There are clouds on the horizon

ft. Penny Takahashi

Fin de journée, je laissai la mustang sur le parking de l’Arena, ainsi que Scout à l’arrière, non sans lui recommander de rester sage. J’allais éviter de le prendre à l’intérieur de l’établissement vu la clientèle de l’endroit, et vu sa « sympathie » pour toutes ces créatures.
Rachel m’en avait parlé un peu plus tôt alors que je rentrai de ma virée chez Bob.

Une virée qui avait été riche de découvertes ! Et malgré ce que Rachel venait de me dire au sujet de l’Arena, j’restai encore sous le coup de ma discussion avec Bob.

Mon enquête avait finalement porté ses fruits. Mon vieil ami avait mis du temps à repérer les symboles dans un des nombreux bouquins qu’il possédait, mais à force de patience et de persévérance, il avait enfin trouvé la réponse à mon énigme, une énigme qui se semait d’indices, rapports de meurtre et autres symboles cabalistiques.

Des symboles et des infos de la très jeune légiste que j’avais rencontrée qui au final menaient vers la réponse. [+12]. Je la tenais la Mercy Blackwell, enfin façon de parler, parce que je savais désormais que je n’avais pas affaire à n’importe quelle créature ! Mais ouais carrément un cavalier de l’Apocalypse. Guerre pour être plus précis. Et si je n’avais pas eu la confirmation d’un expert en la matière, j’aurai sans doute cru à la plus grosse blague qui soit.

Un cavalier de l’apocalypse ? Sans dec ? Alors qu’est-ce qu’elle pouvait bien foutre dans un diner pourri ?? Une question toute légitime qu’on s’était posée Bob et moi, sans pour autant avoir de réponse. A vrai dire d’après lui, la seule chance de savoir ce qu’elle voulait, ou plutôt ce qu’elle foutait là, était de lui poser directement la question.

Ahaha, ouais peut-être, ou pas ! Je n’étais pas sûr de pouvoir affronter un cavalier de l’apocalypse, étant connu pour être un des êtres les plus puissants sur cette foutue terre, après Dieu et Lucifer. Y’en avait peut-être d’autres, mais j’les connaissais pas encore.

Surtout que.. d’après les écrits de Bob, il y avait très peu de façon de venir à bout d’un cavalier de l’Apocalypse, à moins d’attendre qu’il ait terminé son œuvre pour repartir dans son foutu sceau. Le sceau qui pouvait éventuellement être une piste pour se débarrasser de ces cavaliers. Une piste que Bob me promit d’étudier pendant que je serai reparti à New York.

Ouais et moi de mon côté, en attendant de pouvoir en parler à Erin, je décidai de me pencher un peu plus sur cet Arena. Et pour ça, rien de tel qu’une petite visite en touriste, pour découvrir les lieux non ? Rachel m’avait parlé des règles de l’endroit et de ce qui s’y trafiquait alors j’étais on ne peut plus curieux de le découvrir par moi-même. Après tout, j’avais la couverture idéale non ?

Ah oui, fallait pas oublier mes armes que j’abandonnai l’une après l’autre dans le coffre de ma caisse, avant de la verrouiller. Ici il fallait montrer patte blanche, ouais....peut-être.

Alors après avoir passé les gars qui contrôlaient les entrées et vérifièrent que je n’avais pas d’arme, je pénétrai dans l’antre des créatures qui donc, venaient ici pour se défouler, entre « frangins ». C’était mignon tout plein ou pas.

Déambulant parmi les petits groupes qui s’étaient formés ici et là, discutant plus ou moins bruyamment, je m’approchai du bar et des tables disposées tout autour. Le regard accrocha alors la fameuse cage et les deux gars qui s’y battaient. Je fronçais les sourcils, m’appuyant dans le même temps au comptoir pour commander une bière.

There are clouds on the horizon

ft. Jack

Les fêtes étaient passées, la vie reprenait tranquillement son cours. Le boulot et les études étaient plus qu'épanouissantes si on exceptait les insomnies qui me poursuivaient. Ainsi que ce petit problème qui ne me laissait pas en paix et qui venait m'embêter une fois par mois. Et non, on ne parlait pas de ce cycle-là, durant plus longtemps, certes un peu moins agaçant mais avec tout de même son lot de désagréments.

