Mise à jour

ft. E-sak

E-sak a accepté de la recevoir le soir-même pour discuter d’une requête assez particulière qu’elle compte lui faire, au sujet de ses yeux, ou plus spécifiquement au sujet du programme qui lui permet d’acquérir de précieuses informations.

Une demande qui a exigé d’elle de faire quelques démarches au préalable auprès de Jamie. Jamie qui une fois de plus lui a été des plus utiles.

C’est donc désormais munie d’un code d’accès, de son arme habituelle, celle-là même fabriquée par E-sak des années auparavant, que Thunder file en direction de Long Island se rendant à  l’entrepôt qui sert de siège à Waters Robotics.

La ducati rouge se gare bientôt devant le fameux entrepôt et Thunder retire rapidement son casque pour se diriger vers l’entrée de ce dernier, faisant une halte volontaire devant l’œil de la caméra qui la surveille.

Blouson de cuir et jean, sac à dos, et casque sous le bras, elle lance un regard oblique à la caméra :
- c’est moi, Thunder. Dit-elle sans fioriture.

Et elle attend qu’il lui donne le feu vert avant de tenter d’entrer, se doutant qu’il doit sans doute déjà l’attendre.

Reste  à découvrir le genre d’accueil qu’il va lui réserver, après tout ce temps. La dernière fois qu’ils se sont vus, c’était au gala d’échec, il y a plusieurs années et autant dire que leurs échanges n’avaient pas été des plus chaleureux, très loin de là !

Oui enfin cette fois elle n’est pas venue pour jouer les gardes du corps, mais pour quérir l’aide de l’inventeur.

Mise à jour

ft. Thunder Reese

J’avais beaucoup plus de budget depuis que Van Elsen injectait de l’argent dans Waters Robotics. Pas autant qu’il m’en aurait donné si il était devenu un vrai partenaire plutôt qu’un investisseur, mais je refusais de travailler avec quelqu’un d’autre que moi-même. Je refusais que Waters Robotics appartienne à quelqu’un d’autre que moi-même.

Je ne voulais pas d’un Stan Matthews comme William en avait un. Non merci. Je voulais rester libre. Sans personne pour me dire ce que je devais faire ou ne pas faire.

Je détestais ça.

En effet, il suffisait que quelqu’un me fasse une suggestion pour que je fasse strictement le contraire. Tellement j’avais peur d’être tenu en laisse par quelqu’un. Je ne voulais pas d’influence. Je ne voulais pas d’ami et, après mon expérience avec B-KA, je ne voulais pas de petite-amie non plus.

Non merci. Mieux valait être seul que mal accompagné.

J’avais reçu, dans la journée, un message de Thunder. Directement dans mon interface.

La jeune femme, en soi, m’intéressait peu, comme plus ou moins tout le monde. Mais je voulais, par contre, avoir ses retours sur les yeux bioniques que je lui avais implantés.

Elle devait passer ce soir… J’en profitai alors pour lancer une mise à jour sur tous mes ordinateurs, ne gardant que ce qu’il me faudrait pour, éventuellement, faire des réglages sur les yeux en question.

J’étais dans le noir. J’aimais être dans le noir avec pour seule lumière, celle diffusée par mes écrans. Les ordinateurs, il n’y avait que ça de vrai.

Peut-être que je devais me lancer dans la création d’androïdes ? Eux au moins seraient programmés pour me comprendre et pour ne jamais me contrarier.

Je me frottai le menton, réfléchissant. L’argent de Van Elsen me permettait de rêver.

Sur mes caméras, je vis arriver la Ducati de Thunder. Et quand elle se présenta à la porte, j’appuyai sur un bouton pour lui ouvrir. Je me levai de mon siège et allai vers elle, l’expression neutre. J’avais très peu de contact avec les gens… Et je ne cherchais pas ce contact. J’en devenais de moins en moins en proie à mes émotions… De toute façon, j’avais toujours eu du mal à les gérer, voire même simplement, à les identifier, ces émotions.

