Some New Stuff

Tony Mordoh

Je venais de terminer ma dernière invention… un gadget qui allait se vendre comme des petits pains sur internet. J’étais très satisfait mais quand je fis tournoyer ma chaise de bureau avec un sourire satisfait, celui-ci s’effaça directement… Je n’avais personne avec qui savourer cette petite performance…

Alors je fermai les yeux et mes paupières rougeoyèrent. Et j’envoyai un SMS à Tony pour qu’elle vienne voir cette invention qui, j’en étais sûr, lui plairait beaucoup, elle qui aimait la musique encore plus que moi.

Parce que Tony était une sirène, et j’aurais bien voulu l’entendre chanter mais je pensais qu’elle avait peur de sa voix et de ce qu’elle était capable de faire avec.

Mon message envoyé, je retrouvai le sourire. Cela faisait un bout de temps que je n’avais pas vu Tony mais j’avais écouté ses sages conseils et cela m’avait permis non seulement d’avoir une conversation posée avec la susceptible Morrigan, mais en plus de conclure un deal avec elle… Normalement, demain, elle viendrait au labo avec la somme qu’elle me devait… Et je ne doutais pas que cette princesse vengeresse soit une femme de parole.

Il fallait que je raconte tout ça à Tony…

Pour la peine, je pris le temps d’aller à l’épicerie et d’acheter une bouteille de champagne pour fêter cette nouvelle invention. Bien sûr, seule Tony pourrait en boire, mais ce n’était pas grave. L’intention était de trinquer. J’avais aussi pris quelques chips question d’agrémenter le tout.

Parce que j’avais remarqué et j’avais aussi de vagues souvenirs que ce genre de chose se faisait… prendre l’apéro entre amis… J’observais les humains, je fouillais dans mes souvenirs. Bref, je faisais des efforts, pas pour être apprécié… Quoi que, peut-être qu’il y avait un peu de ça quand même… mais surtout pour paraître normal et un jour, pouvoir organiser de grandes réceptions dignes de William Stark.

Même si pour l’instant, mes seuls employés étaient des robots… Je n’avais plus vu Edwin depuis ce qu’il me semblait être des siècles. Mais je n’avais pas besoin du démon… En plus, j’étais sûr qu’il était là juste pour profiter de moi et de mon matériel alors, bon débarras.

Je revins au labo avec toute mes victuailles que je disposai sur une table que je dégageai de tous ses outils, puis me mis à attendre Tony en tournoyant sur ma chaise et en gardant un œil sur les caméras de surveillance de l’entrée pour ne pas la laisser sur le pas de la porte.

ft. Isaak

Si ma vie avait repris un cours tout à fait normal, enfin, aussi normal que peut l'être celle d'une surnaturelle, il y avait ce souvenir qui tournait en boucle dans mon esprit. Cette musique. Et l'apparition de Ligie et Leucosie lors d'un étrange rêve.

Mais voilà, depuis, plus rien. Le silence complet.

Heureusement, New York avait de quoi accaparer l'esprit avec ses animations, sa foule et tout ce qui y fourmillait. Seulement, il y avait toujours ces moments de latence et alors, irrémédiablement cela me revenait. Comme là, tandis que j'attendais le retour du luthier à qui je venais de confier mon instrument. Disparu dans son arrière-boutique, ne me restait pour compagnie que les violons, l'odeur de la colophane et bien sûr, ce souvenir.

Jusqu'à ce qu'une sonnerie provenant de mon sac m'arracha à mes divagations.

En quelques secondes, mon téléphone fut en main.

Quelle ne fut pas ma surprise de voir le prénom d'Isaak s'afficher sur mon écran. Isaak. Nous ne nous étions pas revus depuis cet été, au gala de charité au grand hôtel Mandarin Oriental. Encore aujourd'hui, on parlait du braquage qui y avait eu lieu. Mais outre l'incident, Isaak et moi avions eu une agréable discussion, étrange par certains côtés, oui, mais indéniablement agréable. Aussi, avoir de ses nouvelles me dérida.

Et visiblement, il avait concocté une toute nouvelle technologie. Il n'en disait pas plus dans son message, mais cela avait de quoi attiser ma curiosité.

- Mademoiselle...

Je relevai la tête pour retrouver le luthier derrière son comptoir.

- Votre violon sera prêt dans une semaine, cela vous convient ?

Un acquiescement plus tard et les derniers détails réglés, je ressortis le sourire aux lèvres avant d'enfin répondre à mon ami. Il n'en fallut pas plus pour convenir du programme de cet après-midi. Ainsi replaçant correctement mon écharpe pour échapper au froid de ce début d'année, je ne tardai pas à prendre un taxi.

Si à cette heure, la circulation était encore dense, celle-ci s'éclaircit aussitôt que nous nous éloignâmes du cœur de la ville pour nous déporter vers l'ouest. À travers la vitre, le temps était à la brume, mais déjà, je m'interrogeai sur l'aspect de ma destination. Certes, travailler à Stark Tech me donnait l'accès à des laboratoires à la pointe de la technologie, pourtant, je n'en étais pas moins enthousiaste de découvrir celui d'Isaak.

Puis le véhicule s'arrêta à l'adresse indiquée où plusieurs entrepôts s'alignaient.

Une portière claqua, et déjà, mes pas grignotèrent la dernière parcelle du trajet pour finalement me retrouver face à un bloc de béton, de verre et d'acier. Ce faisant, m'approchant du seuil, je n'eus pas le temps de me signifier que la porte s'ouvrit aussitôt.

Mon regard croisa la lentille d'une caméra.

Un sourire entendu étira mes lèvres et enfin, je m'engouffrai à l'intérieur.

- Isaak, saluai-je.

Ce dernier, éclairé par la lumière artificielle des écrans sur son bureau, m'attendait. Bien sûr, je ne pus m'empêcher de jeter un œil à ce qui m'entourait. S'il était prévisible de retrouver ordinateurs, outils et autres robots, en revanche, la présence de champagne et de chips m'étonna. Mon attention revint bien vite à mon ami.

- Alors voilà l'antre de Waters Robotics.

Dans le même temps, je me défis de mon écharpe, la température ici étant plus agréable qu'à l'extérieur.

- Oh et bonne année, souris-je, cela faisait un moment que l'on ne s'était pas vu.

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Tony Mordoh

Tony ne mit pas longtemps avant de se présenter à l’adresse que je lui avais indiquée… Je la vis sur mes caméras. Mes yeux rougeoyèrent alors que j’utilisais ma liaison à tout ce qui était technologique dans le labo pour lui ouvrir la porte avant qu’elle n’ait pu dire un mot.

Je me retournai alors qu’elle me saluait en prononçant mon nom. Et je fus ravi de voir son sourire…

-Tony…

La saluai-je en retour…

-Je suis content de te voir. Tu as l’air en pleine forme.

Quand elle se défit de son écharpe, un robot ressemblant au bras mécanique qui appartenait à William vint l’en débarrasser, ainsi que de son manteau. Tony regardait tout autour d’elle, découvrant Waters Robotics.

-En effet… mais je compte bien améliorer les lieux petit à petit. Ma technologie commence à rapporter. Mais ce sont les interviews que je redoute le plus. Comme tu le sais, je n’ai pas un capital sympathie des plus élevé pour le commun des mortels.

Je me levai et m’approchai d’elle, prenant la bouteille de champagne en main au passage.

Elle me souhaita la bonne année. Je lui souris.

-Je te souhaite un très bonne année à toi aussi.

Je commençai à enlever la tige de fer qui emprisonnait le bouchon de la bouteille…  Elle disait que ça faisait un moment qu’on ne s’était vu.

