When You Feel Obsolete

ft. Frank Barnes

Niveau 3a.

C’est là que nous aurons notre première garde en dehors du niveau 1. Aujourd’hui. Dans quelques minutes. Nous serons avec trois autres agents du SPN. Différent de ceux qu’on avait l’habitude de voir au niveau 1. Tout ce que nous savons sur eux se trouvent dans leur dossier. Des données auquel nous avons accès. Nous serons avec deux agents de niveau 5 et un agent de niveau 4 venu remplacé un collègue absent.

Surveiller. C’est tout ce que nous aurons à faire. Un exercice auquel nous étions rodé, désormais. Même si c’est la première fois que nous surveillions des niveaux aussi élevé avec des surnaturels plus puissants et plus dangereux. Mais, eux aussi, nous avions toutes les informations sur eux. Du moins, celle dont le SPN disposais.

*Third Of B, au niveau -3a avec Fourth Of B. Maintenant.*

C’était l’ordre que nous reçûmes directement à notre cerveau. Nous m’avions pas besoin de parler avec Fourth Of B pour communiquer. Tout nous venait directement en tête. C’était différent avec les autres agents mais nous avions commencé à réussir à interagir avec eux comme nous le faisions avec le Dr. Wood, le Dr. Noonien, l’agent Johnson, l’agent Bolton ainsi qu’avec les agents que nous avons déjà rencontré jusqu’ici.

Nous descendîmes au niveau -3a après être sorti de notre chambre. Là où nous passions nos veille. Les niveaux du SPIN se ressemblaient presque tous. Il était facile de s’y adapter.

Nous entrâmes dans le couloir des cellules. Les trois agents étaient déjà là. Fourth Of B ne s’adressa pas à eux. Il les observait du haut de ses 1m90. Nous drones étions tous différents physiquement parlant.

*Ils vont se plaindre.*

Nous esquissâmes un petit sourire. Oui. Les agents aimaient se plaindre. Nous avions enregistrer cela dans leur comportement.

Contrairement à Fourth Of B, nous nous avançâmes vers le trio et nous vînmes nous asseoir sur l’une des chaise qui entourait la petite table.

-Agent Frank Barnes. Niveau 4. Né à Houston au Texas. Matricule SPN04250576.

Je voyais toute ces informations à travers mon œil gauche. Je lui tendis la main.

-Nous sommes Third Of B. Drone du SPN.

Nous avions déjà compris que se présenter était important pour les autres agents. Alors, nous le faisons. Tout en même temps, dans ma tête, nous entendions les pensées des autres éparpillés aux autres niveau de la prison.

Pour l’instant, aucun problème, à aucun des niveaux.

When You Feel Obsolete

ft. Third Of B

Oh ben aujourd’hui, je me ferais bien un petit shift au SPIN. Il pleuvait et ça ne me disait rien de rester sur un toit d’un warehouse pendant 12 heures. Non, je préférais faire quelques heures en plus histoire de faire le trajet en jet jusqu’au Michigan plutôt que de me retrouver trempé.

Hey, j’étais trop vieux pour ces conneries.

J’étais un peu moins stressé ces derniers temps. Pourtant, j’avais eu une passe vraiment angoissante après la mission avec l’agent Ravenloft concernant les anges. J’avais du tout lui déballé mais apparemment, elle avait tenu parole et n’avait pas rapporté ça plus haut dans la hiérarchie. On avait pas eu de descente d’agent de niveau 6 à la maison, donc je supposais que c’était bon.

Et évidemment, j’en avais parlé à Sandy, de cette fameuse mission. Histoire qu’elle reste quand même sur ses gardes et prête à se tailler avec Clint chez les Epiphaniens en cas de coup fourré du SPN.

Mais rien… Alors ouais, je supposais que je pouvais me détendre.

Et quoi de mieux que le SPIN pour ce faire ?

Je ne pensais pas, par là, qu’il ne se passait jamais rien au SPIN. C’était l’un des endroits les plus critiques, comme n’importe quelle prison. Mais même si les surnaturels incarcérés étaient maintenant normalement toutes des crapules (grâce à la nouvelle politique SPN), j’avais un bon feeling avec. Je les respectais et en retour, ils me respectaient et restaient donc relativement tranquilles.

Dans le jet, un collègue qui était aussi de renfort au SPIN me sorti de mes pensées.

-Parait que ça va être la première fois qu’on va pouvoir travailler avec les drones. Je me réjouis de voir.

Je fis la moue.

-Sérieusement, je vois vraiment pas comment des mini-hélicoptères vont pouvoir amener un plus… Il parait qu’ils remplacent carrément un des agents… On va encore être déforcés, du coup.

Mon collègue se gratta la tête.

-Oh ouais, t’as raison…

Je ricanai.

-Bien sûr que j’ai raison… Tout ce qu’ils vont gagner, c’est des agents portés malade en plus parce que c’est notre seule façon de protester… Vu qu’on a pas droit à un syndicat…

Et on continua de parler comme ça jusqu’à notre débarquement au SPIN. Là-bas, on nous fit effectivement un petit briefing sur le fait qu’on allait être « épaulés » par les drones et je n’avais pu retenir un petit ricanement sarcastique.

Je fus amené à faire équipe avec deux agents de niveau 5 : James Lowe, qui en avait vu d’autres parce qu’il était présent lors de l’invasion d’Edwards et de l’attaque de Bobby Sands qui avait fait échappé plusieurs détenus… Et avec Jamal El Jidadi qui avait aussi été présent quand Bobby Sands avait décidé de jouer les portes ouvertes au SPIN. Sincèrement, j’avais de la chance niveau équipiers, pour une fois.

Ça me rassurait un peu. On était de bons agents, le drone qui allait voleter autour de nous ne serait rien de plus qu’une mouche à chasser de temps en temps de devant nos têtes.

Enfin c’était ce que je croyais.

Deux minutes après notre mise en place, deux hommes entrèrent. Un très grand et un très petits… Je fronçai les sourcils. Ils étaient… Pas normaux, ces gars-là. Criblés de cicatrices, des yeux vairons et comme… Des sortes de… D’implants métalliques ?

J’étais bouche bée et j’avais la main sur la crosse de mon arme parce que… bah ils avaient l’air un peu surnaturels, non ? Qu’est-ce qu’ils foutaient hors cellule ?

