La Guerre des Clans

ft. Eryn O'Connell

Dix minutes que mon jogging était engagé et aucun signe de fatigue… Je filais à travers les rues encapuchonnée mais pas moins motivé. C’était ma seconde sortie après des mois de revalidation dans une petite baraque miteuse du coin. Oui… Miteuse. Une baraque bien propre avec trois étages, une cuisine équipée et deux chambres, c’était miteux pour moi. Comprenez-moi… Je vivais dans une belle villa avant qu’une bande de motards ne vienne nous voler tout ce qu’on avait…

Bref… Le jogging… Je m’arrêtai de courir une fois dans une ruelle éclairée seulement par un simple éclairage public qui donnait quelques signes de faiblesses. J’esquissai un sourire enjoué à la vue d’un escalier de secours accroché au côté d’un immeuble. Quoi de mieux comment entrainement que ça ? Avant que Rhyker ne me passe sur le corps, j’avais l’habitude de grimper à ma manière sur les toits pour m’offrir un entrainement tout particulier. Pas que j’étais un mordu de sport quelconque mais grimper, ça, j’adorais.

Je sautais pour m’accrocher au bord de l’escalier. Le but était de me lancer pour atteindre l’étage suivant en poussant sur mes bras et mes jambes et rien qu’avec la force de mon agilité. Premier étage c’est fait ! Tentons le deuxième. Je pris une grande inspiration et me propulsait à l’aide de mes bras et mes jambes… Pas assez haut… Pas assez fort… Ma main gauche réussi à accroché la rampe de l’escalier… Mais pas l’autre… Ma main gauche glissa…

-Non !

Et je tombai sans pouvoir rien faire contre. Je m’écrasai à terre grimaçant un peu.

-Putain…

J’avais mal au dos et me tortillais un moment sur le sol. Bon, ce n’est pas aujourd’hui que je serais champion du monde d’escalades.

Je me relevais doucement avant de m’appuyer contre le mur levant mon regard vers le ciel étoilé… Enfin, non, polluée en fait. Il y avait tellement d’émanation de gaz d’échappement dans cette ville qu’on ne voyait presque plus les étoiles. Je ne suis pas écolo, c’est juste un constations débile du type qui lève ses yeux au ciel pour éviter de regarder vers l’escaliers qui venait de lui foutre la honte.

Je soupirai.

-Bon… Je crois que je vais prendre une semaine de congé.

Je ne foutais déjà rien mais ce n’était pas trop grave. J’étais censé être mort de toute façon. Que je m’entraine ou pas ça ne changeait pas grand-chose…

En tout cas, cet escalier m’avait donné envie d’une seule chose : aller dormir.

Et c’est vers ce but là que je me dirigeai maintenant d’un pas lent et avec la plus grande des motivations…

-Ça ne s’est pas passé comment prévu, n’est-ce pas ?

Je m’étais retourné d’un coup alors que je regardais les traces de mon entrainement dans le miroir. Un bel hématome dans le bas du dos.

Ma mère était là, dans l’encadrement de la porte de ma chambre. Elle était belle même en robe de chambre. Une robe de chambre qu’elle tenait de l’ancienne mode mais qu’elle adorait. Ses cheveux étaient détachés et elle me regardait sachant très bien que la marque dans mon dos était le résultat d’un couac dans mon escapade nocturne.

-Pas du tout comme prévu, dis-je en soupirant. Les escaliers de cette ville me détestent…, rajoutais-je en soupirant comme résigné.

Ma mère ne soupira pas, elle préféra entrer et s’asseoir sur mon lit alors que je faisais toujours face, torse nu, à mon grand miroir. Mon corps portait encore les traces de la guerre avec les Wild Wolves. Des cicatrices de griffures sur le torse et de morsures sur les flancs. Chaque fois que je les voyais, je me disais que j’avais eu de la chance.

-Tu feras mieux la prochaine fois, dit-elle avec une détermination qu’il m’avait toujours manqué tout au long de ma vie.

Je me tournais vers elle avant de reprendre et d’enfiler mon t-shirt.

-Après ma semaine de congé ?

