The Little Thief

E-SAK

Je n’étais pas sûr qu’on allait s’amuser… Et effectivement, je ne m’amusais pas du tout ! Edward pleurait toutes les nuits presque toutes les deux heures pour un putain de biberon. Je savais ce que c’était d’avoir un gamin dans une maison. La différence c’est que je ne dormais pas dans la même chambre quand je vivais avec bébé William.

Mais ici, ça résonnait dans tout mon foutu et minuscule appartement !

Lamashtu s’occupait, en général, de lui filer ce qu’il voulait mais le problème c’est qu’elle n’était pas toujours présente. Il lui arrivait de s’en aller parfois des putains des journées entières me coinçant à la maison avec ce nephilim pleurnichard !

Après trois jours, je n’en pouvais plus ! Surtout que j’avais bien d’autres choses à faire comme… Allez voir l’autre fils de William… A croire que je passais mon temps à torcher le cul de ma descendance…

Je regrettais sincèrement d’un jour avoir fait un enfant à cette garce de Delilah.

Bref, j’avais contacté E-SAK au travers de la page H de Waters Robotics. Un échange pas très long mais où j’avais bien senti que mon scepticisme l’avait agacé. Assez pour qu’il me donne rendez-vous non sans me faire part d’une bien de répartie pour ce qui était de ma photo profil qui n’était en rien la voiture que je possédais.

Non… Je possédais une vieille Ford Mustang Cobra noire et aux sièges en cuir rouge de 1980. Je l’avais acheté d’occasion peut après mon arrivée sur Terre. Elle était dans un sale état quand je l’avais achetée ce qui faisait qu’elle ne m’avait pas vraiment couté cher. Mais j’étais Edwin Stark. Je l’avais facilement retapé lui rendant un certain éclat.

Ce n’était pas une Porsche, je le conçois. Mais la Porsche viendra avec le temps.

J’avais donc obtenu l’adresse des locaux de Waters Robotics qui se situaient en dehors de la ville dans des entrepôts du HHMS Aérodrome. Je m’y rendis non sans m’amuser un peu en faisant des pointes de vitesse de temps à autre. Conduire… C’est une des choses qui m’avaient manquées en Enfer. Un comble quand on se rappelle ce qui avait entrainé ma mort et celle de Delilah.

Arrivé devant les entrepôts, je remarquai bien vite qu’il n’y avait pas une âme autour. Pas étonnant vu que, de ce que j’en savais, il venait de démarrer. Je sortis de ma voiture avançant vers la porte qui s’ouvrit une fois que je fus devant. J’esquissai un sourire en coin les mains dans les poches avant de m’avancer dans entrepôt remplis de pièce d’aviations avec, en son centre, un bureau. C’était ici que le gamin de William voulait se faire un nom. Et volant les technologies des autres…

Nos regards se croisèrent. J’étais sûr, à cet instant, d’être déjà grillé mais c’était en partie le but.

-Bonjour, Waters.

Le gamin de William était loin de l’image que je m’en faisais. Blond, yeux bleus, il ne ressemblait pas du tout à un Stark. Il n’y avait que la taille qu’il semblait avoir hérité de William.

The Little Thief

Edwin Stark

Mes écrans clignotèrent alors que je dessinais les plans d’un nouveau projet. Pas besoin de me servir de mes mains pour cela, pas plus que je n’avais besoin de papier et d’un crayon pour dessiner mes schémas. Je me tenais simplement assis sur mon siège, les bras croisés, les yeux rivés, sans jamais cligner, sur mes écrans. Et tout y bougeait tout seul, comme par magie.

Sauf que la magie n’avait rien à voir là-dedans, tout ici n’était que technologie et c’était, à mes yeux, bien plus beau que ne pourrait jamais l'être la magie. Car la technologie était l’incarnation même de l’intelligence… De ce qu’un esprit intelligent, artificiel ou non, peut accomplir.

Mais ce spectacle fut donc interrompu par la visite de celui qui, sur les réseaux sociaux, se faisait appeler Edward Williams. Les caméras extérieures à l’entrepôt avaient détecté du mouvement, d’abord la voiture.

Une Ford Mustang Cobra noire de 1980. Pas vraiment la voiture que laissait voir la photo de profil de Williams dont la page s’afficha sur l’un de mes écrans à peine y avais-je pensé, mais un très beau véhicule quand même, pour ceux qui appréciaient la bonne mécanique. Pas question de nostalgie ici. Mais l’histoire de la mécanique n’était-elle pas la base de toute technologie ?

Ensuite, l’homme sortit de sa voiture. Je zoomai instantanément dessus… Et mes yeux rougeoyèrent alors que je fronçais les sourcils… Pour le scanner de la tête aux pieds. Même si ce n’était pas nécessaire. Même à l’heure actuelle, on parlait encore d’Edwin Stark. L’Histoire faisait que régulièrement, des documentaires et autres références au célèbre ingénieur étaient faits dans les médias, sur n’importe quel support, sur n’importe quelle plateforme.

Edwin Stark était incontournable.