Mais James posa sa main sur mon bras… Lui savait ! Il savait et il m’avait pas prévenu ! Et ça le faisait sourire en plus !

Le drone… parce que j’en déduisais que c’était ça… S’assis sur une chaise en face moi et déballa mes données. Et il n’avait RIEN d’un hélicoptère !

Je tendis la main en le regardant avec des yeux ronds et serrai celle du drone. Il avait la main chaude. Sa peau était… comme de la peau.

-Heu… enchanté… Third Of B. Moi c’est… Enfin, tu le sais déjà, apparemment.

Je lâchai sa main… Et les deux autres pouffaient de rire. J’imaginais bien qu’en tant qu’agents du SPIN, ils avaient déjà passé l’effet de surprise. Pour moi, c’était nouveau par contre.

-Mais vous êtes… Je veux dire… vous êtes humains, non ? Ou pas ? Ou… A moitié ?

Si on se retrouvait avec une flopée d’E-SAK au SPIN, ça promettait.

When You Feel Obsolete

ft. Frank Barnes

James Lowe, agent de niveau 5, SPN05010480. Jamal El Jidadi, agent de niveau 5, SPN05030184. Frank Barnes, agent de niveau 4, SON04250576. Voilà ceux avec qui nous allions surveiller, aujourd’hui. Des agents avec beaucoup d’années de service. Nous avions pas mal d’informations sur eux mais nous nous efforcions de ne reprendre que celles qui sont utile à notre mission.

Nous avions appris quelques codes sociaux pendant notre apprentissage. C’est facile à intégrer car nous ressentons, comme les humains, beaucoup d’émotions. Alors, nous nous employons à les utiliser. Nous savions, déjà, que les agents du SPN avait quelques préjugés sur nous. Nous savions que beaucoup de méfiaient. D’autres se moquaient. Rare étaient ceux qui étaient indifférents à notre présence. Beaucoup pense que nous ne pouvons rien ressentir car nous sommes des « robots ».

Sauf que nous ne sommes pas réellement ça.

Peut-être que ceux-ci réagiront d’une autre manière. C’est pour ça que nous décidâmes de nous asseoir face à l’un d’entre eux. Le dénommée Frank Barnes. Le premier agent de niveau 4 que nous rencontrions.

Nous lui tendîmes la main. C’est une signe de salutation. Nous sourîmes quand il se dit « enchanté » bien que son hésitation montrait qu’il était déstabilisé.

Par quoi ?

Par nous.

Il se demandait ce que nous étions. Humain ou non.

*Nous sommes des voleurs de travail.*

C’était la pensée de First Of B qui surveillait le niveau -3b. Il avait entendu nos pensées. Nous sourîmes. First Of B avait de l’humour. C’est ce que disait le Dr. Noonien.

-Nous sommes mi-organique, mi-technologique. Nous ne sommes pas humains, ni surnaturels. Nous sommes des créations du Dr. Jack Noonien destinés à assister les agents du SPN dans leurs missions.

Notre regard se tourna vers les cellules ou certains surnaturels étaient intrigués eux aussi.

-Mission du jour de Third Of B : surveillance du niveau -3a. Pour l’instant, aucun problème à aucun des niveaux du SPIN. Probabilité qu’il y ait un problème dans les dix prochaines minutes…

Nous attendîmes les probabilités venant de la matrice centrale. Quand nous le reçûmes, nous sourîmes.

-9.5%.

Mon intonation était humaine bien que mon timbre de voix semblait plus proche de celle d’un adolescent ou d’un jeune adulte. Nous haussâmes des épaules.

-Vous êtes spécialiste des combats à distances et des surveillances en hauteur. Pourquoi le SPN vous met en poste de garde au SPIN? Vous êtes moins utile ici…

*Des questions…*

Fourth Of B s’exaspérait. Nous fîmes la moue à sa réaction. Mais Second Of B, au niveau -4b, s’exaspéra aussi.

*Encore des questions…*

Nous nous exaspérions...

When You Feel Obsolete

ft. Third Of B

J’étais, mais alors là, complètement déstabilisé. Quand on m’avait parlé de drones… Bah j’avais pensé à des drones, moi ! Ces petits hélicoptères téléguidés que même des gosses, aujourd’hui, savaient parfaitement maîtriser.

Mais ça ! Ça non, ce n’était pas des drones… C’était… Des personnes… Si on oubliait leurs drôles d’implants cybernétiques.

Third Of B savait serrer la main et il savait sourire aussi. Bon, ok, j’avais déjà vu E-SAK donc je n’aurais pas du être impressionné mais E-SAK était humain de base, son propre acronyme n’était que le déguisement d’Isaak, son vrai prénom.

Third Of B… Ce n’était pas un prénom. C’était un matricule.

Alors je lui posai platement la question, à Third Of B… Qu’est-ce qu’il était vraiment ? Un robot ? Un homme ? Quoi ?

Il expliqua être mi-organique, mi-technologique et avoir été conçu par un Dr. Noonien dont je n’avais jamais entendu parler. Encore un savant fou ou quoi ? Mais quelque part, j’étais un peu rassuré qu’il ne me dise pas avoir été créé par William.

Il n’y avait pas que moi qui étais complètement abasourdi par ce que je voyais. Autour de nous, les surnaturels incarcérés s’étaient rapprochés de leurs vitres et semblaient écouter, bouche bée. Le temps que j’assimile toutes les infos et que je les digère, Third Of B avait énoncé sa mission et donné la probabilité de problèmes possible.

-Oh 9.5% ! On est safe alors…

Je déglutis… j’arrivais pas à détacher mes yeux de l’œil bleu de Third Of B. Il avait semblé calculer à un moment donné.

-Comment vous pouvez être à la fois organiques et cybernétiques ? Je veux dire… Il faut être… un être vivant pour être organique. Ou alors vous êtes comme le monstre de Frankenstein ? Genre on vous a fait avec des bouts de morts ?

E-SAK était bien carrément un mort-vivant, lui alors…

Mais je n’étais pas le seul à avoir des questions. Third Of B en avait aussi.

Donc quoi qu’il soit, il était capable de curiosité.

-Heu… Je… Tu sais, les humains tombent malade parfois… Alors il faut remplacer les agents absents qui sont malades. C’est en partie à ça qu’on sert, au niveau 4… A boucher les trous.

Je haussai les épaules.

