Vision apocalyptique

ft. Tony

Il était en train de faire sa ronde habituelle dans le Bronx quand un de ces flash dont il était de plus en plus coutumier, l’assaillit brutalement, l’obligeant à se garer en catastrophe. Mike se pencha par dessus son volant, pressant ses mains sur ses yeux. Certaines visions étaient si fortes qu’elles obturaient tous ses autres sens, empêchant toute pensée cohérente, jusqu’à faire pulser le sang à ses tempes de façon douloureuse.  

Et plus il luttait, plus ça serait difficile. Alors il inspira longuement, et calma les battements de son cœur pour se concentrer sur ce qu’il vit. Mais ce fut une terrible vision qui envahit son esprit, l’image du parc d’attraction en feu, et ses occupants en train d’être emmenés, prisonniers, certains blessés, des hommes en arme, et des morts, avant d’avoir la vision de David une balle ayant transpercé son torse, entachant de sang d’immenses ailes blanches. Et le cri de douleur de sa compagne, tandis que le monde autour d’eux semblait en proie à la guerre, ou à une sorte d’apocalypse, les gens luttant au milieu des flammes, et …..tout s’arrêta brusquement.

Le souffle court, porté par les émotions ressenties face à la violence de ses visions, Mike attendit quelques secondes afin d’être sûr que d’autres ne suivraient pas, et ce qu’est qu’après quelques minutes qu’il relança le moteur de la voiture pour foncer en direction de leur appartement, celui qu’il partageait désormais avec Tony. Il aurait pu aller directement sur place, mais elle lui en voudrait s’il ne lui en parlait pas d’abord.
Et avec un peu de chance, il avait un temps de marge suffisant pour intervenir.

Quelques minutes après, Mike déboula dans l’appartement, et se dirigea aussitôt dans la chambre.

- Tony ? Appela-t-il sans ménagement. Il y a un problème au parc, il faut que nous y allions… tout de suite !

Peut-être qu'elle dormait, mais tant pis, la situation était urgente. Même si sa vision prêtait à interprétation, notamment le fait qu'il avait vu David torse nu, un peu à l'image du christ sur sa croix et que certaines images se fondaient l'une dans l'autre, un peu comme quand on faisait un rêve où tout se mélangeait. Réel ou pas, il avait besoin d'en avoir le coeur net. Peut-être qu'il y avait juste eu un incident, un début d'incendie ? OU peut-être que sa vision était bien plus proche de la vérité qu'il ne le craignait.

Vision apocalyptique

ft. Mike

Quand on savait qu'il n'y avait non pas un, mais bien plusieurs cavaliers de l'Apocalypse en ville, ça avait tendance à faire fuir le sommeil. Ma rencontre avec ce Steve Romano tournait encore en boucle dans mon esprit avec l'impression de me retrouver avec un puzzle insoluble. C'était à s'arracher les cheveux.

Pourquoi avait-on PLUSIEURS foutus cavaliers de l'Apocalypse qui traînaient sur Terre ?

La bible avait quelques réponses à ce sujet, mais je ne pouvais pas croire que nous en étions arrivés à cette terrible extrémité ! Dans le cas contraire, Joon m'aurait dit quelque chose, non ? En tous les cas, ce n'était pas une information que je pouvais garder pour moi. Je DEVAIS la partager. Malheureusement, Joon ne répondit à aucun de mes appels. Quant à Mike, il était déjà partie pour sa ronde habituelle, le soleil ayant déjà quitté l'horizon depuis quelques heures.

Je soupirai. Encore et encore. Mes pas parcoururent en large et en travers l'appartement, mon regard cherchant une réponse dans les rainures du parquet. Bien sûr, je n'en trouvais pas. Au bout d'une heure, j'en eus assez de ce petit manège et décidai de prendre une douche brûlante dans l'espoir de détendre mes crispations. Vaine aspiration. La peau désormais rougie, le poids des révélations du jour pesait toujours sur mes épaules.

Okay Tony. Il te suffit juste d'être patiente, d'attendre que Mike rentre.

Plu facile à dire qu'à faire.

J'avais donc jeté mon dévolu sur la télévision pour peut-être tomber sur un de ces documentaires ennuyeux à mourir. Ce fut donc noyé dans un large tee-shirt, allongé sur le canapé et l'arôme d'une tisane embaumant l'air que je m'installai devant l'écran.

Et La politique ferroviaire Honduras à travers les âges fut mon parfait somnifère.

