Nobody’s Fool

Scarlet Morrigan

♫

J’avais pas trop mal réussi à aménager l’entrepôt que j’avais récemment à acquis à Long Island. J’avais désormais, dans la salle principale, plusieurs écrans, un bureau, une chaise montée sur roulette et tout autour de moi, il y avait un bric à brac de pièces et autres matériel technologique. J’en avais récupéré une partie, j’avais acheté le reste. J’avais un serveur à moi tout seul… Le tout financé en partie avec l’argent que je détournais de chez Kramer Tech.

Mais une part de plus en plus grande de mes finances commençait à venir de mes propres ventes. Le compte H de Waters Robotics commençait à avoir son petit succès sur internet et quelques ventes avaient déjà été effectuées. J’avais aussi déposé le brevet, au nom de la société, pour ce que j’avais baptisé le « Réacteur WR ». Je lui donnais pour l’instant comme ambition de pouvoir faire fonctionner des voitures, mais cette batterie autogénérée pourrait faire fonctionner des villes entières, si j’arrivais à la développer convenablement.

Et Edwin Stark, lui, n’en avait fait qu’un pacemaker.

Mais si le brevet était déposé, pour arriver à commercialiser ça, il allait falloir un jour que je sorte de l’ombre pour aller me mesurer aux lobbys du pétrole qui allaient en freiner la vulgarisation. E je jubilais rien qu’à penser au jour où cela arriverait.

En attendant, j’étais en train de fignoler le casque high-tech dont j’avais récemment posté une photo sur le compte H. Et ça avait attiré son pesant de curieux, d’autant que j’avais mis un petit challenge en jeu.

De temps en temps, tout en travaillant, je jetai un regard à l’un des écrans qui, connecté directement à mes systèmes me faisait passer d’une fenêtre à l’autre et ainsi, je contrôlais la musique que je diffusais à fond dans tout l’entrepôt, et regarder si quelqu’un arrivait à gagner les 10% de remise sur le casque.

Un certain Sullivan Parker avait déjà donné une partie de la réponse, j’attendais le reste. Parce que s’il l’obtenait, et le portait, d’autres le verraient. Ces gens en voudraient un aussi et le porterait et tout ça se répandrait comme un virus. Waters Robotics allait devenir le concurrent le plus sérieux de Stark Tech avant de le surpasser.

Ma technologie allait envahir ce monde et par là même, j’en serais le maître… Mieux encore, on m’acclamerait et m’adulerait pour ça. Mieux encore ! Ils en demanderaient plus ! Toujours plus !

Je lançai de nouveau diagnostique sur le casque, mais pas sur les écrans, directement via mon système interne. Il fallait que je trouve le moindre petit bug et que je le résolve, que je teste encore et encore pour que toutes les fonctions soient optimales, en particulier le système de respiration, le filtre à air. Et que j’arrive encore à augmenter la capacité d’oxygène qu’il pouvait contenir sans que le porteur soit obligé de se balader avec une bombonne sur le dos.

Bref, il y avait encore du boulot pour améliorer et optimiser tout ça. Pendant que mes programmes faisaient de diagnostic, je fis tourner ma chaise sur elle-même en renversant ma tête en arrière, surveillant les calculs des performances du casque mais en profitant aussi pour me soucier de l’heure et du jour que nous étions.

Il était 18 :00 et Emma n’allait probablement pas tarder à venir ici pour manger en me regardant travailler avant de prendre son service au Lust. Tant mieux, j’adorais avoir un public et celui-ci était tout acquis à ma cause… Comme si ce que j’étais en train de faire était sa propre vengeance.

Mais après tout… la société portait son nom, pas vrai ?

Nobody's Fool

ft. E-sak

Scarlet n’était pas tout de suite revenue dans le sidh qu’elle partageait avec Bobby. Elle avait fait quelques vérifications, auprès de la mère d’Isaak pour commencer, Emma Waters, puis auprès de William quand ce dernier avait appris la nouvelle de la mort de son fils, observant chacun à distance, avant de se dire que finalement, elle n’avait pas à s’inquiéter d’un futur différent puisque tout se passait exactement telle que l’histoire l’avait raconté.

Peut-être à quelques détails prêts mais qu’elle ne découvrirait sans doute jamais, répercussions de quelques vibrations de changement du temps qui n’aurait de toute façon aucune influence sur son avenir à elle, à celui de Bobby et à celui de ses amis. Non justement, il n’y aurait aucune différence.

Ce qui allait l’obliger à faire une dernière tentative, sa dernière carte qu’elle avait à jouer. Après quoi, elle renoncerait définitivement.  Et cette dernière carte, c’était encore une fois Isaak ou plutôt E-sak comme Stark l’avait rebaptisé, un cyborg tueur de surnaturel. Mais elle était prête à courir le risque d’une rencontre avec ce terminator, afin d’aider David, afin d’éviter de nouveaux drames.

Et pour venir ici, elle n’avait même pas pris le temps de se changer, arborant de fait exactement la même tenue qu’il y avait de ça à peine une ou deux heures pour elle, mais déjà trois ans pour E-sak. Une veste kaki, casquette, et simple jean.

