L'homme de la dernière chance

Ft E-sak

Jorn s’est exécuté en silence, un peu intrigué certes, mais il sait que Thunder n’est pas du genre bavarde et qu’il ne faut pas trop la bousculer de questions. Alors il attend de voir, oui vu qu’elle elle ne peut pas, il est donc devenu ses yeux, jusqu’à ce qu’elle l’envoie balader.

En attendant, elle peut compter sur lui, Jorn n’est pas du genre à lâcher les gens, surtout quand ils sont dans la merde comme cette fille, chasseuse ou pas, ça il en est parfaitement conscient.

Alors il l’a conduite jusque là où elle voulait, écoutant ses directives sur l’endroit où elle veut se rendre, un entrepôt perdu en dehors de la ville. Jorn est surpris en découvrant les lieux en question. Tout a l’air parfaitement calme, quoique pas abandonné. Non y’a des détails qui trompent pas sur le sujet, ou plutôt son flair ne le trompe jamais sur ça.

Il gare finalement son harley, juste devant la grande porte d’entrée au hangar, posant un pied à terre, et sentant derrière lui, Thunder en faire de même, avec bien moins d’hésitations.

Thunder qui retire son casque et le tend dans le vide, attendant que Jorn le reprenne.

- Merci …..je te revaudrai ça, Jorn.
- Je vais t’attendre ici qu’il déclare, voix ferme et décidée.

Mais Thunder secoue la tête.

- Inutile. Je risque d’en avoir pour un bon moment, voir…..quelques jours.

Elle en sait rien à vrai dire. Et puis si vraiment E-sak ne peut pas l’aider, il pourra toujours lui appeler un taxi pour….pour la ramener à sa nouvelle adresse. Va falloir qu’elle se démerde. Et plus question de retourner à l’hôpital ! Putain ça non !

Jorn hésite, la regarde, regarde sa montre. Le boulot reprendra dans quelques heures, ce soir. Mais là on n’est qu’au milieu de l’après-midi. Il pourrait attendre ici mais il sent à nouveau de la détermination dans la voix de Thunder et …quelque chose de différent.

- Ok, finit-il par dire résigné. Mais promets-moi de m’appeler si t’as l’moindre problème.

Thunder garde une expression neutre, même si l’offre la surprend. Elle n’est pas du tout habituée à la compassion et encore moins venant de ceux qu’elle serait sensée tuer, enfin en principe. OU peut-être qu’il a juste pitié d’elle. L’expression se durcit. Elle ne veut de la pitié de personne !

Toutefois, elle finit par hocher la tête, puis tourne les talons, avançant prudemment face à elle, avant de sentir le contact d’une surface dure sous ses mains. Alors elle frappe quelques coups, forts mais brefs.

- E-sak ? C’est moi Thunder !

Elle aurait peut-être dû prévenir. Mais dès qu’elle a pensé à ça, elle n’a plus sû attendre. Elle a voulu lui parler, lui expliquer… lui demander pour savoir, pour être fixée si vraiment elle est finie ou si elle a encore une chance de servir à quelque chose ! Ou si elle peut rester aux yeux de Cass, celle qu’il aime…

Dans son dos, le moteur vrombit. Après une hésitation, Jorn a fini par remettre le pied à l’étrier et sur sa Harley, s’éloigne dans une puissante pétarade.

L’homme de la dernière chance

Thunder Reese

Les Nano-Repair WR étaient désormais au point. J’avais non seulement réussi à faire en sorte qu’ils réparent entièrement les dégâts que m’avait causé le magnétisme de Sands, mais en plus, j’avais réussi à les adapter à tout type de technologie déjà existante. En effet, je pouvais maintenant fournir un kit Nano-Repair RW qui, une fois acquis par quelqu’un, pouvait être implanté dans n’importe quelle machine : PC, télévision, Modem, électroménager, smartphone, tablette, etc.

Le système était très simple d’utilisation. Les nanorobots étaient stockés dans une sorte de clé USB, ou un petit boitier ressemblant à une batterie portable, ou encore, pour les modèles plus anciens ou plus basiques comme les machines à laver ou machines à café, dans une petite boîte soluble qui permettaient au nanorobots de se faufiler dans le système par tous les moyens possibles. Et une fois leur travail terminé, ils trouvaient seul leur chemin vers l’extérieur des machines à réparer.

Et ça… je l’avais très bien senti passé.

Bref, pour savoir ce que les robots avaient à réparer et donc leur implanter la cartographie des engins défectueux, il suffisait de scanner le code barre, le QR code ou encore d’entrer manuellement le numéro de série de l’objet à réparer avant de lancer les nanorobots dans le système. Et le tour était joué.

J’étais en train d’expliquer tout cela dans un nouveau post sur la page H de Waters Robotics quand les détecteurs de mouvements et les caméras extérieures m’alertèrent. Je fis basculer mes écrans sur les systèmes de sécurité pour voir une moto, une Harley Davidson, s’arrêter à proximité de l’entrepôt. Puis la passagère en descendre.

Thunder. Mes propres programmes de reconnaissance faciale identifièrent Thunder instantanément. L’autre et sa moto ne traînèrent pas et quittèrent les lieux.

Je fronçai les sourcils, remarquant le pas hésitant de la chasseuse, les mains placées vers l’avant comme si elle n’y voyait rien. Je zoomai sur son visage et effectivement, elle semblait brûlée ou tout du moins blessée en pleine figure.

Elle frappa contre la grande porte de métal. Je soupirai et mes yeux rougeoyèrent. Je quittai l’écran pour me lever et aller à la rencontre de la jeune femme.

-Fais trois pas en avant et je pourrai fermer la porte.

Tandis que moi, je réduisais encore l’écart entre elle et moi. Et ce fut avec mes propres yeux que je pus constater que ses yeux étaient probablement plus que H.S.

Je lui dis d’un ton calme, en la regardant, mes propres yeux rougis par l’activation de mes programmes qui remirent en marche tous les systèmes d’alarme maintenant que Thunder était à l’intérieur.

-Ne bouge plus.

Et je supprimai ce qui restait de distance entre nous, avant de la prévenir.

-Je vais te toucher le visage. Pas de violence. Pas de mauvais réflexe.

Je pris son visage entre mes mains et le levai vers moi. Elle faisait  centimètres de moins que moi exactement.

-Qu’est-ce qui t’es arrivé ? Tes yeux sont complètement H.S. Tu as été brûlée par quoi ?

L'homme de la dernière chance

Ft E-sak

Il y a d’abord le bruit, celui qu’elle identifie facilement comme l’ouverture de la porte. Alors Thunder attend que le son s’arrête, le bruit du métal qui coulisse…..et puis plus rien.

Elle attend, sachant qu’E-sak a dû l’entendre. Pourtant quand sa voix résonne quelque peu vu l’espace à l’intérieur de l’entrepôt, Thunder frémit un peu d’angoisse anticipée, parce que son avenir dépend de ce qui va suivre…

Trois pas, elle s’exécute, des pas hésitants, un peu surprise par la requête inhabituelle. Sauf s’il sait, s’il a déjà compris ?

