ft. Bobby

Renouer avec ma passion m’avait comme qui dirait, fait pousser des ailes. Dessiner des scènes de vie dans les parcs c’était bien beau mais ça manquait d’originalité ou plutôt perdait peu à peu l’attractivité des débuts. Si les enfants restaient de loin mes sujets favoris, j’avais pris goût également à dessiner des sujets plus …matures après avoir croisés Edwin et son adorable bout’chou.

Après avoir déposé au pressing les deux chemises et le costume de Monsieur Johnson, je suis rentrée chez moi pour me changer. Adieu petite tailleur ou plutôt au diable et bonjour jean, basket et bombers teddy Smith. Voui je sais, y a rien de bien folichon dans tout ça mais je ne sortais pas pour aller draguer ou me faire draguouiller. Pour résumer, je ne tenais pas à attirer l’attention de qui se soit à part une muse car je comptais bien faire des croquis en me rendant à Staten Island au parc d’attraction. Il parait qu’il est à nouveau ouvert au public, je ne pouvais pas mieux trouver comme nouveau terrain de jeu pour dessiner.

Je ne suis pas fan du métro en fin de journée même s’il y a toujours du monde qui circule quelque part je ne me sens pas réellement en sécurité. C’est nulle je sais mais j’ai déjà donné en matière de mauvaises rencontres alors autant ne pas tenter le diable. En plus je ne pense pas être encore très au point au niveau des transformations. Oh pour ce qui est de changer de couleur de cheveux ou de vernis à ongle pas de problème mais de là à prendre la totale apparence d’une personne j’ai encore des progrès à faire.

Pendant mon trajet de métro, je parcourais les pages de mon cahier à dessin un sourire aux lèvres, m’attardais un peu plus sur certaines comme celle avec la Famille double E devant la mare aux canards, Edward et Edwin. Dernière station avant de descendre, je termine le portrait d’une vieille dame en vitesse avant de ranger le tout dans ma besace.

Que ça soit le jour ou la nuit, vous êtes bousculé pareil dans les couloirs du métro. Je me demande si ce n’est même pas pire la nuit. Il me faut encore marcher un peu pour arriver jusqu’à l’immense parc d’attraction. C’est un festival de lumières et d’odeurs. J’en connais un qui serait fou ici.

Je ne sais pas trop où je vais me poser alors je déambule en m’extasiant devant des manèges. Des trucs qui vous secouent dans tous les sens et qui me font grimacer pour ceux qui sont dedans. Soucoupes volantes, catapulte, auto-tamponneuses, train fantôme, palais du rire… ce dernier me donne des sueurs, je déteste les clowns. Pire encore j’en ai une peur bleue. Je pars à l’opposé du palais du rire et échoue devant un stand de tir à la carabine.

- Une pipe cassée et vous choisissez le lot qu’il vous plaira. Huit plombs pour 5 $.

Je me dis : pourquoi pas, qu’est-ce que je risque ? Je ne vois où il pouvait y avoir une arnaque.

– Tenez, je peux avoir des plombs ?

Le type me montre comment charger la carabine puis passe à un autre client appâté par la belle affaire. Je me concentre sur la ronde des pipes qui ne tournait pas très vite. Tout paraissait facile même pour une débutante comme moi. J’étais persuadée que je visais parfaitement. D’ailleurs j’avais bien la pipe dans l’espèce de viseur. Le tir part. La pipe reste fièrement intacte. Je recommence. Pareil je manque mon tir trois fois comme ça.

– C’est bizarre, je vise bien tout mais on dirait que le tir part à côté d’office… Vous êtes sûr qu’elles sont bien réglées vos carabines…

- Evidemment ma p’tite demoiselle sinon ça serait tricher. Vous ne m’accuseriez pas de tricherie quand même.

Je me sens toute gênée.

- …. Heu non…

Pour le type à côté de moi ça semblait pareil mais lui ne se gêna pas pour le traiter de tricheur jusqu’à même le menacer avec la carabine. Je me recule pour éviter d’être mêlée à ça ou de me prendre un coup mais en me reculant je sens que j’écrase le pied de quelqu’un juste derrière moi.

Oh non ça ne va pas recommencer...

Oh non ça recommence…

Misty Day

Je m’étais nourri jusqu’à plus soif en ce début de nuit… Cinq humains… J’avais tué cinq humains aux quatre coins de la ville. Ça me permettait de ne pas sauter sur tout de qui bougeait mais ne m’empêchait pas de grelotter, en manque de sang de sorcier que j’étais… Il allait bientôt falloir que je contacte Howard… Je n’en aimais pas l’idée. Mais j’avais hâte de pouvoir retourner vers Scarlet sans avoir envie de la vider de son sang.

Et le sevrage était long.

Bref, pour ne pas que les autres membres de la Confrérie me voit dans cet état, j’errais en ville et à l’aube, je me trouverais une station de métro où dormir. En attendant, mes pas me menèrent au ferry, jusqu’à Staten Island. J’étais attiré par les lumières colorées du parc d’attraction.

Mais plus je marchais, plus je me rendais compte d’une chose : mon pouvoir de magnétisme irradiait. Je sentais le métal alentour, les poubelles, les rigoles des maisons, grincer, se plier ou carrément tomber.

Je serrai les dents…

S’il y avait des sorciers au parc, je n’allais pas pouvoir me retenir.

Pourtant, il le fallait.

Je n’imaginais même pas à quel point la Morrigane fulminait de ne plus me voir, de tout le temps me rater les rares fois où je revenais au théâtre pour donner quelques instructions.

Bref, j’errai maintenant dans le parc d’attraction, comme si je voulais noyer mon addiction dans la musique et les lumières…

Je fus attiré par le stand de tir… Je m’approchai un peu.

Et les tirs étaient déviés, automatiquement. Je savais que c’était ma faute. Ça commença à énerver un joueur et la jeune fille derrière laquelle je me trouvais recula et me marcha sur le pied. Je ne sentis presque rien tellement elle était légère mais la rattrapai par les épaules pour ne pas qu’elle perde l’équilibre et tombe.

Je remarquai un instant la carotide qui pulsait dans son cou… Mais non… même si son sang avait une odeur spéciale, tentante, ce n’était pas une sorcière… Mais elle n’était certainement pas humaine.

-Attention, ne tombez pas.

Je la lâchai quand elle fut bien campée sur ses pieds. Heureusement que j’avais bu tout mon saoul et heureusement qu’on était dans un endroit public.

Entre le forain et l’homme qui l’accusait d’avoir truqué les carabines, ça commençait à chauffer. Alors je m’approchai et déposai une petite poignée de dollar sur le comptoir.

-Tenez… Réessayez… ça va marcher cette fois.

Ouais, si je m’éloignais, ça allait se rétablir, parce que je serais trop loin pour que mon magnétisme agisse sur les plombs.

Je m’allumai une cigarette et dis avec le sourire à la jeune femme.

-Et vous, regardez où vous mettez les pieds…

ft. Bobby

Au même instant où j’ai senti sous mon pied autre chose qui m’avait tout l’air d’être un pied qui ne m’appartenait pas, j’ai fermé les yeux en me disant : Oh noooon ça ne va pas recommencer. La dernière fois qu’un truc pareil m’était arrivé, ça ne s’était pas du tout bien terminé.

Une bonne poigne s’empare de mes épaules et m’empêche de finir probablement les fesses par terre. Ah ben tiens ça aussi, les fesses par terre je connais… Je devrais m’en inquiéter, non ? A force je vais croire que la poisse me colle parce que ces situations commencent à devenir de vieilles copines.

Un point positif, je ne suis pas incendiée par des protestations ou des hurlements exagérés parce que j’y suis allée de tout mon poids sur ce pauvre pied mais la voix masculine se montre plutôt prévenante.

Une fois stabilisée sur mes jambes, je vais pour pivoter pour voir à qui appartenait le pied mais son propriétaire se déporte pour refiler toute sa monnaie et offrir une partie au mécontent qui lui ne se gênait pas pour insinuer que le jeu était truqué. C’était d’ailleurs sa faute si je venais d’écraser ce pied. Ce cadeau inattendu calma illico la vague de colère qui s’élevait rapidement. Je regardai la scène encore un peu éberluée quand un nuage de fumée me chatouilla les narines et me fit réagir en …toussant pendant que ma victime, tout sourire, me rappelle gentiment à l’ordre. Je reste quelques secondes sans voix avant d’en rire.

