Premières expériences

ft. Alan Hunt

C’était si….étrange, non pas ce paysage illuminé qu’elle observait de sa position, mais justement le fait qu’elle était là où elle se trouvait, dans ce ciel étoilé à plusieurs mètres au-dessus de cet endroit plein de lumières, de couleurs et de bruits, plein de gens qui riaient, profitait d’une bonne soirée, s’amusaient sur ces étranges choses, sortes de boîtes dans lesquels les gens entraient avant d’être envoyés dans les airs à des vitesses différentes. Rien qu’à regarder, ça n’inspirait pas du tout confiance, enfin comme tout ici.
Mais pour en revenir à cette  sensation étrange, c’était celle de ne ressentir plus aucune attache, plus aucun poids, plus rien que sa conscience. Son corps devait pourtant être là quelque part, bercé par les courants, glaciales ce soir.

- Oh non !

Pas le temps d’anticiper, elle ne savait pas encore. Syragane ne put qu’éviter le pire en atterrissant dans l’eau.  Une eau qui était encore plus glacée que l’air ! Elle venait de se rematérialiser totalement à l’improviste et dans une situation plus que dangereuse. Elle en prenait bonne note. Ne jamais rester trop longtemps hum comment devait-elle dire ça ? Suspendue dans les airs ? Utiliser les courants pour aller plus haut et…. planer, oui ça lui semblait le terme adéquat. Comme les oiseaux sans faire un seul mouvement d’aile.

En attendant, elle allait mourir de froid si elle restait ainsi. Heureusement, elle savait nager et Syragane nagea jusqu’à la plage qui longeait le parc, pour arriver dégoulinante d’eau et complètement tremblante de froid. Ce qui faisait deux problèmes en un, arriver à trouver un endroit pour se réchauffer, et quelque chose pour se changer, sans se faire voir. Le comble alors qu’elle avait du mal à rester « entière ».

* en italique: Akkadien ou autre langue parlée par Syragane lol.

Premières expériences

ft. Alan Hunt

C’était vraiment une mauvaise idée, mais à vrai dire, elle ne savait plus à quel moment ça avait commencé, et quand elle avait compris qu’elle n’était plus rattachée au sol, elle avait voulu tenter de s’élever plus haut….. encore une fois, très mauvaise idée, se dit-elle en claquant méchamment des dents, son regard se tournant alors vers un homme qui se précipita vers elle. Syragane voulut s’écarter, mais il fut plus rapide et surtout son corps refusa de lui obéir tant elle était transie.

Elle renonça, surtout quand elle comprit qu’il n’avait pas de mauvaises intentions puisqu’il posa sur ses épaules un vêtement qui gardait encore sa chaleur et qui fut comme une douce bénédiction. Recroquevillée au sol, elle tira un peu plus ses jambes contre sa poitrine, encerclant ses genoux de ses bras, en tremblant toujours de manière incoercible. Elle avait très vite découvert à son grand dam que ce monde était terriblement froid, mais l’eau c’était encore pire ! Bien qu’elle n’ait pas du tout prévu ce plongeon !

L’homme lui parlait toujours mais elle ne comprenait rien. Toutefois, elle prononça un merci tremblant dans sa langue d’origine, l’akkadien avant de tenter en arabe.

- Merci !

Une autre découverte qu’elle avait faite, plutôt agréable celle-là. Il y avait des hommes et des femmes qui parlaient cette langue ici, bien qu’elle n’ait pas du tout tenté de les aborder. Il était trop tôt. L’homme posa encore des questions et Syragane secoua la tête.

- Je suis désolée mais je ne comprends pas, parvint-elle à articuler entre deux claquements de dents, s’efforçant tout de même de lui adresser un sourire, car c’était le meilleur message possible et ce quelque soit la langue.

Elle ne tenait pas non plus à provoquer sa colère, puisqu’elle était une étrangère ici, étrangère habillée d’une toge de grande prêtresse. Ce qui lui fit penser qu’il lui faudrait se trouver des vêtements indigènes… Mais pour le moment, elle se concentra pour se réchauffer.

Premières expériences

ft. Alan Hunt

Tous ses muscles étaient crispés pour tenter de faire revenir un peu de chaleur dans son corps. Mais quand il commença à lui parler en arabe, Syragane oublia soudain le froid pour le dévisager avec une expression pleine d’espoir.

