Entraînements

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A chaque jour qui passait, le vocabulaire de Syragane grandissait, et il grandissait rapidement au vu de l’application qu’elle mettait à apprendre. Au-delà des cours, au parc, lors de ses entraînements, lors de ses échanges avec les touristes quand la journée on la mettait à servir dans les différents stands. La pratique, Amélia l’avait dit, il n’y avait que ça de vrai, mais pour mettre toutes les chances de son côté, Syragane bossait dur, chaque jour, chaque soir, sur des exercices d’écriture, de lecture, en anglais encore et encore, jusqu’à mémoriser tout ce qu’elle pouvait.

Elle apprenait, mais aussi elle s’entraînait parce que Samuel voulait la faire débuter le plus vite possible dans les prochains spectacles. Un numéro de danse pour commencer, et peut-être d’autres choses, à voir comment elle évoluait. Quoiqu’à son niveau, la danse du ventre n’avait visiblement plus aucun secret pour elle, et plus encore, à chaque entraînement qu’elle faisait, bien des curieux travaillant au parc, venaient s’installer dans les gradins pour profiter du spectacle, et leur fascination ne cessait pas, au contraire, augmentant au fil des spectacles qu’elle leur offrait de manière totalement improvisée.

Ce qu’un homme comme Samuel, alias Rumpelstiltskin ne pouvait manquer d’avoir remarqué. Elle allait leur rapporter beaucoup d’argent cette danseuse, bien qu’à tous les entraînements auxquels il avait assisté, il avait senti autre chose que du talent, pour Rumpel, ce qu’elle créait chez les spectateurs improvisés, c’était bien plus que de l’admiration, c’était une sorte de fascination….magique ! C’était comme si elle les envoûtait par sa seule vue, ou était-ce ses mouvements ? Oui Cette fille possédait encore d’autres pouvoirs que celui qu’elle ne contrôlait pas du tout, de la dématérialisation. Donc avec ça, il ne pouvait rien faire pour le moment, mais pour le reste, tout était exploitable !

Mais il fallait qu’il sache jusqu’où elle pouvait aller. La danse, c’était sympa, c’était très exotique, surtout sa danse du ventre, mais il lui en fallait plus. Même si le public lui, serait ravi. Samuel se disait qu’elle devait avoir plus de potentiel, si elle apprenait à maîtriser ses pouvoirs. Jane lui avait déjà raconté deux ou trois petites choses très intéressantes et lui-même avait remarqué d’autres détails tout aussi intéressants.

Aussi quand elle termina son entraînement de danse, au centre de la piste du grand chapiteau, tandis que les ingénieurs sons et lumières s’appliquaient à mettre au point l’éclairage qui serait idéal pour un tel numéro, Samuel s’approcha de Syragane. Celle-ci, le corps légèrement recouvert de sueur après ce entraînement, un chemisier noué sur le ventre et une longue jupe fendue en guise de tenue, se tourna vers lui, le souffle encore court.

- C’était bien, très bien ! A ce rythme, vous pourrez intégrer avec ce numéro le spectacle dès la fin de la semaine. Samedi hm ? Jane vous aidera avec le costume, il faut quelque chose qui va avec votre prestation.

Samedi, oui Syragane comprit ce que ça voulait dire. Il était satisfait, et elle allait faire partie du spectacle dès samedi. Le reste Jane lui expliquerait. Mais alors qu’elle pensait qu’il en avait fini avec elle, Samuel la retint par le bras. Syragane bloqua son regard sur la main qui retenait son bras, et dans un sourire Samuel la relâcha.

- Mais je suis sûr que vous avez encore d’autres cordes à votre arc, n’est-ce pas ? Elle ne semblait pas avoir compris. D’autres talents… comme par exemple, celui de jouer avec ce genre de chose !

