Watch and learn

ft.Edwin Stark

Acham ordonne, j’exécute. Et avec le sourire s'il me le demande.

Moi qui suis prête à lui faire subir toutes les misères du monde, voilà que je deviens une pitoyable marionnette en sa présence. Mon esprit ne comprend pas. Il y a une erreur dans la matrice, un bug. Chaque fibre de mon corps bataille avec rage, pourtant, je finis toujours par perdre contre ce défaut de programmation. Et ce, malgré cette monstrueuse envie de voir cet homme supplier pour sa vie.

C'est un cauchemar.

Comment puis-je être aussi docile avec cette enflure ? Ça me ronge de l'intérieur, ça me pourrit, ça m'use les nerfs jusqu'à la trame. Au moins, est-ce l'unique chose sur laquelle Acham n'a pas la main mise : mes émotions. Lui, ça le fait doucement sourire, je le sais.

Ses dents vont tomber, je me le promets. Pas maintenant, certes, mais un jour.

- Pas de bêtise Mercy, si je t'amène ici, c'est pour que tu comprennes un peu comment le monde tourne et... Aussi, pour que tu puisses réaliser ton plein potentiel, après toute l’énergie que j'ai investie, tu me dois bien ça

L'envie de lui cracher à la gueule me démange, mais je ne peux pas, il me l'a interdit quelques jours plus tôt alors que je profitais d'une erreur d’inattention de sa part. Après tout, à ce moment-là, il m'avait juste ordonné de ne pas lui faire de mal. Un crachat, ça ne faisait pas de mal, hein ?

Du bout des doigts, il soulève mon menton pour m'inspecter. Sur mon visage, plus aucune blessure visible. Seul le froncement de mes sourcils et mes lèvres torves témoignent de mon mécontentement.

- Allez, ne fais pas cette tête, veux-tu ?

Aussitôt, mes traits se détendent.

Sale enfoiré !

- Je te présente l'Arena ! Et interdiction de te battre avec qui que se soit, du moins pour ce soir, ajoute-t-il de sa voix désagréable. Compris ?

On est à Staten Island et il fait nuit noire. L'entrepôt qui nous fait face ne m'inspire guère, en particulier quand je vois des types louches se faufiler à l'intérieur dans un silence trop parfait. Je me concentre, mais hoche malgré moi de la tête à sa dernière question.

D'un geste de la main, il m'enjoint de le suivre et bientôt, ce sont deux gros bras qui nous accueillent. L'un d'eux ne manque pas de jeter un coup d’œil insistant vers moi. Sûr que, moi et ma tenue proprette faisons tache dans le décor. Au loin, des cris et les tintements d'une grille qu'on secoue résonnent. Et puis, il a aussi cette odeur de transpiration avec une pointe de sang.

Bordel !

Des combats clandestins! Mais qu'est-ce qu'on fout ici ?! Acham, lui, affiche un sourire éclatant, de celui qui entre dans la caverne d'Alibaba.

Les montagnes de muscles, après s'être assurées que nous ne transportons aucune arme, nous ouvrent le passage. J'emboîte le pas à mon marionnettiste. Mon regard découvre alors une immense cage et... Et tous ces gens. Il y a des choses étranges. Je cligne plusieurs fois des yeux pour m'assurer de la véracité de ce que je vois.

- Bon, j'vais au bar, mais toi, observe et apprend, dit-il en désignant la cage.

Il ne me laisse pas le temps pour des questions qu'il m'abandonne déjà. Autour de moi, j'ai conscience de certains regards. Ils ne me plaisent pas. Aussi, j'enfonce mes poings dans les poches de ma veste pour, finalement, trouver un coin plus tranquille. Les femmes ne sont pas nombreuses ici.

Ça pue la testostérone.

Mais je ne pars pas, au lieu de quoi, je me contente d'observer la cage comme l'autre me l'a ordonné.

Merde ! C'est quoi ces monstres ?!

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Mercy Blackwell

-Tu as une sale tête, Edwin.

C'est ce que venait de dire Ivy en déposant un verre de whisky sur le comptoir. Je levai les yeux vers elle avec un sourire jaune accroché à mon visage.

Si j'avais une sale tronche c’est parce que je revenais de quelques jours assez pénibles. Après mon altercation avec Sands et la Morrigane, Abrahel m'avait ramené chez moi me laissant aux bons soins de Lamashtu... Si les démons étaient bien plus résistants qu'un humain, une balle dans la poitrine restait extrêmement douloureuse et j'avais pris le temps de m'en remettre parce que j'avais bien l'impression que Lamashtu, par pur sadisme, n'y mettait pas tout son cœur pour me soigner...

Pour il y avait ce petit braillard d’Edward qui m'avait empêché de bien me reposer.

Bref, ouais, j’avais une sale gueule mais j’avais une excuse.

-Ah ouais? Tu disais pas ça quand on a couché ensemble.

Elle roula des yeux se disant que je n'étais, apparemment, pas d'humeur à parler de ce qui me valait de ne pas avoir l'air en forme.

Je ne dis rien buvant un coup de whisky avant de me retourner vers la cage et le monde qu’il y avait à l’Arena. Je ne regardais pas spécialement le combat mais, plutôt, les gens… Les filles plus particulièrement qui, ce soir, n’étaient pas nombreuses.

Pourtant, elles étaient le fruit de ma chasse de ce soir. J’étais ici pour me détendre et les combats, dans ma condition actuelle, n’était pas le bon plan pour se détendre. Alors, il y avait les filles qui, elles,  pourraient faire en sorte que je me détente bien. Surtout que, l’avantage de l’Arena, c’était qu’on n’était pas obligé de se cacher sur sa nature parce que c’était un repère de surnaturel bien que, parfois, des humains venaient s’y aventurer.

Et mon regard finit par tomber sur une fille bien foutue aux cheveux blonds. J’esquissai un petit sourire avant de me lever de ma chaise pour me diriger vers elle, mon whisky en main.

Je me plaçai juste à côté d’elle mais je ne le regardai pas, je regardais dans la même direction qu’elle, c’est-à-dire, la cage.

-Alors, tu crois que qui va gagner ?

Je disais ça toujours sans la regarder.

-Moi, je parie sur le gros loup-garou.

C’était un loup contre un vampire mais le vampire ne semblait pas spécialement en forme.

-C’est rare de voir des filles aussi attentive à ce genre de combat.

Je ne savais pas si c’était si rare. C’était juste une tentative d’approche comme une autre.

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ft.Edwin Stark

C'est Halloween avant l'heure, c'est ça ? Un thanksgiving du 31 octobre avec Freak Show à l'affiche ? Une énorme plaisanterie ?

J'oscille entre les options et le mur sur lequel je suis adossée n'est pas de trop pour assurer ma stabilité dans tout ce délire. Ce doit être encore un autre des jeux malsains d'Acham. Forcément. Bien que je n'en comprenne pas vraiment le sens, enfin s'il y a bien une logique dans chacun de ses actes. D'un autre côté, comment autant de personnes peuvent participer à ce genre de plan tordu ?

C'est absurde !

Absurde, voilà le mot qui résonne et ricoche entre les parois de mon crâne. Depuis quelques jours, c'est le mot qui semble le mieux décrire ma vie. Mais là... Un loup ? Un putai* de loup aussi gros qu'un poney ? Et je ne parle même pas de cet homme couvert d'écailles qui vient de passer devant moi ou encore ce type dont le regard paraît briller dans le noir. Et tant d'autres détails étranges qui, accumulés entre eux, forment une aberration sans pareil.

Pourtant, je demeure étonnamment calme. Mon regard fouille la masse grouillante avant de revenir vers la cage pour observer le combat qui s'y déroule. C'est violent. Pas assez à mon goût. Encore une pensée surprenante de ma part. Si le monde ne tourne pas rond, il faut croire que moi non plus. De toute façon, je suis coincée ici. Ma seule porte de sortie est Acham et ce dernier n'est pas là. Tant mieux quelque part.

Alors je ne bouge pas. Même quand un autre gars se ramène pour se poser non loin de moi. Les relents d'alcool chatouillent mon nez. Je hausse un sourcil. J'ai bien envie d'un verre aussi, avec de l'alcool fort de préférence. Ouai, ça serait vraiment pas mal.

Soudain, mon nouveau voisin me pose une question.

Mon regard glisse enfin vers lui comme pour mieux le scruter.

Bon, au moins lui n'a pas les oreilles pointues ou que sais-je encore. Non, au lieu de quoi, il a juste opté pour le déguisement de William Stark. Lui manque plus que ce truc qu'il a sur la poitrine et on y verrait que du feu. Ce n'est pas le premier que je croise à New York qui se prend pour le sosie de l'autre en haut de sa tour. Enfin, celui-là a l'air d'un Stark qui s'est fait rouler dessus par un camion. Y a quand même mieux niveau glamour.

Bref, Monsieur Sosie parie sur la grosse bête. Je fais la moue, haussant des épaules.

- Aucune idée, c'est la première fois que je viens ici... Enfin, vu l'état de l'autre, je vais partager ton avis.

Rien d'anormal de discuter de loup-garou, n'est-ce pas ?