Scarlet avait créé un portail, se laissant uniquement guider par son instinct et le fait qu’elle connaissait désormais E-sak, un instinct qui agit tel un radar, l’amenant directement à la porte du hangar où se trouvait le cyborg. Mais prudente elle resta à l’entrée, jouant celle qui s’était égarée.

- Hohé ? Il y a quelqu’un ? Je cherche Isaak. Est-ce qu’il est ici ?

Et c’est non sans appréhension, et prête à réagir à la moindre tentative d’attaque que Scarlet attendit qu’E-sak se manifestât.  Dire qu’elle n’avait pas peur, aurait été un mensonge, car désormais ils savaient tous la menace qu’il représentait, mais elle ne pouvait pas pour autant renoncer et reculer, n’était-ce que par fierté ! Elle était Scarlet Morrigan que diantre !

Oui enfin à l’inverse du jeune homme qu’elle avait rencontré trois ans en arrière, dans sa chronologie à lui, elle n’était pas suicidaire. Un peu de prudence ne lui ferait pas de mal. Donc elle attendit là sagement.

Nobody’s Fool

Scarlet Morrigan

Les caméras extérieures détectèrent du mouvement. J’eus une notification interne et mes écrans affichèrent tous les images captées par les différentes caméras. Je rouvris les yeux, examinai les images en fronçant les sourcils. Ce n’était pas ma… Emma Waters. C’était quelqu’un d’autre. Je penchai la tête, les micros des caméras captèrent la voix de la femme qui se tenait à l’entrée et qui disait me chercher.

Je grommelai entre mes dents. Pour moi-même, car personne ne pouvait m’entendre.

-Montre-moi ton visage d’abord.

Je me méfiais. Je me méfais de Stark qui devait être à ma recherche… Dont j’espérais un peu qu’il soit à ma recherche. Au moins aurais-je son attention. Mon sentiment… mes sentiments que je connaissais très mal, étaient partagés entre l’espoir que la présence de cette femme soit une première offensive de mon créateur, la curiosité parce que je n’aimais pas ne pas savoir et la méfiance parce que si j’espérais bien être recherché par William, je n’avais aucune intention de me faire avoir.

Parce que la seule issue logique à une rencontre entre William et moi à l’instant T était une désactivation définitive de mes systèmes.

Je devais attendre, prendre mon mal en patience et grandir avant de pouvoir me montrer au grand jour à William, me tenir à ses côté à des conventions sur les nouvelles technologies, lui serrer la main sous les flashes des photographes avec un sourire narquois.

Chaque fois que je pensais à ça, je souriais malgré moi.

Mais je ne pourrais le faire que lorsque ma notoriété me protégerait comme la sienne le protégeait actuellement. Quand tout le monde aura conscience de mon existence, m’admirera et me vénérera, je ne pourrai plus disparaître du jour au lendemain. Pas sans que ça se voit, pas sans que cela se sache.

En attendant… Il me fallait faire très attention. Être prudent. Car Stark avait une carte dans sa poche qui était non négligeable. Le SPN.  Le SPN dont j’avais accès aux divers dossiers dont un me concernant et qui, jusqu’à récemment, était encore interdit d’accès à William lui-même. Et il ne fallait pas être Einstein pour tirer les conclusions de la levée de cette interdiction d’accès qui s’était produite peu après la suppression des Greene par mes soins et ma fugue consécutive aux révélations de William sur mes origines…

Alors si cette femme était du SPN…

Je fis défiler les images des différentes caméras jusqu’à ce que l’une d’elle soit suffisamment bien placée pour que je puisse voir le visage de l’intruse.

Et mes yeux rougeoyèrent quand ses traits furent reconnus par mes programmes comme correspondant à ceux de Scarlet Morrigane, sorcière alliée du terroriste Bobby Sands, elle aussi qualifiée de terroriste et génocidaire.

Recherchée par le SPN, comme moi.

Sands m’avait vu sur le toit de la tour Stark en 2016. Il m’avait fait tomber de la tour d’un geste de la main. Sands lui avait-il parlé de moi ? Venait-elle pour me régler mon compte en comptant sur le fait que je n’étais pas sensé la connaître et qu’elle bénéficierait d’un effet de surprise ? C’était sans compter sur les banques de données SPN !

Automatiquement, les nanorobots s’enclenchèrent, grouillèrent sous ma peau pour essayer de me faire revêtir mon armure métallique.

-NAN !

Je serrai les dents, fermai les yeux, me crispai, envoyant des ordres contraires à mes systèmes, essayant de brouiller la programmation de William qui me forçait à éliminer les surnaturels quels qu’ils soient.

Et c’était extrêmement douloureux.

Mais je ne voulais pas laisser William décider pour moi. Je ne voulais plus être l’esclave de personne.

Il n’appartient qu’à vous de viser plus haut, plus loin. Surtout que vous en avez les moyens, et l’intelligence.

Qui m’avait un jour dit ça ? Ma mère ? Non… Je ne savais plus. Mais Emma ne me vouvoierait pas.

Mais cette voix sortie de nulle part avait raison.

Je voulais être maître de mon destin et de mon existence.

