Damage Control

ft. Datalore & Third of B

Exceptionnellement, la porte de mon bureau est ouverte comme une invitation à entrer. Et si j’en crois l’heure affichée sur l’écran de mon ordinateur, je ne vais pas tarder à recevoir de la visite.

Datalore et Third of B.

Deux noms bien particuliers, et pour cause, l’un est un androïde, l’autre fait partie d’un essaim de drones. Je n’ai que bien peu d’informations à leur sujet, si ce n’est que leur créateur est un des consultants du SPN, le docteur Noonien spécialisé dans la robotique.

Toujours est-il que je dois les rencontrer suite à une occurrence détectée par la convergence qui menace la sécurité même du SPIN. Et puisque Datalore et Third of B participent à la sûreté des lieux, il est donc logique de leur faire part de ce qui va éminemment se produire afin de neutraliser le danger.

Mes supérieurs hiérarchiques, en amont, ont déjà été prévenus et ont approuvé l’initiative.

19h00.

Deux silhouettes font leur apparition et déjà, mon regard dissèque l’aspect de ces nouveaux arrivants. Du premier, la chose frappante est sans aucun doute son regard jaune. Du reste, il a l’apparence d’un homme caucasien dont l’épiderme est aussi blême que le mien. Le second, si lui aussi arbore l’apparence d’un type caucasien, en revanche, cicatrices et implants technologiques griffant les traits de son visage ont tôt fait de divulguer la véritable nature de cet être humanoïde.

Cela a de quoi m’intriguer, surtout pour un drone.

- Entrez, Datalore et Third of B. Vous pouvez fermer la porte derrière vous

De mon côté, je me lève de mon tabouret pour leur faire face, blouse noire et éternelles tresses pour coiffer mes cheveux.  

- J’ai demandé à vous rencontrer afin de vous informer d’une prochaine attaque que subira le SPIN, le 3 décembre 2023.

Il est inutile de me présenter puisqu’ils sont déjà au courant de mon identité et de mon rôle au sein de l’organisation.

- Ne connaissant pas votre fonctionnement, j’ai préféré vous rencontrer en personne afin de pouvoir échanger sur ce que nous pouvons mettre en place pour neutraliser la menace.

Je les observe chacun leur tour, attendant une réaction de leur part concernant ma déclaration.

Damage Control

ft. Third Of B & Jazz Ravenloft

Je souriais… C’était ce qui définissait ce léger étirement de ma bouche alors que j’étais connecté aux drones du SPIN. Le lot B était parfaitement opérationnel et efficace.

Et il commençait à apprendre. Donc, j’apprenais aussi, par extension. Ce qui m’avait intrigué le plus comme apprentissage était le fait que Third Of B s’était fait un ami. Frank Barnes. Son premier ami.  

Les drones ne dormaient pas. Pas au sens où un humain l’entendrait. Ils avaient besoin de quatre heures de recharge par périodes de 24 heures. Et, étant vingt, cela permettait qu’il y ait toujours au moins un drone par étage du SPIN, en permanence.

Moi, je n’avais pas besoin de recharge, ce qui me permettait de les diriger 24h/24 et 7J/7. Mais le Dr. Noonien tenait à ce que je prenne du « temps libre » pour explorer jusqu’où je pouvais aller dans ma quête d’humanité. C’était un trait apparemment inattendu de ma personnalité et cela intéressait mon créateur au plus haut point.

Ce fut avec un sourire encore plus grand que le mien (qui n’était qu’une imitation), qu’il vint s’asseoir à côté de moi. Je détachai les yeux de mes écrans pour le regarder, curieux.

-Datalore ! Tu vas avoir ton premier rendez-vous, aujourd’hui. Une première interaction avec un humain qui ne sera pas moi.

J’analysai ses expressions faciales mais ne parvint pas à l’identifier. Mais je savais qu’un sourire était positif.

-Date ? Heure ? Localisation ? Identité de l’humain ?

Il répondit sans aucune once d’hésitation.

-1 Novembre 2023, soit aujourd’hui. 19 :00. SPIN. Niveau 0 bureau 35. Agent Jazz Ravenloft. Niveau 8.

Je hochai la tête de manière un peu raide. Encore une imitation.

-Pourquoi ?

Le Dr. Noonien sembla particulièrement content.

-Aaaah je l’attendais avec impatience cette question ! Pas pour la réponse que je vais t’apporter mais parce que le seul fait que tu poses la question va au-delà de mes espérances.

Je le regardai dans les yeux, insistant.

-Ce n’est pas la réponse. Je répète : pourquoi un rendez-vous avec l’agent Ravenloft ?

Cela provoqua chez le Dr. Noonien un bref son spasmodique que j’identifiai comme un rire. Je m’étais déjà entraîné à rire mais j’ignorais si mes essais étaient concluants.

-Très bien ! Très bien Datalore : l’agent Ravenloft est la conceptrice d’un algorithme plus qu’intéressant et elle veut partager ses derniers résultats avec toi. Parce que tu gères la sécurité artificielle du SPIN et que, du coup, cela te concerne.

Je penchai la tête sur le côté, un mouvement qui était toujours un peu brusque, artificiel. Qui indiquait que j’étais intrigué.

-Mm. Bien reçu, j’y serai. Enclenchement chronomètre interne. Alarme à 18 :55.

Le Dr. Noonien se leva.

-Ok, parfait. Oh ! Et prends Third Of B avec toi. J’ai dit à l’agent Ravenloft qu’il viendrait. Ton dernier rapport sur lui indique qu’il apprend vite et à une faculté particulière pour communiquer avec les autres. Enfin, avec les humains, je veux dire.

Il quitta ensuite mon bureau et je repris mon travail.

A 18 :50, j’entrai en communication avec le collectif.

*Contrôle ok. Seventh Of B relève de Third Of B. Maintenant. Third Of B. Dans 5 minutes, quartiers de la matrice centrale.*

Third Of B fut là dans les 5 minutes. Et encore 5 minutes plus tard, nous nous trouvions devant le bureau 35 du niveau 0 du SPIN. La porte était ouverte. Et je me retrouvai devant un problème : mon programme gérant les rituels ayant trait au respect et à la politesse des humains m’indiquaient qu’il fallait frapper avant d’entrer.

Mais la porte était ouverte. Que faire ?

Fort heureusement, le problème fut vite résolu par l’agent Ravenloft elle-même qui nous indiqua comment faire : entrer et fermer la porte derrière nous. Je laissai entrer Third Of B puis suivis ses instructions. Puis, me tenant comme au garde à vous, je déclarai :

-Bonsoir, agent Ravenloft.

Elle se leva et je la scannai. Elle était petite mais proportionnée selon des nombres quasiment parfaits. Un humain l’aurait probablement qualifiée de jolie sans savoir que c’était parce que son physique remplissait des critères de proportion idéaux selon la norme de notre époque.

Elle nous annonça qu’une attaque allait être perpétrée au SPIN, dans 33 jours si on incluait aujourd’hui. Elle voulait connaître notre fonctionnement pour neutraliser la menace.

-La neutralisation de la menace est notre fonction principale. Je suis la matrice centrale soit le pilote des drones dont Third Of B se fait le représentant aujourd’hui. Il y a exactement 20 drones semblables à Third Of B au SPIN. Tous sont interconnectés.

Je marquai une courte pause.

-La première réaction logique serait d’augmenter le nombre de drones par niveau en date du 3 décembre 2023 en fonction de la gravité de la menace que votre algorithme a détecté.

Damage Control

ft. Jazz Ravenloft & Datalore

Nous avions bien remarqué que chaque jours était différents. Les missions sont les mêmes mais la journée ne se déroule pas de la même façon en fonction d’avec qui nous travaillons. Nous nous étions rendu compte que nous préférions quand l’agent Barnes travaillait avec nous. Mais nous savions aussi très bien que les probabilités de travailler avec lui était plus faibles que de travailler avec les agents de niveau 5. Des agents que nous apprenions à connaitre et, aujourd’hui, nous savions que la journée allait être difficile.