Crayon de papier dans la bouche, serré entre mes dents, et tenue par ma main gauche par une de es extrémités, j'observais une cadre sur le mur d'en face, assise à mon bureau. L'autre main faisait claquer mes ongles sur le bois. Je ne regardai pas vraiment l'image. J'étais même plutôt absente.

Ce n'est qu'une sonnerie de téléphone, que je venais d'entendre qui me fit sursauter. Un sms. Une étudiante faisait une soirée et m'invitait. Seulement, ce soir, je bossais. Il faut bien gagner son salaire quand même. Je soupirais. Essayant de me concentrer une nouvelle fois sur le paragraphe que je rédigeai pour un travail collectif. On venait seulement d'en être chargés mais me connaissant et surtout mes prédispositions à rêvasser, j'avais très vite attaqué la partie qui m'incombait. J'avais délayé la problématique et j'étais sensée me faire un brainstorming pour aiguiller mes recherches futures sur la bibliothèque du campus pour étayer mes propos.

Sauf qu'à peine deux minutes plus tard, me voilà replongeant dans cet état méditatif. C'était d'abord paisible, tranquille. Puis tout changeait et cela devenait un peu plus violent car les rêveries se muèrent en flashbacks. Je tentais de lutter contre, des images, des sons m'embrouillant la tête. Le bruit des os qui craquent, le battement de mon cœur à mes tempes, la vision qui se brouille... Les phanères recouvrant mon épiderme... La douleur quand je tombe sur le sol... Des gens qui me parlent... Le trou noir... Puis tout s'arrêtait comme c'était venu.

Je devais me changer les idées... Je décrétais donc que cela suffisait. J'avais fini d'étudier pour aujourd'hui. Je jetais un coup d’œil sur l'horloge du bureau, me levais et allais prendre un verre d'eau puis une douche, en espérant que mon mal de tête né de ses images reflueraient petit à petit. En dernier recours, je prendrais quelque chose.

Une fois sortie de la douche, je me séchais à la hâte. Si je me dépêchai un peu, j'aurais le temps de passer le voir une bonne heure avant de partir pour le travail. Dino Lucchese... Je voulais lui parler. Des ces images entre autres...

Une fois habillée d'une  « robe-pull » ouverte sur les épaules par dessus un débardeur, passé une ceinture, enfilé un jean, des sur-chaussettes s et des petites bottines type Dr Martens, je me maquillais légèrement et fis quelques bouclettes à mes cheveux.

Je passai bracelets et préparai mon sac avec quelques accessoires pour ce soir. Le reste de la tenue m'attendait déjà au Lust. J'étais toujours plus apprêtée quand je sortais le soir pour aller travailler qu'en journée ou j'arborais tenue plus classique. D'ailleurs, j'attrapai une petite veste au cas où il ferait beaucoup plus frais ce soir. Depuis … L'incident, j'avais toujours plus chaud mais il valait mieux prévoir, non ?

Les transports en commun furent mes meilleurs alliés pour me rendre à l'Arena puis mes pieds. Et comme on me regardait comme si j'étais en chaleur, je pris sur moi d'au moins faire semblant d'avoir froid en plaçant la veste sur mes épaules.

Une fois sur le parking de l'Aréna, je pus oublier ces simagrées.

Évidemment, quand je passai à côté d'une voiture avec un chien dedans, je ne pus m'empêcher de m'arrêter :

-Oh, comment t'es trop mign... Ouais bon d'accord, je recule...

C'était toujours ainsi. J'aimai les animaux, mais eux, ils ne m'aimaient pas. Et j'avais la sensation que depuis quelques mois, je les rendais encore plus nerveux que d'ordinaire.

-Super...

Je fis un peu la moue, m'éloignai du véhicule et passai bien vite mon chemin pour entrer à l'intérieur. Je franchissais le seuil à pas comptés.

C'est une drôle d'explosion de sons mais aussi d'odeurs qui me parvinrent aux oreilles et au nez, mais heureusement pour moi, pour les odeurs, elles restaient un peu indistinctes. Ainsi je ne me coltinai pas celle de la sueur des combattants que j'observai un moment.

J'allai finalement voir Cindy à son bureau mais elle m'indiqua que Dino n'était pas là. Je lui dis que je repasserai plus tard, que ce n'était pas bien grave. Elle me dit d'attendre un peu, qui sait, que peut-être il n'allait pas tarder à venir. Elle était occupée. Je ne la dérangeai pas. Avant de repartir j'allai commander un verre au bar. Sans alcool puisque je travaillai ce soir.

