Let the show begin

ft Alan Hunt

La journée s’était écoulée rapidement, trop…. L’heure du spectacle approchait et Syragane se sentait passablement nerveuse. Pourtant, les apparitions en public, elle connaissait par cœur, lors de tous ces nombreux cultes, lors des cérémonies d’alliance, de naissance, des réceptions organisées par le roi et les dieux savaient combien elles étaient nombreuses occupant tour à tour le rôle de grande prêtresse, de conseillère ou offrant des représentations de danses pour célébrer Ishtar avec toutes ses autres prêtresses.

Elle était habituée à parler devant une foule de gens, à se faire entendre et respecter, à voir les gens s’écarter sur son passage et s’incliner en signe de déférence parce qu’elle était la Grande prêtresse.  Mais là….. ce n’était clairement pas le même contexte. Pour mieux s’habituer à ces spectacles donnés par les houdinis, elle assistait chaque soir à chacune des représentations, toutes données sur des thèmes différents, tournant plus autour de l’acrobatie, de l’humour ou des enfants, des animaux plus rarement, et surtout, surtout oui de la magie….

Alors bien sûr, elle s’inquiétait non seulement de figurer ce soir parmi les numéros offerts pour amuser la galerie, mais surtout qu’elle disparaisse au moment le plus inopportun. Sur ce point, Samuel l’avait rassurée. C’était là, la spécialité des Houdinis, faire croire que le faux était vrai, et au contraire que le vrai était faux ! Et au final, tout le monde n’y voyait que du feu ! Et surtout chacun en avait pour son argent en passant un bon moment sous le grand chapiteau.  

Elle devait donc se contenter de faire le numéro pour lequel elle s’était entraînée toute la semaine, sous le regard attentif du nouveau monsieur loyal. Et si jamais un incident devait arriver, il avait déjà donné les consignes à tous les techniciens du spectacle. Chacun savait exactement ce qu’il avait à faire, c’était ainsi qu’il en allait depuis toujours.

Enfin pour Syragane, elle préférait quand même éviter de disparaitre en plein spectacle, même si tout était prévu, parce qu’elle avait rendez-vous ensuite avec Alan et qu’il allait justement venir pour la « voir »…. Alors si elle était invisible, ça n’allait pas le faire ! haha !
Bon en attendant, à ce niveau, elle avait tout prévu. Les guichetiers avaient reçu son signalement et son nom. Alan était donc ce soir un invité, et à ce titre, il allait pouvoir prendre place aux premiers rangs, autour de la banquette. Quant à elle, elle allait devoir aller se préparer, et enfiler sa « tenue de scène »….une tenue qui l’avait laissée sans voix quand Samuel la lui avait fait découvrir.

- Qu’est-ce que tu fais encore, là ? la houspilla gentiment Jane qui était toujours partout à la fois, à croire qu’elle aussi avait un don magique ! Mais Jane lui avait assuré que non.

Enfin bref, il était temps qu’elle aille se préparer.

Let the show begin

ft Alan Hunt

Les lumières s’étaient éteintes, avant que le spot principal ne se rallume, éclairant le seul et unique personnage présent au cœur de la piste, un Rumpelstiltskin dans ses grands jours, avec un costume qu’il avait fait faire sur mesure pour lui, un monsieur loyal revisité, avec son haut de forme, l’uniforme en queue de pie, le pantalon noir, les bottes noires parfaitement cirées, sauf qu’au lieu du rouge et du blanc traditionnel, le tout était en noir, et d’un gris vert. Sur le haut on pouvait deviner les écailles d’un animal, imitant parfaitement la peau d’un serpent ou non, plutôt était-ce celle d’un crocodile.

Et Rumpelstiltskin présenta le spectacle qui ce soir serait sur le thème des milles et une nuit, avec ses manières grandiloquentes habituelles et sa voix particulière qui parfois montait dans les aigus. A la fin de sa présentation, il leva la main et disparut dans un claquement de doigt, ou était-ce simplement l’obscurité revenue qui l’avait englouti ?

Il y eut quelques minutes de préparation quand ensuite, la lumière revint, pour faire place à des jongleurs et souffleurs de feu, numéro dont Mike et Sean faisaient partie, ainsi que d’autres artistes acrobates de la troupe. Le tout mis en valeur par une musique orientale, des jeux de lumières adéquats et des décors assortis qui étaient diffusés sur l’écran au dessus, de la porte par laquelle entraient les artistes.
Les jongleurs laissèrent à leur tour, la place aux acrobates, aux dresseurs de faux tigres, plus clowns que dresseurs pour l’occasion, provocant les rires du public avec les facéties des hommes déguisés en fauves.