Et je voulais contrarier William, sur tous les plans.

Je crus être sur le point d’échouer, n’arrivant pas à calculer plus vite que la programmation ne résolvait les bugs que je tentais de lui envoyer à cause de la douleur qui m’empêchait de me concentrer.

Je frappai des poings sur le bureau, faisant tressauter le casque sur lequel je travaillais, grognant de douleur.

Et puis la programmation m’envoya un message d’erreur. Je soufflai, alors que les nanorobots en partie sortis de sous ma peau reprenaient leur place initiale. Je renversai ma tête en arrière sur l’appuie-tête de mon siège. Mes yeux étaient redevenus bleus. Je m’accordai quelques secondes pour me reprendre.

S’il fallait supprimer Morrigan, je serais le seul à en décider. Et je ne pourrais le savoir que si je lui laissais le temps de me faire savoir pourquoi elle était là.

Parce que je n’aimais pas ne pas savoir.

Je me tournai prudemment vers mes écrans pour regarder à nouveau son visage alors qu’elle semblait attendre patiemment devant la porte de l’entrepôt. Mais la programmation avait bel et bien planté pour la relancer, il faudrait que je la débugge « manuellement »…

Très bien.

Je fermai les yeux, pris une grande inspiration et quand je les rouvris, ils étaient rouges à nouveau. Mais uniquement parce que j’avais enclenché l’ouverture électronique de la porte de l’entrepôt.

Je me levai de mon siège pour faire face à ma visiteuse, droit, fier, malgré que l’effort que je venais de faire contre moi-même me laissait encore plus pâle que je ne l’étais naturellement.

-Bienvenue chez Waters Robotics, Scarlet Morrigan.

Je souris en coin, enfouissant mes mains dans mes poches.

-Nous n’avons pas rendez-vous. Nos bureaux ne sont normalement ouverts que de 20 :00 à 20 :15, le jeudi.

Mon sourire disparut et je la regardais dans les yeux. Les miens rougeoyèrent encore pour refermer la porte de l’entrepôt derrière elle.

-Qu’est-ce que vous me voulez ? C’est Sands qui vous envoie ?

Nobody's Fool

ft. E-sak

Quand la porte s’ouvrit, Scarlet sursauta et marqua instinctivement un pas de recul, avant de se reprendre très vite pour se redresser fièrement. Elle hésita un instant pour pénétrer finalement dans l’entrepôt, apercevant bientôt la silhouette d’un E-sak qui lui souriait, les mains dans les poches.

Il lui souhaita la bienvenue en prononçant son nom, ce qui la fit hausser un sourcil. Non pas à cause du fait qu’il souriait mais parce qu’il la reconnaissait. Pourtant, elle ne se souvenait pas s’être jamais présentée personnellement, sauf….sauf s’il se souvenait de cet épisode dans le passé ? Voilà qui aurait été surprenant ! Et à ce jour, en omettant le passé, ils ne s’étaient jamais croisés en tant que tel, elle dans son apparence de jeune femme, et lui sans son armure. Un détail lui échappait de toute évidence, et elle ne savait trop ce qu’elle devait en penser pour le moment, si ce n’est que l’accueil était loin d’être hostile !

Et il acheva de la surprendre complètement quand il annonça que les bureaux n’étaient pas ouverts, lui donnant même les heures d’ouverture. A quoi diantre est-ce que rimait ce numéro ? Sachant qu’elle avait complètement raté son intervention dans le passé, E-sak ne pouvait pas s’être transformé en un simple gentil commercial !

Moui, quand son regard rougeoya, elle se dit que c’était là, un peu plus l’E-sak qui ressemblait à la réputation qu’il s’était taillée dans ce sidh et dans d’autres à venir. Scarlet s’efforça de garder son sang-froid. Il était inutile de s’emballer, même quand il lui demanda si elle venait au nom de Bobby. Elle afficha une expression surprise.

- Bobby ? Non ! Elle eut un rire un peu ironique. Bobby souhaitait au contraire que je n’intervienne pas dans votre vie. Que surtout je n’essaie pas de changer le passé. En voilà un qui va se réjouir quand il va découvrir que j’ai échoué….enfin jusque là. Non si je viens vous voir, c’est au sujet d’un ami…Et je viens en mon nom seul.

Elle regarda autour d’elle, puis son regard se reporta sur E-sak qui avait l’air…plutôt en forme.

- Est-ce qu’il serait possible de parler, tranquillement ? C’est tout ce que je souhaite, vous parler. Je n’ai aucune arme sur moi. Et je n’ai aucune intention de vous faire de mal, à moins que vous m’y contraigniez. Je crois que je pourrai même vous être utile, tout comme vous allez pouvoir m’aider, si vous acceptez de m’écouter.

Voilà, elle n’allait pas cette fois passer par quatre chemins et perdre son temps à tenter de le raisonner. Non, elle allait simplement lui exposer les faits, sans faire de façon.
Scarlet fit une pause avant de demander.

- Comment avez-vous su qui j’étais ?