Enfin, peut-être peut-il m'aiguiller dans cet endroit, aussi, je reste là où je suis. Ce dernier s'étonne de mon air concentré. Ma mâchoire se crispe, parce que ses paroles me rappellent trop bien que je ne suis pas maître de mes faits et gestes.

- Il paraît que je dois observer et apprendre.

C'est n'importe quoi.

- Enfin, il semble que je ne sois pas la seule à devoir faire de même.

Je fais référence à ses hématomes bien sûr. Ma voix n'est pas moqueuse, mais à l'évidence, Monsieur Sosie a aussi perdu une bataille.

- Tu es monté là-bas pour avoir ces décorations ? demandé-je en désignant la cage.

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Mercy Blackwell

Le combat dans la cage tournait très clairement en faveur du loup-garou mais ce combat en question n’était qu’un vulgaire prétexte pour engager la conversation avec la jolie fille présente non loin de la cage. Elle était dans mon collimateur pour la simple et bonne raison que j’aimais sa plastique. Rien d’autre. Mais peut-être qu’en creusant un peu, je pourrais lui trouver des qualités supplémentaires.

Elle rétorqua que c’était sa première fois ici. Est-ce qu’elle était venue seule ? Il était trop tôt pour le dire. Peut-être que dans même pas une minute, son petit-ami va débarquer et tenter de me faire déguerpir, qui sait ?

En attendant, elle s’aligna à mon avis sur le potentiel vainqueur disant que vu l’état de l’autre, ça semblait évident. J’esquissai un sourire.

-C’est vrai qu’il est mal embarqué.

En tout cas, je l’avais vu très attentive au combat et elle expliqua qu’elle devait, je cite : « observer et apprendre ». Je levai un sourcil et j’allais répliquer avant qu’elle ne dise que je devrais sans doute faire de même. Elle ne l’avait pas dit comme ça mais c’est ce que j’ai compris. J’esquissai un sourire en coin, ricanant un peu.

-Ah oui ? Tu crois ça ?

En fait, je compris bien, par la suite que c’était les marques dans ma figure qui l’avait fait dire ça. Elle se demandait si j’avais été dans la cage pour avoir ces hématomes. Non… Bobby Sands m’avait foutu deux coups de poings en pleine figure et j’en portais toujours les traces. Je bus une gorgée de whisky me tournant entièrement vers la fille.

-Non. Ça je les ai reçus aux alentours de l’Arena. C’était un règlement de compte contre un vampire impulsif et sa sorcière de petite-amie. Disons que, deux contre un, ce n’était pas du jeu.

Je jetai un œil vers l’arène.

-J’aurais été dans l’arène seul contre le vampire, j’aurais gagné.

J’achevai mon whisky d’une traite.

-Donc, tu observes et apprends… Tu comptes te battre un jour dans l’arène ? Tu penses avoir une chance ?

Je le regardai de haut en bas.

-Parce que tu ne paies pas vraiment de mine. De l’extérieur, je veux dire…

Ouais parce que, parfois, certains pouvait ne pas avoir l’air spécialement fort de l’extérieur mais avaient de grands pouvoirs.

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ft.Edwin Stark

J'hésite entre la plaisanterie et l'hystérie. Comme Alice tombant dans un trou, je me retrouve projetée dans un univers parallèle sans plus aucun repère sur lequel me raccrocher. Malgré tout, je conserve mon calme. Même lorsqu'un inconnu vient entamer une discussion avec moi.

Pour lui, le gros tas de poils et de griffes qui s'agite dans l'arène est un loup-garou. Soit, soit. Remettre en question cette information ne m'est d'aucune utilité. Discuter avec un platiste pour le convaincre de la rondeur de la planète n'a jamais vraiment fonctionné alors, je ne me vois pas débattre de la chose. Par ailleurs, trop de détails singuliers me font douter.

Toujours est-il que, oui, le « loup-garou » met à mal son adversaire.

Je ne sais pas ce qu'Acham attend de moi à être spectatrice de ce combat. Les suppositions sont nombreuses. Observer et apprendre ? Il veut que je me batte ? L'idée à de quoi me faire rire pourtant, c'est la plus probable.

Mon voisin, avec sa tête de perdant, devrait sans doute en faire de même. Ma remarque provoque un rictus sur ses lèvres. Je lui lance un regard de biais.

- Parce que je me trompe peut-être ?

Cependant, ses quelques colorations, il ne les avait pas reçues ici. C'était un couple qui, apparemment, l'avait allégrement tabassé. Je souris. Après le loup-garou et le vampire, j'ai droit à la sorcière. Le délire total.

- Du jeu ?

À mon tour de ricaner.

- Tu n'aimes pas perdre, on dirait... Tu comptes leur rendre la monnaie de leur pièce ?

Et si je comprends bien, des deux, il en veux en particulier au vampire. Je lui conseillerai bien d'engager Van Hellsing pour résoudre son problème. Mieux encore, Bram Stoker, il doit bien connaître le sujet après tout.

- Et depuis combien de temps tu viens ici ?

Creusons un peu plus, histoire de voir si tout ça tient debout.

Son verre vite englouti, il m'interroge ensuite sur la raison de ma présence. Je souris.

- Je me dis que je pourrais faire une jolie pancarte pour annoncer les rounds sur le ring, tu ne crois pas ? rétorqué-je avec une voix faussement sérieuse. Non, en réalité, je n'ai aucune idée de ce que je fous là. Enfin, l'idée de tabasser quelques personnes n'est pas déplaisante cela-dit...

Monsieur Sosie souligne que je n'ai clairement pas la tête de l'emploi. Mentionner Acham me titille, mais ça aussi, l'autre me l'a interdit. Après l'altercation plus qu'énigmatique avec Monsieur poing ensanglanté, il a corrigé vite fait son manquement.

- Je suppose que...

Soudain, je suis interrompue par deux gars à quelques mètres de nous qui commence à se fritter. Une engueulade ? Un premier coup-de-poing ne tarde pas à atterrir sur le nez de l'interlocuteur. Le sang tache déjà le sol. Oh, ça dégénère plutôt vite ici. Je m'écarte. Deux autres types se ramènent, des gens du personnel, je crois, parce qu'ils tentent aussitôt de les séparer. Visiblement, il ne fait pas bon de se battre hors des grilles de la cage. Moi, ça m'en touche une sans faire bouger l'autre.

- Mercy ! Bordel !

Mon regard fusille directement Acham pour son intervention orale. Le retour de la vermine.

- Va falloir que tu te calmes, tu ne peux pas provoquer une telle pagaille...

- Pardon ?

D'où il me dit ça ? Et alors qu'il va pour ajouter une autre de ses réflexions désobligeantes, il s'arrête en voyant le type non loin de moi. Une lueur dans son regard brille comme s'il s'apprête à comploter quelque chose.

- Oh, je vois, tu fais connaissance... Tu as toujours le chic pour fricoter avec certain type de gars, hein...

Dans ma tête, je le démolis. À son expression, il me donne l'impression de comprendre une chose qui, à moi, m'échappe totalement. La colère, ma nouvelle et douce compagne, se réveille. Mes poings se serrent.

- Enfin, je vais vous laisser, je ne voudrais pas vous déranger, quoique, un conseil, ajoute-t-il à l'attention de mon voisin, évite de la mettre en colère, ça a tendance à provoquer...

Il grimace avant de faire un vague signe vers les deux types désormais neutralisés par la sécurité.

- … ça...

Et il repart comme si de rien.

- Tu ne perds rien pour attendre, je marmonne.

Je me tourne vers Monsieur Sosie.

- Ca te dit un verre ?

J'en ai bien besoin, après tout, et s'il refuse, tant pis, j'irai toute seule.

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Mercy Blackwell

La fille avait un certain sens de la provocation. Il fallait lui rendre ça. Un sens de la provocation qui m’arracha un rictus alors qu’elle semblait être certaine de ne pas se tromper dans ce qu’elle avançait. Je n’avais rien n’à apprendre des gens qui se battaient dans l’arène pour la simple et bonne raison que mes blessures, je ne les avais pas eue dans l’arène.

La fille constata alors que je n’aimais pas perdre.

-Qui aime perdre ?

Ceux qui aimaient perdre ne pouvaient pas mériter de vivre. Pour moi, c’était une preuve totale de faiblesse. Comme ceux qui disent que l’important, c’est de participer. Encore une phrase de perdant.

-Et ouais, je compte leur rendre leur monnaie de leur pièce dès que l’occasion se présentera.

C’était certain. Dès que j’en aurais l’occasion, je ferais de la bouille de Bobby Sands et de Scarlet Morrigan. Mais, en attendant, je devais reprendre des forces… Je n’étais pas encore à 100% de mes capacités après ma dernière altercation.

La fille me demanda alors si ça faisait longtemps que je venais ici. J’haussai nonchalamment des épaules.

-Depuis que ça a ouvert, je pense. Cet endroit n’est pas ouvert depuis si longtemps…

Ce fut, ensuite, à moi de poser des questions, notamment sur les raisons de sa présence ici. Elle m’expliqua, avec un faux sérieux, qu’elle pourrait bien devenir l’une de ses femmes qui tient les pancartes. Ça me fit ricaner. Elle avait le physique pour.

-Ouais… Tu pourrais faire ça.