Puis Rumpelstilskin revint encore et annonça cette fois un tout nouveau numéro, une toute première prestation pour une mystérieuse danseuse venue tout droit d’un mystérieux et lointain pays qui n’existait selon lui que dans les légendes de l’Orient.

- Ouvrez grand vos yeux et vos oreilles, et laissez-vous envoûter par la magie de Syragane ! conclut-il avant de disparaitre à nouveau.

Puis les lumières s’éteignirent complètement, laissant comme d’habitude un petit temps de flottement pour la préparation avant de revenir…..


Un seul faisceau éclairait le centre de la piste, avec dans son rayonnement presque surnaturel, Syragane, enrobée d’un voile légèrement diaphane et complètement blanc. Elle s’en était drapée comme d’un drap, dissimulant jusqu’à son visage excepté ses yeux, les mains en position de prière, comme si elle se recueillait.

Puis la musique commença à retentir, doucement, envoûtante, violons magiques de l’orient, mélodie sensuelle qui semblait avoir tiré la prêtresse de sa transe.  Son corps commença peu à peu à onduler, toujours dissimulé par le voile blanc, tel un animal mystérieux aux ondulations serpenteuses.

Et plus la musique retentissait, plus elle prenait en vigueur et en rythme, plus le corps se mut dans une danse venue de la nuit des temps, de ce pays de légende qui se racontait ce soir à travers les ondulations du corps de Syragane. Le drap retomba enfin, dévoilant des épaules nues, un ventre et des jambes longues et fines qui accrochèrent chaque regard, disparaissant parfois sous le voile que Syragane faisait tournoyer autour d’elle.

Le voile était plus qu’un accessoire, il sublimait le corps et la danse faite pour séduire et envoûter ou était-ce autre chose qui créait cette impression qu’il n’y avait plus que la danseuse au centre de la piste qui comptait, effaçant tout le reste ? Tout autre pensée, tout autre désir que celui de se perdre dans sa contemplation  ?

Le voile se gonflait d’air, tourbillonnait autour d’elle, soulevant parfois un léger fil de sable venant danser à son tour autour de Syragane, dévoilant chaque partie de son corps tour à tour, des bras à la peau dorée et cerclés d’or qui dansaient comme habités d’une conscience propre autour d’elle, une longue chevelure laissée libre qui ondulait et accompagnait chacun de ses pas, soulevés parfois par un courant d’air venu de nulle part. Et enfin parfois, il y avait ce regard mordoré qui accrochait le vôtre, et vous fascinait au-delà de la raison, jusqu’à le perdre pour vous laisser absorber par la danse à nouveau, jusqu’à découvrir la jupe de voiles assortis, dans le même tissu tout aussi aérien qui auraient pu laisser croire au départ qu’elle ne portait rien à part son voile.

Tout était fait pour attirer le regard, du bustier cousu de perles et de fils dorés, jusqu’à la ceinture tribale à sa taille qui brillait d’éclats d’or à chaque rayonnement des faisceaux qui étaient là pour mettre la danseuse en valeur et chacun de ses pas, pas nus sur le sable, tournant, marquant le rythme de coups de hanches, saccades, et enfin les ondulations du ventre qui roulait dans une parfaite harmonie, jusqu’au bout de ce voyage des milles et une nuit.

Et il y eut ce moment où ce fut le regard d’Alan que Syragane accrocha. Il était là, assis au premier rang, et elle le capta aussi longtemps qu’elle put, lui adressant un sourire avant de disparaitre un instant derrière son voile, ondulant de quelques mouvements encore, jusqu’à ce que la musique cessa. Alors ses mouvements cessèrent et lentement, très lentement le voile retomba sur le sol aussi léger qu’une plume, privé de sa magie du vent.

Sous le grand chapiteau, il n’y avait désormais plus aucun bruit. C’est à peine si l’on entendait une respiration. Syragane s’inclina légèrement, faisant un geste des mains jointes contre elle, ce qui n’avait rien à voir avec le numéro appris, mais qui était sa façon de remercier Ishtar d’avoir accompagné ses pas ce soir….. et lui avoir évité de devenir invisible.