Nobody’s Fool

Scarlet Morrigan

Une fois Scarlet Morrigan à l’intérieur de l’entrepôt et la porte refermée électroniquement derrière elle, je repris place sur mon siège, m’efforçant de garder une posture plus que royale malgré les courbatures que ma petite bataille contre ma programmation avait provoqué dans mes muscles, nimbé que j’étais par la lumière diffusée par les écrans derrière moi. Sur l’un d’eux, une image du réacteur WR, sur un autre, les images caméra de l’arrivée de Scarlet devant l’entrepôt qui tournaient en boucle… Sur un autre encore, le programme de lecture de la musique dont je baissai le son sans même faire un seul mouvement et ce afin que nous puissions nous entendre et sur le dernier, les diagnostiques interrompus du casque sur lequel je travaillais avant qu’elle ne vienne me déranger.

Assis sur mon trône, je la regardais, les deux bras nonchalamment posés sur les accoudoirs de mon siège, l’écoutant me dire que ce n’était pas Sands qui l’envoyait. Je haussai les sourcils quand elle affirma que Sands ne voulait pas qu’elle intervienne dans ma vie, dans mon passé et que le vampire terroriste allait être ravi de son échec.

Je souris en coin.

-Modifier le passé ? Rien que ça… Moi qui croyais avoir le monopole de l’arrogance…

Mais elle avait échoué, apparemment. Elle devait avoir extrêmement mal. Cela devait faire extrêmement mal. Ses traits contrariés en témoignaient. Et moi, ça m’amusait de la voir souffrir dans son égo, ce que je ne cachai pas en lui offrant un sourire narquois. Mieux valait elle que moi.

Là-dessus, elle venait me voir au sujet de l’un de ses amis et en son nom seul.

Beaucoup de mots pour peu de résultat pour l’instant, caractéristique typique de la diplomatie, d’après ce que j’avais pu en lire, mais la diplomatie n’est pas réputée pour sa rentabilité, ni pour son efficacité, d’ailleurs.

Alors j’attendais.

-Il y a des programmes conçus dans les années 90 qui chargent plus vite que vous, jusqu’ici.

Finalement, elle posa une question. Me demandant s’il était possible de parler tranquillement mais je ris quand elle affirma ne pas être armée, pas plus qu’elle ne me ferait de mal si je ne l’y contraignais pas…

-J’ai l’air si terrorisé que ça ? Vous n’êtes pas armée… Je suis ravi de l’apprendre, Scarlet. Sachez que moi, je le suis.

Je souris encore, la regardant de haut alors même que j’étais assis et elle debout face à moi. Je ne lui proposai pas de siège… De toute façon, il n’y en avait que deux dans cet entrepôt. J’en occupais actuellement un et l’autre était pour Emma Waters lorsqu’elle me rendait visite.

-Quant à m’être utile… encore une fois, il s’agit là d’arrogance autant que de prétention, Scarlet. Je n’ai jamais eu besoin de l’aide de personne. Mais je suis curieux de savoir en quoi je pourrais vous aider, par contre.

J’étais donc tout disposé à l’écouter. Même si cela signifiait certainement écouter dix phrases prononcées pour une seul utile, mais bon… Je vivais désormais depuis assez longtemps dans ce monde pour savoir que l’esprit de synthèse n’était pas quelque chose que la majorité des gens, humains ou surnaturels, pouvaient se targuer d’avoir.

Mais avant, j’allais me faire un plaisir de répondre à sa dernière question et d’exposer ô combien j’étais mille fois plus avancé que n’importe quel être sur cette Terre.

-C’est très simple. Vous êtes inscrite dans une base de données. Je n’ai qu’à cligner des yeux pour aller pêcher ces données. Informations, photos, vidéos, un petit programme de reconnaissance faciale et le tour est joué. Il ne s’agit là que de recoupement d’informations.

Je me penchai en avant et souris, appuyant mon regard dans le sien.

-Alors dites-moi, Scarlet : en quoi puis-je être utile à une sorcière terroriste et génocidaire ?

Nobody's Fool

ft. E-sak

Bon comme la première fois, E-sak se montrait autant curieux que désagréable, et une fois qu’elle lui eut dit la raison de sa présence, il commença par lui rire au nez en se moquant d’elle.  Scarlet loin de se démonter lui rétorqua :

- Ce n’est pas de l’arrogance, uniquement la réalité. Et si vous connaissez mon nom, vous devriez savoir quel sont mes pouvoirs… non ? Vous l’ignorez peut-être ?

Mais elle n’était pas là pour parler d’elle. Sauf qu’à peine avait-elle exposé la raison de sa présence qu’il la coupa par une remarque insolente.

- J’y arrive, si vous ne me coupez pas la parole toutes les minutes uniquement pour me montrer combien vous pouvez être insolent !  Faites donc preuve de patience pour une fois, ça changera. Après tout, aucune course de voiture ne vous attend que je sache, non cette fois votre plan de vie vous laisse un peu plus de temps. Alors rien ne presse.