-J’ai beaucoup travaillé ces derniers temps. La plupart du temps, j’étais ici. Mais j’ai aussi tout récemment pu mettre en pratique les conseils que tu m’as donnés et ai pu conclure une affaire qui n’était pas du tout gagné d’avance. J’ai réussi, je crois, à me faire apprécié de quelqu’un qui me détestait.

Je fis péter le bouchon qui ricocha au plafond avant de servir un verre à Tony.

-A cette nouvelle année alors…

Moi, je ne buvais pas. J’avais essayé une fois et ça ne m’avait pas réussi. Et je n’avais aucune envie de retenter l’expérience.

-Et toi, qu’as-tu fais pendant tout ce temps ?

Je m’assis sur une chaise, à table et invitai Tony à faire de même.

-Raconte, puis je te montrerai ce pour quoi tu es ici.

ft. Isaak

- Oui, je me porte plutôt bien, acquiesçai-je.

Si on omettait ma très courte hospitalisation et ce drôle de rêve, bien sûr. Enfin, cela remontait déjà à quelques mois et depuis, il n'y avait eu aucun incident à déclarer, ce qui, ma foi, n'était vraiment pas plus mal. Toutefois, New York avait toujours quelques péripéties en réserve, aussi, je ne me faisais pas d'illusion quant à d'éventuels remous à venir.

En ce qui concernait Isaak, il fallait croire que tout allait bien, totalement dans son élément comme je pus le voir, la bonne humeur imprimée sur ses traits.  

- Toi aussi, tu sembles avoir la forme.

La musique, elle-même, me le confirma.

Entre temps, un majordome, tout en métal et rouages, vint me délester de mes affaires. Mon regard s'attarda sur le robot avant de jeter un œil curieux au reste de ce fameux laboratoire. Si les machineries demeuraient plus ou moins les mêmes qu'à Stark Tech., l'agencement et la décoration en étaient bien différentes. Ici, c'était plus personnel. En plus des pièces d'avions, évidemment.

Isaak projetait de développer davantage ce petit univers. D'un côté, en commercialisant ses inventions et de l'autre, par de la publicité via des interviews. Oui, comme celle qu'il avait faite auprès de Joon. Seulement, c'était sans compter sur les difficultés du cyborg à savoir charmer son public.

- Ça viendra avec le temps, j'en suis sûre. Après tout, la stagnation n'est pas faite pour les créateurs. Et tu as pour toi l'aplomb.

Ce qui n'était pas le cas de tous les ingénieurs ou scientifiques plus généralement.

Sur ces entrefaites, une bouteille de champagne fut débouchée et sans tarder, un verre pétilla de bulles pour finalement m'être offert. Je l'acceptai. Néanmoins, cela faisait bizarre d'être la seule à trinquer. Parce que je compris bien vite qu'Isaak ne boirait pas. Était-ce à cause de sa nature de cyborg ou bien parce qu'il n'aimait tout simplement pas ça ?

- Tu ne bois vraiment pas ?  

Cependant, et pour compenser, je fis sonner le verre avec la bouteille qu'il tenait toujours, en réponse à son « bonne année ». Du reste, c'était gentil de sa part d'avoir acheté la boisson, surtout si lui-même n'en buvait pas.

- Par contre, je doute de finir la bouteille, fis-je, amusée, avant de prendre enfin une gorgée.

Certes, je ne conduirai pas, mais j'aimais autant marcher droit et avoir une vue parfaitement nette en rentrant.

Et donc, de son côté, Isaak avait été pas mal occupé ces derniers temps. Par Waters Robotics en particulier et, récemment, il avait réussi à conclure un contrat pourtant loin d'être gagnée. Oui, et ce, grâce à mes conseils. Je ne pus que me réjouir pour lui et m'étonner aussi de moi-même pour l'avoir aidé.  

- À cette nouvelle année et au capital sympathie en hausse. Tu me donneras plus de détail sur cette affaire rondement menée ?

Ainsi, je repris une autre gorgée, puis nous prîmes place autour d'une table.

- Eh bien, il y a le travail où j'ai pris du galon visiblement puisqu'en plus, je fais désormais passer des tests pour l'embauche d'ingénieurs. Et la musique bien sûr, d'ailleurs en ce moment, je réfléchis à où est-ce que je pourrais monter sur scène. Peut-être à Central Park, la nuit, il y a de jolies choses à faire, en plus d'être inédit puisque le parc est normalement fermé passée une certaine heure. Mais ça sera sans doute quand le temps sera plus clément.

Après Times Square, un autre lieu phare de la Grande Pomme me paraissait tout indiqué pour continuer nos représentations, à Vivacia et moi. Bien que cela demandait aussi de trouver une entente avec le maire pour une telle entreprise. En attendant, je profitais régulièrement de la scène qu'offrait le Havana.

- Bref, c'est pas mal d'organisation et j'espère que tu pourras venir si ça se fait. Je glisserai une reprise de Pink Floyd.

Cette fois, et après avoir donné un résumé de ce à quoi j'avais employé mon temps depuis notre dernière discussion, je haussai un sourcil à l'attention de mon interlocuteur.

- Alors, quelle est cette surprise ? demandai-je finalement, la curiosité au rendez-vous.

Some New Stuff

Tony Mordoh

Tony allait bien et apparemment, je rayonnais moi-même. Pas étonnant, j’avais fait de grands progrès à tous les niveaux. Je maîtrisais mieux mon armure nanorobotique et j’avais réussi à discuter avec la Morrigane sans qu’on s’étripe en nous faisant ressortir tous les deux gagnants de cette conversation. Je ne prétendais pas avoir changé complètement la façon de me voir de la sorcière mais disons qu’il y avait un début de ça.

-C’est vrai que je me sens en forme… Il faut dire que ça roule pour moi ces temps-ci.

Un robot débarrassa Tony de ses affaire et alla les pendre à un porte manteau tout ce qu’il y avait de plus classique.

Je racontai à Tony comment je comptais faire évoluer Waters Robotics et  elle affirma, face à mes difficulté à attirer la sympathie des gens que ça viendrait avec le temps.

Je lui souris.

-J’ai déjà fait des progrès. Mais j’ai une bonne conseillère.

J’ouvris la bouteille de champagne et la servis. Mais elle demanda si je ne pouvais vraiment pas boire avec elle. Je pinçai les lèvres en regardant ladite bouteille.

-Mmm… je veux bien essayer encore une fois… mais juste un verre… La dernière fois, j’ai voulu faire comme William et j’ai bu une demi bouteille de whisky. C’est mal passé, mais je ne sais pas si c’est parce que je suis un cyborg ou si j’ai simplement vécu la première cuite de ma nouvelle vie.

Oui, parce que j’étais légèrement accro à l’alcool, avant de me tuer en voiture.

Je me servis donc un petit verre et l’entrechoquai avec celui de Tony.

-A Waters Robotics… Et aux amis.

Je bu une toute petite gorgée, mais rien ne se passa… Je rigolai quand Tony dit qu’elle ne pourrait pas finir la bouteille.

-Ce n’est pas grave…

Elle voulait les détails sur l’affaire que j’avais conclue…

-Est-ce que tu connais la légende de la Morrigane ? Une sorcière vengeresse qui voyage à travers le temps et l’espace pour accomplir la vengeance des hommes et des femmes. Et bien elle existe et on peut dire que je la connais un peu. Mais au début, elle m’a pris en grippe. Elle est susceptible et je suis arrogant.

Je marquai une pause.

-Bref… il y a quelque temps, son petit-ami vampire, Bobby Sands, m’a volé ma voiture. J’ai demandé un rendez-vous pour la récupérer. Mais Bobby ne voulait pas me la rendre alors j’ai fait en sorte que la Morrigane me l’achète… Elle a accepté, tout ça parce que j’ai été respectueux envers elle… Ce que je ne savais pas, c’était que le respect attirait le respect et donc, elle l’était avec moi aussi.

