A Caged Angel

Ft Julian Bolton

Comparer l’éventuelle aide de surnaturels à une collaboration avec la mafia m’avait laissé si surpris que je m’étais tu sur le sujet. Et il avait ensuite été question de mes pouvoirs, une fois que l’agent Bolton m’avait promis de me renseigner sur le lieu où serait inhumée Hilary.

Après quoi, je l’avais bien compris, il me faudrait attendre ici, enfin non pas vraiment ici. C’est là que l’agent Bolton me parla du SPIN, et je fis le lien avec ce que m’avait dit Mercy à ce sujet.... SPIN, SPN, c’était donc eux, c’était donc ça ! Et je ne le comprenais que maintenant.

Mais est-ce que cela changerait quelque chose ? Non, je crois....Julian Bolton m’avait cru, je le savais, il ne me restait plus qu’à espérer qu’ils puissent trouver ces éléments qui m’innocenteraient puisque savoir que j’étais un ange ne suffisait pas, et que savoir que je ne pourrai jamais faire de mal à quiconque non plus.

Ce monde était décidément bien étrange, mais ça, ça je le savais depuis très longtemps. Milles fois il m’avait déçu, milles fois j’avais voulu les aider, avant de fuir et de tourner le dos à cette société faite d’hommes égoïstes.

J’avais parcouru depuis tant de mondes, pour trouver un endroit plus paisible et j’avais fini par le trouver, jusqu’à ce que Dieu me renvoie ici, au cœur d’une société en perdition.
Parce que j’étais la providence, parce qu’il-ils avaient besoin de mon aide. Et que cette fois, je ne me détournerai plus.

Je pris donc l’avion, ce qui ne m’était plus arrivé depuis... depuis combien de temps ? - dans le silence vrombissant, menotté toujours, et entouré des mêmes agents qui m’avaient amené jusqu’à cet endroit, le warehouse. J’eus seulement un faible sourire pour l’homme qui m’avait aidé...

Et je découvrais ce qu’était le SPIN, et ses cellules, dont celle qui m’était réservée. J’hésitai à l’entrée de cette dernière, fermait un bref instant les yeux dans une prière silencieuse, avant d’y entrer pour devenir à l’instar de tous les autres, un détenu du SPIN.

A Caged Angel

ft. Eliel Zacharie & Datalore

*C’est l’heure, Third Of B…*

Oui… C’était l’heure… Nous soupirâmes à la réflexion, dans notre tête, de Fourteenth Of B qui était dans le lit à côté de nous en train de lire un des livres que nous avions obtenu pendant notre suspension. Une suspension qui prenait fin aujourd’hui maintenant que le système de sécurité informatique du SPIN avait été renforcé et que notre entrainement nous avait permis de devenir plus fort.

Nous faisions partie des drones qui allaient être en poste en premier pour cette reprise. Nous aurions voulu rester bien au chaud dans nos quartier mais c’est notre matricule qui avait été choisi pour surveillé le niveau -3a… Nous angoissions depuis hier… Une angoisse qui avait contaminé l’entièreté du Collectif. Les seuls paroles qui nous rassuraient étaient celles du Docteur Noonien et du Docteur Jester que nous essayions de nous remémorer alors que nous nous extirpâmes de notre lit où nous angoissions depuis tout à l’heure.

Nous descendîmes au niveau -3a. Pour la reprise, Bolton avait décidé qu’il n’y aura qu’un drone par étage. Dans l’ascenseur, nous redoutions la réaction des agents… Au fond, nous espérions que Frank soit là mais, en même temps, nous avions toujours peur de la conversation qu’il pourrait il y avoir entre nous.

Les questions se bousculaient dans notre tête alors que l’ascenseur s’ouvrit sur l’endroit où nous allions travailler pendant plusieurs heures aujourd’hui. D’un pas hésitant, nous avançâmes pour découvrir que nous allions travailler avec les agents El Jidadi, Brandon et Steele. Nous avions, autrefois, une bonne relation avec eux… Brandon nous avais appris beaucoup de chose sur l’agent. Il aimait beaucoup l’argent. El Jidadi, lui, nous avais aussi appris beaucoup de chose. Nous pensons qu’il nous appréciait. Steele était plus jeune. Les autres le trouvais parfois bête. Peut-être que c’était à cause de la télévision… Mais nous l’apprécions beaucoup.

