The Great Escape

ft. Beaucoup de gens

Je n’avais plus eu la moindre visite depuis celle de Johnson, il y a une éternité d’ici. Plus rien… Même pas un seul agent pour venir nettoyer le bordel que j’avais foutu en éclatant la poche de sang qui m’avait été offerte pour me nourrir.

Rien…

Personne…

Il ne restait que moi, la Faim, manque de sommeil et les restes d’images imprimés dans mon cerveau par Edwards. Parce qu’il ne fallait pas rêver. Je n’arrivais pas à dormir avec cette musique qui revenait me hanter chaque fois que je fermais les yeux. Pourtant, ce n’était pas faute d’avoir essayé de la faire partir en me tapant l’arrière de la tête contre le mur froid de ma cellule. Mais à part un plus gros mal de crâne, ça n’avait eu aucun effet.

Alors, je restai assis sur ma couchette, les yeux mi-clos. Ma télépathie était la seule chose qui me permettait de savoir que le monde tournait toujours à l’extérieur. Qu’il y avait encore des gens. Elle se mettait sur « on » sans que je m’en rende compte et sans que j’aie la force d’empêcher mon esprit de tout capter. Comme si ce pouvoir était devenu plus fort et, du coup, incontrôlable dans l’état où j’étais.

Du coup, j’entendais un flot de pensées qui venaient du SPIN… Notamment, un autre surnaturels enfermés lui aussi à quelques cellules de la mienne. Isolé comme moi. Il était complètement dingue. Ses pensées tournaient en rond.

Elles tournaient comme ça : pensées suicidaires, envie de tuer, pensées suicidaires, envie de manger, pensées suicidaires, envie de tuer,… En boucle. Tout le temps. Et il criait en pensée presque aussi fort que s’il avait eu un haut-parleur.

Je n’en pouvais plus.

-Mais, vas-y ! Suicide-toi, dis-je d’une voix rauque alors que ses pensées s’immisçaient encore une fois dans mon esprit.

Quand ce n’était pas simplement d’autres que j’entendais pleurer… Je ne savais même pas s'ils étaient au SPIN ou si ma télépathie portait plus loin. Tout ce que je savais, c’est que tout ça me rendait dingue.

Dingue au point que je parlais tout seul, tout haut… Je disais aux enfoirés qui pleuraient d’arrêter de pleurer. Je demandais, parfois, dans le vide, qu’on m’apporte une poche de sang chauffée. Je le criais parfois. Ou alors, je disais simplement à Pierce d’aller mourir. Dans le vide… Sans savoir si quelqu’un entendait.

Je détestais cet endroit.

Ça faisait au moins 10 ans que j’étais ici… 10 foutues années…

Et à un moment, alors que je n’en pouvais plus et que je n’avais plus aucune force, mes yeux se fermèrent tout seul. Je sursautais par instinct de survie et pour éviter de réentendre cette musique… Mais j’avais beau lutter, je n’y arrivais plus… Jusqu’à-ce que j’entende une voix qui me fit rouvrir les yeux tout grand.

Hey Howie ! La cavalerie arrive ! Faut que tu fasses le bruit du corbeau, mec ! Imite-moi un beau putain de corbac ! Je rigole pas, tu vas voir !

Ça y est… Je suis complètement dingue. J’entends Cassidy, maintenant. Je secouai la tête. Reste éveillé, Howard, ça t’évitera de divaguer.

Mais même éveillé, je l’entendais :

Hey Howie ! La cavalerie arrive ! Faut que tu fasses le bruit du corbeau, mec ! Imite-moi un beau putain de corbac ! Je rigole pas, tu vas voir !

Je levai un sourcil et me concentrai sur la fréquence qui diffusait ce message. Putain, c’était du délire… Je délire… C’est n’importe quoi ce qu’il dit.

Je ricanai. Un bruit de corbeau. C’est n’importe quoi. Je me mis à penser de la voix la plus lasse qu'il soit.

*N’importe quoi, Cass…*

C’est le message que je renvoyai sur la même fréquence à Cass… Enfin, au délire que je me prenais et qui avait la voix de Cassidy.