Alors j’avais trouvé une parade : tout réprimer. Avoir le contrôle total. Ne jamais se laisser avoir.

Même par mes propres tripes.

-Salut, Thunder.

Je lui désignai mon plan de travail.

-Tu peux t’assoir là. Tu avais besoin de moi ? Pourquoi ?

Je la regardai.

-Je pourrai faire un check de tes yeux ?

Mise à jour

ft. E-sak

La porte s’ouvre rapidement dans un son électronique. Thunder s’avance, et pénètre sur le territoire d’E-sak, découvrant des lieux plongés dans la pénombre si on fait exception des écrans d’ordinateur.
E-sak est là, s’avance vers elle, la salue, lui donnant l’étrange impression que le temps ne s’est presque pas écoulé depuis mais elle sait que c’est faux, juste une foutue impression.

Une chose est sûre, il semble parfaitement égal à lui-même.
- Salut, répond-t-elle avant de se tourner vers le plan de travail qu’il vient de lui indiquer.

Droit au but, ok, ça lui convient. Elle se dirige vers le fameux plan mais se contente pour le moment de poser ses fesses dessus et répond à ses questions.
- Pour une demande plutôt particulière.

Quant à la requête du cyborg, elle opine à peine de la tête.
- C’est justement pour ça que je suis là. J’ai besoin d’une mise à jour, enfin c’est peut-être un peu plus complexe que ça, j’en sais rien.

Elle fait un geste vague vers les ordinateurs.
- Je t’en prie, tu peux vérifier. Tout fonctionne parfaitement bien. J’ai juste besoin de.... comment dire, d’étendre mon réseau d’information. Pour le moment le programme que tu m’as implanté me donne accès à des trucs basiques, je suppose accessibles à tout public, mais j’aimerai aller plus loin. J’aimerai étendre ma base de donnée à celle de la Ni, finit-elle par lâcher.

Et elle guette la réaction d’E-sak, anticipant sur sa prochaine question :
- J’ai les codes d’accès à tout ce qu’ils peuvent détenir dans leurs ordinateurs, mais moi ce qui m’arrangerait, c’est que je puisse y avoir accès « directement », et d’ajouter un geste significatif en direction de ses yeux.

Ouais en gros sans avoir besoin de passer par un de ces foutus pc. Elle n’est du reste pas très douée avec ça.

Mise à jour

ft. Thunder Reese

Thunder me rendit mon salut et je l’invitai à s’installer sur le plan de travail. Je me doutais un peu que si elle venait me voir, ce n’était pas pour boire le thé. D’autant que son message était plutôt éloquent. Elle avait besoin de mes services et la seule issue logique était qu’elle était là pour ses yeux.

Est-ce que les implants avaient un problème ? C’était toujours possible, même si j’étais un génie, je ne pouvais pas vraiment anticiper la dégradation d’implants qui étaient, jusqu’à maintenant, uniques au monde.

Elle s’assit sur le plan de travail en métal et me confirma qu’elle était là pour une demande particulière. Ce qu’elle voulait, c’était une sorte de mise à jour. Je la regardai l’interrogeant silencieusement, un sourcil haussé.

Elle continua donc, confirmant au passage que tout allait bien, en disant qu’elle voulait avoir directement accès aux informations des banques de données de la Nouvelle Inquisition, mais directement dans son champ de vision, sans devoir passer par un ordinateur.

Elle avait les codes d’accès nécessaires, disait-elle. Donc, elle avait tout ce qu’il fallait.

-Ça peut se faire… Je peux tout faire.

Je tapotai sur la table de métal.

-Allonge-toi.

Mes ordinateurs étant en pleine mise à jour, je pris ma tablette que j’appairai… Je souris quand, sur l’écran apparut le champ de vision de Thunder, me montrant le plafond sombre de l’entrepôt.

-Tu n’as jamais eu de problème de vision ? Une baisse de la qualité de l’image ou quelque chose comme ça ? Jamais non plus quelqu’un n’a remarqué que tes yeux étaient spéciaux ?