On s’assit autour de la table et ce fut à Tony de me donner un peu de ses nouvelles.

Elle travaillait chez Stark Tech et semblait satisfaite de sa place mais s’étala plus longuement sur la musique. Elle voulait faire des spectacles en  plein air dans New-York. Mon sourire s’élargit.

-Si ça se concrétise, il faudra m’inviter.

Elle affirma même qu’elle glisserait du Pink Floyd dans son spectacle, rien que pour moi.

-En voilà un beau cadeau !

Puis elle demanda à voir ma surprise.

-Attends, je reviens.

Et je revins avec ce qui semblait être un simple casque audio. J’arrivai par derrière Tony et lui murmurai.

-Fais-moi confiance.

Je lui mis le casque sur les oreilles puis bougeai ses cheveux au niveau de sa nuque.

-Désolé, j’ai les mains froides. Mais il faut que je colle deux petites électrodes… Voilà, c’est fait.

Je me remis devant elle.

-Maintenant, pense à une chanson.

Et normalement, les impulsions électriques de son cerveau allaient jouer la musique directement dans le casque.

ft. Isaak

Les interactions sociales avaient beau ne pas être le point fort d'Isaak, je restais persuadée qu'il réussirait à se dépêtrer de cette difficulté. J'avais déjà pu remarquer à quel point il avait évolué, de cette fois-là au Lust à aujourd'hui, alors qu'il me gratifiait d'un sourire. D'ailleurs, il semblerait que depuis l'été dernier, il eût fait quelques progrès, et ce, grâce à mes conseils.

- Ravie d'avoir pu t'aider alors.
 
Les amis étaient là pour ça après tout. Et à l'évidence, il y avait quelque chose à fêter puisque bientôt, le bouchon d'une bouteille de champagne sauta pour aussitôt ricocher au plafond, cédant la place aux crépitements des bulles. Un unique verre fut servi, alors bien sûr, je m'interrogeai. Enfin, j'interrogeai le principal intéressé.

Et sa réponse ne tarda pas à me faire hausser des sourcils.

- Une demi-bouteille de Whisky ? Oh, en effet, ça a dû te faire tout drôle. William Stark a acquis une certaine résistance à force de s'enfiler des bouteilles, mais pour la plupart des gens, autant d'alcool, ça se passe plutôt mal comme tu dis, donc... Hum, c'était sans doute ta première cuite.

Je souris alors qu'il voulait bien retenter l'expérience. Mais avec plus de modération cette fois.

- Si c'est un seul verre, ça devrait aller.

Ainsi, nous trinquâmes ensemble.

- Et aux amis, répétai-je.

Savourant le champagne, Isaak, de son côté, se fit plus prudent pour se contenter d'une infime gorgée. Un instant, il resta dans l'expectative. Je penchai la tête, amusée.

- Alors ? Pas de court-circuit ?

Tout paraissait aller pour le mieux. Toutefois, étant donné que je n'étais pas une grande buveuse et au vu de la précaution que prenait mon ami, je gageai que la bouteille survivrait à la journée. En soi, ce n'était pas vraiment grave et Isaak ne s'en formalisa pas.

Ce sur quoi, il y avait ce fameux accord qu'il avait eu et qui, pourtant au départ, était mal engagé.

- J'ai entendu parler de la Morrigane, bien que je n'avais aucune idée de ses capacités ou de sa légende…

Une sorcière vengeresse ? Cass, ne m'avait-il pas parlé d'une amie sorcière vengeresse lors d'un soir d'Halloween ? En tous les cas, je connaissais aussi le lien étroit que partageait la surnaturelle en question avec un certain Bobby Sands. Autant dire que j'étais bien contente de n'avoir jamais croisé son chemin. Elle devait être terrible. Alors savoir que la sorcière ait du caractère et qu'avec Isaak, ça avait dû faire quelques étincelles au premier abord, cela ne m'étonna guère.

Et oui, il y avait aussi la voiture volée, je m'en souvenais.

- Ah oui, quand même, c'est effectivement une belle affaire, même si je me doute que tu aurais aimé récupérer la voiture. Mais oui, en général lorsqu'on prend le temps de discuter calmement et avec égard pour la personne en face, ça favorise un échange constructif. En tout cas, félicitations.

Il était clair que c'était quelque chose. Entre Isaak et la Confrérie, l'histoire était houleuse et savoir qu'il y avait pu avoir un consensus entre les deux démontrait que petit à petit, le jeune entrepreneur de Waters Robotics se défaisait de l'emprise qu'avait pu avoir William Stark par le passé. Et j'aimais mieux ça, plutôt que de voir Isaak en proie à de tristes pensées sur l'humanité.

De mon côté, si le travail prenait pas mal de mon temps, je comptais bien développer mon projet musical. Comme un concert de nuit à Central Park.

- Définitivement, souris-je pour l'invitation.

Et rien ne m'empêchait de faire une reprise de Pink Floyd, un clin d’œil pour mon ami qui adorait le groupe.

En attendant, si Isaak m'avait fait venir, c'était aussi pour me montrer quelque chose et je devais avouer être intriguée. Un instant, mon hôte quitta la table avant de revenir pour me souffler de lui faire confiance. Et déjà, un casque vint couvrir mes oreilles.

- Okay.

Mes mains ajustèrent un peu mieux l'arceau et si je jetai un œil vers mon ami, mon geste fut interrompu alors qu'il dégagea ma nuque de mes cheveux. Il me prévint pour les électrodes. De même, je constatai ses doigts froids, mais le contact fut trop fugace pour être désagréable.

Et aussitôt, une musique s'enclencha.

Électrique. Celle-là même qui tournait dans mon esprit, reflet de mon hôte et de l'environnement qui m'entourait. Cela me fit tout drôle.

Puis Isaak me demanda de penser à une chanson. Je souris.

- Hum, d'accord, ça ne devrait pas être compliqué, j'ai de la musique plein la tête.

Littéralement.

Alors cette fois, je me concentrai pour songer à une autre chanson.



Et voilà que de nouveaux accords vinrent remplacer les derniers et jouer un tout autre morceau à travers le casque. Je me redressai pour fixer Isaak.

- Est-ce que ça veut dire que je peux écouter ce que j'ai envie sans même avoir à me connecter à Internet ? fis-je enthousiaste. Et donc, si je comprends bien... Les électrodes captent les impulsions musicales, mais comment font-elles le tri avec les autres impulsions ?

Avec les autres pensées ? Car c'était un tour de force à accomplir, et si c'était le cas, l'invention avait d'autant plus de potentiel. Mais n'en avais-je pas la preuve ? La musique continuait à jouer sans s'interrompre tandis que je me posais d'autres questions sur l'invention collée à ma nuque et mes oreilles.

Some New Stuff

Tony Mordoh

Je souris à Tony quand elle se dit ravie d’avoir pu aider. Je lui devais ça qu’elle était de très bon conseil. Mais surtout, elle ne jugeait jamais. Pas avant d’avoir essayé de comprendre en tout cas. Et surtout, contrairement à la majorité des femmes que j’avais rencontrées jusqu’ici, elle ne se croyait pas supérieure, alors même qu’elle avait des pouvoirs.

Et elle ne me donnait pas l’envie de jouer les êtres supérieurs alors même que je l’étais. Mais non, pour moi, Tony et moi étions égaux.

Je fis péter le champagne et nous servis finalement chacun un verre. J’étais réticent car ma dernière expérience avec l’alcool s’était mal passée… D’ailleurs, je n’avais pas besoin de boire ou de manger… Mais apparemment, je pouvais me le permettre. Et je trempai mes lèvres dans le breuvage après avoir raconté cette expérience à Tony.