Je disais ça en souriant. Je savais que c’était ce genre de réflexion qui faisait fulminer la furie irlandaise qu’était ma mère. Mes frères et sœurs étaient tous des enfants qui aimaient être les meilleurs, qui aimaient être les plus forts autant en termes de puissance qu’en affaire. Mais pas moi. Moi, je m’étais toujours laissé vivre. Je n’avais que faire d’être fort. Je n’avais que faire d’être un homme d’affaire. Les affaires, c’était fait pour les gens sérieux et je ne savais pas l’être plus de deux minutes sauf quand la situation était grave comme elle l’avait été il y a quelques mois.

Et à ce genre de réflexion d’homme paresseux, ma mère avait pris l’habitude d’y répondre par la même arme que moi : l’humour. Mais cette fois, c’est un air déterminé qu’elle me servit et ces quelques phrases :

-Il n’y aura plus de congé, Dino… Ciro est revenu en ville. Il est revenu avec les filles de Donatella et d’autres alliés qu’il a trouvé dans le sud du pays. Il est revenu pour reprendre Staten Island.

Ma bouche s’entrouvrit. Ciro mon neveu… Comment je vais vous expliquer qui est Ciro ? Hmm… Facile ! Ciro est un monstre d’ambition… Un loup-garou un rien plus jeune que moi mais aux pouvoirs bien supérieurs aux miens. Santino l’a pris sous son aile pendant qu’il était Ulfric et Ciro n’a jamais caché son ambition de lui succéder… Vous voyez le genre, hein ? Ce n’est pas pour ça que je le détestais. C’était un membre de ma famille et je le respectais. Son retour était même une bonne nouvelle. Je rêvais du moment où un Lucchese viendrait reprendre notre territoire pour… Rendre à César ce qui est à César ? Oui, je crois que c’est la bonne phrase.

Bref, je ne cachais pas que j’étais content que l’ambition de Ciro le mène à mener une offensive contre ces barbares de Wild Wolves.

-Ciro va reprendre Staten Island ?, dis-je en souriant. Bonne nouvelle !, dis-je en me laissant tomber couché sur le lit et en m’étirant. Re-bonjour, Ferrari et villa !

Et drogue à profusion…

Ma mère leva les yeux au ciel et soupira, cette fois. Elle se tourna vers moi et m’offrit un regard plus sévère cette fois.

-Dino… Ciro est ton neveu. Tu ne peux pas nous faire l’affront à tous les deux de lui laisser être chef de notre meute ! S’il devient chef de meute, il sera un mauvais chef. Il est trop ambitieux pour être aussi réfléchi que ton père ou même que Santino. Ciro ne sera pas un bon chef. Il faut que ça soit toi.

Maman… Maman… Si tu savais comme je déteste quand nos conversations en viennent là… Je croisai le regard de ma mère toujours couché sur le lit.

-Je n’en ai pas le pouvoir. Je ne saurais pas battre Ciro… Et puis…

J’esquissai un sourire.

-Si je combats Ciro avant qu’il ne reprenne Staten Island, on n’aura aucune chance de reprendre Staten Island.

Ma mère me regarda essayant de comprendre. Ma mère était une furie irlandaise mais quand il s’agissait de mettre son dernier fils à la tête de la famille au détriment de son petit-fils, elle n’arrivait pas à réfléchir comme la femme d’affaire qu'elle était pourtant avant…

Je me redressai sur mes coudes souriant à ma mère.

-Si je le combat, que je prends la tête de la famille et que je mène une offensive, non seulement on aura Ciro en moins mais, en plus on perdra l’effet de surprise.

Je me levai de mon lit m’étirant encore et baillant un coup avant de me gratter l’arrière de la tête.

-Alors laisse Ciro faire, après on avisera.

Ouais, laissons-le faire. Qu’il fasse sa petite guerre et puis on verra. Je suis mort moi, de toute façon, non ?

-On va faire mieux que ça !

Ma mère avait dit ça sur un ton tellement déterminé que je me retournai vers elle en levant un sourcil.

-On va le rejoindre et bouter les Wild Wolves hors de notre territoire avec lui.

Ma mère sourit. Moi, je ne souriais plus.