Et comme par enchantement, Samuel fit apparaitre un sabre court, courbe, de ceux qu’elle connaissait parfaitement. Syragane plissa les yeux, dévisageant l’homme plus petit qu’elle mais dont l’autorité était indéniable, autant que la crainte qu’elle sentait chez ceux qui le croisaient. Une crainte mêlée de respect. Ok, elle se demanda ce qu’il lui voulait encore avec cette arme. Il l’avait déjà interrogée le premier jour, mais Syragane n’était pas sûre de ce qu’il attendait d’elle, et ça n’avait pas changé.

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Comme il constata que Syragane ne voyait pas trop où il voulait en venir, Samuel l’attira, main appuyant à peine dans son dos pour aller s’assoir sur la banquette entourant la piste.

- Je sais que vous ne comprenez pas encore tout ce que je vous dis. Mais si vous voulez rester ici, avec nous. Si vous voulez faire partie de la famille Houdini’s, il faut que je sache tout ce que vous pourriez nous apporter. Tout ce que vous pouvez faire, pas seulement comme travail… En fait ce n’est pas vraiment de travail dont je parle, vous comprenez ?

Elle le dévisagea, comprenant que la discussion lui tenait à cœur. Elle comprenait déjà beaucoup mieux quand les gens lui parlaient mais ça restait encore général niveau compréhension.

- Ce que je sais faire. Je suis grande prêtresse d’Isthar.
- Oui oui, ça je le sais, Jane nous a expliqué, nous a raconté votre histoire. Vous venez de Babylone et vous avez été envoyée ici par accident. Etrangement, et ça je pense qu’elle ne vous l’a pas dit, mais votre arrivée coïncide avec l’accident qui est arrivé à Victor.

Oui Victor. Elle était désormais au courant, le véritable chef de ce grand parc, un grand magicien d’après Jane qui avait eu un accident, ou pas vraiment un accident. Quelqu’un l’avait agressé une semaine avant que Syragane n’arrive. Et depuis il était à moitié paralysé, entre autres problèmes.

Alors elle comprit d’où venait la méfiance de cet homme depuis le début qu’elle était là. Et elle répondit fermement, le regardant droit dans les yeux :

- Moi pas responsable accident Victor. Moi, je suis à Babylone et après je suis ici, parce qu’homme combattre avec moi, et moi assommée. Et ensuite la nuit tombe sur moi. ici kan inconnu.
- Oui je sais tout ça, vous l’avez déjà dit à Jane.

Syragane acquiesça. Elle l’avait dit et redit, racontant son histoire à ses nouveaux amis. Après quoi, Lilah et tous les autres, Woody, Fili et Kili lui avaient bien recommandé de ne pas parler de ce qu’elle était, ou d’où elle venait en dehors d’eux, les Houdini’s. Eux seuls pouvaient comprendre et accepter ce que personne d’autre ne pourraient. Oui enfin sauf Alan. Parce qu’Alan était son ami, Alan avait non seulement compris mais accepté, sans la juger. Et lui aussi lui avait parlé du danger que les autres connaissent ses véritables origines.

Jane lui avait raconté beaucoup d’histoires certaines concernant les gens du parc, d’autres qui ressemblaient à des contes sur des chasseurs de créatures. Elle devait être très prudente. Comme par exemple ne pas sortir d’arme en plein milieu d’une foule. Elle ne devait montrer à personne ses capacités qu’elle découvrait un peu plus chaque jour.

Et c’est justement ce qui intéressait Samuel et qu’il essaya de lui faire comprendre.

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Cet homme ne prenait pas souvent le temps de s’arrêter à discuter avec elle ainsi. C’est que ça devait être important. Toute son attitude le trahissait. Et puis pour une fois il semblait moins méfiant, moins à toujours la surveiller. Parce que le reste du temps, elle savait bien qu’il allait régulièrement parler avec Jane pour qu’elle lui fasse un compte rendu de ce que Syragane avait fait. Tout comme elle l’avait surpris à parler d’Alan à Samuel. Jane avait voulu la rassurer.