Jusqu'à ce que la porte claqua brusquement. Mon cœur bondit hors de sa cage thoracique. J'entendis des pas précipités, mon nom soufflé. Derrière mes cils papillonnant, j'aperçus la silhouette du vampire foncer vers notre chambre. Mais ses derniers mots furent l'électro choc qui m'arracha définitivement du canapé.

- Je suis là.

D'une main, je remis en place des mèches derrière mon oreille. Au parc donc, okay. Je ne posai pas  de questions pour rejoindre mon Écossais afin de récupérer des affaires.

- Je m'habille et on y va.

Les questions, elles, attendraient, je pourrais toujours les poser en chemin surtout que j'avais vite compris l'urgence de la situation. Mike ne m'aurait pas dit ça sans une bonne raison, pas alors qu'on savait que David et ses amis étaient en proie à des menaces permanentes.

Ainsi, quelques sautillements plus tard et autres gestes frénétiques, nous partîmes en direction du parc non sans prendre avec nous quelques antidotes du sérum SV. Une fois dans la voiture, j'oubliai totalement ce qui m'avait tenue éveillée jusqu'à tard dans la soirée pour me pencher sur le sujet du moment.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? David va bien ?

Je priais pour que rien de grave ne soit arrivé. Du moins, rien d'irréversible car à l'évidence, il s'était effectivement passé quelque chose.

Vision apocalyptique

ft. Tony

Il la trouva dans le salon, installée dans le canapé. Visiblement le sommeil l’avait fui, ou alors elle commençait un peu trop à vivre suivant ses horaires à lui. Mais il n’avait pas le temps pour toutes ces considérations, pas plus que pour les câlins et les baisers, bien qu’il ne résista pas à l’envie de la prendre un bref instant dans ses bras avant de la laisser filer vers la chambre pour s’habiller.

En attendant, il fit les cent pas dans le salon, essayant de décortiquer, d’analyser toutes ces images qui l’avaient assailli, certaines avec une précision effrayante. Ce qui ne pouvait être que synonyme de réalité et donc de danger, même si d’autres images étaient plus confuses, notamment dans le mélange des genres, comme cette vision de David les ailes ouvertes, sa blessure sur le torse, les bras ouverts, se dressant au milieu d’un brasier de flamme ! C’était fortement symbolique, mais c’était justement ce qui pouvait le faire douter sur la réalité de cette vision.

C’est ainsi qu’ils se retrouvèrent très vite de nouveau en voiture, à prendre la direction de Staten Island. Mike emprunta l’autoroute 278 et en chemin Tony ne manqua pas de l’interroger sur cette précipitation.  Il secoua la tête avant même de répondre :

- Je n’en suis pas sûr, tu sais comment c’est avec mes visions, elles ne sont parfois pas très précises.

Et il lui raconta ce qu’il avait vu en roulant au milieu du Bronx. Ce qui l’avait forcé à s’arrêter en urgence sur le
côté de la voie.  Il secoua la tête.

- C’est tellement étrange mais en même temps, ça avait l’air si réel, ces flammes et ….ses ailes.

Et sa blessure aussi comme il le lui avait dit. Avaient-ils été attaqués par des démons ? Mais dans ce cas, pourquoi Staten Parc ? Il avait vu les attractions en arrière plan qui brûlaient au cœur des flammes, il avait vu les hommes armés enlevés ceux qui logeaient dans les mobil-homes sur le parc jouxtant les attractions.

- Je ne sais même pas si….. si on va arriver à temps pour les prévenir. Je ne sais pas si ça va se passer, ou si ça c’est déjà passé.

Et c’était là tout le problème. Sauraient-ils arriver à temps ? Mike se tourna un bref instant vers Tony.

- David et Syragane ne vivaient plus au parc, c’est bien ce que tu m’as dit ? Pourtant…..le feu, c’était là-bas, j’en suis certain.

Puis sur une soudaine inspiration, Mike alluma la radio de la voiture, tandis qu’ils atteignaient bientôt le pont menant à Staten Island. Il zappa quelques postes avant d’entendre la voix grave d’un animateur qui annonçait un important incendie à Staten Park. Ses craintes étaient confirmées, et ils arrivaient trop tard pour les prévenir.