Et elle entend à nouveau le son de la porte qui coulisse, son mécanisme parfaitement huilé, et plus rien, sauf son angoisse qui la fait de nouveau ciller à la voix bien plus proche cette fois d’E-sak. Ou peut-être est-ce parce qu’il lui intime de ne plus bouger, la mettant de fait aussitôt sur la défensive. Elle a beau savoir qu’il ne lui fera sans doute pas de mal qu’il ne va pas l’attaquer, sa nouvelle situation, le fait qu’elle soit devenue aveugle n’a fait qu’exacerber plus encore tous ses réflexes, sa nervosité, un instinct à fleur de peau.

Comme s’il l’avait senti, peut-être parce qu’elle a légèrement reculé, E-sak la prévient. Moui, sage initiative et de fait Thunder se détend quelque peu, juste un peu, frémissant de nouveau à son contact tandis qu’elle vient de retirer ses lunettes de soleil, révélant les pupilles blanchies, et les brûlures superficielles autour de ses yeux. Thunder fixe le néant, attendant les questions et le verdict qu’elle connait déjà. Alors elle répond d’une voix basse et grave :

- Pas par quoi, par qui…. Il s’appelle Alberich, c’est lui qui m’a fait ça, je n’ai pas su anticiper, conclut-elle d’une voix plus basse encore, le ton dépité. Et elle reprend plus dure : il était avec Bobby Sands, ils ont débarqué tous les deux à l’Arena et………j’ai voulu les attirer dehors pour abattre Sands, mais l’autre est intervenu…..j’ai commis une énorme erreur tactique, ….et….

Thunder doit attendre quelques secondes pour reprendre.

- Cet enfoiré m’a rendue aveugle…..je ne peux plus voir, et les médecins disent que c’est irréversible.

Malgré le nœud dans sa gorge, Thunder, conclut, fixant toujours le néant devant elle.

- Mais je ne peux pas accepter ça…..Alors j’ai pensé à toi, à tes nano-robots capables de te réparer….

Et elle ne termine pas, parce qu’elle n’y arrive pas….Mais E-sak peut facilement deviner ce que désormais elle attend de lui……il est son dernier espoir. Sans quoi, Thunder refuse de rester une handicapée, pas après tout ce qu’elle a connu, ce n’est juste…..pas envisageable.

L’homme de la dernière chance

Thunder Reese

Les lunettes de soleil de Thunder ne cachaient pas entièrement la brûlure de sa peau. Quant à son attitude, sa façon de bouger, elle trahissait à elle seule sa cécité. Et… D’accord, j’avais quelques programmes d’analyse qui me permettaient d’arriver à une conclusion facile et rapide par simple analogie.

Je la fis entrer, contrarié par avance parce qu’une tireuse talentueuse, sans ses yeux, n’est plus grand-chose. Mais j’avais appris quelque peu la patience, ces derniers temps. Et plutôt que de vouer Thunder à une issue fatale comme une machine défectueuse, il me fallait d’abord voir s’il n’y avait pas moyen de la réparer.

C’est pourquoi je m’approchai et la prévins que j’allais la toucher pour l’examiner. Elle enleva d’elle-même ses lunettes de soleil et me fit voir ses pupilles détruites par le feu tout en me donnant des réponses à ma question. Le « qui » était au final bien un « quoi », puisqu’il s’agissait de surnaturels. Elle avait à nouveau croisé la route de Sands et de l’un de ses alliés, Alberich… Alberich.

Non référencé dans les alliés repris par le SPN dans le dossier de Sands… Mais mes programmes de hacking repérèrent, presque directement un Alberich dans les dossiers SPN. Un sorcier… Avec un pouvoir de pyrurgie. Alberich Niflheim [Hacking 11 VS 10]. Mes yeux redevinrent bleus et je relevai un rien plus le visage de Thunder vers moi, le tournant doucement d’un côté puis de l’autre, caressant inconsciemment ses joues de mes pouces dans un geste instinctivement rassurant.

-Je vois.

Et je souris, surtout, quand elle affirma que les médecins lui avaient dit que son handicap était irréversible. La voix de Thunder changeait de tonalité presque à chaque phrase… Effacé, dur, cassé… Comme si elle n’arrivait pas à se décider sur la façon de traiter l’information… Ou comme si elle était dépassée par l’information.

-Calme-toi. Je ne suis pas médecin.

Et dans ce cas-ci, c’était bien loin d’être une tare. Quant à Thunder, si elle ne pouvait plus prétendre au titre de tireuse hors pair, elle venait d’acquérir celui de challenge du siècle. Parce que ses yeux étaient vraiment arranger.

Je lui souris, même si elle ne pouvait pas me voir, son visage toujours entre mes mains alors qu’elle n’arrivait même pas à achever sa phrase. Inutile. J’avais compris et j’avais envie de le faire. Parce que je voulais savoir si j’étais capable de le faire.

-Je vais te réparer… Je vais t’améliorer.

L’avantage de Thunder, c’était qu’elle n’était pas difficile à cerner, même pour moi. Peut-être parce que nous avions au moins une chose en commun : nous n’avions besoin de l’aide de personne. Nous ne voulions de l’aide de personne. Je n’allais donc pas lui faire l’offense de la prendre par la main pour la guider jusqu’à la table.

Par contre, Nono vint tourner autour de nous car je l’avais appelé silencieusement par message électronique et se mit à bipper vivement.

-Suis les bips de Nono… Et une fois que tu sens la table sous tes mains, allonge toi. J’arrive.

Je retournai à mes écran, mis tout ce que j’étais en train de faire en standby et ouvris un nouveau projet, mais sans parler à l’ordinateur tout haut pour ne pas que Thunder confonde ce que je lui disais et ce que je disais à l’ordinateur étant donné qu’elle n’avait plus l’indice du non verbal pour savoir à qui je m’adressais.

Je m’installai sur mon fauteuil et une fois qu’elle eut trouvé la table métallique, me projetai vers elle. J’allumai une lampe et la projetai directement dans ses yeux qui de toute façon ne voyaient déjà plus rien. Et je me penchai au, dessus d’elle, dans un premier temps, les bras croisés sur la table, mes avant-bras touchant son biceps, juste pour qu’elle sache où j’étais.

-Bien… Tu as donc bien été agressée par un « quoi » étant donné que c’est un surnaturel recherché par le SPN qui t’as privé de ses yeux grâce à un pouvoir de pyrurgie.

Je ne lui apprenais probablement rien, mais j’aimais à la fois m’écouter parler et étendre ma science.

-Tu as actuellement un spot braqué à pleine puissance en plein dans tes yeux, est-ce que tu sens quelque chose ?

Je n’avais pas vraiment prévu de me changer en chirurgien un jour. Je réparais et créais des machines, je n’avais en générale que faire des êtres vivants. Mais Thunder faisait exception à la règle, parce qu’elle était utile. Enfin, elle le serait à nouveau si j’arrivais à la réparer.