Ce n’était rien de méchant mais ils étaient obligés de faire attention à qui s’approchait d’eux, c’était quelque chose qui comme elle le comprit après de nouvelles explications, avait à voir avec leurs capacités « particulières ». Ils n’étaient pas comme les autres. Lukas par exemple, lui ne sortait que la nuit et Jane lui avait demandé si Syragane avait déjà entendu parler de « vampire »….elle avait secoué la tête. Jane avait finalement décidé de remettre ces explications à plus tard. Il lui faudrait attendre de savoir si Syragane était prête.

Pour Woody, c’était plus facile, parce qu’il lui avait fait une démonstration, et que les autres avaient bien ri en voyant la tête que fit Syragane en le voyant se transformer complètement en bois. Mais elle ne s’était pas affolée. Elle ne pouvait pas parce qu’elle-même oui, avait une fâcheuse tendance à se transformer en poussière ou en sable. En esprit d’Enlil, disait-elle. C’était le vent qui semblait la traverser quand elle se perdait en un million de petits grains de poussières avant de se volatiliser complètement. C’était difficile à expliquer, de son point de vue.

Samuel lui, essaya de lui faire comprendre ce qu’il attendait d’elle, jouant du bout des doigts avec sa lame :

- Jane vous l’a expliqué, pour la plupart ici, possédons des facultés particulières. Est-ce que vous comprennez ? Des pouvoirs….magiques !

Il fit un geste ample de sa main libre, avant de faire soudain disparaitre la dague qu’il tenait dans son autre main, sous le regard médusé de Syragane.

- Magicien ? Comme Viktor.
- Hm c’est un peu différent, mais si vous voulez, ….je dirai plus que dans mon cas c’est une malédiction.
- Malédiction ?
- Oui, comme pour vos esprits « Djinn »
- Djinn ? ho !

Oui ça elle savait ce qu’ils étaient. Alors Samuel était un djinnn ? A sa façon si elle comprenait bien. Il fit réapparaitre la dague, puis avec un sourire qui s’étira, et s’étira encore, laissa sa véritable apparence surgir. Syragane le regard sur la dague, ne le vit pas tout de suite, mais quand son regard revint à Samuel, elle s’exclama et eut un geste de recul. Ce qui le fit ricaner, un drôle de petit rire un peu aigu.

- Tu ne dois pas avoir peur susurra-t-il en passant soudain au tutoiement. Puis il rit à nouveau parce que pour lui ça ressemblait à une blague, avant d’assurer.
- Je n’effraie que ceux qui n’ont pas été très gentil avec moi. Toi et moi nous sommes amis, n’est-ce pas ? minauda-t-il.

Syragane l’observa, il était soudain si différent, ce n’était pas juste ses yeux étranges, cette peau au teint encore plus étrange ou …..les écailles sur ses tempes ?!! C’était aussi son comportement, sa voix, son attitude, comme si elle avait affaire à quelqu’un d’autre. Samuel pointa un doigt sur elle qui lui sembla plus fin que d’ordinaire, et aux ongles plus longs.

- Et toi, Syragane, dis-moi, quels sont tes secrets ? Dis-moi ? Quelle est ta magie, à part celle de pouvoir disparaitre ?

Et il fit claquer ses doigts, faisant apparaître une fleur qui disparut l’instant d’après, tout en ricanant à nouveau devant l’expression ébahie de Syragane.

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De la magie. Oui ça elle l’avait compris. Chaque membre de cette singulière famille possédait une particularité, voir plusieurs. Pour certains, c’était l’illusion comme le petit tour qu’il venait d’exécuter devant elle. Pour d’autres, c’était une agilité qu’elle avait rarement observée auparavant, ou d’autres encore possédaient la magie des oracles… prédire l’avenir, quel grand pouvoir que celui-là ! Pour d’autres, c’était la faculté de se transformer en animal, comme pour Larco qui d’après les dires de Jane, était donc un loup garou, créature mythologique que Syragane découvrait seulement. Mais bien sûr toute cette magie restait secrète, oui un secret bien gardé par tous ces gens. Et c’était sa magie à elle que Samuel voulait connaître à présent.