-Et en plus, il pleut dehors, à New York. Et j’aime pas la pluie.

Je me levai de ma chaise et montai sur la table.

-Sorry les gars, mais là, il me faut une clope.

Je levai les bras et déconnectai le détecteur de fumée pour ne pas que des alarmes se déclenchent dans tous les coins. Je repris ensuite ma place, déposant le détecteur débranché entre moi et…

-Je peux t’appeler… Third ? Pourquoi on ne t’a pas donné de prénom ?

J’attendis sa réponse en allumant ma cigarette.

When You Feel Obsolete

ft. Frank Barnes

On est safe. C’était la remarque de l’agent Barnes. Nous hochâmes de la tête.

-Nous le sommes à 90.5%.

Nous savions que c’était un très bon pourcentage. Que le risque qu’il se passe quelque chose était minime. C’est pour ça que nous avons pris l’occasion de parler avec l’agent Barnes.

Nous avions expliqué ce que nous étions. Seulement, notre réponse n’était pas suffisante pour répondre à celle de l’agent Barnes qui, dans la foulée, en posa d’autres.

Le monstre de Frankenstein ?

Nous interrogeâmes la matrice centrale pour obtenir des informations. Le monstre de Frankenstein était un personnage de fiction dont l'allure nous avait fait lever un sourcil parce que nous ne ressemblions pas à ça. Contrairement à la matrice centrale, nous ne pouvions pas nous m’attarder sur tous les détails de cette information en peu de temps. Alors, nous décidâmes d’essayer de répondre à la question de Barnes sans prendre en compte les détails en interrogeant la matrice centrale, à nouveau. Une opération assez rapide bien que nous prîmes, du coup, un peu de temps avant de répondre à Barnes.

-Information non trouvée. Inutile pour le bon fonctionnement du Collectif.

Je fis la moue.

-En gros, nous ne savons pas. Nous sommes bien un être vivant. Mais techniquement pas un humain. Mais nous ne ressemblons pas vraiment au monstre de Frankenstein...

Ce fut à nous de poser des questions bien qu’un grande partie d’entre nous protesta. Frank Barnes expliqua qu’il était ici pour remplacer quelqu’un qui est malade et que ça faisait partie des attribution des agents de niveau 4.  Il affirma, ensuite, ne pas aimer la pluie.

-Oui. C’est la procédure en cas de maladie. Mais un autre agent plus doué pour le combat rapproché aurait pu être plus efficace, non ? Un autre qui n’aime pas non plus la pluie. Beaucoup d’agents se plaignent de la pluie.

*Ils se plaignent de tout.*

-Beaucoup d’agents se plaignent de tout.

Une pensée unanime au sein des B.

Nous levâmes un sourcil quand l’agent Barnes grimpa sur la table pour déconnecter le détecteur de fumée. Il s’alluma, ensuite, une cigarette et il n’en fallu pas plus pour que les pensées du Collectif se bousculent dans notre tête signalant une drastique augmentation du risque. Comme la menace était déjà trouvée, nous avions le temps de me concentrer sur la question de Barnes.

-Nous n’avons pas besoin de prénom. Nous avons une désignation. Third Of B. Vous pouvez nous appeler Third. Le Docteur Wood nous appelle Third. Les agents Bolton et Johnson nous appellent Numéro 3. Mais nous préférons Third.

Oui, nous avions des préférences. Et après que nous ayons répondu à Barnes, nous prîmes sa cigarette d’entre ses doigts pour l’écraser car l’ordre dans notre tête de faire baisser le risque devenait difficile à ignorer. Nous fîmes un geste de la main pour dissiper la fumée alors que Fourth Of B vint reconnecter le détecteur de fumée.

Nous regardâmes Barnes.

-Interdiction de fumer dans les locaux du SPIN et interdiction de déconnecter les détecteurs de fumées. Le risque qu’il se passe quelque chose dans les dix prochaines minutes venait de monter de 70%.

Nous montrâmes du doigt l’un des surnaturels enfermé.

-Sam Anderson. C’est un démon. Il a un pouvoir de pyrokinésie. Enfermé depuis le 12/07/2023. L’étendue de son pouvoir n’a pas encore été entièrement vérifiée. Les risques que ce pouvoir traverse sa cellule n'est pas à négliger.

Nous esquissâmes un petit sourire.

-De toute façon, il est important de suivre les règles… Même si ce n’est pas drôle.

When You Feel Obsolete

ft. Third Of B

Le drone… Third Of B… Il avait une drôle de façon de communiquer. Il lui fallait toujours un lapse de une ou deux secondes, les yeux fixes, avant de répondre à une question. Comme s’il… téléchargeait sa réponse ? Quelque chose comme ça. Il avait une capacité de calcul des probabilités qui dépassait de moins mon entendement… Pour moi, le calcul du risque se faisait selon les termes « nul », « modéré » ou « élevé »… ou alors en échelle DEFCON comme pour les entrepôts du SPN.

Lui savait carrément traduire ça en chiffre précis. Je me demandais bien comment il faisait… Imaginons qu’un des surnaturels décidait maintenant de nous faire une petite crise ? Comment il pouvait calculer ça qui était un évènement complètement aléatoire ?

Je le fis encore réfléchir en posant des questions et en le comparant au monstre de Frankenstein.

Je haussai un sourcil sceptique quand il répondit d’abord qu’il ne trouvait pas l’information. Et il parla d’un Collectif. C’est quoi un Collectif ?

Bref, tout ça pour dire qu’il ne savait pas trop ce qu’il était, si je comprenais bien. Mais il clamait ne pas ressembler au monstre auquel je faisais référence.

-C’est vrai… t’es pas aussi moche.

Il était balafré et tout, mais il n’était pas difforme. Il ressemblait juste à un petit gars avec une prothèse high-tech. Et en parlant de ça… Je retirai l’appareil auditif Stark Tech que j’avais dans l’oreille droite et lui montrai, au creux de ma paume.

-Regarde, moi aussi je suis bionique.

Je remis mon appareil en place. Puis Third Of B me demanda, en gros, ce que je foutais là. Parce que j’étais un sniper et que pour lui, je serais plus efficace sur un toit… trempé… A me les geler. Je lui répondis donc et il en vint à la conclusion que vu ma spécialité, un autre agent aurait mieux convenu pour faire le job au SPIN.