-J’ai besoin de savoir jusqu’où tes nerfs sont abîmés. J’ai besoin de savoir ce que je peux faire et ne pas faire. J’ai besoin de savoir quelles pièces je dois remplacer ou non.

Et tout en lui parlant, je programmais à distance une capsule de Nano-Repair pour une première expérience pour eux aussi. Je ne leur envoyai pas la cartographie d’une machine, mais celles des synapses d’un cerveau humain. Et la zone à désactiver. Une fois que ce fut fait, Nono m’apporta un verre d’eau et la capsule en question…

-Je vais te mettre quelque chose dans la main. Pas plus grande qu’une gélule, comme un médicament. Redresse-toi, assise…

Je mis la capsule dans une de ses mains et guidai son autre main pour lui faire prendre le verre d’eau.

-Avale-ça. Les nanorobots vont dévier les signaux électriques de ton cerveau pour transformer la douleur de l’opération en plaisir. Je vais pouvoir te réparer tout en te gardant consciente. Tu pourras t’amuser à déverser tous les maux et toutes les insultes du monde sur tes agresseurs pendant ce temps-là si ça te chante.

Bien qu’elle risquait plutôt d’avoir un orgasme, mais bon… Ça aussi, ça m’intéressait de voir… Je passai ma langue sur mes lèvres.

-Enfin, en théorie, c’est une première. En attendant que ça agisse, dis-moi si tu ne vois vraiment plus rien, si tu perçois la lumière, le mouvement quand je passe ma main dans ton champ de vision, tes douleurs… Bref, fais-moi un petit briefing.

L'homme de la dernière chance

Ft E-sak

Il n’est pas médecin ? La remarque lui fait froncer les sourcils. C’est ce qu’elle lui a dit quand il lui a demandé de lui faire une injection, la dernière fois qu’ils se sont vus. Alors quoi ? Est-ce qu’il lui dit qu’il ne veut pas s’occuper d’elle ?

- C’est pour ça que je suis là, parce que tu n’es pas médecin.

Non, lui a d’autres moyens pour remettre ses yeux en état. Là où la médecine a renoncé, elle espère que ce génie pourra sauver ses yeux, c’est sa dernière chance. Alors quand après l’avoir examinée, il déclare qu’il va la réparer, Thunder inspire légèrement, seul signe visible de son soulagement. Avant de l’interroger.

- M’améliorer ?

S’il lui rend sa vue, ça serait déjà bien, ça serait même vraiment très bien, surtout quand plus personne ne lui a laissé d’espoir. Pourtant elle ne peut s’empêcher d’éprouver de la curiosité. Ce type lui a déjà montré l’étendue de son talent et…..à vrai dire elle peine à imaginer ce qu’il pourrait faire de plus que lui rendre la vue. Peut-être qu’avec un peu de réflexion, une fois qu’elle se sera remise un peu de ses émotions……

Quand Thunder entend les bips qu’elle reconnaît être ceux du robot qui lui a apporté à boire la première, fois, son regard se baisse dans un bête réflexe. C’est idiot, elle ne le verra de toute façon pas. Toutefois elle écoute les consignes d’E-sak, et suit d’un pas hésitant les sons émis par le robot jusqu’à rencontrer un obstacle. Une table……

Après une brève hésitation, elle retire son blouson qu’elle pose sur le bord de la table et prend place, allongée sur le dos. Ses mouvements sont lents, prudents, parce qu’elle n’a plus aucun repère visuel et que son corps n’y est pas du tout habitué.

Plus loin, se repérant uniquement à son ouïe, elle entend E-sak qui se déplace sur son fauteuil, avec ce bruit typique que font les roulettes. Puis il est de nouveau à côté d’elle et Thunder malgré le trouble lié à sa situation, de ne pas savoir, de ne pas voir ce qui se passe autour d’elle, de n’avoir plus aucune certitude, enregistre malgré tout ce qu’il vient de lui dire, la raccrochant à quelque chose de beaucou plus concret, quelque chose qu’elle connait.

Un nom, une cible, un surnaturel recherché par le SPN…. Et ouais le pouvoir de pyrurgie, elle a eu hélas l’occasion de le tester, à ses dépends !

- Je vois que t’es bien renseigné, encore une fois.

Ouais, elle n’est pas vraiment surprise. Il lui a déjà démontré qu’il savait beaucoup de choses, tant sur Bobby par exemple que tiens, Alberich, ou le SPN, sans pour autant qu’il n’appartienne à cette organisation.
Enfin tout ça lui permet de penser à autre chose qu’à ses yeux.

E-sak lui parle alors de cette lampe qui l’éclaire. Et Thunder secoue la tête, répondant négativement à cette question, sans ouvrir la bouche.  Mouais il veut savoir ce qu’il y a à réparer. Le nerf optique a été touché en profondeur et même si ses yeux quoique opaques semblent intactes, il n’y a plus rien à faire, sauf si ses nanos-robots peuvent reconstruire le nerf optique ou … elle n’en sait rien quoi.
Aux directives d’E-sak, elle s’exécute sans moufter, avale le comprimé sans poser la moindre question, ne réagissant qu’à la mention du plaisir qui va remplacer la douleur.

- J’ignorais qu’on pouvait faire ça.

L’idée la laisse perplexe, quoiqu’elle a alors une pensée pour Cass et ses petites pilules. E-sak a trouvé sa drogue perso et ce sans avoir à prendre de comprimé. Enfin là, c’est elle qui va être shootée…..au plaisir ! Sans déconner ? Là tout de suite, elle n’est pas du tout d’humeur à trouver ça fun, ou quoique ce soit d’autre. Elle se fout de ce qui peut se passer, elle veut seulement récupérer ses yeux. Quant à se mettre à insulter ses agresseurs, non, elle a bien mieux à faire, si cette réparation fonctionne que crier inutilement dans le vide. Ca c’est clair !

Bref, peu importe comment il s’y prend, du moment que ça marche. Peu importe la souffrance, ce qu’elle ajoute d’un ton dur :

- Et je me fiche que ça fasse mal. J’ai l’habitude.

En attendant que ça agisse ?....E-sak a encore quelques questions pour elle. Thunder se crispe et gronde d’un ton bas où vibre la frustration.

- Non rien, absolument rien. Sands pourrait être face à moi que je ne ferai même pas la différence. Pour la douleur, rien de plus que celle d’une brûlure, mais ça aussi j’ai l’habitude.

Et Thunder passe sa main sur l’intérieur de son bras qui est marqué de cicatrices de brûlures, celles que laissent des cigarettes. A l’intérieur des bras qu’elle devait présenter à ceux qui l’ont dressée pour apprendre à ne pas réagir à la douleur, et à ne pas crier, à genou sur le sol, tandis qu’ils s’amusaient à éteindre leurs cigarettes sur la chair tendre d’une jeune enfant. Alors ouais, la douleur qu’on ressent à une brûlure si intense soit-elle, elle connait, elle connait par cœur. Et elle n’en fait plus de cas.