Mais le message disait qu’il ne rigolait pas. Et si c’était vrai…

-Un corbeau… Je n’ai pas envie d’imiter un corbeau…

Je parle tout seul.

*Je n'ai pas envie d'imiter un corbeau*

Et si c’était ma seule chance de sortir ? En quoi imiter un corbeau va m’aider ?

Je ricanai encore tout seul. Je vais avoir l’air ridicule mais, apparemment, personne ne m’entend.

*Bon... Ok…*

Et d’une voix rauque et faible, je me mis à imiter un foutu corbeau.

The Great Escape

ft. Intrus

-Et vous trouvez ça normal ?!

L’agent James était à cran et ses trois collègues du jour n’en avaient… plus ou moins rien à foutre. Le plus jeune, Tyler, se faisait une partie de Candy Crush sur sa tablette. Ethan remplissait minutieusement son carnet dans lequel il notait les heures qu’il avait prestées pour être sûr de ne pas se faire voler une minute par le SPN… Et restait donc au pauvre Jamal à se coltiner les états d’âme du plus ancien d’entre eux, celui qu’Edwards appelait affectueusement SPN05010480.

-Pas que je trouve ça normal, James… Mais comment tu sais qu’ils t’ont pas raconté des couilles ?

James pointa Jamal du doigt.

-Parce que c’est des surnaturels, ils ont aucun crédit, selon toi ?

Jamal, qui avait 10 ans d’ancienneté comme agent pénitentiaire dans ce que les agents du SPIN appelaient « le vrai monde » avant d’être recruté par le SPN, répliqua :

-Non. Parce que ce sont des détenus, ils n’ont aucun crédit.

James s’indigna, haussant le ton et désignant la cellule d’Edwards, vide et encore scellées parce que les agents scientifiques de niveau 8 voulaient analyser le message que David y avait laissé.

-J’ai vu Wood pleurer ! Ça a plus de valeur ?!

Tyler ricana.

-Les gonzesses, ça chiale tout le temps.

James piocha une cacahuète dans le bol au centre de la table et la lança à la figure de Tyler.

-Ta gueule, le nouveau, si c’est pour dire des conneries !

Jamal, lui, fit la moue parce que l’argument « Wood » était difficilement démontable. Il souffla juste à Tyler :

-Le Dr. Wood ne chiale pas pour que dalle.

Le jeune agent haussa les épaules, replongeant le regard dans son jeu.

-Moi, pour ce que j’en dis, on devrait tous les buter.

James répliqua du tac au tac :

-Alors toi avec, parce que t’es surnaturellement con !

Ethan prit la parole à son tour.

-Moi, je suis pas d’accord qu’on les exécute. Pour me retrouver à bosser à nouveau dans le vrai monde ? Non merci. Le SPN, ça gagne mieux. Si on les bute tous, on va se retrouver au chômage, c’est pas intéressant.

James laissa tomber son front contre la table. L’étincelle d’espoir qu’il avait eue vis-à-vis d’Ethan venait de s’éteindre comme elle était venue.

-Putain, les gars ! Vous êtes désespérants… On parle pas tellement d’exécutions de surnaturels. On parle d’exécutions de gens qui n’ont rien fait de plus que naître comme ils sont. Ou qui ont été transformés par d’autres ! Et qui n’ont fait aucun autre foutu crime !

Ethan haussa les épaules.

-Et qui peuvent accessoirement bouffer tes gosses.

Jamal intervint.

-Ils peuvent aussi tomber sur des psychopathes ou de violeurs parfaitement humains, nos gosses, Ethan. Je suis d’accord avec James là-dessus. « Surnaturel » n’est pas synonyme de « tueur ». Si ça se trouve, on en a dans nos amis sans le savoir. Je suis sûr que beaucoup se cachent et font de mal à personne.

Tyler essaya de reprendre la parole…

-Mais Jerry dit que…

James frappa sur la table.

-Jerry est un putain de nazi !

Puis, s’adressant à ses trois collègues :

-Le SPN devrait fonctionner comme une vraie police s’occupant des surnaturels. Le SPIN, comme une vraie prison où on enfermerait que des Sands ou des Rose, les vrais tueurs.