Voilà, pour l’instant, le feedback que j’attendais. Si la qualité d’image était restée aussi nette qu’au premier jour, c’était génial. Sinon, j’aurais des réglages à faire. Et si personne n’avait remarqué que ses yeux étaient en partie bionique, c’était parfait… Et surtout important pour elle.

Je tapotai sur la tablette, pour en arriver à l’interface qui me permettait de gérer les programmes et banques de données auxquels elle avait accès pour le moment.

-Jusqu’ici, tu n’as accès qu’à internet… Comme tu le dis, rien que les gens ne puissent avoir aujourd’hui sur leurs smartphones.

Je souris.

-Alors… Améliorons tout ça… ça te rendra aussi unique que tes yeux cybernétiques, en soi…

Je fis la moue en regardant mon écran.

-Je pense que je peux aussi accélérer le temps de chargement. Tu auras les informations plus vite.

Mise à jour

ft. E-sak

E-sak dit qu’il peut le faire, qu’il peut tout faire.  Super, même si là, elle a seulement besoin de gonfler sa banque de donnée avec celle de la NI. Demande qui ne semble pas plus que ça perturber le cyborg. Après tout on parle quand même de données ultra secrètes sur toutes les recherches et activités de la NI, ce dernier siècle et plus encore.

Elle reste donc un brin surprise par son manque de réaction, même si ça ne se voit qu’à peine sur son visage quand il lui suggère directement de s’allonger. Et pas de négociation non plus. Ou voit-il peut-être cela comme une sorte de rdv d’entretien. Peut-être.

Elle avisera plus tard au cas où.  Thunder s’exécute donc, non sans avoir retiré blouson, déposé casque de moto et sac à dos sur une console plus loin.

Puis elle répond, impassible, à ses questions :
- Non aucun, sauf quand nous nous sommes introduits dans le laboratoire de ton père à cause de son EMP. C’est la seule fois. Même mes migraines se sont estompées et je me suis habituée aux données d’affichage qui au début perturbaient ma vision. Je gère beaucoup mieux le programme que tu m’as installé.

Elle secoue la tête et conclut :
- Non nul n’a jamais rien remarqué.

E-sak confirme ensuite pour ce à quoi elle a accès pour le moment, et ajoute qu’il va améliorer cela non sans préciser que ça va la rendre unique. Thunder se contente de répondre:
- Les codes d’accès sont..

Et de lui réciter une longue liste de chiffres et de lettres, ceux qui s’affichent dans l’angle inférieur droit de sa vision, inconsciente qu’E-sak y a déjà accès.

Quant à l’accélération d’accès aux données, elle ne peut que valider.
- Parfait !

Finalement elle ajoute.
- Tu te doutes que ces données ne doivent pas tomber dans n’importes quelles mains, n’est-ce pas ?

Oui parce qu’à présent qu’il a le code, il a donc lui-même accès à tout, mais ce n’est pas là son problème. Le fait est que ça ne devrait pas tomber dans n’importe quelles mains hormis celle d’E-sak.

Mise à jour

ft. Thunder Reese

♫

Thunder était donc là pour une sorte de mise à jour. Et même plutôt une sacrée amélioration. Elle aurait ainsi accès à toutes les données de la société secrète à laquelle elle appartenait. J’y voyais un grand intérêt parce que ça me permettait de faire un grand pas en avant dans ce que ces implants oculaires pouvaient faire.

C’était là la seule chose intéressante pour moi. Ce que la N.I. savait ou ne savait pas m’importait autant que ma première couche. Ça sembla vaguement surprendre Thunder que… que quoi ? Que je ne jubile pas ?

Je la regardai brièvement.

-N’aie pas l’air si étonnée. Qu’est-ce que tu veux que ça me foutre de savoir de choses sur les surnaturels ? J’essaye justement de les éviter.

Parce que leur seule présence, parfois, déclenchai une programmation destinée à les tuer. Or, je ne voulais pas être un tueur de surnaturels. Ce que je voulais, c’était devenir un ingénieur de renom ! Plus grand encore que William ou Edwin Stark !