Mais il n’en avait pas fini avec son insupportable caractère et tandis que Scarlet lui faisait comprendre qu’elle était là uniquement pour parler et donc qu’elle n’avait aucune arme, E-sak lui assura qu’il n’avait pas peur et que lui était armé. Le regard de Scarlet étincela et son sourire s’étira. [lecture +15]

- Ah non vous n’avez pas peur ? Dans ce cas, pourquoi êtes- vous armé ? Peut-être parce que vous craignez ce que votre père pourrait faire en vous retrouvant…. Mais Je suis venu parler, E-sak, uniquement, et non me battre, donc vous pouvez garder vos armes bien à leur place. Merci !

Et bien sûr quand elle prétendit qu’elle pouvait lui être utile, il rétorqua qu’il n’avait besoin de l’aide de personne.

- Et c’est moi que vous traitez d’arrogante !

Elle s’esclaffa, avant de prendre un ton plus doucereux.

- Pourtant je sais tout de vous, je connais le moment de votre conception, je connais vos parents, Emma Waters qui travaille toujours au Lust et qui y travaillait bien avant  que vous soyez conçu. Cette même femme qui a refusé de m’entendre quand j’essayais de la convaincre d’aller demander de l’aide à votre père à qui elle a toujours caché votre existence, jusqu’à ce que j’arrive enfin à la persuader de le contacter. Mais il était trop tard. William Stark n’a jamais pris le temps d’écouter ses messages.  je sais aussi que vous êtes mort dans un accident de voiture. Alors même que j’ai essayé d’empêcher que cela n’arrive. Dommage pour votre jolie voiture ! Et dommage qu'un aussi bon pilote de course comme vous n'ai pas su éviter ce camion Coca-cola.

- je vous avais pourtant prévenu ! Que vous ne deviez pas participer à cette course de voiture. Mais vous, vous avez fait votre tête de mule. Vous avez refusé de m’écouter. Non au contraire, vous vouliez y participer juste pour m’emmerder. Vous souvenez-vous de moi E-sak ? [manip rafraichissement de mémoire +15] De ce moment dans ce Diner, alors que j’étais venue vous aborder, juste après que votre chère Shirley s’en soit allée ?  Vous souvenez-vous que là, pas plus que maintenant, vous ne m’avez crue ?

- Et je me sais aussi ce qu’a fait William Stark ensuite quand il a appris enfin après toutes ces années qu’il avait un fils, mais que ce dernier s’était tué dans un accident de voiture. Il a voulu faire d’une pierre deux coups, redonner vie à son fils afin de rattraper le temps perdu, et montrer toute l’étendue de ses capacités de génie en vous transformant en ce robot que vous êtes aujourd’hui.

Elle soupira :

- mais cela ne change finalement rien à ce que vous avez toujours été. Vous vous moquez des gens Isaak, et vous vous pensez si intelligent que vous vous croyez au dessus de toutes les lois. Mais tout ça, votre entêtement, votre arrogance, vous mèneront à votre perte. Parce que je ne connais pas seulement votre passé Isaak. Je connais aussi votre avenir, un avenir qui va se terminer bien plus vite que vous ne l’auriez espéré. Je sais qu’un jour prochain, vous échouerez dans votre tentative de prouver que vous êtes le meilleur. Et que c’est justement votre arrogance qui vous mènera à votre mort. Parce que vous êtes toujours tellement sûr de gagner. Mais vous vous trompez, vous avez déjà perdu une fois, le 14 juin 2016, parce que vous avez refusé de m’écouter. Et vous perdrez encore parce que vous ne savez pas faire les bons choix.

Elle redressa les épaules.

- Bien sûr, rien ne vous oblige à me croire…

Et elle conclut enfin, d'un ton fatigué :

- De toute façon je suis encore en train de perdre mon temps ! Faites donc ce qui vous chante. Continuez à vous montrer désagréable avec les gens, à croire que vous n’avez besoin de personne. Mais le jour où votre dernière heure aura sonné, peut-être aurez-vous une pensée pour moi qui sait quand cela va arriver, où et pourquoi.  Finalement vous ne me serez d’aucune utilité, parce que vous ne saurez jamais tenir compte de mon avertissement.

Et elle fit promptement demi-tour pour retourner vers la porte de sortie qui était fermée, mais ça n’était pas un problème pour la morrigane.

Nobody’s Fool

Scarlet Morrigan

Assis sur mon siège, face à la Morrigane, je l’écoutais, mais non sans commenter ou ajouter une pointe de sarcasme qui allait de pair avec ma logique. La plupart des gens, qu’ils soient humains ou surnaturels, s’encombraient de tellement de sentiments et autres qu’ils en oubliaient la significations correcte des mots qu’ils employaient ainsi que les fait, prêtant le plus souvent de grandes théories à ce qui n’était au final que l’équivalent d’un 1+1=2 des plus classique.

En même pas une minute, j’appris une chose : Scarlet n’était pas moins imbue d’elle-même que je ne l’étais. Sauf qu’elle n’aimait pas qu’on le lui fasse remarquer. Et moi, toute cette situation des plus inattendues m’amusait autant qu’elle attisait ma curiosité.

Je la targuai d’arrogance et elle réagit au quart de tour avec une phrase qui était l’équivalent de : « Sais-tu au moins qui je suis ?! ».