Il passa une main sur sa figure.

-Mais exécuter un pauvre type comme Edwards… ? Putain, si un jour ça arrive, je demande ma mutation au niveau 1.

Jamal sourit, compatissant.

-T’inquiète… on ne sait même pas si c’est vrai, cette histoire d’exécution.

Et Ethan d’ajouter en prenant une poignée de cacahuètes…

Tu tiens ça d’une bimbo blonde qui parle en rimes. Moi, j’appelle pas ça une source fiable.

James soupira.

-Ok, j’abandonne. N’empêche que vous avez plus qu’à prier pour que la bimbo en question aille pas chanter sa chanson sur tous les toits maintenant qu’elle est dehors. Parce que si elle le fait, il risquerait bien de nous arriver une t…

Et la tuile arriva.

Il y eut une déchirure dans la trame de l’espace, au milieu du couloir de l’aile 4A.

James reconnus Sands et la Morrigane pour les avoir vus ici même le jour de l’évasion du vampire.

Et cette fois, ils avaient amené des renforts.

Ethan, Tyler et Jamal dégainèrent.

James, lui, leva la main et hurla à ses hommes :

-NE TIREZ PAS !

Si un jour tu te retrouves face à Sands, ne bouge pas, ne respire pas, n’attaque pas. Sauve ta putain de peau.

C’était ce que Frank Barnes lui avait dit.

Et son instinct lui dictait de suivre les instructions du sniper de niveau 4.

Et que le SPN aille se faire mettre. Ça, c’était pour ce qu’ils avaient voulu faire à Edwards.

James avait lancé l’ordre… Pensant que la peur de ses hommes prendrait largement le dessus et qu’ils tireraient.

Il avait tort.

Aucun d’eux ne tira. Ils gardèrent les intrus en joue… Mais ne tirèrent pas.

The Great Escape

ft. Confrérie, abstème et louve

Le reste, se passa dans le plus grand silence, chacun concentré sur ce qu’il avait à faire, les explications viendraient ensuite. Ce n’était plus guère le moment. Scarlet créa donc le premier portail, et regarda chacun des membres de cet étrange groupe des plus dissemblables passer la porte du phare avant de la refermer sur la louve, dont l’arrivée n’avait pas manqué de lui attirer un regard quelque peu stupéfait de Scarlet. Elle n’avait jamais vu de loup aussi énorme. Ce qui devait sans doute s’expliquer par le fait que ce n’était pas vraiment un loup.

A présent il ne restait plus qu’à espérer que ce maudit Howard puisse se faire entendre et recevoir en retour le message qu’ils avaient à passer. Et ce fut Cassidan qui s’en occupa. Positionnée toujours au pied du phare, les cheveux et les vêtements balayés par le vent, l’attention toute entière de la morrigane était sur l’abstème.

Quand il leur annonça qu’il avait un ping, Scarlet haussa un sourcil, perplexe, ignorant bien ce qu’il voulait dire par là, enfin si elle le devinait au vu de son expression satisfaite. Il avait apparemment réussi à contacter Howard. Il ne restait plus qu’à attendre que ce dernier l’invoquât, le chemin le plus direct pour l’atteindre, en espérant qu’il saurait se montrer convainquant. Car s’amuser à faire le cri du corbeau, tout le monde pouvait s’y prêter, il fallait pour que cela marche que celui qui l’invoquait y croie.

Et ça ne fonctionna pas tout de suite. Elle ne perçut son cri qu’à la dernière tentative d’Howard, tout son corps frémissant à cet appel. Alors Scarlet ferma les yeux et lentement tendit la main devant elle, créant une brèche dans l’espace, juste face à elle, juste face au grand lac qui étincelait sous la lune.

Et la première elle fit un pas pour traverser la brèche, suivie aussitôt par les autres, pour se retrouver l’instant d’après face à un groupe armé qui les tenait en joue. Ils étaient bien au SPIN, y’avait aucun doute là-dessus !