-Bonjour…

Nous les saluâmes d’un ton peu assuré. Mais aucun ne répondit. Ils étaient tous les trois à table. Ils faisaient comme si nous n’étions pas là. D’habitude ils nous saluaient et nous demandaient comment ça allait. Ce ne fut pas le cas… Nous avançâmes. Nous savions ce que nous avions à dire dans ce genre de cas. Nous avions prévu quelque chose pour chaque réaction.

*Ce n’est pas notre faute…*

*Ils doivent comprendre…*

Nous arrivâmes à hauteur de la table.

-Nous sommes désolé pour Willoughby… Nous avons été hacké…

Notre voix juvénile et nos paroles fit soupirer El Jidadi. Il leva les yeux sur nous.

-On a lu le rapport… On est juste encore sous le choc, c’est tout… Ça fait plus d’un mois mais John était un ami. Désolé Third.

Steele, lui, ne semblait pas d’accord.

-T’es fou Jamal… Ce drone a tué notre pote ! On peut pas lui faire confiance…

El Jidadi foudroya Steele du regard.

-La ferme, Tyler. Il a été hacké. Tu viens de l’entendre… Tu n’es pas obligé de lui parler mais fiche-lui la paix.

Et ce fut la fin de la conversation. Steele fit une moue boudeuse et ils reprirent leur partie de carte. Nous aurions voulu demander si nous pouvions participer mais l’hostilité de Steele et le mutisme de Brandon nous dissuada de quoi que ce soit.

Alors, nous commençâmes à passer devant les cellules touché par le bref échange que nous avions eu avec les agents. Nous savions que nous devions être patient. Le Docteur Jester nous l’avait dit.

Soudain, nous nous arrêtâmes devant une cellule. Dedans, il y avait un nouveau venu. Un homme assez grand aux cheveux blonds et aux yeux bleus.

-Bonjour…

A défaut de discuter avec les agents, nous pouvions le faire avec le nouveau venu. Notre curiosité nous poussait à apprendre qui il est sans bêtement chercher à travers notre matrice centrale, les données le concernant.

-Vous venez d’arriver ? Vous vous appelez comment ?

Nous aimions connaitre mieux les détenus. Frank disait que d’avoir un bon contact avec eux permettait que les choses se passent au mieux. Nous avions remarqué que ce bon contact avait probablement permis à Frank de survivre lors de l’attaque. Alors, nous nous attelions a suivre ce conseil en nouant des liens même avec les détenus. De plus, mieux les connaitre diminuait le risque de tension.

Nous nous montrâmes du doigt.

-Nous nous appelons Third Of B.

A Caged Angel

ft. Eliel Zacharie & Third Of B

Je travaillais avec le Dr. Noonien dans mes quartiers. Chacun sur notre ordinateur, nous ne parlions pas. Je surveillais la reprise de drones qui étaient remis sur le terrain pour la première fois depuis l’attaque du 3 décembre 2023.

J’avais les images sur mon écran. Mais j’avais également leurs voix directement dans mon cerveau positronique. Enfin… Dans ma tête, comme diraient les humains.

Third Of B avait repris au niveau 3a. J’avais pour ordre du Dr. Noonien de m’attacher plus particulièrement à la surveillance de Third. Pas parce qu’il risquait de tuer encore. Mais parce que les agents pouvaient avoir de mauvaises réactions en sa présence.

Et il ne fallut pas longtemps avant que le Collectif ne réagisse à la relative hostilité des agents envers Third Of B.

*Ce n’est pas notre faute…*

*Ils doivent comprendre…*

-Dr. Noonien ? Permission de me rendre au niveau -3a. Le niveau affecté à Third Of B.

Le Dr. Noonien détacha son regard de son écran et me regarda, un sourcil levé. Mais il sembla trouver tout seul la réponse à une question qu’il n’articula pas car il finit par hocher la tête et ouvrir un tiroir d’où il sortit une petite carte plastifiée d’où pendait une attache en forme de pince.