Le reste, le monde, la société, la guerre entre humain et surnaturels, je n’en avais strictement rien à branler.

Par contre, améliorer les yeux de Thunder, ça, c’était le vrai travail que je voulais faire.

Mettant ses affaires de côté, elle finit par s’allonger comme je le lui demandais. Je lui posai quelques questions, le temps que ma tablette s’appaire à ses yeux. Elle n’avait eu de problème qu’avec l’EMP chez William.

-Chez mon créateur, tu veux dire…

Pas chez « mon père ».

J’étais un robot. Je voulais être un robot. Plus d’émotions, plus de crise de colère… Seulement des actes logiques et réfléchis. C’était ce à quoi j’aspirais. J’imaginais aussi que ça allait faciliter le peu d’interactions que j’avais avec les autres. Interactions que je cherchais, pour l’instant, à éviter autant que les surnaturels.

Jusqu’à ce que j’aie réussi à réprimer toutes mes émotions. Je ne savais quand même pas quoi en faire, quand j’en avais, alors…

J’étais content d’apprendre qu’elle n’avait plus de migraine.

-C’est bien, pour les migraines. Je pensais bien que ça finirait par se stabiliser.

Et personne n’avait remarqué que les yeux de Thunder avaient été modifiés.

-Parfait… Peut-être que je vais commencer à commercialiser alors. Avec le nombre d’estropiés humains, il y a de l’argent à aller chercher dans le domaine médical.

Je disais tout ça sur un ton totalement neutre, concentré sur ma tablette. J’allais la lui présenter pour qu’elle entre elle-même les codes d’accès de la N.I., afin que je ne les ai jamais en ma possession, mais elle choisit de me les dicter, ce qui me fit lever un sourcil. Mais sans rien dire, je les tapai puis lançai le chargement des données. Je ne pouvais voir les chiffres qui s’affichaient dans son champ de vision parce que, sachant la fonction de Thunder, j’avais fait en sorte que les données qui s’affichaient dans son champ de vision ne s’affichent pas sur d’autres appareils. Comme ça, même des gens comme William, Edwin ou moi ne pouvions y avoir accès trop facilement. Pas sans un hacking approfondi, en tout cas.

-Ça va durer quelques minutes. Il y a pas mal de données apparemment.

Je déposai la tablette près de Thunder et me laissai aller en arrière sur mon siège de bureau à roulette, croisant mes mains sur mon ventre. Thunder elle, s’inquiéta alors que j’ai les codes. Il ne fallait pas qu’ils tombent entre n’importe quelles mains. Est-ce que je pouvais faire cette promesse ?

Non.

Je haussai les épaules.

-J’allais te proposer de taper les codes toi-même pour que je ne les ai pas. Mais tu as foncé sans réfléchir. Je n’y peux rien.

Il ne faut pas demander aux humains d’être logiques.

This was never my world
You took the angel away.
I’d kill myself to make
Everybody pay.

Mise à jour

ft. E-sak

Si étonnée ? c’est à peine si elle marque sa surprise. En revanche là, y’a un net froncement de sourcil face à une si vive réaction. Toujours aussi lunatique le cyborg !
- T’emballe pas, je me dis que ça aurait pu éveiller une certaine curiosité. Mais j’vois bien que non. Donc problème réglé.

Autant passer à la suite. Elle n’est pas venue pour se prendre le bec avec lui. Et Thunder répond donc aux questions sans faire de chichi, avant de se faire reprendre sur le terme de Père. Sérieusement il va chipoter sur tout là ?

Elle ne prend même pas la peine d’ajouter quelque chose. Autant procéder à cette mise à jour au plus vite et après elle viendra plus l’emmerder.

Et elle ne réagit pas plus quand il annonce vouloir commercialiser son invention, évoquant le fait qu’elle n’est pas la seule à avoir eu besoin de « prothèses ». Même s’il lui semble que Stark travaille aussi sur le sujet, mais elle n’a pas DU tout envie d’envenimer les choses, donc ok, la suite.