Elle me parla de William qui avait acquis une certaine forme de résistance à l’alcool…

-Oui, ça m’a fait drôle. Mais tu sais, dans mes souvenirs, j’étais alcoolique moi aussi avant d’être changé en cyborg.

Je haussai les épaules.

-Depuis, je n’ai plus le réflexe de boire ou de manger… peut-être parce que mes organes sont morts et n’ont plus besoin d’énergie. Tout fonctionne à l’électronique.

Je repris une toute petite gorgée de champagne pétillant après avoir trinqué « aux amis » avec Tony, en la regardant dans les yeux.

Je lui expliquai ensuite ma rencontre avec la Morrigane et comment j’avais usé des outils sociaux que Tony m’avait donné pour mener à bien une négociation avec elle qui ne me portait pas du tout dans son cœur. Tony n’avait que très peu d’informations sur la Morrigane… Je ricanai…

-Elle aime la flatterie… C’est comme ça que je l’ai eue. Il suffit de la caresser dans le sens du poil. C’est une princesse dans le fond. Mais fait lui une seule petite critique et elle devient un véritable monstre.

Tony me félicita pour l’accord passé avec la Morrigane et je levai mon verre à ça.

-Oui, j’aimais cette voiture… Mais j’en ai tiré une belle compensation quand même étant donné que Bobby Sands en a retiré tout l’électronique sans quoi j’aurais fait revenir la voiture à moi de manière autonome.

De son côté, Tony avait, outre son travail, un véritable projet musical qu’elle voulait mettre en place. Je l’y encourageai.  Puis, vint le temps de lui montrer ce pourquoi je l’avais invité. Je quittai donc la table avant de lui mettre un casque audio sur la tête, la laissant l’ajuster pour qu’il soit bien confortable pour elle avant de placer les électrodes. Directement, le casque s’enclencha dans un mélange de musique…

Jusqu’à ce que je lui demande de penser à un titre. Et moi, naturellement connecté au casque, je pouvais entendre et écouter avec elle le titre qu’elle avait choisi, mes yeux rougeoyant alors que je reprenais ma place à la table.

Je la laissai profiter du titre jusqu’au bout, prenant des petites gorgées de champagne… La chanson était pas mal, avec tous des accords électroniques, probablement inspiré de ce qui l’entourait actuellement.

Quand ce fut terminé, Tony me demanda, en gros, comment ça fonctionnait. Je lui resservis un peu de champagne.

-Oui, ça veut dire que tu peux écouter tout ce qui te passe par la tête, que ce soit un morceau connu ou une mélodie que tu as toi-même créée. Tu peux même l’enregistrer en te connectant, via le casque, à un ordinateur.

Je fis la moue.

-Même si ton violon a plus de charme, évidemment.

Je continuai.

-Et en effet, les électrodes captent les impulsions électriques de ton cerveau. Plusieurs études ont démontré que la musique modifie ses impulsions et selon le type de musique, ces impulsions changent. J’ai programmer le casque pour ne capter que ces impulsions-là.

Je souris.

-Plus besoin d’internet, plus besoin d’Ipod… plus de limite.

Je tendis les bras pour lui retirer le casque, y allant doucement avec les électrodes.

-Si je le programmais autrement, mais ce serait beaucoup plus compliqué, il pourrait lire les pensées… Mais là n’est pas mon but. Je l’ai créé pour être un objet de pur divertissement.

ft. Isaak

Edwin Stark avait un problème de boisson. William Stark avait un problème de boisson. Aussi, il ne devrait pas être si surprenant d'apprendre qu'Isaak avait eu les mêmes penchants. Et pourtant, je ne pus m'empêcher d'être étonnée. Peut-être parce que justement, je ne l'avais pas connu avant son accident. Qu'il n'inspirait nullement quelqu'un ayant un quelconque intérêt pour la chose. Même la bière ne paraissait pas à son goût comme j'avais pu le constater la fois où son verre s'était renversé sur mon pull.

Et...

Et en fait, maintenant que j'y pensai, la vie d'Isaak n'avait pas été non plus toute rose. Toutefois, la transformation en cyborg avait, semble-t-il, soigner l'addiction. À cause de ses organes morts ? Okay. Dit comme cela, c'était vraiment, vraiment étrange, pour ne pas dire perturbant.

- Je... D'accord, hésitai-je.

J'étais désolée de l'apprendre, même si en parallèle, je savais qu'être un cyborg faisait partie de lui et qu'il s'acceptait et s'appréciait tel qu'il était aujourd'hui. Et quelque part, c'était ce qui faisait qu'Isaak était Isaak. Alors, j'étouffai mes excuses. Mais d'autres questions titillèrent bientôt mon esprit.

- Donc... Si tu peux boire, est-ce que tu as le goût ?

Ma tête dodelina.

- Je suppose que c'est pratique de ne pas avoir besoin de boire ou de manger, mais ça peut être plaisant. Un jour, tu devrais essayer de manger quelque chose que tu aimais. Juste pour voir. Et apprécier, soufflai-je.

Il était bien triste de ne plus avoir le loisir de savourer un plat. Bien sûr, il n'était pas dans mes intentions de vouloir bouleverser les habitudes du cyborg, mais ce n'était pas un mal de parfois céder à des petits plaisirs, aussi inutiles soient-ils. C'était possible, non ? Après tout, son corps, s'il n'était plus vraiment humain, avait la capacité de pouvoir « digérer » le champagne.

Enfin, pour le moment.

Ainsi, nous trinquâmes pour finalement discuter de cet accord qu'avait réussi à décrocher Isaak et qui impliquait nulle autre que la fameuse Morrigane. Celle-là même qui faisait partie de la Confrérie. Je devais avouer être impressionnée, ce n'était pas moi qui aurais eu le courage d'aller discuter avec une sorcière vengeresse. Et la clé du succès de mon ami résidait dans la flatterie. Une affirmation déclarée avec une teinte de moquerie.

J'en conclus qu'il ne devait vraiment pas l'aimer. Encore une fois, rien de surprenant lorsqu'on connaissait les tenants et les aboutissants.

- J'espère n'avoir jamais à croiser son chemin, mais cette entente que tu as eu avec elle, qui sait s'il n'y en aura pas d'autres par la suite. D'autres qui auront autant de succès, les humains ne sont pas les seuls à aimer la technologie.

C'était ce que je lui souhaitais. Oui, même si je ne me faisais pas d'illusions, les deux ne seraient jamais les meilleurs amis du monde.

Pour ce qui était de la voiture, cette dernière avait été démantelée, du moins, toutes les modifications qu'avait pu apporter Isaak avait alors été supprimées par le chef de la Confrérie.

- Oui, une belle compensation, mais je sais qu'elle avait une valeur sentimentale pour toi... Et puis, il y a la Cadillac et ses jolis angles tranchants, repris-je avec plus de légèreté. Mon père adore aussi les voitures, lui, il serait ravi d'avoir un engin à la pointe de la technologie, de même que de vieilles voitures de collection.

Pour le coup, lui avait les moyens. Le vaste garage avait beau être garni de véhicules, il y en avait jamais assez de son opinion.

Et de la technologie d'une voiture, nous passâmes à celle d'un casque et ses électrodes. La musique s'enclencha aussitôt, et ce, par mes propres pensées ! Le temps que le morceau se termina et j'avais déjà des questions qui n'attendaient que d'être posées.

Le champagne carillonna à nouveau dans mon verre.

Sans l'interrompre, j'écoutai alors l'explication du créateur de ce casque qui différenciait les impulsions musicales des autres impulsions. Mes lèvres s'étirèrent en un large sourire.

- Mon violon a plus de charme, mais pour les artistes, ton invention est formidable. Il peut capter à la perfection les envies d'un compositeur ou d'un musicien. Mais…

Mes paupières se plissèrent.