Nous étions affecté au niveau -4a avec les agents Fringer, Steele et Brandon… Nous pouvions dire que si nous aimions beaucoup l’agent Barnes, nous n’avions pas le même sentiment envers l’agent Fringer. Nous étions toujours, ou presque, en service avec lui mais, aujourd’hui, les interactions directes nous revenaient à nous. Nous avions appris que Fringer n’aimait pas nous parler quant à Brandon, il nous avait permis d’en apprendre plus sur la notion de l’argent mais nous semblions être un obstacle à en obtenir plus.

-C’est le numéro combien celui-là ?

C’était la question de Steele alors que cela faisait désormais deux heures que nous avions pris notre service et qu’aucune mot n’avait été échangé entre nous et les trois agents. D’autres drones avaient plus de chance aux autres niveaux. Nous étions concentrés sur ces interactions-là ainsi que sur notre mission.

-On s’en fiche… Celui-là je l’appelle « le nain ».

C’est ce que répliqua Fringer alors que nous levâmes un sourcil devant cette appellation dont il nous étais impossible sans interroger longuement la matrice centrale de savoir ce que ça signifiait. Car si les données venant du Collectif était facile à obtenir, il nous fallait plus de temps pour interroger Datalore.

-Nous sommes Third Of B.

Fringer répliqua:

-On t’a rien demandé à toi.

Il ne nous avait rien demandé mais tout ceci nous concernait, non ? Nous avions pris un air perplexe mais nous nous tûmes alors que Fringer s’adressa à Brandon.

-Travaille bien, hein, Ethan… Sinon, ces drones vont te remplacer et finit les primes.

Nous n’avions pas encore réussi à bien expliquer aux agents que nous n’étions pas là pour les remplacer. Nous ne prenions, maintenant, plus le temps de leur expliquer. Nous n’avions plus que quelques heures à passer avec Fringer, Brandon et Steele aujourd’hui. Nous en avions déjà beaucoup entendu mais nous devions être patient.

*Contrôle ok. Seventh Of B relève de Third Of B. Maintenant. Third Of B. Dans 5 minutes, quartiers de la matrice centrale.*

Nous affichâmes un air surpris. Nous ne savions pas pourquoi nous devions rejoindre la matrice centrale. Pourquoi nous ? Pourquoi maintenant ? Nous avions beaucoup de questions qui s’étendirent dans tous les Collectif. Nous étions convoqués.

Seventh Of B arriva et nous partîmes pour rejoindre Datalore à l’heure demandée. Nous devions aller voir l’agent Ravenloft. C’est ce qui nous fut expliqué. Nous n’avions encore jamais rencontré l’agent Ravenloft mais, désormais, chaque nouvelle rencontre éveillait en nous un mélange de curiosité, de joie et d’une grand appréhension. Autrefois, seul la curiosité et la joie était suscité par cet évènement.

Nous nous retrouvâmes devant le bureau de Ravenloft. Elle nous invita à entrer et nous le fîmes. Nous restâmes à côté de Datalore, debout, les mains croisée devant nous et le regard très curieux devant cette femme à la petite stature et aux cheveux aussi noirs que les nôtres.

-Bonsoir, agent Ravenloft. Nous sommes heureux de vous rencontrer.

Nous l’avions salué à la suite de la matrice centrale mais avec un ton chaleureux.

Elle se leva et nous expliqua que, en date du 3 décembre 2023, le SPIN subira une attaque. Nous ne savions pas qu’il était possible de prévoir une attaque. Cette donnée nous faisait nous questionner mais nous devions être concentré sur les mots de Ravenloft qui voulait nous rencontrer afin de neutralisé cette menace future.

Datalore expliqua notre fonction et nos aptitudes ainsi qu’une solution à ce problème futures. Nous, nous étions des exécutants ainsi nous ne pensions pas avoir notre mot à dire sur les choix finaux qui seront pris pour empêcher cette attaque. Mais nous avions quand même des questions. Car nous savons que nous seront en première ligne et que nous devions savoir à quoi nous attendre afin de réaliser au mieux notre mission.

*Quel genre d’attaque ?*

*D’où viendra-t-elle ?*

*Quelles armes seront utilisées ?*

*Nous n’aimons pas l’agent Fringer…*

-Quel genre d’attaque aura lieu ? D’où viendra-t-elle ? Quelles armes seront utilisées ? Qui seront les assaillants ?

Notre ton était digne de celui d’un enfant curieux.

Damage Control

ft. Datalore & Third of B

Pour Datalore et Third of B, le SPIN est donc une sorte de ruche où le premier endosse le rôle de la reine des abeilles et le second, celui de l’ouvrière. Une comparaison d’autant plus à propos lorsqu’on s’appelle Third of B. Toutefois, je ne peux que m’interroger sur les raisons qui ont poussé le docteur Noonien à désirer joindre le drone à cet entretien.

- Si vous êtes la matrice, Datalore, y a-t-il une utilité à la présence de Third of B ?  

Car un drone n’est qu’une machine, n’est-ce pas ? Une machine, certes, particulière, avec ce côté organique, mais une machine quand même. À moins qu’il y ait une nuance que je n’ai pas saisie.  

Mais peu importe, en fin de compte, cela ne change pas l’objectif de cette rencontre, alors j’expose à mes deux invités ce qu’il en est. Et la nouvelle d’une prochaine attaque au SPIN, me vaut une réponse directe et sans ambages.  

Augmenter le nombre de drones en fonction du niveau de la menace.

Et Third of B de poser plusieurs questions pertinentes, quoique son intonation soit étrangement enfantine.  

- L’attaque est d’une gravité qui s’élève à 86 %. Elle proviendra de l’extérieur et de l’intérieur et visera la libération, principalement, des démons. Pour ce qui est des auteurs, je n’en ai identifié qu’un sur les deux, il se nomme Edwin Stark, c’est un démon, peut-être que cela vous dit quelque chose ?

À nouveau, je les observe, curieuse de l’intelligence qui se dissimule derrière ces entités artificielles. Sont-ils au courant du rôle qu’a joué Edwin Stark, à une époque, au SPIN ? Car c’est une donnée à prendre en compte, tout comme son génie en matière de technologie.

- Il est plus que probable qu’Edwin Stark tente de hacker le système de sécurité du SPIN, ce qui vous inclut vous. Avez-vous des défenses contre ce genre d’attaque ?

Bien sûr, tout système a ses failles, mais peut-être pourrions-nous réduire les risques jusqu’à un pourcentage suffisamment minime.

Damage Control

ft. Third Of B & Jazz Ravenloft

Je sentais quelque chose venant du Collectif… Mais je n’avais pas les capacités pour bien cerner de quoi il s’agissait. Mais ce n’était pas forcément agréable. Je regardai quelques seconde Third Of B qui se tenait à côté de moi, dans l’espoir que ses expression faciale, qui étaient plus élaborées que les miennes, me donnent un indice sur ce que le Collectif ressentait.

Mais Third Of B était concentré sur la mission, malgré les messages du Collectif. Et donc, son visage était presque aussi inexpressif que le mien. D’ailleurs, m’en rendant compte, j’étirai un peu la bouche dans un vague sourire. Le Dr Noonien disait qu’un sourire attirait la sympathie et c’était ce que je cherchais à susciter chez l’agent Ravenloft. Ce dont je ne me rendais pas encore bien compte, c’était qu’il y avait un temps pour sourire et un temps pour être sérieux.

L’agent, qui était aussi docteur, demanda des précisions sur la présence de Third Of B.

-Le Dr. Noonien l’a envoyé avec moi pour parfaire son apprentissage des relations humaines. De plus, notre créateur pense que les drones gagnent à être connus des agents de niveaux supérieurs. Mais il est aussi une aide pour moi car il peut me traduire certains comportements typiques des humains que je ne comprends pas.

Et moi de sourire de plus belle, plus franchement. Etait-ce adapté ? Je n’en savais rien.

En tâche de fond, mes programmes recherchaient ce que je pouvais savoir sur Fringer. L’agent Fringer. SPN05120491 était un jeune agent de 32 ans affecté au niveau 5 et donc au SPIN et qui répondait à toutes les normes en vigueur pour ce poste. Quelque chose avait fait qu’il avait été épinglé par le Collectif mais je me trouvais dans l’impossibilité d’aider mes enfants en ce qui le concernait.