-Bonsoir, je pourrai avoir un truc sans alcool s'il vous plaît ? Merci...

Je grimaçai quand il me proposa entre autre chose un verre d'hémoglobine, pensant qu'il se fichait de ma tête. Ouais ils avaient beaucoup d'humour ici... Nan ? Quand je fus servie, je me tournai, m'appuyai un peu dos au comptoir, après avoir posé ma veste et mon sac sur un tabouret, regardant les gens combattre, tout en buvant une gorgée, avant de me dire qu'il s'agissait sûrement de trucages dignes d'un spectacle.

Rien de plus aveugle que celui qui voulait l'être. Par contre mon odorat détecta un truc, comme un léger parfum qui se détachait de certaines fragrances... Ce qui me fit détourner le regard vers le monsieur en chemise acoudé au bar.

-Salut, moi c'est Penny!, me présentai-je sans me méfier une seconde.

There are clouds on the horizon

ft. Penny Takahashi

J’avais laissé de côté mes réflexions concernant Mercy, pour observer les lieux, la clientèle, la cage, les deux gars qui s’y battaient, m’imprégnant instinctivement des odeurs, l’oreille tendue, pour capter finalement avant même de la voir, la fille qui venait de s’installer à un tabouret de moi.

Mon regard ne s’attarda pas, revenant sur la cage et le combat qui s’y déroulait, même si j’avais affiché un instant, un regard moqueur, secouant légèrement la tête. Un truc sans alcool, okay. Même le barman l’avait regardée un peu chelou. Jusqu’à ce qu’il lui proposât un verre de sang.

Mon sourire retomba et là ce fut moi qui le regardais avec le même air sceptique. Du sang, vraiment ? Nom de Dieu mais c’était quoi cet endroit ? Hmm, mes sens désormais s’activant sans que je ne l’ai vraiment cherché, m’indiquèrent tout un tas d’odeur très nuancées, dont un relent de sang, sans doute celui que le gars devait tenir au frais hm ?

OU celui qui venait de gicler de la gueule de l’autre dans la cage ? Mouais, s’il y avait des gars qui avaient parié sur celui-là, ils allaient perdre, tout comme je sus qu’il allait perdre, à cause de l’adrénaline, la peur mêlée à l’alcool qu’il évacuait par tous les pores de sa peau, et dans sa sueur. [sens accrus +16].

Mais les « analyses » de mes sens furent soudain interrompues par le son de la voix de la jeune femme qui avait commandé un truc sans alcool. Penny donc. Je me demandai qu’est-ce qui chez moi avait pu la pousser à vouloir faire la causette. J’étais pas spécialement un type à l’air engageant, n’était-ce qu’à cause de ma carrure ou de mon air rébarbatif.

Mais pour la peine, et poussé par l’instinct, me demandez pas lequel, je décidai de jouer mes bonnes cartes :
- Salut Penny ! Je lui offris mon plus charmant sourire. Moi c’est Jack.

Je regardai son verre « sans alcool », et vu sa frimousse de gamine, je demandai l’air nonchalant :
- Tu viens souvent dans l’coin ?

Je regardai un instant autour de nous :
- Moi c’est la première fois que j’viens ici. Sacrée découverte ! dis-je d’un ton enjoué.

Ouais, j’étais bien content d’avoir laissé Scout dans la bagnole, et là je songeai à ce qu’il fallait que je la joue particulièrement fine ici, au vu de tous les surnaturels qui avaient l’air de grouiller dans le coin. Pas sûr qu’ils feraient un très bon accueil à un chasseur.

J’entendis plus loin un éclat de rire et mon regard capta les incisives trop longues du concerné. Ouais, ils étaient partout ici. Heureusement pour moi, rares étaient les surnaturels à pouvoir m’identifier.

There are clouds on the horizon

ft. Jack

Oh, cette odeur, je l'avais sûrement rêvée. Il m'arrivait depuis toute petite de sentir des odeurs « parasites » et parfois je me disais que c'était simplement le fruit de mon imagination. Et depuis qu'il m'était arrivé... Ce truc en décembre, j'avais un peu mes cinq sens qui déraillaient et n'en faisaient qu'à leur tête. Et malgré moi, c'était comme si je vivais toujours l'oreille tendue. Même quand je ne voulais pas écouter, j'entendais des fois des mots de discussion de gens, comme si j'étais branchée sur une radio dont la station était mal calée et me surprenait à « écouter » sans l'avoir cherché, tout en faisant autre chose.