De fait elle se tient tranquillement allongée, les bras bien à plat sur la surface et fixant le plafond tandis que la mise à jour commence.

A la fin de quoi elle évoque le fait que ces données doivent rester du domaine du privé. Même si bon il lui a déjà bien fait comprendre qu’il n’en a rien à foutre des surnaturels. Mais elle est obligée de le lui demander.

Et là il se fout carrément d’elle en avançant qu’il allait lui proposer de taper elle-même le code. Elle plisse les yeux avec une expression ironique.
- Tu te fous de moi ? Comme si tu pouvais pas avoir accès à tout ça que je tape moi-même le code ou pas.

C’est pas un pro de l’informatique pour rien non ?
- Tout ce que je te demande, c’est....

Elle s’interrompe, le dévisage, et soupire . Ouais elle pensait à un truc genre secret professionnel, comme le truc avec les médecins qui ne doivent pas dévoiler le dossier de leurs patients mais y’a rien à tirer de toute évidence de ce côté avec E-sak.
- Laisse tomber. Bon c’est terminé ?

Elle avait une autre question à lui poser concernant ses nano-repairs, mais vu la tournure de cet entretien, Thunder préfère abréger.

Mise à jour

ft. Thunder Reese

Je regardai Thunder toujours avec une certaine forme d’étonnement quand elle me dis de ne pas m’emballer… Je n’avais ni élevé la voix, ni donné un ton quelconque à ma voix qui était restée totalement monocorde.

-La seule qui s’emballe, c’est toi, Thunder. Ce qui se passe ici et maintenant ne me fait ni chaud, ni froid. Je suis juste là pour accéder à ta requête.

J’aurais très bien pu l’envoyer bouler… Mais non, j’avais juste fait ce qu’elle me demandait. Alors je ne voyais pas ce qui me valait cette soudaine inimité…

Comme quoi, je pouvais bien faire des efforts pour rester neutre, si les gens choisissaient, eux, de se faire dominer par leurs émotions, je ne pouvais strictement rien y faire.

Ce que je soupçonnais, c’était que Thunder m’aurais voulu plus intéressé par ce qu’elle demandait alors que j’estimais n’être là que pour l’aspect technique des choses.

Et moi, je ne lui montrais aucune hostilité.

On entra les codes, ensemble, puisqu’elle avait choisi de procéder comme ça… Puis elle me demanda de garder, en gros, l’information pour moi. Sauf que si cette information pouvait me rapporter, c’était sûr que j’allais la vendre.

Parce que j’étais comme ça. Faire du profit était quelque chose d’intéressant pour moi.

Mais quand je lui expliquai qu’elle aurait eu, en tapant elle-même ses codes, la possibilité que je n’y ai pas accès, elle s’emballa encore, mais je restai de marbre.

-Non. Je ne me fous pas de toi. J’ai programmé moi-même une sécurité dans tes yeux. Certes, je pourrais la cracker. Mais il me faudrait du temps.

Je haussai les épaules.

-Quand j’invente des choses, je ne le fais pas à moitié.

Elle allait demander autre chose, mais s’interrompis.

Elle avait apparemment très envie de s’en aller alors que je ne l’avais jamais agressée, jamais je n’avais élevé la voix contre elle. Tout ce que j’avais fait, c’était lui installé ce qu’elle voulait.

-Non, ce n’est pas fini. Comme je l’ai dit, il y a beaucoup de données à télécharger. On en a encore pour cinq minutes.

Je la regardai d’un air sincèrement interrogateur.

-Je voudrais savoir pourquoi tu t’énerves alors que je n’ai pas marqué plus d’émotion qu’un distributeur de billets et alors que je viens juste d’accéder à ta requête. J’ai aussi pris en compte ce que je sais de toi : tu n’aimes pas les questions, je sais que tu travailles pour une organisation plus ou moins secrète alors je ne t’ai pas posé de questions.