Donc, je leur envoyai la seule solution que m’inspirait cette anomalie :

*Ignorez agent Fringer. Standby pour solution ultérieure.*

L’agent Ravenloft, pendant ce temps, avait exposé le problème relevé par son algorithme : une attaque imminente du SPIN. J’avais directement apporté une solution d’urgence, mais je manquais de données pour en élaborer une plus correcte.

J’ouvris la bouche, mais mes programmes avaient tendance à aller plus vite que l’élaboration du résultat apporté par lesdits programmes en paroles compréhensibles par les humains. Third Of B alla donc plus vite que moi et je refermai la bouche.

Il avait posé toutes les questions d’un bloc. Mais je ne détectai pas de signe d’exaspération chez l’agent Ravenloft (le Dr. Noonien m’avait donné quelques bases en mimant lui-même quelques expressions) qui se contenta de répondre, apportant les données manquantes dans l’équation permettant une réponse adéquate.

Je regardai l’agent Ravenloft d’un regard peut-être un peu trop fixe, l’écoutant attentivement. Le pourcentage de gravité était élevé. La cible : les démons incarcérés au SPIN en vue d’une évasion. L’auteur, Edwin Stark.

Une alerte rouge se mit automatiquement en route dans mon esprit, alertant tout le Collectif instantanément.

Edwin Stark.

-Edwin Stark. Né le 12 mars 1942. Entrée en fonction au SPN comme agent scientifique de niveau 7 le premier décembre 1972. Chef de projet Sine Virtute en 1973.Chef du projet Rebirth en 1980. Décédé le 20 décembre 1989. Identifié sous la forme d’un démon le 19 février 2023. Recherché pour capture. Note du Dr. Noonien : ATTENTION DANGER.

Je ne savais pas trier les informations quand j’en avais. Je n’avais pas encore acquis la capacité de déterminer quelle information était réellement pertinente par rapport à une autre. Sauf si la question était précise. Mais « Peut-être que cela vous dit quelque chose ? » n’était pas une question précise. J’avais donc donné toutes les informations de base sur Edwin Stark.

Edwin Stark comptait, d’après les informations de l’agent Revnloft, hacker le système de sécurité du SPIN. Nous. Moi. Le Collectif. Je ne connaissais pas la peur, mais si j’avais été plus humain, cela aurait probablement été ce que j’aurais ressenti.

-Nous avons plusieurs pare-feu sophistiqués mais nous ignorons quelles sont les capacités d’Edwin Stark en piratage informatique. Si un des drones est touché, tout le Collectif sera automatiquement infecté. Je pourrai alors tenter de le réinitialiser.

Je regardai Third Of B puis l’agent Ravenloft à nouveau. Je n’avais pas remarqué que j’oubliais de sourire.

-Si c’est moi qui suis hacké, Tout le système sera infecté. Il me faudra une aide extérieure pour venir à bout d’éventuels virus.

Celle du Dr. Noonien par exemple.

-Avez-vous des connaissances en informatique et robotique, Dr. Ravenloft ?

Damage Control

ft. Jazz Ravenloft & Datalore

Notre présence ici était questionnée par l’agent Ravenloft. Nous avions eu l’ordre de venir ici sans nous poser la question de savoir en quoi notre présence était utile. Nous savions que si nous avions était envoyé ici c’était qu’elle l’était d’une façon ou d’une autre. Nous nous posions souvent des questions sur notre environnement et tout ce qui le compose mais jamais sur les ordres qui nous sont donnés.

C’est Datalore qui avait la réponse à cette questions que nous avions écouté attentivement. Nous étions ici pour parfaire notre apprentissage. Nous avions esquissé un sourire à ça. Nous aimions apprendre de nouvelles choses et il était certaine que nous avions encore beaucoup de choses à apprendre. Chaque interaction avec les autres agents nous le montrait. Datalore avait ajouté que nous étions une aide pour traduire les comportements humains. Contrairement à nous, il n’avait pas d’émotions et avait du mal à les comprendre et les reproduire.

-Nous nous complétons. Datalore nous est indispensable pour fonctionner et nous l’aidons à comprendre les humains dont nous pouvons comprendre les émotions.

Nous répétions un peu les choses… Nous le savions. Mais nous voulons montrer que nous avions notre place ici. Car même si nous n’étions pas là pour juger si notre présence était utile ou non, nous apprécions être ici, pour le moment. Nous étions mieux ici qu’avec l’agent Fringer. Bien que nous étions toujours avec lui. Sa présence se faisait entendre dans tous les Collectif. Si bien que nous eûmes l’ordre de l’ignorer. Un ordre qui nous étais impossible de faire fi si bien que, en quelques secondes, toutes mentions de l’agent Fringer disparu.

Mais pas le sentiment que nous avions sur lui.

La matrice centrale avait proposé une première solution au problème future. Nous, nous avions des questions et elles sortirent toutes en bloc. Nous ne connaissions pas encore l’agent Ravenloft et nous ne savions pas si nos questions seraient bien vues. Certains agents aimaient les questions et d’autres non.

L’agent Ravenloft ne semblait pas agacée et elle avait expliqué la nature de l’attaque. Une évasion du SPIN. Des démons, plus précisément. Faite par Edwin Stark et un de ses alliés. Datalore avait les informations sur Edwin Stark et nous les eûmes nous aussi autant dans notre tête que dans nos oreilles vu que la matrice centrale fit un résumé de qui était Edwin Stark. Nous n’avions pas d’indication sur son allié. Nous savions que des informations manquantes augmentait le risque que nous ne puissions pas limiter au maximum les risques liés à cette attaque.

*Il y a des démons dangereux au niveau -4a.*

*Nous risquons d’être hacker. C’est ce qu’elle a dit ?*

*Oui. C’est ce qu’elle a dit.*

La gravité est de 86%. Nous savions que tout ça n’allait pas être facile mais nous n’avions pas encore été assez en contact avec le danger que pour ressentir de l’inquiétude. Nous étions conçu pour ce genre de chose, après tout…

L’agent Ravenloft demandait si nous avions des défenses contre ce genre d’attaque. Datalore expliqua notre procédure en cas de hacking. Nous ne pûmes nous empêcher de laisser transparaitre une petite grimace. Cette procédure nous ne l’avions pas encore vécue mais nous avions le pressentiment que ça n’était pas agréable. Tout comme si Datalore est infecté, cela nous touchera tous d’une certaine façon.

-Nous avons aussi des capacités en hacking. Si nous ne sommes pas touché, nous pouvons tenter de reprendre le contrôle du système. Mais si nous sommes touchés nous devrons suivre la procédure et subir une réinitialisation…

Datalore avait une question pour Ravenloft. Nous regardâmes l’agent avec des yeux curieux. Quand elle eut répondu, nous nous permîmes une questions.

-Vous avez dit que l’attaque viendra aussi de l’intérieur. Vous pouvez expliquer ? Avez-vous plus d’information ou bien cette menace intérieur vient des démons déjà présent au SPIN ?

Damage Control

ft. Datalore & Third of B

Cela me laisse dubitative. Surtout avec cet étrange sourire qu’esquisse Datalore.

Un apprentissage des relations humaines ? Avec les agents du SPIN ? Mais aussi pour une sorte de passerelle pour la matrice ? Mon regard fait la navette entre les deux êtres artificiels. Leur déclaration à de quoi surprendre. Mais peut-être pas tant que ça, étant donné la composition de Third of B.

En somme, ils cherchent à se fondre dans la masse afin de mieux s’associer aux humains. Enfin, c’est ce à quoi aspire le docteur Noonien. Ainsi donc, actuellement, je suis la cible d’une analyse pour parfaire ce fameux apprentissage. Malheureusement pour eux, mes muscles frontaux, temporaux, orbiculaires, zygomatiques, buccinateurs ou encore digastriques ne sont pas souvent mis à contribution.

- Si vous réussissez à décoder les émotions, m’adressé-je au drone, les ressentez-vous ?

Si tous deux sont des créations du docteur Noonien, ne devraient-ils pas saisir de manière égale les émotions et les sentiments ? Visiblement, ce n’est pas le cas et c’est un constat tout à fait curieux.