Cette histoire d'odeur m'avait induite à me tourner vers l'homme pas loin de moi, et je l'avais tout naturellement salué.

Je m’attendais presque à me faire rabrouer. Souvent, les gens aimaient leur petite tranquillité et faire cavalier seul, à boire leur verre. Sauf qu'il me salua en retour, et d'un air accueillant. Et même qu'il se présenta aussi.

Je rendis son sourire à Jack à la belle chemise.

-Non Jack, pas vraiment. Et c'est la première fois que je commande au bar. Et... Ils ont un drôle d'humour...

Non mais, me proposer un verre de sang...

J'allais lui retourner la question mais il me devança en y répondant. Je ris un peu :

-Oui ! Je m'attendais pas à assister à un match de catch avec des effets spéciaux, mais c'est plutôt cool comme spectacle, vous trouvez pas ?

Je fis une petite moue en voyant les fausses dents plus longues que la moyenne. Un réflexe idiot me fait passer ma langue sur mes dents, bouche fermée. Certaines me semblent légèrement plus allongée que d'habitude. Je n'y avais jamais vraiment prêté attention jusqu'alors.

J'arbore du coup une moue de surprise avant de me reprendre :

-Ils risquent de se blesser à se battre avec de tels accessoires, non ?

Je désignai justement de la tête grandes canines.

There are clouds on the horizon

ft. Penny Takahashi

Haha ouais ok, la première fois qu’elle commandait au bar. Je me demandais même si elle avait l’âge de consommer de l’alcool. Sérieux elle avait l’air de débarquer d’une autre planète au milieu de la clientèle plutôt patibulaire de l’Arena.
- Ah ouais de l’humour ?

J’attendais, interrogateur la réponse qui j’en étais sûr, ne manquerait pas d’intérêt. Avant de lui expliquer que moi j’découvrais aussi l’endroit. Et ce qu’elle me répondit fut à la hauteur de mes observations. Bordel mais comment avait-elle fait pour atterrir ici ?
- Des effets spéciaux, hum ouais c’est cool dis-je en l’observant.
Dis-moi, comment t’as fait pour te retrouver ici ? Cet endroit est quand même loin des autres centres, loin des coins animés de l’île on va dire. Laisse-moi deviner, t’es venue avec ton grand-frère ?

Quoi ? Bah non c’était pas moqueur, juste un poil ironique vu qu’elle avait l’air vraiment jeune. Et en plus complètement candide. Un véritable appât pour les prédateurs qui devaient être légion ici, si j’avais bien compris. Ouais suffisait de regarder dans la cage.

Mais c’était surtout une façon de savoir si elle était venue seule ou accompagnée. Dans le premier cas, elle était mal barrée.
Nom de dieu, j’m’attendais pas à tomber sur ce genre de nana en venant ici. Cet endroit semblait quand même réservé aux initiés non ?

Et elle, elle se demanda s’ils ne risquaient pas de se blesser avec « leurs accessoires ». Bordel !
- J’crois que c’est l’but en fait. Attends toi à voir du sang hein ?

Ouais j’espérai qu’elle allait pas me faire le coup de tomber dans les vapes. Bon ma quête ce soir semblait fort compromise. Au lieu de quoi j’allais devoir emmener cette fille loin d’ici pour lui donner une chance de rentrer entière et en vie chez elle.

Le combat semblait mal engagé pour le vampire, l’autre menait le combat et les parieurs s’excitaient, éructant et vociférant à qui mieux mieux pour encourager leur champion ou distraire son adversaire.

There are clouds on the horizon

ft. Jack

Je fis remarquer à Jack que l'humour du barman laissait à désirer parce que bon, son coup du verre d'hémoglobine, ce n'était clairement pas foufou :

-Oui, il m'a proposé un verre d'hémoglobine..., précisai-je brièvement en faisant exagérément des gros yeux l'air de dire, il va pas bien dans sa tête le barman.

Même si là, maintenant, rien que d'y penser, j'avais une envie de viande bien saignante, le genre d'envie qui me prenait comme ça prenait une femme enceinte, et cela depuis... ma « première pleine lune »...