- Vous me comprenez ? Oh magnifique !

C’était un tel soulagement qu’elle mit un certain temps à enregistrer sa question. Il voulait savoir de quel pays elle venait. Ah, ça c’était une sacrée question. Syragane hésita s’interrogeant sur ce qu’elle devait dire. Elle espéra une aide d’Ishtar mais celle-ci resta muette. Alors elle finit par dire :

- D’un pays très lointain.

Ce qui n’était pas un vrai mensonge, vu cet endroit, même si elle ignorait complètement où elle se trouvait en fait ! Alors il lui parla de voiture, mot qui ne signifiait rien aux oreilles d’une Babylonienne ! Mais quand il l’aida à se redresser et lui parla d’aller se réchauffer, elle fut incapable d’écouter la voix de la prudence, et ne rêva plus qu’à cet endroit où elle serait au chaud et au sec. Et tant pis pour la prudence ! Elle le suivit donc non sans jeter des regards inquiets autour d’eux, histoire de s’assurer que personne n’allait les attaquer, et se retrouva soudain face à un engin comme elle avait déjà pu en observer de loin. Syragane bloqua complètement.

Mais quand il eut ouvert et qu’elle vit un fauteuil qui avait l’air très confortable, et au vu du sourire aimable du jeune homme face à elle, Syragane passa une fois de plus outre ses craintes et très prudemment s’installa dans l’étrange engin. Elle regarda tour autour d’elle, et finit par toucher avec une précaution infinie, le cuir du siège, avant de poser son regards sur les boutons face à elle, et toutes ces étranges décorations (boutons de radio, réglage radiateur etc, )….

Quand le moteur vrombit, Syragane poussa un cri de surprise et se recula dans le siège, s’y tassant, visiblement peu à l’aise. Elle se tourna ensuite vers l’inconnu et secoua vivement la tête, tenant le vêtement qu’il lui avait prêté, serré contre son corps

- Je ne connais pas cet hôtel, finit-elle par dire dans un murmure, comprenant bien par contre qu'il essayait de se montrer aimable.

Et à nouveau elle toucha le siège sous ses fesses qui vibrait très étrangement. De moins en moins rassurée, elle lança un nouveau regard inquiet à l'inconnu. Et finit par avouer.

- J’ignore où je suis…. Ce….cet endroit, comment s’appelle-t-il ? Qu’est-ce que c’est que cet abri ? demanda-t-elle en regardant autour d’elle. Et ce bruit ? Elle lança un nouveau regard alarmé à Alan.

Et puis là, elle sentit l’air chaud sortir d’interstices face à elle. Captivée, elle avança doucement sa main, très doucement, et sentit l’air souffler agréablement sur sa main, sur ses doigts. Elle fit tourner sa main, ses doigts, et l’air sortait encore, toujours chaud et agréable. Elle avait tant de questions à poser, pourtant elle devait se montrer très prudente. Ishtar l’avait prévenue, les Nergalli pouvaient être partout.

Premières expériences

ft. Alan Hunt

Non, il ne peut pas avoir de mauvaises intentions. Non seulement elle le devine, mais ça devient évident quand il propose d’appeler ses amis, même si le mot « appeler » la laisse un peu perplexe, autant que cette histoire d’amortisseur à laquelle elle ne comprend strictement rien. Quoique l’arabe de ce jeune homme est incertain et le sien date d’un temps longtemps retourné à la poussière, sans qu’elle n’en soit consciente pour le moment. Et puis elle aime son sourire….rassurant, chaleureux, autant que ses yeux d’un vert fascinant. Alors elle répond en répétant comme un perroquet.

- Ok !

Il est temps de faire montre de ce courage qu’Ishtar dit avoir vu en elle. Ok, c’est vrai qu’elle s’est jetée à la tête de Kufus sans la moindre hésitation, après tout elle est une combattante émérite, mais voyager dans cet engin infernal, ça requiert un tout autre niveau de courage ! Et il faut du temps à Syragane pour s’habituer à cette sensation de mouvement si rapide, sans parler du bruit .