-Après, tu prendras la tête de cette famille, une bonne fois pour tout.

Son regard ne laissait pas place à la discussion. Ma mère avait une idée et elle allait la mener à bien… Et toute la répartie dont je pourrais faire preuve ne pourra rien contre ça.

Demain ma mère allait contacter Ciro…

Demain, je ne serais officiellement plus mort…

Adieu, semaine de congé…

La Guerre des Clans

ft. Ciro Lucchese

-Tu as replongé, Dino ?

Le sourire de Ciro s’était élargi quand il avait dit ça. Je l’avais regardé et j’avais levé un sourcil. Mes mains entrecroisées sur la table tremblait signe que j’étais en manque de quelque chose.

Mais ce qui était hallucinant, c’est à quel point les membres de ma famille avaient l’obsession de chaque fois me mettre mon nez dans ma propre merde. Mon addiction à diverses drogues n’emmerdait qu’eux, à vrai dire…

-Pour replongé, il aurait fallu que j’arrête un jour.

J’avais dit ça avec le sourire. Si ma mère avait peut-être certifié à Ciro que j’avais arrêté la drogue pendant ma convalescence, elle ne lui avait sûrement pas dit que j’avais juste troqué l’extazy, la coke et l’héroïne par les médicaments qu’elle me ramenait pour calmer la douleur.

Ciro me regardait avec un sourire carnassier. Si les défunts membres des Lucchese auraient répondu par un soupire à ma répartie, Ciro, lui, affichait juste un sourire mauvais. Pourquoi ? Je ne sais pas… Ciro était comme ça. Un peu sadique… Un peu con parfois aussi. Mais je l’aime bien quand même.

Je m’étais allumé une cigarette alors qu’on se faisait toujours face l’un et l’autre assis de chaque côté de la table de la modeste – miteuse ? – cuisine de notre nouvelle – bientôt ancienne ? – maison. Ciro était venu pour préparer la guerre juste après que ma mère lui ait fait part qu’on n’était pas – encore ? – morts.

-Alors, on en était où déjà ? Ah oui… Combien tu as dit qu’on était ?

Oui parce que, pour battre les Wild Wolves, il nous fait des gens… Lors de la dernière bataille, on était supérieur en nombre mais ils nous avaient pris par surprise. C’était maintenant à nous de les prendre par surprise.

-Nous sommes dix Lucchese avec ta mère et toi… Mais on a assimilé une meute venue du Sud. Les Black Wolves. Ils sont sept.

Wild Wolves, Black Wolves… Sérieusement parfois, je me demandais vraiment pourquoi les gens tombaient toujours dans le cliché quand ils choisissaient leur nom de meute… Pourquoi pas s’appeler les Little Puppies ? Ça, ça serait super original ! Super ringard aussi, mais original quoi…

-On est, donc, dix-sept. C’est pas mal, non ? Si on joue sur l’effet de surprise, on a des chances, non ? Comme dans les films.

Je soufflais la fumée un sourire aux lèvres. Ciro était bien plus sérieux que moi quand il s’agissait de parler de guerre.

-Il faut compter que sur les dix-sept, il y a Lorenzo, le fils de Luigi qui n’a que 7 ans. Lui, ne pourra pas combattre. Puis, il faudra faire avec des membres pas spécialement fort et pas habitué aux combats comme Ally, Lucy, ta mère et… Toi. Même si ta mère pourrait encore bien se débrouiller malgré son âge et que Lucy et Ally s’entraine vraiment bien avec les Black Wolves.

Je vous avais dit que j’aimais bien Ciro. Qu’au fond, il est plutôt cool malgré ses grands airs ? Je retire ce que j’ai dit… C’est un connard. Mais on va éviter de le traiter de connard, là tout de suite.

-Je peux leur rouler dessus avec ma voiture, tu sais ? Si ça c’est pas de la puissance ! Elle a… Ouais, c’est vrai, elle n’a que 90 malheureux chevaux. J’avoue que ce n’est pas glorieux.