– Ha ha ha un conseil que je vais essayer de suivre… vous savez que vous n’êtes pas mon premier pied écrasé. J’affiche une moue désolée. Je devrais peut-être songer à prendre un chien guide, il éviterait que je me ridiculise… Je ne vous ai fait trop mal au moins ?

Je cherchais un signe de douleur, un truc qui dirait : ouille ouille mais je ne voyais rien à part un homme qui semblait très fatigué, qui me faisait de la peine.

– Il me reste encore deux tirs à faire et je ne suis vraiment pas douée… est-ce que… ça vous dit ? Ça serait ma petite contribution pour m’excuser de la maltraitance sur votre pied. L’invitai-je un grand sourire aux lèvres. Vous ne pouvez pas faire pire que mes tirs…

Une espèce de parade de gens du cirque et de CLOOOOWNS déambule dans l’allée pour animer la fête ou faire de la pub pour un spectacle, je n’en sais rien parce que je bloque sur les clowns. Plus la parade approche, plus je me décale pour me cacher derrière ma « victime ».

- …holala s’il vous plait faites qu’ils ne s’approchent pas… s’il vous plaiiiit… j’ai une trouille pas possible des clowns…

Je me tassais pour ne faire qu’un avec lui. Pendant ce temps, le tireur mécontent ne s’était pas fait prier pour prendre la monnaie et s’offrir une nouvelle partie. Mais ça ne se passait toujours pas comme il voulait et jurait comme il n’était pas permis t’entendre.

Comme c’était bien pour faire de la pub et la distribution de flyers, une saloperie de clown s’approchait de nous. Je crois qu’en plus d’écraser son pied, je broyais le bras de ce pauvre monsieur un peu plus à chaque fois que la distance se raccourcissait entre nous et ce clown.

Oh non ça recommence…

Misty Day

Je rattrapai la jeune fille et offris une nouvelle partie à l’homme mécontent. Celui-ci pris des nouveaux plombs sans même me remercier et recommença… Je n’avais pas intérêt à rester là si je ne voulais pas que les plombs fassent encore n’importe quoi… Il fallait que je m’éloigne pour que l’homme gagne ou perde sans intervention involontaire de ma part.

Mais quand je me retournai pour m’éloigner, je tombai face à la jeune fille, bien plus petite que moi, qui me fit baisser la tête pour la regarder, un peu interloqué. Je lui dis de regarder où elle marchait à l’avenir, mais sans être méchant ou mécontent… Juste un petit conseil dit avec le sourire.

Et j’enclenchai en fait un véritable moulin à parole. Comment une si petite chose pouvait débiter autant de mots à la minute ? Bien que j’étais marié à pire. Scar ! Quand Scarlet ouvrait les vannes, il fallait s’attendre à un tsunami de paroles… Et même ça me manquait chez elle.

Apparemment, je n’étais pas la première victime de la jeune femme qui dit avec beaucoup d’autodérision qu’elle devrait se prendre un chien guide. Je souris en coin. Voilà qui manquait beaucoup à la Morrigane, l’autodérision… Mais elle était bien trop vieille pour changer.

-Non, vous ne m’avez pas fait mal… il faut que je m’éloigne maintenant…

Mais je soupirai quand elle me retint en disant qu’il lui restait deux plombs et me proposa de les tirer à sa place. Je regardai l’autre gars qui maugréait parce que mon magnétisme partait encore dans tous les sens et me rapprochai du comptoir pour prendre la carabine, plantant ma cigarette entre mes lèvres.

Mais je n’eus pas plus de chance que le pauvre malheureux. Mes tir déviaient d’une drôle de façon mais encore heureux, personne ne se dit que c’était sacrément bizarre.

Je me tournai vers la jeune femme.

-Désolé, pas de lot pour vous… apparemment, je ne suis pas plus doué que vous.

Puis une parade se mit à déambuler dans les grands axes du parc, avec toute sorte de personnage déjanté dont des clowns. Et la jeune fille se cacha derrière moi et me pressa le bras. Heureusement que j’avais un manteau pour la cause, sinon elle aurait senti que j’étais un peu trop froid, même pour la saison.

Elle m’expliqua qu’elle avait une trouille bleue des clowns alors que l’un d’eux s’avançait vers nous. Elle se cacha encore plus derrière moi et me serra encore plus le bras.

Je m’adressai donc au clown d’un ton fatigué…

-Elle a peur des clowns… S’il vous plait, laissez-la tranquille.

Et l’homme sous le maquillage compris et n’insista pas, retournant retrouver sa troupe et je regardai par-dessus mon épaule.

-C’est bon, vous pouvez sortir de là.

Je lui souris.

-Vous avez l’air bien sympathique et je discuterais bien avec vous, mais il faut absolument que je m’éloigne du stand de tir. Le bruit des carabines m’angoisse.

Je lui fis un clin d’œil…

-Il me reste un peu d’argent, ça vous dit une barbe à papa ?

Je tirai longuement sur ma cigarette…

ft. Bobby

C’était bien naturel de lui proposer mes derniers plombs pour le remercier de sa bienveillance. En plus il ne pouvait que faire mieux que moi. Plus nulle, tu ne pouvais pas alors j’espérais bien que lui réussisse. J’avoue que j’avais repéré un joli petit mouton en peluche qui plairait bien au petit Edward. Ok ce n’était pas un bélier mais c’était presque pareil, non ? Je me souviens encore quand il a dit que lui c’était Bélial pour bélier. C’est trop mignon quand les petits commettent des erreurs de langage pour s’exprimer.

Tous mes espoirs reposaient sur ce gentil monsieur qui accepta ma proposition bien malgré lui parce qu’il n’avait pas caché son envie de s’éloigner. Le type à côté de nous n’arrêtait pas de manquer ses tirs et fulminait. Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’il hérite de ce qu’il mérite à ne pas se remettre en question parce qu’il tire comme un pied, ou tout simplement se montrer plus poli. Il ne faut jamais dire : Bien fait parce que ce n’est pas sympa mais bon… c’est vrai que je l’ai pensé très fort.

J’ai sans doute mal fait en pensant très fort que c’était mérité parce que les deux plombs n’atteignent pas leur cible. Mince…tant pis pour Edward. Le gentil monsieur s’excusa.

– Ne vous en faites pas, ce n’est pas grave… faut croire que nous ne sommes pas faits pour le tir à la carabine mais plus pour la pêche aux canards. Me moquais-je en riant de notre malchance.

J’allais lui donner mon prénom mais l’arrivée d’une parade avec son lot de clown me paralyse. Je me cache dans le dos de l’inconnu sans omettre de lui broyer le bras de ma peur-panique. Entre son pied et son bras, il va finir par me maudire.

Pitié, pitié faites que ce monstrueux clown se casse. Me répétais-je en fermant les yeux pendant que mon chevalier blanc demande au clown de me laisser tranquille. oui caaasseuh toi enfoiré de clown.

Quand j’ai le feu vert, je relâche son bras, gênée et sors de derrière son dos toujours un peu sur mes gardes.

– Vous devez me prendre pour une imbécile en plus d’être maladroite et broyeuse de bras… Je pince les lèvres d’un air désolée. … vraiment pardon pour tout ça.

C’est là qu’il m’annonce que le bruit des carabines le stress. Je m’en veux encore un peu plus de l’avoir forcé à tirer les deux plombs.

– Mais quelle andouille je suis… vous auriez dû me le dire… au moins vous, vous n’êtes pas tétanisé. Je lui tends la main. Moi c’est Misty reine de la maladresse et la trouillarde de service… Je serais ravie de discuter avec vous du moment que je suis loin des clowns mais la barbe à papa c’est moi qui vous l’offre. D’accord ?

Il était vraiment temps de s’éloigner de toute manière, je sentais qu’une bagarre allait finir par arrivée avec l’autre mauvais perdant qui incendiait le forain.

Pendant qu’on marchait, on passe à côté d’un stand de pêche aux canards, je lui montre d’un signe de tête en riant.

– Vous aussi, vous cherchez à occuper votre soirée en venant ici ? Moi j’y suis aussi venue pour faire quelques croquis… j’aime bien dessiner. Et vous c’est quoi votre truc ?