Vision apocalyptique

ft. Mike

Complètement réveillée et le cœur battant au galop, je m'interrogeais mais surtout, je m'inquiétais de savoir ce qui s'était passé. Ou plutôt, de ce qui allait se passer puisque Mike avait eu une vision, une sorte d'avertissement. Et la description qu'il m'en fit ne fut pas pour m'apaiser, pas du tout.

Le regard rivé sur la route, je serrai un peu plus contre moi la boîte contenant les antidotes. À cet instant, je déplorai de ne pouvoir avoir de numéro pour contacter David ou Syragane.

Bon sang, faites qu'on arrive à temps !

- Tu crois qu'Edwin est derrière tout ça ? Il aurait réussi à rassembler des hommes armés pour attaquer le parc ?

Après tout, nous savions que part deux fois le démon avait tenté de s'en prendre aux forains, mais à l'ange surtout. À cause d'un certain Nergal. Seulement, les deux fois, il n'avait pas autant d'alliés à ses côtés et si c'était le cas désormais, le pire était à craindre.

D'un autre côté, il y avait aussi ces étranges images bibliques difficile à interpréter. L'enfer ? Le paradis ? La fin du monde ? À la seconde même où cette pensée me traversa, mon esprit me rappela dans un pique de lucidité ma propre découverte de la journée. Je me mordis les lèvres.

- J'ai fait une rencontre dans l'après-midi, je ne sais pas si cela a avoir avec tes visions mais j'ai croisé la route de Conquête, un des quatre cavaliers de l'Apocalypse. Et ce dernier était à la recherche des autres cavaliers ici, à New-York, sortis-je tout de go d'une voix blanche. J'ai tenté d'appeler Joon, mais elle ne répondait pas…

Était-ce une coïncidence si le jour même où j'avais rencontré ce Steve, le vampire avait une telle vision ? Oh, je priai vivement pour la coïncidence. Je serrai les poings.

- Qu'on arrive à temps ou pas, on sera là pour les aider.

Inutile de désespérer, après tout, il y avait toujours quelque chose à faire, n'est-ce pas ?

Mais bientôt, Mike releva un point important. En effet, de ce que nous savions, David et sa compagne ne se trouvait plus au parc, alors pourquoi cet incendie là-bas ? Il y avait forcément un lien entre les deux. Mon cerveau réfléchit à toute vitesse aux diverses raisons qui auraient pu provoquer un tel incident.

- Peut-être que des ennemis de David ont voulu interroger les forains pour le trouver lui, supposai-je peu certaine. Ou alors, pour l'attirer ?

En tous les cas, ce n'était pas un bon présage. Et au moment où la radio fut allumée, ma magie flotta comme une brise pour s'accrocher à un oiseau nocturne. Il y eut un piaillement, mais déjà, le volatile perdit de l'attitude, jusqu'à repérer notre voiture et la route. Au loin, une colonne de fumée et des éclats de flammes se profilaient à l'horizon.

- Merde, murmurai-je.

À vol d'oiseau, il était bien plus rapide d'atteindre le parc.

- Prend cette sortie, conseillai-je à mon voisin. Ça va nous faire un détour mais l'incendie à provoquait une vague de panique et il y a des bouchons. Les pompiers sont déjà sur place.

Ainsi, ce fut à travers les yeux de l'Harfang des neiges que je continuais à donner des indications sur notre itinéraire jusqu'à enfin arriver sur place.

Vision apocalyptique

ft. Tony

Mike concentré sur la route, répondit d’un ton grave, l’air préoccupé.

- Je suppose. Il devait escompter sur la présence de David, je n’sais pas….. en tout cas ouais, je serai prêt à parier qu’il est encore derrière tout ça.

Et pour en avoir le cœur net, avec encore un dernier espoir d’arriver à temps, Mike appuya un peu plus sur les gaz.
Quant à sa vision, les précisions que lui apporta Tony, arrachèrent un instant son attention.

- Quoi ? Un cavalier de l’apocalypse ?? Carrément ? Et… et il avait l’air de quoi ?

Toutes les représentations qu’on pouvait trouver sur internet ou dans les livres sur eux, n’était guère rassurantes, sans parler de la signification de leur venue. Et d’après Tony il cherchait les autres cavaliers présents eux aussi à New York.

- Bon sang, marmonna-t-il.

C’était quoi le pire entre sa vision ou la présence des quatre cavaliers ??

- Et il te l’a dit comme ça ? que c’était un cavalier ? Merde, tout ça sent vraiment très mauvais.