- … Je comprends tes réticences de programmation, mais en faisant en sorte que jamais cette technologie ne puisse être déviée de son but initial, je me dis que tu pourrais offrir la possibilité à des gens incapable de pouvoir parler de s'exprimer librement.

Je me frottai la nuque avant de secouer la tête pour me reprendre.

- Désolée, je peux m'emballer parfois. Je peux regarder de plus près ?

Toujours curieuse, je désignai alors l'objet en question tranquillement posé sur la table.

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Tony Mordoh

Tony semblait s’inquiéter vraiment de savoir comment fonctionnait mon organisme. Moi-même, je n’en connaissais pas encore vraiment les limites. Tout ce que je savais, c’était que je n’étais plus alcoolique. D’autant moins depuis que j’avais essayé de boire autant que William et que mes organes électroniquement assisté m’avait fait tout remettre… ça m’avait passé l’envie de boire et de manger quoi que ce soit.

Mais Tony demanda si j’avais le goût.

-Oui, je goûte ce que je mets dans ma bouche, tout comme je ressens la douleur et…

Je pinçai les lèvres, repensant à mes ébats avec Rebecca Greene.

-Et le plaisir, aussi…

Et Tony de me dire que je devrais essayer un jour de manger un plat que j’aimais avant. Juste pour voir et apprécier… Je souris.

-Je demanderai à ma mère de me préparer ses spaghetti bolognaise alors. Et le jour où je ferai ça, tu seras mon invitée… Ma mère sera ravie de te revoir… Elle ne t’as pas vue depuis le Lust si je ne me trompe.

Nous parlâmes ensuite de la Morrigane et du deal que j’avais scellé avec elle. Tony, elle, préférait ne pas avoir à faire à elle, mais que peut-être que moi, j’aurais d’autres choses à échanger avec la Morrigane.

-Elle a son caractère, mais est assez agréable quand on sait la prendre par le bon bout. Je l’ai même fait sourire. Et elle est très belle quand elle sourit.

Je souris à Tony…

-Un peu comme toi.

Tony me parla un peu de son père et de son amour pour les voitures.

-S’il veut des améliorations sur l’une d’elles, tu n’as qu’à m’appeler. J’adore trafiquer les voitures. Et c’est vrai que la Cadillac est belle, mais elle passe moins inaperçue que la Ford Focus RS avec laquelle se déplace maintenant Bobby Sands…

Je lui montrai finalement mon invention qu’elle testa… Evidemment, ce n’était pas comme son violon, ça avait moins de charme. Mais elle ne s’en montra pas moins impressionnée. Une invention pleine de promesse comme le souligna Tony qui m’amena un beau sourire sur le visage. Elle parla d’aller plus loin et d’en faire un moyen de communication pour ceux qui ne peuvent s’exprimer normalement.

Je fis une moue de réflexion…

-C’est vrai que j’ai pensé cette invention comme un mélomane… Mais il est vrai que ce casque pourrait rendre la voix à ceux qui n’en ont pas… Tu connais quelqu’un de muet ? Ou de mutique ?

Tony s’excusait de son emballement.

Elle enleva le casque et demanda à pouvoir regarder de plus près.

-Fais à ton aise.

Je repris une petite gorgée de champagne… C’est que j’y prenais goût, petit à petit.

-Regarde… J’ai relié les électrodes au casque, mais si on les relie à des petits diffuseurs à la place, qu’on pourrait placer sur les oreilles, alors les muets pourraient s’exprimer… Mais il faudrait que je fasse capter les bonnes ondes aux électrodes soit celles qui partent de la partie du cerveau qui gère la parole.

Je pinçai les lèvres.

-Pas dit que ça marche. Mais c’est quelque chose à explorer.

ft. Isaak

Isaak était un cyborg quelque peu particulier. L'ingénieur en moi en était curieuse, bien sûr, mais ce fut surtout l'amie qui s'interrogea sur sa condition. Perdre le réflexe de manger et de boire n'était pas anodin. Et si apparemment cela ne lui était plus nécessaire, c'était un constat bien triste. Mais alors que je lui posai la question sur le goût, j'appris qu'il pouvait toujours savourer, comme par exemple ce champagne qui pétillait tranquillement dans son verre.

Ainsi, en dépit des modifications opérées, son corps avait conservé tous ses sens. Ce qui incluait aussi douleur et plaisir. Je ne relevai pas le petit temps de réflexion qu'il avait eu sur ce dernier point, au lieu de quoi, j'en fus rassurée. Ou plutôt, soulagée pour lui.

En somme, rien ne l'empêchait de pouvoir céder à la gourmandise d'une madeleine. Parce qu'il aurait été dommage de s'en priver. Quant à savoir ce qu'Isaak aimait comme plat, les spaghettis bolognaise de sa mère semblèrent lui revenir en mémoire. S'en suivit alors une invitation. Et mon sourire.

- Les spaghettis bolognaise ? Je ne dis pas non, acquiesçai-je, et ça sera en effet une occasion de revoir Emma. Il faut dire que depuis que je ne travaille plus au Lust, je n'y suis vraiment pas la bienvenue.

D'un battement de paupières, je chassai bien vite de mon esprit le souvenir de mon ancien patron. Je ne l'avais plus jamais croisé après qu'il ait débarqué chez moi un certain soir, ce qui était de loin préférable. Malheureusement, je ne pouvais pas en dire autant avec Edwin Stark. Ce qui me rappela soudainement que le démon travaillait pour Isaak. Enfin, d'après William Stark.

Subrepticement, mon regard glissa vers l'entrée. Bien sûr, il n'y avait personne d'autre qu'Isaak et moi. Aussi, nous en vînmes à discuter du succès que mon ami avait eu avec la terrible Morrigane. Ou peut-être pas si terrible que ça en fin de compte. Elle pouvait se montrer agréable. Oui, mais encore fallait-il savoir s'y prendre, et ce, sans éveiller cette fameuse susceptibilité.

Toutefois, la dernière remarque qu'il ajouta me prit de court. Je tentai du mieux possible d'étouffer les rougeurs de mes joues.

- Oh... Eh bien, merci, soufflai-je quelque peu maladroitement avant de me reprendre, quelque chose me dit que tu n'auras plus besoin de conseillère.

Du reste, si Isaak aimait particulièrement les voitures, j'en connaissais un autre qui partageait cette même passion et qui n'aurait pas refusé d'agrandir sa propre collection déjà bien fournie. Et cette personne n'était autre que mon père.

Et Isaak de bien vouloir trafiquer à sa manière l'une des voitures.

- Je ne manquerai pas de lui dire, je suis sûre que ça l'intéressera.

C'était peut-être aussi un excellent prétexte pour renouer avec mes parents après deux longues années de silence. Si cela demeurait délicat avec ma mère, mon père, lui, était bien plus facile à approcher. Sans compter qu'il ne viendrait pas me reprocher quoi que ce soit.

- Oui, je me doute que la Cadillac doit se démarquer en ville. Mais le temps que tu trouves ta nouvelle Ford Focus, tu sais, les transports en commun ne sont pas si terribles, fis-je en une touche d'humour. Ou les taxis.

New York était bien desservi, en revanche, c'était sans doute plus compliqué lorsqu'on désirait se rendre en dehors de la ville.

Et donc, l'invention d'Isaak.

Sans tarder, nous nous installâmes à table et je pus enfin constater la surprise du génie désormais en face de moi alors même que la musique se déversait dans mes oreilles. Il avait créé une technologie capable de lire des partitions musicales dans l'esprit même ! C'était du jamais-vu, ou plutôt, entendu.

L'ingénieur en moi entrevoyait déjà d'autres possibilités.

Hum... Pour le coup, je m'emballai un peu trop. La réflexion, elle, creusa les traits de mon interlocuteur.