Oh non ça recommence…

Misty Day

Je jetai mon mégot à terre après avoir largement manqué les cibles avec les deux plombs offerts par la jeune femme… Mon magnétisme les déviait alors que d’habitude, j’aurais justement mis dans le mille grâce à mon pouvoir…

Je m’excusai à la jeune femme et rigolai, un peu crispé, quand elle dit qu’on serait plus forts à la pêche aux canards…

-Ça ne fait aucun doute.

Elle allait dire quelque chose mais l’arrivée de la parade la paralysa. Elle fut tétanisée par un clown et s’accrocha à mon bras… Elle serrait, mais ne me faisait pas mal… Ou en tout cas, j’étais résistant à la douleur, moi qui étais plus fort que les humains… Mais celle-ci n’était pas humaine, son sang avait une odeur particulière… Mais pas attirante comme celui des sorciers, fort heureusement pour elle.

Bref, elle n’était pas humaine, c’était ce qui me poussait à aller de l’avant avec une petite conversation. On ne savait jamais si elle avait besoin de l’aide de la Confrérie, bien qu’elle semblait vivre sa vie librement et sans crainte avant que les clowns n’arrivent.

Je demandai gentiment aux clowns de la laisser tranquille et ils partirent.

Une fois qu’ils furent un peu plus loin, la jeune femme s’excusa…

-Ne vous en faites pas… J’aime protéger les autres.

Et c’était d’ailleurs pour cette raison que je ne rentrais presque plus au théâtre : pour protéger Scar de mon addiction.

Je lui dis que je voulais bien discuter avec elle si on s’éloignait du stand de tir. Je prétextai que le bruit des carabines me stressait. Elle s’excusa encore et me tendis la main.

-Moi c’est Bobby.

Peut-être qu’elle avait entendu parler de moi, au marché noir ou ailleurs… Et d’un autre côté, ce n’étaient pas les Bobby qui manquaient à New-York…

-Bobby Sands.

Je lui serrai la main et on se mit en marche.

Elle voulait m’offrir la barbe à papa… je secouai la tête avant de remettre une cigarette dans ma bouche…

-Non non, j’insiste… Je ne peux pas en manger moi… Je n’aime pas trop ça.

Toute nourriture humaine avait un goût de cendre… Seul le sang avait bon goût.

Je rigolai avec elle quand on passa à côté de la pêche aux canards puis on arriva au stand de barbes à papa. Je posai quelques maigres dollars qui me restaient sur le comptoir et la laissai commander sa couleur préférée.

Puis, elle me bombarda de questions… Cette fille avait l’air très gentille et enjouée… Pas le genre à ne pas être adaptée au monde des mortels.

Elle était venue ici pour dessiner disait-elle… Et elle me demanda ce que moi, je venais faire ici… Ce qu’était mon « truc » ?

Faire sauter des bagnoles ?

-Heu… Je suis insomniaque… Et j’avais envie de voir les lumières… Je trouve le parc très beau… Et ce doit être un endroit génial pour vos croquis… Je peux voir un peu votre travail ? Pas que je m’y connais, hein… Mais par pure curiosité.

Je tirai en tremblant un peu sur ma cigarette… Comme si j’avais froid alors que ce n’était pas le cas…

-Je peux tenir votre barbe à papa pendant que vous cherchez votre carnet.

ft. Bobby

Je passais mon temps à m’excuser. Preuve que je suis bien mal habile ou tête en l’air. A croire qu’en dehors du cabinet de Monsieur Johnson, je suis bien moins concentrée à ce que je fais ou… mhm ou alors c’est une sorte de façon de décompresser. Pourtant je ne peux pas dire que j’ai la pression avec Monsieur Johnson, je dois juste penser pour lui alors que moi je pense à lui… que c’est compliqué tout ça.

Ce n’était donc pas les mille et une nuits mais les mille et une excuses mais on finit par en rire tous les deux. Je finis quand même par me présenter, une main tendue vers mon protecteur qui fit de même. A l’instant où nos mains se serrèrent, j’ai compris ce qu’il était pour avoir rencontré John à L’Aréna. La surprise me figea un instant non pas pour ce qu’il était mais plutôt pour son nom. Boddy Sands. LE Bobby Sands ? Je le regarde mieux. Oh purée c’est bien lui en plus fatigué que dans ce reportage que j’ai vu y a une paie à la télé. Je suis dans mes pensées et super contente que je lui secoue la main plus longtemps que prévu comme si j’avais bugué. Il va vraiment me prendre pour une gourde. Sérieux je pensais qu’il était mort depuis le temps. Je comprends mieux pourquoi sa main est si froide. Je n’ose pas lui demander si c’est bien lui. Si je me trompe je vais me taper la honte. Peut-être que c’est un homonyme… ça serait une sacrée coïncidence. Un Bobby Sands et à présent vampire… Ça ne peut être que lui. Pour l’instant j’évite de m’enthousiasmer, y avait une barbe à papa en jeu.

– D’accord je vous laisse me l’offrir. Acceptai-je avec un large sourire.

Je comprends encore mieux quand il m’a dit tout à l’heure qu’il aimait protéger les autres. Bobby Sands était connu dans ce reportage pour défendre ses convictions politiques, la liberté et militer pour l'indépendance de l'Irlande, pas forcément dans la paix parce qu'avec l'IRA ça rigolait pas beaucoup. Il est malheureusement mort de faim en prison pour ne jamais avoir baissés les bras. Sa mort l'a élevé au statut de martyr et son combat a fait un grand nombre d'émules au sein de l'IRA si je me souviens bien du reportage. Mais comment était-il devenu immortel si dans ce reportage il était mort de faim.

Je gardais toutes mes questions en réserve, je n’osais pas trop, peut-être que ce n'était pas le même Bobby Sands. Fallait que j’éclaircisse tout ça.

Je choisis une barbe à papa toute rose au goût fraise Tagada et remercie Monsieur Sands d’un sourire poli avant d’avaler un morceau de nuage rose.  

Quand je lui explique la raison pour laquelle je suis venue à la fête foraine, je demande ce qu’il vient y faire.

– C’est moche ça les insomnies. Franchement je n’avais aucune connaissance sur les vampires à part celles que j’avais pu constater avec John. Une grande rapidité comme la force et la nécessité de se nourrir de … sang. Mais pour le sommeil je ne savais pas du tout. Oh mais bien sûr, je peux vous montrer avec plaisir. Mais j’étais bien embarrassée avec une main pleine de sucre et l’autre qui tenait la barbe à papa. Je ne me fais pas prier pour la lui tendre. Frotte mes doigts sur mon jean après les avoir sucés. Il y a beaucoup de croquis d’enfants, ce sont mes victimes favorites. Riai-je. Le petit dernier en date c’est Edward… c’est pour lui que j’espérai remporter une peluche tout à l’heure. Je ne fais pas que des portraits, j’aime bien l’architecture aussi, les paysages…

Sa main tremble à chaque fois qu’il approche sa cigarette des lèvres comme s’il était en manque de nicotine. Je lui tends mon calepin et récupère la barbe à papa. Il y a toujours le premier dessin que j’ai fait d’Edward et d’Edwin.

– Monsieur Sands ? …je peux vous poser une question ? Ça sera sûrement « des » questions. Est-ce que c’est bien vous… le Bobby Sands de l'IRA ? Je demande tout bas. …parce que j’ai vu il y a longtemps un reportage à la télé… on ne vous a jamais dit que vous lui ressemblez si ce n’est pas vous ? Les pages de mon calepin tremblotent sous ses doigts. - … Vous vous sentez bien ?

Il fait si miséreux, je suis triste pour lui qu'il soit le vrai Sands ou pas. J'aimerai l'aider mais je ne sais pas comment.

Oh non ça recommence…

Misty Day

Elle me serra la main en se présentant et je me présentai aussi et je vis clairement dans ses yeux que ça fit « tilt »… Elle secoua ma main encore un moment et je la regardai faire, amuser, ma clope plantée entre mes lèvres.

Elle finit par me lâcher et accepter la barbe à papa.

-A la bonne heure ! J’aurai fait une heureuse aujourd’hui.