Alors les portes de l’entrepôt s’ouvrirent à peine eut-il avancé vers elle.

Parce que si on mettait de côté le fait que j’allais me retrouver devant celui qui était désormais troisième sur le podium des meilleurs ingénieurs de cette planète, il s’agissait également, à en croire Emma, de mon grand-père.  

Je fis tourner mon siège pour me retrouver face à lui, le regard brillant d’intérêt… Puis rouge à nouveau, le temps que je referme la porte derrière lui.

-Bonjour, Stark…

Je penchai la tête sur le côté et souris.

-Tu es supposé être mort. Il est illogique que tu aies encore cette tête-là en 2019.

Mais malgré ces liens que je faisais et qui traduisaient inévitablement quelque chose de surnaturel, ma programmation ne s’enclencha pas. Et mes capacités en hacking ne détectant rien de robotique en lui, je pouvais en conclure qu’il n’était pas non plus un cyborg.

Je tendis le bras sur le côté, pour attraper un réacteur WR sur mon bureau…  Je l’avais préparé pour le montrer à Edward Williams… Mais je n’aurais pas imaginé trouver en face de moi quelqu’un capable, probablement, de parler technologie à un niveau avancé, bien que les connaissances d’Edwin devaient être désormais obsolètes.

Je lui lançai le réacteur pour qu’il le rattrape au vol.

-Je comprends mieux ton scepticisme, désormais. Si je m’étais contenté de reproduire le pacemaker de William, effectivement, ce réacteur n’aurait jamais pu être capable de fournir l’énergie promise dans mon article sur H.

Je souris.

-Mais je l’ai amélioré. Considérablement.

The Little Thief

E-SAK

La porte se referma derrière moi quand je fus dans l’entrepôt où se trouvait le fils de William qui jouait aux ingénieurs et hommes d’affaires en herbe. Je le saluai non sans afficher un sourire en coin sans équivoque.

Je vis dans son regard un grand intérêt ce qui élargit mon sourire alors qu’il me salua à son tour m’appelant par mon vrai nom. Il savait. Et vous n’imaginez pas à quel point mon ego en était fier. Je m’étais moi-même forgé. Je n’avais hérité de rien. J’étais parti d’un quartier du Bronx pour finir dans une villa à Manhattan à la tête d’une des plus grande entreprise de ce monde.

J’étais Edwin Stark et même le fils de William né après ma mort savait pertinemment qui j’étais.

E-SAK fit une remarque sur ma mort. Oui, il est totalement illogique que j’aie cette tête en 2019 mais E-SAK devait savoir que le monde n’a rien de logique. Il existe des créatures surnaturelles un peu partout… Il doit prendre en compte ça donc son résonnement logique. Je l’imitai penchant légèrement la tête sur le côté affichant un sourire carnassier.

-Je pourrais dire la même chose de toi.

Il était censé être mort aussi mais William en avait fait un cyborg. Moi, j’étais un démon. Tout s’expliquait finalement très logiquement.

Il tendit le bras prenant en main le réacteur avant de me le lancer. Je le rattrapai au vol alors qu’E-SAK déclarait qu’il comprenait maintenant mon scepticisme et s’empressa de dénigrer ce que j’avais fait disant qu’il avait considérablement amélioré mon réacteur. J’esquissai un sourire en coin.

-Qui te dit que je n’ai pas volontairement fait en sorte que cette technologie soit basique pour ne plus avoir William dans mes pattes ?

Ce n’était pas le cas mais j’aimais bien laisser planer un sentiment de doutes. J’avais à l’époque, tout fait pour sauver la vie de William me disant que Delilah redeviendrait comme avant.

Tu parles !

Quant au réacteur en lui-même, c’est le manque de temps qui m’avait empêché de l’améliorer.

Je tournai l’engin dans tous les sens.

-C’est de toute façon toujours plus facile d’améliorer une bonne base que de créer quelque chose de soi-même, n’est-ce pas ? Qu’aurait fait Waters Robotics sans son produit phare ? Avoue que niveau imagination, il y a mieux même si je comprends totalement ton envie de reprendre le travail d’un génie tel que moi.

Je souriais toujours toisant le petit E-SAK.

-Alors ? Tu ouvres ta petite entreprise ? On est en rogne contre papa William ?

Parce que ça ressemblait beaucoup à ça. La preuve c’est les provocations d’E-SAK envers Stark Tech. sur les réseaux sociaux.

The Little Thief

Edwin Stark

Installé sur mon siège, je souris en coin, face à Edwin Stark qui venait d’entrer dans mon antre. J’avais vite déterminé, avec un certain soulagement de voir la programmation de William échouer encore une fois à détecter ce que mes yeux seuls avaient pu voir, que celui qui était potentiellement mon grand-père ne pouvait se présenter à moi sous cette forme que par un quelconque tour surnaturel.

Et il me retourna la politesse, déclarant que mon existence était aussi illogique de la sienne.

-A ceci près que je suis l’avenir, pas le produit de pratiques et de croyances aussi douteuses qu’obsolètes.