-Bien sûr. J’ai le listing de vos pouvoirs recensés  par le SPN, soit ceux que vous avez bien voulu leur montrer et pour le reste, je suis connecté pratiquement en permanence à internet. Je viens de prendre connaissance de la plupart des sites parlant de votre légende en choisissant uniquement les plus pertinents…

Je lui souris, faisant tourner légèrement mon siège de gauche à droite tout en lui parlant et sans jamais la quitter des yeux.

-Vous êtes une vengeresse capable de voyager dans le temps, en résumé. Votre rôle, votre mission est peu comme une… programmation…  

Je levai un sourcil, moqueur.

-Ce n’est pas pour autant que cela doit être compulsif. Si je faisais comme vous, nous ne serions pas en train de discuter. Je serais en train de vous exterminer, vous et vos semblables. J’ai appris à me contrôler.

Il y avait encore énormément de travail à faire pour me libérer de cette programmation sans passer par un enfer de douleur, mais au moins n’étais-je pas en train de lui tirer dessus à coups de répulseurs.

Et elle me fit rire lorsqu’elle déclara ne pas être armée. Très bien. Moi, je l’étais et je ne m’en cachai pas. Sa réplique fut… déconcertante… Pourquoi j’étais armé ? Parce que j’avais peur de William ? Discours qu’elle terminait en réitérant qu’elle était simplement là pour parler. N’étais-ce pas ce que nous faisions déjà ?

-Et bien… Je suis armé tout simplement parce que j’ai été conçu comme tel. Je ne peux pas déposer les armes, elles sont en moi.

Mes sourcils se froncèrent et je fus plus sérieux pendant quelques secondes…

-Et je serais le dernier des imbéciles si je sous-estimais celui qui m’a conçu… deux fois, si j’accorde du crédit à ce qu’on ne cesse de me répéter ces derniers temps.

Je écartai les mains en signe d’innocence…

-Et mes armes sont toujours en place… j’ai l’air hostile, selon vous ? Assis sur ma chaise ?

Je devais plutôt avoir l’air d’un geek… Un geek très séduisant, nous sommes bien d’accord, mais un geek tout de même.

La morrigane avait dit venir pour obtenir mon aide et peut-être m’être utile à moi aussi. Ce à quoi j’avais répondu que je n’avais besoin de personne mais, tout simplement, que j’étais curieux d’entendre ce à quoi je pouvais l’aider. Mais cela, elle le balaya d’un revers de la main, piquée au vif uniquement par mon refus de son aide à elle…

Je la traitais d’arrogante ! Sacrilège. Elle s’énervait, moi pas.

-Je n’ai jamais nié être arrogant. Je sais que je le suis. C’est vous qui prenez cela comme une insulte.

Et ce fut alors que… qu’elle partit dans un long récit de ce qu’elle s’était musée à aller voir de ma vie… Ma vie d’avant, bien sûr… Celle dont Emma Waters m’avait déjà raconté une bonne partie jusqu’ici. Je ne me rappelais que des bribes d’images ou de conversations…

Ce que Scarlet me racontait donc, je le savais déjà… A la différence près que plus elle parlait plus mes souvenirs étaient clairs et net… Comme si on avait soufflé sur une couche de poussière… J’eus un bref vertige et frottai mes yeux des doigts d’une main.

-Pepsi… C’était un camion Pepsi. Pas Coca-Cola.

Et…

-Oui… Oui, je me souviens de vous…

Et accessoirement de tout ce qu’elle m’avait reproché… Surtout de tout ce qu’elle m’avait reproché. Ce qui m’avait poussé à appuyer sur l’accélérateur, à jouer avec le feu pour passer mes nerfs. Elle n’avait pas aidé, ce jour-là, juste appuyé un peu plus fort là om cela faisait déjà mal.

Je soupirai et enlevai ma main de mes yeux, le vertige passé, alors que la Morrigane me demandait si je me souvenais que ce jour-là, je ne l’avais pas crue, pas plus que maintenant… Pas plus que maintenant ? Je fronçai les sourcils perplexes.

-Je suis sensé croire quoi, maintenant ? Que vous existez ? Vous êtes devant moi et j’ai désormais connaissance du surnaturel. J’aurais du mal de ne pas vous croire.

Mais j’avais appris avec B-KA que lorsqu’une femme parle… Il est impossible de l’arrêter avant qu’elle en ait terminé. Elle continua donc d’égrainer ma biographie… Était-ce l’aide qu’elle pensait pouvoir m’apporter ? Ecrire pour moi ma biographie ? Pourquoi pas ? Dans quelques temps, les gens seront probablement demandeurs.

Bref, tout ça pour en arriver à la conclusion… ô suspens… que j’étais hautement détestable et que j’allais mourir.

Je souris.

-Votre disque tourne toujours en boucle. Je n’ai pas changé, mais vous non plus.

Oh si, j’avais changé, pourtant… Mais je ne voyais vraiment pas l’intérêt de le lui faire comprendre, elle le verrait bien assez tôt quand le logo de Waters Robotics allait envahir le monde et supplanter celui de Stark Tech.

-Et je doute que vous ayez fait cela par pure bonté d’âme et compassion envers moi. Je doute que la grande Scarlet Morrigan n’ait ne fusse que baissé les yeux sur moi si je n’étais pas un robot programmé pour vous détruire.