On se dirigea vers le stand de friandise et je laissai la jeune femme choisir sa barbe à papa. Je déposai sur le comptoir les quelques derniers dollars que j’avais volé sur mes victimes de ce début de nuit. Misty se mit à manger avec gourmandise avant de me demander ce que je venais faire là… je choisis une excuse qui pouvait passer car je ne savais pas qu’elle avait déjà grillé ce que j’étais comme moi j’avais, sans savoir exactement ce qu’elle était, sentis qu’elle était surnaturelle.

Misty, elle, venait ici pour dessiner c’était donc  ça qu’elle faisait ici. Elle voulait même bien me montrer ses œuvres.

Je lui proposai de tenir sa barbe à papa pendant qu’elle prenait son carnet dans son sac. Elle m’expliqua en même temps qu’elle préférait dessiner des enfants, que le dernier s’appelait Edward et que c’était pour lui qu’elle voulait gagner une peluche tout à l’heure.

-C’est très gentil de votre part. Ce petit garçon à de la chance.

On refit l’échange, la barbe à papa contre le carnet que je voulus commencer à feuilleter mais Misty m’interrompit timidement.

Je tremblais mais mon regard se fit perçant quand elle me demanda si j’étais bien le Bobby Sands de l’IRA.

Je la pris doucement par la main et l’emmener un peu à l’écart des passant.

-Ouais, je suis ce Bobby Sands là…

Je souris.

-Mais je ne suis pas seul à être spécial, pas vrai ? Tu l’es aussi… Ton sang n’a pas l’odeur de celui des humains… Ne t’en fait pas, je ne suis pas une menace pour les autres surnaturels, que du contraire.

Je lui souris encore et ouvris le carnet. Mon cœur fit un bond. Je ne reconnus pas l’enfant, forcément, mais bien l’homme qui le tenait.

Je grognai dans ma barbe.

-Edwin Stark…

Celui qui m’avait créé, ce que j’avais encore du mal à admettre… De n’être qu’une expérience.

Je tremblai un peu plus.

-Ouais, je vais bien… Dis-moi, où est-ce que tu as dessiné cet enfant ? Et cet homme ? J’ai besoin de savoir.

ft. Bobby

J’ai quand même fini par me jeter à l’eau à force de cumuler mes questions en lui posant la principale : est-ce qu’il était bien LE Bobby Sands en lien avec l’IRA que j’avais vu un jour à la télé ? Faut dire que le reportage n’était pas jeune mais bien plus en tout cas que le sujet qu’il traitait. J’avais commencé à faire le rapprochement quand nos mains se sont touchées. La sienne était super froide mais parce que la nuit était fraiche… John Konstantine m’avait provoqué la même sensation et John était… un vampire. Tout ça pouvait donc laisser entendre que le Bobby qui se tenait en face de moi était peut-être le même que celui dans ce reportage.

Par contre, je ne m’attendais pas à ce qu’il m’entraine à l’écart une fois ma question posée. Même s’il ne l’a pas fait brutalement, je n’ai pas pu empêcher mon cœur de s’emballer par la soudaineté et la surprise de l’action. En plus c’était limite que la peur ne s’empare de moi quand il braqua son regard sur moi, j’ai cru que j’avais franchi une frontière qu’il n’aurait jamais fallu franchir. Son sourire ne calma pas les battements affolés de mon cœur parce qu’il avait également deviné que je n’étais pas juste Misty la maladroite mais quelque chose de plus. J’avoue que nier ce que je ne pouvais pas cacher au flair d’un vampire, revenait à déclarer que la Terre n’était pas ronde. Toutefois je me souvenais que Monsieur Johnson m’avait dit de me méfier quand je lui avais montré en quoi consistait mon pouvoir. De toute évidence j’étais grillée comme surnaturelle alors à quoi bon dire qu’il se trompait.

Progressivement mon cœur se calmait au rythme de ma respiration et des paroles de Monsieur Sands que je voulais bien croire même si je n’en saisissais pas toute la portée.

« Je ne suis pas une menace pour les autres surnaturels, que du contraire… » Qu’est-ce que ça signifiait ?

Je déglutis un grand coup avant de pouvoir parler avec apaisement et de lui confirmer d’un hochement de tête que j’étais bien spéciale aussi.

- …oui, je le suis… je ne peux pas tromper vos sens… Quelque part je commençais à mieux comprendre toute l’importance de faire plus attention aux personnes que je croisais. … mais… vous n’étiez pas spécial dans le reportage. On vous voyait en plein jour… comment est-ce possible ? Que voulez-vous dire par vous n’êtes pas une menace… ?

Mon bon sens, ou appelez cela comme vous voulez, finit par avoir le dessus : après tout si Monsieur Sands n’avait pas eu de bonnes intentions, je serais probablement déjà dans de sales draps. Au lieu de cela, il continue à me rassurer par des sourires avant de reporter son attention sur mon carnet à dessin. Pendant qu’il regardait, moi j’avais retrouvé ma gourmandise et arrachais de copieux morceaux de barbe à papa.

Je lui avais parlé du petit Edward et du cadeau que je voulais lui faire grâce aux tirs à la carabine. Il allait pouvoir découvrir mon petit modèle et mes autres centres d’intérêt.

La bouche pleine de barbe à papa, je m’interromps un instant pour l’observer curieusement parce qu’il grommelle en regardant mes dessins. Je m’inquiète puis j’ai remarqué que ses mains tremblent souvent mais après tout je me dis : Il n’aime pas !? juste au moment où il reconnaît Edwin et le nomme à voix haute.

– Oui c’est bien Edwin… on dirait que ça vous contrarie… Je regarde ses mains et pose une des miennes sur les siennes. vos mains tremblent… Il me montre le dessin d’Edward. Je retire ma main. C’est Edward le petit garçon dont je vous ai parlé… ça remonte à quelques mois, c’était dans un parc… Pourquoi vous voulez savoir ça ? Vous connaissez Edwin et son fils … Il est mignon vous ne trouvez pas ? Je n’ai jamais vu un petit bout aussi câlin.

Je le fixe de mon 1,57 m autant dire que je le regarde en levant mon bout de nez.

– Bobby… on dirait que vous avez vu un fantôme… vous m’inquiétez.

Oh non ça recommence…

Misty Day

Quand j’emmenai la jeune femme à l’écart, j’entendis clairement grâce à mes sens accrus sont cœur s’emballer. Je ne voulais pas lui faire peur et encore moins lui faire du mal. Un contrôle que je n’aurais probablement pas eu si elle avait été une sorcière.

Je lui offris sa barbe à papa mais ça ne la calma pas même quand je lui dis que je ne ferais pas de mal à une surnaturelle, que du contraire…

Enfin presque… Pour le moment, je n’étais presque pas un danger… il fallait que je me seuvre du sang de sorcière et il me faudrait encore un peu de temps pour ça… Du temps que je perdais en ne le passant pas avec Scarlet… heureusement que nous avions l’éternité pour nous rattraper.

Et que j’aurais l’éternité pour me faire pardonner parce qu’il faudrait bien ça pour la Morrigane… Je me voyais d’ici me faire engueuler par une Scarlet enragée qui m’enverrait des vases à la tronche tout comme Cléopâtre dans un dessin animé que j’avais regardé avec le petit Matthew.

Bref, pour l’instant, j’en étais à Misty et sa barbe à papa… Une Misty qui avait bien remarqué que je n’étais pas tout à fait humain, tout comme j’avais remarqué qu’elle ne l’était pas non plus.

Elle déglutit avant de me l’avouer tout haut.

-Et qu’est-ce que tu es ? Pas une sorcière, en tout cas…

Mais elle avait des questions elle aussi, à savoir si j’étais le Bobby Sands qu’elle avait vu à la télévision. Je lui souris, nostalgique…

-Non, je n’étais pas spécial à ce moment-là… J’étais ce que Thatcher aimait appeler un terroriste, quand je me battais pour la liberté des miens et l’indépendance de mon pays.

Je pinçai les lèvres, pas encore prêt à avouer tout haut que je n’étais qu’une expérience d’Edwin Stark… ni que je n’avais aucun souvenir de comment j’avais réussi à m’enfuir de la prison de Maze en 1981…

Je souris un peu plus franchement quand elle me demanda ce que je voulais dire par le fait que je n’étais pas une menace.