Je lui avais lancé le réacteur, puisque c’était cela qu’il était venu voir. Une technologie que j’avais appris à connaître puisque c’était elle qui maintenait mon créateur en vie. En l’analysant, j’avais bien vite compris le potentiel dormant du pacemaker de William et l’avait développé moi-même. J’étais très fier de ça mais Edwin tiqua en insinuant qu’il avait peut-être éventuellement fait exprès de ne pas exploiter pleinement cette technologie… afin que William ne survive pas.

Je levai un sourcil perplexe.

-Un échec volontaire ?

Je fronçai carrément les sourcils.

-Je n’y crois pas. Parce qu’alors, cet échec aurait été double. Non seulement, tu aurais inventé une technologie exploitée seulement à 1 ,52% de ses capacités. Mais en plus, William a aujourd’hui 47 ans et s’il n’est pas en pleine forme, il est cependant toujours vivant.

Je fis la moue, continuant d’exposer mes observations.

-Et ce n’est pas ton genre.

Je souris.

-Conclusion : tu mens, Edwin.

J’avais découvert récemment les avantages que pouvaient apporter le mensonge : j’avais obtenu l’aide de Mina Flynn en mentant, notamment.

L’ingénieur observait mon réacteur et ce fut à son tour de faire une observation comme quoi il était plus facile d’améliorer une technologie déjà existante que de la créer de toute pièce. Le tout sans saupoudrer son discours d’une pointe de vantardise qui n’était pas sans attirer ma sympathie.

-Comment les plus grands scientifiques réussissent, selon toi ?

Je souris en coin.

-Ils laissent d’autres faire les recherches puis les volent pour eux-mêmes.

Je penchai la tête sur le côté. Même cette réplique, je l’avais volée… A Edwin Stark, dans une interview de  1987 où il avait déclaré cela sans aucune pudeur. Alors je ne voyais pas pourquoi je me gênerais.

-Et puis… d’après certains… cette technologie me revient de droit…

Si j’étais bel et bien le fils de William, alors ce réacteur n’était qu’un héritage, finalement.

Et comme de fait, Edwin me laissa savoir qu’il était au courant de ma filiation avec William Stark. Il me le confirmait, même. Mais avant de répondre à ses dernières questions, je lui désignai le siège qu’occupait habituellement Emma quand elle venait me rendre visite, l’invitant par-là à prendre place. Un privilège que n’avait pas eu la Morrigane.

-Stark Tech sera bientôt de l’histoire ancienne. Une entreprise dépassée. La technologie, le monde, a besoin d’un nouveau souffle. L’âge d’or de William est terminé. Waters Robotics est la relève.

Je regardai Edwin dans les yeux.

-Je compte bien me faire mon propre nom. Exister.

The Little Thief

E-SAK

E-SAK se prenait pour l’avenir… Alors qu’il voyait ma résurrection comme le fruit d’une croyance obsolète. Je ricanai devant l’assurance du gamin.

-N’empêche que le résultat est le même.

On était en vie tous les deux. Peu importait, finalement, le moyen. Il pouvait qualifier les croyances qui m’avait fait revivre d’obsolète s’il le voulait n’empêche que c’était efficace.

On en vint très vite aux raisons de ma visite : ma technologie. E-SAK me l’avait volé pour l’améliorer à sa guise, chose que je n’avais pas eu le temps de faire à l’époque. J’avais d’abord avancé un mensonge disant que j’avais fait exprès de ne pas la développer pour que ça ne fonctionne pas. Mensonge qu’E-SAK s’empressa de détruire à coup d’arguments. Rien que ça me donnait déjà beaucoup d’informations sur qui était le fils de William. Il aimait montrer qu’il savait et qu’il avait raison. Et autre information : il me connaissait bien. J’esquissai un sourire en coin.

-Mentir est une qualité pour tout homme d’affaire. Tu l’apprendras vite. Effectivement, ce n’est pas mon genre. Si je n’ai pas développer cette technologie c’est par manque de temps. Et puis, il faut savoir distiller ses munitions. Une invention après l’autre. Il faut savoir tenir tes clients en haleine.

Est-ce que je lui donnais des conseils ? Pas vraiment. En réalité, je lui montrais simplement que je n’étais pas né de la dernière plus et que si lui était un novice en marketing, moi j’en étais le maitre absolu.

Mais ça ne m’empêcha pas de l’accuser de vol et de souligner son manque cruel d’imagination. Et à ça il répliqua par une de mes anciennes répliques. J’avais dit ça dans une interview en 1987. Ça avait fait un tôlé à l’époque ce qui m’avait bien fait rire. Entendre ça de la bouche d’E-SAK me flattait. J’étais son idole, ça ne faisait aucun doute.

-Je suis décidément ton plus grand modèle ! Tu me voles même mes propres répliques.

Et il justifia son vol déclarant que cette technologie lui revenait de droit, par héritage. Il se donnait bien beaucoup de liberté, le fils de William… Je regardais E-SAK avec un sourire un rien méprisant. Vous croyez qu’il aime qu’on le méprise ? Vu ce que je vois autour de moi, j’en doutais sincèrement.

