libérer de sa présence.
Ma colère grandit à mesure que son sourire s’étire… Un peu trop arrogant. Mes mâchoires se contractent un peu plus à chaque seconde passée avec lui.

Tu ne te débrouilles pas trop mal !

Voilà qu’il me fait des compliments… Comme si j’allais y accorder la moindre importance.

A l’évidence, il a l’habitude de plaire et de séduire facilement les proies qu’il se choisit. Seulement, je ne suis certainement pas une proie.
Je ne prends même pas la peine de lui répondre. Peut-être qu’il comprendra plus vite qu’il doit passer à la suivante.

Je continue d’enchainer les coups de poing et les coups de pied. Frappant à un rythme de plus en plus effréné. Je n’y mets pas toute ma force. Je préfère garder ça pour plus tard… Si vraiment il devient trop lourd.

Ma belle, tu devrais te positionner plutôt comme ça.

Je me retiens de lui rire au nez. Il veut me montrer à moi quelle position adoptée au combat. Alors que je suis sur le point de le remettre à sa place une bonne fois pour toute, il lâche le sac de frappe et s’apprête à poser à nouveau ses mains sur moi sous le prétexte de montrer comment faire…

Au moment où je meurs d’envie de lui attraper le poignet pour lui faire faire un vol plané, j’entrevoie un homme à la carrure d’un bodybuilder arrivé derrière lui.

Je l’observe alors qu’il tape légèrement sur l’épaule de l’importun. Celui-ci lui prête à peine attention jusqu’à ce qu’il entende sa voix grave lui asséner.

Hey, mon beau, tu ne voudrais pas me la tenir aussi tant que tu y es ?

J’écarquille les yeux avant de masquer tant bien que mal un éclat de rire. Plusieurs images se bousculent dans ma tête et dans chacune d’elle le bellâtre est ridicule comparé à mon bon saint Maritain.

Visiblement lui ne prend pas bien la remarque du nouveau venu et fronce les sourcils. Finit le sourire jusqu’aux oreilles que je lui aurai volontiers fait avaler. A son tour de serrer les poings.

Quoi, tu as un problème ? J'aime pas trop les types de ton genre si tu vois ce que je veux dire... Si tu veux t'entraîner, tu le fais sans emmerder les autres, suis-je clair ?

Cette dernière intervention et le regard appuyé qu’il lui lance finisse par faire partir ce pot de colle. Il s’en va en marmonnant, énervé, sans même regarder en arrière et en traînant des pieds comme un enfant à qui on aurait confisqué son jouet.

Désolé qu'il y ait ce genre de mec lourd, ça devrait pas arriver…

Je me tourne vers l’inconnu lorsqu’il s’adresse à moi avec un clin d’œil.
Sans hésiter je lui tends la main pour la serrer d’une poigne ferme et lui adresse un sourire mi-amusé, mi-respectueux.

Merci pour l’intervention. Ça s’est terminé d’une façon plus diplomatique que prévu…

Je souffle un bon coup pour évacuer les tensions accumulées.

J’étais sur le point de lui apprendre à voler… Je me demande à quelle distance j’aurai réussi à l’envoyer.

Je me retourne pour jauger la longueur de la salle. Ma remarque étant entre l’humour et la réelle réflexion. J’ai perdue beaucoup de ma force après l’embuscade et je n’arrive pas à la retrouver aussi vite que je voudrai.

Après deux secondes de divagation, je me tourne vers mon comparse.

Au faite, moi c’est Ava.

Entraînement Edgar & Ava Ni une ni deux, Edgar était déjà dans la peau de son nouveau personnage, et ce, au sens propre comme au sens figuré. Bon, il y eut bien une petite seconde de sidération, mais ce fut vite oublié. Les dernières années de son existence lui avaient appris qu'il était de bon ton de saisir toutes les opportunités qui se présentaient. Et là, il en tenait une belle de remettre à sa place ce bellâtre sans gêne. Aussi, fort de sa nouvelle apparence, il n'hésita pas à jouer de ses muscles et... En fait de toute sa stature pour intimider l'autre.

Et ma foi, le démon ne fut pas peu fier du résultat.

Un instant, il s'attendit à ce que Max fasse une énième réflexion désobligeante, mais Edgar eut la satisfaction de ne constater qu'un apaisant silence sous son crâne. Voilà qui était bien agréable ! Et donc, en se tournant vers la jeune femme, il abandonna complètement son attitude intimidante pour esquisser un sourire avenant et lui serrer la main.

- Ouaip, heureusement que je suis un fin diplomate, y a pas plus subtil que moi ! plaisanta-t-il.

Son personnage se devait d'être sympathique, oui, lui-même était de nature sympathique, n'est-ce pas ? Et puis, il voyait bien que cette jeune femme avait besoin de décompresser, surtout avec l'autre lourdaud. L'inconnue l'aurait d'ailleurs bien envoyé valser en travers de la pièce.

Il haussa un sourcil avant de suivre son regard comme s'il prenait très au sérieux sa suggestion. Edgar alla même jusqu'à prendre un air pensif, son menton se posant dans le creux d'une de ses mains, ce qui était assez étrange de la part du mec baraqué qu'il était désormais.

- Quatre mètres environ à la louche ? Ça dépend si on compte la glissade ou non, dans ce cas, vu le boulet qu'il était, tu aurais pu faire un strike eaaasssyyy jusqu'au fond.

Sa voisine était tout de même loin d'avoir son allure de culturiste, cependant, à la façon dont elle avait victimisé son sac de frappe un peu plus tôt, elle avait pas mal de hargne en plus d'avoir un bon crochet.

- Et moi Dwayne…

Le nom lui était venu naturellement, sans le moindre effort.

- Tu fais de la boxe depuis longtemps ? Et oh merde…

Si Edgar se plaisait dans ce nouveau corps, en revanche, il en avait complètement oblitéré l'ancien qui... Qui avait disparu ? Soudain, ses yeux farfouillèrent la salle à la recherche d'une pauvre écrevisse échouée sur le sol, en vain. Une légère pointe d'inquiétude vint alors chatouiller ses entrailles.

Mais comment ?

Edgar n'étant plus Edgar, de quelle façon, son corps avait-il pu se volatiliser ? Parce qu'avec sa chance légendaire, c'était forcément pas bon signe. Surtout que la gêne qu'il éprouvait au tout début commençait petit à petit à croître. Pour le moment, c'était tout à fait gérable mais quelque chose lui disait que c'était le vrai Dwayne qui se débattait pour reprendre le contrôle. [Possession 9 vs 6]

Ses sourcils se froncèrent.

- Vous n'auriez pas vu par hasard un quarantenaire tout maigre, les cheveux en bataille et la mine de celui qui est au bord de l'agonie ? Je suis certain qu'il était là, il y a quelques secondes.

Bon, on faisait mieux comme description, toutefois, plus le temps s'écoulait, plus il avait l'impression que les emmerdes s'aggravaient.

Que disait-on déjà ? Ah oui, l'enfer est pavé de bonnes intentions.

:copyright: Justayne

_________________