Alors sans l’ombre d’une hésitation, avant même de laisser Bobby ou quiconque réagir, sachant qu’ils n’hésiteraient pas, même si les gardes armés n’avaient pas encore ouvert le feu, Scarlet tendit ses mains devant elle, et concentra toute son énergie pour laisser son pouvoir sur le temps agir. Cela produisit comme des éclairs rougeoyant qui enrobèrent les gardes, les figeant dans cette attitude, leurs armes toujours braquées sur eux.

Scarlet relâcha alors sa respiration et se tourna pour regarder Bobby.

- Tu peux les désarmer à présent.

Et elle chercha Howard du regard sans le trouver. Pourtant son instinct lui soufflait qu'il n'était plus très loin. Alors Scarlet avança, sa main effleurant chacune des portes de cellule avant de trouver celle qu'elle savait être la bonne. D'une simple pression elle l'ouvrit, aucune serrure ne résistant à la morrigane, jusqu'à découvrir son occupant.... Howard Rose était là, juste devant elle.

- Où est Vivacia ? , lui demanda-t-elle d'un ton sans aucune douceur, lui signifiant bien par là qu'elle ne s'intéressait pas à lui.

Puis elle lui tourna le dos, croisant le regard de Mike qui l'avait suivie, pour hocher la tête, allant voir les autres occupants, cherchant la jeune femme, sans trouver celle qui correspondait à la description que Cassidan en avait fait. Quand enfin son attention revint aux gardes, elle sentit que le temps ne tarderait pas à reprendre son cours normal. Aussi prévint-elle les autres.

- Il faut se dépêcher, le temps pour eux va bientôt reprendre son cours.

The Great Escape

ft. Abstème & Confrérie + Howard

La louve, magnifique et énorme, bien que plus petite que ne l’était Graydon lorsqu’il se transformait, et couverte d’un pelage blanc, s’était postée à côté de moi, parée à l’attaque. J’étais moi aussi prêt à dévier, à renvoyer, à protéger ceux qui seraient derrière moi…

Et à démolir ceux qui seraient devenant moi.

Sauf que rien ne se passa comme j’avais pu l’imaginer.

Le portail de Scarlet nous mena bien au SPIN, en plein milieu d’un couloir que j’espérais se situer au bon endroit de la prison, mais…

-NE TIREZ PAS !

Fut ma première surprise.

La seconde fut de voir les garde se figer complètement, ce qui me fit jeter presque malgré moi un regard en biais à Scarlet. Elle n’avait pas de pouvoir que l’on pouvait qualifier d’offensifs… mais elle avait de sacré pouvoir quand même et elle avait apparemment bien décidé de me damer le pion !

Je serrai les dents sous mon casque. Pas tant du fait qu’elle ait figé les gardes. Mais plutôt du fait qu’elle ne m’ait pas prévenu qu’elle allait utiliser son pouvoir de manipulation du temps, attendant de me mettre devant le fait accompli… Bref, pour faire simple, je classais son intervention plus ou moins au même niveau que d’assister au mariage d’un agent du SPN !

Pour faire encore plus simple : je l’avais mauvaise.

Encore plus quand elle affirma que je pouvais les désarmer. Je le fis d’un mouvement sec de la main, envoyant leurs armes n’importe où sans m’en soucier. J’avais cru que je menais la danse ? Et ben je m’étais planté.

C’était la Morrigane qui avait pris la place de leader… en annulant toute possibilité offensive du SPN, elle réduisait mon utilité à néant.

Mais Scarlet ne fit pas plus attention que ça à mes sautes d’humeur et explora le couloir à la recherche des amis des Abstèmes.

Pendant ce temps-là, les autres détenus, dans leurs cellules vitrées, hurlaient, suppliaient qu’on les libère.

Faisant toujours face aux agents figés, ne faisant pas de cas des autres partis à la recherche de Vivacia et Howard j’enclenchai mon magnétisme. Scarlet trouva le vampire et ouvrit sa cellule.

Moi, je serrai les poings, les dents, raidis tout mon corps sous mon armure… Très bien, Scarlet ne voulait pas de bain de sang.

Mais hors de question qu’on se contente de deux évadés.

Je fermai les yeux, essayant de me concentrer au maximum sur les serrures de métal de toute l’aile.