Et il aurait fait tout pareil que Tony à sa place, il aurait essayé d’en savoir plus. Mais pour le moment leur préoccupation était de se rendre au parc. Et Mike hocha la tête à l’affirmation de Tony. Bien sûr qu’ils aideraient ces gens, David ou les autres forains. Ces derniers n’étaient pas responsables de cette guerre déclarée entre anges et démons. Mais bon sang, ne pouvaient-ils pas régler leurs comptes ailleurs que dans un endroit public comme Staten Park ??

Quant à savoir si c’était David que cette attaque visait, il y avait fort à parier que oui, que le démon ait été au courant ou pas de son absence, c’était assurément lui qu’il visait.

Et peut-être même qu’il l’avait déjà touché, comme il l’avait vu dans sa vision.

Las bientôt grâce à la radio, ils apprirent qu’il n’y avait rien de prémonitoire à la vision de Mike, tout cela était déjà arrivé.
Le vampire suivit les consignes de Tony, sans lui demander plus d’explication, ils en reparleraient plus tard. Pour le moment, ils devaient se dépêcher de se rendre sur place.

Quelques minutes plus tard, ils débarquèrent à pied devant le parc, ayant été forcé d’abandonner la voiture plus loin, et se faufilant entre les véhicules de pompiers et autres véhicules de police. Mike plissa les yeux et désigna un homme grand et maigre à Tony. Ses cheveux étaient noirs de suie et quelqu’un avait posé une couverture sur ses épaules. Assis à l’écart, il était complètement voûté sur lui-même.

- Je crois que c’est un des employés du parc.

C’est alors qu’un flic leur barra la route.

- Vous n’pouvez pas rester là ! déclara-t-il avec autorité, en leur faisant signe de dégager.

Vision apocalyptique

ft. Mike

Edwin, encore et toujours Edwin. Nous n'étions sûrs de rien, mais les probabilités que le démon soit impliqué dans tout cela étaient hautement élevées. Deux fois qu'il s'en était pris aux forains, alors pourquoi pas une troisième fois, hum ? À croire que les enchaînements de défaites ne le décourageaient pas, bien au contraire. Seulement ce soir, était-ce vraiment une autre de ses défaites ?

Soudain, il me revint cette rencontre avec ce Steve Romano. Comment ne pas faire le lien avec les visions de Mike ? Toujours est-il que ce n'était pas un très bon présage.

- Il avait l'air d'un type qui venait tout juste d'atterrir sur Saturne. Mais il n'avait rien de menaçant, enfin…

Je haussai des épaules. En vérité, si ce n'étaient ses étranges questions sur le monde en général, Steve semblait être un gars plutôt banal. Il n'inspirait ni peur, ni agressivité, ni un quelconque sentiment de fin du monde en fait. Et sans doute n'aurais-je rien su de lui si je n'avais pas osé faire un petit tour dans sa tête.

Et dire que je pensais l'aider...

- Non, il ne me l'a pas vraiment dit, mais je t'expliquerai ça plus tard en détail.

Oui, parce que ce n'était pas vraiment le moment de décrire toute cette histoire de bonhomme rouge ou de comment on traversait une route sans se faire écraser. Là, il s'agissait surtout d'arriver à temps au parc d'attractions. Malheureusement, l'animatrice de radio et les éclats flamboyants à l'horizon nous indiquèrent bientôt que nous arrivions bien trop tard pour prévenir David et ses amis. L'attaque avait déjà eu lieu.

Loin de nous faire ralentir, nous fonçâmes vers cette même direction, esquivant les quelques bouchons qui se formèrent aux alentours. Les klaxons, les sirènes, les cris de mécontentement résonnaient de concert, tandis que les flashs bleu et rouge clignotaient en un signal d'avertissement.

Abandonnant la voiture derrière nous, nous traversâmes ainsi ce champ d'ambulances, de camions de pompier, ou encore de véhicules de police. Et alors que nous arrivions tout juste au abord du parc, si nos regards tombèrent sur une silhouette recroquevillée sur lui-même recouvert de suie, un homme en uniforme nous empêcha d'avancer plus loin.

- Mais…

Non, on n'allait certainement pas repartir alors que nous étions si près. L'homme emmitouflé dans sa couverture me disait quelque chose, mais il semblait bien trop perdu dans ses pensées pour nous apercevoir. Avec son nom, peut-être qu'il réagirait ? Ce faisant, je plongeai dans sa tête. Il y eut une foule d'images et surtout une vague d’inquiétude qui me submergea. [Lecture Globale: 16 vs 8]

- Nous le connaissons, fis-je à l'agent, nous sommes des amis.