-Je ne suis pas une menace pour toi parce que tu es surnaturelle et tu n’es pas un démon non plus, je pense. Je dirige actuellement une Confrérie qui rassemble des surnaturels un peu perdus ou trop faibles pour se défendre eux-mêmes… Tout le monde est le bienvenu, sauf les démons…

Je haussai les épaules avant de tirer sur ma cigarette.

-Donc je ne suis pas une menace pour toi.

Elle me montra ensuite ses dessins et je reconnus directement Edwin Stark… Et je ne pouvais que déduire que le bambin qui était dessiné était le néphilim démoniaque. Un néphilim que recherchaient activement l’ange Sandy et l’agent du SPN Frank Barnes. Et ma réaction attira les questions de Misty.

-Je connais Edwin Stark, c’est un démon… Et ce petit bambin si affectueux que vous me décrivez est destiné à devenir l’image même du mal si on le laisse entre les mains de Stark. Je connais un ange qui cherche le petit, afin de changer son destin…

Je passai au tutoiement.

-Tu as dessiné ça dans un parc… mais as-tu une seule idée d’où je pourrais les trouver ?

Elle s’inquiétait pour moi, comme si j’avais vu un fantôme. Je lui rendis son carnet et frottai mes yeux…

-Non… j’ai juste… Quelques problèmes avec mon épouse… Mais ce n’est rien, ça va passer.

ft. Bobby

La question fatidique tomba : qu’est-ce que j’étais… ?

- … non c’est juste, je ne suis pas sorcière même si ma particularité pourrait s’assimiler à de la sorcellerie aux yeux de certains. J’hésite à lui dire mais je ne perçois pas de menace puis ce n’est pas avec les vampires que j’ai failli y rester mais avec des lycans. Je peux vous montrer tout à l’heure… si vous voulez mais j’aimerai que vous répondiez à mes questions… s’il vous plait…

Je ne sais pas si Monsieur Johnson serait fier de moi mais cette fois je réfléchis avant d’agir, même si Monsieur Sands m’inspirait confiance peu à peu en apportant ses réponses. Mon visage exprime mes pensées et mon empathie pour ce qu’il a été et dû affronter quand il n’était encore qu’un mortel. Toutefois le mystère de sa transformation reste entier, je préfère ne pas insister comme si je ressentais chez lui que cela relevait de quelque chose d’intime qui ne me regardait pas. Peut-être en gardait-il un traumatisme.

Son visage semble s’éclaircir quand il me confie ce qu’il entendait par : « je ne suis pas une menace ».

– Une Confrérie !? … je ne savais pas qu’il existait un tel lieu pour nous… pourquoi d’ailleurs ? Est-ce que c’est …secret ?

J’imagine que oui sinon pourquoi mes parents biologiques ne m’auraient pas confié aux bons soins de cette Confrérie ? Je n’ai pas eu une enfance malheureuse et j’aime de tout mon cœur mes parents adoptifs mais auprès des miens, je veux dire d’autres surnaturels, j’aurais probablement pu développer d’avantage mes compétences.

Je souris à Monsieur Sands quand il conclue ce que je présumais : qu’il faisait parti des gentils comme Monsieur Johnson. Je n’avais plus aucune raison de me méfier de lui et finis par lui montrer l’étendu de ma particularité en prenant son apparence tel son reflet dans un miroir. A la différence que le Bobby Sands que j’étais, mâchouillait de la barbe à papa en lui souriant avec mes fringues.

- … voila ce que je suis… une métamorphe.

Le lieu n’étant pas discret, je ne reste pas longtemps dans le costume de Bobby Sands puis lui et moi ne faisons pas le même tour de taille, j’étais à l’étroit dans mon jeans. Je pousse un soupir de soulagement d’ailleurs quand je redeviens moi et mes 1,57m.

L’effet de cette transformation digérait, c’est un autre effet de surprise qui arrive quand Bobby reconnaît Edwin et me fait une révélation qui me fait vaciller comme si je venais de me prendre une baffe.

- …Que quoi… qu’est-ce que vous dîtes ? Un démon… tous les deux… ce n’est pas possible… Edwin comme Edward sont adorables…. Vous devez vous tromper… Je suis atterrée. … ce n’est pas possible… Je cherche à m’asseoir mais il n’y a rien. …un ange vous dîtes ? … Je ne savais même pas qu’ils existaient tout comme les démons du reste… je ris nerveusement. … vous êtes certain de ce que vous affirmez… comment je peux être sûre que vous ne voulez faire aucun mal à Edward… alors que votre Confrérie n’accueille aucun démon… ce n’est qu’un petit enfant, il n’a rien fait de mal.

Evidemment que je savais comment les trouver. Edwin m’avait accordé de son temps pour me servir de modèle… j’avais son numéro de portable. Mais il n’était pas question que je le trahisse.

Les mains de Monsieur Sands tremblèrent beaucoup plus, je lui demande s’il va bien. C’est vrai que ce n’est sûrement pas évident pour lui de voir Edwin s’il n’apprécie pas les démons. Je ne connais pas les différents qu’il peut avoir avec eux. De mon côté je ne peux dire qu’Edwin a été mauvais avec moi, c’est même le contraire quelque part il m’a redonné confiance en moi.

Lorsqu’il se frotte les yeux en évoquant son épouse, je crois que c’est de la tristesse en plus de la fatigue qu’il semblait trainer depuis le stand de tir.

- … nous ne devrions pas rester ici pour discuter de tout cela… si vous voulez que je vous fasse confiance… venez, je peux vous offrir un refuge… je crois que vous allez devoir m’expliquer beaucoup de chose sur Edwin, sur ce que cet ange a l’intention de faire et… si je peux vous aider …pour votre épouse… vous vous êtes querellés ?

Oh non ça recommence…

Misty Day

Je hochai la tête quand elle me supplia de répondre à ses questions. J’étais prêt à le faire. Alors, dans tout ce que je lui dis, je parlai de la Confrérie. Et là, elle s’exclama, étonnée de n’en prendre connaissance que maintenant et demandait pourquoi d’ailleurs, ça existait.

Je tirai sur ma cigarette…

-La Confrérie existe depuis 2016, je l’ai fondée avec Scarlet, mon épouse. Et ouais, c’est secret car des gens comme les agents du SPN et autres chasseurs sont une menace pour nous. Les humains ne sont pas censé avoir connaissance de notre existence, mais… tu le savais ça, non ?

Je souris.

-Tout le monde a sa place dans la Confrérie, faible ou pas… Les plus forts veillent sur les plus faibles. Mais nous n’acceptons pas les démons car nous connaissons des anges et que les démon foutrait le bordel dans toute notre organisation.

Je marquai une pause.

-Les démons sont incapables d’aider, de protéger. Ce sont des créatures du Mal. Et… Je suis un fervent catholique. Je me suis battu pour ça étant humain, je continue même si aujourd’hui, les catholiques me brûleraient sur un bûcher.

Curieux, je demandai ce qu’elle était et elle m’en fit la démonstration en pleine foule. Je tendis la main pour l’arrêter avant de la regarder prendre mon apparence, comme si sa peau était faite de millier d’écailles qui se retournaient et je me retrouvais face à moi-même.

-Oh ben merde alors !

J’étais impressionné, très impressionné, mais elle s’empressa de reprendre sa forme initiale. Puis, en regardant dans son carnet à dessin, je reconnu Edwin et lui dit qu’il était un démon et l’enfant, un néphilim démoniaque.

Misty sembla alors toute retournée.

-Edwin est un démon, mais Edward n’est qu’à demi démon… Et ce n’est pas moi qui irai après eux, mais un ange qui aimerait récupérer le petit pour l’élever dans le Bien… En faire quelqu’un de bien et non de démoniaque…

Je tirai sur ma cigarette. Et m’emmena vers un refuge. Mais alors qu’on marchait, j’enchaînais déjà avec les explications.

-Edwin s’est bien joué de toi, on dirait. Je sais qu’Edward, c’est ça ? N’a rien fait de mal… mais il y a une prophétie qui dit qu’un jour, il y aurait une guerre entre anges et démons et que les deux néphilims se retrouveraient face à face. Mon amie l’ange et moi, on aimerait éviter ça. On veut éviter qu’Edwin l’entraîne à ça.

Je soufflai longuement la fumée tout en marchant.

-Ton dessin est la première trace du néphilim démoniaque que nous avons.