Quant à Datalore…

- Le sourire n’est pas adapté dans cette situation, l’informé-je.

La parenthèse terminée, je leur fait part d’une attaque de démons au SPIN. Ce n’est qu’après plusieurs suggestions et questions de l’androïde et du drone que j’apporte de plus amples explications. La matrice démontre qu’elle sait parfaitement qui est Edwin Stark, quoique les informations débitées auraient pu se résumer à une simple phrase.

Ainsi, par déduction, cet assaillant va sans aucun doute pirater le système de sécurité, et cela inclut aussi la matrice et son essaim. Une ruche dont les défenses se composent de pare-feu et des capacités de hacking des drones. Seulement, si cet Edwin Stark réussit à atteindre la matrice ou ne serait-ce qu'un des drones, c’est toute la colonie qui se retrouve infectée. Une faille loin d’être négligeable.

- Considérez les capacités de piratage informatique d’Edwin Stark comme élevées. Le plus important est donc de protéger Datalore contre la cyberattaque. Datalore, Third of B, vous est-il possible de détecter rapidement le drone corrompu et de l’isoler du reste du collectif afin qu’un virus ne puisse se propager davantage ?  

Pour ma part, mes spécialités sont l’étude des cadavres et la génétique. Certes, pour construire mon algorithme, il m’a fallu acquérir un minimum de connaissances en informatique, mais il est peu probable que je fasse le poids face à un Stark.

- Mes capacités sont au-dessus de la moyenne pour ce qui est de l’informatique, mais Edwin Stark me dépasse de loin. Ma spécialité demeure la génétique et l’étude des cadavres humains.

Il nous faut donc trouver une autre solution.

Third of B, lui, sait hacker. Mais dans le cas où cela s’avère insuffisant, l’essaim se fera tout simplement réinitialiser.

L’idée de faire appel à Willliam Stark ne me plaît guère pour plusieurs raisons, toutefois, il est indéniable qu’il est la personne la plus désignée pour aider à renforcer la résistance de Datalore et du collectif.

- Qu’en est-il du docteur Noonien ? Saurait-il vous sauvegarder d’une cyber-attaque d’Edwin Stark ?

C’est alors qu’une question de Third of B me fait tiquer, se reflétant par une légère crispation de la mâchoire. Parce que justement, mon algorithme n’a pas su éclaircir ce point précisément.

- Je n’ai pas d’autres précisions à ce sujet. En revanche, il est certain que si Edwin Stark et son acolyte inconnu réussissent à ouvrir les cellules, nos prisonniers, ou du moins en partie, vont devenir à leur tour des éléments hostiles.

Damage Control

ft. Third Of B & Jazz Ravenloft

Nous répondions aux questions de l’agent Ravenloft et elle répondait aux nôtres. C’était la première fois que j’avais ce qui ressemblait à une conversation en dehors de celles que j’avais avec le Dr. Noonien. Et à vrai dire, c’était très différent.

Le Dr. Noonien avait un panel d’expressions particulièrement élevé. Ce n’était pas le cas de l’agent Ravenloft qui me semblait en avoir encore moins que Third Of B. Ce dernier lui expliqua, dans ce qui était un peu une redite, que nous nous complétions.

Cela attira une question de la part de l’agent de niveau 8. Une question adressée à Third Of B. Elle voulait savoir s’il ressentait les émotions. C’était le cas, contrairement à moi. Parfois, le Collectif ressentait très fort l’une ou l’autre émotion et me la transmettait mais je n’étais pas conçu pour l’identifier et encore moins la gérer. C’était quelque chose que je devais encore apprendre.

Quant à mon sourire… Apparemment, il n’était pas adapté à la situation. Je laissai alors retomber les coins de ma bouche en une expression totalement neutre.

Ces questions résolues, nous nous penchâmes sur l’attaque à venir. Elle nous indiqua les capacités en informatique d’Edwin Stark comme étant élevées, information que j’enregistrai en essayant de lui donner un pourcentage, mais ne vain, je manquais de données.

-Si un drone est corrompu, j’aurais 5,24 secondes pour l’identifier et l’éteindre afin que le Collectif ne soit pas infecté. Au-delà de ce délais, tout le Collectif sera corrompu et la réinitialisation sera la seule solution.

J’avais expliqué aussi que si c’était moi qui étais infecté, c’était plus grave parce que j’étais le seul rempart des drones contre les cyber attaques. Cela m’amena à interroger l’agent sur ses capacités en informatique. Ayant l’habitude de travailler en collaboration, ne équipe, avec les drones, j’estimais naturellement que plus nous serions à nous pencher sur le problème, plus notre pourcentage de réussite serait élevé.

Elle affirma avoir un bon niveau en informatique, mais que ce n’était pas sa fonction principale. Son domaine était la génétique et la recherche à un niveau purement biologique.

Je regardai Third Of B… Sauf que mon expression neutre fut alors en décalage par rapport à  mes paroles qui furent :

-Fascinant !

Third Of B expliqua qu’il était un bon hacker, comme tous les drones ainsi que moi-même. Mais nos capacité en hacking ne sauraient être montrée que si Edwin Stark attaquait en premier. Alors, nous pourrions tenter de contrer. Sachant la date de l’attaque, nous pouvions être prêts.

-Bien sûr, le Dr. Noonien pourra, au vu des données précieuses que vous nous avez communiquées, travailler durant les 33 prochains jours sur le renforcement de nos défenses informatiques.

Third Of B demanda plus de précisions sur ce qu’il se passerait à son niveau, soit sur le terrain. Et l’agent Ravenloft expliqua qu’effectivement, si Edwin Stark ouvrait les cellules, il y aurait un très gros problème de sécurité à la fois pour les drones, mais aussi pour les agents SPN.

-Les drones seront-ils susceptibles d’être poussés à tuer ? Nous sommes programmés pour respecter toutes les formes de vie… Nous ne pouvons tuer… que pour défendre les agents ou le Collectif.

Damage Control

ft. Jazz Ravenloft & Datalore

Nous avions dit être capable de décoder les émotions et ceci avait provoqué une autre question chez l’agent Ravenloft. Nous hochâmes de la tête.

-Oui. Nous ressentons des émotions. Comme les humains. Nous avons été conçus pour leur ressembler un maximum afin de favoriser les interactions.

Ce n’était pas le cas de Datalore qui arborait un sourire qui, d’après Ravenloft, n’était pas adapté à la situation. Nous savions de notre maigre connaissance que les agents de niveau supérieurs étaient toujours très sérieux et que le sourire n’était pas quelque chose qu’ils aimaient voir quand ils parlaient de choses sérieuses. Or l’agent Ravenloft parlait de choses sérieuses et elle-même n’avait pas encore souris. Ainsi nous avions adopté une attitude neutre voir même un rien grave.

Elle nous avait exposé le problème. Il s’agira d’une évasion faite par Edwin Stark, un démon, et une allié à l’identité inconnue. Le problème nous concernant venait surtout des capacités de hacking d’Edwin Stark qui, d’après l’agent Ravenloft, étaient élevées. Nous ne savions pas si ça voulait dire qu’elles étaient supérieurs aux nôtres. C’était difficile de juger sans élément comparatif concret. Mais si nous étions piratés ou si, pire, la matrice centrale était piraté, nous n’aurons d’autres choix que de réinitialisés afin de ne pas mettre en péril de SPIN et les agents du SPN.

L’agent Ravenloft avait demandé s’il était possible de détecter rapidement un drone infecté. Nous, nous n’avions pas les capacités de le faire. Mais Datalore, oui, et il aura un peu plus de cinq secondes pour déconnecter le drones infectés. Encore une fois cette idées nous fit grimacer. Nous n’avions encore jamais été déconnecté. Nous appréhendions ça.

-Vous avez raison… La matrice centrale doit être protégée à tout prix. Si Datalore est infecté, nous serons une menace si Edwin Stark en prend le contrôle. Car nous ne pouvons résister aux ordre de la matrice centrale. Nous les exécutons quels qu’ils soient.