Par contre….elle est bien plus réceptive au plaisir,... n’importe lequel, ivresse de l’alcool, drogue, et …sexe ! La pensée de Cass envahit son esprit, les images de la dernière fois où ils se sont envoyés en l’air et……..putain, ses seins se tendent sous le débardeur, ses pointes durcissent et une sensation familière fourmille dans son ventre , et entre ses cuisses.

Thunder frappe le vide.  Il vient de lui toucher les seins non ?

- Qu’est-ce que tu fous ??

Elle s’agite, perturbée par ces sensations surgies de nulle part. son corps se tend, Thunder secoue la tête, sa respiration plus rapide.

- Arrête ce truc !

Ouais parce que c’est pas comme ça qu’elle va rester tranquille !

L’homme de la dernière chance

Thunder Reese

Thunder avait clairement laissé la logique de côté, perturbée par sa blessure, désorientée par la perte d’un sens. J’avais ressentis la même chose après avoir subi le magnétisme de Sands. L’accepter était une autre histoire, maintenant que j’étais en pleine capacité de mes moyens. Et si j’avais pu effacer cet épisode pathétique aussi facilement que n’importe quel autre fichier dans ma tête, je l’aurais fait.

Du coup, Thunder ne comprit pas que ce que je voulais dire, c’était que je n’étais pas médecin, donc, que ce n’était pas irréversible. Pas pour moi. Que du contraire. Puisque tous les autres avaient abandonné, j’allais prouver que j’étais le meilleur en faisant mieux encore que tout ce qu’ils auraient pu faire dans le meilleur des cas.

Je dis d’un ton ferme en la regardant dans ses yeux aveugles.

-Reprends-toi.

Puis, plus doucement mais d’une voix non teintée de fierté :

-Oui, Thunder. T’améliorer. La technologie peut faire bien plus que ce que la médecine ne pourra jamais faire. Mais les tiens sont encore trop attardés pour y arriver ou même y penser.

Je souris, même si elle ne pouvait pas le voir.

-Moi pas.

Je lui donnai comme instruction de suivre Nono pendant que je préparais mes écrans et mes programmes ainsi que les nanorobots, à défaut d’avoir quoi que ce soit de médical sous la main. Je ne travaillais que sur des machines ici. Jamais je n’aurais pensé avoir à réparer un humain. J’avais je ne pensais pouvoir en avoir envie et encore moins y trouver une utilité. Seulement, Thunder m’étais utile. Mais elle ne l’était qu’entière et en forme et là, elle n’était  ni l’un, ni l’autre.

Thunder s’installa, retirant son blouson pour être plus à l’aise. Et une fois qu’elle fut allongée sur la table, je roulai avec ma chaise jusqu’à elle. Je lui reparlai alors de ceux qui l’avaient attaquée et d’Alberich Niflheim en particulier. Et elle constata que j’étais bien renseigné tandis que les nanorobots étaient sur le point d’être prêt pour cette intervention toute particulaire.

-Il existe dans ce monde des tas de banques de données. Il me suffit d’aller piocher dedans exactement comme tu le ferais sur internet. A ceci près qu’aucun firewall ne me résiste. Je peux aller là où seuls les meilleurs hackers du monde peuvent aller et plus loin encore, puisque de tous, je suis le plus abouti.

Je ricanai.

-Et je n’ai même pas besoin d’ordinateur pour ça.

Sauf que si mes systèmes étaient défectueux comme après mon « combat » contre Sands, je n’étais plus grand-chose. Et c’était pour ça que j’allais réparer les yeux de Thunder. Je lui envoyai donc un une lampe led à pleine puissance dans les yeux, juste pour voir si elle allait réagir ou voir un changement dans le néant de son champ de vision.

Elle ne réagit pas du tout, pas de mouvement pour protéger ses yeux de la lumière, rien.

Et elle se fichait que ça fasse mal, disait-elle. Qu’elle en avait l’habitude.

-Je n’en ai cure que tu en aies l’habitude, je n’ai pas envie de t’entendre hurler de douleur pendant que je travaille.

Et quand je lui posai les questions de bases pour savoir un peu quelle était sa perception maintenant. Mais elle n’en avait plus aucune. Et je la sentis se crisper contre mon avant-bras qui touchait son biceps. Elle parlait même les dents serrées. Mais ça n’avait rien à voir avec la douleur. C’était la colère d’être réduite à néant… Comme j’avais été en colère après avoir rencontré Sands.

Je répliquai sur un ton calme :

-De un, Sands n’est pas là. Il n’y a que toi, moi et Nono. Donc, détends-toi. De deux, si ce que je compte faire réussir, ne t’en fais pas, tu ne pourras pas rater Sands. Tu ne pourras même plus rien rater du tout.

Et elle avait répété qu’elle avait l’habitude de la douleur, preuve à l’appui en montrant les cicatrices sur son bras. Enfin, en frottant son bras d’un geste réflexe par association d’idée qui me fit porter le regard à cet endroit où elle avait aussi été brûlée, mais ça ne datait pas d’hier. Mes yeux revinrent sur le visage aveugle de Thunder.

-J’avais compris la première fois, que tu avais l’habitude.

Mais je savais donc au moins maintenant que Thunder avait les yeux complètement détruits par le feu, ainsi que pas mal de nerfs, voire tous les nerfs puisqu’elle disait ne ressentir que la brûlure. Et en attendant, dans son cerveau et sans qu’elle ne le sente encore, les nanorobots faisaient leur boulot, déviant les signaux de douleur pour les changer en plaisir.

Et quand le visage de Thunder changea, et que je vis ses seins pointer sous son débardeur, je sus que cette première phase était accomplie avec succès.

Elle frappa dans le vide en me demandant ce que je foutais.

-Rien du tout. Je ne t’ai même pas touchée. Mais ton cerveau a besoin de rendre logique les sensations de plaisir que tu ressens maintenant. Il associe donc cela avec des souvenirs, des idées ou autres, je ne suis pas dans ta tête, qui te procurent du plaisir. C’est un mécanisme cérébral pour ne pas que tu pète les plombs.

Je souris et lui piquai doucement le bras, sans blesser, pour plus de douleur et donc plus de sensation de plaisir.

Elle protesta, voulait que ça s’arrête.

-Mais non, tu ne veux pas que ça s’arrête. Toi, par contre, arrête de bouger ou je t’attache. Ferme les yeux et ne les rouvre que sur ordre.

L’opération pris trois bonnes heures de temps. Je ne fis rien par chirurgie, lui injectant simplement des nanorobots programmés différemment. Certains pour remplacer le nerf optique par de la fibre optique, d’autres pour implanter une puce dans son cerveau, une puce qu’ils construisirent à même la partie du cerveau liée à la vue et enfin, pour rendre à ses yeux leur couleur d’origine… Le tout pendant qu’elle gémissait agréablement.

J’éteignis la lampe au-dessus d’elle pour ne pas que la lumière l’agresse.

-Ouvre les yeux. On va voir si ça fonctionne. Tu es multiorgasmique… Pour information…

Je croisai les bras, plus sérieux

-Tu vois ?