Je rigolai quand il ajouta que les agents se plaignaient de tout.

-C’est parce qu’on est pas des machines qu’on se plaint. Et puis, je suis bon aussi dans le travail que je fais au SPIN. J’ai pas besoin de savoir me battre en combat rapproché si je sais faire en sorte que ton risque reste en dessous des 10%, non ?

Je haussai les épaules.

-Et au pire, je sais me battre quand même.

Bon, après tout ça, je fis ce qu’il fallait, comme toujours, pour pouvoir fumer en paix. Les drones me regardaient d’un air torve et Third of B répondis à ma question sur son prénom. Je pouvais l’appeler Third.

-A la bonne heure ! Le Dr. Wood est quelqu’un de bien. Elle vous suit aussi ? Médicalement parlant, je veux dire…

Ça serait pas étonnant… S’ils étaient en partie organique…

J’avais à peine allumé ma clope que Third me la piquai dans la bouche et l’écrasai et que son copain le grand drone reconnectait le détecteur.

-Hey ! Mais !

Il m’énonça les directives de sécurité que je connaissais… Ce qui m’avait pas empêché de fumer au SPIN depuis 2006. Et c’était pas maintenant que ça allait changer !

-Je sais que c’est interdit ! Vous êtes là pour nous aider à les surveiller eux !

Je fis un geste global vers les cellules avant de me pointer moi-même du pouce.

-Pas pour nous surveiller nous.

Et c’est là qu’il me pointa un des surnaturels qui nous regardait l’air que tout ça l’éclatait vraiment…

-Il est pas sous SV, Anderson ?

J’interrogeai les autres du regard. Mais eux aussi avaient l’air de s’éclater. Alors j’en revins à Third.

-Dis… Dis-moi que vous pouvez tomber malade. Vous êtes combien exactement ?

Histoire que je sache si on devrait les remplacer ou si c’était eux qui, à terme, nous remplaceraient.

When You Feel Obsolete

ft. Frank Barnes

J’esquissai un sourire quand l’agent Barnes affirma que nous n’étions pas aussi moche que Frankenstein.

-Merci.

Il retira alors quelque chose de son oreille que nous reconnûmes comme un appareil auditif extrêmement perfectionné de marque Stark Tech.. Frank Barnes faisait ça pour montrer que nous n’étions pas tellement différent. Nous sourîmes.

-Oui. Vous l’êtes. En partie. Comme nous.

Presque comme nous. Car nos implants servaient à nous perfectionner et pas à suppléer un handicap. Frank Barnes n’entendait pas mieux que la moyenne avec son appareil mais suffisamment pour avoir une audition quasi normale. Mais nous aimions voir un agent chercher des similitudes plutôt que des différences. Les autres agents avaient faisaient plutôt l’inverse en générale.

Mais nous n’étions pas sûr, malgré tout, que Frank Barnes soit la meilleure option pour replacé l’agent de niveau 5 malade. Il serait plus efficace à la sécurité d’un entrepôt du SPN, par exemple. Mais il disait être bon aussi en combat rapproché et qu’il était un bon agent de niveau 5 suppléant. Il confirma, au passage, que les agents se plaignaient parce qu’ils n’étaient pas des machines. Nous clignâmes des yeux emmagasinant ce que Barnes venait de dire pour émettre un avis.

-Le risque doit être maintenu au plus bas. Notre présence sert à ça.

Pas qu’à nous mais aux agents aussi.

-Nous ne sommes pas totalement des machines et nous ne nous plaignons pas.

Nous n’avions pas le choix. Bien que nous n’avions pas encore eut le désir de nous plaindre.

Frank Barnes fit alors grimpé en flèche le risque qu’il se passe quelque chose en déconnectant le détecteur de fumée et en s’allumant une cigarette. Directement les informations que nous reçûmes firent part de ce problème et les ordres pour le corriger commencèrent à marteler notre cerveau. Nous eûmes la patience de répondre à Barnes concernant notre désignation. Il disait bien aimer le Docteur Wood et posa une autre question à laquelle nous répondit par un bref :

-Oui…

Avant d’agir car nous ne pouvions plus attendre. Nous écrasâmes la cigarette de Barnes alors de Fourth Of B reconnecta le système de détection de la fumée.

Nous expliquâmes patiemment à Barnes que fumer était interdit mais il n’était pas content que nous aillons agi. Il disait savoir que c’était interdit et que nous étions ici pour surveiller les surnaturels et pas les agents. Nous hochâmes négativement de la tête.

-Nous sommes ici pour veiller à la sécurité. Nous devons essayer de maintenir le risque au plus bas. Fumer augmente le risque. Déconnecter le système de sécurité augmente le risque. Nous n’avions pas le choix.

Nous n’avions jamais le choix. Le choix ne fait pas partie de notre vie. Nous avions des ordres et nous devions les suivre.

Nous expliquâmes les causes de l’augmentation du risque en montrant un Sam Anderson amusé du doigt. Barnes pensait que le démon était sous sérum SV. Nous levâmes un sourcil en le regardant.

-Non. Il ne l’est pas encore. Nous sommes au niveau -3a. La lettre « a » indique que nous sommes à un niveau où les surnaturels ont encore leurs pouvoirs.

L’agent Barnes posa alors une question qui allait nous mener à des observations déjà faites par les agents que nous avions déjà rencontré. Nous échangeâmes un regard avec Fourth Of B mais c’est la voix de Seventh Of B qui vint dans notre tête.

*Il va penser que nous allons prendre son travail.*

Nous étions concentré sur Barnes.

-Nous sommes vingt. Notre probabilité de tomber malade est très faible. Nous sommes immunisés contre les maladies courantes pouvant entrainer une incapacité de travail.

Nous esquissâmes un sourire.

-Maintenant vous allez penser que nous allons prendre votre travail. Nous avons déjà entendu ça. Nous sommes là pour assister les agents du SPN. Nous ne sommes pas destiné à remplacer les agents du SPN.

Pas dans un futur proche. Mais nous nous gardâmes de le dire à Barnes.

-Vous nous voyez comme une menace ?

Notre ton était celui d’un enfant curieux. Nos questions agaçaient le Collectif. Mais nous en avions pris l’habitude. Nous nous considérions comme la partie du Collectif là pour apprendre des « choses inutiles » d’après la pensée commune.