Le métal chanta un peu.

Mais aucune cellule ne s’ouvrit.

Je leur avais déjà fait le coup une fois… Il fallait croire qu’ils avaient pris des mesures entre temps pour ne pas que ça se reproduise.

J’essayai, encore et encore… je savais qu’on n’avait pas beaucoup de temps. Mais je partirais pas avant d’avoir fait mon possible pour en libérer d’autres. Et Scarlet qui, elle, semblait vouloir se contenter d’Howard alors qu’il lui suffisait de les pousser, ces portes !!

Forçant toujours sur mon pouvoir, je finis par hurler, sachant notre temps compté :

-SCARLET ! OUVRE D’AUTRES PORTES !

La porte de l’aile s’ouvrit alors… Sur quatre robots ressemblant étrangement à E-SAK.

Je fis volte-face et tendis la main instantanément vers eux…

Je serrai le poing et trois d’entre eux furent détruis, le métal dont ils s’étaient faits se déformant jusqu’à ne former qu’une masse informe. En restait un qui pointa une arme sur moi.

Il n’y eut pas de détonation.

Juste un gros éclat de lumière. Puis le noir absolu… Et une sensation de brûlure qui me fit hurler de douleur et enlever mon casque pour porter mes mains à mon visage.

The Great Escape

ft. Beaucoup de gens

Je coassais trouvant tout ça vraiment ridicule et commençant à me dire que la voix de Cassidy n’était qu’un mirage de plus. Je devenais dingue… C’est tout…

Pourtant, quelque chose au fond de moi me disait de persister et je persistai me rendant plus crédible. Mais rien ne se passa. Enfin, rien que je pouvais voir de ma cellule entièrement fermée.

-NE TIREZ PAS !!

J’entendis crier. Ne sachant pas vraiment si je l’avais bien entendu ou si ma télépathie me jouait encore des tours. Je regardai vers la porte de la cellule. Est-ce que c’était un agent qui criait ? Encore un surnaturel qui faisait des siennes ? En tout cas, il y avait un peu de remue-ménage. Je l’entendais…

Jusqu’à ce que ma porte s’ouvrit. Je regardai celle qui venait d’entrer. Scarlet Morrigan. La porte de sortie du SPIN. Je le regardai droit dans les yeux ne laissant transparaitre aucune expression. Ni la joie, ni la colère, absolument rien. Je me retenais de rire, en fait. De rire d’un rire hystérique. Alors à la place, je me tus constatant que la vie était bizarre.

C’est, donc, Scarlet qui prit la parole demandant où était Vivacia. Partie… C’est ce que je pensai très fort sans répondre à voix haute. Mon regard se perdit dans le vide… Elle était partie.

Mais je suis libre…

C’est ce que mon cerveau constata à contrecoup et je me levai de ma couchette alors que Scarlet m’avait déjà tourné le dos et s’était éloigné. Moi, j’étais sorti de ma cellule. Cassidy était là, Mike aussi… Il y avait Scarlet, bien sûr mais aussi un loup. Yeva ? Peut-être… Bien que ça pouvait être totalement quelqu’un d’autre. J’entendis Scarlet dire qu’il fallait se dépêcher et je constatai en même temps que les agents étaient figés.

-C’est de la triche de pouvoir faire ça…

Et je me tournai vers Cassidy.

-Salut Cass…

Je disais ça sans vraiment d’émotion. J’avais remarqué Bobby Sands. Il était là aussi. Mike et Cass avaient dû appeler le Confrérie. Est-ce que je pouvais leur en vouloir ? D’avoir voulu me sauver, non… Ils avaient utilisé la seule carte qu’il restait.

Sands cria à Scarlet d’ouvrir les portes.

-Faut qu’on se barre surtout, lâchais-je sans hausser le ton mais en disant ça mine de rien.

Mais c’était déjà trop tard. Quatre robots firent leur apparition et si Sands se débarrassa rapidement de trois d’entre eux. Mais pas du dernier qui eut le temps d’utiliser l’arme que je détestais le plus. Par réflexe, je me retournai mais Sands n’eus pas le temps d’esquiver la vague d’UV. Je me retournai à nouveau. Le vampire devait avoir moi. Je n’allais pas le plaindre. Je ne l’aimais pas.