-D’accord. Mais attache ceci à ton uniforme. C’est ton badge. Ça ouvre les portes et ça te permettra de te légitimer auprès des agents.

Je pris délicatement la carte et la regardai. Il y avait ma photo dessus, mon nom… Tout pour prouver que je faisais partie intégrante de la bonne marche du SPIN.

-Merci.

Je l’accrochai au niveau de ma poitrine et sortis de mes quartiers pour prendre l’ascenseur pour le niveau -3a, ouvrant les différentes porte grâce à la carte.

Mais quand j’arrivai dans le couloir des cellules, les trois agents en faction se levèrent brusquement de leur partie de carte et pointèrent leurs armes vers moi.

-Qu’est-ce que c’est que ce truc ?!

C’était l’agent El Jidadi… Puis l’agent Steele ajouta :

-Tu bouges, tu es mort.

Je penchai légèrement la tête sur le côté mais à part cela, restai immobile.

-Je suis Datalore. Je viens voir Third Of B.

Très peu d’agents m’avaient déjà vu et mon apparence pouvait effectivement passer pour surnaturelle.

-J’ai une carte pour me légitimer. Si vous voulez approcher pour la voir.

L’agent Brandon baissa légèrement son arme mais n’approcha pas.

-Datalore ? L’androïde ?

Je le regardai dans les yeux.

-C’est exact.

El Jidadi baissa complètement son arme et approcha prudemment. Il regarda la carte accrochée à ma poitrine.

-Ok… C’est bon…

Les autres baissèrent leurs armes et me regardèrent sans un mot me diriger vers Third Of B.

-J’ai entendu les plaintes du Collectif. Je venais voir comment vous vous portiez.

« Vous » pour tout le Collectif… Mais en parlant à un seul drone, j’aurais toutes les informations du Collectif. Je me tournai vers la cellule qui semblait avoir l’attention du drone. A l’intérieur, il y avait un homme aux longs cheveux blonds et aux yeux bleus. Je cherchai dans mes banques de données l’identité du surnaturel.

-Zacharie… Eliel. C’est un ange. Bonjour Monsieur Zacharie.

A Caged Angel

Ft Julian Bolton

Assis sur la couche, unique aménagement de la pièce hormis un maigre WC-lababo, j’étais plongé dans de profondes réflexions, essayant de nager en surface de mes peurs. J’avais eu tous les signes pour garder la foi, mais difficile de rester concentré sur ces signes au milieu d’un univers carcéral ! Difficile aussi d’esquiver les doutes. Pourtant l’agent Bolton y croyait lui en ma libération.

Je devais donc me défaire de cette angoisse, me défaire de l’image de cet endroit, et m’intéresser à ce qui se passait autour de moi, si tant est qu’il puisse se passer quoique ce soit ici ! Mais je n’étais pas seul, n’est-ce pas ? Il y avait d’autres prisonniers sans doute.

Et au moment où je songeai à m’intéresser à eux, ce fut une voix qui attira mon attention. Un salut, et un homme au visage étrangement marqué. Je me levai lentement, l’expression curieuse et m’approchai de la vitre pour l’observer de plus près.
- Bonjour répondis-je simplement avec un sourire.

Il était curieux mais je l’étais soudain tout autant, surtout quand je senti en lui tout un écho de souvenirs mélangés, chaotiques et parfois indistincts, tels les morceaux d’un miroir brisé. Quelque chose était absolument anormal chez lui mais je ne sus dire quoi. Je n’avais encore jamais connu ça avant cet instant.

J’allais lui répondre quand un autre homme encore plus étrange que celui-ci apparut pour lui répondre. Il connaissait mon nom et ce que j’étais. Mais moi.. si je n’avais vu qu’un miroir de morceaux éparses chez Third of B, je ne vis absolument rien chez cet homme à la couleur de peau et d’yeux si étranges. J’inclinai la tête.
- Bonjour ...

Après quelques secondes à le dévisager intensément, j’ajoutai :
- Qu’est-ce que vous êtes ?