Arrivés au refuge, je tremblais de plus belle… Et elle demanda ce qu’il se passait entre moi et Scarlet.

-C’est une sorcière… par amour, alors que j’étais blessé et afin que je guérisse plus vite, elle m’a fait boire de son sang… J’ai développé une addiction à son sang, alors je l’évite par amour, parce que je ne veux pas la tuer… Jusqu’à ce que je sois sevré.

Je regardai autour de moi.

-Toi, c’est ici que tu vis ?

ft. Bobby

J’écoutais avec intention comment était venue l’idée de créer la Confrérie. Je ne sais pas si c’est moi ou mon indéfectible romantisme chevillé au corps mais il y avait quelque chose de tendre dans sa voix quand il nomma son épouse. Scarlet. C’est vraiment un prénom très joli qui me rappelle cette héroïne dans « Autant en emporte le vent », je ne sais pas s’il a le même caractère mais un sacré personnage à la fois volubile et déterminé. Ne laissant personne indifférent.

Quand il évoqua des agents du SPN et surtout des chasseurs, il me ramène aux mises en garde faites par Monsieur Johnson. Lui-même avait été confronté à cette police spéciale. De mon côté, j’avais été témoin d’une arrestation en pleine rue, qui avait eu pour effet traumatisant de museler mes pouvoirs. Ce jour-là, j’avais fait la promesse de ne plus m’en servir pour ne pas affliger cela – une arrestation – à mes parents. Si j’avais eu la connaissance d’un tel sanctuaire comme la Confrérie, je m’y serais sûrement rendue pour ne pas avoir eu à m’amputer d’une partie de ce que j’étais.

Lorsque Monsieur Sands m’interroge, je baisse les yeux en faisant un petit oui de la tête mais lui explique :

- …mes parents sont humains… j’ai été adoptée… ils savent ce que je suis et m’ont protégé en me tenant éloignée de ce monde dans lequel vous évoluait… je suppose que mes vrais parents n’ont pas eu d’autre choix. Votre sanctuaire n’existait pas encore… Connaissez-vous d’autres métamorphes comme moi ? Demandais-je plein d’espoir.

Je me rends compte que je sais peu de chose sur le monde des surnaturels. Et un peu plus encore quand Monsieur Sands me parle des démons. Je ne suis pas pratiquante mais veux bien croire qu’il existe le bien et le mal, il n’y a même pas besoin de religion, le comportement des uns et des autres en est tout simplement le reflet que l’on soit humain ou surnaturel. Dans les deux mondes il y a du bon et du mauvais, même si je n’en ai sûrement que découvert très peu.

J’avais pris le risque de lui montrer ce dont j’étais capable même si nous étions à l’écart, le lieu n’était pas propice à ce genre de révélation. Tout comme notre conversation qui pourrait être entendue par des oreilles indiscrètes. Croyez-vous que parmi les chasseurs il y a des surnaturels à la botte du SPN ? John n’en était-il pas ? Il éliminait des créatures dangereuses comme ces lycans… mais m’avait aussi sauvée. Que c’est compliqué… et va être compliqué de savoir reconnaitre les bons des mauvais. Pour Monsieur Sands, Edwin était le mal incarné et avait abusé de ma gentillesse… Quant à Edward c’était une autre histoire qui semble mener à une prophétie annonçant une guerre entre anges et démons ainsi que deux néphilims… Hein, deux !?

… Comment ça deux ? Est-ce qu’il y a un autre enfant comme Edward ?!

Si j’étais bouleversée par toutes ces informations, Monsieur Sands, lui, n’avait pas l’air au top de sa forme. C’est ce qui m’amena à lui proposer de me suivre. Je ne dois plus avoir toute ma raison pour une telle suggestion mais je tenais à en savoir plus sur ses intentions – à lui ou de cet ange – il n’était pas question de faire du mal à Edward toute moitié de démon qu’il était… puis trahir Edwin m’était insupportable. Je saisissais l’importance de cette prophétie même si quelque part une partie de moi me disait que c’était peut-être du folklore. Comment croire à sa véracité… ?

Nous avions quitté la fête foraine, repris le ferry, le métro jusqu’à mon refuge. Mon chez-moi, un appartement dans le Bronx. Il sent encore la peinture car je n’ai pas terminé de le restaurer. C’était autrefois un atelier de couture qui a été modifié en logement. De cette époque il n’en reste que la verrière dans laquelle j’ai aménagé mon atelier de dessin/peinture. C’est un peu bohème pour ne pas le foutoir organisé d’un « artiste ». L’appartement est grand malgré son prix mais les travaux réhaussent largement le montant final. Bref, je pouvais envisager dans le futur une colocation quand la seconde chambre serait terminée, pour l’instant elle n’avait le nom de chambre parce qu’il y avait un lit et du mobilier de récupération. La pièce principale accueille salon/salle à manger et une cuisine que je viens de rafraichir. Tout un pan du mur du salon est un trompe-œil que j’ai terminé pendant la longue absence de Monsieur Johnson. Il s’agit un paysage mêlant fantasy et monde post-apocalyptique.

Je sentais des regrets teintés de tristesse dans la voix de Monsieur Sands quand il raconta ce qu’il l’obligeait à l’éloigner de son épouse. Je n’aime pas que les gens soient malheureux.

– C’est chez moi ici, vous y êtes le bienvenu et pouvez rester le temps nécessaire pour vous… soigner. Je lui montre du doigt. Il y a une chambre que vous pouvez utiliser à votre guise… Pendant qu’il regarde tout autour de lui, je reviens sur son épouse. …ne voulez-vous pas la prévenir ? Elle doit être morte d’inquiétude à votre sujet… Comment puis-je vous aider Bobby …pour vous soigner ? … Connaissez-vous d’autres vampires qui le pourraient ? Je pose mon portable sur le comptoir qui sépare la cuisine du salon. Vous pouvez vous en servir si vous voulez…

Je m’absente quelques minutes vers mon atelier et reviens avec un autre dessin d’Edward.

– Il a deux ans… Edwin m’a dit qu’il était tout ce qui lui restait de son histoire d’amour avec la maman d’Edward. Sa femme est morte en couche… pauvre Edward qui n’a pas connu sa maman… Parlez-moi de cet ange… comment puis-je vous croire pour cette prophétie, n’est-ce pas juste un conte pour faire peur ?
 

Oh non ça recommence…

Misty Day

Sur le temps du trajet jusqu’à chez elle, on parla un peu de nous… je parlai surtout de moi, en fait, entrecoupé par de lourds silence réflexif où je me demandais s’il était bien prudent de tout révéler à cette jeune surnaturelle… Mais elle avait l’air si gentille, si naïve et j’avais besoin de parler.

Elle me parla un peu d’elle aussi, sur le ferry de nuit qui nous ramena sur le continent. Elle avait été adoptée, mais ses parents adoptifs savaient très bien ce qu’elle était et l’avaient protégée, du coup, elle en savait très peu sur le monde des surnaturels… Et apparemment, en sous-titre, elle regrettait que mon refuge n’ait pas existé plus tôt.

-Tu as de la chance d’avoir eu des parents protecteurs, c’est déjà ça.

Je me rallumai une cigarette.

Puis, je hochai la tête.

-Ouais… Enfin des métamorphes purs, non, mais je connais des sorciers qui ont le don de métamorphose… Ce n’est pas tout à fait la même chose. Mais tu sais, je n’ai eu personne non plus pour me montrer ce monde surnaturels… j’ai du tout apprendre par moi-même et j’ai fait beaucoup d’erreurs.

Je lui souris.

Puis on en revint au néphilims et Misty s’exclama en demandant s’il y en avait bien deux comme Edward.

-Comme Edward, pas vraiment. Edward est le fruit d’un démon et d’une humaine… l’autre petit bonhomme qui doit avoir le même âge à peu de chose près est moitié humain, moitié ange.

On arriva finalement chez elle. Ça sentait fort la peinture fraîche pour mes sens accrus et on voyait bien que Misty était encore en train de s’installer.

-C’est un très bel appartement…

Et j’y étais le bienvenu, disait-elle… Je ricanai…

-Tu ouvres grand ta porte à un type que tu connais à peine ? Un vampire qui plus est ! Tu n’as pas froid aux yeux.