Nous avions été conçus pour nous défendre principalement contre des menaces surnaturelles. La probabilité qu’un de ses surnaturels ait des notions de hacking extrêmement élevée était faible. Nous avions 3 mois et nous étions pourtant déjà face à ce genre de menace.  

Les humains auraient dit : « c’est pas de chance. ».

Datalore s’était questionné sur les capacités de Ravenloft en informatique. Mais ce n’était pas sa spécialité et elle estimait ses capacités en dessous de celles d’Edwin Stark. Nous fîmes la moue alors que Datalore trouvait ça fascinant.

-C’est surtout dommage…

Car nous estimions que plus nous avions de personnes avec ce genre de compétences plus nous aurions de chance de contrer Edwin Stark. Le principe est qu’il est seul ou presque et que nous devrions être nombreux contre lui et son allié.

Ravenloft s’intéressa au Docteur Noonien et à ses capacités à prévenir la cyberattaque. Datalore répondit à ça et nous hochâmes de la tête pour confirmer ses dires.

Nous posâmes des questions sur la menace intérieur. Nous vîmes sur le visage de Ravenloft une crispation. Était-elle contrariée par nos questions ? Nous ne saurions le dire. Toutefois, elle y répondit. Elle n’avait pas beaucoup d’informations sur la menace intérieur mais qu’une ouverture des cellules provoquera une menace directe. Nous hochâmes de la tête.

-Nous sommes préparé à ce genre de menace. Nous pourrons faire face. Nous connaissons les pouvoirs des démons et autres surnaturels enfermés au SPIN. Nous savons leurs points faibles. Si nous arrivons à contrer la cyberattaque, nous devrions pouvoir contenir la menace démoniaque.

Nous nous avancions peut-être un peu. Nous n’avions encore jamais dû contrer une attaque d’une telle ampleur. Mais le Docteur Noonien nous avait mainte fois dit que nous étions prêts. Nous le croyions aveuglément.

Datalore posa alors une question qui intéressait particulièrement le Collectif. Nous n’aimions pas tuer mais nous pouvions le faire lorsque c’était pour protéger des vies. La nôtre ou celles des gens autour de nous que nous avions la charge de protéger.

Nous tournâmes notre regard vers Ravenloft. Un regard rempli de curiosité.

Damage Control

ft. Datalore & Third of B

La robotique est bien loin d’être ma spécialité, mais je ne peux que constater que Third of B est bien davantage qu’un simple assemblage de pièces mécaniques, électroniques, d’une batterie ou encore d’un processeur exécutant un programme. Aussi artificiel qu’est la création du docteur Noonien, elle se compose de parties organiques et surtout d’émotions. Est-ce que cela signifie que sous ce crâne couturé de cicatrice et d’implants, se cache un cerveau limbique ? Au-delà de séries de 1 et de 0, y a-t-il des neurones ? Un véritable système nerveux central ? Des cellules gliales ?

Les questions défilent alors que je considère le drone.

Seulement, ces questions devront attendre, car la priorité est à la très prochaine attaque que subira le SPIN. Et Datalore et son essaim de drones sont en tout point concernés. Mais toute technologie de pointe qu’ils représentent à eux deux, ils ne sont pas exempts de failles. Et cette faille devient particulièrement considérable lorsque l’auteur derrière la futur attaque n’est autre qu’Edwin Stark.  

Une cyberattaque est donc à prévoir.

Datalore doit à tout prix être protégé. Quant au collectif, il suffit qu’un drone soit infecté par un virus, et c’est tout le reste qu’il le devient. Datalore n’a qu’une étroite fenêtre de 5,24 secondes pour isoler le drone touché.

- 5,24 secondes seront suffisantes pour écarter le drone éventuellement touché par un virus ?

Si ce n’est pas possible, il est à prévoir qu’Edwin Stark s’arrangera pour prendre les commandes et obliger l’essaim à écouter ses ordres. Si nous arrivons à ce stade-là, inutile de dire que cela amènera à une inexorable catastrophe.

Peut-être est-il plus judicieux de retirer la matrice et sa ruche du système de sécurité durant la période concernée ? Car quelque part, leur présence aggrave le danger à venir.

Toutefois, je ne suis pas la plus indiquée pour savoir ce qui est le mieux à mettre en place. Comme je l’explique aux deux entités en face de moi, mon domaine d’expertise est ailleurs. Une nouvelle qui me vaut deux réactions différentes : Datalore trouve cela fascinant tandis que Third of B exprime sa déception.

Le docteur Noonien, en revanche, peut être une solution.

- Nous avons effectivement 33 jours pour nous préparer à l’attaque.

Third of B semble avoir de nombreuses données sur les prisonniers démoniaques du SPIN, ce qui est un bon point.  

- Oui, si vous résistez à la cyberattaque. J’ai cru comprendre que le docteur Noonien connaît, ou du moins, connaissait Edwin Stark puisque vous, Datalore, vous avez enregistré un “Attention danger” sur son dossier. Cela peut nous aider éventuellement à anticiper la manière dont il va nous attaquer. Quant à moi, je transmettrai à votre créateur, un rapport détaillé sur ce que j’ai pu prévoir de cette attaque.

Ensuite, il va nous falloir aviser.

C’est alors que la matrice me demande s’il est possible que le collectif soit amené à tuer.

- La gravité de l’attaque est de 86 %, cela signifie que des agents vont être attaqués, donc oui, vous serez assurément amené à tuer. Et si vous tombez entre les mains d’Edwin Stark, cette probabilité s’en trouve encore plus élevée.

C’est aussi simple que ça. Peut-être qu’au vu de la sensibilité de Third of B, j’aurais dû avoir plus de tact dans mes propos, mais cela n’a jamais été mon fort.

Mais la réponse, elle, demeure la même.

Damage Control

ft. Third Of B & Jazz Ravenloft

Je ne pouvais pas être jaloux. Je n’avais pas ce qu’il fallait pour l’être. Pourtant, quand Third Of B confirma avoir des émotions, je constatai que j’aurais bien voulu en avoir, moi aussi. Mais c’était impossible. Pas dans le sens où on l’entendait. Cependant, le Dr. Noonien était persuadé que, sans avoir de vraies émotions, je serais capable d’élaborer, avec le temps, quelque chose qui y ressemblerait cruellement.

D’où le fait qu’il encourage ma curiosité envers les humains.

Mais là n’était pas le sujet du jour. Le problème qui nous avait amené ici et l’iminence d’une attaque détectée par l’agent Ravenloft. Et le danger que représentait pour nous le futur auteur de l’attaque Edwin Stark.

Nous en vînmes à une conclusion : il faudrait me protéger. Car si j’étais infecté, je pourrais envoyer des ordres erronés au Collectif qui n’aurait d’autre choix que de les exécuter comme le précisa Thjird Of B.

Le Dr. Ravenloft, elle, se demandait si 5,24 secondes seraient suffisantes pour éviter un désastre.

Je la regardai, totalement neutre.

-Oui. Nous avons fait plusieurs exercices et simulations avec succès. Sans aller jusqu’à la déconnexion du drone d’exercice… Parce que ça… C’est…

Je n’arrivais pas à exprimer ce que je souhaitais dire. Il n’y avait pas de terme technique pour décrire ce qu’impliquait la déconnexion ne fusse que d’un seul drone… Alors de tout le Collectif ?

Je clignai des yeux alors que mon système se remémorait le dysfonctionnement et la déconnexion totale du lot A.

L’agent Ravenloft ne pourrait malheureusement pas beaucoup plus nous aider qu’elle ne le faisait déjà en épaulant le Dr. Noonien le jour de l’attaque, s’il fallait me mettre en quarantaine, voir m’éteindre (ce qui ferait que les drones seraient complètement perdus)… Car son domaine à elle relevait d’un tout autre domaine basé que la biologie et l’anatomie. Je trouvais cela fascinant. Third Of B, prenant en compte les données liées à l’attaque, trouvait cela dommage.

Third Of B expliqua ensuite que si nous passion l’épreuve de la cyberattaque, le reste devrait être géré avec assez de facilité. Mais c’était quelque chose qui n’était pas calculable. Nous avions à la fois trop et trop peu de donnée. Je pouvais calculer les capacités de réaction des drones, mais je ne savais pas comment se comporteraient les détenus.