Derrière le rideau on s’inquiétait. Sean regarda Samuel alias Rumpelstiltskin, lui demandant s’ils devaient faire quelque chose. Samuel souriait, il semblait plutôt satisfait. Puis il fit signe aux techniciens des lumières de remettre l’éclairage sur tout le chapiteau et fit signe à Sean et aux autres artistes qui des coulisses avaient assisté au spectacle de se mettre à applaudir, et peu à peu le public suivit le mouvement, se réveillant d’un étrange et merveilleux rêve.


(envoûtement: 12, aérokinésie: 10)

Let the show begin

ft Alan Hunt

Si les températures avaient été plus douces, elle aurait peut-être gardé sa tenue de scène, encore que sentant sur elle les regards insistant des uns et des autres, elle préféra finalement revêtir un jean et un sweat shirt aux épaules ajourées, avec une petite veste en cuir par-dessus parce qu’il faisait encore frais. Puis elle mis des ballerines, et s’empressa de laisser le grand chapiteau derrière elle.

Elle ne voulait pas faire attendre Alan trop longtemps, et puis ils devaient encore s’essayer aux fameuses attractions. Quoiqu’elle se réjouissait plus de le retrouver lui que de grimper dans ces engins fous ! Repassant par l’intérieur du chapiteau puis empruntant la sortie réservée au public, elle n’eut aucun mal à le repérer un peu à l’écart.
Aussitôt son visage s’éclaira d’un sourire et elle se dirigea vers lui.

- Bonsoir Alan !

Elle lui fit spontanément la bise, une seule, une habitude qu’on prenait vite quand on vivait dans ce monde. Elle n’attendit pas longtemps pour lui poser la question qui lui brûlait les lèvres. On lui avait déjà dit que son numéro était très bien, mais elle avait envie de l’entendre de sa bouche :

- Alors ? Vous avez aimé ?

Elle ignora les regards autour d’eux, toute son attention concentrée sur Alan et sur son avis. Elle ne réalisa même pas qu’elle avait parlé en anglais. Mademoiselle Kent avait raison, c’était en le parlant tout le temps qu’on apprenait le mieux, si bien qu’elle l’adoptait à présent de manière naturelle.  

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ft Alan Hunt

Elle qui espérait un compliment sur sa danse, ne pensait plus du tout à ça, et sa surprise se transforma en un magnifique sourire.

- Oh merci ! Oui quand on est dans l’anglais tous les jours, pour les cours ou pour ici, on apprend très vite.

Et en plus, il avait apprécié le spectacle, en précisant que tout le public avait aimé aussi mais c’était son avis à lui qui comptait. Elle en fut donc deux fois plus fière et heureuse. C’était plus important pour elle qu’il n’y paraissait. Ce n’était pas juste une démonstration de danse, c’était en quelque sorte, une complète reconversion et en voyant le sourire d’Alan, elle se dit que ça devait être réussi. Pour sa part, oui ma foi, elle avait aimé ça, avoir un public, même si très différent de son public de Babylone, car au fond elle avait toujours apprécié avoir son audience.

Quant à parler anglais ou arabe, elle rit en lui emboîtant le pas :

- Je ne sais pas, si vous voulez, je parle anglais et vous arabe ? Difficulté de conversation élevée ! Elle rit encore, en expliquant : Jane dit souvent ça.  

Puis il lui demanda si elle se sentait prête à « braver » les attractions. Elle était prête à essayer oui et elle hocha la tête pour le lui signifier.

- On peut essayer le grand huit, et après se promener sur la plage. J’aime beaucoup la plage, elle me rappelle le désert, avec tout ce sable !

Et comme ils se rapprochaient gentiment de l’énorme montagne russe, Syragane ralentit un peu le pas et avec une moue le prévint :

- Mais si je crie ou j’ai peur, vous me promettez de ne pas vous moquer d’accord ?

Son regard pétilla parce qu’au fond même si il en rirait elle ne lui en voudrait pas, mais c’était une façon de lui dire que ce pourrait être très probable qu’elle crie ou qu’elle s’accroche à lui. Déjà son cœur battait un peu plus fort, anticipant la peur avant même d’être montée sur l’engin. Ce qui finit par arriver plus vite qu’elle ne l’aurait cru. Et Syragane paraissait soudain bien plus crispée qu’en ayant accueilli Alan. Elle finit par lui saisir la main et fit une moue dépitée.