- Non, je ne connais personne à proprement parler qui soit muet, mais avec certaines recherches, j'ai pu approfondir mes connaissances au sujet de personnes en situation de handicap.

Stark Tech. s'intéressait notamment aux créations de prothèses. Une façon sans doute aussi de compenser l'armement que Stan Matthews aimait à produire. En tous les cas, il ne me semblait pas qu'il existât de projet dans l'entreprise se rapprochant de l'objet entre mes mains.

Ainsi, je manipulais le casque, observant chaque détail. Cela pesait un certain poids, mais ce n'était pas non plus choquant. Et puis, il y avait les électrodes. Évidemment, outre le fait de devoir trouver le moyen de capter les bonnes impulsions, il y avait aussi l'émission directe de ces ondes.

- Si je ne peux pas vraiment t'aider pour ce qui est de ces fameuses ondes, je reste en premier lieu un ingénieur du son, souris-je, les casques, ça me connaît.

De fait, je lui suggérais plusieurs pistes pour sa petite merveille, non sans poser quelques questions en retour. Bien sûr, nul doute qu'Isaak, avec son génie, saurait améliorer mes propositions. Ou même, en trouver une toute nouvelle.

- Non, pas sûr que ça marche, c'est vrai, mais ça vaut le coup d'essayer. Et puis, ça ne sera pas le premier défi que tu auras relevé.

Finalement, je repris une gorgée de mon verre.

Trop plongée dans mes réflexions, il y avait cependant une question bien plus importante que j'avais oubliée de poser. Je m'humectai les lèvres.

- Dis-moi, cela n'a rien à voir avec ce dont on parle, mais... Est-ce qu'Edwin Stark risque de débarquer ici ?

Oui, avec la chance que j'avais, autant ne pas tenter le diable. Et dire que je n'y avais même pas pensé en me rendant ici…

Some New Stuff

Tony Mordoh

Je souris quand Tony accepta mon invitation à partager un spaghetti bolognaise chez ma mère qu’elle connaissait bien puisqu’elles avaient travaillé toutes les deux au Lust.

-Je n’y suis plus le bienvenu non plus… Le patron n’aimait pas trop que j’utilise son club pour vendre mes technologies… De toute façon, ça se vend mieux sur internet… Et maintenant que le labo ressemble un peu plus à quelque chose, je peux inviter mes clients à venir voir ce qu’ils veulent ici.

Autrement dit, je ne vivais plus caché.

Puis, en parlant de la Morrigane, qui était une très belle femme, surtout quand elle souriait, je fis le même compliment à Tony… Elle aussi était une très jolie fille. Et je souris en la voyant rougir.

-Tu n’as pas à rougir de ce que tu es… Je suis sûr que ton cœur est déjà pris… ou que tu as volé celui de quelqu’un, je me trompe ?

Quant aux voitures, son père semblait être un grand fan. Et elle me promit de lui en parler. Il me tardait de parler voitures avec un connaisseur… C’était dommage que je n’ai pas pu partager ça avec William, tout ça parce qu’il ne m’aimait pas.

J’étais pourtant moi-même une de ses créations, à tous les niveaux…

Puis Tony me fit faire de grands yeux en me parlant des transports en commun. Il était hors de question que je mette les pieds là-dedans.

-Je préfère la Cadillac… Et au pire, je sais voler, n’oublie pas.

J’avais un petit sourire en coin malicieux.

Je fis ensuite la démonstration de ma nouvelle invention à Tony qui sut l’apprécier à sa juste valeur. Elle entrevoyait même une avancée encore plus intéressante qui pourrait aider les personne qui ne savaient pas s’exprimer. Cela m’intéressa… pas que je sois sensible aux personnes en situation de handicap, mais le challenge m’intéressait.

-J’essayerai… Et si j’ai besoin de toi question son, j’ai ton numéro…

Puis elle sembla soudain inquiète, fixant l’entrée du labo, ce n’était pas la première fois qu’elle la regardait. Et elle finit par me poser la question qui la turlupinait.

-Non… Edwin Stark a déserté… Il a sûrement trouvé un endroit plus intéressant pour travailler sur ses propres inventions qui ont attrait aux sciences occultes.

Je tendis la main et caressai la joue de Tony… Elle avait la peau douce et chaude.

-Pourquoi ? Il t’a fait du mal ?

ft. Isaak

Moui, rien de vraiment étonnant à ce que Kelen décide de ne plus accepter Isaak dans son si précieux « palais des plaisirs » comme il l'aimait à l'appeler. Le démon avait même tenté de faire de moi une espionne pour le surveiller. Il n'appréciait tout simplement pas ne pas avoir le contrôle et Isaak s'était avéré être un élément problématique. Tout comme j'avais fini par le devenir à mon tour lorsque je m'étais immiscée dans les sous-sols du Lust.

Mais comme le souligna mon ami, nous n'avions rien perdu à ne plus y être les bienvenus. Bien au contraire.

- Et puis c'est plus facile d'y avoir une conversation qu'au Lust. Quant à moi, je suis bien mieux lotie à Stark Tech.

En plus de bénéficier d'un salaire plus élevé, je n'avais plus l'envie constante de fuir mon patron. Kelen savait me mettre mal à l'aise de manière tout à fait volontaire. Oui, enfin, j'avais aussi conscience d'être facile à embarrasser. D'ailleurs, je ne tardai pas à le démontrer une fois encore face au compliment d'Isaak.

- J'essaye de ne pas rougir, figure-toi, déclarai-je maladroitement.

Seulement, les couleurs persistaient. À force de rester à l'ombre des regards, ma réserve s'en était retrouvé exacerbée. Et à cela, Isaak affirma que j'avais sans doute ravi le cœur de quelqu'un. Autant dire qu'évoquer Mike n'était pas non plus pour m'aider à calmer les rougeurs. Je réussis tout de même à hocher la tête, non sans malmener les manches de mon pull au passage. Foutue timidité.

- Tu ne te trompes pas, je ne pensais pas que c'était aussi évident.

Parce que j'en tenais une sacré couche et que si Mike avait réussi l'impensable, ce n'était pas un sujet sur lequel je m'étalais.

- Disons que ce n'était pas gagné au vu de ma réserve qui me fait souvent défaut.

Bref.

Pour ce qui était des voitures, il était certain que mon père apprécierait beaucoup les talents d'Isaak. De fait, je ne manquerai pas de les mettre en contact.

En attendant, il y avait toujours les transports en communs. La réaction de mon ami ne se fit pas attendre, les yeux déjà arrondis, comme outré par ma proposition. Je ris.

- D'accord, je me doutais un peu de ta réaction, répliquai-je avant d'acquiescer, et voler, c'est définitivement mieux.

Mais il n'était plus temps de parler de Cadillac ou de balades dans les airs, car Isaak avait quelque chose à me montrer. Un morceau de musique plus tard et l'enthousiasme fut aussitôt au rendez-vous. Tant de complexité dans un si petit objet. Oui, mais aussi du potentiel. Nous nous penchâmes alors sur la question d'une éventuelle évolution, ou plutôt, à une autre façon d'utiliser cette toute nouvelle technologie qui pourrait être un véritable bienfait pour les personnes en situation de handicap. Ou être un défi comme le laisser à deviner l'éclat dans les yeux de mon vis-à-vis. Mon sourire s'élargit.

- On fait comme ça…

Se rappela alors à moi que si ce laboratoire appartenait à Isaak, Edwin pouvait tout à fait débarquer à n'importe quel moment. Il était certain que ce n'était pas le genre de rencontre que je souhaitais réitérer. À mon inquiétude, mon ami m'assura qu'il n'était plus question de collaboration entre les deux. Visiblement, le démon avait fini par trouver autre chose à laquelle s'intéresser. Aux Sciences occultes… Le sérum SV…

Je cillai tandis que des images me revinrent en mémoire.