Je soupirais. Je regrettais ma Ferrari. Quant à la pique de Ciro sur ma puissance… Ben, vous comprendrez que j’en avais largement l’habitude. Santino me disait des trucs pires. D’ailleurs, il est où Santino ? Ah oui, cet enfoiré avait fui, c’est vrai. Comme quoi, on se demande bien qui est le plus faible au final…

-Tu n’as pas perdu ta répartie, comme je vois, dit-il en souriant. Tout ça pour te dire que, malgré ton inutilité, on va pouvoir les vaincre. D’après mes sources deux de leur membre sont en voyage depuis un moment. D’après ces mêmes sources, ça a l’air d’inquiéter fortement Rhyker. Ils sont donc un rien déstabilisé et moins nombreux. C’est donc le moment d’attaquer.

Bah pourquoi tu n’as pas commencé par-là, Ciro ? Pourquoi toujours des tours et des détours. Il fallait le dire plus tôt que tu savais qu’on allait gagner.

-Parfait alors. Pourquoi est-ce que tu me parle comme si on préparait la troisième guerre mondiale, alors ?

J’avais achevé ma cigarette que j’avais écrasée dans le cendrier au milieu de la table. Ciro essayait de se donner un genre à la Santino. Voilà pourquoi il me parlait de cette guerre comme d’une guerre mondiale.

Il ne fit qu’hausser les épaules sans trouver de réponse à ma question. Il préféra changer de sujet, du coup…

-Après ça, on récupèrera Staten Island. J’administrerais les pompes funèbres comme le faisait Santino. On récupèrera notre empire et tu pourras récupérer ta Ferrari… Comme le poste de chef de meute est vacant depuis la fuite de Santino, c’est moi qui en prendrais la charge. Tu es le mâle le plus vieux mais… Comment dire… Les autres ne te veulent pas comme chef sauf si tu me bas en combat direct et tu sais tout comme moi que tu n’as aucune chance.

Il faisait le fier… Ses années dans le Sud ne lui avais pas fait que du bien à ce pauvre Ciro. Ces histoires de pouvoirs lui montaient un peu trop à la tête. Mais ça m’importait peu. La place de chef, je n’en avais que faire. C’est ma mère qui voulait que je sois chef. Moi, je préférais vivre comme avant. Et avec un peu de chance, Ciro me lâchera la grappe et me laissera vivre comme bon je l’entendais.

J’avais laissé un moment de silence comme si je réfléchissais. En réalité, j’étais d’accord mais je savais que ma mère allait me foutre une branlée pour avoir accepté toutes les conditions de Ciro.

Je finis par souffler doucement la fumée avant de répondre :

-C’est d’accord ! Je marche avec toi. On commence quand ?

Ciro était satisfait. Il se leva et me fixa droit dans les yeux.

-On commence dès demain.

Demain ? Il est cinglé le Ciro ? Je ne savais même pas encore grimper à un foutu escalier !

Mais, apparemment, le timing n’était pas à discuter… Ciro me sourit une dernière fois et me lança avant de partir :

-Came-toi assez pour ne pas trop sentir la douleur… Parce que ça va être sanglant.

Après ça, il sortit de la cuisine me laissant seul avec ma cigarette.

La Guerre des Clans

ft. Wild Wolves

Sanglant… C’est ce qu’avait dit Ciro. J’espérais qu’il se trompait… On était supérieur en nombre par rapport aux Wild Wolves et à leurs alliés surtout qu’on avait descendu l’un de leur membre pour les attirer ici, dans un parc du Staten Island où personne ne trainait jamais à une telle heure de la nuit.

Les Wild Wolves, ne s’attendaient pas à ce qu’on soit autant. Ils s’attendaient à un simple règlement de compte avec Ciro et deux trois survivants de notre meute. Ils s’étaient trompés. Nous étions plus qu’eux et nous les attendions de pieds fermes…

Avant la bataille, j’avais fait la connaissance des membres des Black Wolves. Des rednecks du Sud… Pas étonnant que Ciro avait su les mettre à ses pieds. Ces gars-là étaient des abrutis qui avaient perdu leur territoire au Sud à cause d’une meute plus nombreuse et, sans aucun doute, plus maligne.