- Ishtar dit que je dois avoir du courage, mais là, il en faut beaucoup ! Vous avez plus courage que moi, je crois. A deux, on doit pouvoir survivre, déclara-t-elle avant de rire nerveusement.

Let the show begin

ft Alan Hunt

Syragane rit et lui expliqua :

- Je crois qu’elle voulait dire quand deux personnes ne parlent pas la même langue. Car même en parlant la même langue, parfois on ne comprend pas. Mais c’est comme vous voulez, parler arabe ou anglais, pour moi égal.

Elle lui sourit et opina de la tête quand il lui répondit qu’il souhaitait apprendre pour ensuite apprendre la langue à sa petite fille. Quant aux montagnes russes, oui, Syragane avait peur, elle avait déjà peur en voiture, enfin les quelques trajets effectués lui avaient permis de s’habituer un peu, mais ça restait quelque chose de très spécial pour elle habituée à aller soit à cheval ou à dromadaire, en bateau ou alors oui à pied tout simplement.

Alors ça, ce qu’elle observait à présent, elle n’était vraiment pas certaine d’apprécier. Mais Alan la rassura en lui disant que lui non plus n’était pas très courageux. Oh allez, il disait ça pour lui faire plaisir, mais elle apprécia. Il lui expliqua en outre que les gens aimaient se faire peur. Alors ça c’était déjà plus étonnant vu la taille de ces engins, leur peur devait être terrible, mais soit ! Elle pouvait comprendre le concept, après tout, les amuseurs de son temps, étalaient des dons de fakir ou encore d’enchanteurs de serpents ce qui effrayaient les gens, mais ils en redemandaient toujours.

Quant à s’accrocher à lui, oui, ça risquait fort d’arriver. Syragane lui glissa un regard en coin, lui rendant son sourire. Alors quand elle fut installée, elle agrippa sa main, en inspirant profondément, et en effet apprécia la vue au sommet, adressant un sourire à Alan.

- Oui c’est magnifique !

Et elle n’eut ensuite plus du tout voix au chapitre, subissant cette peur que tant adoraient ressentir de plein fouet, tandis qu’autour d’elle, elle entendait les gens hurler et rire…. Oui non elle ne rit pas vraiment et comme promis s’agrippa à Alan, jusqu’à ce qu’enfin cet engin infernal s’arrête. Alors elle reprit son souffle, et toute décoiffée, commenta :

- C’est …. C’était … elle n’en trouvait plus ses mots que ça soit en anglais ou en arabe. Effrayant, finit-elle par dire en arabe.

Elle descendit de cet engin de la mort, sans lâcher la main d’Alan et vacilla sur ses jambes, avant de s’accrocher à lui.

- Je ne crois pas que je veux retourner, dit-elle avec un sourire piteux. C’est très violent ! Je préfère plage conclut-elle avec un sourire retrouvé. Je préfère le calme. Elle se tenait toujours à lui. Vous voulez aller promener ? tenta-t-elle en espérant qu’il n’aurait pas envie d’y retourner.

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ft Alan Hunt

Oui l’idée du cheval au galop, elle pouvait comprendre. Et elle adorait ça comme elle le lui confirma :

-oui j’aime faire du cheval, beaucoup. J’en fais, j’en faisais souvent ….avant, termina-t-elle d’un air mélancolique. Ici il n’y a que des voitures et elle soupira, avant de regarder l’engin qui s’était remis à tourner.

- mais ça c’est pire qu’un cheval, c’est comme de se faire secouer dans tous les sens, jusqu’à ce que vous rendiez …..elle hésita sans trouver les mots, concluant en arabe : jusqu’à ce que vous rendiez tout ce que vous aviez dans l’estomac.
Puis elle rit soudain.

- Enfin si les gens ne peuvent pas faire du cheval je pense qu’ils font ça à la place pour avoir plus de sensations.

Et elle lui sourit enfin, le dévisageant tandis qu’il semblait plutôt heureux de sa soirée.

- Pour se sentir plus vivant oui.

Mais pour le moment elle avait besoin d’un peu de calme, de sérénité même, après la musique et la folie des manèges, aussi lui avait-elle proposé d’aller à la plage juste à côté du parc et fut ravie qu’il accepte. En fine gourmande, elle apprécia la dégustation des fameux beignets, s’appliquant ensuite à retirer tout le sucre de ses doigts, puis riant parce qu’il l’observait.