Quand enfin ils s’arrêtent, elle reprend seulement sa respiration, laissant ses muscles se détendre un peu, non sans regarder autour d’elle, découvrant un décor nouveau, très différent de ce qu’elle a vu là-bas avec toutes ces lumières et tout ce bruit. Il lui a dit qu’il l’emmenait chez lui. Est-ce que ça veut dire qu’il habite dans ces drôles de maisons ? Syragane observe et se penche pour apercevoir les fenêtres plus hautes, y voyant des gens à l’intérieur, jusqu’à se heurter le front contre une surface dure. Elle pose la main et y découvre la fermeté d’une surface lisse et complètement transparente. Qu’est-ce que cette sorcellerie ?

Etonnée, elle la touche du bout des doigts avant de voir la portière de la « voiture » s’ouvrir sur le jeune homme qui l’invite à la suivre. Syragane n’est pas mécontente de quitter cet engin qu’elle regarde encore plusieurs fois avant d’entrer dans un couloir. D’accord, ça, ça va, ça ressemble plus ou moins à ce qu’elle a connu, c’est différent de par les ornements mais ça reste identifiable.
Enfin ils entrent dans ce qui parait être un vrai foyer. Syragane observe avec la plus grande attention le décor, retrouve là-bas la table familière, les chaises, et les fauteuils aussi, bien que d’un genre différent.  Avant d’entendre ce bruit qui la fait sursauter et la met sur le qui-vive. Qu’est-ce que c’est que ça encore ? Un jouet ? On dirait une girafe miniature.

Quand il l’invite à s’assoir, Syragane s’exécute sagement. Sa toge est presque sèche, ainsi que ses cheveux, l’air dans la « voiture » a déjà bien fait son office. C’est une nouvelle magie que Syragane doit encore découvrir. Mais ça a ses avantages. Malheureusement le vêtement de l’inconnu a absorbé l’humidité et elle le dépose soigneusement sur une chaise avant de s’assoir, serrant ses bras contre elle, mais elle constate très vite qu’il fait chaud à l’intérieur contrairement à l’extérieur.

- Du thé ? Elle sourit. Ce serait avec grand plaisir, dit-elle de cette voix douce et polie, regardant toujours avec attention autour d’elle.

Quand il revient de la cuisine, Syragane arrange ses cheveux dans un geste de coquetterie ce qui fait cliqueter les bracelets d’or à ses bras, et lui sourit encore, reconnaissante pour toute l’aide qu’il lui a apportée.

- C’est gentil à vous de m’aider.

Elle regarde à nouveau ce qu’elle a fini par identifier comme étant des jouets et demande.

- Vous avez des enfants ?

Premières expériences

ft. Alan Hunt

Il lui apporta d’autres vêtements, pour elle si elle avait froid. Syragane le dévisagea, appréciant infiniment sa prévenance et le remercia, pour déplier les vêtements tandis qu’il retournait dans la cuisine. Elle les observa d’un air ma foi très intrigué, en particulier par l’inscription et l’image peinte sur le devant.

Est-ce que c’était une sorte de symbole sacré ? Les couleurs étaient sombres, contrastant tellement avec les couleurs qu’arboraient les prêtresses. Est-ce qu’elle devait y voir un signe ? Oh et puis zut, elle avait besoin de vêtements secs. Syragane profita du fait qu’il était retourné dans la cuisine pour défaire la toge.

De gestes dénotant une longue pratique, elle en défit le haut et la noua de façon à ne cacher que le bas de son corps puisque le vêtement noir semblait fait pour le haut du corps. Les manches n’y trompaient pas. Et Syragane l’enfila, cherchant le moyen de faire tenir le tout sur sa poitrine, ignorant l’usage de la fermeture étrange, capuche dégagée. Puis elle prit la serviette et s’essuya avec un soin tout particulier sa longue chevelure.

Quand Alan revint, elle plia soigneusement la serviette à côté de la veste, et d’un geste retenu, sans précipitation, resserra les pans du vêtement sur sa poitrine dénudée, avec un nouveau sourire un peu gêné pour son hôte improvisé.

- Ils sont très agréables. Qu’est-ce que… que signifient ces symboles ? demanda-t-elle en désignant le devant du vêtement.

L’homme confirma alors pour l’enfant en annonçant qu’il avait une fille. Syragane leva les yeux vers le plafond et remercia la déesse Ishtar comme il se devait, en refermant ensuite ses mains l’une contre l’autre :

- Qu’Ishtar soit bénie, dit-elle en akkadien.