-Pour que ça te revienne de droit, il aurait fallu que tu ne sois pas un bâtard. Or, tu es un bâtard, Waters.

Sinon, il s’appellerait Stark.

Je lui envoyai une autre question et il m’invita à m’asseoir. Je m’installai après avoir déposé le réacteur. Il allait me proposer à boire, quand même, non ? Après tout, il savait tout sur moi donc il devait savoir mes préférences.

Mais avant ça, il préféra répondre disant que Stark Tech. sera bientôt de l’histoire ancienne et que Waters Robotics sera la relève. Je me rendais de plus en plus compte que ce gamin faisait juste sa crise d’adolescence… Ce n’était pas plus transcendant que ça. S’en était même décevant en fait. J’écartai les bras pour montrer, par ce geste, tout ce qu’il y avait autour de nous.

-Pour l’instant, tu es encore très loin du compte.

Stark Tech. était une entreprise qui avait fait largement ses preuves et qui brassait des milliards. Et William avait bien plus d’influences et de pouvoirs que n’en avait Waters.

-Le truc c’est que William pourrait très bien détruire ton projet dans l’œuf en te poursuivant pour espionnage industriel rien qu’à cause du réacteur. Il pourra facilement prouver que la source est la même. Tu n’es qu’un gamin qui fabrique ses joujoux dans un entrepôt... William va te bouffer tout cru parce qu’il peut avoir n’importe quel juge dans sa poche. N’importe quel financier. N’importe quel chef d’état.

Je le savais parce que j’avais été à la place de William.

-Surtout qu’il sait que tu existes, maintenant… J’ai vu tes petites provocations sur la page H de Stark Tech.

Est-ce que j’allais aider E-SAK à enterrer William ? Certainement pas ! Parce que je n’avais pas envie que Stark Tech. soit détruit par un adolescent frustré. Parce que Stark Tech. était MON œuvre.

Mon sourire s’élargit alors que je toisais E-SAK.

-Et puis, tu es tout seul. Seul, tu n’as strictement aucune chance.

Vous voyez où je veux en venir ? Non ? Ben vous verrez.

The Little Thief

Edwin Stark

-Effectivement.

Le résultat était le même. Les moyens seuls avaient divergé. Mais j’étais bien plus fier d’avoir été ramené à la vie par la technologie et d’avoir acquis de nouvelles capacités non négligeables plutôt que d’avoir eu recours à quelque chose qui n’avait rien à voir avec l’intelligence.

La magie, j’exécrais ça. Probablement parce que cela faisait concurrence à la science.

Edwin, lui, essaya de me faire avaler que l rendement médiocre de l’implant de William était voulu. Mais j’en déduis qu’il mentait. Et je souris rien que d’avoir vu juste et d’avoir démonté sa petite théorie, le forçant par le fait même à dire la vérité.

Edwin n’avait pas développé cette technologie, car il n’en avait pas eu le temps.

J’eus un sourire mauvais.

-Quel dommage. C’est trop tard maintenant. Je l’ai fait et breveté au nom de Waters Robotics.

Je croisai mes mains, les coudes posés sur les accoudoirs de mon siège, me faisant doucement pivoter de droite et de gauche

-Et en plus, tu ne peux même rien réclamer. Parce que tu es mort. Et que ça va se voir.

Contrairement à moi… Potentiellement, quelques personnes du Bronx pourraient me reconnaître, peut-être cette Shirley dont m’avait parlé la Morrigane et dont j’avais de très vagues souvenirs. Mais qui les croiraient ? Eux qui n’étaient et ne seraient jamais personne.

Je pointai le réacteur de l’index.

-Qui plus est, je ne compte pas m’arrêter à ça.

Distiller mes inventions ? C’était ce que je faisais déjà. Edwin Stark ne m’apprenait rien. Mais quand je repris l’une de ses répliques pour lui répondre, je hochai la tête.

-Bien sûr que tu es un modèle. Tu es même plus que ça, tu es le niveau à dépasser. Le premier niveau.

Je souris.

-William est encore meilleur. Il est le second niveau. N’as-t-il pas réalisé l’exploit de ressusciter quelqu’un par la technologie ?

Mon regard rougeoya… Juste pour le style.

-Par là même, il a réduit Dieu à ce qu’il est : une croyance obsolète et inutile.

J’écartai les bras en signe d’évidence.

-Et c’est aussi ce que je compte faire de lui.

Quant au réacteur, selon moi, il me revenait de droit mais cette affirmation, Edwin la balaya d’un revers de la main, me qualifiant de bâtard. Je clignai de l’œil, tiquant bien malgré moi. Serrant les dents, mais il fallait que je reste calme.

Je l’invitai même à s’asseoir.

-J’ai choisi pour nom « Waters ». Moi aussi, je peux me faire un nom.

Ça ne justifiait pas l’héritage… Mais…

-La lignée Stark est donc vouée à s’éteindre avec William.

Je retrouvai le sourire.

-Donc, dans tous les cas, j’ai déjà gagné.

Parce que Edwin ne pourrait jamais retrouver son ancien statut. Pas sans dévoiler au monde sa nature douteuse.