- C’est très bon. J’aime les ….. les douceurs.

Ils s’étaient assis dans le sable face à la mer et Syragane répondit à sa question, prenant un air à nouveau mélancolique.

- J’ai appris depuis que je suis vierge d’Ishtar. Dès l’âge de huit ans, des filles sont choisies dans familles et emmenées au temple pour consacrer à la déesse. La danse du ventre, est danse de fertilité, rituel pour hommes pour qu’Ishtar donne ses grâces, … des enfants ajouta-t-elle pour essayer de mieux expliquer. Les enfants être très grand bonheur et joie pour les parents. Rituel appris depuis que je suis petite, et autres choses comme savoir défendre avec sabre, combat, beaucoup d’entraînement, partie de la tradition. Et puis pour occuper aussi quand le roi ne convoque pas pour ses soirées. J’ai aussi fait diplomatie pour roi, savoir recevoir invités, discuter, soigner, avant de devenir Grande prêtresse, et être conseillère et oreille attentive pour le roi. Et puis soigner encore les pauvres et les malades sans famille. Eux venir chaque semaine au temple pour voir la Grande prêtresse. J’apporte surtout réconfort, j’apportais, corrigea-t-elle, jouant distraitement avec le sable le ramenant sur ses pieds qu’elle avait finit par déchausser.

Elle soupira et se tourna vers lui :

- Aujourd’hui, je danse pour amuser le public et je fais des combats, …spectacle pour amuser, pas pour de vrai, juste pour ….faire peur. Je ne suis plus grande prêtresse ici, faire partie du passé, passé envolé en poussière.

Sa voix n’était plus qu’un murmure et elle frissonna même s’il ne faisait pas vraiment froid, avant de serrer ses bras autour de ses jambes.

Let the show begin

ft Alan Hunt

Le temps…. Pour tous ces humains, il s’était écoulé des siècles, des milliers d’années entre son kan à elle, et celui dans lequel elle s’était retrouvée projetée. Mais pas pour elle, comme elle le répondit à Alan en le dévisageant :

- Moi aucun temps s’est écoulé, c’était quelques semaines seulement que j’étais enfermée dans le tombeau.

Elle soupira et appuya sa joue sur ses genoux, le visage tourné vers Alan qui lui disait qu’elle leur apportait aussi du réconfort même s’ils n’étaient ni roi, ni prince. Que ce qu’elle faisait, les aider à oublier un quotidien et parfois un travail difficile.

- Et vous Alan ? Est-ce que je réconforte aussi vous ? Votre travail…. Est-il difficile ?

Elle décrocha un de ses bras autour de ses genoux pour venir caresser sa joue.

- Il y avait un roi dans mon pays, mais je n’ai pas toujours réconforté que le roi. J’étais là pour tout le monde, pauvre comme riches, les pauvres aussi ont droit à l’amour.

Elle le dévisagea encore un instant avant de lentement laisser retomber sa main. Puis elle regarda droit devant elle, les reflets dansant de lumières dans l’eau.

- C’était peut-être accident, juste accident. Elle voulait que j’empêche Nergal d’envahir le monde de la lumière et de laisser les ténèbres cacher le soleil. Que j’empêche les nergalis de trouver la porte de Namur, mais je suis arrivée trop tard. Et Ishtar depuis qu’elle a su qu’on était dans Kan très loin de Babylone, je ne l’ai plus vue ni entendue.

Soudain elle soupira et se redressa légèrement avant de sourire à Alan.

- Mais vous avez raison, elle me met peut-être à l’épreuve, et je dois garder courage. Je ne sais pas encore ce qui m’attendre ici, mais vous me donnez vous aussi le courage de continuer le chemin tracé par Ishtar. Mais assez parlé de moi. Parlez-moi de vous Alan, de votre travail, votre vie. Vous n’avez pas de femme dans votre cœur ?

Le regard de Syragane pétilla de malice et d’intérêt aussi. Un bel homme comme lui ne pouvait pas être célibataire. Il y avait forcément une femme quelque part.