Sauf que Syragane était loin de connaître toutes ses capacités. Oh elle avait bien découvert cette faculté très particulière de jouer avec le vent, le pouvoir d’Enlil…. Mais le reste, elle n’en était pas encore consciente, pas vraiment. Seul Samuel était assez observateur pour avoir remarqué quelques petits détails plutôt révélateurs, comme cette tendance que chacun avait à oublier ce qu’il faisait dès qu’elle s’entraînait à la danse. Ils étaient à chaque fois comme….hypnotisés.

Mais devant l’air emprunté de Syragane, il commença à comprendre d’où venait le problème, et ça n’allait pas être simple de découvrir ses pouvoirs si elle-même ignoraient lesquels elle possédait. Et puis il y avait aussi le fait que Syragane ne leur accordait pas encore complètement sa confiance. Elle leur était certes, grandement reconnaissante pour la façon dont ils l’avaient accueillie. Mais elle ne les connaissait que depuis quelques semaines seulement. Et s’ils connaissaient les circonstances de son arrivée ici et ses origines, s’ils savaient qui elle avait été dans son kan, elle, elle ignorait encore beaucoup trop de choses sur eux.

Et puis face à l’apparence inquiétante de Samuel, ça ne poussait pas vraiment à la confidence ! Syragane resta donc silencieuse et devant son mutisme, Samuel se redressa :

- Bien, alors nous allons devoir le découvrir peu à peu, n’est-ce pas ? Là je me suis dit que ce serait intéressant pour commencer de voir ce que tu vaux avec ce genre de petite chose, dit-il en faisant de nouveau apparaître le sabre. Il lui tendit, la poignée en avant pour qu’elle le prenne puis sourit, son regard pétillant d’une lueur malicieuse.

- Mais pour savoir ce que tu vaux, il va te falloir un adversaire hmm ?

Samuel frappa dans ses mains avec ce sens du spectacle qui le ne quittait que rarement. Alors le rideau se souleva pour laisser place à Lukas. Jane lui avait un peu parlé de lui, lui expliquant que l’homme ne pouvait vivre que la nuit et qu’il était un peu comme une chauve-souris, un animal que Syragane connaissait sans toutefois comprendre le rapport.

Mais de toute évidence, elle allait rapidement en apprendre plus sur cet homme et surtout sur ses capacités. Samuel lui fit un geste, l’invitant à avancer avec son sabre. Elle remarqua alors que Lukas aussi tenait un sabre à la main et Syragane aussitôt sur la défensive, lança un regard en biais à Samuel. Est-ce que c’était un piège ? Comme l’autre s’approchait plus encore, Syragane se mit en position de combat, sabre dressé face à son adversaire.

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L’homme sourit en voyant Syragane se mettre en position de combat. Ainsi donc, elle aussi connaissait cet art. Il allait peut-être pouvoir s’amuser un peu ? C’est sans hésiter qu’il se lança dans une première attaque, tout en sachant que Samuel veillait au grain, surveillant le moindre de leur mouvement. Lui ne viserait de toute façon qu’à toucher son adversaire sans la blesser, ou au mieux, il la désarmerait. Il ne comptait bien sûr pas la blesser, mais comme elle n’était pas prévenue qu’il s’agissait avant tout d’un entraînement, comme elle ignorait les intentions de l’un et de l’autre, Syragane elle, ne ménagerait pas ses coups.