L'homme de la dernière chance

Ft E-sak

- Reprends-toi.

Thunder cille à cet ordre, fronce les sourcils. Quoi ? Pourquoi lui dit-il ça ? Ok, elle se tait, encaisse sans rien ajouter. De toute façon, elle n’est pas dans son assiette. Inutile d’insister.

Et elle écoute, puisque c’est tout ce qu’elle peut faire désormais… écouter. Les paroles d’E-sak résonnent dans son esprit toujours perturbé, mais sonnent avec un peu plus d’espoir. Elle sait alors qu’elle a bien fait de venir ici. Elle comprend surtout qu’il pourra l’aider.

Thunder suit donc ses consignes, écoutant les bruits du robot qui la guide jusqu’à une table où elle prend place, sans dire un mot. Son avenir est désormais entre les mains d’E-sak. E-sak qui encore une fois parait fort bien renseigné sur celui qui lui a fait ça…..Dans un état second, elle entend E-sak lui dire qu’il lui a suffit d’hacker les infos sur internet, non sans se vanter d’être le meilleur, enfin le plus abouti….

De toute façon peut lui importe tout ça, du moment qu’il peut la réparer. Et vu ce qu’il a su faire pour lui-même, elle ne doute aucunement de ce qu’il pourra faire avec elle. Et surtout, ce n’est pas comme si elle avait une possibilité de faire autrement, à moins de se résigner à rester aveugle pour le restant de ses jours. Ce qui n’est pas une option envisageable !

C’est donc une Thunder déterminée qui écoute et obéit aux consignes du cyborg, avalant la gélule qu’il lui donne avec un peu d’eau, non sans s’étonner de ce que ça va lui faire, détourner sa douleur pour la transformer en plaisir ?

Elle se fiche de la douleur, ce qu’elle lui dit. Mais il lui rétorque qu’il n’a pas envie de l’entendre hurler. Moui, c’est très mal la connaître que de croire qu’elle va se mettre à hurler comme une hystérique. Toutefois, elle s’abstient de commenter, n’étant pas du genre à gaspiller sa salive pour rien, le laissant faire ce qu’il a à faire, en comprenant qu’il va l’opérer ici et maintenant. Tant mieux. Inutile d’attendre ou de remettre ça à plus tard. Elle est prête !

Pour Sands, c’était qu’un foutu exemple, mais ce cyborg semble tout prendre au premier degré, ok, inutile encore une fois de relever. Tout comme sa demande de se détendre. Il n’y a que deux façons pour elle de se détendre, le sexe, ou des plaisirs plus artificiels comme la drogue et l’alcool et encore…Elle note cependant ce qu’il lui dit au sujet de la réussite de cette opération. Qu’après ça, elle ne pourra plus rien rater du tout. C’est tout ce qu’elle avait besoin d’entendre….

Ce n’est qu’au moment où elle sent son corps réagir qu’elle sort de son mutisme, donnant un coup dans le vide et interrogeant E-sak. Mais il lui explique que la caresse qu’elle a ressenti, n’était que dans sa tête, ….ce qui la laisse …perplexe ! Le reste c’est du blabla technique. De toute façon elle refuse de jouer à ces petits jeux là, elle préfèrerait encore avoir mal. C’est trop bizarre comme situation et si encore elle était avec Cass, ça aurait pu être effectivement agréable mais là, elle n’a pas vraiment, voir pas du tout envie de s’exciter toute seule, juste pour oublier sa douleur.

Alors elle exige qu’il arrête ça, mais E-sak ne l’écoute qu’à peine, la laissant encore plus stupéfaite.

- C’est du viol, qu’elle crache, hargneuse. Alors ouais tu ferais mieux de m’attacher.

Parce que sinon elle risque de lui faire payer ! Et au final elle se calme d’elle-même, parce que le plus important reste cet objectif, recouvrer la vue. Le reste, ce sont des détails. Alors les mains crispées sur la table, elle s’efforce de se concentrer sur ….sur le seul qui compte à cet instant, Cass, même si penser à lui, la rend soudain plus fragile, faisant tomber ses barrières en ressentant brusquement une violente envie d’être simplement dans ses bras, sans rien de sexuel derrière…..juste être avec lui.

Mouais c’est sans compter sur ce truc qu’E-sak lui a fait et qui rend soudain toutes ces considérations complètement vaines…..
Le reste, inutile de s’étendre sur le sujet, E-sak se charge bien assez tout seul de le lui rappeler quand enfin tout s’arrête et que Thunder reprend ses esprits, le corps épuisé après cette course « orgasmique ». Une remarque qui lui vaut un regard foudroyant de Thunder.

- Mouais, tu peux garder ces informations pour toi, merci ! gronde-t-elle dans un murmure.

Elle n’a pas encore ouvert les yeux, ressentant soudain une peur intense qui emballe son cœur qui a été déjà fort sollicité, créant une fine pellicule de sueur sur son corps. Elle retarde encore un peu l’échéance du verdict, puis se lance…..et ouvre les yeux. Et cille, levant les mains pour protéger ses yeux de la lumière pourtant quasiment inexistante, surtout qu’E-sak a éteint celle juste au dessus de son visage.

Réglage de la lumière activé…

Thunder se redresse d’un seul coup, assise désormais tandis que désormais sa vision semble moins… éblouissante.

- Quoi ?

Elle reste un instant stupéfaite son regard focalisant alors sur E-sak.

Identité : Isaak Waters, décédé dans un accident de voiture le 14 juin 2016.

- Oh la vache !!

Elle le fixe, stupéfaite, mais elle voit, ça oui pour voir elle voit ! Thunder partagée entre stupéfaction et émotion, parce qu’elle voit à nouveau, met un temps certain pour répondre.

- Oui… oui je vois mais…….c’est quoi tout ça ? Je… tu es mort dans un accident de voiture ? … d’où est-ce que ça sort ces inscriptions ?

Son regard quitte E-sak pour parcourir le hangar-atelier du génie, et s’en suit toute une liste d’inscriptions qui viennent s’annoter dans des encarts désignant tel ou tel objet, sa provenance, en quoi c’est fait, tiens du simili pour son blouson, acheté pour 80 dollars chez Century.

- Nom de dieu !

Et ça continue ainsi sur chaque truc que Thunder fixe son regard. Le cœur battant, elle plaque ses mains sur ses tempes, ayant refermé les yeux, un bref instant, pour reprendre le contrôle de son cœur qui s’est emballé comme un cheval fou. C’est rien, c’est rien, elle voit ! C’est ce qu’elle voulait non ? Ok… E-sak a parlé d’améliorations, ça doit être ça, même si là elle pige que dalle !!!
Alors prudemment elle ouvre à nouveau les yeux, et tache de fixer son regard sur E-sak.

- Je vois ! Je peux de nouveau voir ! Sa voix trahit sa joie, même si j’comprends rien à tout ce bordel, pourtant elle dit ça en souriant. Tu m’expliques ?

La curiosité a dépassé la panique, et c’est désormais une Thunder plus calme au rythme cardiaque plus ou moins régulier qui écoute ce que lui dit E-sak.