Ou elle était vraiment très naïve. Mais je ne comptais pas lui faire de mal… Lui emprunter son téléphone, par contre, j’allais accepter.

-Je ne veux pas te déranger longtemps. J’irai dormir dans le métro là où je suis sûr que la lumière du jour ne passe pas.

Elle demandait si je ne voulais pas prévenir Scarlet, qu’elle venait être morte d’inquiétude…

Je fis la moue, réfléchissant…

-Non… Quitte à ce qu’elle m’en veuille autant qu’elle m’en veuille pour quelque chose… J’irai la retrouver une fois sevré.

Puis elle demanda comment allait se passer ce sevrage.

-Un autre vampire m’aide… Il va me chercher des poches de sang de sorcier au marché noir et diminue les doses à chaque fois. Viendra bien un temps où je n’en aurai plus besoin et où je pourrai rejoindre la Confrérie.

Je lui souris.

-Je me servirai du portable pour lui donner rendez-vous, si tu veux bien.

Puis, elle me parla à nouveau d’Edwin et d’une histoire abracadabrante ! J’ouvris de grands yeux en tirant sur ma clope. J’étais en train d’enfumer l’appartement de la pauvre Misty.

-Il t’a raconté ça ? Mensonges ! La mère d’Edward est une démone et le père d’Edward n’est autre que l’ultra connu William Stark qui a sa tour en plein milieu de la ville ! Je ne sais pas comment il est tombé entre les griffes de son grand-père, mais ce n’est pas une bonne chose, crois-moi !

Je secouai la tête.

-Quant à la prophétie, Scarlet a vu le futur, et ce n’est pas beau à voir !

Je me calmai un peu.

-Et l’ange s’appelle Sandy… C’est la femme la plus douce et compréhensive au monde. C’est elle, la mère du néphilim angélique qu’elle a eu avec son mari, après leur mariage. Scarlet et la marraine du néphilim angélique.

Je marquai une pause.

-Voilà pourquoi il faut que tu me mettes sur la piste d’Edwin Stark.

ft. Bobby

C’est vrai que j’avais eu de la chance de trouver Colin et Ella, qui sait où j’aurais terminé s’ils n’avaient pas été là. Peut-être qu’aujourd’hui je ferais partie des surnaturels arrêtés par ces agents du SPN. J’apprends que Monsieur Sands n’a eu personne lui aussi pour découvrir le monde particulier auquel nous appartenons. Je n’ose pas chercher à quelles erreurs il fait allusion mais peut-être que je me fais des idées puis je garde à l’esprit qu’il ne connait pas d’autres métamorphes comme moi. Quelque part j’espérai qu’il connaissait mes parents…

– Je suis sûre qu’il reste encore beaucoup de surnaturels qui doivent se débrouiller par eux-mêmes. Comment faites-vous pour leur faire connaître La Confrérie si elle doit rester secrète ? Je mords ma lèvre avant de me lancer à nouveau. …parce que s’ils commettent des erreurs comme vous avez pu en faire… ne vont-ils pas mettre des chasseurs ou ce SPN sur leurs traces ?

C’est clair que j’avais envie de savoir les erreurs de Monsieur Sands et ça devait sûrement se lire sur mon visage quand je lui rends son sourire.

Une prétendue prophétie annonçait que deux enfants comme Edward, né d’un démon et d’un humain, allaient déclencher une terrible guerre. J’étais surprise qu’il y ait un autre enfant et m’en étonne à voix haute. L’explication ne se tarde pas à m’éclairer.

– Oui ça colle avec le récit qu’Edwin m’a fait mais je ne connaissais pas la partie démoniaque. Edward était le fruit d’Edwin et d’une humaine, cette partie était donc vraie. Concernant le second bambin, c’est une autre histoire tout aussi surprenante. Ooh un petit bout mi-ange et mi-humain… Je croyais que les anges n’avaient pas de …. enfin vous voyez… d’anatomie pour ça… Je rougis. Oui, bien désolée mais les cours de sciences naturelles ne mentionnaient pas ces détails.

Le moment de gêne passé, nous étions chez moi où Monsieur Sands était le bienvenu et où nous pouvions continuer notre conversation sans crainte d’être écoutés.

– Merci, c’est mon premier vrai chez moi si on fait abstraction d’une chambre d’étudiante ou d’une colocation toute pourrie. Riais-je juste avant qu’il s’étonne que je l’accueille en quelque sorte à bras ouverts. Pas si inconnu que ça… je vous ai vu à la télé. Me moquais-je de moi-même en souriant. C’est mon plus grand défaut. Je sais que voulez-vous… mais pourquoi je ne vous ferai pas confiance ? Si vous aviez voulu me faire du mal, je ne pense pas que vous auriez attendu d’être chez moi… puis vous trahiriez ce que vous représentez : la protection. Mon sourire se fait timide parce qu’il n’y avait aucune garantie. Un vampire est venu à mon aide il y a un moment de cela… vous avez besoin d’aide et ce n’est pas dans ma nature de ne pas tendre la main. La boucle est bouclée…d’une certaine façon. M’excusais-je presque. Pourtant il préférait l’humidité et l’inconfort du métro. … vous savez ce n’est peut-être pas encore terminé mais il y a des stores et des rideaux. Il n’y a que moi qui vit ici et la journée je vais travailler.   Je ne sais pas ce qu’il décidera. Enfin vous savez que vous êtes le bienvenu comme moi je serais bienvenue à La Confrérie.

Je lui propose l’usage de mon portable. Le numéro d’Edwin figure bien dans mon répertoire mais il est enregistré sous un surnom parce que ça me faisait rire à chaque fois qu’on avait eu à s’appeler. Par contre, je ne comprenais pas son choix à vouloir laisser son épouse dans l’ignorance. Elle devait être morte d’inquiétude moi je le serais à sa place. Pour preuve quand Monsieur Johnson a disparu sans donner de nouvelles, je me suis fait un sang d’encre et nous ne sommes pas mariés…

- … il existe un marché noir !? Je me laisse tomber lourdement sur un vieux canapé. … pfiou c’est une sacrée soirée… vous m’ouvrez les portes de tout un univers dont je n’avais pas connaissance. Et en dehors de poches de sang vous allez me dire qu’on y trouve quoi d’autres… de la viande fraiche pour lycanthrope… des filtres d’amour… faut vraiment que je me trouve un guide du surnaturel… Me moquais-je encore de moi-même. Pas de souci pour le portable, Bobby, il est fait pour ça.

Avec tout ça : le marché noir, La Confrérie, la prophétie… il était impossible d’oublier les révélations faites sur Edwin et Edward. Sans les trahir, je raconte ce que je connaissais de leur histoire et de la naissance du petit Edward. Tout était faux…

- …Stark !? Le Milliardaire ! … Edwin est le GRAND-PÈRE d’Edward !!!??? Ben ça… on ne dirait pas… Stark fait bien plus vieux que lui… je n’en reviens pas… Je suis toute secouée et Monsieur Sands semble bien agité également. Votre épouse a voyagé dans le temps… Je reprends un peu le dessus. Secoue la tête comme pour sortir d’un rêve. Est-ce que cet ange, Sandy… enfin est-ce que je peux la rencontrer… pour m’assurer que rien ne sera fait à Edward… Quant à Edwin… je n’aime pas l’idée de le trahir mais j’aimerai vérifier par moi-même qu’il s’est moqué de moi depuis le début…

Mais peut-être qu’il fallait régler un problème après l’autre comme le sevrage de Bobby grâce au sang fournit par l’autre vampire.

– J’ai peut-être une idée pour Edwin… mais réglez votre problème de sevrage et faites-moi rencontrer cette jeune femme…Sandy.

On est loin de la barbe à papa avec tout ça...

Oh non ça recommence…

Misty Day

Misty se demandait comment on faisait pour faire connaître la Confrérie si elle devait rester secrète…

-Et bien, ça dépend… Nous avons parmi nous un petit garçon qui a des pouvoirs difficilement explicables mais qui nous mets sur la piste de surnaturels en difficulté. Il y a le bouche à oreille aussi… Et puis parfois, c’est Scarlet, lors de ses missions, qui découvre des surnaturels ayant besoin d’aide.

Je ricanai et souris en coin.

-Sans compter ceux qu’on a libéré du SPIN, la prison du SPN.