J'agitai alors mon bras dans l'espoir d'attirer l'attention du concerné maintenant que je détenais son prénom.

- Woody !

Mais rien n'y fit [Échec] et l'expression du policier, elle, se creusa de colère pour nous répéter que nous ne pouvions pas rester ici. Je lâchai un soupir avant d'échanger un regard avec Mike. Discrètement, du bout des doigts, je tapotai le bout de mon oreille pour lui signifier de ne pas écouter.

- Monsieur l'agent, je dois vous dire quelque chose, murmurai-je tout bas comme si je voulais lui confier un secret.

C'était un vieux réflexe comme le monde que de se rapprocher ou de se taire lorsqu'on avait du mal à entendre quelqu'un. Les professeurs usaient souvent de cette technique qui était efficace face à des élèves très agités et c'était à mon tour d'en user. Et l'astuce fonctionna à merveille sur notre homme.

Certaine d'avoir toute son attention, je lui fredonnai alors quelques paroles d'une berceuse. Déjà, son regard papillonna, les paupières alourdies par le sommeil. Je lui pris le bras et doucement l'aidai à s'allonger sur le sol. Et puis, il s'endormit [Hypnose: 14 vs 8]. Heureusement, delà où nous étions, personne d'autre n'aurait pu nous surprendre. Entre l'incendie, la foule de panique et les (autres) sirènes, nous n'étions qu'une ombre au milieu de tout cela. Quoique je me sentis tout de même coupable pour mon geste, aussi, je m'excusai dans un chuchotement à ce policier qui n'avait fait que son travail.

- Il devrait se réveiller dans environ une demie heure, allons-y.

Je me redressai, et cette fois, nous nous approchâmes de ce pauvre Woody aux épaules bien basses.

Vision apocalyptique

ft. Tony

Ils n’avaient pas atteint l’entrée du parc que déjà un flic leur barrait le passage. Mike rongea son frein mais le gars ne faisait que son boulot. En revanche, Tony était si déterminée qu’elle ne comptait pas renoncer si facilement. Et à son signe, Mike comprit aussitôt ce qu’elle allait faire.  
Il s’empressa de boucher ses oreilles, non sans surveiller tout autour d’eux, pour voir le flic tomber dans un profond sommeil. Ce qui lui arracha une moue. Et à la précision de Tony, il répliqua.

- Dans ce cas, nous avons tout intérêt à ne plus être là à son réveil !

Il lui emboîta donc le pas rapidement pour rejoindre le pauvre homme qui semblait complètement effondré. Et donc il s’appelait Woody. Mike s’approcha et lui parla gentiment.

- Monsieur ? Woody ?

Quand l’autre sembla enfin sortir de son apathie, Mike s’annonça très vite.

- Nous sommes des amis de David, je m’appelle Mike et voici Tony, on est déjà venu les voir, je ne sais pas si vous vous en souvenez ?

L’homme les jaugea un instant, les yeux rouge des larmes qu’il avait versées et secoua la tête.

- Est-ce que vous pouvez nous dire ce qui s’est passé ?
- Vous voyez pas ? geignit le pauvre homme. Le feu, le feu a tout dévoré !
- Mais vos amis, où sont-ils ? les autres, Jane ? Et Victor ? Ou sont-ils ? insista Mike alors que l’homme sanglotait à nouveau.
- Je n’en sais rien !! je ne sais pas où ils sont allés, où ils les ont emmenés ! Je n’sais pas !!!
- Quelqu’un les a emmenés ? Qui ?
- Je l’ignore, je l’ai dit à David et à Syragane, j’ignore qui étaient ces gens mais ils les ont tous emmené.
- David était ici avec Syragane ?

Woody hocha la tête, en reniflant, les épaules secouées de temps en temps par un hoquet.

- Ils ont pris Larco avec eux, et Sean… il, David il les a guéris, mais c’était trop tard pour Lilah. Et …et Jane, elle a emmené Wong à l’hôpital.
- D’accord….d’accord. On va essayer de vous aider, conclut Mike

Même s’il ignorait comment. Il se retourna alors vers Tony et secoua la tête. Alors Woody accrocha son bras.