Lukas commença par la frapper avec le plat de la lame sur le bras et s’amusa de voir le regard foudroyant que lui adressa la danseuse, enfin la prêtresse d’Ishtar. De toute façon de puis quand les prêtresses savaient-elles se battre ? Il redoubla donc d’effort, profitant de son avantage pour la toucher une seconde fois, lui claquant cette fois les fesses du plat de la lame :

- Hop touché ! Alors jolie demoiselle, montrez-moi de quoi vous êtes capable !

Lukas s’amusait visiblement et lança donc une troisième attaque, mais cette fois Syragane ne se laissa pas surprendre et para le coup. Ce fut ensuite elle qui mena la seconde attaque, et elle porta au premier coup, marquant une estafilade sur la joue de Lukas qui surpris, protesta tout en portant le dos de sa main à sa joue:

- Hey ! Samuel, tu devrais lui dire d’y aller molo !

Mais Samuel sourit, peu inquiet. De toute façon le vampire savait très bien régénérer.

- Tu n’as qu’à le lui dire toi ! répliqua-t-il d’un ton moqueur.

Mais Syragane ne lui laissa pas le temps de discuter et l’attaqua pour lui porter un second coup. Sauf que Lukas esquiva en exécutant une pirouette sur le côté avec une rapidité telle qu’elle laissa Syragane médusée.  Alors s’aidant des pouvoirs d’Enlil, elle bondit, soulevée dans les airs et atterrit souplement non sans avoir porté un nouveau coup qui laissa une traînée de sang sur la chemise de Lukas à hauteur de son flanc.

- Ma chemise ! Protesta Lukas avant de porter une nouvelle charge.

Il était très rapide, vraiment rapide, et Syragane para le coup non sans tomber. Lukas en profita pour donner un coup de pied dans sa main, la désarmant, pour ensuite appuyer sa lame sur la gorge de la belle. Mais Syragane fit agir son pouvoir d’Enlil, et le sabre revint exactement dans sa main.

Surpris, Lukas n’eut pas le temps de parer cette attaque, et se prit un méchant coup sur le bras. Syragane se redressa avec une facilité déconcertante, le vent soufflant tout autour d’elle, créant un tourbillon chargé de grains du sable de la piste, et s’apprêtait à frapper encore Lukas quand son sabre soudain se volatilisa dans les airs.
Samuel signifia la fin du combat en applaudissant. Ce qui fit instantanément retomber ce vent mystérieux qui s'était soudain levé en plein coeur du grand chapiteau.

- Magnifique prestation ! Vraiment, Bravo ! Voilà qui va beaucoup plaire à notre public !
- Compte pas sur moi Samuel, pour servir de cobaye à ta nouvelle petite protégée ! râla Lukas qui, semblait-il était vexé de cette déconvenue, ou surtout parce qu’il était blessé à plusieurs endroits. Elle n’y était pas allée de main morte la nouvelle.

Syragane regardait les deux hommes face à elle, à tour de rôle, ignorant les autres spectateurs qui s’étaient installés dans les gradins, dont Jane, Sean et d’autres membres de la troupe. Elle devinait la colère de Lukas, mais Samuel lui avait l’air plus que satisfait. Il répondit à Lukas.

- Pour pouvoir voir l’étendue de ses talents, il était nécessaire que tout cela ne lui paraisse pas arrangé, sinon elle ne nous aurait pas offert un tel spectacle ! Il fallait que tout cela paraisse « vrai » dit-il avec emphase et ses gestes toujours très théâtraux. Mais ne t’inquiète pas, pour notre spectacle, nous lui expliquerons que tu n’es pas vraiment son ennemi, conclut Samuel en ricanant, un rire qui monta dans les aigus, laissant Syragane toujours aussi sur la défensive.