Le Dr. Ravenloft conclut alors qu’avec les connaissances de Noonien sur Edwin Stark, nous avions un peu plus de chance d’anticiper.

-Je vois. Le facteur humain est donc important.

Je souris à nouveau parce que la suite de ce que j’allais dire n’était qu’une formule de politesse intégrée dans mes protocoles.

-Et merci d’avance pour votre rapport, Dr. Ravenloft.

J’avais encore une question. Devrions-nous tuer ? C’était une grande interrogation. Une interrogation à laquelle le Dr. Ravenloft répondit très précisément. Ce fut alors à la fois à elle, à Third Of B et à tout le Collectif que je m’adressai.

-Si nous sommes amenés à tuer, ce sera notre première fois. Le Dr. Noonien n’a pas de simulation pour cet acte.

Puis, de nouveau à l’agent Ravenloft.

-Qu’est-ce que ça fait, de tuer ? Je ne saisis pas très bien le concept de la Mort.

Puis, tout sourire à nouveau.

-Pourrais-je un jour assister à l’une de vos autopsies ? Je trouve cela très intrigant. Et peut-être en apprendrai-je plus sur la Mort.

Damage Control

ft. Jazz Ravenloft & Datalore

Nous ne nous attendions pas à ce que dès nos premiers jours en service actif total nous recevrions la nouvelle d’une menace d’ampleur dans un futur proche. L’idée d’une cyberattaque était désagréable parce que ça nous touchait directement. Nous avions des points faibles. Nous en étions conscient. La cyberattaque en faisait partie bien que nous étions aussi conscient qu’il fallait que l’attaquant ait de grandes capacités dans le domaine pour pouvoir nous hacker.

Edwin Stark les avait d’après l’agent Ravenloft.

Nous avions tout un protocole en cas de cyberattaque et Datalore expliqua qu’en cas d’infection d’une part du Collectif, il aura une fenêtre d’un peu plus de 5 secondes afin de déconnecter la part contaminée. Ravenloft se demandait si cela était assez. La matrice centrale confirma disant que nos simulations avaient été concluantes. Mais il n’acheva pas sa phrase concernant la déconnexion. Nous n’avions pas encore subit de déconnexion d’aucune part du Collectif. Nous n’étions pas certain de vouloir le vivre mais nous n’avions, du coup, aucun mot pour terminé la phrase de Datalore. A la place, nous nous mîmes à regarder vers le sol les mains toujours croisées devant nous.

Nous ne relevâmes la tête que quand il fut questions des compétences de Ravenloft. Elle n’avaient pas les mêmes que le Docteur Noonien ce qui faisait qu’elle ne pourrait l’assister lors d’une possible cyberattaque. Elle avait d’autres compétences mais nous aurions trouvé ça plus pratique si elle avait eu, elle aussi, un niveau élevé de compétences en informatique.

Nous ferons sans ça. Nous n’avions pas le choix. Ravenloft avait déjà fait sa part du travail et nous avais été très utile.

Nous avions encore 33 jours pour renforcer les défenses de Datalore et les nôtres. Nous avions aussi 33 jours pour progresser. Nous savions que nous devrons être prêts et nous avions confiance en nos compétences. Nous étions sûr que si nous n’étions pas hacker, nous pourrons venir à bout de le menace.

Ravenloft parla alors de la relation entre le Docteur Noonien et Edwin Stark. Nous n’avions aucune informations là-dessus mais le Docteur Noonien, s’il connait Stark, pourrait mieux prévenir le danger à venir. C’est ce que nous comprîmes de ce que dit l’agent Ravenloft. Datalore souligna que le facteur humain, là-dedans, était important. Nous hochâmes de la tête pour confirmer les observations de l’agent Ravenloft que Datalore remercia pour son future rapport détaillé. Nous fîmes une signe de remerciement de la tête. Un signe que nous avions appris à force de fréquenter les humains et qui était devenu instinctif.

-Merci, agent Ravenloft.

Une autre question avait été posé sur la possibilité que nous aurions à éliminer personnes afin de remplir notre mission. Ravenloft était certaine que nous aurons à en venir à une telle extrêmement. Nous avions tiqué sans réellement nous en rendre compte. Quelque chose en nous faisait que la phrase de Ravenloft était désagréable à entendre. Pas de la même façon que les phrases de l’agent Fringer. Non. C’était désagréable d’une autre façon. Datalore disait que si nous devions être amené à tuer, ça sera la première fois.

-Nous espérons ne pas avoir à le faire… Mais nous le ferons si ça doit être fait.

Notre voix était une peu plus emprunte de gravité. Datalore, lui, se questionnait sur ce que ça faisait de tuer. Nous n’en avions aucune idée. Nous savions seulement que l’idée ne nous plaisait pas. Nous n’arrivions pas à comprendre pourquoi. Alors, nous laissâmes l’agent Ravenloft répondre aux questions de la matrice centrale qui voulait assister à une autopsie.

Nous posâmes notre regard sur l’agent Ravenloft. Un regard à nouveau emprunt de curiosité. Nous voulions savoir si elle allait accepter ou non. Nous avions appris que chaque humain avait sa manière de répondre à ce genre de requête et que, donc, il n’était pas possible de vraiment savoir, à l’avance, si une demande va être acceptée ou non.

Damage Control

ft. Datalore & Third of B

Comme une partie nécrosée d’un corps, il faudra donc que Datalore ampute le drone infecté. D’après les simulations, la matrice est capable d’opérer avant les 5,24 secondes. Ce problème est donc réglé.

Mes sourcils se froncent à l’hésitation de l'androïde.

- C’est ?

Je toise l’entité dans l’expectative d’une réponse plus précise. Parce que la raison de l’incertitude m’échappe, ou plutôt, de ce simulacre d’incertitude. À moins, bien sûr, que ce soit un manque de données qui explique le silence de l’ignorance.  

En tous les cas, et pour se préparer au mieux à l’attaque, le docteur Noonien recevra mon rapport.

Datalore et Third of B me remercient.

Cependant au-delà de la technologie, une autre variable est à considérer, celle concernant les humains et les surnaturels présents au SPIN le 3 décembre 2023. Si Edwin Stark et son complice inconnu réussissent à libérer une partie des prisonniers, il y a fort à parier que ces derniers se montrent hostiles envers les agents et les drones du SPIN. Arrivé à ce stade, tuer ne devient plus une option. Une perspective qui interroge Datalore et qui répugne Third of B.

Le premier déclare n’avoir jamais fait de simulation et me demande la sensation que cela fait de prendre la vie d’un être vivant.

- Je n’ai moi-même jamais tué, je ne peux donc pas répondre à votre question. C’est un acte qui est puni par la loi, excepté lorsque cela est justifié par une riposte nécessaire, immédiate et proportionnelle à l’attaque.

Dent pour dent, œil pour œil.

- Quant au concept de la mort, il peut avoir de multiples définitions, notamment selon les cultures. Au niveau de l’anatomie humaine, la mort s’exprime par la cessation définitive des fonctions vitales que sont le sang, le cœur, les poumons, les reins et le tube digestif.

Mon regard se tourne vers Third of B.

- Et nous allons mettre en place tout ce qui est possible pour éviter que cela ne se produise.

C’est alors que son voisin me sourit avant de me demander d'assister à une de mes autopsies afin de mieux cerner le concept de la mort.

- Vous apprendrez que sourire en évoquant des sujets aussi sérieux que la mort n’est pas non plus adapté. Pour ce qui est d’assister à une de mes autopsies, c’est non.

J’aime bien trop ma solitude pour devoir supporter une autre présence, qu’elle soit artificielle ou non.  

- En revanche, je vous invite à prendre connaissance de livres sur l’anatomie ou encore des revues sur la thanatologie. Avez-vous accès à Internet, Datalore ? Êtes-vous limité lorsque vous faites des recherches ?

Damage Control

ft. Third Of B & Jazz Ravenloft

« C’est ? »… Ma tête bascula de quelques centimètres sur la gauche. Mes iris jaunes bougèrent sporadiquement de gauche à droite alors que je cherchais une réponse adaptée. Une fin de phrase adaptée. Je n’avais jamais déconnecté de drone et pourtant, cette option me semblait... inacceptable ?