C’était la formule consacrée pour remercier la déesse de la fertilité d’avoir permis à une famille d’avoir un enfant, c’était là un cadeau précieux.

- Et où est-elle à présent ?

Il l’avait sans doute confiée aux soins d’une esclave. Et sa femme semblait aussi absente. Assurément, sinon elle serait venue accueillir son mari comme il se devait. Mais Syragane resta discrète à ce sujet, se contentant de répondre à sa question, avec un nouveau sourire, non sans articuler son prénom à lui :

- Alan ? …. Moi, je suis Syragane, ….

Elle ouvrit la bouche pour ajouter comme l’exigeait le protocole, son rang, mais la voix d’Ishtar lui chuchota de s’abstenir. Syragane referma la bouche, prise de court, et laissa retomber ses épaules à la nouvelle question d’Alan :

- New York, c’est là le nom de ce pays ?... non, ça ne fait pas très longtemps que je suis là…. Et je crains que tous mes amis soient morts désormais.

Syragane baissa les yeux, ses mains serrant un peu plus le vêtement. Sa voix était calme bien qu’imprégnée d’une profonde tristesse, résignée, parce qu’elle avait largement eu le temps de verser toutes les larmes de son corps quand ils l’avaient laissée enfermée avec les cadavres de toutes ses compagnes, ses mères, ses sœurs et ses filles. Ayant découvert ce que les Nergalii avaient fait à Nabodinos, tous les suivants, la cours, tous les généraux, tous devaient avoir subi le même sort, au vu des ruines qu’elle avait découvert en s’échappant de son tombeau.

Premières expériences

ft. Alan Hunt

Ah… des musiciens. Bon elle pouvait au moins se rassurer, ces rocks Led Zeppelin n’étaient pas un groupuscule nergalii, quoique….Syragane le regarda sans comprendre alors qu’il lui faisait un geste. Elle baissa les yeux sur le vêtement qu’il lui avait prêté et ces étranges attaches qu’elle ne savait pas utiliser, et se contenta finalement de serrer un peu plus les pans sur sa poitrine.
Quant à la petite, Alan l’informa donc qu’elle dormait avec sa nourrice, ce qui arracha un sourire attendri à Syragane. C’était une chance, encore une fois.

En fin de compte, elle apprit que New York ce n’était pas un pays, mais une ville et lâcha un Oh désappointé, avant de changer totalement d’expression en entendant parler de sa chère Babylone. Son regard s’éclaira et elle répéta avec une certaine ferveur :

- Babylone ! Oui…. Vous connaissez ?

Syragane retrouvait soudain espoir. Ca ne pouvait être qu’Ishtar qui avait mis Alan sur son chemin. Non seulement elle pouvait grâce à lui échanger dans une langue commune, mais en plus il connaissait Babylone. Mais alors elle percuta sur un détail. Comment avait-il deviné ?  Son expression changea soudain pour afficher la plus parfaite méfiance, et elle recula d’un bond étonnement souple, jusqu’à se placer derrière le fauteuil.

- Comment vous avez deviné ? Je ne vous ai pas dit que je venais de Babylone !

Déjà du regard, elle cherchait une arme pour se défendre au cas où.

- Qui vous a dit ? C’est eux n’est-ce pas ? C’est eux qui vous envoie !

Syragane jeta un regard en direction de la porte. Elle avait peut-être une chance de s’enfuir.

Premières expériences

ft. Alan Hunt

Oui elle avait dit Ishtar, une déesse vénérée dans toute la Mésopotamie, ça ne lui retira donc pas les doutes qu’il avait provoqué avec cette question trop visée. Ou était-ce juste un hasard ? Sauf qu’elle ne pouvait pas se permettre de se fier seulement au hasard. Ishtar le lui avait dit, les Nergalii seraient partout, ils chercheraient à la retrouver, et à l’empêcher d’accomplir son destin.