Je fixai le robot qui était prêt à renvoyer une salve. Je le foudroyais du regard. S’il y avait bien un truc que je haïssais encore plus que Sands c’était Edwards et le SPN ! Sans me manifester auprès des autres, je tendis mes deux bras devant moi les poings fermés et les écartai d’un coup vif. Le robot se coupa littéralement en deux sans que je n’ai aucune difficulté à le faire. Je rouvris ensuite les points et les deux parties séparées de la machine éclatèrent en mille morceaux. Sans qu’aucune émotion ne traverse mon visage. Le SPN méritait ça.

Je regardai vers mes sauveteurs.

-Ne vous efforcer pas à chercher Vivacia… Elle s’est échappée du SPIN avec un autre résident qui savait se téléporter.

On pouvait entendre ma voix trembler de colère quand je parlais de David. Je regardai vers Cassidy et je dis d’une voix qui trahissait mon état fragile à cause de ce que j’avais vécu ici :

-Il faut se barrer d’ici…

The Great Escape

ft. Abstème & Confrérie + Howard

J’avais eu un « ping »… C’était comme ça qu’on disait, avec Howard, en référence au bruit d’un radar, quand il utilisait sa télépathie et qu’il captait un truc intéressant… Enfin bref, c’était un truc entre deux voleurs défoncés au sang de sorcières quoi… Faut pas chercher à comprendre…

Et quand la Morrigane ouvrit à nouveau la porte du phare, on pénétra directement dans le SPIN.

Le SPIN, c’était un endroit sombre, froid, béton, métal et verre mélangé. J’y étais jamais allé, et j’avais déjà plus envie de rester là. Parce que quand mon regard balaya l’espace après que la Morrigane ait figé les agents, voir des gens commencer à crier et supplier qu’on les sorte de là, ça avait quelque chose de flippant.

Et ça me donnait un peu envie de trouver le bouton qui ouvrait toutes les portes.

J’échangeai avec Mike un regard à la fois triste, choqué et… et je partis en courant tout le long du couloir quand la Morrigane affirma qu’on n’avait pas beaucoup le temps. Fallait que je trouve Howard et Vivacia… Mais aucune trace ni de l’un, ni de l’autre.

Le pouvoir de la Morrigane était impressionnant. Bien plus que ce qu’elle avait pu dire et laisser croire quand on était encore au théâtre. Elle aurait pu mener cette mission à bien à elle seule, et pratiquement ni vu, ni connu, encore !

Ce fut Scarlet qui, la première et sans aucune peine, retrouva mon pote. Je courus dans l’autre sens, faisant un demi-tour presque ridicule pour aller la rejoindre. J’en avais le cœur qui courrait le marathon dans ma poitrine tellement j’avais peur de l’état dans lequel je retrouverais mon pote parce que ouais, Howard c’est :

-Un connard.
-Un lâcheur.
-Un menteur.
-Un enfoiré.
-Un playboy.
-Un voleur (mais moi aussi)
-Un vantard.
-Un traitre.

Mais c’était avant et par-dessus tout mon ami !

Quand je me retrouvai face à lui, je sus que même s’il ne présentait aucune blessure physique, il s’était passé un truc. Le SPIN avait réussi a changé son regard nonchalant en autre chose.

-Salut, Howard ! Il faut qu’on…

Trouve Vivacia ! Mais j’eus pas le temps de finir ma phrase que des Terminator se pointèrent ! Je fus pris d’une trouille bleue en imaginant une seconde que c’était le robot-tueur que j’avais vu sur internet. Mais ils étaient plus petit, plus frêles et comme beaucoup moins perfectionné… A vue d’œil parce que j’étais pas vraiment ingénieur.

Je me tins prêt à… à esquiver… ou à encaisser une balle à la place de Scarlet au cas où… j’avais pas de pouvoirs me permettant vraiment d’attaquer à distance. Je pouvais juste prendre sur ma gueule et régénérer après. Mais à part ça.