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Syragane écoutait les échanges entre les deux hommes, tachant de comprendre au mieux ce qu’ils disaient. Samuel avait l’air plus que satisfait mais Lukas, non, il était plutôt énervé, et lança à quelques reprises un regard courroucé à Syragane.
Ainsi donc le combat s’était terminé parce que Samuel en avait décidé ainsi mais Syragane n’en comprenait pas vraiment le but. Jusqu’à ce qu’un mot ressortit de toutes ces paroles. Spectacle, et le fait que Lukas n’était pas son ennemi. Alors Syragane les interrompit, agacée de les entendre parler d’elle comme si elle n’était finalement qu’un accessoire. Mais n’était-ce pas un peu ce qu’elle était aux yeux de Samuel ?

- Spectacle ? Le combat, pas un spectacle. Toi tu as attaqué, moi seulement défendre !

Elle entendit à nouveau rire Samuel tandis que Lukas soupirait, visiblement agacé. Mais elle n’aurait pas su dire si c’était à cause d’elle ou de Samuel.

- Je ne comprends pas ! Pourquoi le combat ?
- Il ne t’a pas vraiment attaqué, expliqua enfin Samuel. C’était juste pour voir ce que tu valais avec ces armes. Il est lui-même très très fort à l’escrime, enfin avec ce genre d’arme en général.
- Tu oublies le bâton.
- Oui bien sûr, il est très doué pour se battre avec un bâton aussi, concéda Samuel, en faisant un geste gracieux de la main.

Syragane portait son regard de l’un à l’autre, craignant de comprendre. Samuel s’en rendit compte et lui servit sa voix de miel.

- Mais ma chérie, tout cela n’a que pour seul intérêt d’amuser le public. Ici tout n’est toujours qu’une question de spectacle ! Ce n’était pas un vrai combat, du moins ni pour Lukas, ni pour moi, c’était seulement pour voir comment tu te battais avec un sabre. Et c’est plutôt concluant non ?

Oui donc, encore une fois, tout ça n’était qu’une démonstration en vue d’amuser le public ! Syragane regarda la blessure sur la joue de Lukas quoique la plaie avait déjà cessé de saigner et…. oui enfin elle n’était pas très sûre d’avoir les idées très claires tout à coup, mais sa colère, elle fut tout à fait nette et éclata sans prévenir.

- J’aurai pu tuer Lukas !! gronda-t-elle sans élever la voix, mais on sentait nettement l’énervement.

Le concerné se mit à rire.

- N’exagérons rien, même si oui je dois avouer que tu es une …. adversaire intéressante.
- Adversaire ?
- Oui enfin ça ne fait pas de toi mon ennemie, je te rassure, même si ça pique un peu c’est certain, dit-il en effleurant de ses doigts sa joue blessée.  Je ne t’en tiendrai pas rigueur, c’est promis.

Syragane secoua la tête.

- Le combat est dangereux, armes sont dangereuses, j’ai blessé cet homme et il aurait pu me blesser et tout ça pour … pour le spectacle ? pour amuser le public ?
- Tu as tout compris ma jolie, susurra Samuel sans se démonter un seul instant face à la colère de la jeune femme.
Ca lui passerait va !

La jeune femme les foudroya du regard à tour de rôle, puis fit brusquement volte-face pour quitter le grand chapiteau, laissant derrière elle un Lukas qui haussa les épaules en soupirant d’un air fataliste, tandis que Samuel ricana doucement avant de renvoyer tout le monde au travail.  Parce qu’ils avaient le prochain spectacle à préparer !

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Quand Jane vit Syragane s’éloigner presque en courant de la piste pour finalement quitter le grand chapiteau, elle lui emboîta le pas, mais fut presque aussitôt retenue par une poigne de fer, et pour cause. Elle se tourna vers Sean qui lui dit en regardant en direction de la sortie :
- Laisse, j’vais lui parler.

Et si elle fut surprise de son initiative, elle ne fit aucun commentaire, toujours un peu intimidée par cette montagne de muscle au caractère plutôt belliqueux. Et elle le regarda à son tour quitter le chapiteau, pour soupirer non sans jeter un regard en direction de Samuel qui lui semblait être déjà passé à autre chose.  Bon et bien elle passerai la voir plus tard…..En attendant elle reprit elle-même ses activités abandonnant à son tour le Grand chapiteau.