Je me tournai vers Third of B.
- Third of B.... je n’avais jamais entendu un tel nom avant et... je n’avais jamais vu...ce que je vois dans vos yeux. Qu’avez-vous au visage ? demandais-je.

Je me tournai vers le second.
- Et pourquoi votre peau est-elle si ...claire et vos yeux .... et pourquoi chez vous je ne vois rien.

Ca me perturba, mon regard allant de l’un à l’autre. Je posai mes mains sur la vitre, comme pour vérifier par mes mains ce que mes sens ne semblaient pas détecter, mes sens mais surtout mes capacités si particulières de lire la vérité en chacun. Chez eux, .. non vraiment je n’avais encore jamais rien vu de tel avant !

A Caged Angel

ft. Eliel Zacharie & Datalore

Alors que nous nous étions approché du nouveau venu, nous entendirent quelqu’un d’autre arrivé à ce niveau. Nous tournâmes la tête pour découvrir qu’il s’agissait de Datalore. Que venait-il faire ici ? C’était curieux mais nous n’étions pas mécontent de le voir. Les agents, eux, semblaient perturbés et nous ne fûmes qu’à moitié surpris quand ils sortirent leurs armes. Nous étions prêt à intervenir mais Datalore avait de quoi s’identifier ce qui fit en sorte que la situation ne tourne pas au drame.

Nous savions que les agents étaient à cran. L’agent El Jidadi l’avait d’ailleurs souligne peu avant. C’est pour ça qu’ils avaient réagit au car de tour avant de comprendre que Datalore était « l’androïde ». Les agents étaient au courant que nous étions, nous les drones, reliés à une matrice centrale nommée Datalore.

Notre tension disparut quand les agents reprirent leur position. Nous fûmes alors totalement absorbée par la présence du nouveau venu que nous saluâmes. Il nous salua en retour affichant un sourire. C’était un sourire contagieux car nous sourîmes aussi alors que nous nous demandions qui il était avant de nous présenter. C’est là que Datalore nous rejoignis disant qu’il avait entendu les plaintes du Collectif. Nous pensions bien que nous étions en grande partie responsable de ses plaintes car c’était à notre étage que les agents s’étaient fait légèrement hostile.

Mais moins que nous ne l’aurions imaginé.

-Nous allons bien… Nous avons imaginé que les choses auraient pu être pire alors… Ça va…

Nous étions tout de même triste de la méfiance des agents. Nous pouvions la sentir. Nous savons que c’était impossible de pouvoir ressentir clairement les émotions des autres… Pourtant, parfois, nous avons l’impression que nous avons ce pouvoir…

Mais la présence du nouveau venu nous éloignais de nos tracas. Il nous intriguait et Datalore le salua aussi avant de donner l’identité de l’homme ainsi que sa nature.

-Un ange ?

Nous dîmes ça d’un air surpris. Nous n’avions encore jamais vu d’ange. Nous savions vraiment très peu de choses, voir quasi rien sur ce genre de créature. Nous étions fasciné par tout ce que nous ne connaissions pas encore.

Lui aussi semblait fasciné. Il dévisagea Datalore se demandant ce qu’il était. Datalore avait une couleur de peau différente des humains ainsi qu’une couleur d’yeux non naturelle. Ça faisait se questionner Eliel. Il se questionna aussi sur nous. Sur notre désignation. Sur notre visage. Nous sourîmes car la voix de l’homme était curieuse ainsi que son expression.

-C’est notre désignation. Third Of B… Nous sommes le troisième drones du lot B. Nous sommes vingt. Ce que nous avons au visage ce sont nos implants… Ça fait parti de nous. Nous sommes en partie cybernétique.

Nous aussi nous étions curieux et quelque chose dans la phrase de l’ange nous faisait nous poser des questions.

-Que voyez-vous dans nos yeux que vous n’avez jamais vu ?

Notre ton était empreint de curiosité. Mais l’ange se questionna ensuite sur l’apparence de Datalore. Il ajouta qu’il ne voyait rien chez lui ce qui nous fîmes lever un sourcil. Rien ? Qu’est-ce que ça signifiait ? Nous nous tournâmes vers Datalore le regard interrogateur.