Sands se chargea des robots, mais le dernier et le temps de lui zigouiller les yeux alors que moi, je cachai les miens le temps du tir. Je sentis la chaleur des UV de là où j’étais, mais j’étais trop loin pour être blessé.

Quand je pus voir à nouveau, dégageant mon champ de vision, ce fut pour voir Howard user de sa télékinésie pour réduire le robot en charpies. Je me tournai vers Howard, bouche bée.

J’avais déjà vu Rose utiliser sa télékinésie un tas de fois… Pour ne pas dire des milliers de fois. Mais pas comme ça, jamais comme ça. Tout comme le regard qu’il avait, c’était un regard que j’avais jamais vu.

Le robot détruit, je tirai Howard vers moi, pour essayer qu’il me regarde.

-Bon Dieu de merde ! Mais qu’est-ce qu’ils t’ont fait, mon vieux ?!

Il affirma que ça servait à rien de chercher après Vivacia… qu’elle s’était téléportée ailleurs avec un autre type qui savait se téléporter !

Sauf qu’on avait pas le temps pour les milliards de questions qui venaient de m’exploser dans le crâne. Yeva, elle, avait tiré Sands, qui crevait de mal en se cachant les yeux, jusqu’à nous avant de se jeter sur un des agents qui s’était décongelé.

-Ok ! On se tire ? Dites-moi qu’on se tire !

The Great escape

ft. Bobby Sands, Yeva Filipov, Scarlet et Cassidan.

Une fois qu’ils furent sur place, il n’y eut plus aucune place pour la réflexion. Il fallait agir, obéir à son instinct, et faire ce pourquoi ils étaient venus. Sauf qu'ils se retrouvèrent presque aussitôt menacés de plusieurs armes. Voilà qui semblait très mal parti ! ....mais c'était sans compter sur la Morrigane qui balaya cet obstacle d’un geste de la main, un geste qui les figea telles des statues. Une vision saisissante s’ils avaient eu le temps de s’y attarder. Mais ça n’était pas le cas !

Il fallait trouver Vivacia et Howard et Mike suivit le mouvement, laissant Bobby et Yeva se charger de  neutraliser les garder, non sans lancer un regard en arrière mais visiblement la Morrigane avait fait en sorte que le sang ne coule pas.

Ok, Howard, c’est encore Scarlet qui le trouva, comme mue par une voix qu’elle aurait été la seule à percevoir. Et elle poussa rapidement la porte d’une des cellules, révélant à l’intérieur, Howard Rose.  Restait à trouver Vivacia mais à sa stupéfaction, Howard leur expliqua qu’elle s’était déjà téléportée ailleurs !

Mais encore une fois, nul temps pour le questionnement ou la réflexion. A peine Sands venait-il d’hurler à la Morrigane d’ouvrir d’autres portes, car comme Mike se doutait, il n’allait donc pas se contenter de faire évader deux détenus, qu’une série de quatre robots envahit le couloir.

Mike resté à distance, sentit que c’était là que ça merderait, avant même que tout ne se passe, avant même que les robots ne soient broyés par la force magnétique de Sands [précognition +8]. Il sut ce qui allait se passer, pas suffisamment tôt toutefois pour prévenir Sands qui fut pris dans le rayonnement d’une arme aussi étrange que puissante, une arme de laquelle Mike se détourna, sachant quels dégâts ça ferait, parce qu’il avait « vu ».

Se protégeant le visage, il finit par ouvrir à nouveau les yeux pour regarder la scène devant lui. Bobby aveuglé fut aidé par la louve qui l’entraîna vers eux, laissant les gardes seuls et pendant ce temps, Howard avait détruit le dernier robot. Mike alors attrapa le garde au sol, le forçant à se redresser puis à avancer alors qu’il retrouvait tout juste sa mobilité, et tout en lui ordonnant de faire ce qu'il leur demandait, s'ils ne voulait pas qu'on leur fasse de mal, il le poussa jusque dans la cellule qu’Howard occupait jusque là. De son arme, il menaça les autres, encore tout étourdis par le tour de passe passe de la Morrigane et leur ordonna d'en faire de même, les collant tous dans la cellule dont il referma la porte.