Sauf qu’au moment où elle s’apprêtait à bondir vers la porte qu’elle avait franchie en arrivant, Alan fit de même de son côté, prenant Syragane de cours. Déstabilisée par son geste, elle hésita entre profiter de l’opportunité pour s’enfuir, et découvrir ce qu’il mijotait.
Ce fut Isthar qui résolut son dilemme. « c’est un fils de Sîn ».  Syragane oublia de viser la porte pour se redresser lentement. Mais que devait-elle faire ?  « Il peut t’aider »…. Et ce fut le silence, l’espace d’un bref instant, suivit d’un bruit sourd. Alan avait disparu dans une autre pièce. Aussi Syragane se dirigea-t-elle vers l’entrée de cette dernière, à pas feutrés, le dos finalement collé au mur juste avant la porte ouverte, pour après un bref moment d’hésitation, pencher la tête pour observer à l’intérieur.

Quand elle découvrit le corps inconscient d’Alan effondré sur un fauteuil, elle n’hésita plus et se précipita pour vérifier qu’il respirait toujours. Oui ! heureusement et elle s’en sentit soulagée, il respirait encore et il n'avait aucune blessure, du moins apparente, comme elle le constata après un rapide examen. Bon à présent, elle ne pouvait plus que prier pour qu’il revint à lui. Elle avait des questions à lui poser, mais surtout elle se devait de rester là pour veiller sur lui en attendant.
Syragane monta donc la garde dans cette pièce visiblement destinée à un enfant, et finit par s’installer en tailleur sur le pas même de la porte, tous les sens en alerte.

Premières expériences

ft. Alan Hunt

Le mouvement dans la chambre, tandis qu’elle regardait en direction de la porte principale, la fit sursauter et Syragane se redressa très vite pour constater qu’Alan était revenu à lui. Et surtout qu’il n’était plus seul.  L'expression stupéfaite, elle vit l’enfant dans le berceau et resta sans réagir le temps qu’Alan la prît dans ses bras, parce que la fillette pleurait.
Mais qu’est-ce que ça signifiait ??? Syragane qui n’avait encore jamais vu de telle démonstration de magie, sauf les tours dont elle était plus la victime à ses yeux que l’instigatrice, recula d’un pas.

- Qu’est-ce que vous avez fait ? D’où sort cette fillette ?

Elle se rappela qu’elle-même s’était réveillée dans un tout autre monde, après avoir accidentellement traversé la porte de Namur, comme Ishtar le lui avait expliqué. Est-ce que ça avait un lien ? Est-ce que cet homme possédait lui aussi la clef pour traverser les kans ? Est-ce que c’était lui l’homme qu’elle cherchait ? Oui, c’était encore un tas de questions qu’elle se posait en plus de celles qui concernaient ce monde.
Mais elle s’interrompit face à la détresse de l’enfant et en voyant son père la bercer pour la calmer. D’une voix plus douce, elle reprit :
 
- Je suis navrée, je ne voulais pas vous créer d’ennuis. Je croyais que… je croyais que vous étiez un Nergalii. Et devant son expression, elle précisa : un disciple de Nergal. Mais vous portez la marque de Sîn.

Syragane soupira :

- J’ai cru qu’on vous avait assommé… que quelqu’un s’en était pris à vous… Est-ce qu’ils sont venus ici ? Les Nergalli ? vous les avez vu ?

Enfin elle secoua la tête et répondit à ses questions:

- Je suis Syragane Dendera, grande prêtresse d’Ishtar… et je dois empêcher les Nergalii d’accomplir leurs desseins.

Premières expériences

ft. Alan Hunt

Syragane le dévisagea sans commenter, mais elle n’était pas dupe. L’enfant n’était pas là un instant plus tôt et là…. Enfin bref, il ne souhait pas en parler et elle pensait en comprendre la raison. Elle n’était après tout qu’une étrangère dans sa maison, et elle était face à un père qui voulait protéger sa fille.

Au final ce fut elle qui lui révéla la vérité, parce qu’Ishtar lui avait dit qu’elle pouvait lui faire confiance et qu’il pourrait peut-être lui être utile, n’était-ce que pour comprendre où elle se trouvait. Enfin à présent elle savait, bien que découvrir le nom de cette ville et de son pays, ne l’avançait guère.

Alan affirma alors qu’il ne connaissait pas les Nergalii. Syragane hocha la tête. Elle se fiait pourtant plus aux symboles sur ses bras qu’à sa parole, surtout qu’il lui avait menti un peu plus tôt. Il précisa enfin qu’il était en fait un rêveur de Sîn, Sîn le dieu Lune, père d’Ishtar, régnant sur la nuit. Elle inclina légèrement la tête.