Mais en fait, elle ne savait pas ce qu’elle faisait ici comme si elle ne l’avait pas réellement décidé… Mais c’est sa dernière réplique qui me fit sourire d’un sourire en coin.

-Je vois. Tu es une petite bagarreuse.

Mais elle ne payait pas de mine, extérieurement, ce que je ne manquai pas de préciser. Elle allait réplique quand, justement, une bagarre éclata non loin de nous. Mon regard se tourna vers la bagarre. Je regardais tout ça avec toute la nonchalance du monde alors que la fille recula un peu.

Finalement, la sécurité intervint avant qu’un type n’arrive s’exclamant. Je compris qu’il parlait à la fille. Une fille qui semblait s’appeler Mercy. Je regardai l’homme qui disait qu’elle ne pouvait pas provoquer une telle pagaille. Comme si elle avait été responsable de la bagarre. Je levai un sourcil ne disant rien et préférant attendre que ce type s’explique. Un type qui était un démon. En tant que démon moi-même, je reconnaissais son aura.

Mais il ne s’expliqua pas tout de suite alors que son attention se porta sur moi. Sa réflexion m’arracha un rictus.

-Un certain type de gars…

Un démon ? C’est ça qu’il veut dire ? En tout cas, ça semblait l’amuser et il était prêt à laisser Mercy entre mes griffes non sans me donner un conseil au passage me faisant regarder la bagarre avortée et m’expliquant, de ce simple geste, que Mercy n’était pas totalement innocente dans l’affaire.

J’esquissai un sourire en coin.

-Ne t’inquiète pas pour moi…

Il s’en alla alors et j’entendis Mercy marmonner une phrase qui me fit sourire. Visiblement, elle ne portait pas ce démon dans son cœur. Mais je n’arrivais pas à savoir si c’était son petit-ami ou autre chose…

Ça valait la peine d’être creusé en tout cas. Et Mercy m’en donna l’occasion alors qu’elle proposait qu’on se boive un verre.

-Oui, ça me dit.

Je lui fis signe de me suivre et on alla jusqu’au comptoir. J’interpellai Ivy.

-Remets-moi un whisky et ce qu’elle veut pour la fille. Je paye.

Je laissai Mercy choisir ce qu’elle voulait alors qu’Ivy nous servit. Je me tournai vers Mercy, un sourire en coin accroché à mon visage.

-Alors… Qu’est-ce qu’une fille comme toi fait avec un démon comme lui ? C’est ton petit-ami ? A moins que ça ne soit plus complexe que ça.

Je bus une gorgée de whisky avant de reprendre.

-Il semble persuadé que tu as provoqué la bagarre, en tout cas. C’était toi ?

J’étais un Stark et, donc, j’étais curieux.

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ft.Edwin Stark

Non, personne n'aime perdre, mais enfin, il a une telle façon de parler de sa déconvenue avec le vampire et la petite amie sorcière. Un peu à la manière d'un enfant tapant du pied contre les règles du jeu ou une quelconque tricherie lors d'une partie. Mais la vie n'est pas un Monopoly, n'est-ce pas ? Le fair-play est une utopie qui n'existe que dans les contes, c'est ce qu'Acham m'a appris. En fin de compte, tout n'est question que de chance, si ce n'est d'anticipation. Notre inconnu n'a pas vu venir le danger. Pas de bol, ils étaient deux alors qu'il était seul. Il a perdu, point. Ainsi va la vie.

- Certes, mais il ne faut pas s'attendre à ce que les choses soient équitables en ce bas monde.

Suis-je amer ? Sûrement, mais ce que je dis n'en demeure pas moins vrai. Cependant, la possibilité d'une vengeance est toujours réconfortante, n'est-ce pas ? Savoir que l'on n'a pas dit notre dernier mot. Et à l'évidence, les plats froids sont des mets que nous apprécions tous deux, Monsieur Sosie et moi. Je souris.

- Je te souhaite toute la réussite du monde.

Je ne le connaissais pas, mais je sais ce que c'est que d'avoir la hargne contre quelqu'un. Et si ce type arrive à ses fins, pourquoi pas moi ?

En attendant, récolter des informations me parait important. L'Arena semble être un lieu qu'Acham fréquente régulièrement, peut-être que des gens ici le connaissent. Le problème étant, je ne peux toujours pas parler de lui de vive voix. Ça ne me facilite pas la tâche, toutefois, ce n'est pas non plus impossible. Ce faisant, j'interroge mon voisin. Il m'explique alors qu'il vient ici depuis l'ouverture du hangar.

Intéressant.

Bien sûr, à son tour, Monsieur Sosie se montre curieux à mon encontre, surtout pour une jeune femme comme moi qui ne correspond pas vraiment aux critères des habitués ici. Toutefois, si sa question est légitime, je n'ai aucune véritable réponse à lui donner. La solution est dans la tête d'Acham, pas dans la mienne. Je pourrais bien faire la bimbo sur le ring, qu'est-ce que j'en sais ? L'autre rit.

Du reste, oui, je suppose qu'une bagarre peut être le meilleur moyen d'évacuer toute cette colère que j'ai accumulée. Ça me rappelle ce gars au parc, il y a plusieurs jours de ça, j'avais réussi à le faire s'écrouler en un seul coup. Un coup de chance ? J'aime à penser que non.

- Qui sait, j'ai peut-être mes chances ici ?

Mouai, ça j'en doute. Le gros loup-garou qui vient de laminer son adversaire me suggère que j'ai du chemin à faire.

Nous sommes soudain interrompus par une altercation. Rien d'étonnant jusque-là, je veux dire, on est dans un lieu où on organise des combats illégaux, à quoi peut-on s'attendre d'autre ? En revanche, j'aurais préféré me passer de l'intervention de la petite vermine qui revient la fleur au fusil. Juste pour m'accuser. Et bien que la présence de Monsieur Sosie l’interpelle, il repart aussi sec, ce sourire détestable toujours aux lèvres.

Il a un don certain pour me foutre en rogne.

Ce sur quoi, je propose à l'inconnu un verre, histoire de décompresser. Il accepte et bientôt, nous nous retrouvons attablés à un bar. Mon nouveau collègue de beuverie m'offre le verre pendant que lui reprend un whisky.

- Le plus fort que vous avez alors...

Ce sur quoi, je me tourne complètement vers l'inconnu pour lui tendre la main.

- Mercy et toi ? Tu sais que tu as un petit air de Stark.

Je rigole. Sûr que le William Stark ne se risquerait pas à traîner par ici. Son cœur ne tiendrait pas le coup de toute manière.

Malheureusement, l'autre est bien décidé à parler d'Acham. Mes sourcils se froncent.

- Un démon, hein ?

Ce n'est pas le premier à me dire ça. Quoique, aujourd'hui, je suis certainement plus encline à le croire. Les vampires, sorcières, loups-garous, les démons... Et un tas d'autres trucs sans aucun doute, j'allais devoir rapidement assimiler ce fait. Je passe une main dans mes cheveux comme pour me remettre les idées en place.

Ah ah. Ce monde est fou.

Lorsque mon regard revient à mon interlocuteur, je barre ma bouche d'un doigt.

- C'est top secret, je ne peux pas en parler.

Pourtant, ce n'est pas faute de manquer d'envie. Cracher un joli costard à ce « démon » m'aurait bien fait plaisir.

Mais plus que ça, Monsieur Sosie désire savoir si j'y suis vraiment pour quelque chose dans l’échauffourée d'un peu plus tôt. Je hausse un sourcil.

- Pas que je sache. Je t'ai donné l'impression d'avoir fait quelque chose ? Et puis, dis-moi, si c'était le cas, pour quelle de raison j'aurais fait ça ?

Moi, je ne suis ni vampire, ni sorcière, ni toute autres créatures étranges qui semblent fourmiller à l'Arena. Je ne suis pas Harry Potter, je n'ai reçu aucune lettre à mes 11 ans.

- Et toi, tu es quoi ?

Parce qu'à y songer, il doit forcément être quelque chose. Logique en somme.

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Mercy Blackwell

Il ne faut pas s’attendre à ce que les choses soient équitables dans ce bas monde. La réflexion de la fille me fit ricaner un peu. J’hochai de la tête pour montrer que j’en étais conscient avant que je n’explique que j’allais me venger de Sands et sa petite-amie dès que j’en aurais l’occasion… Ce sur quoi elle me souhaitait toute la réussite du monde. Ça aurait pu sembler ironique mais cette fille semblait sincère alors je lui souris tout simplement un rien surpris par tant de gentillesse.

Finalement, on parla de sa présence à l’Arena et de la possibilité qu’elle soit simplement ici pour devenir, un jour, l’un des bimbos qui tient des pancartes. L’idée me dit sourire parce que ce rôle correspondait très bien au physique plus qu’avantageux de la fille. Elle était bien foutue, en somme, donc je la voyais aussi bien comme bimbo que dans mon lit.

Mais elle finit par dire qu’elle aura peut-être ses chances ici. Je regardais vers la cage où le loup-garou avait largement vaincu. Son adversaire était en pièce.

-Peut-être. Après tout, je ne sais pas de quoi tu es capable.

Mais quelque chose me disait qu’elle était un peu trop légère pour ce genre de combat. Bien que certain télékinésiste où télépathe étaient dans les meilleurs classés dont cet enfoiré de Rose qui était les deux.