Je l’écoutai ensuite attentivement quand il affirma que William pourraient avorter tout ça. Selon lui, je ne faisais pas le poids contre William, car il avait des relations. Que seul, je n’avais aucune chance.

-Ça sent le deal… Ou est-ce une arnaque ?

J’étais curieux, cependant. Pas que je pensais qu’Edwin ait raison en estiment mes chances nulles face à William. Je n’y croyais pas. Mais je voulais entendre ce qu’il voulait proposer.

-Tu n’es pas là uniquement pour me rappeler que tu es le concepteur original du réacteur, pas vrai ?

The Little Thief

E-SAK

Le petit gamin était fier de me dire que maintenant, il était trop tard pour moi pour développer la technologie du réacteur parce qu’il l’avait fait breveté et que, de toute façon, je ne pouvais même pas réclamer vu que j’étais mort.

Belle observation…

Lui aussi était mort mais lui n’était personne alors ça lui donnait un certain avantage. Ma célébrité me provoquait quelques désagréments de temps en temps comme pour cette histoire de réaction mais aussi quand Vivacia s’est rameuté avec son salopard de petit-ami.

-Effectivement…

Je disais ça non sans afficher un sourire un rien jaune. E-SAK avait de la répartie mais aussi une détermination blavaskyienne à essayer d’avoir le dernier mot. Petit à petit, je commençais à le cerner.

Il disait ne pas vouloir s’arrêter au réacteur. Restait à voir si ses prochaines idées seront un peu plus originales. Parce moins originale que ce réacteur volé à nul autre que moi, c’était difficile. Surtout qu’il ne s’en tenait pas qu’à me voler mes inventions. Il me volait carrément mes répliques, le petit. Il confirma que j’étais un modèle ce qui m’arracha un sourire en coin avant qu’il ne pèse ses mots disant que je n’étais que le premier niveau mettant William à un niveau supérieur au mien.

A oui ? William était meilleur parce qu’il avait ressuscité quelqu’un ? J’avais aussi ressuscité quelqu’un en quelques sortes. Demande à Bobby Sands !

J’aurais voulu le dire à E-SAK mais je n’étais pas assez bête pour dévoiler toutes mes cartes d’un coup même par ego.

Mon regard se fixa sur E-SAK alors que mon visage pris un air soudainement sérieux.

-Ne me sous-estime, petit. Tu n’as aucune idée de ce dont je suis capable en terme de technologie. Tu ne peux pas comparer mon niveau à celui de William parce que nous sommes chacun encré dans une époque. Or, l’époque d’où je viens avait des limites à plusieurs niveaux qui ont été dépassées aujourd’hui. Si j’avais été un scientifique à la même époque que William j’aurais été cent fois meilleur que lui.

Un sourire revint fleurir sur mon visage.

-Et tu es encore très loin de dépasser qui que ce soit. Dieu compris… Parce qu’il a beau n’être qu’une croyance pour toi, sache qu’il existe bel et bien.

Et qu’il peut ressusciter des gens à la pelle en quelques claquements de doigts. Tout comme Lucifier pouvait se permettre de la même chose. La preuve, j’étais là !

Pour la technologie volée, E-SAK disait que ça lui revenait de droit par héritage. Affirmation que je détruisis avec une facilité déconcertante. Il tiqua ce qui m’arracha un sourire et déclara qu’il allait se faire son propre nom. Donc par extension qu’il n’avait aucun droit d’héritage sur rien…

-Oui… Tu as choisi Waters. Donc fait une croix sur ton argument de l’héritage.

J’aimais bien mettre le doigt sur les erreurs d’arguments du fils de William. Ça lui apprendra à vouloir le dernier quitte à se contredire lui-même.

Et le petit adolescent frustré continua disant que la lignée des Stark s’éteindra avec William. Je ne pus m’empêcher d’afficher un sourire plus large. William avait déjà un héritier mais E-SAK ne semblait pas au courant.

Bien !

-Je serais toi, je ne conjurerais pas le sort. William n’a même pas 50 ans. Il peut encore faire une ribambelle de Stark.

Surtout qu’il avait l’art de mettre ses conquêtes en cloque d’après ce que j’en savais. E-SAK en était la preuve, d’ailleurs.

Puis, je finis par étaler ma science d’homme d’affaire disant que William pourrait très facilement l’écraser s’il le voulait non sans ajouter qu’il était seul et que seul il risquait de ne pas avoir la moindre chance.

Et le gamin voyait déjà un deal. Ou un arnaque, c’est selon. Il était perspicace et ça ne fit que me faire sourire plus. Mais de là à dire que j’étais venu ici spécialement pour lui proposer un deal c’était se donner trop d’importance. Non, je n’étais pas venu ici avec l’intention de lui proposer quoi que ce soit. Mais une opportunité venait d’être mise en lumière et je serais stupide de ne pas l’exploiter.

-Non, je ne suis pas venu uniquement pour ça. En réalité, je suis venu voir qui tu étais vraiment. C’est la curiosité qui m’a conduit ici.