When You Feel Obsolete

ft. Third Of B

Ça sembla plaire à Third que je lui montre que moi aussi, j’étais un peu bionique… En tout cas, il avait le sourire facile pour quelqu’un qui n’était pas totalement humain. Quelque part, ça faisait plaisir à voir… C’était peut-être mon côté angélique, que j’avais acquis avec Sandy, qui me conseillait de ne pas juger trop vite.

Ou Third était juste sympathique… Je savais pas trop.

Il se demandait ce que je foutais là et je lui expliquai qu’en gros, j’étais un agent qui s’adaptait vite. C’était pour ça que le niveau 4 était idéal pour moi… On était un peu polyvalents, on ne faisait pas tout le temps la même chose. Et ça nous permettait de voir un peu toutes les facettes du SPN malgré le cloisonnement de l’information.

Third était d’accord avec moi, apparemment quand je disais que le but sur une journée, c’était qu’il n’y ait pas d’incident. Il le formula d’une façon plus formelle, mais c’était exactement ça.

-Voilà, c’est ça. Si vous avez la même mission, on devrait s’entendre.

Je lui souris. Je préférais travailler avec une machine qui ferait en sorte que la sécurité soit maintenue qu’avec des nouveaux agents qui s’amuseraient à provoquer les prisonniers juste pour qu’il y ait un peu d’action dans leur journée.

Pour ce qui était de se plaindre, c’était clair que j’étais le premier à le faire, je ne le niai pas. Mais j’étais pas une machine, moi. Third prétendait que même s’il n’en était pas totalement une non plus, il ne se plaignait jamais.

-Je constate, en effet.

J’étais étonné que Third connaisse le Dr. Wood. Le Dr. Noonien, je ne le connaissais pas. J’en avais même jamais entendu parler. Foutu cloisonnement !

Il prit le temps de me répondre qu’il était effectivement suivi par le Dr. Wood avant de ruiner ma pause cigarette.

J’étais pas super content de ça. Mais quelque part, je m’y attendais un peu. C’était un test, en quelque sorte, pour voir comment il réagirait. Je faisais ça avec les nouveaux aussi. Et quand je m’exclamai, indigné, il m’expliqua ce que je savais déjà : que mon comportement augmentait légèrement les risques.

-Je sais que ça augmente le risque, Third. Mais ça dure trois minutes. Et c’est humain. Nous sommes, pas nature, défaillants.

Je ne savais pas si je m’exprimais convenablement pour qu’il comprenne qu’on serait naturellement plus laxiste que les drones qu’ils étaient. Et en plus, il me prouva qu’il connaissait le SPIN par cœur en m’expliquant pourquoi Anderson était pas sous SV. Je me tournai vers le démon qui me fit un signe amusé de la main avant de reporter mon attention sur Third.

Je soupirai.

-C’est vrai, t’as raison. Mais si tu es amené à travailler souvent avec nous, attends-toi à ce qu’on fasse plus d’un truc illogique.

Mais je voulais quand même savoir jusqu’où ça s’étendait et les conséquences que ça aurait, cette histoire de drones.

Ils étaient actuellement 20 et ils ne tombaient pas facilement malades. Puis il sembla essayer de me rassurer en disant que le but, à terme, n’était pas de remplacer les agents.

-J’espère bien !

Il me demanda alors si je les voyais comme une menace. Je fis une grimace de réflexion.

-Pour notre job ? Un peu, ouais… Si Bolton se rend compte que vous êtes plus efficaces que nous, je le connais, il va vouloir mettre des drones partout. C’est pas cool !

Je regardai l’autre grand drone…

-Comment vous faites pour être aussi synchronisés dans vos mouvements sans parler ? Je veux dire… Quand vous avez agi pour ma cigarette, c’était presque comme une chorégraphie…

Je marmonnai dans ma barbe.

-Et c’est qui, Noonien ? Jamais entendu parler.

When You Feel Obsolete

ft. Frank Barnes

L’agent Barnes comprenait que nous avions la même mission. Nous hochâmes de la tête satisfait d’entendre ça. Nous étions considéré de diverses manières d’un agent à l’autre. Certain ne nous parlaient par car ils nous prenaient pour des machines. Nous n’étions pas entièrement des machines. Tout ça est plus complexe. D’autres étaient curieux comme l’agents Barnes. D’autres encore ne semblaient pas nécessairement nous aimer beaucoup.

Nous ne pouvions pas contrôler leurs humeurs.

Nous avions dit à l’agent Barnes ne pas être entièrement une machine et il semblait assimiler ce fait.

Nous avions, dû, ensuite agir car l’agent Barnes avait décidé de déconnecter le système de détection de fumée pour s’allumer une cigarette. Notre intervention ne lui avait pas plu mais nous n’avions pas eu le choix. Surtout que Barnes savait que ça augmentait le risque. Un risque qu’il disait contrôler car fumer ne lui prenait que trois minutes. Il disait que les humains étaient, par nature, défaillant. Nous le regardâmes.

-En trois minutes, beaucoup de choses peuvent arriver. Nous savons que les humains ne suivent pas toujours le protocole à la lettre. On nous l’a appris. Nous sommes là pour pallier ces défaillances.

Comme nous venions de le faire.

Barnes pensait que Sam Anderson était sous traitement SV mais nous étions au bloc 3a. Il n’était, donc, pas SV. L’agent Barnes disait que nous devions nous attendre à ce que les agents fassent des choses illogiques. Nous levâmes un sourcil.

-D’accord…

Nous en vîmes à discuter du sujet qui semblait perturber tous les agents que nous croisions. Ils avaient peur que nous venions à la remplacer. Nous ne savions pas si cela était le plan final. Nous savions simplement que ce n’était pas le plan dans l’immédiat. Mais nous avions bien du mal à comprendre pourquoi les agents du SPN voulaient absolument garder leur travail au lieu de faire des choses qui pourraient leur plaire comme fumer. Car nous pensions, pour l’instant, que c’était le passe-temps de l’agent Barnes. Nous nous n’avions pas de passe-temps mais les humains en avaient… S’ils nous les remplacions, ils auront plus de temps pour ça. Nous nous rappelions avoir poser la question au Dr. Wood et elle avait dit que travailler était important pour l’être humain. Pour être valorisé et se sentir utile.

Nous avions quand même du mal à comprendre.