Peut-être que la fille disposait de ce genre de pouvoir. Moi, j’utilisais mon pouvoir de création et de manipulation pour l’emporter mais ma résistance de démon m’aidait aussi.

Puis, j’ai aussi l’avantage d’être Edwin Stark. C’est un atout à toute épreuve.

Après ça, il y eu une altercation avant qu’un type, un démon, ne vienne accuser Mercy de cette altercation. Il s’en alla alors tout aussi vite non sans m’avoir regardé en souriant.

Je ne savais pas qui était ce démon. Je ne l’avais jamais vu. Mais il semblait connaitre la fille assez bien… Et cette dernière ne semblait pas l’apprécier. Ça se voyait.

J’acceptai sa proposition de boire un verre parce qu’elle avait piqué ma curiosité. Le démon en avait parlé comme si elle était responsable de la bagarre alors qu’elle n’avait pas bougé d’un pouce. Et pour qu’un démon s’intéresse à quelqu’un, il fallait une raison… Même si la raison pouvait simplement être que Mercy était bien foutue mais, dans ce cas, il ne l’aurait pas laissé avec moi.

Je pris un whisky alors que Mercy se prit le truc le plus fort qu’il y avait ici et se le fit servir. Elle se présenta et me renvoya la question non sans dire que je ressemblais à William Stark. Je ricanai…

-Sans blague…

J’ai créé William Stark. Il a certain de mes gênes et de mes traits.

-Même si je suis bien plus grand que lui… Et bien plus beau que lui.

C’était évident. L’original est toujours meilleur. Mais je ne dis rien sur mon lien avec William. Je gardais ça pour plus tard ou, plutôt, lui laissai l’occasion de le deviner en ajoutant :

-Moi, c’est Edwin.

Ouais… Edwin Stark. Il semblerait que tout le monde ait oublié à quoi je ressemblais et ça m’agaçais un peu. Même si cette fille était très jeune et que j’étais mort en 89.

Enfin, sauf si c’est une créature surnaturelle de plusieurs siècles. Dans ce cas, elle n’a aucune excuse.

Je demandais alors ce qu’elle foutait avec un démon… Et elle sembla comme découvrir que le type de tout à l’heure était un démon. Je levai un sourcil.

-Oui, c’est un démon…Tu ne le savais pas ?

Mais ça ne la surprit pas outre-mesure, cela-dit. Tout ça rendait les choses encore plus intrigantes mais quand je posai d’autres questions elle déclara qu’elle ne pouvait pas en parler. Je ricanai.

-Ben voyons.

A moi de trouver un moyen de la faire parler.

Elle ne répondit, finalement, qu’à ma question sur la bagarre… Sans vraiment y répondre. Elle était douée pour la langue de bois. Je bus une gorgée de whisky affichant un sourire en coin.

-Non, tu ne m’as pas donné l’impression d’être responsable. Mais l’autre démon, lui, en semblait certain. Et certaines personnes, ici, on parfois des pouvoirs surprenants. Tu pourrais en faire partie… Et tu pourrais avoir fait ça simplement pour le fun ou…

Je me tournai totalement vers elle avec, toujours, le même petit sourire.

-Ou tu ne l’as pas fait exprès.

Tout le monde ne sait pas contrôler ses pouvoirs…

Mais avant d’en savoir plus elle me demanda ce que j’étais. J’achevai mon verre d’une traite souriant toujours.

-Je suis un démon aussi. C’est pour ça que j’ai facilement pu déterminer que ton « pote » en est un. Et si je ressemble tant à William Stark c’est parce que je suis son père, Edwin Stark.

Je continuai de la regarder.

-Et toi ? Tu es une humaine ? Je ne pense pas que tu en soi une. Pourquoi un démon s’intéresserait à une humaine autre que pour son âme. Il veut ton âme ? Parce que si tu es décidée à lui donner sache que je peux te faire un meilleur prix que lui avec des bonus intéressant.

Tant qu’à faire…

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ft.Edwin Stark

Attablée au bar, ma main agrippe bien vite ma nouvelle boisson. Ma comparaison avec le Stark ne tarde pas à faire rire mon camarade de beuverie. Enfin « rire », ma plaisanterie semble le laisser amer, surtout avec son « sans blague » qu'il lâche par la suite. Lui se trouve plus beau et grand que le Monsieur en haut de sa tour. Autant pour la modestie, elle peut repasser plus tard.

Mes lèvres esquissent un sourire avant de scruter plus en détail cet humble voisin.

- Plus grand, ce n'est pas compliqué, même moi je le dépasse, plus beau…

Je fais la moue. En vérité, il peut bien être arrogant, mais il est plutôt pas mal, il faut le lui concéder. Mâchoire carrée, regard noir, une silhouette bien affirmée. Non, on ne crache pas dessus, avec en prime, un petit côté Bad Boy. Le William Stark de son côté, s'il a de quoi faire chavirer des cœurs, commence à sérieusement prendre de l'âge.

Je prends une gorgée brûlante de mon verre pour enfin sourire.

- … D'accord, tu n'es pas moche, et peut-être que sans tes ecchymoses, ça serait plus flagrant encore, avoué-je finalement.

Ainsi donc, notre Monsieur Sosie s'appelle en réalité Edwin. Un instant, mon cerveau fait une connexion. Une connexion tout à fait troublante sur l'identité de l'inconnu à mes côtés. Je cligne des yeux.

Mais bientôt, il n'est plus temps de faire les présentations puisque l'autre s'intéresse alors à la vermine qu'est Acham. Un démon... Le trouble doit contrarier mes traits étant donné que l'autre devine mon ignorance. Je hausse des épaules.

- J'avais juste des doutes…

C'est un type dans un parc qui m'avait alors dit ça. Bien sûr, je ne l'ai pas cru sur le moment, comment aurais-je pu ? Je ne soupçonnais alors même pas l'existence de Dracula et tous ces autres trucs sortis d'un livre fantastique.

Quant à Acham lui-même, je reste vague. La vermine a su couvrir ses arrières avec ses foutus ordres que je ne peux enfreindre. Intérieurement, je fulmine. Ce n'est pas la faute à Edwin, de fait, je serre les poings pour faire taire ma colère.

- Je suis sérieuse, je ne peux littéralement pas en parler…

Pour compenser les prémisses de ma mauvaise humeur, j'avale d'une traite mon verre. Un sillon brûlant dévale ma gorge avant de réchauffer agréablement mon estomac.

La question suivante, en revanche, je ne la comprends pas. Pourquoi serais-je coupable d'une bagarre dont je me fous complètement ? Edwin, lui, semble partager les soupçons du démon. Mon front se creuse face à son explication.

Je secoue la tête.

- Non, je ne crois pas, si je pouvais déclencher des altercations à distance par la simple pensée, je le saurais.

De plus, je ne suis ni démon, ni loup-garou, ni vampire, ni sorcière. Juste humaine, rien de bien transcendant quand on prend en compte les gens qui fourmillent ici.

Aussi, pour ne plus avoir à parler de moi, c'est à mon tour de me montrer curieuse envers lui. Il n'y a pas de raison pour qu'il n'y ait que moi pour répondre aux interrogations. Et si je suis humaine, en revanche, lui doit être d'une autre nature. Après ce que j'ai vu et ce que j'ai entendu, cela me paraît évident.

Et bingo ! C'est un démon ! J'imagine que tomber sur Marraine la bonne fée aurait été trop demandé... Quoique, le rôle ne lui aurait pas convenu. Cependant, plus que cela, Edwin est bien un Stark ! Ce qui veut aussi dire que les démons sont, du moins en partie, à l'origine humains ! Je note l'information dans un coin de mon esprit.

Et maintenant qu'il le dit, je comprends enfin l'une des remarques d'Acham. C'est bien ma veine d'attirer les démons. Mais bon, tant que l'autre ne tente pas de me faire du mal. Et contrairement à Acham, ce dernier me paraît plus honnête. Un démon honnête… Pff, cette pensée est stupide.

- Je vois que papa Stark a mal tourné.

Je décide d'en rire. C'est toujours mieux que d'en pleurer. Dans le même temps, j'en profite pour commander un nouveau verre et en offrir aussi un autre à mon nouveau collègue qui vient de finir le sien.

- Et donc, tu es ici pour faire plonger de pauvres âmes innocentes dans le vice ?

Bien sûr que je m'interroge sur ses véritables intentions en ma personne. Oui, sauf que je ne m'y ferai pas prendre une deuxième fois. Pour l'instant, de toute façon, nous ne faisons que discuter.

Son regard se fait alors insistant comme s'il tente de deviner quelque chose. Mes paupières se plissent pendant quelques secondes, réfléchissant déjà aux mots que je peux employer.

- Je n'ai promis mon âme en aucune façon.

Acham s'est contenté de prendre, de bousiller, de massacrer. Il ne m'a rien demandé.

- Il faut le consentement de la personne, c'est ça ? demandé-je tout de même.

Ma tête s'incline à sa dernière proposition.

- Et quel prix peux-tu me faire ? Tu as des limites ? Peux-tu par exemple remonter dans le temps et faire en sorte qu'un événement ne survienne pas ?