- Shéhérazade, ….c’est Perse,…non ?

Il lui semblait avoir entendu prononcer son nom, un nom de légende, mais venu d’un autre pays. Puis elle inclina la tête, signe de déférence :

- Je suis désolée, j’ignore quel est le rôle d’un rêveur, mais vous ne pouvez de toute évidence servir les desseins du dieu Nergal.

Elle essaya de comprendre pourquoi Sîn l’envoyait, et pourquoi son chemin croisait le sien. « Le destin…. » lui murmura Isthar. C’est vrai que dans cette ville, loin de son monde, ça ne pouvait pas être un simple hasard, tout comme il avait justement prononcé le nom de Babylone.

- Sîn guide donc vos pas, conclut-elle.

Et elle retourna s’assoir dans un des fauteuils, se tenant droite et les mains sagement posées sur ses cuisses, dans une attitude qu’elle avait appris à cultiver depuis son plus jeune âge, l’attitude digne et respectable d’une grande prêtresse.

- Ishtar guide les miens, elle dit que vous pourriez peut-être m’aider.

Mais il n’avait pas l’air d’en savoir davantage qu’elle sauf qu’il habitait ici. Au moins savait-il comment les hommes vivaient dans ce kan.


hrp: j'change de couleurs, l'autre m'allait pas  

Premières expériences

ft. Alan Hunt

Sa requête lui arracha une exclamation gênée :

- Oh navrée, j’oublie que vous parlez une autre langue. Du reste, c’est très difficile ici, ils parlent presque tous cette langue à laquelle je ne comprends rien. Mais heureusement, vous, vous me comprenez, enfin, si je parle un peu moins vite, conclut-elle en prenant le temps d’articuler chaque mot et en lui souriant.

Quant à Shéhérazade, oui sa légende était connue, naturellement. Elle se demandait quel était le rapport avec sa présence ici et avec la fillette, mais Syragane avait déjà tellement de questions elle-même que ce point-ci attendrait avant d’être résolu. Surtout qu’Alan ne savait pas expliquer lui-même ce qu’était un rêveur. Elle le dévisagea un peu perplexe et après réflexion se dit qu’elle-même ne savait pas plus exactement ce qu’Isthar attendait d’elle. La déesse s’était dès la première fois exprimée par énigmes et Syragane ne comprenait pas toujours.

Alors elle se tut un instant songeuse, puis tendit les mains vers le thé déjà longtemps refroidit mais elle avait besoin de se réhydrater après toutes ces émotions. Le liquide lui fit un bien fou même froid, et dans un soupire d’aise, elle reposa la tasse, avant d’entendre Alan accepter de l’aider. Alors elle lui adressa un grand sourire reconnaissant. Il était clair qu’ils n’étaient désormais plus un ennemi l’un pour l’autre. Elle pouvait au moins se tranquilliser sur ce point.

- Soyez-en remercié, dit-elle d’une voix pleine de ferveur.

Et elle réfléchit, …. Elle avait tellement de questions qu’elle ne savait pas par où commencer.

- J’aimerai comprendre où je me trouve. Toutes ces choses si étranges de ce monde sont très déstabilisantes. Vous m’avez dit que je me trouvais à New York. Mais où est-ce en comparaison de Babylone, comment peut-on s’y rendre ?

Puis elle laissa retomber ses épaules. Pourquoi se torturer ? Elle avait de toute façon une mission à remplir ici.

- Et il faut que j’empêche les Nergalii de tout détruire, de semer le chaos …. et empêcher l’avènement de Nergal. Pour cela, il va falloir que je commence par comprendre ce monde. Et en ça sans doute pourriez-vous m’aider Alan.

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ft. Alan Hunt

Syragane hocha la tête. Oui Babylone, ce nom qu’il avait évoqué avant que tous les deux ne s’emballent à se croire ennemi de l’autre, ce qui s’avérait finalement une erreur, grâce aux dieux ! Elle avait besoin de savoir et l’écouta avec une attention redoublée, fronçant les sourcils face à son hésitation, à ce début d’explication qu’il lui donna et la laissa peu à peu médusée.

- Quand ?.....