Syragane s’était dirigée vers le seul endroit qui lui servait de refuge hormis sa « maison » et qui n’était pas sans lui rappeler son chez elle, la plage qui bordait le parc dans toute sa longueur.  Elle franchit rapidement le portail à l’est du parc, sous le regard de Woody un peu surpris qui la salua, avant de s’éloigner à grand pas sur le long ruban de sable qui n’avait à cette heure que très peu de visiteurs, quelques promeneurs en recherche de calme comme elle, ou quelques couples.

Elle s’éloigna jusqu’à trouver un endroit où personne ne viendrait la déranger. Mais elle se trompait et n’avait pas fait attention dans son désir de s’isoler au fait qu’elle était suivie. Quand elle se fut assise dans le sable, elle eut alors la surprise de voir la solide charpente de Sean prendre place à ses côtés. Elle leva son visage vers le sien, affichant sa surprise et peut-être une légère contrariété qui traversa ses yeux humides de larmes qui déjà traçaient des sillons sur ses joues.

- Pourquoi avez-vous suivi moi ?

D’un geste trahissant un brin de fierté, elle s’essuya du dos de sa main les quelques larmes, mais sa tentative fut vaine car d’autres les remplacèrent aussitôt. Alors elle se détourna de lui pour fixer la mer devant elle, serrant ses bras autour de ses genoux.

- Je ne voulais pas vous laisser toute seule…. Personne ne devrait l’être… même si je sais que des fois ça fait du bien.

Elle se tourna un bref instant vers lui, marquant sa surprise à nouveau avant de secouer la tête. Elle n’avait rien à lui dire.

- Vous savez, Samuel n’est pas bien méchant. Il est un peu… spécial, mais pas méchant.
- J’aurai pu faire beaucoup de mal à cet homme, ce Lukas !

A sa surprise encore, Sean rit, mais il cessa aussitôt en voyant le regard qu’elle lui lançait.

- Lukas est spécial lui aussi. Ses blessures, il ne les garde pas longtemps. Il régénère. Et devant son air d’incompréhension, il essaya de lui expliquer avec d’autres mots : C’est un vampire, et ses blessures guérissent toutes seule. Et on ne tue pas un vampire d’un coup de sabre, aussi aiguisé soit-il.

Et Sean profitant de son attention lui expliqua ce qu’était exactement un vampire, devant une Syragane qui en oublia pour un instant sa peine. Mais elle finit par secouer la tête, toujours remontée :

- Il aurait pu me dire ! Il s’est moqué de moi !

Sean sourit. Il avait déjà compris que la demoiselle était plutôt fière.

- Non il voulait juste vous pousser un peu dans vos retranchements. S’il vous avait dit ce qu’il préparait, vous ne vous seriez pas battue de la même façon. Ok, j’avoue c’était pas très sympa. Mais bon c’est le défaut de Samuel. Il pense toujours spectacle avant tout.
- Oui, toujours spectacle, toujours amusement ! Vous ne pensez jamais à rien d’autre ! gronda Syragane en colère et triste à la foi.
- Non, pas toujours. Moi je ne suis pas comme ça… je sais ce que vous ressentez Syragane. Seule loin de chez vous. Je sais que ça n’doit pas être facile pour vous.

Syragane le regarda à nouveau et les larmes affluèrent bien trop fort pour qu’elle ne puisse les empêcher de couler, mais pour toute réaction, Sean posa un bras sur son dos et l’attira contre lui, pour lui offrir simplement le réconfort de son épaule, parce que c’était tout ce qu’il pouvait faire pour elle à cet instant. Ils pourraient parler encore quand elle aurait assez épanché son cœur, si elle le souhaitait.