A Caged Angel

ft. Eliel Zacharie & Third Of B

Les agents avaient repris leur place, mais nous regardaient en coin, suivant nos mouvements. Pourtant, ce n’était pas nous qu’ils devaient surveiller, mais bien les détenus. Cependant, ils avaient beaucoup plus l’habitude de voir les détenus que de me voir. Et peut-être que pour eux, observer mes échanges avec Third Of B pouvait s’avérer intriguant.

Le drone était devant l’une des cellules vitrées du niveau -3a. Il s’agissait d’un niveau accueillant les surnaturels aux pouvoirs relativement puissants et les ayant déjà utilisés volontairement à des fins destructrices, meurtres ou vols dans un contexte militaire. Mais ces surnaturels n’étaient pas sous SV contrairement au niveau -3b.

Mais j’étais là d’abord pour Third Of B. Or, le drone m’affirma que  les choses auraient pu être pires et que donc, ça allait.

-Très bien.

Je ne cherchai pas plus loin parce que j’étais incapable de me dire que si Third Of B affirmait qu’il allait bien, ce qu’il disait n’était pas forcément ce qu’il pensait et ressentais vraiment. Pour moi, toute affirmation devait être prise pour ce qu’elles étaient : des affirmations.

Je m’intéressai donc à ce qui attirait la curiosité de Third Of B. Le détenu de cette cellule. Mon programme de reconnaissance faciale me permis d’avoir directement accès au dossier SPN de cet Eliel Zacharie. Un ange.

Third Of B répéta l’information sous forme de question ce qui me fit lever un sourcil.

-Oui. Un Ange. C’est ce que j’ai dit.

Je ne faisais, personnellement, aucune distinction entre un ange, un vampire, un loup-garou, un sorcier ou autre. Eliel n’était qu’une donnée parmi d’autre, pour le moment. Mais je constatai que le dossier rempli par le SPN présentait bien des inconnues. Il n’était pas complet.

Il fallait le compléter.

L’ange me dévisageait avec insistance et se demanda ce que j’étais.

-Je suis la matrice centrale des drones. Je suis un androïde. On me nomme Datalore.

Third Of B, lui, s’était présenté, attirant les questions du surnaturel soupçonné du meurtre de Hilary Stewart. Third Of B y répondit avec un sourire. Alors je l’imitai. L’ange souriait aussi. Il fallait sourire.

Third Of B voulu savoir ce que Zacharie voyait dans ses yeux. Mais l’ange était d’abord perturbé par ma propre apparence. Et par le fait qu’il ne voyait rien en moi.

-Ma peau et mes yeux sont synthétiques comme tout ce qui me compose. Mon créateur, le Dr. Noonien a utilisé des matériaux se rapprochant au plus près de la peau humaine. Mes yeux sont également ce qu’il y a de plus approchant.

Je regardai brièvement Third Of B avant de continuer.

-Si vous ne voyez rien en moi, c’est parce qu’il n’y a rien à voir. En tant qu’androïde, je ne pense pas comme les créatures organiques, pas plus que je n’ai d’émotions.

Je laissai l’ange répondre à Third Of B quant à ce qu’il voyait en lui avant de demander :

-Disposez-vous d’un pouvoir vous informant sur l’état émotionnel de vos interlocuteurs ?

A Caged Angel

Ft Julian Bolton

Les mains désormais appuyées contre la vitre qui nous séparait, j’observai, curieux ces deux êtres tout aussi étranges que différents, sans parvenir à lire leur fil de vie. Et pour le second, celui qui avait la peau si claire, c’était carrément le néant total.

Eux aussi semblaient curieux, et l’un informa l’autre sur ma nature. Je souris me doutant qu’ils ne devaient pas en avoir vu beaucoup. Ce n’était pas tous les jours n’est-ce pas ? qu’on rencontrait un ange. Et une autre pensée s’y ajouta, beaucoup moins sereine, un ange qui était en prison !