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ft Alan Hunt

Syragane l’écouta avec attention, parler de son travail, s’étonnant de ce qu’il disait… détective de surnaturel ? Quand à apprendre la magie de Nocte, Syragane sourit :

- Ça je connais, moi devoir apprendre magie offerte par Ishtar, pouvoirs d’Enlil être grands, mais être plus difficile quand moi disparaître comme le sable qui s’envole. Est-ce que vous pourriez montrer votre magie de Nocte ?

Après tout, tous les surnaturels qu’elle avait rencontrés jusque là, n’étaient pas avares de démonstration, bien au contraire ! Et puis le sourire d’Alan était contagieux, lui faisant oublier sa nostalgie et ses problèmes. Comme il le lui fit comprendre, ils en avaient tous, même si différents, tous devaient lutter avec divers problèmes pour s’en sortir.  Et lui c’était avec son nouveau « métier » de père qu’il devait composer. Ce qui fait sourire Syragane.

- Je veux bien croire qu’Oniera apporte beaucoup bonheur. Enfants précieux, souffla-t-elle le regard brillant.

Quant à sa théorie sur les accidents divins, même si elle laissa Syragane perplexe, tant parce qu’il lui disait qu’il n’était pas croyant jusqu’il y  a peu, mais par ce qu’il lui dit à ce sujet, elle fut très intéressée par sa vision du destin.

- C’est vrai que c’est très compliqué. Plusieurs dieux et les gens changent de croyance. Il y en a des nouveaux et comment dire ? On oublie les anciens, c’est très particulier ça pour moi. Ishtar est réelle, pas juste croyance, beaucoup plus que ça, plus que des textes dans livres comme le Dieu chrétien. Mais peut-être parce que je n’ai pas même religion et que je ne le connais pas. Et les gens font guerre pour dire mon Dieu est le meilleur.

Elle soupira et fit un geste vaste.

- Ce n’est pas sujet très joyeux, pardon, lui dit-elle en souriant.

Mais il y avait un autre sujet qui l’intriguait plus encore, le fait qu’elle ne lui connaissait pas de femme, enfin peut-être en avait-il une ? Mais il ne lui en avait jamais parlé. Et elle avait besoin de savoir. Il lui expliqua qu’il n’avait personne mais qu’il avait déjà été marié. Syragane fut surprise. Il ne l’était plus. Ah oui, Jane lui avait expliqué ce qu’était le divorce. C’était peut-être plus pratique que de prendre à chaque fois une nouvelle épouse finalement. Même si Ishtar ne devait pas approuver cette façon de faire, parce que cela voulait dire briser les sacrements du mariage.

Puis il y avait eu quelqu’un d’autre, mais apparemment ça n’avait pas été jusqu’au mariage cette fois. C’est du moins ainsi qu’elle l’interpréta. Quant il conclut qu’il était heureux d’être rentré finalement, Syragane reprit sa main dans la sienne.

- Je suis contente aussi que vous être rentré. Sinon je n’aurai pas croisé votre chemin, dit-elle, plongeant son regard dans le sien.

Et ce fut au tour d’Alan de lui poser une question, question qui étira son sourire et fit briller un peu plus son regard parce que quelques autres membres de la troupe, lui avaient déjà posé la même question.

- J’ai été Vierge d’Ishtar, de mes huit ans jusqu’à âge où les jeunes filles deviennent des femmes. Choisir ce qu’elles font ensuite. Moi mon chemin déjà écrit là, dit-elle en lui désignant une tache de décoloration blanche sur son poignet droit dans le creux et elle avait nettement la forme d’une étoile. J’étais destinée à devenir prêtresse d’Isthar. Les prêtresses oeuvrent pour la grande déesse de l’amour, apprendre les rites sacrés, s’occuper des gens qui n’ont pas de famille et des malades, s’occuper des plus jeunes, apprendre puis enseigner et servir la grande prêtresse et le roi. J’ai tout appris, y compris le combat mais aussi plaisirs du corps. Je ne suis plus vierge depuis très longtemps et offrir mes faveurs au roi et quelques hommes avant. Pour roi être bénédiction pour fertilité. Son sourire se fit plus amusé parce qu’à chaque fois ça provoquait de drôles de réaction quand elle disait ça. Alors elle précisa encore : je vivais seulement avec mes mères, et sœurs, toutes être fille d’Ishtar. Dans grand temple d’Ishtar. Hommes interdits venir mais les interdits parfois ne sont pas toujours obéis.

Syragane sourit.