Bon, il fallait que j'arrête d'y penser, sinon cela allait finir par m'obséder et m'empêcher de mon concentrer . En pleine discussion et un gargouillis de l'estomac pendant qu'on parlait du fameux liquide écarlate ça la ficherait mal, non ?

Ou comment passer pour une psychopathe !

Le Mister Jack en tout cas n'était jamais venu auparavant mais il semblait à l'aise comme un poisson dans l'eau.

Par méconnaissance et naïveté, je voyais le combat qui se déroulait sous nos yeux comme un match de catch, avec des trucages et effets spéciaux, parce que pour moi, tout ceci ne pouvait pas être réel. Je n'arrivais déjà pas encore beaucoup à avaler ce que j'étais alors penser un instant à l'existence d'un vampire, penses-tu.

Et je m'extasiai devant comme une gamin qui venait de sortir de sa cambrousse. En même temps, j'avais jamais vu ça en vrai.

Une petite moue se dessina sur mon minois tandis que je me demandais si c'était une question oratoire et s'il se payait ma tête ou bien s'il attendait une véritable réponse de ma part.

Dans le doute, je répondis parce que j'en avais bien envie après tout :

-Même pas !  Je suis venue toute seule comme une grande avec mes pieds et le métro... Même si j'aurais mieux fait de prendre ma voiture... De toute façon je ne vais pas m'éterniser. J'étais venue voir un ami qui n'est pas disponible on dirait, déclarai-je en jetant un œil en direction de la porte du bureau de Cindy.

Je devais faire attention de ne pas repartir trop tard pour avoir le temps d'arriver et de me préparer à l'heure. Rien ne se payait tout seul même si je n'avais pas à me plaindre. Je ne faisais peut-être pas les extras mais les petits billets calés par les clients dans les sous-vêtements pendant les laps dance rapportaient pas mal.

Enfin, quand je vis les crocs sortis de la bouche des gars qui se fracassaient la tête depuis tout à l'heure, je crus qu'il s'agissait d'accessoires pour parfaire le spectacle, même si une ou deux chaises n'auraient pas été de trop pour se taper sur la tête, non ?

Tout le monde s'agitait autour comme si les gars étaient proches de s’entre-tuer. On aurait presque dit le peuple face aux jeux du cirque.  

-Ah ouais ? Bon, pourquoi pas. Le sang ? Bah, c'est sûrement du colorant.Pis c'est pas comme s'ils risquaient de mourir pour de vrai. Vous avez parié, vous ?

Je bus mon verre en haussant les épaules. J'en avais vu d'autres durant mes entraînements avec le Sensi, même si j'avais de plus en plus faim, désormais. *Steak... Saignant... Vire moi cette obsession de ta tête *!

Ah ouais tiens, je n'avais pas mangé ce soir.

Eh bien si je voulais avoir le temps d'aller me trouver un quelque chose à grignoter sur le pouce avant d'aller bosser, je ne devrais sûrement pas tarder à décamper.

-Moi je plains surtout ce pauvre petit toutou qui doit s'ennuyer dans sa voiture sur le parking. Il est trop mignon !

Bien qu'un poil grognon, mais ça c'était toujours comme ça avec les animaux. J'avais beau les aimer, eux ne m'aimaient pas. Encore que sur le tard j'ai déjà réussi à approcher des taureaux, quelques vaches et chevaux. Mais bon, ceux-là étaient habitués à ma présence dérangeante depuis le temps.

Et dans ce cas de figure précis, le chien ne faisait également que défendre son territoire, donc il aurait pu grogner sur n'importe quelle personne lambda s'il ne s'agissait pas de moi.

There are clouds on the horizon

ft. Penny Takahashi

- Okay !

Je voyais bien le truc, un verre d’hémoglobine. Le mec, s’il lui avait proposé ça, il croyait sans doute avoir affaire à une initiée, mais de toute évidence NON ! BORDEL ! J’en revenais pas qu’elle soit encore en vie en entendant ses commentaires, particulièrement sur le combat.

J’avais encore l’espoir qu’elle ne soit au moins pas venue seule mais non. Alors comment s’était-elle retrouvée ici ? Et pourquoi se ramener dans un bouge aussi spécifique quand même !!! L’Arena était éloigné des points névralgiques, alors pour atterrir ici, il fallait connaître ou vraiment vouloir s’y rendre.