- Est-ce que vous savez où ils sont ? David ? Est-ce qu’il vous a dit s’ils les avaient trouvés ? Je..je n’sais même pas s’ils sont encore en vie ou non ! sanglota encore le malheureux.

Vision apocalyptique

ft. Mike

Tandis que Mike interrogeait ce pauvre Woody, ce dernier semblait totalement dépassé par les événements et pour cause ! Le parc était en feu et certains des forains avaient été kidnappés ! Dans le même temps, l'oiseau au-dessus de nos têtes voltigea et je pus un peu mieux me faire une idée d'ensemble sur les dégâts causé par l'incendie. Le feu avait rongé l'ensemble de Staten parc pour ne laisser derrière lui qu'un triste paysage, morceaux de charbon encore fumant propageant cette horrible odeur de brûlé.

Mon regard se plissa.

C'était désolant mais... Étrangement, une partie de l'incendie s'était comme déjà dispersée aux alentours des mobile-homes. Du reste, je ne vis aucun pauvre hère perdu au milieu de tout ça, ce qui était plutôt un bon point.

Malheureusement, d'après les dires de Woody, David et Syragane étaient effectivement venus pour repartir aussitôt, mais pour quelle destination ? Là était toute la question. Il ne faisait aucun doute que toute cette mascarade n'était qu'un piège de plus pour les attirer.

J'opinai du chef à l'affirmation de Mike qui ne manqua pas de me lancer un regard incertain sur la manière dont nous devions prendre les choses en mains.

- D'accord Woody…

Je m'accroupis devant lui.

- On va procéder par étapes, est-ce qu'il y a des gens encore en danger là-bas ? fis-je tout en désignant le village et les environs.

Si c'était le cas et malgré nos inquiétudes pour David et Syragane, nous devions d'abord nous assurer qu'il n'y avait aucune autre victime des flammes. Mais ce dernier secoua la tête, négatif. Je lâchai un soupir, soulagée.

- Bien, vous nous avez dit qu'il y avait plusieurs hommes qui étaient venus s'en prendre à vous, ça a été très vite, j'imagine, et puis il y a eu David et Syragane, c'est bien ça ? Pouvez-vous nous dire à quand est-ce que ça remonte ? Cinq minutes, une demi-heure, plusieurs heures ?

Je penchai la tête pour capter l'attention de Woody.

- La bonne nouvelle Woody, c'est que si David et Syragane sont parties, c'est qu'ils savent où retrouver vos amis, tentai-je de le rassurer.

Bien sûr, je ne précisai pas que cela devait être escompté par leurs adversaires. Notre interlocuteur n'avait pas besoin de ça en plus de tout ce qui se passait actuellement autour de lui.

- Avant que David et Syragane ne partent, ont-ils dit quelque chose, de ce qu'ils allaient faire par exemple ? J'ai vu qu'une partie de l'incendie a été éteinte, c'est de leur fait ? Le moindre détail pourrait être une piste pour les retrouver et les aider.

Ce faisant, je me tus afin de donner tout le temps dont avait besoin le forain pour réfléchir.

Vision apocalyptique

ft. Tony

Woody serra un peu plus la couverture sur ses épaules, le visage baigné de larmes, des larmes qui creusaient des sillons clairs sur son visage taché de suie. Il commença par secouer la tête.

- Non…. Il n’y a plus personne. Il n’y a plus que Lilah….elle est morte. C’est eux qui l’ont tuée, les types qui ont emmené tous les autres. Ils sont tous partis…

Il secoua de nouveau la tête, d’un air hagard, traumatisé par tout ce qui s’était passé. Il lui fallut quelques minutes de plus pour répondre à sa question sur David. Cette fois il hocha la tête affirmativement.

- Oui, lui et Syragane, ils sont venus, avec le type qui avait un casque étrange et la femme en rouge, ils étaient déjà venus pour voir David avant….des amis, avec une femme et ….Larco nous a rejoint. Sean est reparti avec eux… à travers un portail, comme Victor sait en faire.

Puis soudain il se souvint d’un détail.

- L’homme avec le casque, il a aidé Wong, il a fait sortir les balles de son corps, et ensuite… Sean il a parlé d’un abattoir. Oui c’est là qu’ils sont allés !  Tous, avec Sean et Larco.

Woody s’était relevé, retrouvant un brin d’espoir, et les dévisageant tour à tour.