- Mais ici, les règles sont différentes.

Et elle se pencha vers lui, son regard lié au sien avant de fermer les yeux tandis que doucement elle déposa un baiser sur ses lèvres, attendant de le laisser réagir, lèvres flirtant sensuellement avec les siennes.

Let the show begin

ft Alan Hunt

Il accepta de lui montrer mais il lui expliqua que le lieu ne s’y prêtait pas. Ce qu’elle comprit parfaitement, et ce qu’elle crut encore plus comprendre et qu’elle exprima à voix haute, c’était qu’il était une sorte de marchand de sable !

- Comme dans les légendes. Les marchands de sable sont les maîtres des rêves. Je sais ce que vous êtes ! s’exclama-t-elle avant de baisser le ton, parce qui sait qui pouvait les entendre sur cette plage !

Alan lui expliqua sa vision de la religion et pourquoi il avait été athée jusque là.

- Je comprends, parfois si trop compliqué, mieux vaut croire en rien mais là c’est plus encore que croyance, c’est certitude, une fois qu’on a vu et entendu. Moi c’est le cas pour Ishtar.

Et Syragane fronça légèrement les sourcils.

- Vous avez croisé un Ange ?

Là elle n’était pas sûre de comprendre mais la conversation dévia sur sa propre histoire, ou plutôt ce que les gens ici pensaient aller avec son histoire, comme le fait qu’elle n’avait droit à aucun rapport sexuel. Ce qui était loin d’être le cas, comme elle le…. Rassura ? Et Syragane sourit en l’entendant s’excuser.

- Non, ce n’est pas grave. Vous n’êtes pas premier à croire ça.

Le regard de Syragane brilla tandis qu’elle le dévisageait et le voyait rougir. Il avait ce côté un peu timide qui lui plaisait bien et avec lequel elle pouvait parfaitement composer comme elle le lui prouva. Elle, n’avait aucune sorte de timidité, un grand respect certes, mais parfois elle savait que c’était nécessaire que la femme fasse le premier pas. Ce qu’elle fit, sentant Alan réagir à son baiser, réveillant des frissons des plus agréables sur sa peau quand sa main vint au contact de son visage.

Alors elle ouvrit les yeux à son tour pour croiser le regard très vert d’Alan qui lui posa une question mais dont elle n’était pas certaine du sens. Lui demandait-il pourquoi elle l’avait embrassé ? Elle choisit de l’interpréter ainsi.

- J’avais envie.

Elle sourit, posant sa main sur celle d’Alan toujours sur sa joue.

- vos baisers sont doux comme les beignets ajouta-t-elle avant de rire doucement et de reprendre plus sérieusement : vous me plaisez beaucoup Alan. Et de demander. Et vous, quel est votre désir, mon beau marchand de sable ?

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ft Alan Hunt

L’idée qu’il pouvait être proche des marchands de sable amusa Alan, comme quoi elle avait peut-être une idée faussée de ce qu’il était mais du moment que ça le faisait rire. Elle était donc encore plus intriguée par ses facultés offertes par Sîn, comme elle, les avait reçues d’Ishtar, fille de Sîn. Ca ne pouvait donc pas être juste un hasard. Comme le fait qu’elle avait croisé son chemin à peine quelques jours après son arrivée dans ce kan.

Depuis elle s’était quelque peu rapprochée d’Alan, ou c’était simplement parce qu’elle le trouvait séduisant, un rapprochement normal pour des personnes célibataires et donc tout naturellement elle avait fait un geste plus intime vers lui, avec un baiser pour sceller ce nouveau pas qu’elle avait volontairement franchi, en douceur pour ne rien brusquer. Car contrairement à Sean, Alan ne semblait pas fait du bois des hommes qui manifestaient dès les premiers instants, clairement son attirance. Ce qui fut plus évident encore quand il lui demanda pourquoi elle l’avait embrassé.

Syragane répondit tout naturellement que c’était parce qu’il lui plaisait. Il n’ y avait aucune honte à en avoir, surtout que tous deux étaient célibataires. Mais peut-être que ce n’était pas le cas pour lui ! Peut-être que comme il lui avait posé la question, n’avait-il jamais imaginé qu’il puisse y avoir quoique ce soit d’autre entre eux qu’une amitié. Même s’il avait plutôt bien réagi à son baiser.