Résultat ? Résultat je suis relativement déçu, je ne vais pas me le cacher. Le fils de William n’était rien d’autre qu’un adolescent en manque d’attention qui était aussi agaçant que ma mère. Un fabuleux mélange…

-Ce que je vois : un gamin qui a du potentiel.

Il en avait dans la tête mais ça restait un gamin avec tous les défauts qui vont avec.

-Alors oui, je veux bien te faire l’honneur d’un deal.

J’esquissai un sourire en coin.

-Je veux bien travailler avec toi. Je dois avouer qu’inventer des choses me manque et qu’étant donné que je suis sur terre depuis peu, je manque de ressources matérielles.

Je montrant d’un geste de la main le matériel d’E-SAK qui nous entourait.

-Mais toi, tu as tout ce qu’il faut… Et puis, je pourrais t’être utile pour le côté juridique et pour ce qui est des affaires. Parce que vu comme tu as démarré, William risquerait de facilement de te détruire ton bateau avant même qu’il ne soit à flot.

Qu’est-ce que tout ça allait m’apporter ? Bien plus qu’on ne pourrait l’imaginer.

Je regardais E-SAK attendant de voir ce qu’il avait à dire là-dessus.

The Little Thief

Edwin Stark

Je souris quand Edwin eut un sourire jaune. J'étais ravi de provoquer une réaction, n'importe quelle réaction chez les gens, positive, négative. Peu m'importait.

Je voulais juste les faire réagir.

Et la présence d'Edwin ici, dans mon entrepôt, même si c'était pour me torpiller, me faisait grandement plaisir. Parce que cela voulait dire que d'une façon ou d'une autre, il avait entendu parler de moi.

Et ça, c'était ce qui m'importait vraiment: qu'on parle de moi.

L'ancien ingénieur était redevenu sérieux, piqué au vif, avant de se justifier sur ce qui avait fait qu'il n'avait pas pu faire évoluer plus ses technologies à cause de l'époque dans laquelle il vivait. J'étais heureux de l'entendre tenir ce discours.

Limite, ça me rassurait.

-Je ne te sous-estime pas. Tu as été bloqué par ton époque, j'ai été bloqué par le manque de moyens au départ.

J'avais tenté d'expliquer ça à la Morrigane. Elle avait répliqué que si je n'y arrivais pas, à l'époque où je n'étais pas encore un cyborg, c'était qu'alors, je n'étais pas assez persévérant. Edwin, lui, pouvait comprendre.

Je souris en coin, regardant autour de nous.

-Maintenant, j'ai les moyens...

Et la plupart de ces moyens sont carrément ancrés en moi.

Mais selon Edwin, j'étais encore bien loin de dépasser qui que ce soit. Je fis la moue.

-Waters Robotics n'a que quelques semaines et je suis déjà un incontournable du Dark Net... Ne viens pas me dire que Stark Tech s'est construit en un jour...

Je le regardai, l'air blasé...

-Et je sais que Dieu a potentiellement une existence concrète. J'ai aperçu une de ses légions d'Anges le 31 Octobre 2016 et j'ai même parlé avec un Ange... Deux fois, chez William.

Je souris.

-Et toi, tu n'en es pas un. Pas plus que tu n'es une Morrigane, vu que tu ne m'as pas encore sorti le grand jeu de la vision du futur ou combien je suis le Mal incarné... Mais tu n'es quand même pas plus humain que je ne le suis.

Quant à l'héritage, Edwin souligna que comme j'avais choisi Waters, je n'y avais pas droit. Il l'avait décidément très mauvaise que je lui ai volé son réacteur. Ou tout du moins, le concept de base.

-Je l'ai bien compris. C'est pour ça que je n'ai pas attendu d'hériter avant de me servir.

Edwin ne pensait pas non plus que la lignée des Stark allait s'éteindre si facilement. Selon lui, William avait encore le temps d'engendrer. Mon sourire ne disparaissait pas.

-S'il n'engendre que des bâtards non reconnus, ça reviendra au même. Qui plus est, je pense lui avoir fait passer le goût de devenir père un jour.

Je l'espérais, en tout cas. Même si je n'avais aucune idée de ce qui me faisait espérer cela. De toute façon... S'il engendrait... Ce n'était pas un problème. J'effacerais ces nouvelles données de l'équation comme j'avais effacé les Greene.

La conversation dévia alors sur ce qu'il venait faire ici. Il ne pouvait me faire plus plaisir en admettant que c'était la curiosité qui l'avait poussé à venir me voir... Il disait que j'avais du potentiel, ce qui me fit ricaner.

-C'est un euphémisme.

Et tout ça pour conclure quoi? Qu'il voulait se servir de moi et de Waters Robotics comme je m'étais servi du réacteur pour me propulser sur le net. Je le regardai dans les yeux, longuement, quand il eut fini de parler.

Parce qu'il me mettait dans une vilaine position: si j'acceptais, cela signifiait que j'accordais du crédit à ses dires comme quoi William pouvait me détruire facilement et que j'avais besoin de son aide. Et si je refusais c'était en quelque sorte admettre que j'avais peur de lui... Qu'il puisse me dépasser sur un plan technologique et grâce à mes propres moyens.