Et moi, où je me trouvais dans tout ça ?  Dans les starting-blocks transformés en loup pour l’occasion. Une transformation qui m’avait pris du temps, l’absence de pleine lune n’aidant pas. Ça avait été douloureux et j’avais dû prendre une dose énorme d’anti-douleurs pour que ça soit plus supportable. Et d’autres trucs aussi… Du coup, j’étais un peu groggy, ce qui n’avait pas échappé à Ciro qui m’avait fait la réflexion juste avant qu’on arrive sur le lieu de la bataille.

De toute façon, il ne comptait pas vraiment sur moi alors…

Les Wild Wolves nous faisaient, donc, face. Eux aussi transformés. Rhyker était toujours le loup le plus impressionnant. Le revoir me fit un rien frissonner. Je me rappelle très clairement de notre combat à tous les deux. Je n’avais eu aucune chance. Cette fois, j’allais être plus malin… J’allais laisser le gros morceau à notre chef… Même si, la dernière fois, je n’avais pas eu le choix. J’étais dans les derniers debout, je ne sais même plus par quel miracle et j’avais dû affronter Rhyker par la force des choses.

Un silence planait sur le parc. Jusqu’à ce qu’on entende les grognements des uns et des autres et que Ciro lance l’assaut. Les Black Wolves le suivirent fonçant sur les quelques membres des Wild Wolves et des Strappes.

Et c’était parti… La guerre… Encore et toujours… Si dans d’autres circonstances, ça ne m’aurait vraiment pas plu, là, le sentiment de vengeance semblait prendre le pas sur ma soif de pacifisme.

Je couru vers la bataille dépassant rapidement les Black Wolves qui étaient naturellement moins rapides que moi. Tout ça pour terminer où ? Face à une louve qui me barra rapidement le chemin. C’était Angela des Strappes. Une petite vicieuse qui, déjà lors de la dernière bataille, s’en était prise à moi. Elle grognait et elle ne tarda pas à me sauter dessus alors que j’avais fait une manœuvre d’évitement.

Trop lent…

La poisse…

Elle me mordit la patte gauche. Je laissai échapper un couinement. Elle était plus rapide et plus forte que moi. Aucune de mes attaques ne la touchait vraiment alors qu’elle savait bien placer ses coups me griffant à plusieurs endroits. Ça faisait bien moins mal que n’importe quel coup de Rhyker surtout avec l’effet des anti-douleurs.  J’entendais les sons des autres combats autour de nous alors que je perdais pieds dans ma propre bagarre.

J’allais perdre… Pas sûr que cette fille me laisse l’occasion de m’en sortir. Le coup de griffe qu’elle me donna en pleine figure me fit tituber.

Elle allait m’achever…

Sauf qu’elle se fit faucher par un membre des Black Wolves avant de pouvoir arriver à ses fins. Lui, n’en fit qu’une bouchée mordant violemment la louve à la gorge.

Je titubais me reculant plus loin des combats. Je secouai mon museau cherchant à reprendre mes esprits. Ma patte me faisait mal. Très mal. Même toutes les drogues que j’avais prises ne semblaient pas suffire à ignorer la douleur. Je gémissais et mon regard se posa sur les combats.

C’était sanglant…

Mais cette fois, c’est le camp des Wild Wolves qui morflait. Deux de leurs membres étaient déjà à terre. Les jumeaux. Ceux qui avaient tués mes sœurs…

Bien fait pour eux…

Je titubais toujours avant que mon regard ne se pose sur Rhyker. Il était en plein bataille contre…

Ma mère…

Et elle perdait.

Je vis rouge et repris mes esprits pour foncer droit vers Rhyker. Il n’était pas question qu’il tue ma mère comme il avait tué les autres.

Pas question du tout !

Je courrais moins vite à cause de ma blessure à la patte mais j’étais déterminé à sauver ma mère des griffes de Rhyker. J’allais lui sauter dessus.

Mais Ciro intervient avant.

Surpris, je m’arrêtai alors que Ciro entra dans un combat acharné contre Rhyker. Ma mère recula. Elle était blessée mais, déterminée comme elle était, elle ne tarda pas à continuer le combat en fonçant sur Arliss des Strappes.