Tout cela ne prit que quelques secondes.

désormais la suite appartenait à Scarlet, car oui, à présent qu’Howard était avec eux et qu’ils savaient que Vivacia n’était plus là, il n’y avait plus lieu de traîner plus longtemps dans le coin.  Mike hocha la tête en direction de Cass et se tourna vers les autres.

The Great Escape

ft. Confrérie, abstème et louve

Scarlet avait déjà ouvert trois autres portes des cellules dont on ne pouvait en voir les occupants, à la recherche de Vivacia quand elle constata que Bobby de son côté ne parvenait pas à libérer d’autres prisonniers. Et bien voilà, quand on voulait jouer les grands libérateurs, parfois le destin se retournait contre vous ! Sauf que Bobby avait bien compris que pour Scarlet, tout ça ne demandait aucun effort et tandis qu’elle revenait vers les autres, il lui hurla d’ouvrir d’autres portes.

Aussitôt elle le foudroya du regard. Bon sang, elle détestait qu’on lui hurle dessus. N’en avait-il pas déjà assez fait ?? Mais tout ça se règlerait plus tard.

- comme tu veux, Bobby Sands, tu en assumeras alors les conséquences. Non sans lui lancer un nouveau regard mauvais, elle ouvrit trois autres nouvelles portes, avant de voir ces robots surgir du fond du couloir.

Et ils n’avaient toujours pas trouvé Vivacia. Elle continua d’ouvrir les portes (et de 9), sans plus prêter attention à qui se trouvait derrière, avant d’être entourée soudain par cette puissante lumière blanche et aveuglante.

Quand elle se tourna, il était déjà trop tard, Bobby avait été grièvement blessé, et au visage ….encore une fois ! Aussitôt elle se précipita vers lui et l’aida à rejoindre les autres, tandis qu’Howard s’occupait de régler son compte au dernier robot.

Scarlet regarda les détenus qui avaient profité de cette aubaine pour sortir de leur cellule, des hommes et des femmes dont ils ignoraient tout quand Howard Rose expliqua qu’il n’était pas nécessaire de chercher plus longtemps, Vivacia s’était déjà évadée grâce à l’aide d’un téléporteur.

- Et c’est maintenant que vous le dites ? Cracha Scarlet avec colère.

Mais elle n’eut pas le temps de s’éterniser sur la question qu’elle vit la louve bondir sur un des gardes, sans comprendre ce qui venait de se passer et se demandant pendant un infime instant si elle n'allait pas assister à une boucherie.

Quand elle entendit que Cassidan s’inquiétait après que Mike ait enfermé les gardes, Scarlet n’attendit pas une minute de plus pour créer un nouveau portail, utilisant l’une des portes des cellules. Ils devaient ramener Bobby au plus vite.

Elle se concentra de toutes ses forces en espérant ne pas avoir de mauvaise surprise au retour, mais quand elle ouvrit la porte de la cellule, elle découvrit le décor familier du théâtre ! [réussite sans aucun effet secondaire] Ce fut donc non sans soulagement qu’elle aida Bobby à passer le portail, aidée entre autre par Mike qui vint soutenir Bobby de l’autre côté.

Puis tous ceux qu’elle avait libéré, s’empressèrent de passer le portail, ainsi que les abstèmes et la louve. Alors Scarlet abandonna un instant Bobby à Mike, pour se dépêcher de refermer le portail, laissant tout ce petit monde se remettre de ses émotions, elle se précipita à nouveau vers son vampire que Mike avait aidé à s’installer sur le canapé qui trônait sur la scène.

Et tout à coup, ça en fit du monde dans ce théâtre ! Mais elle ne se préoccupait plus d’eux, juste inquiète pour celui qu’elle avait pourtant eu envie d’étriper un instant plutôt. Elle secoua la tête, et l’expression angoissée, se tourna vers les autres.

- Est-ce que quelqu’un parmi vous pourrait l’aider ?

Après tout, ils étaient désormais entourés de surnaturels !


HRP: 9 évadés du bloc ( sur 19 occupants sans compter Howard, Vivacia, David )