L’homme de la dernière chance

Thunder Reese

Thunder n’aimait pas trop mon traitement anti-douleur une fois qu’elle eut compris et testé l’effet que cela faisait. C’était une parfaite réussite, encore une fois, que cette invention révolutionnaire. Des nano-Repair spécialisés dans la déviation des synapses neuronales et capables donc de faire passer une perception pour une autre. En l’occurrence, de faire passer la douleur pour du plaisir. Après, le reste du cerveau humain, qui, fallait-il le reconnaître, était une machine aussi complexe qu’extraordinaire,  se chargerait de rendre la chose crédible, par des pensées agréable ou des rêves éveillés…

Rêves éveillés et mouillés comme était en train de l’expérimenter Thunder. Je marmonnai comme pour moi-même, mais avec un air plus que satisfait en la voyant se tortiller.

-Je n’arrêterai pas une invention qui fonctionne aussi bien.

Elle se tortillait un peu sur la table, comme si elle cherchait le contact d’un amant imaginaire qu’elle seule pouvait voir. Ok. Conclusion : déviation des synapses, ok. Mais quand un humain dort, son corps reste presque parfaitement immobile hormis de légers mouvements de jambe ou de bras grâce à une hormone qui anesthésie tout le corps, ici… Ici, Thunder faisait un rêve érotique sans que cette hormone ne soit diffusée et elle bougeait donc comme si elle cherchait à faire l’amour.

Elle affirma que c’était du viol et je ricanai tout en programmant à distance les nanorobots qui allaient réellement travailler sur ses yeux. Les miens étaient donc repassés au rouge alors que je ne la quittais pas des yeux.

Et je lui sorti tout en même temps la définition juridique du viol dont elle prétendait être victime.

-Viol : Le viol est défini par le Code pénal comme tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui par violence, contrainte, menace ou surprise.

Je souris.

-Est-ce que quoi que je t’aie fait jusqu’ici correspond à cette définition ? Non. La seule chose que tu as avalée, ce sont des nanorobots. Et je te les ai fait avaler avec ton consentement, sans violence, sans contrainte, sans menace et sans surprise. Et je dirais même que je l’ai fait à ta demande. Donc, pas de viol.

Mais je clignai d’un œil et Thunder se retrouva menottée électroniquement à la table de métal sur laquelle elle était attachée. Je ne connaissais pas spécialement bien Thunder. Mais j’en savais déjà largement assez.

Mais une fois attachée, elle se calma d’elle-même, petit à petit.

-Bien… Mettons un peu de musique.

♫

Je ne sais pas travailler sans musique. Tous les bruits me distraient sinon. Et ça n’avait rien à voir avec ma nature de cyborg, non. J’étais déjà comme ça avant. La Morrigane n’avait peut-être rien su changer à mon passé, d’après ses dires, elle n’était même pas arrivée à m’empêcher d’exister. Mais par contre, elle avait fait remonter à la surface tous mes souvenirs de ma première vie, ou presque. J’avais encore des trous noirs, mais qui parfois se résorbaient petit à petit.

L’opération se passa bien. Il me suffisait de rouler de mon ordinateur central à la table d’opération, de faire d’autre manipulation grâce à mes systèmes internes, de guider les nanorobots réparateurs en regardant Thunder dans les yeux comme pour les téléguider, le tout, bien sûr, après les lui avoir injectés par la caroncule lacrymale… Ce qui lui avait peut-être donné le meilleur orgasme qu’elle ait jamais eu.

Bref… L’opération terminée après quelques heures durant lesquelles je lui avais en plus partagé le plaisir d’une bonne playlist qui donnait un peu d’intimité à ses gémissements, Thunder était en sueur. Et elle avait les yeux fermés, pour le moment… Par contre, elle était toujours aussi râleuse.

J’éteignis la lumière au-dessus d’elle et détachai ses entraves d’un nouveau clin d’œil.

-Tu peux ouvrir les yeux. Doucement.

Je la retins juste un peu quand elle se redressa brusquement, assise sur la table.

-Doucement. J’ai dit.

Elle sembla un instant aussi perdue que si elle était encore aveugle. Mais non. C’était le flot d’information qui la perturbait. Signe que mon système fonctionnait bel et bien.

-Quoi, «quoi » ?

Elle me regardait maintenant intensément, mais je savais très bien ce qu’elle voyait. Elle était en partie électronique, maintenant et je pouvais donc voir ce qu’elle pouvait voir. Un peu comme lorsqu’un technicien prend le contrôle d’un ordinateur d’un particulier, via le sien, pour le dépanner.

Et quand elle s’exclama, je souris.

-Oui… « La vache ! » peut-être un terme approprié pour dire que c’est un succès…

Et avec ça vint une myriade de question dont la dernière, prononcée avec le sourire (ce qui la rendait plus agréable encore à regarder), me permettait de répondre à toutes ses questions d’un bloc.

-Oui. Je suis mort dans un accident de voiture. Tu le sais parce que je le sais et aussi parce que mon visage est repris dans les archives des banques de données du NYPD. Tes yeux m’ont vu, les programmes ont fait le reste pour te donner le résultat le plus correct possible sur la nature de ce que tu vois. Natures, information, quantité, etc… Pour autant que tout ça soit repris quelque part dans une banque de donnée ou un système informatique. Ou, pour les objets, à partir d’un code barre ou encore d’une reconnaissance sur les moteurs de recherche internet.

Je fis la moue, sachant que Thunder était très loin de mon niveau intellectuel.

-En gros, tant que ce que tu vois existe sur internet, un cloud ou des serveurs quelconques, tu pourras avoir accès à l’information concernant la personne ou l’objet que tu fixes. Ou plutôt, que tu scanne.

Je la dévisageai à mon tour… Avant de faire apparaître, via mes propres yeux, son visage sur grand écran. Lui restai la brûlure de sa peau autour de ses yeux, mais ses iris n’étaient plus vitreux, ils étaient à nouveau du bleu magnifique qu’ils avaient avant.

-L’esthétique, c’est un cadeau de la maison. Ça aurait pu fonctionner sans que je m’occupe de ça, mais je me suis dit…

Je fis la moue, secouai la tête.

-Je ne sais pas ce que je me suis dit… Peut-être juste que c’était mieux… Surtout que si tu dois te présenter à mes côtés, je tiens à ce que tu sois belle à regarder.

Je donnai silencieusement l’ordre à Nono de ranger le désordre que j’avais fait en faisant l’opération, avant de me tourner vers Thunder.

-Tu dois surtout apprendre à te servir de ce programme désormais. Apprendre à te concentrer uniquement sur ce que tu veux savoir. Parce qu’autrement, tu risques d’être envahie d’informations parasites. D’autres questions ?

L'homme de la dernière chance

Ft E-sak

Bien sûr, E-sak trouve moyen de répondre. D’après lui, et sa définition du mot, c’est pas un viol. Mouais ben d’après elle, quand on dit non à quelqu’un pour du sexe et qu’il continue malgré tout, c’est bel et bien un viol ! Mais elle n’est pas vraiment surprise. Qu’il soit à moitié cyborg, finalement sur ce plan, il est pareil que tous les autres mecs.  Et ça faisait longtemps qu’on lui avait plus imposé d’orgasme contre sa volonté.