- Ça s’est passé…. Il hésita, il y a deux heures….peut-être plus, j’suis plus très sûr. La police m’a posé beaucoup de questions. Ils comprenaient pas qui avait pu leur vouloir du mal….mais ce sont eux encore.. les démons hein ? Ce sont eux qui nous ont attaqué, mais il y avait aussi des gars armés de mitraillettes et …et des armes spéciales, comme des fusils hypodermiques. La police a lancé un avis de recherche. Mais j’crois pas qu’ils vont les retrouver. Ces saletés, ils savent se cacher…

Il les regarda encore, puis demanda à Mike :

- Vous pensez que vous pouvez les retrouver hein ? Vous savez où ils sont allés ?

Ce dernier avait parfaitement reconnu la description de Bobby et son fameux casque, ainsi que la morrigane. Alors s’ils étaient mêlés à tout ça, il n’y avait qu’un seul endroit où ils allaient pouvoir les retrouver, le théâtre.
Mike posa sa main sur l’épaule de Woody et le rassura d’un sourire :

- J’ai peut-être une petite idée. Mais je suis sûr que vos amis vont revenir très vite.
- Oui, d’accord, dites-leur si vous les retrouver qu’ils m’appellent, j’ai rien dit à la police pour David et Sy et l'autre couple, mais j’ai besoin de savoir.. .savoir s’ils vont bien hein ? Vous comprenez ?
- Oui, je comprends parfaitement.

Et Mike attira Tony à l’écart.

- Bobby Sands et Scarlet Morrigan, ils étaient ici, avec David et Syragane. S’ils les ont aidés et qu’ils les ont trouvés, j’ai une idée de où ils sont allés.

Il la dévisagea et soupira.

- Cette histoire d’arme hypodermique…. Tu crois que c’était du sv ?

Ils en avaient déjà parlé. Même que la dernière fois qu’ils étaient venus ici au parc, Tony avait pu en récupérer une dose. Ce qui signifiait qu’on les avait de nouveau attaqués avec du SV. Cette arme était maudite ! C’est peut-être pour ça que David avait été touché dans sa vision. Mais difficile de démêler les images de la réalité.

Vision apocalyptique

ft. Mike

Je n'osai imaginer l'effort que cela demandait de devoir se rappeler de tous ces événements pour Woody, de ces atrocités qui s'étaient déroulées un peu plus tôt sous ses yeux. Malgré tout, il était important qu'il nous apporte le plus de détails possibles, sans cela, Mike et moi, nous nous retrouverions au point mort pour rejoindre David et ses amis.

Et puis, il y eut comme un déclic. D'avachi, emmitouflé dans sa couverture, le forain se redressa, un regain d'énergie semblant le traverser tandis que des souvenirs plus précis lui revinrent. Et donc, David et Syragane n'étaient pas venus seuls, non, apparemment, un homme en armure, une femme aussi les accompagnaient... À vrai dire, c'était un peu confus de suivre toute cette énumération de noms que j'arrivais à peine à associer avec des visages.

Sean, Larco, Victor, Wong...

Et dans tout cela, une armée de soldats, celle-là même qui s'en était pris au parc et à ses occupants, possédait des mitraillette et des... Fusils hypodermiques ! Bien sûr, cela ne manqua pas de sonner les alarmes dans mon esprit.

Finalement, quelques seconde plus tard, laissant Woody derrière nous, Mike me révéla l'identité du couple d'inconnus.

- Scarlet Morrigan et Bobby Sands ? répétai-je, stupéfaite.

Bon sang... C'était les deux personnes que recherchait William Stark. Sans compter la réputation du fameux Sands. Je secouai la tête comme pour me reprendre. Il n'était plus temps de se poser un milliard de questions, Mike savait où retrouver David et Syragane, c'était tout ce qui importait.

J'acquiesçai d'un geste de la tête.

- Alors allons-y.

Le plus vite nous les rejoignions, le mieux c'était. Quant aux fusils hypodermiques, je grimaçai.

- J'ai bien peur que oui, c'est exactement le genre d'arme dont c'est servi Edwin la dernière fois.

Mais il ne fallait pas perdre espoir pour autant, après tout, nous apportions justement la solution. Toutefois, je ne cessais de repenser à la blessure de David, celle-là même qu'avait visualisée Mike. Parce que les armes hypodermiques n'étaient pas censées faire autant de dégâts.

En attendant, nous fîmes demi-tour, délaissant Statent Parc pour une nouvelle destination. Une destination qui, je l'espérais, nous permettrait de retrouver David et ses amis.