Je ne savais plus où donner de la tête. J’étais au milieu d’un véritable champ de bataille. Certains des membres de notre meute étaient à deux contre des membres des Wild Wolves.

Ceux qui restaient…

On allait gagner… C’était indéniable.

Je regardais la bataille ne bougeant presque plus… Si la drogue n’arrivait pas à faire complètement partir la douleur, elle me faisait perdre mes repères… C’était vraiment pas pratique dans ces conditions. Tout me semblait… Heu… Irréel ? Oui, c’est ça irréel…

Et ça le devint encore plus quand, d’un seul coup, tout le monde s’arrêta. Je secouai la tête regardant autour de moi avant de comprendre d’où venait se soudain silence.

Rhyker était à terre…

Il venait de mordre la poussière… Son pelage était rouge sang.

Ciro en était venu à bout… Et il marqua cette victoire par un long hurlement qui fit s’envoler les oiseaux qui vivaient dans les arbres du parc.

Le reste de notre meute hurlait à leur tour notre victoire acquise.

Tout c’était passé vite… Très vite. Sûrement beaucoup trop vite pour moi, ça c’est certain.

Il ne restait presque plus rien des Wild Wolves et des Strappes. Trois membres à peine. Le vieux Declan qui était gravement blessé, la jeune Eldelweiss qui se rendit ainsi que Arliss que ma mère avait réussi à blessé assez que pour qu’il abdique.

Les autres étaient morts d’une façon aussi cruelle qu’ils avaient eux-mêmes tués les Lucchese il y a quelques mois.

On avait notre vengeance et je me mis à hurler à mon tour suivant le reste de notre meute.

Staten Island était à nous.

Les Lucchese étaient à nouveaux les maitres des lieux.

Bonjour Ferrari !

La Guerre des Clans

ft. Eryn O'Connell & Ciro Lucchese

-Tu dois le combattre !

Ma mère venait de taper sur la table en bois de notre salon d’un coup sec. J’avais sursauté et relevé le regard sur elle alors que, deux secondes plus tôt, j’avais les yeux rivés sur mon smartphone où je regardais les derniers modèles de Ferrari pour savoir lequel j’allais acheter.

Depuis qu’on avait vaincu les Wild Wolves, tout semblait être rentré dans l’ordre. Les survivants des Wild Wolves et des Strappes nous avaient prêté allégeance. Enfin, ils avaient prêté allégeance à Ciro vu que c’était lui le chef de notre meute. Moi, en attendant, j’avais repris une vie normale aux yeux de tous. Ciro allait administrer l’entreprise de pompes funèbres qui avait été laissé aux mains de quelqu’un de confiance en attendant notre retour. Quelqu’un de très proche de notre famille et qui c’était assuré de faire circuler la rumeur que ma mère et moi étions morts le temps que je me remette de mes blessures.

Maintenant, Ciro allait diriger l’entrepris ainsi que nous tous chacun à notre niveau, les revenus seraient redistribués comme on le faisait avant. C’était une entreprise qui brassait des millions. La plus grande entreprise de pompes funèbres de la ville. Mon compte en banque se remplira à nouveau et ma vie d’avant allait pouvoir reprendre petit à petit.

Mais ma mère avait bien d’autres ambitions encore. Celle que je devienne le chef de meute… Et pour elle, c’était le moment. Pourquoi ? Parce que Ciro avait été blessé pendant la bataille. Fortement blessé. Il boitait et n’était pas au mieux de sa forme alors que moi ma blessure au bras c’était avérée moins grave que prévu.

En gros, Ciro n’était pas en état de se battre et j’avais toute les chances de l’emporter si je le mettais au défi maintenant.

Seulement, ça n’était pas… Moral. Et si ma mère était persuadée que Ciro sera un mauvais leader, je ne pensais pas pouvoir être meilleur que lui. Surtout que ma motivation avait de grandes limites.

Je regardais ma mère et soupirais.

-Ce n’est pas très éthique… Il est blessé. Si je le mets au défi maintenant, je vais perdre le respect des autres membres... Ils seront obligés de me considérer comme leur chef, si je gagne, mais ils ne me respecteront pas.