Mais au final, elle l’écrase, parce que là tout de suite, c’est de loin pas sa première préoccupation et peu importe le prix à  payer, elle payera si en fin de compte, elle retrouve ses yeux. C’est vraiment tout ce qui lui importe. Alors Thunder cesse très vite de la ramener et concentre toutes ses pensées sur celui qui a su gagner bien plus qu’une place dans son lit…..même si ouais, il lui en aura fallu du temps pour l’admettre. Elle l’a compris trop tard…..ou peut-être pas.

Alors Thunder se fait une promesse avant de sombrer dans ce plaisir artificiel, retrouver Cassidan une fois que tout ça sera réglé. Et ensuite… advienne que pourra !


….

Quand tout s’arrête, il lui faut une ultime dose de courage pour affronter le verdict, oser tout simplement ouvrir les yeux et pour une fois, une unique fois, prier pour que ça marche ! pour que les « réparations » d’E-sak aient fonctionné……

Et c’est une renaissance qui s’opère quand elle ouvre enfin à nouveau les yeux…. C’est un regard neuf et c’est peu de le dire que Thunder pose sur le monde qui l’entoure, sur E-sak, et sur tous ces trucs qui sont brusquement devenus si riches en information, comme jamais son monde ne l’a été jusque là. A tel point qu’elle cille, pose une main sur sa tempe, essayant de résister à tout cet afflux d’informations, pendant qu’E-sak lui explique.

E-sak qui lui dit que l’opération a été un succès ! Ouais Carrément !! Thunder n’en revient pas, elle voit à nouveau même si ouais, la sensation est plutôt violente, même si elle ne s’attendait pas à tout ça. Ok, un pas après l’autre, en douceur….
Il faut qu’elle se concentre sur une chose à la fois, sur la voix d’E-sak pour commencer qui lui explique ces fameuses améliorations. Un programme d’analyse intelligent qui lui donne accès à toutes sortes de bases de données informatisées,  via internet et tous ses réseaux, un monde nouveau pour elle.

Thunder braque alors son regard sur le cyborg qui fait apparaître sur un grand écran, son visage qu’elle reconnait sans mal. Et hormis quelques marques de brûlures qui disparaîtront très rapidement, elle a retrouvé le même regard bleu acier qu’avant. Difficile de voir la moindre nuance, le moindre changement, même si elle, elle le voit, elle voit chaque détail, son scanner continue d’analyser tout ce qui passe à sa portée, allant même parfois bien plus loin que ce qu’un regard « normal » pourrait voir, voyant ce qui se cache derrière la surface, et plus loin, oui bien plus loin encore.

Son attention se concentre à nouveau sur la voix d’E-sak pour émerger de cette vision en profondeur plutôt stupéfiante qu’elle vient de faire. Il lui parle d’esthétique et elle rétorque, surprise par ces considérations superficielles.  Il tient à ce qu’elle soit belle à regarder, sérieusement ?

- Ton esthétique intérieure est pas mal non plus. C’est un ….étonnant mélange. Ça aussi c’est cadeau de la maison ? Le fait que je voie ….comment tu es fait sous tes vêtements... et sous ta peau ?

Ouais, elle va devoir apprendre à gérer tout ça, parce que pour le moment, ça part un peu dans tous les sens et elle est dans un espace restreint. Qu’est-ce qui se passera quand elle sortira ? Bon sang, ouais, rien que d’y songer, elle a déjà la migraine.

- Des questions …..euh ouais, peut-être. Me faudra du temps c’est clair…..et peut-être éviter de sortir pour le moment ou…..d’éviter de trop « regarder »…..autour de moi. Est-ce qu’il y a des choses à ne pas faire ou….des recommandations ? Et y’a encore d’autres surprises que .. ce programme de scan et….cette vision, euh approfondie ?

Soudain elle est impatiente de voir, de tout voir, de sortir, de redécouvrir le monde, tout, de redécouvrir aussi le plaisir d’être libre de ses mouvements, sans avoir à craindre de se prendre un truc dans les jambes ou dans la gueule. Et surtout ouais,….surtout être de nouveau complètement indépendante !!

Thunder se lève, à peine étourdie par le changement de position après cette….surprenante opération, puis se tourne vers E-sak, lui sourit et n’oublie pas le principal.

- Tu es un génie E-sak ! dit-elle doucement, puis elle se penche et l’embrasse un instant, brièvement. Une façon à elle de le remercier, parce que là, il vient véritablement de lui sauver la vie.

Et elle lui en sera à jamais reconnaissante.

- Merci, merci pour tout ça.

L’homme de la dernière chance

Thunder Reese

Une fois l’opération menée à bien, les installations des différents programmes, applications et capteurs terminé, Thunder put donc retrouver la vue… Avec quelques améliorations en plus. Je n’avais pas fait cela pour lui faire plaisir, mais en ne perdant pas de vue qu’elle serait désormais ma garde rapprochée pour d’éventuelles sorties publique, ce qui ne saura tarder quand j’annoncer au monde, via le web, que Waters Robotics dispose de nanorobots qui, non seulement réparent des machines en tout genre, mais peuvent aussi pallier électroniquement des handicaps humains.

Moi, E-SAK, je pourrais être qualifié de véritable philanthrope… Pas mal, et un comble quand Stark Tech était le plus souvent comparé à une fabrique d’armes malgré toutes les technologies parallèles et énergétiques qu’ils mettaient en place.

Mais c’était là la phase suivante. D’abord, il me fallait m’occuper de Thunder, la briefer. Déjà, elle avait réussi à m’identifier sans effort particulier. Effectivement, mon visage devait être repris dans les banques de données du NYPD suite à mon crash.

Elle avait pu voir sur les écrans qu’elle avait récupéré son regard bleu qu’il aurait été dommage de perdre ou de négilger dans l’opération. Ainsi, de l’extérieur, rien ne trahissait les nouvelles facultés de la jeune femme.

Dont une qu’elle dont elle n’hésita pas à se servir lorsqu’elle reposa son regard sur moi. Et son compliment me fit sourire.

-« Pas mal » ? J’espère que c’est un euphémisme de ta part.

Je passai ma langue sur mes lèvres, mais je ne disposais pas de vision à rayon X, moi… Je ne pouvais qu’imaginer les courbes de Thunder, comme n’importe quel humain.

-Oui, c’est une de tes facultés. Tu peux voir à travers mes vêtements. Il te faudra apprendre à « zoomer » et « dézoomer ». Là, tu peux me voir nu. Tu peux dézoomer et revenir à une vision normale ou, au contraire, zoomer et voir la mécanique sous ma peau. Cela fonctionne aussi avec les bâtiments…

Je souris, elle avait encore des questions, des milliers de questions, mais ne savait pas par où commencer. Alors elle ratissa large, me demandant si j’avais à lui faire des recommandations et ce qu’elle pouvait utiliser d’autres comme programme.