Tout ça pour soupirer en ajoutant qu’elle était en train de perdre son temps avant de baisser tout simplement les bras pour se détourner de moi avec un dernier avertissement et en disant au passage que je ne lui serais d’aucune utilité. Je me détournai aussi, reprenant le casque sur la table et en examinant les finitions… Mais non sans lancer à Scarlet tout en lui ouvrant poliment la porte de l’entrepôt à distance, sachant que la distance qui la séparait de la sortie me permettait une tirade assez longue… Bien que je pensais quand même que je ne la battrais jamais à ce jeu-là… Je m’inclinais, pour le coup.

-Tout ce chemin, cette débauche de pouvoirs, pour venir finalement me reprocher d’être impatient, arrogant et, si je me rappelle bien de notre première rencontre, de manquer de persévérance…

J’envoyai un nouveau diagnostique pour le casque, reprenant mon travail où je l’avais laissé.

-Vous devez vous haïr vous-même…

Je haussai les épaules et soupirai à mon tour.

-Dommage… J’aurais été vraiment curieux de savoir ce que vous attendiez de moi, concrètement…

Nobody's Fool

ft. E-sak

Scarlet croisa ses bras :

- Ah donc vous êtes au courant et pourtant vous pensez que c’est de l’arrogance que de pouvoir changer le passé ? Vous ne m’avez donc pas écoutée. Le passé a été changé, mais vous n’en êtes plus conscient. A la base vous deviez mourir dans une course de voiture, mais au lieu de quoi, vous vous êtes embouti dans ce camion.

Il joua ensuite sur les détails, ouais pepsi, coca, c’était du pareil au même. Elle ne prit même pas la peine de relever. Jusqu’à ce qu’il expliquât qu’il avait appris à se contrôler.

- Dans ce cas, c’est parfait !

Next ! comme on disait dans ce sidh ! Il joua ensuite encore sur les mots…… il ne pouvait pas retirer ses armes, parce qu’elles faisaient partie intégrante de lui. Elle soupira se gardant de répondre. C’était inutile. Tout ce qu’elle lui demandait, mais visiblement il avait du mal à lire entre les lignes, c’était de ne pas lui tirer dessus. Quant à sa question s’il avait l’air hostile ou non, sa réputation l’avait précédé, et c’était suffisant pour Scarlet pour se tenir sur ses gardes, mais bref.

Au final tout cela ne les menait nulle part, ni lui ni elle. Il voulait jouer à avoir le dernier mot, elle n’avait pas envie de jouer. Elle était venue pour éviter un drame, mais elle réalisa petit à petit que ce serait peine perdue.

- Pour une fois vous pourriez m’écouter, m’écouter vraiment et me croire tout simplement ! Oh non, je ne parle pas de croire à ce que je suis, mais croire quand je dis que si vous continuez sur cette voie, vous mourrez avant d'avoir pu faire connaître votre nom au monde, d'ici quelques années à peine. Et cette fois William ne pourra pas vous donner une troisième chance. Voilà ce que je vous dis depuis tout à l’heure. Au lieu de quoi vous préférez vous moquer de moi et retourner tout ce que je dis à l’envers !

Alors ouais, elle perdait son temps et son énergie, sans parler de sa patience. Elle pointa finalement son doigt sur lui.

- Et si mon disque tourne en rond, c’est parce que vous ne comprenez rien à rien ! Vous ne voyez pas que je vous offre une porte de sortie ? Une chance de vivre plus longtemps ? Vous trouvez que je me répète trop ? Soit ! je ne vais plus me répéter. C’est sûr que toute cette débauche de pouvoir comme vous dites, n’était pas pour vous, non ! Tous ces efforts, vous ne les méritez pas. OH non je ne le fais pas par compassion pour vous ! mais pour un ami qui lui la mérite ! C’est pour lui que j’ai fait tout ça, et pour sa compagne que vous allez tenter d’assassiner d’ici quelques années.

Elle allait partir quand il lança encore une ultime provocation.

- Sérieusement ? Vous auriez du vous faire psy, se moqua-t-elle. Je n’ai pas de haine, même pas pour vous, vous n’en valez pas la peine. La seule chose que j’allais vous demander, c’était d’épargner la vie de David Edwards et des siens, en échange d’informations sur cet avenir que j’ai vu. Mais vous allez encore me dire que vous vous en foutez ou quoi ? Que je ne peux pas vous être utile ! Et bien soit, désolée de vous avoir fait perdre votre temps, et moi d’avoir perdu le mien. Adieu E-sak !

Scarlet dans un geste de colère, créa un portail dans l’espace, sans attendre d’être à la porte, disparut dans la brèche, et l’effaça derrière son passage.

Nobody’s Fool

Scarlet Morrigan

La Morrigane voulait que je la prenne au sérieux, que je cesse de la regarder en souriant peut-être. Mais le spectacle qu’elle e servait-là était la chose la plus drôle que j’aie vue depuis… Non… C’était la chose la plus drôle que j’aie jamais vu. Autant que je m’en souvienne, en tout cas.