Nous avions rassuré l’agent Barnes et nous avions demandé s’il nous prenait pour une menace. Il avait confirmé penser comme les autres agents.

*Pourquoi nous avons posé la question ?*

*Nous savions la réponse !*

Nous fîmes la moue. Nous avions raison. Nous savions que Barnes penserait comme ça. Comme tous les autres.

-Mais vous pourrez faire autre chose si vous n’êtes pas ici. Les agents se plaignent de leur travail. Si nous les remplaçons, ça n’est pas mieux pour vous ? Nous ne comprenons pas cette contradiction.

Nous n’étions pas le seul à avoir des questions. Barnes en avait aussi sur notre fonctionnement.

-Nous ne sommes qu’un.

Nous pensâmes que la réponse était suffisante mais l’expression de Barnes et des deux autres agents montrait que nous devions expliquer plus.

-Nous avons toutes les pensées des autres tout le temps dans notre tête. Nous n’avons pas besoin de parler pour communiquer. Nous voyons à travers les autres, nous savons en temps réel ce qu’ils ressentent et pensent. Ça permet d’être un et plusieurs. Nous pouvons voir, d’ici, tout ce qu’il se passe à tous les étages du SPIN. Partout où les autres sont.

Nous pensions que l’agent Barnes arriverait à comprendre. Il avait aussi des questions sur le Docteur Noonien. Notre créateur.

-Le Docteur Noonien est un scientifique expert en robotique. Il est consultant du SPN. C’est un idéaliste et un homme très gentil avec une très grande éthique. Il est notre créateur et celui de la matrice centrale qui nous envoie toutes les informations dont nous avons besoin pour mener à bien nos missions.

Nous avions esquissé un sourire.

-Vous êtes le premier agent à poser autant de questions. Nous nous reprochons souvent de poser trop de questions.

When You Feel Obsolete

ft. Third Of B

J’écoutai attentivement Third qui m’expliquait pourquoi il m’avait ruiné une cigarette. Il disait qu’en trois minutes beaucoup de choses pouvaient arriver et je le savais très bien… Il ne m’apprenait rien. Mais apparemment, il savait lui aussi très bien qu’étant humain, nous ne respections pas toujours les règles à la lettre. Ce serait au moins un truc que je n’aurais pas à lui expliquer.

-Je sais que la situation peut déconner à tout instant et que le moindre écart au règlement est un danger mais…

Mais quoi, Barnes ? Le robot a raison.

Je passai une main sur mon visage.

-Ouais, bon, en fait t’as raison…

Et Jamal et James d’éclater de rire.

-C’est comme jouer à un jeu contre un ordinateur, t’as aucune chance, Barnes.

Je poussai James, qui était à côté de moi, du coude.

-C’est pas drôle.

Cependant, Third était quand même d’accord pour accepter le fait qu’étant humains, on ferait des trucs qui seraient sans queue ni tête… Comme fumer dans un endroit où c’était strictement interdit… Donner des petites collations à certains détenus… Ou encore d’autres trucs que je faisais parce que… ben… Tout ça faisait tout simplement de moi l’humain que j’étais.

Il voulut savoir si je le concernais comme une menace pour mon travail été je répondis par l’affirmative. Mais Third ne comprenait pas parce que pour lui si les drones faisaient notre boulot, on pourrait, nous, humains, faire autre chose.

-Bah, c’est simple, en fait. Il faut bien qu’on gagne de l’argent… Pour manger, pour payer notre maison et nos vêtements. Et l’argent, on ne l’obtient que si on travail.

Je souris.

-Puis je vais t’en dire une autre, de contradiction : on se plaint, mais en fait, on aime bien notre boulot. On se serait pas engagé, sinon…

Ça n’allait probablement pas aider Third, mais c’était la vérité.

Mais Third avait sa propre facette complexe… ou plutôt, les drones en avaient une. Il m’expliqua ce qu’était ce qu’il appelait le Collectif. Je compris qu’ils étaient vingt...

Je fronçai les sourcils de concentration… Tout ça était très complexe pour moi qui n’étais pas un as en informatique.

-Donc vous fonctionnez… en réseau… Je crois que j’ai compris. Si un drone du niveau 4a a un problème, vous deux vous le saurez en temps réel ? J’ai compris ?

Quant à son créateur, ce n’était effectivement pas William mais un Dr. Noonien. Je sentis que Third avait comme une sorte d’admiration et d’affection pour ce consultant SPN. Mais moi, ça m’étonnait de n’en avoir jamais entendu parler… William ne m’en avait jamais parlé… Mais Will aimait surtout parler de lui-même, en fait…

-Ok donc… S’il a un bon sens de l’éthique, vous ne ferez de mal à personne sans y être obligé. Surnaturel ou pas ?

C’était une sacrée avancée par rapport à E-SAK.

Third semblait apprécier la conversation et mes questions. Il disait que… si je comprenais bien… les autres drones lui reprochaient de poser trop de questions.

-Ah, ben on me le reproche aussi, t’inquiète. Mais j’aime bien savoir à qui j’ai à faire. Et si tu as encore des questions, j’y répondrai si j’ai la réponse. Ça s’appelle faire connaissance.

Je fis la moue.

-Vous avez des sentiments, donc, si je comprends bien.

When You Feel Obsolete

ft. Frank Barnes

L’agent Barnes essayait encore de justifier son geste mais il fut à court d’argument et dû confirmer que nous avions raison. Chaque minute à un degré de risque élevé pouvait conduire à une catastrophe. Nous savions parfaitement ça. Nous avions été créé pour éviter ça.

Un des autres agents disait que Barnes n’avait aucune chance dans un argumentaire face à nous car c’était comme jouer avec un ordinateur. Nous avions levé un sourcil devant cette remarque. Nous avions passé du temps à expliqué ce que nous étions mais certains nous voyait toujours comme de simples ordinateurs.

-Nous ne sommes pas des ordinateurs.

Nous avions dit ça en souriant. Nous n’étions pas nécessairement vexé. Nous savions qu’il fallait être patient avec les humains. Nous savions aussi que les humains n’avaient pas toujours les réactions adéquates au moment adéquat et qu’ils agissaient illogiquement. Nous nous agissions en fonction des ordres de la matrice central qui ne faisait jamais d’illogisme.