Ma question est tout à fait sérieuse. Peut-être puis-je envisager de me détacher d'un bout de moi. Pour ce qu'il en reste, je ne crois pas que cela soit une grande perte. Et si cela me permet d'effacer toute cette colère, cette femme que je suis devenue et qui m'est méconnaissable... D'oublier Acham et Acham, de m'oublier.

- Mais pour répondre à ta première question : je suis humaine. Du reste, je n'ai aucune idée de ce que cette en…

… Flure.

Un bâillon vient aussitôt étouffer mon insulte. Mes dents se serrent et sous le coup de l'émotion, je frappe la table. Ma force est telle que je réussis à creuser une fissure. [Force : 9 vs 6] Hébétée, mes iris inspectent mon œuvre.

Qu'est-ce que cette enfoirée m'a fait ?!

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Mercy Blackwell

William était plus petit et moins beau que moi. C’était un fait indiscutable. Surtout pour la taille. Là, c’était clair que c’était indiscutable. Je faisais au moins 15 centimètres en plus que lui. La fille confirma que j’étais plus grand que lui… Même elle était plus grande. Il faut dire que cette fille était loin d’être petite. Tout à fait mon style, en plus. J’esquissai un sourire alors qu’elle sembla me jauger avant d’avouer que je n’étais pas moche. Je ricanai assez satisfait de sa constatation.

-Ouais… Sans ecchymoses, tu n’aurais même pas hésité une seconde.

J’affichai, ensuite, un sourire assez satisfait avant qu’on ne parle de son démon. Tout du moins, celui qui semblait la surveiller de près. Il semblerait que c’était moi qui venais de lui apprendre que c’était un démon ou, tout du moins, de lui confirmer.  

-Et ben, tu n’as plus de doute, maintenant. Ce type est bien un démon.

Mais je voulais qu’elle m’en parle. Seulement, elle disait qu’elle ne pouvait pas. Littéralement pas. La formule était étrange. C’était comme si elle n’était pas contre d’en parler mais que quelque chose l’en empêchait. Quelqu’un chose d’indépendant d’elle… Ou alors, c’était sa façon d’essayer que je ne creuse pas plus. Je fis une moue.

-Intéressant…

Mais je creuserais. Parce que j’avais envie de savoir. Tout comme ce que le démon à supposer tout à l’heure. Comme quoi c’était elle qui avait provoqué la bagarre. J’imaginais que ça pouvait être l’un de ses pouvoirs mais la fille se disait qu’elle l’aurait senti si c’était le cas. J’haussai les épaules.

-On ne sait jamais… Les pouvoirs sont parfois difficiles à comprendre ou à contrôler… Il se peut que tu n’en sois pas conscient.

Tout était possible. Et j’avais bien envie de creuser ça aussi… Peut-être moins envie de creuser que je n’avais envie de l’avoir dans mon lit mais la curiosité était quand même bien là.

Et, comme pour l’inviter à parler, je donnais quelques informations sur moi. Ma nature, d’abord, mon identité, ensuite. C’était une façon de la mettre en confiance. De montrer que je ne cachais rien et qu’elle pouvait en faire de même.

Elle rigola disant j’avais mal tourné. Je ricanai alors qu’elle m’offrit un verre, ce que je n’allais pas refuser, loin de là.

-Je n’ai pas mal tourné. J’ai toujours été comme ça.

Aussi loin que je me rappelle et ce même de ma vie d’humain.

Elle demanda alors si j’étais ici pour moissonner des âmes. Je regardais autour de nous avant d’esquissai un sourire.

-Non, pas forcément. Je suis ici pour me détendre. Si je voulais des âmes, j’irais dans un endroit où il y a majoritairement des humains. Ici, il y a presque que des surnaturels dont une grosse poignée de vampires et de loup-garou... Des âmes inutilisables… Surtout les vampires. Leur âme est déjà damnée.

Alors qu’ailleurs, il y avait des âmes pures à corrompre.

Et je me demandais alors si ce n’est pas ça que voulait l’autre démon. Mais elle déclara n’avoir promis son âme à personne avant d’être pris d’une sorte de doute quant aux modalités d’une vente d’âme. Je souris et après avoir bu une grosse gorgée de whisky, je répondis :

-Oui, il faut le consentement. Sinon, ça serait bien trop facile et, donc, pas intéressant.

Elle inclina alors la tête ce qui fit qu’elle obtint toute mon attention surtout que ses questions m’intéressaient… Seulement, sa demande était impossible à réaliser.

-Non. Je ne peux pas faire ça. Je peux te donner la richesse, t’obtenir un tas de chose, te donner la gloire ou bien d’autres choses. Mais rembobiner le temps pour le changer, non. Si c’était le cas, tout le monde demanderais ça et le monde serait en vrac. Donc, oui, j’ai des limites…

J’esquissai un sourire.

-Et, pour le prix, tout dépend de ta demande…

Elle revint alors sur ma première question déclarant qu’elle était humaine et allait en dire plus quand, soudain, elle ne sembla plus pouvoir parler. Je levai un sourcil penchant légèrement la tête sur le côté. Je voyais qu’elle forçait et, finalement, elle frappa sur la table faisant une fissure.

Intéressant…

-Une humaine, hein ?

Une humaine qui ne peut pas dire ce qu’elle veut. Je fais, alors, le lien avec ce qu’elle m’a dit tout à l’heure.

-C’était ça que tu voulais dire par « je ne peux littéralement pas en parler » ?

Je montrai la fissure du doigt.

-Tu devrais essayer l’arène quand même.

Je la toisai plongeant mon regard dans le siens.

-Mais je me dis que si ce démon te garde sous son emprise c’est qu’il y a un intérêt. Et, à mon avis, ça vient du fait que tu n’es pas tout à fait humaine. En tout cas… Moi, je peux peut-être t’aider…

J’approchai ma bouche de son oreille pour murmurer.

-Ce n’est qu’un démon, après tout, quoi de mieux qu’un autre démon pour t’aider à t’échapper de son emprise ? Bien sûr, tout a un prix. Mais je serais généreux parce que je t’aime bien.

J’attendais sa réponse me recula un peu pour la regarder, à nouveau, droit dans les yeux.

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ft.Edwin Stark

L'arrogance déborde de ses paroles. Pour lui, il ne fait aucun doute que, sans sa tête de perdant, je serais tombée en pâmoison devant lui. Tant de confiance en soi me laisse presque admirative. Je ris.

- Vraiment dommage que ce vampire impulsif soit passé par là alors !

Ses lèvres s'étirent d'un air tout à fait satisfait.

Mais la vermine a, semble-t-il, piqué la curiosité d'Edwin, ce qui n'est pas vraiment pour me plaire. Quoique, peut-être est-ce là une occasion de recueillir des renseignements. Ainsi, il m'apprend, ou plutôt me confirme, qu'Acham est un démon.

Un démon, rien que ça... À ce niveau-là, je ne m'étonne plus de rien.

Malheureusement pour la curiosité de monsieur, de mon côté, je n'ai rien à lui dévoiler. Enfin, ce n'est pas tout à fait vrai, j'aurais bien des choses à dire sur le type en question, mais pour une raison inconnue, cela m'est impossible. Lui trouve cela intéressant. Moi pas. Être une marionnette entre les griffes de l'autre est détestable au possible. Ce sur quoi, étant donné qu'Acham a insinué que j'étais à l'origine de la rixe d'un peu plus tôt, Edwin fait la supposition sur de soi-disant capacités que je posséderais. Dans ma tête, tout cela est absurde.

Je secoue la tête.

- Moui, ça me paraît quand même peu probable…

Peu probable... En vérité, je ne suis sûre de rien. Il y a tout un nouveau monde qui s'est révélé à moi et peut-être dois-je revoir tout ce qui est supposé être « probable ». Entre les vampires et les démons, les perspectives sont délirantes et c'est peu de le dire.

D'ailleurs, mon voisin est un démon comme il me l'apprend, un démon du nom d'Edwin Stark. Une nouvelle fois, je m'esclaffe. À côté de moi se trouve donc le précurseur de la fabuleuse entreprise technologique Stark. Un précurseur qui a bien mal tourné ! Mais non, apparemment, cela avait toujours été dans sa nature d'être hum... Démoniaque.

Voué aux enfers dès sa naissance en somme. C'est pas tous les jours que quelqu'un vous dit ça, il faut l'avouer.

- Quoi ? Même pas une toute petite bonne action dans ta vie d'humain ?

Ce faisant, je pose ma main sur ma poitrine comme surprise. Mon jeu d'acteur est vraiment impeccable.

Et donc notre Stark démoniaque n'est pas vraiment là pour corrompre qui que ce soit ce soir. En fait, il est surtout venu pour se détendre. Il m'explique alors pourquoi l'Aréna n'est pas un lieu propice pour un démon. Une histoire d'âmes inutilisables.

Je hoche la tête.

- Je vois, enfin, pour ma part, ce n'est pas vraiment l'endroit que j'aurais choisi pour me détendre.

Ce qui n'est pas étonnant puisque ce n'est pas le genre d'univers que je côtoie. Et si je suis ici, c'est uniquement à cause de la petite enflure qui se dissimule quelque part, non loin de là. Edwin m'interroge alors sur les intentions de ce dernier, notamment ses velléités sur mon âme. Sauf que je n'ai rien promis et comme me l'assure mon voisin, il faut l'accord de la personne pour qu'un démon puisse s'emparer de son âme.