Mouais et en plus elle se vantait d’être venue toute seule. Je lui lançai un regard grave. Vraiment, elle ne réalisait pas du tout dans quelle position elle s’était mise. Je ne relevai finalement que le point qui concernait l’ami qu’elle était venue voir.
- Un ami ? Il sait que tu devais venir le voir ? Il t’a donné Rendez-vous ici ? Parce que franchement, c’est pas un endroit pour toi. Donc ouais, ça serait bien de pas traîner trop longtemps dans l’coin.

Donc soit le pote en question l’avait piégée et donc c’était pas vraiment un pote. Soit il était aussi couillon qu’elle. Ou pas quand je suivis la direction de son regard. Donc c’était quelqu’un qui faisait partie du staff, vu l’entrée privée qu’elle zieutait. Je n’sais pas ce qui était le mieux pour elle.

Mais juste après son attention revint à la cage et j’eus droit à un florilège de réflexions digne des gens qui ignoraient vivre juste à côté du surnaturel. Enfin se leurrer à ce point, alors que je venais de lui dire qu’elle devait s’attendre à voir le sang couler, c’était fort !

Je secouai la tête. A un moment on ne pouvait plus laisser les gens s’embourber dans leur connerie.
- Non ma chère, c’est pas du colorant, c’est du sang, du vrai ! T’as vu un peu comment ils se foutent sur la gueule ? Tu crois qu’ils font semblant ? Ben non. C’est pas pour de faux, c’est du vrai de vrai, lui assurais-je, le regard narquois.

Puis je soupirai dépité.
- Après j’pense pas à des combats à mort mais à mon avis ils vont se mettre suffisamment mal pour ne plus se relever pendant un bon moment. ET non je n’ai pas parié. Je préfère être simple spectateur pour le moment.

Et comme elle s’interrompit le temps de boire un coup, j’en fis de même, espérant que je n’aurai pas à la raccompagner. Tout au plus lui appellerais-je un taxi. Mais je faillis ensuite m’étrangler quand elle causa du chien dans la voiture.

Avec ma veine, j’étais prêt à parier qu’il s’agissait justement de Scout.
- Un petit toutou ? la caisse, c’était pas une mustang par hasard ? Parce que dans ce cas, tu devrais éviter de te frotter à des animaux que tu ne connais pas. Tu sais jamais quelle pourrait être leur réaction.

À la limite lui bouffer un bras, mais  il fallait croire qu’elle cherchait à raccourcir son temps de vie sur terre. Quoique Scout ne se montrait hostile qu’envers deux genres de personnes, la racaille et les surnaturels.

There are clouds on the horizon

ft. Jack

Je fronce un peu les sourcils, ne mesurant pas tellement le sens de son « c'est pas un endroit pour toi ».

-J'ai bien le droit d'aller où bon me semble non ?, demandai-je sans animosité pour autant. Et pour ce qui est de mon ami... C'est moi qui suis venue le voir. Une visite surprise. Mais de toute façon il doit être occupé. Il n'est pas là..., j'affichai une petite moue désappointée. C'est pas de sa faute, j'aurai dû téléphoner avant de passer.

J'avais reporté mon regard sur la cage, pensant visionner un spectacle comme au catch. Un truc un peu truqué pour faire du sensationnel, avec faux sang et tout.

Je lui fis des gros yeux quand il me dit que c'était de la vrai bagarre. Il se paye ma tête, c'est ça ?

Je manque d'éclater de rire mais... Voyant son petit sourire en coin, je commençai à me demander et j'étouffe alors mon rire bien rapidement. Je me mords alors la lèvre, comme un peu gênée, mais l'écoutant attentivement. Je suis rassurée d'entendre qu'il ne s'agissait pas de combats à mort mais...

-Ouais, enfin un coup mal placé peut toujours tuer... Il suffit de savoir où taper ou de perdre le contrôle... Parfois la montée d'adrénaline peut nous donner la sensation d'être surpuissant et cela peut jouer des tours, vous aveugler jusqu'au coup fatal...

Je me souvenais de mes entraînements et j'avais déjà ressenti cela. J'avais fait saigner mon Sensei les deux premières fois que cela m'était arrivé. Il n'y en avait pas eu d'autres car alors il avait fait en sorte de m'apprendre à me maîtriser et parce que c'était rare qu'il ne sache pas parer mes coups. Mais aujourd'hui, avec ma nouvelle condition et mes émotions exacerbées, j'allais sûrement devoir retravailler cet aspect.  