Nous avions alors parlé de ce qui semblait inquiéter les agents que nous rencontrions. Nous n’étions pas vraiment surpris d’entendre que Barnes aussi pensait que nous pourrions les remplacer. Cela-dit, nous ne voyions pas en quoi c’était grave. Nous nous disions que si nous faisions le travail à la place des agents, ils pourraient faire ce qu’ils aimaient faire. Il y avait beaucoup de contradiction dans le discours de Barnes et des autres agents que nous avions du mal à saisir.

Barnes avait pris le temps de nous expliquer qu’ils avaient besoin de leur travail pour gagner de l’argent.

-Gagner de l’argent ?

Nous étions surpris par le terme. Nous n’avions pas encore intégrer ça. Sans doute que la donnée était dans la matrice central mais nous ne nous étions pas fatigué à chercher. Barnes pouvait nous expliquer. Il le fit en quelque sort en disant que c’était pour se nourrir, payer leur maison et leurs vêtements.

-Oh… D’accord. Nous avons compris. Nous nous vivons ici. Nous avons tout ici. Nous n’avons pas besoin d’argent…

Il avait expliqué la contradiction. Enfin… Non. C’était encore pire ainsi.

*Les humains ne sont pas logiques.*

Ils ne le sont pas. Mais qu’importe. C’est ça qui les rends intéressant. Nous affichâmes un sourire en coin.

-Ça n’a pas de sens mais nous pouvons vivre avec ce non-sens. Nous apprendrons à le comprendre.

Nous avions un peu plus expliqué comment nous fonctionnions. Nous avions aussi parlé du Docteur Noonien, notre créateur. Barnes semblait avoir compris notre fonctionnement ce qui nous fit afficher un grand sourire alors que nous hochâmes de la tête.

-Oui. Vous avez bien compris.

Il avait aussi compris comment fonctionnait notre créateur. Nous ne faisons du mal que dans le cas où nous n’avons pas le choix.

-Exactement. Si nous pouvons trouver une solution qui ne mène pas à la violence, nous le faisons. Si nous pouvons éviter de tuer quelqu’un lors d’une intervention, nous le faisons aussi.

Secrètement, nous espérions ne pas devoir en arriver là. Nous n’avions envie de tuer personne. Surnaturel ou non. Nous voyons, d’ailleurs, très peu de différence entre les surnaturels et les humains en dehors des pouvoirs dont les surnaturels dispose. Nous avions fait cette observation à l’agent Bolton et il n’a guère aimé. Nous nous fichions un peu de ce qu’il pense.

*Nous ne nous en fichons pas…*

Une partie de nous ne s’en fichait pas, c’est vrai…

Nous avions fait remarqué à Barnes qu’il était curieux mais que nous l’étions aussi et qu’une partie de nous n’en était pas heureux. Nous avions souris quand Barnes avait dit qu’on le lui reprochait aussi. Il disait que si nous avions encore des questions, il pouvait y répondre. Nous hochâmes de la tête en souriant.

Mais c’était lui qui en avait encore.

-Oui. Nous avons des sentiments. Ils ne sont pas toujours clairs. Nous ne les comprenons pas toujours tout de suite… Le Docteur Noonien nous a voulu ainsi. Nous devons les gérer nous-même. Notre matrice central ne peut pas toujours nous aider à ce niveau. Mais nos sentiments n’entraveront jamais notre travail.

Nous avions montré notre tempe du doigt.

-Car nous ne pouvons pas refuser un ordre quel qu’il soit. Il nous vient. Nous exécutons l’ordre.

Nous pensions que ça pourrait rassurer Barnes de savoir que nos sentiments n’affecteront pas le bon fonctionnement de notre Collectif.

-Nous allons bientôt faire des missions de terrain. Nous nous verrons plus souvent. C’est bien. Vous êtes différents des autres.

When You Feel Obsolete

ft. Third Of B

Third s’indigna… Sans vraiment s’indigner, quand Jamal et James le désignèrent comme étant un ordinateur… C’était plutôt comme s’il énonçait un simple contre-argument, sans se vexer nullement… En gros, ça faisait vraiment bizarre. Surtout qu’il avait le sourire facile, le drone.

La conversation allait bon train, probablement parce que Third et moi avions un sacré point commun : la curiosité. Il était nouveau pour moi, dans le sens le plus strict du terme. Mais il m’avait fait comme… bonne impression, dès le départ. Malgré l’histoire de la cigarette.

J’avais le feeling avec les gens… En général, au premier coup d’œil, je savais qui j’allais apprécier et qui j’allais pas apprécier… Comme s’ils dégageaient une odeur particulière que j’aurais pu reconnaître.

Il semblait que certaines choses des plus basiques échappaient à Third. Comme le simple concept de gagner sa vie. Je tentai de lui expliquer et il sembla avoir compris, ajoutant qu’il n’avat pas besoin d’argent parce qu’il vivait ici. Je déduisis donc qu’il était nourri (si toutefois il avait besoin de manger mais j’imaginais que ouais vu qu’il était en partie organique), logé et blanchi.

Mais moi, rien que l’idée me retourna l’estomac.

-Tu veux dire que tu… que vous… vous n’êtes jamais sorti du SPIN ?

Triste vie.

-Vous n’avez pas envie d’aller voir dehors ? Comment c’est ?

Pas étonnant qu’un tas de trucs lui échappaient.

Et une contradiction plus tard au sujet des humains, avec laquelle Third affirmait pouvoir vivre (à la bonne heure !), j’en étais à le questionner sur leur fonctionnement en réseau. Apparemment, même si j’étais nul en informatique, j’avais compris le concept. Je fis un petit geste de victoire en souriant.

Quant au Dr. Noonien, il semblait qu’il était bien loin d’avoir la même façon de penser que l’agent Johnson… Ou même que William. Apparemment, c’était quelqu’un de très gentil qui avait inculqué cette gentillesse à ses… ses créations ? Enfants ? Drone ? Je savais plus trop, maintenant.

-Tant mieux. Alors toi, enfin vous, les drones, vous aurez la même façon de travailler que moi. Moi aussi je cherche des solutions avant la violence. Je suis trop vieux pour ces conneries.

Même si parfois, malheureusement, il n’y avait pas d’autre réponse que la violence qui soit adéquate. Mais je le regrettais toujours après, quelque part.

Quant à savoir s’ils avaient des sentiments, effectivement, ils en avaient…

-Ok… C’est bien parce que parfois, dans notre boulot, il faut y aller au feeling. Et…

Je fronçai les sourcils.