Et bien sûr, mon voisin en profite pour marchander. Toutefois, malgré sa nature, il est incapable de modifier le passé. Dommage. Vraiment dommage.

- Tant pis, ça ne me coûtait rien de demander…

Il me sourit avant de préciser que le prix de ses contrats varie selon la demande.

Du reste, ouai, je suis humaine. Seulement, mon propos est interrompu par un foutu bâillon invisible. Un phénomène qui ne tarde pas à m'énerver et bientôt, je ne peux que constater l’œuvre de ma colère sur le bar.

« Une humaine, hein ? »

Mes sourcils se froncent, l'orage gronde au fond de mon esprit. Quant à Edwin, il devine ce qu'il m'est impossible de dire à voix haute.

- Voilà, sifflé-je entre mes dents, tu as tout compris.

Mes doigts viennent redessiner les nouvelles craquelures du bar. Si seulement je pouvais en faire autant avec la tête d'Acham. Mais plus que ça, je prends conscience que s'il m'a torturée, les faits ne sont pas aussi simples. Il y a autre chose.

Je ris jaune à la suggestion de mon voisin.

- Oui, sûrement, mais pour l'instant, ce n'est pas moi qui décide, et si je dois massacrer quelqu'un, croit moi, j'ai déjà quelqu'un de tout désigné pour ce rôle.

Bientôt, son regard croise le mien.

- Et si je ne suis pas humaine, je suis quoi ?

C'est à mon oreille qu'il me murmure une solution. En d'autres circonstances, peut-être aurais-je apprécié ce rapprochement, mais ce soir, beaucoup trop de choses viennent piétiner ma vision du monde pour en être sensible.

- Soigner le mal par le mal, c'est ça ? Et ça ne te dérange pas de, potentiellement, saborder le boulot d'un de tes collègues ?

Je m'accoude sur le bar, mes yeux toujours rivé sur lui.

- Et quel serait ton prix pour mettre fin à une emprise démoniaque, Edwin ?

Ma méfiance aux aguets, j'attends de voir ce qu'est sa générosité.

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Mercy Blackwell

Mercy était sûr de l’avoir aucun pouvoir. Pourtant, pour qu’elle ait attiré l’attention d’un démon, elle doit avoir quelque chose en plus qu’une simple humaine. Et même si elle est très jolie, je doutais que ça soit uniquement ça qui lui vaut l’intérêt de l’autre démon.

Bref, je continuais d’essayer de creuser tout en donnant des informations sur moi dont ma véritable identité en plus de ma nature. J’expliquai que j’avais toujours été comme je suis aujourd’hui, aussi loin que je me rappelais. Elle était étonnée (faussement étonnée ?) que je n’ai pas fait la moindre bonne action de ma vie humaine. J’esquissai un sourire.

-Si… J’ai fait avancer la technologie à un point inimaginable. Mais c’était pour mon profit personnel. Pas pour aider le monde. Et ça a fonctionné, je suis devenu milliardaire.

Quant à être ici pour moissonner des âmes, je déclarai que j’étais avant tout ici pour me détendre. Je venais de plus en plus souvent pour la simple et bonne raison que j’en avais marre des pleurs d’Edward. Elle ajouta qu’elle n’aurait pas choisi cet endroit pour se détendre. J’haussai des épaules.

-Des combats, de l’alcool… C’est pas mal pour se détendre. Et puis, il y a parfois de jolies filles…

Je disais ça avec un regard qui montrait très bien qu’elle faisait partie du lot de « jolies filles ». Elle était grande, blonde et avait de belles courbes. Tout pour me plaire.

On finit alors par parler contrat et âme parce que je me demandais bien ce qui poussait le démon à s’intéresser à elle. Mais elle ne semblait pas spécialement s’y connaitre en contrat, ni même avoir promis son âme à l’autre démon. Elle me demanda alors si je pouvais, à travers un contrat, lui permettre de revenir dans le temps pour corriger ce qui me semblait être, j’imagine, un regret. Mais je ne pouvais pas faire ça. Elle trouvait ça dommage. J’esquissai un sourire.

-Peut-être que je peux construire une machine à voyager dans le temps. Je ne suis pas qu’un démon, je suis un génie aussi.

Mais ça prendrait du temps et je ne savais pas si avoir l’âme de Mercy valait vraiment tant d’efforts.

J’expliquai que les prix des contrats variaient en fonction de la demande… Et Mercy sembla comme être un peu plus loquace mais elle se tut d’un seul coup empêché par quelque chose d’indépendant d’elle à continuer de parler.

Elle s’énerva et fracassa le comptoir de son poing. Ce fut suffisant pour constater que :

1. Le démon avait bien une certaine emprise sur elle.
2. Elle n’était pas humaine.

Et j’avais bien deviné… Tout du moins pour le premier point qu’elle confirma même si, maintenant, elle semblait de très mauvaise humeur.

Je savourais mes petites découvertes déclarant qu’elle devrait tout de même essayer l’arène. Mais elle n’était pas maitre de ce qu’elle pouvait faire ou non. Et elle semblait avoir envie de fracasser une personne en particulier et j’étais plus que certain qu’elle parlait de l’autre démon. Je ricanai un peu.

-Je n’en doute pas.

Je croisai son regard alors qu’elle demanda ce qu’elle pouvait bien être si elle n’était pas humaine. Elle n’en avait aucune idée. J’haussai nonchalamment des épaules.

-Tu n’es ni un Ange, ni un démon. Je le saurais si c’est le cas. Je le verrais d’un coup d’œil. Tu n’es pas non plus un vampire, ni un loup-garou… Parce que si c’était le cas, c’est toi qui le saurait.

Mais il restait d’innombrable possibilité.

-Tu pourrais être une sorcière… Mais les démons ne sont pas friands des sorciers… Donc… Je ne sais pas, il faudrait que je t’étudie un peu plus pour le savoir.

Par contre, j’avais des solutions pour faire en sorte qu’elle puisse sortir du joug du démon. J’étais un démon moi-même, après tout. J’étais sans doute la meilleure solution pour l’aider. C’est tout ça que je soufflai à son oreille et elle déclara que c’était comme soigner le mal par le mal.

Je ricanai un peu alors qu’elle me demanda si ça ne me dérangeait pas de foutre en l’air les plans d’un collègue.

-Non, ça m’amuse. La solidarité entre démons à de grandes limites. Chaque démon veut sa propre petite gloire et s’il faut écraser un autre démon pour grimper les échelons de l’Enfer alors on le fait sans remords.

Et comme je veux la place de Lucifer, c’est clair que je n’allais pas hésiter à écraser quiconque pour me hisser au plus haut.

Elle demanda alors mon prix et je fis mine de réfléchir avant d’afficher un large sourire.

-Tu n’es pas humaine… Je n’ai aucune idée si ton âme est utilisable… Mais j’ai envie de savoir ce qui attire tant l’intérêt de cet autre démon pour toi. Alors, mon prix c’est que tu me laisseras essayer de le découvrir. Si ton âme est valable, je te ferais un bon prix. Je te laisserais 30 ans de vie. C’est un bon prix crois-moi, c’est rare quand un démon donne plus de 20 ans. Et encore, 20 ans, c’est gentil.

J’achevai mon verre.

-Oh et… Tu es plutôt jolie aussi alors comme je ne suis pas sûr que ton âme soit utilisable, je veux bien être payé en nature.

Il n’y avait rien de subtile là-dedans mais on parlait d’un deal, non ?

-Alors ? Tu préfères quoi ? Rester l’esclave d’un démon comme lui ou bien me suivre ?

Je ne savais pas si je pouvais lever sa malédiction mais si je pouvais gagner une soirée avec elle alors je l’aurais arnaqué mais j’aurais pris du bon temps.

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ft.Edwin Stark

Si Edwin Stark est devenu un démon, j'imagine bien que ce n'est pas pour ses bonnes actions. Et la seule bonne action qu'il me cite n'en est pas vraiment une, même si, oui, l'avancée technologique qu'il a apporté alors est sans commune mesure. Aujourd'hui encore, la tour Stark trône fièrement en plein New York.

- Mais j'imagine qu'on n'emporte pas sa fortune lorsqu'on fait un petit tour en enfer, hum ? Mais on peut dire que ton fils a su préserver l'héritage…

D'ailleurs, est-ce que ça paye bien d'être un suppôt de Satan ?

Cependant, ce soir, Edwin n'est pas là pour corrompre qui que ce soit. Apparemment, les âmes qui errent ici n'ont rien de très attrayantes étant donné que pour la plupart, elles sont « inutilisables ». En fait, il est là pour se détendre. Drôle d'endroit pour ce genre d'activité, non ? C'est ce que je lui fais remarquer. Ce à quoi, il rétorque que les combats et l’alcool sont deux choses qui l'aident à se détendre. Et les jolies filles aussi, quand il y en a. Le regard appréciateur qu'il me lance par la suite est plus qu'explicite. J'en déduis que c'est ma plastique qui l'a poussé en premier lieu à m'aborder. Edwin Stark n'est pas le seul à tenter sa chance.