Qui respecteraient un chef qui a profité des blessures d’un autre pour prendre la tête de la meute ? Pas moi en tous cas…

Ma mère me regardait droit dans les yeux.

-Le respect, tu ne l’as déjà pas, Dino. Tu ne l’as jamais eu. Il n’y a que moi qui connaisse ta vraie valeur, dit-elle sévèrement. S’il te plait, Dino. Il faut en profiter. Je t’en supplie, il n’y aura pas d’autres moments, dit-elle avec un tremolo dans la voix.

Sa voix tremble ? Je fronçais les sourcils. Ce n’était pas le genre de ma mère de réagir ainsi. Qu’elle me pousse à devenir chef était une chose mais qu’elle me demande de faire une croix sur l’honneur pour arriver à ses fins, ce n’était pas son genre.

-Mère… Pourquoi tu es si inquiète ?, demandais-je en la fixant du regard. Pourquoi faire tout si vite ? Pourquoi veux-tu absolument que je devienne chef maintenant quitte à faire une croix sur l’éthique ?

Elle soupira prenant un air plus inquiet que jamais. Elle prit mes mains dans les siennes et me fixait de ses yeux bleus.

-Parce que Ciro veut t’assassiner… Il veut le faire au plus vite pour être certain de n’avoir aucune concurrence dans les années à venir.

J’entrouvris la bouche. La nouvel me fit comme un choc. Cet… Enfoiré de Ciro voulait m’éliminer ? Comme ça… Alors que je faisais partie de sa famille ? Je m’écartai un moment de ma mère un peu choqué d’apprendre que mon propre neveu voulait ma mort pour une histoire de pouvoir dont je n’ai jamais vraiment voulu prendre part. Tout ça pourquoi ? Parce que j’étais une potentielle menace ?

Je soupirais et sortis une cigarette que j’allumais. Je n’avais pas un seul trait d’humour pour tourner à la dérision cette nouvelle. En fait, j’étais bien trop choqué et déçu pour rigoler.

-Comment le sais-tu ?

Oui parce qu’elle me semblait bien au courant… Et si Ciro préparait réellement mon assassinat, il n’était pas très doué pour garder les informations pour lui vu que ma mère est au courant.

-C’est Cindy qui me l’a dit. Elle a entendu Ciro s’entretenir avec un membre des Black Wolves. Ils prévoient réellement de te tuer Dino et…

Sa voix trembla à nouveau et son inquiétude revint.

-Et je n’ai pas envie de perdre mon dernier enfant… Dino, il faut que tu combattre Ciro maintenant, je t’en supplie. Si tu meurs… Tu es la vraie seule chose qui me reste de ton père…

Je la regardais avec un air triste. Il fallait se mettre à la place de ma mère. Depuis la mort de mon père, tué par Santino, et le comportement de mes frères et sœurs et de leurs enfants, j’avais toujours été la seule relique de la famille qu’on avait avant que Santino ne foute le bordel. La seule chose qui rappelait à ma mère la vie qu’elle avait avant.

Ciro, quant à lui, était l’enfant illégitime, le Lucchese qui n’en était pas vraiment un. Né hors mariage d’un père inconnu et fils de ma grande sœur Delia, ma mère soupçonnais qu’il soit, en réalité, l’enfant biologique de Santino sans que ça ne soit jamais confirmé. Le fait que ma mère voit en lui tous les défauts de Santino ne faisait qu’alimenter cette rumeur qu’avait lancée ma mère il y a des années de ça.

Bref, tout ça pour dire que ma mère préférait faire une croix sur l’éthique plutôt que de me voir mort.

Et moi, qu’est-ce que j’en pensais ? Je savais que je ne pourrais pas vivre avec une menace de mort au-dessus de ma tête… Je savais que jamais je n’aurais la paix avec Ciro dans les pattes. Alors, il fallait que je fasse ce sale coup… Même si ça ne me plaisait pas du tout.

Je soupirais…

-On dirait que je n’ai pas fort le choix…



Non, je n’avais pas le choix… C’est pour ça que je me suis retrouvé au milieu du parc où on avait détruit les Wild Wolves entourés de toute notre meute, Black Wolves compris. J’avais demandé à Ciro un combat le lendemain même où j’avais appris ses envies d’assassinat. La meute c’était donc rassemblée afin de savoir le dénouement du combat et si leur chef allait tomber.