Puis, on en vint à la prophétie et aux néphilims… Apparemment, Edwin l’avait bien embobinée, cachant sa nature démoniaque… mais Misty s’étonnait plus encore d’apprendre qu’un ange avait pu avoir un enfant.

Je souris et tirai sur ma cigarette dont l’odeur se mêlait à l’odeur de peinture fraîche de l’appartement tout neuf.

-Je t’avoue que je ne sais pas comment ça marche… mais il parait que la naissance d’un néphilim angélique est très rare.

Puis je m’étonnai qu’elle m’invite comme ça, à trouver chez elle un refuge alors qu’elle me connaissait à peine… Enfin, elle m’avait vu à la télé… Elle en rigolait… je souris, bienveillant. Elle disait que je faillirais à ma parole de protéger les surnaturels, si je lui faisais du mal… Ouais, c’était vrai et c’était vrai aussi que je ne lui ferais pas de mal… Mais qu’est-ce qui lui disait que, comme Edwin, je n’étais pas en train de lui mentir comme un arracheur de dent ?

En tout cas, elle me tendait la main, comme pour boucler une boucle car elle avait été aidée par un vampire et elle voulait rendre la pareille.

-Merci, c’est vraiment très gentil à moi. Et par pitié, tutoie-moi… La vie ne m’a pas fait de cadeau mais malgré mon apparence, je suis mort à 27 ans…

Je lui montrai ma cigarette.

-Et ça n’a certainement pas aidé.

Je rigolai.

-Ton invitation est très gentille, je retiens que j’ai un refuge ici au cas où… mais en attendant, je préfère me débrouiller seul. Je me suis toujours débrouillé seul.

Ou presque… on était quand même un beau petit groupuscule, du temps de l’âge d’or de l’IRA… On était tous des jeunes gars très motivés et croyant très fort à notre cause.

Misty me proposa d’utiliser son téléphone et je le fis tournoyer sur la table où elle l’avait laissée… Je ne connaissais que le numéro d’Howard, mais ça pouvait encore attendre, au moins la fin de ma discussion avec Misty.

Une Misty qui s’étonna qu’il y eu  un marché noir.

-Ouais… Seuls les surnaturels comme nous peuvent le voir grâce aux sigles qui le protègent du regard humain.  

Je souris.

-Et on y trouve tout ce que tu viens de citer et bien plus encore.

Et elle s’exclama plus encore quand je lui racontai la véritable histoire d’Edward.

-Normal que William Stark ait l’air plus vieux, il est humain et cardiaque. Edwin a retrouvé son corps à l’âge qu’il avait à sa mort, quand je l’ai tué en Irlande alors qu’il essayait de m’éliminer. Il faisait partie du SPN en ce temps-là.

Mais je n’allai pas jusqu’à avouer, que c’était lui, en faisant des expériences, qui m’avait fait vampire… Je ne voulais pas accepter ça ! Je n’arrivais pas à digérer cette information. Parce que ça remettait en cause ma légitimité en tant que leader.

Elle termina en disant que je n’avais qu’à m’occuper de mon sevrage et qu’elle désirait rencontrer Sandy… un ange pour être sûr que rien ne serait fait à Edward.

-Je m’arrangerai pour que tu rencontres Sandy. Elle est douce et compréhensive, tu verras.

Je pris le téléphone et la petite carte que j’avais dans la poche avec le numéro d’Howard.

-Et moi, je m’occupe de mon sevrage.

ft. Bobby

La Confrérie m’intriguait tout autant que la nature démoniaque d’Edwin, peut-être plus, car elle m’offrait un havre de paix et peut-être la chance d’y croiser des surnaturels comme moi mais ce petit espoir est malheureusement brisé par Bobby qui ne connaissait que des sorciers qui avaient le pouvoir de se métamorphoser avec la magie. Contrairement au mien où cela faisait partie de moi et non d’une formule magique.

J’écarquillais les yeux un peu plus à chaque fois qu’une nouvelle révélation arrivait. Passons les extraordinaires dispositifs pour retrouver des surnaturels afin de leur venir en aide avec ce petit garçon et l’épouse de Bobby. Ce dernier me confie également que la Confrérie a fait évader d’une prison plusieurs surnaturels… Ben ça alors, je crois que c’était une grosse cerise qu’il venait de poser sur le gâteau. Le SPN enfermait tous les surnaturels dans une prison… en même temps qu’est-ce que ces agents pouvaient en faire ? L’image d’un génocide orchestré pour faire disparaitre les gens comme moi, me révoltait.

Nous avions évoqué la prophétie qui nécessitait deux enfants aux origines extraordinaires et rares. Un enfant né de parent humain et démoniaque ainsi qu’un autre enfant né quant à lui d’un humain et d’un ange. Si j’étais moins étonnée qu’un démon puisse accomplir cette chose parce que pour moi démon rimait avec luxure, je l’étais davantage pour un ange qui représentait la pureté tout ça tout ça. Cela sembla amuser Bobby, qui en sourit.

Bobby avait complétement raison, je faisais trop facilement confiance aux personnes que je rencontrais. Je suis totalement consciente de cela : trop gentille trop c… vous savez ce qu’on dit mais tout comme mon pouvoir cela fait partie de moi. Pour peu que quelqu’un ait besoin d’aide ou se montre gentil, je ne sais pas rester méfiante longtemps. Certains vous diront que c’est un défaut. Moi je le dis mais je ne sais pas faire autrement pour le moment. En tout cas je veux bien croire Bobby au sujet d’Edwin après toutes ces « confidences » sur la Confrérie, son épouse.

Je me sens toute gênée quand il me prie de le tutoyer. Ma tête rentre un peu entre mes épaules tant je suis désolée avant qu’il ne montre sa cigarette.

– 27 ans !! Secouais-je la tête. …j’ai 24 ans. Je suis polie alors je ne lui dis pas qu’il ne fait plus. Ce n’est pas bon c’est certain la cigarette… teint terne, vieillissement de la peau itou itou mais ça n’enlève rien à votre ….ta personnalité.   Lançais-je avant de lui répondre pour mon invitation. C’est de bon cœur, Bobby. N’hésite pas si un jour tu avais besoin, toi ou les personnes que tu protèges.  

On peut dire que cette rencontre avec Bobby Sands ne manquait de surprise. Ce n’était pas une mais tout un paquet de surprises qui me tombe dessus. Je ne sais pas parmi tout ça, laquelle est la plus effrayante : savoir qu’Edwin est un démon ou apprendre qu’il y a de la viande fraîche pour lycanthrope… l’idée me fait grimacer de dégoût parce que par viande fraiche, j’entendais viande humaine comme chez le boucher. Eurk. En fait je ne sais pas si ma curiosité sera assez grande pour aller faire un tour là-bas, histoire de voir de mes propres yeux tout ça. Encore fallait-il que je remarque ces sigles dont me parler Bobby.

Le voile est levé sur les mensonges d’Edwin enfin son histoire d’amour tragique et la naissance du petit Edward. Quel méli-mélo… c’est le milliardaire Stark qui est le véritable père d’Edward…. Pfff mais pourquoi ça ne m’a fait tilt quand Edwin m’avait donné son nom ! En même temps je ne vois comment j’aurais pu faire le lien. William Stark était bien plus vieux qu’Edwin. Bobby m’explique pourquoi.

– C’est triste pour Monsieur Stark. Le Milliardaire… c’est vrai qu’il faut préciser maintenant. Riais-je. …l’argent ne peut hélas pas tout offrir comme une bonne santé. Je n’avais pas envie de me réjouir pour Edwin pour cette « jeunesse » retrouvée, ni de sa mort humaine. Je comprends pourquoi tu tiens absolument à le retrouver… vous avez un lourd passé commun et pas réjouissant.

J’avais répondu oui de la tête à Bobby pour la future rencontre avec l’ange Sandy. C’était le seul moyen de m’assurer qu’il ne serait en effet fait aucun mal à Edward. Bobby avait toute ma confiance. Sur ce il prit mon portable pour joindre son ami vampire, supposais-je quand il sortit une carte de sa poche en parlant de son sevrage. C’était une bonne chose car il pourrait retrouver son épouse rapidement après tout ça.

Plus tard je suis allée me coucher après toutes ses émotions. Le lendemain Bobby n’était plus, laissant seulement l’odeur de cigarette pour preuve de son passage.