Mes yeux rougeoyèrent alors que j'essayais désespérément de trouver un moyen d'établir une base statistique pour changer ce dilemme en quelque chose de calculable. La manœuvre échoua... Trois fois...

Parce que tout ne peut malheureusement pas se calculer.

Oh... Mais j'oubliais quelque chose! Une donnée de taille.

S'il me dépassait sur un plan technologique... Si Edwin se mettait à me faire concurrence.

Je pourrai toujours le tuer.

Mes yeux redevinrent bleus. Mon expression concentrée se détendit en un sourire.

-Tu commences dans une semaine. Bienvenue chez Waters Robotics.

The Little Thief

E-SAK

E-SAK disait ne pas me sous-estimer déclarant que si j’avais été limité par les moyens que j’avais à l’époque, lui disait avoir été limité par le manque de moyen au départ. Des moyens qu’il avait désormais. J’esquissai un sourire en coin.

-Moi aussi je n’avais pas de moyen au départ, ça ne m’a pas empêché de devenir Edwin Stark… Et ça sans être un androïde doté de plein de fonctionnalités.

Est-ce que ça prouvait par A + B que j’étais meilleur que lui ? Oui. Parce que je m’étais fait moi-même. E-SAK, lui, avait dû passer par la case « William » pour arriver à obtenir 1/1000 de ce qu’est Stark Tech.

A croire que les jeunes d’aujourd’hui, il fallait tout leur mettre en bouche pour qu’ils arrivent à quelque chose. E-SAK en était la preuve. Ce n’est pas parce que c’était un bâtard qui venait de nulle part que ça lui faisait une excuse pour ne pas avoir réussi plus tôt et sans avoir besoin de passer par William. J’étais, moi, la preuve qu’on pouvait réussir par ses propres moyens peu importe d’où on venait. Moi aussi, je venais du Bronx.

E-SAK était encore loin de me dépasser ou de dépasser William. Ce que je ne me retins par de lui dire. Et il se défendit comme un adolescent piqué au vif. Ça me fit sourire.

-Non, Stark Tech. ne s’est pas construit en un jour mais il n’a pas eu besoin du Dark Net ou même d’internet pour devenir ce qu’il est aujourd’hui. Il l’est devenu grâce à mon génie et mon sens des affaires. Et il te faudra vivre en dehors du Dark Net pour gagner en crédibilité.

Oui parce que s’il restait cloitré au Dark Net, il ne dépassera jamais Stark Tech, c’était évident.

Quant à Dieu, il était bien conscient de son existence. Il avait fait la connaissance d’Ange. Et il avait même parlé à l’un d’entre eux… Chez William.

Intéressant !

Je ne soulevais pas l’information préférant la garder dans un coin de ma tête. Alors comme ça, William connaissait un Ange… Il était sorti avec une démone et semblait avoir un Ange dans ses connaissances. Décidément, pour un Ange du SPN, il aimait flirter avec le surnaturel… Il n’est pas censé les détruire, par hasard ? Ce gosse est décidément comme sa mère…

Tout ça me fit sourire surtout quand E-SAK disait que je n’étais pas un Ange. Belle observation… Tout comme je n’étais pas une Morrigane, d’après lui. Je levai un sourcil. C’est quoi, une Morrigane ? Il faudra que je demande à Google pour savoir à quel genre de créature E-SAK faisait référence… En tout cas, quoi que ça soit, il en avait déjà rencontré.

-Quoi que soit une Morrigane, elle se trompe : tu n’es pas le mal incarné.

J’esquissai un sourire en coin.

-Il y a pire.

Non, je n’allais pas lui dire platement ce que j’étais. Pas que ça change réellement grand-chose qu’il le sache ou non mais j’aimais ménager le suspense et le faire se griller quelques neurones.

Quant à l’héritage, il chercha à avoir le dernier jusqu’à finir par l’avoir ce qui me fit lever les yeux au ciel. Si William ressemblait à sa mère, E-SAK avait hérité de la mienne, on dirait.

-Mouais… Tu sais à finir par toujours vouloir avoir le dernier mot tu vas finir par y laisser ta crédibilité.

Et il voulait aussi l’avoir pour les possibles enfants de William. Il évoqua le fait que s’il n’avait que des bâtards, ça ne comptait pas. Est-ce qu’on pouvait considérer Edward comme un bâtard ? Possible… N’empêche qu’Abrahel s’était donné la liberté de le nommer Stark. Un nom que n’aura jamais E-SAK. Ce dernier étant persuadé qu’il avait fait passer l’envie à William de faire d’autres enfants.

C’est clair que si j’avais eu un gosse comme E-SAK, je l’aurais noyé.

-Ça, je n’en doute pas…

Je ricanai avant de dire pourquoi j’étais venu ici. Et il y alla de sa petite touche d’ego qui me fit ricaner à nouveau. Mais ça ne me freina pas dans la proposition que je lui fis. Si j’infiltrais Waters Robotics je pourrais avoir accès et beaucoup de chose. C’était finalement plus simple de passer par là que de s’improviser imprésario. J’avais obtenu un échec avec Vivacia mais je savais qu’en passant par E-SAK et en jouant dans une cour que je connaissais bien, je pourrais m’amuser un peu plus.