Excepté ma nièce, Cindy, tous souhaitaient me voir perdre et, du coup, ils voyaient d’un très mauvais œil ma décision de proposer un combat à Ciro alors qu’il était encore convalescent. Je les entendais marmonnais des choses comme « Dino est un lâche », « Dino ne sera jamais un bon chef »,… Toute des choses bien joyeuses. Mais ils savaient aussi qu’à mesure où Ciro avaient acceptés le combat, ils ne pouvaient rien faire.

Et Ciro avait accepté le combat. Je savais qu’il avait trop d’ego pour refuser…

Voilà pourquoi on était l’un contre l’autre au milieu de ce parc. Ciro était sur ses deux jambes aidé d’une béquille. C’était trop facile…

-Tu es prêt, Dino ?, dit-il la mine sombre.

Je ne souriais pas… Je n’avais pas le cœur à faire de l’humour.

-Je suis prêt !

Et on se transforma en loup. Ciro se transforma en un clin d’œil alors que, moi, je pris plus de temps. C’était toujours bien trop douloureux… Et j’avais l’impression de devoir utiliser toute mon énergie pour arriver à un tel résultat.

Du coup, une fois transformé, Ciro, utilisa ce maigre avantage pour lancer l’assaut. Il me fonça dessus me mordant à ma patte déjà blessée. Je gémis surpris par cette attaque fulgurante. Je savais que je devais utiliser ma vitesse et mon agilité pour prendre le dessus mais Ciro ne me laissait pas faire m’assenant  un coup de griffe sur le flanc.

Ça fait mal !

Je gémis et me reculais rapidement. Il faut que je finisse vite… Il ne faut pas que Ciro ait le temps de me blessés suffisamment pour que je ne puisse plus rien faire.

Alors je repris les choses en main ! Je me déplaçais sur la droite, puis bondis sur la gauche pour faire tourner Ciro en bourrique. Bouger lui faisait mal. Alors je le faisais bouger. Et que je le sentis en manque d’énergie, je bondis sur lui pour frapper sa patte déjà bien blesser. Il gémit et tomba au sol. Je revins à la charge pour le mordre à la gorge. Il saignait et titubais une fois relevé. C’était le moment de lui donner le coup de grâce.

Je fonçai dessus mais il m’évita et se retourna pour me mordre le flanc. Une morsure qui faisait aussi mal que celle de Ryhker. Je gémis à nouveau et dans un sursaut je lui filais un coup de griffe en plein museau. Le plus fort que je pouvais. Assez que pour qu’il titube pour ensuite s’écrouler.

Il ne se relevait pas…

Je m’approchais prudemment de lui respirant très mal. Mon pelage était rouge au niveau de mon flanc. Ciro avait toujours les yeux ouverts mais il respirait mal. Il ne se relèvera pas…

Je savais que ma mère voulait que je l’achève… Elle m’a dit avant le combat que si j’en avais l’occasion, je devais le tuer.

J’hésitais quelques secondes. Mais je vis tellement de peur dans le regard de Ciro que… Je ne pouvais tout simplement pas l’achever. C’était peut-être un enfoiré, ça n’en restait pas moins un membre de ma famille. Et je détestais tuer. Je détestais la violence. Je détestais la position que j’avais aujourd’hui.

Alors je décidais de le laisser en vie.

Je me tournais vers la meute. Personne ne bougeait. Il y avait comme un silence de mort. J’haletais. J’avais le goût de sang de la bouche. Je voulais flou. Mais il fallait que je reste debout.

Ce n’étais pas facile…

Le silence ma parut durer une éternité avant qu’un des loups de ne prosternent. Les autres suivirent… La dernière à le faire fut l’une des membres des Black Wolves. Sûrement la petite-amie de Ciro.

J’avais gagné… Moi Dino, le plus faible des Lucchese, j’étais maintenant chef de meute.

Et quand tous eurent fini de me prêter allégeance, je m’écoulais au sol terrassé par les violences de ces derniers jours.