-Et bien tu disposes d’une vision infrarouge ou nocturne, si tu préfères. Tu as aussi la vision thermique ainsi qu’un simple zoom qui te permet de voir ce que tu cibles en détail jusqu’à 500 mètres.

Je lui laissai le temps d’assimiler avant de continuer.

-Enfin, quand tu regardes quelque chose, toutes les données qui existe à propos de cet objet ou de cette personne, tu y as accès, pour peur que ça ne demande pas de hacker un système. Tu ne peux rien hacker. Uniquement avoir les informations les informations provenant de sources ouvertes… Comme… Une simple recherche Google, si tu préfères.

Je pensais bien n’avoir rien oublié.

-Ma seule recommandation est, contrairement à ce que tu penses, de jouer avec tout ça le plus possible, de regarder autour de toi. Prends ça comme un nouveau jouet et apprends à le maîtriser. L’apprentissage par essais et erreur, il n’y a pas mieux. Tu auras peut-être une vague impression de perdre complètement l’esprit au début.

J’eus un sourire rassurant.

-Tu devrais t’en sortir sans ça. Tu n’es pas hypersensible, ni HP, que du contraire… Alors ton cerveau apprendra vite à faire abstraction des stimuli non-pertinents plutôt que de les laisser t’envahir. Si tu deviens vraiment bonne à ce jeu-là, ne devrais plus apparaître que les informations que tu veux cibler.

J’avais tout dit, mais ne m’attendis ni à son compliment qui venait du cœur, et encore moi à ce qu’elle m’embrasse. Brièvement mais suffisamment pour me déstabiliser. Et ses remerciements ne m’aidèrent pas. Parce que je n’avais aucune idée de comment répondre à tout cela.

Tout ce que je savais, c’était que j’en voulais encore.

Alors je me levai et vint embrasser doucement et juste un tout petit peu plus longtemps Thunder. Parce qu’il me semblait que c’était la seule façon de répondre à son merci. Je brisai donc le baiser assez vite, mes mains ne l’ayant pas touchée, juste nos lèvres.

-Je t’appellerai bientôt. Pour une mission.

J’ouvris la porte coulissante, lui rendant sa liberté, mes yeux devenant rouge.

-Va, Thunder. Et apprends. Au moindre problème, tu sais où me trouver.

L'homme de la dernière chance

Ft E-sak

Elle sourit. Thunder apprendra très vite qu’E-sak possède un égo hors-norme, comme tous les starks, c’est de famille, apparemment même si pour le moment elle ignore son ascendance, même si elle ignore encore beaucoup de choses. Mais elle compte bien tout découvrir…..tout ! Sans limite.

Ou peut-être celles des vêtements.

Thunder se concentre sur ce qu’il lui dit, évitant de trop parcourir son environnement du regard pour le moment. Elle aura peut-être bien d’autres questions pour la suite, mais pour commencer elle veut juste savoir ce qu’il a encore amélioré d’autre chez elle, mis à part cette surprenante capacité de tout scanner et….en profondeur.

Et ce qu’il lui dit, fait briller un peu plus son regard. Ainsi elle possède désormais une vision à toute épreuve, capable de voir dans n’importe quelle condition, capable de voir ce qu’aucun œil humain ne pourra jamais voir. Thunder est soufflée…C’est bien au-delà de ce qu’elle pouvait espérer, bien au-delà de recouvrer simplement la vue. Quoique le mot simple ne correspond pas à ce qu’il a réussi à faire, ce qui est bien plus qu’un miracle, ça tient du génie ! Un génie qu’elle lui reconnait, sourire aux lèvres, le regard brillant de gratitude.

Mais avant de le remercier, il reste les recommandations d’usage du créateur. Eviter les lumières trop vives ? Eviter le soleil ? Reposer ses yeux tout neufs ? Aura-t-elle besoin d’une période de convalescence ? Le temps de s’habituer ? Ne pas tout bousculer, ne pas surcharger ses capacités toutes neuves, parce qu’elle tient à ne plus jamais connaître cette horrible sensation d’obscurité sans aucune porte de sortie.

Mais la seule recommandation qu’E-sak lui fait, c’est de « jouer » autant qu’il lui est possible avec ses nouvelles capacités, ce qui lui vaut un regard étonné, le sourire encore accroché. Apprendre à les utiliser au mieux, essayer, et encore essayer quitte à ce qu’elle frôle la folie.
Mais la folie, elle connait déjà et Thunder a un sang-froid à toute épreuve. Toutefois elle note quand même ce qu’il lui dit, et acquiesce lentement quand il ajoute qu’elle n’est pas hypersensible.

Clairement non. Bien que ce qu’il a réussi à faire, a opéré bien plus qu’un miracle sur ses yeux, mais une véritable révolution intérieure. Ce qu’elle devra aussi apprendre à maîtriser, à découvrir, comme ce monde de lumière qui lui ouvre ses portes.
Grâce à E-sak, Thunder a trouvé sa porte de sortie et peut laisser l’obscurité éternelle derrière elle.
C’est une renaissance.

Alors cela vaut bien un baiser de remerciement qui n’aurait pu traduire le bouleversement qu’elle ressent, excepté un regard transformé, plus brillant, plus lumineux et ça n’a rien à voir cette fois avec quelconque technologie, juste avec ses émotions.

Un baiser qu’il lui rend et qui lui vaut un nouveau sourire quand il s’écarte. Le Cyborg n’est donc pas complètement insensible. Mais à présent qu’il en a terminé avec les explications, voilà qu’il lui donne son congé, avec la promesse d’une nouvelle mission.
Thunder hoche la tête, en répondant simplement un:

- Très bien ! Elle n’est pas habituée à laisser paraître ses sentiments.

Il lui fait donc toujours confiance pour jouer les gardes du corps. C’est bien plus qu’elle n’en demandait. Et ça aussi, ça lui fait quelque chose.

Enfin là, il est temps de laisser E-sak... et de retourner à cette nouvelle vie qui l’attend dehors. Car désormais tout est à recommencer….

Thunder récupère sa veste et d’un pas beaucoup plus sûr qu’à son arrivée, elle rejoint la sortie.

Devant l’entrepôt, la zone est calme, plutôt déserte, mais Thunder prend le temps de tout « voir », de tout « regarder », avant d’entendre son téléphone sonner brièvement dans sa poche. Elle l’avait complètement oublié celui-là. Et après avoir bataillé un bref instant pour ne pas voir sa composition interne et toutes ces micro-puces ou je n’sais quoi qui composent l’appareil, Thunder peut se centrer sur la messagerie qu’elle ouvre pour découvrir une liste longue comme le bras des messages qu’elle a reçus ces derniers jours. Le dernier à l’instant est de Teddy Bear. Il y’en a plein de Jamie aussi, mais surtout de Cassidan. Ce sont les siens qu’elle ouvre en premier, un sourire s’épanouissant sur son visage.

Il serait peut-être temps de lui donner des nouvelles….