Non, ce n’était pas le terme non plus, bien qu’approchant. Mais je l’estimais encore trop imprécis pour être formulé à voix autre. Je me rappelai alors les paroles du Dr. Noonien : La sagesse commence par accepter que parfois, la réponse est tout simplement :

-Je l’ignore, Dr. Ravenloft.

Tout ça nous amena à y voir un peu plus clair sur les événements à venir et nous remerciâmes le Dr. Ravenloft pour toutes ces informations indéniablement précieuses non seulement pour la sécurité du SPIN, mais aussi pour la nôtre.

Cependant, tout cela m’amenait à me poser des questions qui n’avaient jusque-là jamais été soulevées. Devrons-nous tuer ? Serait-ce une réponse nécessaire, voire indispensable à l’attaque ?

Mais surtout… Qu’est-ce que cela faisait, de tuer ?

Bizarrement, l’analogie avec la déconnexion d’un drone me vint à l’esprit pour disparaître presque instantanément pour laisser toute la place à l’assimilation de la réponse du Dr. Ravenloft.

Elle n’avait jamais tué et ignorait donc elle-même ce que cela pouvait impliquer. Mais théoriquement, elle pouvait l’expliquer par un acte punissable sauf dans des exceptions qui demandaient de remplir plusieurs critères.

-Si les prisonniers deviennent mortellement hostiles, nous serons indéniablement dans ce cas de figure. La sécurité du SPIN et des agents prime sur le reste.

*Et nous n’hésiterons donc pas. Ce n’est pas un problème.*

Le Dr. Ravenloft fut suffisamment ouverte à ma curiosité pour me donner une définition de ce que pouvait être la Mort. Il y avait une part culturelle impliquée. Mais théoriquement, il ne s’agissait que de l’extinction des fonctions vitales du corps humain.  

Je hochai la tête avec un petit « mm » de compréhension.

-Comme une déconnexion.

Pour ce qui était de l’appréhension de Third Of B, le Dr. Ravenloft affirma que nous allions faire ce qu’il fallait pour ne pas en arriver à des extrêmes. Je regardai moi aussi le drone en lui souriant et hochai la tête d’un air approbateur.

J’avais gardé ce sourire pour demander à l’agent Ravenloft si je pourrais apprendre à ses côtés lors d’une autopsie mais apparemment, sourire et autopsie, même avec tout l’enthousiasme du monde dans l’expectative d’un apprentissage, n’était pas heureux. Je repris alors instantanément une expression neutre.

-Oh. Bien. Je l’ignorais. Merci pour cette précision, Docteur.

De toute façon, je n’apprendrais rien lors d’une autopsie car ma requête se trouva rejetée. Cela ne me fit rien. C’était juste une information de plus. Cependant, elle me conseilla de m’instruire sur la Mort d’une autre façon, à travers les livres, les revues et internet.

-Merci pour vos conseils. J’ai accès à internet, ainsi qu’à divers ouvrages sur différents sujets que le Dr. Noonien a téléchargé dans mon système. J’ai donc les mêmes limites dans mes recherches que les moteurs de recherche informatiques. Je peux compiler ces informations et obtenir un résultat au plus proche de ce que l’on pourrait appeler « la vérité ».

Je me tournai vers Third Of B, l’expression toujours neutre.

-Je peux en faire profiter le Collectif si besoin.

Je me tournai à nouveau vers Ravenloft.

-Mais le Dr. Noonien dit toujours que rien ne vaut l’expérience.

J’avais fait beaucoup de recherches sur la musique, par exemple. J’en jouais moi-même et était très bon techniquement. Mais malgré cela, je ne saisissais pas les émotions provoquées par la musique et si souvent décrites par les humains.

Je regardai Third Of B.

-Avez-vous des questions ?

Damage Control

ft. Jazz Ravenloft & Datalore

La phrase de Datalore était restée en suspens. Nous n’avions jamais expérimenté une déconnexion que ça soit d’un membre du Collectif que du Collectif complet. Nous ne savions pas ce que ça faisait mais l’idée même nous déplaisait et nous effrayait. Et si l’agent Ravenloft voulait obtenir la fin de cette phrase, la matrice centrale tout comme nous ne pouvions la lui fournir bien que nous aurions pu avancer nos propres émotions sur la choses mais nous nous retînmes.

Le Docteur Noonien obtiendra un rapport de Ravenloft sur la menace prochaine afin de nous préparer au mieux à cette attaque qui, nous l’espérons, pourra se faire sans morts. Seulement, l’agent Ravenloft n’était pas aussi sûr que nous quant au fait que nous n’aurions pas à tuer ce jour-là. Les probabilités étaient faibles que nous n’ayons pas à recourir au meurtre bien que ça sera en légitime défense.

L’idée nous déplaisait mais nous avions un devoir et nous savions que de ne pas tuer, dans certaines circonstances, apporte encore plus de morts. Ainsi, nous rassurâmes Ravenloft sur nos capacités à remplir notre tâche aussi désagréable soit-elle.

La matrice central avait des questions sur la mort et sur le fait de tuer. Mon regard passa de l’un à l’autre. L’agent Ravenloft n’avait jamais tué. Elle disait que l’acte était puni par la loi chose que nous savions. Datalore, lui, confirma tout ça et disait que la sécurité des agents et la sécurité du SPIN primait sur le reste.

Le Collectif était d’accord.

-Nous n’hésiterons pas… Ça n’est pas un problème.

Nous l’avions dit d’un ton neutre. Car nous ne pourrons pas hésiter. Nous n’aurons pas le choix.

La suite de la conversation se tourna vers la Mort. Datalore s’intéressait au concept qui, d’après l’agent Ravenloft, avait plusieurs définitions en fonction des cultures. Tout comme les agents avaient des avis différents sur notre présence au SPIN… Nous avions déjà appris que les humains percevaient les choses différemment tout en ayant des points communs. Ravenloft confirmait cette observation. Elle donna alors la définition biologique de la Mort et quand Datalore la compara a une déconnexion, nous sentîmes un frisson parcourir notre corps. Nous allions commencer à détester ce mot.

-Nous n’aimons pas la mort…

Nous en étions sûr, désormais… Car nous savions que nous pouvons mourir. Nous ne pouvons pas vieillir comme les humains mais les missions peuvent s’avérer dangereuse et nous savons que nous pouvons être mortellement blessé.

L’agent Ravenloft nous avait rassuré en disant qu’elle allait tout mettre en place pour que nous n’ayons à tuer personne.

-Nous vous remercions, agent Ravenloft.

Nous étions sincère comme l’indiquait notre regard.

Datalore souhaitait, lui, être témoin d’une autopsie pratiquée par Ravenloft. Il avait sourit mais le sourire n’était pas approprié, apparemment, à cette situation. Nous n’avions pas l’habitude, nous, de nous poser la questions sur ce qui l’était ou non car nous réagissions en fonction de nos émotions. Datalore était dépourvu d’émotions, lui. Ainsi, il reprit une expression neutre mais nous prîmes un air un peu triste pour lui quand Ravenloft refusa son offre bien qu’elle lui donna des pistes pour s’informer. Il voulait bien partager tout ça avec le Collectif. Nous le regardâmes. Nous étions curieux nous aussi… Mais est-ce que nous voulions voir des cadavres ? Nous n’en étions pas certain.

*Nous le voulons !*

*Nous voulons apprendre.*

Nous fîmes la moue mais pourtant nous répondîmes.

-Avec plaisir. Nous aimons apprendre…

Datalore ajouta que rien ne valait l’expérience. Nous étions d’accord avec ça. Nous apprenions plus sur le terrain qu’ailleurs.

-Le Docteur Noonien a raison.

Mais l’agent Ravenloft avait une attitude spéciale. Nous n’avions pas encore vu d’agent comme elle. Elle semblait détachée de ses émotions. En tout cas, nous étions incapable de savoir ce qu’elle ressentait. Pourtant, nous pouvions parfois cerner certaines personnes. Ce n’était pas le cas ici.