Enfin, je souris au compliment. Il est toujours plaisant d'entendre dire qu'on est jolie, même si, oui, c'est superficiel présenté ainsi. Mais qui va me juger, hein ? Dieu ? Pfff... Pour ce qu'il intervient dans ce monde, j'ai bien le droit de penser comme je le désire. De toute façon, maintenant que j'ai connaissance des anges et des démons, je garde quelques griefs contre Lui.

On en vient bientôt à parler de l'autre démon qui rôde souvent non loin de moi. Acham est une enflure et ne partage sûrement pas ses petit projets avec moi, bien qu'il semble que j'en fasse partie. Sinon, pourquoi me faire subir son joug ? Pourquoi reste-t-il près de moi ? Une question qui semble éveiller la curiosité de mon voisin de comptoir. Il va même jusqu'à négocier un contrat avec moi.

Moui, toutefois, il est incapable d'accomplir ce que je souhaite le plus. L'autre renchérit alors qu'avec son génie, il pourrait bien inventer la machine à remonter le temps.

- Quelque chose me dit que c'est le genre d'entreprise qui prend bien trop de temps, enfin, façon de parler…

Et moi, je n'ai aucune envie d'être dans l'expectative pendant des années. Je ne le supporterais pas.

- Je trouverais bien une solution, marmonné-je.

Mais encore une fois, ma colère ne tarde pas à refaire surface. Toujours le même fichu problème. Dois-je pour autant en déduire que je ne suis pas humaine comme le suggère Edwin ? Ça me paraît invraisemblable. Parce que je me connais, non ?

Mais soit, admettons, je serais quoi alors ?

Monsieur le Démon écarte aussitôt plusieurs options. Une sorcière, hein ? Sauf que les démons n'entretiennent pas de très bonne relation avec eux. Je suis tentée d'ajouter qu'entre Acham et moi, nous étions loin du grand amour, mais je sais être incapable de le dire à voix haute. Alors autant préserver le bar.

- Donc, si je comprends bien, parmi les... Surnaturels, répliqué-je en reprenant ses propres termes, les loups-garous, les vampires et les sorciers sont les représentants majoritaires.

Je hausse un sourcil interrogateur. Je réfléchis à mes potentielles capacités. Mes doigts pianotent sur mon verre. Il y avait bien eu de drôles phénomènes la dernière fois que je m'étais trouvé dans un parc à Brooklyn. En étais-je malgré tout la cause ?

- Sinon, je peux aussi faire fuir les gens d'un seul regard, ça compte ça ?

Je souris, peu convaincue par ma propre réponse. Faire peur aux gens...

Finalement, Edwin me propose un marché pour mon problème d'emprise. Et non, la solidarité démoniaque, ça n'existe pas, ou du moins, elle a ses limites donc, aucun souci pour mettre à mal les plans d'Acham. Plus que cela, ça amuse Edwin. Ce n'est pas moi qui vais me plaindre au vu des circonstances.

- J'aurais dû m'en douter.

Des chaotiques mauvais quoi.

En ce qui concerne son prix, cela dépend de mon âme. Aussi, si celle-ci est viable, il la prendra et me laissera 30 ans de vie. Un bon prix d'après lui, mais qu'est-ce que j'en sais ? Il peut bien m'escroquer sans que je le sache.

Et dans l'hypothèse où mon âme n'est pas viable ? Eh bien, il précise qu'il veut bien être payé en nature.

Si ce n'est pas culotté, ça...

C'est la première fois que l'on tente de négocier une partie de jambes en l'air ainsi avec moi. Ma première pensée est d'être indignée. Peut-être même de lui balancer le contenu de mon verre. Et encore, c'est bien parce qu'il m'est impossible de lui mettre mon poing dans sa jolie figure.

Mais dans un second temps, sa proposition, quoi que quelque peu osée, a de quoi me pousser à la réflexion. Comme il le souligne, je n'ai aucune envie d'être l'esclave d'Acham. Aussi, mon verre reste sagement posé sur le comptoir.

- Tu me laisserais 30 ans de ma vie, hein…

Je fais la moue.

- 30 ans de ta vie pourquoi ? rétorque Acham à un pas derrière moi.

Ma mâchoire se crispe à la simple tonalité de sa voix. Il s'approche bien sûr, avant de faire la navette entre Edwin et moi.

- 30 ans de gloire et de richesse, Acham, que je mens dans un sourire. C'est un bon prix d'après Edwin et j'avoue que c'est assez tentant.

Hors de question qu'il se rende compte de ce que j'essaye de faire.

- Oh, vraiment ?

Il s'accoude au bar, se penche, et m'observe avec air condescendant au possible.

- Tu sais Mercy, il y a toujours une arnaque lorsqu'on négocie avec un démon. Et puis... Tu croyais pouvoir faire un deal avec lui sans que je le sache ? Me prends-tu pour un idiot ?

Cette fois, mon verre se brise entre mes doigts tant je le serre fort. La tension monte d'un cran. De plusieurs crans même.

- Assez, je crache.

Derrière moi, je peux sentir l'agressivité des gens s'exacerber. Je me lève de ma chaise. Mon sang bouillonne et mon regard poignarde la vermine. Certains clients venus déguster une boisson semblent se figer. D'autres encore fuient comme pris de terreur [Aura de peur : 15, réussite critique].

Mon sourire se fait mauvais, je m'approche, mais avant même que ma main s'empare de mon bourreau, il disparaît.

Oh, lui aussi a dû prendre peur... C'est ce que j'ai lu dans son regard.

spoiler:

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Mercy Blackwell

J’haussai les épaules à la remarque sur William comme quoi il avait su préserver l’héritage. Oui, il avait plutôt bien gérer ma fortune. Il aidait même l’Enfer à sa façon en créant des néphilim démoniaque. Bref, William était une cible de choix pour Lucifer mais lui non plus, à la fin, n’aura pas la chance de pouvoir emporter son argent avec lui. Je me demande bien à qui l’argent ira quand le cœur de William lâchera définitivement. E-SAK ou Edward ? Probablement aucun des deux.

De fil en aiguille, on finit par parler de contrat et de ce que je pouvais lui proposé. Mercy semblait vouloir, plus que tout, revenir en arrière. C’était quelque chose que je n’avais jamais compris. Revenir en arrière est stupide. On n’est jamais sûr que si on faisait les choses autrement tout ira comme on le veut ensuite. Par exemple, si tu réussi à sauver quelqu’un d’une mort certaine en revenant dans le passer, rien n’indique que cette action ne tuera pas quelqu’un d’autre que tu aimes plus tard… Ou bien d’autres choses encore.

Mais je gardai mes réflexions pour moi disant que, de toute façon, tout ça n’était pas réalisable à moins que je ne crée une machine à voyager dans le temps ce dont je me croyais clairement capable mais Mercy déclara que ça devait prendre du temps d’en faire une.

-Oui. Ça prendrait du temps.

Elle marmonna alors qu’elle trouvera bien une solution. J’haussai nonchalamment des épaules. Qu’elle trouve une solution ou non, finalement, je m’en fichais un peu.

Mercy voulu m’en dire plus mais sembla être bloquée et la façon dont elle frappa le comptoir me fit déclarer qu’elle n’avait rien d’humaine. Elle pourrait bien être sorcière. C’était une hypothèse mais une hypothèse bancale. Elle constata, donc, que les sorciers, loups garous et autre vampires étaient majoritaires. J’hochai de la tête.

-Oui. Avec les démons. Il y a aussi beaucoup de démons en quête d’âmes.

Et elle était clairement quelque chose… Restait à savoir quoi. Elle déclara qu’elle pouvait aussi faire fuir les gens en un seul regard. J’esquissai un sourire en coin.

-Est-ce vraiment un pouvoir ? Ou bien tu les regardes tous comme si tu allais les tuer et c’est pour ça qu’ils fuient ?

Je la regardais de haut en bas avant que mon sourire ne s’élargisse.

-Non, ça doit définitivement être un pouvoir parce que, sinon, je ne vois pas pourquoi ils te fuiraient même si tu leur fais un regard noir.

Elle était bien foutue et c’était une femme alors je doutais que les gens fuient devant elle sans raison.

Mais ce qui l’ennuyait le plus, c’était l’emprise qu’avait l’autre démon sur elle. Alors, je lui lançai les bases de mon contrat : 30 ans de vie contre sa liberté. C’était un contrat alléchant avec une garantie si jamais son âme était inutilisable. Une garantie qui assouvirait mon propre plaisir personnel.

Elle réfléchit alors que je sirotais mon verre et quand elle répéta les années que je lui donnai, j’allais répliquer que oui mais mon regard avait déjà capté l’autre démon juste derrière elle.

Malgré qu’il arrivait au plus mauvais moment, je gardai mon sourire alors que Mercy envoya un très bon mensonge pour répondre à la question de l’autre démon que je toisai tout en sirotant mon whisky avec toute la nonchalance du monde.

-C’est un très bon prix.

C’est ce que je dis pour commenter le mensonge de Mercy. Mais le démon ne semblait pas satisfait que Mercy fasse des deals dans son dos.

J’allais répliquer mais le verre dans la main de Mercy se bisa. Je levai un sourcil alors qu’elle se leva disant qu’elle en avait assez.