Et il finit par lui dire ce qui posait en fait véritablement problème. Ce n’était pas tant la distance qui séparait les deux villes, mais c’était le temps.  Et si Syragane ignorait de bien entendu qui était Jésus-Christ ! Un personnage assez marquant pour faire partie du calendrier de ces hommes, si Isthar ne sembla pas vouloir l’aider sur ce coup, au grand désarroi de Syragane, elle n’eut besoin d’aucune aide pour comprendre que son passage par la porte de Namur avait effacé plus de 2000 ans d’histoire.

- Nanur, murmura-t-elle soudain, sous le choc.

C’était à cause de la porte ! Elle avait traversé les kans, et celui-ci était à plus de 2000 ans du sien, donc impossible à rattraper ! A moins de trouver la clef de Nanur pour la passer dans l’autre sens.  Mais ne serait-il alors pas déjà trop tard ? Les mystères de Nanur lui échappaient encore, elle venait après tout de les découvrir, et Isthar restait résolument silencieuse. Avait-elle elle aussi entendu la réponse d’Alan ? Et s’il était définitivement trop tard pour Babylone, voir pour Isthar ? Et pour tous les hommes ?
L’air catastrophé, Syragane secoua la tête, sortant de ses réflexions pour prendre son visage dans ses mains, oubliant le vêtement qui baillait généreusement.

- C’est terrible… terrible ! Il est alors peut-être déjà trop tard.

Elle ne savait plus ce qu’elle devait faire, oubliant les paroles d’Ishtar sur la mission à accomplir, trop bouleversée pour y songer là, tout de suite. Tout ce qu’elle pensait, c’était que Babylone était perdue. Des larmes silencieuses coulèrent sur ses joues. Elle n’avait désormais plus aucun repère, et se sentait perdue, plus encore que quand elle s’était réveillée dans ce monde. La vérité était difficile à encaisser. Après avoir perdu tous les siens, elle avait désormais perdu ses racines.

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ft. Alan Hunt

La question et les paroles d’Alan lui firent redresser la tête. Il se montrait si prévenant ! Mais elle ne put que secouer la tête. Non, ça n’allait pas vraiment mais il avait raison. Elle trouverait une solution, il le fallait bien. Et de toute façon que pouvait-elle faire d’autre ici ? Oui il y avait cette quête, mais Isthar était si vague à ce sujet, c’était difficile pour la prêtresse qui pourtant lui avait adressé des prières durant toute sa vie de comprendre Isthar, tout autant qu’au départ, elle avait eu bien du mal à ne pas croire en de simples hallucinations auditives quand cette dernière s’était adressée à elle.

Et là pour le coup, c’était silence complet. Syragane allait devoir trouver une solution, seule…. elle ne pouvait pas baisser les bras aussi vite, même si la situation paraissait désespérée, pas après tout ce qu’elle avait traversé ! Et puis ce jeune homme, Alan, se montrait si gentil. Il lui suggéra de dormir chez lui pour cette nuit et que demain ils aviseraient.
Les yeux encore plein de larmes, Syragane parvint à afficher un misérable sourire et leva la main pour caresser sa joue du bout des doigts d’un geste très délicat et doux.

- Merci Alan… les dieux vous le rendront.

Elle prierait pour lui en tout cas, c’était certain.  Puis elle retira sa main dans un geste plein de grâce, et tira machinalement sur les pans du vêtement quand ce dernier commença à s’affaisser, ne rencontrant plus de résistance.
Ça recommençait.

Et ce fut quand elle vit sa main de désagréger, comme de la poussière de sable dans l’air que Syragane le réalisa. Son regard afficha la panique. Non ! Pas maintenant ! Elle voulut prévenir Alan, mais trop tard, son corps tout entier se transforma en quelques instants, en un nuage de sable fin et brillant qui se désintégra, se volatilisant dans les airs.

- Désolée, je……

Sa voix s’éteignit pour ne laisser qu’un léger courant d’air. Ah bravo, ce n’était vraiment pas le moment ! Encore plus dépitée, Syragane se résigna et se laissa flotter, sans savoir que faire, surtout quand on n’avait plus conscience des limites de son corps. Elle n’était plus qu’un vague courant d’air qui du reste agita légèrement une mèche des cheveux d’Alan, comme un soupire avant de se disperser dans l’appartement.