-Tu parle tout le temps de « matrice centrale ». C’est quoi ? Genre ? Un ordinateur central qui vous donne toutes les instructions ?

Et il avait dit que quand il recevait un ordre, il l’exécutait…

-Même si tu n’es pas d’accord avec cet ordre ?

Je souris quand il affirma être prêt pour les missions de terrain.

-Donc… Tu vas sortir d’ici et voir le monde, c’est bien ! Tu as découvrir plein de trucs.

Je souris en coin quand il dit que j’étais différent des autres.

-Si ça veut dire que tu m’aimes bien, j’en suis ravi… J’imaginais pas y a encore une heure que j’allais faire ami-ami avec un drone. Mais je ne vous imaginais pas comme ça non plus.

When You Feel Obsolete

ft. Frank Barnes

Nous hochâmes négativement de la tête quand l’agent Barnes demanda si nous n’étions jamais sorti du SPIN. Nous n’avions pas encore eu l’occasion de sortir mais nous allons le faire dans un futur proche. Nous avions hâte.

-Non. Nous ne sommes encore jamais sorti. Nous devons d’abord être prêt. Nous n’avons que 3 mois.

Il demanda si nous avions envie d’aller dehors. La question nous arracha un petit sourire.

-Bien sûr ! Nous aimons découvrir de nouvelles choses pour nous améliorer et mieux comprendre les humains. Nous avons des images de comment est dehors mais nous avons hâte d’y aller.

Nous avions parlé de notre créateur mais, aussi, de la façon dont nous gérions les choses dans les missions qui nous sont ou seront attribuées. La violence ne sera pas notre première réaction. Nous chercherons des solutions pacifiques avant. C’était ainsi que nous devions procéder et, au fond de nous, ça nous arrangeait. Frank Barnes disait agir de la même manière. Nous sourîmes.

-Si les autres agents pensent comme vous alors nous feront une bonne équipe.

Bien que nous savions que, parfois, nous n’auront pas d’autres choix que d’utiliser nos aptitudes au combat afin de régler certaines choses. L’idée nous dérangeait. Mais nous devions exécuter les ordres.

L’agent Barnes s’intéressait beaucoup à nous. Nous aimions répondre à ses questions. Nous avions expliqué avoir des sentiments. L’agent Barnes trouvait ça bien même si nous avions des difficultés à comprendre le concept de feeling. Lors de nos missions, nous répondions aux ordres, tout simplement.

Frank Barnes s’était intéressé à notre matrice centrale.

-C’est un androïde qui nous donnes toutes les instructions. Nous sommes constamment connecté à lui. C’est comme…

Nous essayions de trouver le bon terme.

-Comme un père. Il en sait plus que nous. Il est plus vieux que nous. Il nous guide en quelque sorte.

Nous avions expliqué recevoir des ordres et les exécuté et la question de Barnes nous fit faire la moue.

-Nous devons être d’accord. Nous n’avons pas le choix.

Nous avions parlé des missions de terrain et l’agent Barnes disait que nous allions découvrir beaucoup que chose. Nous sourîmes.

-Oui. Nous avons hâtes.

Notre conversation avec l’agent Barnes nous avait montré qu’il était différent des autres. Nous lui avions dit et il prenait ça comme une façon pour nous de montrer que nous l’aimions bien. Oui. Nous pouvions dire les choses ainsi. Nous avions rigolé à sa remarque mais en prenant du recul nous prîmes un air intrigué.

-Vous avez dit « ami-ami »… Nous avons fait « ami-ami ». Alors nous sommes amis ? Vous êtes notre premier ami ?

Nous avions entendu parlé du concept. Le Docteur Wood nous en avait parlé. Le Docteur Noonien aussi.

When You Feel Obsolete

ft. Third Of B

Third et les autres drones n’étaient encore jamais sortis et il ajouta qu’il n’avait que 3 mois, ce qui me fit ouvrir des grands yeux.

-Trois mois ?! Mais tu as au moins… je sais pas… 40 ans ?

Je comprenais bien qu’il avait été activé il y avait trois mois, maintenant que je comprenais un peu mieux ce qu’ils étaient. Mais n’empêche ! C’était un peu perturbant.

Third savait plus ou moins comment c’était dehors, grâce à des images. Et il était impatient de le découvrir pour de bon. C’était assez touchant. Il était un peu comme un enfant et le père que j’étais était pas insensible à ça.

Je lui souris.

-J’espère que tu aimeras l’expérience…

Et qu’il ne tombera pas sur trop d’enfoirés. Parce que Third me semblait un peu trop gentil pour ce monde.

Bref, on en conclut qu’on ferait une bonne équipe parce que Third était programmé pour travailler de la même façon que moi… Enfin, il avait la même optique que moi dans le travail. C’était une bonne chose si on était amenés à travailler souvent ensemble.  

Je voulus en savoir plus sur cette matrice centrale dont il n’arrêtait pas de parler et je fus bouche bée quand il parla d’un androïde. C’était plus fort que moi : l’image d’E-SAK me vint en tête. J’imaginais un énorme robot de deux mètres pas très sympathique.

Mais en voyant Third, j’avais quand même un doute. Surtout qu’il compara cet androïde à un père.

-Ok… je vois… S’il est gentil comme toi, ça me va…

Fallait que je garde en tête qu’il avait dit que leur créateur avait une bonne éthique. Donc son robot devait être comme lui… Enfin… William était pas un mauvais gars non plus, et il avait quand même créé ce trou du cul d’E-SAK… Le truc… la différence, c’était qu’E-SAK était probablement un gros enfoiré AVANT de devenir un robot-tueur. C’était donc son côté humain qui était mauvais.

Bref, c’était donc l’androïde qui donnait les ordres à Third qui était obligé de les appliquer.

-J’espère que ton père ne se trompe pas souvent, alors.

Mon sourire revint quand il reprit mon expression « ami-ami ». Il semblait très heureux des mots que j’avais choisis.

-Heu… Ouais, bien sûr… Je veux bien être ton ami. Je t’apprendrai le peu que je sais, si tu veux. Même si des fois, j’ai tort, hein… J’ai pas la science infuse, loin de là.

Je regardai l’horloge au bout du couloir.

-Bon, on va leur donner à manger… Tu le fais avec moi ?