Datalore se tourna vers nous pour nous demander si nous avions des questions. Nous réfléchîmes tous ensemble avant de lancer un peu naïvement et toujours sur le ton d’un enfant curieux :

-Avez-vous des émotions, agent Ravenloft ?

*Non ! La question est bête !*

*C’est une humaine. Elle a des émotions par définition.*

*Mais, nous n’arrivons pas à les identifier…*

Nous prîmes un air confus.

-Nous sommes désolé… La question est stupide et déplacée… Nous n’avons pas d’autres questions sur l’attaque sauf si vous avez d’autres informations à nous donner…

Damage Control

ft. Datalore & Third of B

À l’évidence, Datalore rencontre un bug alors qu’il se retrouve incapable de terminer sa phrase. Si jusque-là, il s’est exprimé avec une parfaite fluidité, il faut espérer que l’anomalie ne se reproduise pas ni ne s’accentue. Dans le cas contraire, cela pourrait avoir des répercussions non-négligeables étant donné son rôle au SPIN.

Enfin, que ce soit l’androïde ou le drone, chacun m’affirme qu’ils feront ce qui doit être nécessaire le moment venu. Ils semblent d’ailleurs saisir l’acte peu anodin qu'est de tuer. Mais la mort est un chose qu’ils ne réussissent pas complètement à cerner.

- Oui, une déconnexion sans possibilité de reconnexion, acquiescé-je.

Un concept qui ne plaît nullement à Third of B.

- La mort a tendance à ne pas être appréciée de la plupart des gens parce que la mort fait peur. Avez-vous peur, Third of B ?

En tous les cas, nous allons mettre tout en œuvre pour réduire les risques de la future cyberattaque. Quant à étudier la mort, si m’assister n’est pas pas une option pour Datalore, je lui suggère de s’instruire par d’autres voies. Il confirme avoir tous les outils pour se lancer dans des recherches.  

Parfait.

Du regard, je considère ceux d’une étrange nuance jaune de Datalore.

- Il faut savoir se saisir de ses expériences, ou de ses recherches dans ce cas précis, pour s’approprier soi-même ses connaissances, sinon vous ne serez considéré que comme une machine qui ingurgite des données et les recrache, sans l’intelligence de pouvoir les remettre en question lorsque cela est pertinent.

Ou un mouton pour ce qui est de l’humain et  malheureusement, l’humanité est constituée de nombreux moutons.

C’est alors que Third of B me demande si j’ai des émotions avant d’immédiatement s’excuser pour l’idiotie de sa question.

Je soupire.

- Je n’aime pas les longues conversations, mais sachez que les seules véritables questions idiotes sont celles que vous ne poserez pas. Et oui, je ressens les émotions

Ce sur quoi, je leur annonce que je n’ai pas d’autres informations à leur donner et qu’ils peuvent donc prendre congé.

Damage Control

ft. Third Of B & Jazz Ravenloft

La Mort… la déconnexion… Quelque chose se passa dans le Collectif. Mais si j’arrivais à percevoir quelque chose, je n’arrivais pas à trouver les mots pour l’identifier. Cependant, une chose était claire : la Mort comme la déconnexion étaient perçues comme des choses très négatives. Voire à éviter.

Finalement, ce fut un peu l’agent Ravenloft qui apporta la solution à mon problème d’identification de la pensée Collective. Elle demanda à Third Of B s’il avait peur.

Je me tournai vers lui, concerné et curieux.

-Oui. Avez-vous peur, Third Of B ?

Pour ce qui était de gagner de l’expérience, ce n’était pas en assistant à une autopsie que j’allais le faire. L’agent Ravenloft ne voulait pas. Et il ne me vint pas à l’esprit de demander « pourquoi ? ». De toute façon, elle apporta un substitut à son refus : m’instruire moi-même.

Les yeux très noirs de la jeune femme se plantèrent dans les miens et je penchai subitement la tête dans un simulacre d’expression curieuse. Il suffisait d’imiter le Dr. Noonien pour ça.

Le Dr. Ravenloft disait que je devais aller plus loin que d’emmagasiner des informations et de les mémoriser.

Je ne comprenais pas bien parce que…

-Je suis une machine.

Je ne quittais pas l’agent Ravenloft des yeux.

-Même si j’aspire à devenir plus qu’une machine.

Je voulais devenir humain.

-J’écouterai votre conseil. Aller plus loin que la mémorisation.

Nous avions désormais toutes les données que nous étions en mesure de posséder grâce à l’algorithme de Ravenloft. Nous pouvions y aller. Sauf si le Collectif avait encore des questions.

Third Of B n’en avait qu’une : savoir si le Dr. Ravenloft avait des émotions. Rien à voir avec l’attaque. Mais j’étais aussi curieux que le drone.

Elle ressentait les émotions. Même si elle était peut-être encore moins expressive que moi qui faisais semblant. Mais je retins quelque chose : les questions idiotes sont celles qu’on ne pose pas.

L’entretien touchait à sa fin. Nous pouvions partir. Je me levai.

-Au revoir.

Et je quittai le bureau, Third Of B sur les talons.

*Avez-vous peur ? Avons-nous des raisons d’avoir peur ?*

Damage Control

ft. Jazz Ravenloft & Datalore

L’agent Ravenloft avait comparé la mort à une déconnexion et une reconnexion. Nous savions en tout cas une chose : nous n’aimions pas la Mort. Nous ne savions pas ce que ça faisait et, pourtant, quelque chose nous faisais détester ça. Nous n’avions aucune envie d’être déconnecté. Ravenloft avait dit que la Mort était peu apprécié parce qu’elle faisait peur.

La peur. Oui. Nous avions peur d’être déconnecter. Nous savions que ce que nous ressentions était pire que de l’appréhension. Nous ressentions de l’appréhension quand nous travaillions avec Fringer… Mais ce concept de Mort et de déconnexion provoquait en nous un sentiment plus fort. Ainsi quand l’agent Ravenloft demanda si nous avions peur et quand Datalore eut la même questions, nous regardâmes l’un, puis l’autre.

-Oui. Nous avons peur. Nous ne savons pas ce que ça fait d’être déconnecté ou de mourir… Pourtant, nous savons d’avance que nous n’aimons pas ça.

Datalore s’était vu refusé de pouvoir assister à une autopsie mais l’agent Ravenloft lui avait donné d’autres moyens de s’instruire sur le sujet. Nous écoutâmes l’agent Ravenloft expliquer que les informations devaient être à la fois ingurgitée mais, aussi, remises en questions quand il le fallait. S’il n’y avait pas de remises en questions c’est signe que nous n’étions qu’une machine. Ce qu’était Datalore bien qu’il aspirait à être un humain. Nous savions ça. Nous le ressentions d’une certaine façon. Nous, nous étions proche des humains. Nous avions des sentiments comme eux. Mais, malgré tout, nous nous sentions différents car, au fond, nous sommes différents. Est-ce que nous remettions en questions ce que nous apprenions ? Non… Sommes-nous une machine ? Oui ? Non ? Tout ceci nous rendait confus. Datalore semblait moins confus et comptait suivre le conseil de l’agent Ravenloft.

Nous avions encore une questions mais nous nous rendîmes compte qu’elle était bête et maladroite. Mais ce n’était pas l’avis de Ravenloft qui, non seulement, nous rassura mais répondit à notre question. Nous sourîmes.

-Nous continuerons de poser des questions alors. Merci agent Ravenloft.

*Même les bêtes ? Nous allons faire ça ?*

*Oui ! Nous allons faire ça !*

Nous avions tout dit. Il était temps de partir. Nous allons devoir retrouver l’agent Fringer bien qu’il ait été là pendant tout le temps de la conversation avec Ravenloft.

-Au revoir, agent Ravenloft. Nous sommes content d’avoir parlé avec vous. Merci de nous avoir prévenu.

Nous suivîmes Datalore après avoir sourit à l’agent Ravenloft. Une fois sorti, nous entendîmes notre matrice centrale se demander si nous avions peur et si nous avions raisons d’avoir peur. Nous ne nous arrêtâmes pas. Nous réfléchîmes.

*Nous allons être attaqué. Nous risquons d’être déconnecté. Oui. Nous avons peur…*

Mais nous devons protéger les agents et le SPIN. Telle est notre mission.