Le premier se présenta très vite à moi. Il avait l’air gentil, même si physiquement je n’avais jamais vu d’être semblable, et son nom aussi était singulier. Ce qu’il m’expliqua.
- Des drones ? Qu’est-ce que c’est ?

Il disait être vingt, mais j’eus beau regarder derrière lui, je ne vis personne.
- Vingt... vingt drônes. Et ils sont tous ici avec vous ? Ici au SPIN précisais-je.

Oui parce qu’il était évident qu’ici, il n’y avait que ces deux personnes et moi....et d’autres détenus sans doute ?

Et c’est là qu’il me parla de ses implants, avant de préciser qu’il était en partie cybernétique. Il me fallut quelques secondes pour comprendre, le temps de retrouver les informations au milieu de milliers de connaissances accumulées. Et j’écarquillai les yeux.
- Vous êtes en partie robot ?

Et celui qui dit s’appeler Datalore, ajouta qu’il était la matrice centrale. Là j’eus aussitôt la référence, grâce à Mercy et plusieurs heures de vidéos visualisées.
- Comme dans Matrix ? et.... un androïde, vous êtes un robot, entièrement même si vous avez l’apparence d’un humain. C’est pour ça ajoutais-je, en comprenant. C’est pour ça que je ne vois pas de ligne de vie.

ET il me donna une définition plus complète de ce qu’il était. Je regardai l’un et l’autre, puis de nouveau Third qui voulait savoir ce que j’avais vu dans ses yeux :
- Votre passé, ce que vous êtes, mais... tout est comme morcelé, comme un miroir composé de plusieurs morceaux, plusieurs histoire mais une seule personne. Et je ne comprends pas trop ce que ça veut dire. Sauf pour vous Datalore.

Je souris
- Vous n’avez pas d’âme c’est pour ça que je ne vois rien, pas de fil de vie.

Je secouai finalement négativement la tête pour le regarder bien en face.
- Non, c’est... plus complexe. Chaque être possède un fil de vie, c’est... comme un livre dont je peux feuilleter les pages, comprendre ce qu’il est, d’où il vient, qui il a été, en principe. Parfois c’est plus difficile.

Je les dévisageai tour à tour.
- Êtes vous aussi des agents du SPN ?

A Caged Angel

ft. Eliel Zacharie & Datalore

Nous avions rassuré Datalore sur notre état. Nous n’allions pas spécialement bien mais nous n’allions pas spécialement mal non plus. Nous avions imaginé des retrouvailles plus houleuses avec les agents. Ça avait encore été. Nous ne devons pas nous plaindre.

De toute façon, notre intérêt fut directement attiré sur le nouveau détenu du SPIN. Un homme blond nommé Eliel Zacharie. Un ange. Nous n’avions jamais vu d’ange d’où notre étonnement. Datalore confirma ses propres dires.

Très vite, Eliel s’était fait aussi curieux que nous. Notre visage semblait le troublé. Ça avait aussi troublé les agents les premières fois. Nous savions que, physiquement, nous avons des différences avec les humains. Nous expliquâmes que nous étions des drones et que nous sommes vingt. L’ange ignorait ce qu’étais un drone.

-C’est ainsi que le SPN nous nommes car nous recevons nos ordres à distance et nous nous y plions. Cette détermination n’expliqua pas bien ce que nous sommes étant donné qu’un drone, en théorie, est une machine. Nous ne sommes pas entièrement une machine.

Nous étions un clone. C’était la définition la plus correcte. Mais pour le SPN nous étions des drones. C’était ainsi. Nous sourîmes quand Eliel demanda si les autres drones étaient ici au SPIN. Nous hochâmes de la tête.

-Oui. Nous sommes tous au SPIN. A des étages différents. Mais nous sommes aussi tous ici.

Nous montrâmes notre tête du doigt. Nous étions tous au SPIN. Nous savions que ce n’était pas facile à comprendre pour les autres mais il nous était très difficile de pouvoir expliquer ce qui était naturel pour nous. Nous avions, d’ailleurs, du mal à comprendre comment les humains pouvaient vivre et fonctionner comme ils le faisaient. Nous avions été déconnecté lors de l’attaque et ça avait été une expérience très pénible pour nous.