Parce que c’était tout ce que j’avais fait.

-Cette question est pour mes propres améliorations. Je voudrais ne plus avoir à supporter les réactions des gens. Je pensais que supprimer toute émotion de ma part suffirait.

Continuai-je toujours sur un ton parfaitement neutre.

-Je croyais que ça m’éviterais de provoquer une quelconque réaction émotionnelle de ta part. Mais il faut croire que je me trompais.

Mise à jour

ft. E-sak

Impassible, Thunder le dévisage alors qu’il lui renvoie l’ascenseur. Haussement d’épaule. Elle n’a pas envie de débattre sur la question de ses émotions si rarement affichées et lui donne raison sans plus discuter.
- Ok, c’est moi qui m’emballe inutilement, tu as raison.

Donc autant faire cette mise à jour qu’on n’en parle plus.

Quant à l’histoire des codes, elle trouve le coup un peu ironique mais soit, on ne va pas faire d’histoire. De toute façon E-sak n’en fera bien qu’à sa tête et puis
Finalement c’est juste la preuve qu’il n’a pas changé. Ou alors il serait un brin plus de mauvaise foi peut-être.
- Où as-tu vu que je m’énervai ?

Elle fait de l’ironie, ce n’est pas pareil. E-sak est un excellent hacker donc le coup de faire le code sans le lui montrer c’est... bah, .. bref, elle va laisser tomber.
- C’était de l’ironie mais si tu as supprimé tes émotions, je comprends que tu ne saisisses pas la nuance.

Alors soit, on va attendre que ces cinq minutes se terminent. Allongée, elle conclut finalement.
- Supprimer tes émotions ne supprime pas celles des autres E-sak... ça ne fonctionne pas comme ça.

Au bout du compte, elle récupère ses affaires et lance :
- Envoie moi un message pour les frais de la mise à jour. Je te ferai un virement. Et merci.

Thunder quitte l’entrepôt et reprend sa moto pour rejoindre son appartement où elle va devoir se préparer pour aller à l’Arena.

Mise à jour

ft. Thunder Reese

Je la regardai, complètement neutre. Je ne voulais pas lui donner la satisfaction de penser que sa seule présence me faisait quoi que ce soit. Ni chaud, ni froid. J’étais juste là, chez moi, pour la mise à jour qu’elle m’avait demandée.

-Evidemment que j’ai raison.

Evidemment que c’était elle qui s’emballait toute seule. Je ne lui avais donné aucune raison de le faire, mais elle le faisait quand même.

Pour ce qui était des codes qu’elle me croie ou pas ne faisait aucune différence. J’en ferais quand même ce que je voudrais au final.

Elle me demanda alors où je voyais qu’elle s’énervait.

-Tu as des yeux bioniques, mais c’est tout ce qui est supérieur chez toi. Le reste est désespérément humain, malgré que tu essayes de jouer les fortes têtes.

J’avais longtemps cru trouver en Thunder une interlocutrice intéressante, qui ne s’embarrassait pas de fioritures. Mais comme tous les humains, elle était susceptible, irascible et au final, dénuée de tout intérêt.

Je demeurais atrocement supérieur à tout ça. Trop intelligent pour mon propre bien, dirait ma génitrice.

Et personne ne serait probablement jamais à niveau pour être apprécié de moi.

Sauf peut-être un être artificiel.

Je cherchai à comprendre, toutefois, ce qui me valait une si vive réaction de la part de la jeune femme. Pour mon propre intérêt.

Elle disait que si j’avais supprimé mes émotions, je ne pouvais pas saisir les nuances.

-Je ne les ai jamais saisies. Elles ne servent à rien.

Elle affirma que supprimer mes émotions ne supprimait pas celles des autres.

-C’est bien dommage.

J’attendis le reste du temps en silence.

-De rien. Tu me dois 1000$...

Elle s’en alla et je retournai à mes occupations, encore une fois extrêmement déçu par cette sous-race que représentaient les humains.