Et je me sentis bizarre [Manipulation 15 contre le 15 de l’Aura de peur]… Je fixai Mercy en serrant les dents alors que mon cœur se mit à battre plus vite. J’avais reculé d’un pas alors que l’autre démon c’était volatilisé. Autour de nous, c’était le chaos… Les gens autour de nous fuyaient et une partie, dans la salle, se battaient sans aucune raison.

Et tout ça venait d’elle… Je le sentais. Et je sentais aussi une peur me prendre aux tripes si bien que j’avais envie de vomir tellement je me battais contre si bien que j’avais lâché mon verre de whisky qui s’était bisé au sol…

-Merde…

C’est ce que je lâchai alors que je fixais toujours Mercy.

-Arrête ça…

C’est ce que je lâchai les dents serrée.

-Tu es quoi, bordel ?

Elle ne le savait pas mais je n’arrivais plus vraiment à réfléchir.

Je me fis bousculer par quelqu’un qui fuyait mais je ne m’en formalisais pas. J’essayais simplement de combattre cette peur.

Il fallait que je combatte la source pour ça.

-Arrête !

Je dis ça en usant de mon propre pouvoir de persuasion [Manipulation +14]. En espérant que ça suffise.

-Il est partit, c’est bon maintenant !

Mais, maintenant, je comprenais pourquoi le démon avait tant d’intérêt à tenir cette fille captive.

Watch and learn

ft.Edwin Stark

Je vis donc dans un monde où vampires, loups-garous, sorciers et démons sont monnaie courante. Comment, pendant toutes ces années, ai-je pu passer à côté d'un si gros truc ? Comment le monde a-t-il pu passer à côté de ça ?

Quelque chose me dit que toutes ces découvertes ne sont que le sommet de l'iceberg. L'Arena n'est qu'un petit bout de cet univers, certainement qu'il existent bien d'autres strates ailleurs. Forcément. Et moi dans tout cela ? Que m'a fait Acham lors de cette soirée ? Qu'est-ce qu'il m'a vraiment fait ? D'après Edwin et les fissures creusées par ma main, je ne suis pas humaine. Du moins, je ne le suis plus.

Ça aussi, il va me falloir du temps pour digérer cet état de fait. Alors je lance à moitié sérieuse que je peux, d'un simple regard, foutre la frousse aux gens. La remarque semble amuser le démon à mes côtés.

- Parce que ça ne peut pas être les deux ? Un pouvoir et une envie de les faire partir ?

J'avoue, j'ai un peu de mal à ne pas me dire que c'est n'importe quoi. Edwin, lui, prend quelques secondes pour me détailler de la tête aux pieds avant de me lancer un large sourire. Oh, je le connais très bien ce regard, celui du type qui apprécie ma plastique. De fait, il conclut que ça doit être un pouvoir. Traduction : t'es beaucoup trop jolie pour faire peur à une mouche.

Une légère moue se dessine sur mes lèvres. Le raisonnement ne me plaît pas trop. C'est comme entendre dire qu'une femme ne peux pas vraiment être prise au sérieux. Le pire, c'est que mon voisin a sans doute raison.

- Moui.

Du reste, il arrive à deviner mon problème principal qui n'est autre que cette ordure d'Acham. Aussi, il me propose de m'aider via un contrat puisque je n'ai encore jamais promis mon âme à qui que ce soit. Bien sûr, la méfiance est de mise, après tout, c'est un démon, mais contrairement à moi, il paraît  beaucoup moins perdu que moi. Alors, autant écouter ce qu'il a à dire ?

Seulement, nous sommes interrompus par l'apparition impromptue de la vermine. Visiblement, ce dernier a pu capter quelques mots de notre conversation. Par chance, pas tout, j'en profite alors pour lui servir un mensonge. Et avec le sourire en plus !

Monsieur semble peu convaincu, même lorsque Edwin appuie mes dires. En revanche, sa dernière petite pique pour me titiller est la parole de trop. Je me campe aussitôt sur mes deux jambes. L'orage tonne dans mon esprit.

Mon verre éclate en mille morceaux. Derrière moi, celui d'Edwin subit le même sort.

La tension est si épaisse, si lourde qu'elle me donne l'impression de pouvoir étouffer les personnes autour. Sauf moi. Cependant, la seule personne que je veux voir suffoquer est devant moi. Mes doigts se tendent comme des serres prêtes à le découper, mais avant même de pouvoir l'atteindre, il s'évapore, ne laissant qu'un vide frustrant.

Mes dents se serrent et je peux entendre mon voisin de comptoir maugrée.

Lorsque mes yeux balayent le bar, je lis la panique sur les traits des individus encore présents. Même Edwin a reculé d'un pas.

Je suis quoi, hein ?

La colère est toujours là, brasier qui enfle dans mes entrailles pour brûler mes veines.

- C'est ce que j'essaye de déterminer, tu vois Edwin… Mais peut-être qu'en fin de compte, je vais me contenter de détruire…

Tout détruire. Pourquoi ? Je ne sais pas, juste une envie, une terrible envie de violence, de chaos et de cendres.

Soudain, un mot résonne. Un ordre. [14 vs 10]

Un instant, je cligne des yeux dans l'incompréhension totale. La tempête dans mon esprit n'est plus.

- Qu'est-ce que t'as…

Un brusque mouvement attire mon attention et j'ai juste le temps de m'écarter pour voir deux types se jeter sur le bar dans un méli-mélo de bras et de jambes. Quand je me retourne vers le reste de la pièce, c'est pour constater que l'Arena est devenu un immense champ de bataille. Mon cœur sursaute.

Okay, là, c'est beaucoup trop pour moi. Je ne peux pas rester, après tout, j'ai bien assez observé et appris. Que ce soit moi ou pas qui ait provoqué cette merde, je m'en contre-fiche. Par conséquent, sans même un regard en arrière, je me faufile vers la sortie, priant pour ne pas être happée dans la mêlée.

Watch And Learn

Mercy Blackwell

J’esquissai un sourire en coin quand Mercy déclara que sa facilité qu’elle avait à faire peur aux gens pouvait peut-être venir de mes deux suppositions. Peut-être. Je ne doutais pas qu’une fille comme elle avait bien envie, parfois, qu’on lui foute la paix.

-Si, ça peut être les deux. Mais un pouvoir ça aide.

Oui parce qu’elle ne me faisait pas bien peur, la jolie Mercy. Elle était même plutôt attirante. Quand je dis ça, je vis bien que ça ne plaisait qu’à moitié à Mercy pourtant, c’était vrai. La plupart des gens n’ont pas peur des femmes qu’ils rencontrent dans la rue. Je ne dis pas qu’elle sont toutes inoffensives… Je savais que les femmes étaient capables de faire aussi mal qu’un homme. Surtout quand elles ont des pouvoirs.

Après ça on parla contrat et l’autre démon vint s’en mêler ce qui fit qu’on dû mettre notre conversation en suspend parce que tout ça ne plaisait pas à l’autre démon. C’était lui qui m’avait laissé la voie libre en me laissant parler à Mercy. Il croyait quoi ? Que j’allais passer à côté d’une occasion de la lui voler ?

Quoi qu’il en soit, le démon montra toute sa désapprobation et la manière dont il le fit ne plut pas du tout à Mercy.

Et c’est là que tout dégénéra.

Son verre et le mien éclatèrent alors que je fus prix d’une envie de vomir parce que la peur essayait de m’envahir et que j’essayai désespérément de combattre ça avec mes pouvoirs.

Mais ce n’était pas évident et l’Arena sembla être comme pris dans un tourbillon de folie alors que des bagarres éclatèrent de part et d’autres pendant que les gens proches de nous étaient pris de panique. L’autre démon s’était déjà enfui mais je résistai à l’envie de faire la même chose en demanda à Mercy ce qu’elle était.

Elle était en colère, ça s’entendait dans sa voix et je serrai des dents quand elle répliqua qu’elle aimerait le savoir mais que, pour l’instant, elle préférait détruire.

-Tss…

Elle ne savait, donc, réellement pas ce qu’elle était mais elle était bien quelque chose et quelque chose de puissant. Pas étonnant que l’autre démon avait des vues sur elle. Elle avait bien un intérêt.

Mais pour l’instant, je ne savais pas fanfaronner… Je pouvais juste essayer de faire en sorte que tout ça s’arrête… J’utilisais donc mon pouvoir de persuasion pour essayer de faire taire le sien.

Et ça fonctionna.

Les battements de mon cœur ralentir et ce que je ressentais disparu doucement. Les bagarres continuaient quand même. Mais je ne fis pas attention à eux.

Mercy aussi sembla comme déstabilisé alors j’affichai un sourire en coin.

-Je suis le meilleur, voilà ce qu’il se passe.

Mais je ne pus pas me venter plus longtemps parce que deux types se jetèrent sur le bar un peu plus loin et ça attira l’attention de Mercy… Et l’instant d’après, elle fila vers la sortie.

Je devrais la suivre… Mais à la place, je me laissai tomber sur le tabouret reprenant mon souffle après ma propre débauche de pouvoir.

Je ne savais pas ce qu’était Mercy…

Mais il faudra que je sache. Il faudra que je la retrouve.