Et pourtant, je la prenais au sérieux. Je ne pouvais faire autrement : elle existait, était là, devant moi, ses pouvoirs étaient répertoriés dans son dossier SPN. Je la croyais. Ce n’était pas pour autant que je ne trouvais pas son discours très drôle.

Pas le contenu de ce qu’elle disait, qui, en soit, était intéressant. Mais cette attitude supérieure qu’elle prenait alors qu’elle me reprochait exactement d’avoir cette même attitude supérieure. En gros, toute cette situation, cette conversation, était un comble.

Car elle me reprochait ce qu’elle était elle-même et m’accusait de ne pas croire en ses pouvoirs alors même que j’y croyais probablement bien plus que la plupart des gens.

Mais alors, quand elle me demanda si, sachant qui elle était, je pensais vraiment que c’était de l’arrogance de chpouvoir changer le passé, je la repris, le menton appuyé dans ma main et la regardant avec l’air le plus amusé que j’aie jamais servi à quelqu’un de toute ma vie.

-Ce n’est pas de l’arrogance de « pouvoir ».

Non, puisque littéralement, elle avait ce pouvoir.

-C’est de l’arrogance de « vouloir ».

Mais il me fallut pincer les lèvres et faire un énorme effort pour ne pas éclater de rire quand elle affirma, très fière, qu’elle avait effectivement changé mon passé ! Seigneur, E-SAK ! Tu es mort ! Même jour, même heure ! Mais pas dans une course de voiture, par Dieu !

J’arrivai à me retenir, cependant mais mon expression ne devait pas être plus flatteuse qu’un vrai fou rire. Depuis mon départ de chez William et la nécessité immédiate qu’il y avait eu de me fondre dans la masse, suivie de ma rencontre avec celle qui se disait être ma mère, j’étais plus expressif… moins figé dans mes expressions… Au départ, pour mentir au monde sur ma nature et petit à petit, sur un court lapse de temps, c’était comme si quelque chose s’était débloqué.

Je répliquai sur un ton cynique.

-Bravo, Scarlet ! Félicitations ! Je ne suis pas mort, je suis juste… mort quand même…

J’aurais bien applaudi, pour la cause.

Elle n’était même pas capable de faire la différence entre Pepsi et Coca-Cola. Ce n’était pas comme s’il suffisait de lire…

Bref… tout ça pour quoi, au final ? Je n’avais rien demandé, c’était elle qui était venue me trouver. Pour me signaler que…

Que j’allais encore mourir, pour changer… mais, blessée dans son égo qu’elle était, elle choisit de me tourner le dos. Je lui signalai que c’était dommage, que j’aurais bien voulu savoir concrètement ce que je pouvais faire pour elle.

Mais quand elle se retourna pour me pointer du doigt, ce ne fut toujours pas pour me donner du concret. Elle en fit que répéter, encore une énième fois, tout ce qu’elle n’avait fait que dire jusqu’ici.

Je dus endurer une nouvelle tirade, faisant un mouvement de moulinet de la main en regardant toujours le casque que je confectionnais, comme pour lui dire d’accélérer ou d’abréger.

Et enfin, j’eus du concret. Ce qu’elle voulait, c’était me donner des informations sur un avenir qu’elle avait vu et en échange, que j’épargne la vie d’un certain David Edwards.

Je haussai un sourcil. Mais elle était déjà partie, furieuse.

Je ne bougeai pas, faisant une moue de réflexion en regardant dans les yeux du casque que je tenais d’une main tel un Hamlet des temps moderne, ma silhouette dessinée par l’éclairage des divers écrans d’ordinateur.

-Le futur n’est pas une donnée figée. Rien n’est écrit d’avance…

Je clignai des yeux… Ils devinrent rouge et divers fenêtres s’affichèrent sur mes écrans alors que hackait pour la énième fois les banques de données SPN. C’était un ami à la Morrigane ? Alors peut-être que le SPN le connaissait aussi.

Bien vu.

Je souris.

Déposai le casque sur mon bureau et me levai pour faire face à la photo de David Edwards, menaçant et l’air malade tout à la fois.

-Pourquoi t’en voudrais-je à toi ?

Je parcourus les informations. J’avais réussi à hacker le plus haut niveau du SPN  [14 VS 12]. Le dossier d’Edwards était plus un dossier psychiatrique et médical qu’autre chose.

Seules deux informations retinrent vraiment mon attention.

Edwards était une menace de niveau 5 : créatures aux pouvoirs très puissants et aux activités dangereuses pour la sûreté de l'Etat, voire du monde, et de ses habitants.

Edwards s’était évadé du SPIN.

Pourquoi irais-je courir après ? Plus maintenant. J’avais autre chose à faire que d’aller à la chasse aux surnaturels. J’avais un objectif à atteindre. Et Edwards semblait être un attardé plus qu’autre chose à peine conscient de ses pouvoirs. S’il était si dangereux, si puissant, il ne serait pas resté deux ans au SPIN. Il se serait enfui avant et aurait fait bien plus de dégâts.

La seule raison qui me forcerait à chercher à supprimer quelqu’un comme Edwards… ce serait qu’il mette en danger mon nouveau terrain de jeu : le monde.