Mais bientôt, une main sur ma joue m'ancra à la réalité.

- Il a essayé, au Lust notamment, c'est là-bas que je l'ai croisé la première fois. Il n'a pas apprécié que je contrarie ses plans et ceux de Kelen au passage. Les deux s'en prenaient à des gens pour les enfermer dans les sous-sols du club, expliquai-je. Oui, mon intervention ne lui a pas plu, surtout en aidant une de leur prisonnière à s'échapper, d'où le fait que je ne travaille plus là-bas. Et comme le monde a tendance à être petit, j'ai pu le croiser à plusieurs reprises et ce n'était jamais sous de meilleurs auspices.

Jusque-là, j'avais été chanceuse. Comme cette fois où il avait réussi à me coincer dans une ruelle pour m'extorquer des informations sur David. Ses manipulations n'avaient pas eu d'effet sur moi et je n'osais imaginer ce qui se serait passé s'il en avait été autrement.

- Voilà pourquoi je te pose la question.

Ce sur quoi, je pris sa main pour la lui serrer.

- Je sais que ce n'est pas la même chose pour toi, mais fais attention quand tu es avec lui.

Edwin Stark n'était pas un homme de confiance. Certes, Isaak était armé et conscient de la nature de ce dernier, mais il était préférable de prévenir plutôt que de guérir, n'est-ce pas ?

Some New Stuff

Tony Mordoh

Nous n’étions plus les bienvenus au Lust, aucun des deux. Mais chacun de nous ne s’en portait pas plus mal, au final. Tony semblait se plaire chez Stark Tech…

-J’imagine que tu as tout ce qu’il faut là-bas pour permettre à tes talents de s’exprimer pleinement !

Je souris…

-Mais si tu te lasse de Stark Tech. un jour, tu es la bienvenue ici.

Puis je lui fis un compliment qui la fit rougir. Je souris en reprenant une petite gorgée de champagne alors qu’elle me disait qu’elle essayait de ne pas rougir.

-C’est raté, tu es rouge comme une pivoine.

Je ne doutais pas que Tony ait trouvé chaussure à son pied… Qu’un autre que moi ait remarqué sa sympathie, son enthousiasme au-delà de sa beauté extérieure, et je ne me trompais pas car elle me le confirma.

-L’heureux élu à bien de la chance… Quant à moi, j’ai oublié l’idée même de me fabriquer une compagne… je suis bien mieux seul. Je ne sais pas comment aimer.

Je haussai les épaules.

-Mais peut-être que ça viendra. Après tout, j’ai bien appris à avoir des amis, avec toi.

Tony avait dit que pourtant, ce n’était pas gagné, à cause de sa réserve.

-Sauf si ton homme est aussi réservé que toi. Ne dit-on pas que qui se ressemble s’assemble ?

Je fis la moue.

-Mais on dit aussi que les opposés d’attire alors ça n’a aucun sens.

Je regardai Tony dans les yeux.

-Bref, je suis content pour toi.

Après m’être exclamé sur l’idée même de prendre les transports en commun, je ris avec Tony.

-Oui… Voler, c’est mieux.

Je lui montrai ensuite mon invention qui provoqua son enthousiasme et des perspectives d’évolution… Et on se mit d’accord pour s’entraider, si l’un de nous pouvait faire avancer les choses. Puis je remarquai que quelque chose perturbait Tony… Elle avait tendance à regarder l’entrée du labo et finit par me demander si Edwin n’allait pas débarquer.

J’avais mis ma main froide sur sa joue chaude et lui avait demandé ce qu’il s’était passé avec Edwin… Elle me le raconta qu’elle avait aidé une prisonnière de Kelen et Edwin à s’échapper…

-Humaine ou surnaturelle, la prisonnière ? Tu vas me dire, ça ne fait pas beaucoup de différence, on ne séquestre pas les gens… même moi, je le sais.

Et elle me mit en garde contre Edwin Stark.

Je lui souris.

-Ne t’en fait pas… je pense que mon grand-père, tout comme mon père, s’est désintéressé de moi… Et je me suis désintéressé d’eux. Seul compte Waters Robotics et son épanouissement désormais.

Je souris.

-Je te sers un dernier verre pour la route ?

ft. Isaak

Si je devais être honnête, jamais je n'aurais cru intégrer Stark Tech. Animer des soirées, des spectacles, être le régisseur à pianoter sur des consoles, oui, mais travailler dans la tour la plus célèbre de New York, non. Autant dire que ça avait été un tournant dans ma carrière pourtant encore à ses débuts. Je découvrais un nouvel horizon, développant mon esprit de création d'une tout autre façon. Et ma foi, cela me plaisait assurément.

Aussi, j'acquiesçai à l'affirmation d'Isaak. À cela, il réitéra son invitation dans le cas où je me lasserais de Stark Tech. Je lui rendis son sourire.

- Je ne manquerais pas de te faire signe dans ce cas-là.

Après tout, Isaak et moi, nous nous entendions bien et Waters Robotics avait de beaux jours devant lui. D'ailleurs, nous fêtâmes le succès d'un accord passé et pas des moindres puisqu'il impliquait un membre de la Confrérie. Mais cela fut relégué au second plan lorsque ma réserve se manifesta en couleur, surprise par la remarque d'Isaak sur mon sourire.

Et donc oui, j'étais rouge comme une pivoine. Une moue recourba le coin de mes lèvres.

- C'est très bien, les pivoines, fis-je le menton légèrement levé.

Moui. Tu parles d'une répartie.

Finalement, je secouai la tête avant de sourire. Autant assumer le rouge puisque à l'évidence, je m'en défaisais difficilement. Ce qui était encore plus vrai à la mention de mon petit ami. D'après Isaak, Mike était chanceux. Hum, c'était plutôt moi la chanceuse dans l'histoire, non ? Toutefois, j'oubliai bien vite ma réflexion à la mélancolie, ou plutôt, à cette résignation qu'exprima mon ami.

Mon front se plissa.

- Te fabriquer une compagne ?

Je repris alors d'une voix plus douce :

- Effectivement, ce n'est pas comme ça que l'amour fonctionne, mais c'est un sentiment compliqué à appréhender, il n'existe pas de mode d'emploi. En général, ça nous tombe dessus sans prévenir. Moi aussi, à une époque, je me croyais bien mieux seule, mais... Les choses évoluent, rien n'est vraiment gravé dans le marbre, même pour toi.

Mon regard s'ancra dans le sien. Parce que son propos était inquiétant et que je n'aimais pas le voir ainsi. Mais mon sourire revint bien vite tandis qu'il m'offrit un haussement d'épaules.

- Oui, tu as tout ce qu'il faut pour aimer et être aimé. Quoique tu dises, tu es quelqu'un de charmant, même si, il faut un peu de temps pour réussir à te percer sous cette armure de nanorobots. Bien sûr, il y aura toujours des gens pour te déprécier, on ne peut, heureusement, pas plaire à tout le monde. Mais quelque part, c'est ce qui rend ce sentiment si précieux.

C'était mon avis. Isaak était humain, il pensait, il éprouvait. Et pour en avoir moi-même parfaitement conscience, la vie n'était pas juste, elle avait définitivement ses laideurs, mais une pièce n'avait-elle pas deux facettes ? Alors, si Isaak avait vécu des déceptions par le passé, nul doute qu'il aurait aussi sa part de bonheur.

De plus, si un cas aussi désespéré que le mien avait réussi à trouver quelqu'un avec qui partager sa vie, tout était possible.

Bon, mon discours avait été plus long que je ne l'avais souhaité. Habituellement, je n'abordais pas ce genre de sujet, mais Isaak avait cette naïveté empreinte de candeur qui était difficile à ignorer. Aussi, autant sortir de sa zone de confort.