Aussi sa réponse sous forme de compliment qu’il lui fit, la rassura-t-elle complètement. Syragane lui sourit, regard brillant de milles étoiles. Et si elle eut besoin d’une autre confirmation, il la lui donna en l’embrassant à son tour, y mettant cette fois plus de passion à laquelle elle répondit avec la même ferveur, laissant son corps se rapprocher du sien, ses mains glissant sur son torse et son cou, frissonnant quand leurs langues se trouvèrent. C’était délicieusement troublant et ça lui démontra combien elle en avait envie, et combien le contact d’un homme lui avait manqué.

Elle s’écarta au bout d’une éternité et lui sourit, lui murmurant un poème en akkadien :

- Que j’aime tes baisers dont chaque soir désormais, j’emporterai le souvenir avant de m’endormir. Et elle reprit en anglais, lui en faisant la traduction, avant d’ajouter. C’est une jolie conclusion à cette belle journée, beaucoup de frissons et de sensations.

Et comme pour appuyer cette déclaration, elle se pencha pour l’embrasser à nouveau, ayant encore envie de ressentir ce frisson de plaisir. Elle finit par plonger ses yeux dans les siens.

- J’aime beaucoup cet endroit, mais je crois que je l’aimerai plus encore désormais.

Et elle rit avant de demander.

- Veux-tu rester encore ? ou as-tu envie d’autre chose ? On peut parler si tu préfères, ou…..on peut ne plus parler, conclut-elle d’un sourire velours.

Let the show begin

ft Alan Hunt

Ca pour des émotions, elle en avait eu son content, même si le meilleur était pour la fin. Rien ne pouvait être comparé à ce frisson de plaisir qu’elle avait ressenti à ses baisers et qu’elle ressentit encore plus étroitement liée à lui, lui rendant son baiser avec une conscience aigue de son contact, de la chaleur de son corps qu’elle percevait à travers ses vêtements. Rien n’avait été anticipé ou prévu, ça s’était fait le plus naturellement du monde. Ma foi oui, elle ne pouvait nier qu’il l’attirait, indéniablement et elle fut heureuse de découvrir qu’elle aussi ne le laissait pas du tout indifférent.

Alors elle lui demanda ce qu’il désirait faire et il préféra profiter encore de cette belle plage, au calme tandis que les promeneurs s’étaient retirés peu à peu. Ils étaient désormais seuls avec en arrière-plan, les lumières du parc. Et face à eux, la mer avec sa myriade de scintillements, reflétant les lumières des gratte-ciels plus loin. Syragane avait vite découvert qu’ici, même la nuit, l’obscurité n’était jamais complète et c’était quelque chose qu’elle appréciait beaucoup, elle qui ne pouvait dormir dans l’obscurité.

Las pour elle, malgré le cadre idyllique, vint le temps de rompre le charme magique de ce moment. Alan avait des responsabilités, une fillette qui devait l’attendre. Et elle allait devoir le laisser partir, même si au final il l’invita à le retrouver chez lui le lendemain, pour un repas. Elle apprécia beaucoup l’intention et accepta spontanément l’invitation.

- C’est avec grand plaisir, dit-elle avec un beau sourire. Et je viendrai assez tôt pour pouvoir profiter un peu de compagnie d’Oniera.

Puis elle rit, avant de déclarer :

- Je suis sûre que tu cuisines beaucoup mieux que moi. Je sais seulement faire des pâtes cuire dans l’eau. Ou cette drôle de nourriture dans boîtes. La cuisine est pas mon talent, avoua-t-elle dans un nouveau rire.

Mais elle en avait d’autres assurément. Alors elle se redressa avec la grâce qui la caractérisait, après avoir pris la main qu’il lui tendait, et revint se glisser dans ses bras. Puis Syragane déposa un dernier baiser d’une douce sensualité sur ses lèvres, non sans caresser son cou de ses mains fines, avant de s’écarter.

- Merci pour cette belle journée et ….pour tout le reste. Pas utile me raccompagner, sinon je crains que je ne te laisse plus partir après.

Déclaration qu’elle accompagna d’un sourire caressant, avant de lui faire un signe de la main et de s’éloigner en direction du quartier des mobil-homes, s’assurant en se retournant encore quelques fois qu’Alan retrouvait bien l’entrée du parc pour regagner sa voiture et sa propre maison. Elle lui fit un dernier signe et chacun repartit de son côté.