-Spectateur, c'est sympa aussi oui...

Enfin voilà, je n'allais pas plaindre ces mecs qui avaient plaisir à se faire du mal. Ma pensée allait surtout à ce beau chien qui attendait seul dans une voiture et qui devait s'ennuyer un peu le temps que son maître était dans les parages.

La mention de l'animal le fit réagir. Bon, faut dire que le chien n'était pas si petit mais c'était affectueux.

-Oui, une belle Mustang, souris-je les yeux pétillants, en grande amatrice de voitures. Enfin surtout en ayant déjà réparé quelques unes. Finalement mon sourire se décomposa bien vite. Me dîtes pas que je suis en train de parler à son propriétaire quand même ?

Parce que ce serait bien ma veine d'avoir mis les pieds dans le plat...

-AHeum... Euh comment il s'appelle? Oh oui, de toute façon je ne les approche jamais de trop près et vous inquiétez pas, celui-là étant du genre expressif j'ai bien vite compris qu'il n'a pas apprécié que je lui adresse la parole. Je n'ai pas demandé mon reste.

J'offris une autre petite moue déçue. C'était toujours pareil avec les animaux. Je les aimais, mais pas eux.

Je jetais un œil sur ma montre en terminant mon verre puis souris de nouveau :

-Pas que je m'ennuie avec vous, mais le travail m'appelle ! Je vous l'offre...

Je réglais ce que je devais ainsi que la consommation du monsieur qui m'avait fait un brin de causette.

Je lui tendis amicalement la main :

-Au revoir Jack ! Ravie de vous avoir rencontré.. C'était sympa !

There are clouds on the horizon

ft. Penny Takahashi

Je ricanai devant son « j’ai le droit de faire ce qu’il me plait ».
- Oh c’est pas moi qui vais t’en empêcher, mais si tu tiens à ta peau, tu devrais suivre mon conseil.

Quant à la suite de ses explications, j’comprenais un peu mieux le problème. Une visite surprise. Il allait être bien surpris le gars quand il saurait, et il faisait partie du staff de toute évidence. Mui quelque chose sonnait un peu étrangement dans tout ça, mais j’ignorai quoi précisément.

Je confirmais donc avec flegme quand elle ajouta qu’elle aurait peut-être dû appeler avant.
- Mouais sans doute.

Puis son attention se reporta sur la cage, et ses commentaires m’obligèrent cette fois à être plus direct. C’était pas du chiqué le combat-là, ça me semblait évident, enfin peut-être parce que j’étais un initié ?

Mais je ne m’attendais assurément pas à ce qu’elle me fasse la leçon sur la façon de se battre et les coups qui pouvaient être fatals. Non mais elle déconnait là ? Elle voyait pas la différence entre du vrai du faux et elle me jouer la pro du combat ?
- Ouais, vous aveugler, c’est le mot, ironisais-je en la dévisageant de la même manière.

J’étais tombé sur un cas, mais j’étais pas au bout de mes surprises quand elle me parla de Scout et confirma mes craintes quand je lui demandai si pour la bagnole, il s’agissait d’une mustang. Mais au moins cette fois, je n’eus pas besoin d’expliquer, elle avait compris que ouais, elle parlait bien à son propriétaire. Pas de chance !
- Expressif hm.. .en réalité tous les chiens ont plus ou moins l’instinct de protection ou de gardien, et là il protège la voiture ou son territoire si tu préfères. Donc ouais, ça le rend  nerveux quand on s’en approche.

J’n’avais pas répondu à sa question sur son nom, de toute façon, c’était pas un chien à qui on pouvait faire des papouilles, si j’étais pas à côté pour gérer le truc, particulièrement avec les inconnus.

Mais elle n’insista pas, ayant compris que j’étais peut-être pas le mec idéal pour taper la causette sur les gentils chiens-chiens et elle prit rapidement congé. Je me contentai d’un signe de tête pour la bière et la suivis d’un regard acéré tandis qu’elle s’éloignait. Personne ne lui emboîta le pas, et quand je la suivis à l’extérieur, personne non plus n’eut l’idée de la prendre en chasse.

Bon c’était apparemment son jour de chance à la demoiselle et le mien, car j’allais finalement pouvoir retourner observer cet endroit et sa clientèle des plus hétéroclites, le temps d’un verre ou deux, puis je me rentrerai chez moi.