Quant à ma timidité, d'après Isaak, elle n'était pas un obstacle insurmontable. En particulier quand la personne en face était tout aussi réservée. Un adage fut cité avant d'être contredit par un autre adage.  

- Oui, je suppose que l'amour n'a aucun sens, en fin de compte, conclus-je dans un sourire.

Isaak était content pour moi.

Ce sur quoi, la conversation s'allégea lorsque je proposais à ce passionné de voiture de tester les transports en commun. Oui, sa réaction fut instantanée. Cependant, nous en convînmes, il n'y avait rien de tel que de voler.

Ce faisant, la technologie étant reine dans ce laboratoire, elle s’immisça à nouveau entre nous sous la forme d'un casque et de deux électrodes. Un petit trésor qui monopolisa mon attention. Et qui poussa à d'autres réflexions.

Jusqu'à ce que l'inquiétude m'arracha complètement de cette petite bulle de confort. William Stark m'avait affirmé que son père travaillait pour Isaak. Et si j'avais momentanément oublié ce détail, ce n'était clairement pas quelqu'un que j'aspirai à revoir. Du tout même, ce que j'expliquai à mon ami. Et inévitablement, je parlais de ce qui s'était passé au Lust.

- Jamais je n'aurais pu imaginer qu'il y ait des cellules dans les sous-sols le Lust. C'était une surnaturelle, précisai-je finalement, mais je suis aussi persuadée qu'elle n'était pas la seule victime des deux démons.

Et j'étais bien désolée de n'avoir pu aller au secours de ces derniers. Malheureusement, une fois Kelen et Edwin au courant de mon intervention, il aurait été suicidaire d'y retourner. J'avais d'ailleurs frôlé la mort. Encore aujourd'hui, la menace n'était pas totalement écartée. Aussi, sachant le lien qu'avait Isaak avec le démon, je ne pouvais que l'avertir du danger.

Mais visiblement, le principal concerné s'était détourné de son petit-fils. Comme son père avant lui. Je pinçai les lèvres. Quelque part, c'était mieux, non ?

- D'accord.

Mes épaules se détendirent.

- Un dernier alors, il ne faudrait pas que je commence à voir double, fis-je, en tendant mon verre.

L'alcool avait vite fait d'émousser les sens et l'esprit. Seulement, l'occasion était particulière et méritait d'être appréciée.

Some New Stuff

Tony Mordoh

Notre conversation se tourna vers l’amour… Tony avait bien sûr un petit ami tandis que moi, je n’étais pas sûr de savoir ce qu’aimer voulait dire. Et ce n’était pas du au fait que j’étais un cyborg… Déjà avant, j’avais beaucoup de mal avec tout ce qui touchait au rapport avec les autres, à comment interagir avec eux… Et Tony me confirma qu’il n’y avait pas de mode d’emploi pour ça.

Je fis la moue.

-Voilà qui est embêtant.

J’affirmai que, de toute façon, je préférais rester seul. Mais Tony ne voulait pas me voir baisser les bras à ce sujet.

Elle disait que moi aussi, je pouvais aimer et être aimé… Je souris.

-Tu es gentille… Mais ça ne me dérange pas d’être seul, tu sais. Peut-être qu’un jour, l’amour me tombera dessus… Alors là, grâce à tout ce que tu viens de me dire, je reconnaîtrai peut-être ce sentiment et m’y laisserai aller.

Je souris.

-En attendant, j’ai mes amis les robots, et toi.

Nous en vînmes à la conclusion que l’amour n’avait finalement aucun sens, puisque les adages s’annulaient l’un l’autre.

On changea vite de conversation pour parler de mon casque. C’était une conversation que je maîtrisais mieux, mais surtout, Tony avait été impressionnée par l’invention et ça me rendait fier !

Puis elle s’inquiéta de savoir si Edwin allait rappliquer. Je la rassurai sur ce point et elle me confia ce qui lui était arrivé dans le sous-sol du Lust. Je frottai mon menton. Alors il y avait des cellules dans le sous-sol du Lust et les démons, y compris mon grand-père, y faisaient des expériences…

-Je me demande si je ne devrais pas me programmer pour les reconnaître et les exterminer… Je n’ai rien contre les surnaturels, tu en est la preuve, mais les démons… Edwin… Ils ne méritent pas de vivre.

Pas parce qu’ils faisaient du mal aux autres, mais parce que l’un d’eux, Edwin, s’était joué de moi.

Je proposai à Tony un dernier verre pour la route… Notre entrevue était terminée. J’en avais beaucoup appris et j’espérais que ça avait été plaisant pour elle.

-Tiens, reprends le casque, je te l’offre. Tout ce que je te demande, c’est d’en faire la promotion, de dire que c’est du Waters Robotics. De mon côté, je vais le mettre sur internet.

Son verre terminé, je la raccompagnai jusqu’à l’entrée.

-Merci d’être venue… Et fait très attention aux démons.

ft. Isaak

Non, l'amour n'avait pas de mode d'emploi, son algorithme était trop vaste, trop hasardeux et trop complexe pour être décrypté. Et finalement, c'était cette incertitude qui rendait tout possible. Alors il n'y avait rien de dommage et encore moins de porte fermée en ce qui concernait Isaak.

Il me trouvait gentille. Oui, même si être seul n'était absolument pas pour le déranger. C'était un discours que je pouvais comprendre, être seul n'était pas une tare, loin de là même, toutefois, je fus contente de l'entendre dire qu'il se laissait la possibilité du peut-être.

Je répondis à son sourire avant d'opiner du chef.

- En attendant, tu as tes robots et moi, confirmai-je pour finalement ajouter avec une touche d'humour, surtout si c'est pour déguster des spaghettis bolognaise.

Et assurément pour discuter d'invention comme le casque que me présenta Isaak. Un petit trésor de complexité comme je le découvris. Cela méritait bien un nouveau verre de champagne et tout mon enthousiasme.

Cependant, il fut bientôt question d'Edwin Stark. La simple évocation de ce démon suffisait pour me faire perdre le sourire et éveiller mes inquiétudes. Comment aurait-il pu en être autrement après cette fameuse nuit au Lust ? Mon explication amena alors Isaak à s'interroger sur ce que lui-même pouvait entreprendre.

Le mot « exterminer » ne tarda pas à creuser un pli entre mes sourcils.

- Cela pourrait te rapporter des ennuis et... Je ne sais pas, Edwin est certes un être malveillant, mais le tuer... C'est un acte terrible, bien qu'il mérite clairement d'être arrêté.

Le calcul semblait si simple pour mon ami, pourtant, cela demandait de la réflexion. Pour moi, cela demandait de la réflexion.

Mais il n'était plus temps de s’appesantir sur ce démon pour accepter un dernier verre.

Mon regard s'illumina quand le casque me fut tendue. Et mes lèvres de s'étirer à nouveau dans un large sourire face à ce cadeau.

- Tu es sûr ?

Je secouai la tête pour me reprendre.

- Merci, je saurais quoi en faire ! Et je ne manquerai pas de te faire de la publicité, promis. Encore merci.

Ce sur quoi, je lui embrassai la joue. Pendant quelques secondes, trop obnubilé par ce présent, j'oubliai mon verre. Malheureusement, toute bonne chose avait une fin et la dernière goutte de champagne disparue. Je récupérais alors mes affaires, le majordome mécanique me rendant mes affaires.

- Je ferais attention et à la prochaine !

Cela m'avait fait indéniablement plaisir de voir Isaak.

Ainsi, je le saluai une dernière fois pour enfin reprendre le chemin de la maison, des musiques plein la tête bientôt retranscrit par un fabuleux casque.