Je regardai E-SAK attendant sa réponse alors qu’il semblait hésiter. Ses yeux devinrent rouge et, sans cesser de le regarder, je serrai le poing prêt à me défendre au cas où le robot aurait un geste inattendu – c’était un ado et un psychopathe d’après mon collègue, alors autant rester sur ses gardes.

Je me détendis un peu quand ses yeux redevinrent normaux. Et il finit par accepter ma proposition ce qui m’arracha un très large sourire.

-Bien !

Je me levai content d’avoir obtenu cette place et tendit la main à E-SAK pour scellé l’accord.

-Tu as fait le bon choix… Tu ne seras pas déçu.

Je souriais toujours.

-Ah et… J’aime travailler dans de bonnes conditions alors : n’oublie pas le whisky.

C’était ma seule exigence. Pour l’instant…

The Little Thief

Edwin Stark

Edwin répliqua que lui non plus n’avait pas eu les moyens au départ et qu’il était devenu tout de même ce qu’il était, sans être un androïde.  Je baissai les yeux, me renfrognai un peu. Et les paroles de la Morrigane me revenaient aussi. Je n’étais pas persévérant, je ne faisais pas ce qu’il fallait.

Et j’eus brièvement cette sensation à nouveau… Celle de la brusque accélération de ma voiture quand j’avais vu le camion.

Je ne répondis rien. Je ne répondis rien parce que j’étais de toute façon dans un dead end argumentaire. Il fallait le reconnaître.

Je commence tout doucement à le savoir que je suis un moins que rien, dans le fond.

La liste commençait à s’allonger : William, Sandy, Scarlet, Parker… Maintenant Edwin. Tous voyaient ce que j’avais de négatif, aucun ne semblaient accorder d’importance à mon talent, mon génie, mon imagination…

J’étais en train de perdre la partie face à Edwin Stark et malgré tout, je m’accrochais quand même. J’essayais. Je persévérais, répondant à presque chaque réplique qu’il lançait. Mais je n’étais pas doué pour ça. Je n’étais pas doué pour discuter, je n’étais pas doué pour interagir avec les autres et ça ne datait pas de ma transformation en androïde.

Je protestai en disant que Stark Tech ne s’était pas construit non plus en un jour. Et Edwin l'admit mais affirma qu’il n’avait pas eu besoin du Dark Net pour réussir quand même. Je retrouvai le sourire.

-Il faut vivre avec son temps. Je touche plus de monde en un millième de seconde que tu ne pourrais le faire avec l’ancienne méthode.

Et surtout, le web, en général, avait ça de bien que je pouvais communiquer avec les gens, sans les voir. Je n’avais eu aucun problème de communication avec Parker, avant de me retrouver physiquement devant lui.

Et je connaissais l’existence de Dieu. Je savais aussi qu’il n’était pas un ange, ni une Morrigane. Mais ce que j’appréciais chez Edwin Stark  c’était qu’il ne me faisait pas la morale. Il y avait une compétition entre nous pour savoir qui était le meilleur des deux. Mais il ne me faisait pas la morale. Et je lui fis part de ça en l’opposant à Scarlet.

Je sa réponse me fit tiquer.

Scarlet et Sandy se croyaient meilleures que moi. Edwin Stark insinuait qu’il était pire.

Je n’étais donc ni assez bon… Ni assez mauvais.

Je pouffai de rire, finalement, quand après quelques autres tentatives pour avoir le dessus, même brièvement, Edwin conclut qu’à vouloir toujours avoir le dernier mot, j’allais y perdre ma crédibilité. Bien… Au moins pensait-il qu’il y avait quelque chose à perdre. Parce que j’en avais de moins en moins l’impression.  

Ni assez bon… ni assez mauvais.

Qui suis-je alors ?

Suis-je seulement quelqu’un ?

Est-ce que tout ça valait le coup ?

Ou la meilleure décision que j’aie jamais prise avait-elle était d’appuyer sur ce foutu accélérateur ?

Et pour terminer, Edwin en vint à un deal… Un deal que j’acceptai sans rechigner comme je l’avais fait avec celui de Parker et son sourire débile.

Edwin Stark me tendit la main… je baissai les yeux dessus, mais mes mains restèrent sur les accoudoirs de mon siège. Pas que je ne voulais pas sceller l’accord, c’était juste que je ne saisissais pas le code même de la poignée de main.

-J’ai dit « ok ».

Et je relevai mon regard sur Stark quand il demanda à ce qu’il y ait du whisky. Mes yeux rougeoyèrent et la porte de l’entrepôt s’ouvrit.

-Tu n’auras qu’à prendre de quoi avoir ton petit confort avec toi.

Puis, je lui désignai la porte ouverte d’un geste du menton avant de faire pivoter mon siège pour reprendre mon travail.

Parce qu’au fond, il n’y avait que ça que je maîtrisais : la tech.