Nous expliquâmes que nous étions en partie cybernétique. Tout ça semblait surprendre Eliel. Nous hochâmes de la tête quand il demanda si nous étions en partie robot.

-En quelque sorte.

« Robot » était un terme souvent utilisé par les humains pour nous qualifié ou qualifié Datalore. Nous avions remarqué que les humains utilisait le terme « robot » à tort et à travers pour déterminé tout ce qui était cybernétique. Nous étions pourtant plus proche d’un humain que d’un robot. Datalore aussi. Nous étions convaincu qu’il y avait plus de différence entre lui et un robot qu’entre lui et un humain. Un robot n’ayant aucune conscience de lui-même.

Eliel s’intéressa alors à notre matrice centrale. Nous écoutâmes attentivement les explications de Datalore. Il expliqua être un androïde et expliqua d’où venait ses caractéristiques physiques qui paraissait étrange pour les humains ainsi que pour les surnaturels, apparemment. Il ajouta que si Eliel ne voyait rien c’était parce que Datalore n’était pas organique.

Eliel répliqua en évoquant Matrix. Nous prîmes un air surpris. Nous ignorions ce qu’était Matrix. Il y avait encore beaucoup de chose que nous ignorons… Quoi qu’il en soit, Eliel disait que Datalore était, lui, entièrement robot et que c’était effectivement pour ça qu’il ne pouvait pas voir de ligne de vie. Tout ça nous intriguait mais nous cherchions avant tout à savoir ce qu’Eliel avait pu voir dans nos yeux. C’est ce qu’il avait dit un peu plus tôt. Eliel répondit à notre question. Nous penchâmes légèrement la tête sur le côté intrigué par ce qu’il disait. Un miroir composé de plusieurs morceaux. Plusieurs histoires mais une seule personne. Il affirmait ne pas comprendre ce que ça voulait dire.

-C’est peut-être parce que nous sommes plusieurs. Vous nous voyez tous à travers nous. Chaque partie de nous.

Tous les autres drones qui sont nous.

Quant à Datalore il n’avait pas d’âme. C’est pour ça qu’Eliel ne voyait rien. Nous nous tournâmes vers Datalore avant de revenir sur Eliel.

-Une âme ? Nous nous avons une âme, alors ?

Nous avons bien du mal à comprendre ce qu’était une âme. Comme elle se manifestait. Nous savons que c’est un terme que les humains utilisent parfois. Mais nous avions du mal à visualiser ce que c’était réellement.

Datalore essaya alors de mettre une définition correcte sur le pouvoir d’Eliel. Mais les choses étaient plus compliquées qu’un pouvoir psychique basée sur l’empathie. Eliel semblait pouvoir voir la vie des gens. Notre air était toujours curieux.

-Nous trouvons ça intéressant. Nous n’avions encore jamais vu un tel pouvoir.

Il nous demanda si nous étions aussi agent du SPN.

-Non. Nous ne sommes pas agent. Nous sommes les drones du SPIN. Nous sommes ici pour surveiller les cellules. Nous faisons le même travaille que les agents mais nous ne sommes pas agent…

Notre phrase nous troubla. Et la dire tout haut nous fait remarquer quelque chose que nous ne nous étions pas encore rendu compte. Nous nous tournâmes vers Datalore.

-Si nous faisons le même travail pourquoi ne sommes-nous pas agent ?

A Caged Angel

ft. Eliel Zacharie & Third Of B

L’ange appuyait ses deux mains sur la vitre de sa cellule, nous regardant avec curiosité. Une curiosité qui était partagée par Third Of B et moi-même. L’homme était un ange. Eliel Zacharie. J’avais son dossier en tête. Je savais tout ce que le SPN savait sur lui.

Mais il y avait des données manquantes et c’était comme un réflexe pour moi de chercher à combler ce manque d’informations. Mais ce sans aucune arrière-pensée ni aucune malveillance.

De toute façon, il semblait que cette conversation soit un échange. L’ange nous posa des questions et nous lui en retournions. Le Dr. Noonien appelait ça « apprendre à se connaître ».

Je me contentai de l’observer tandis que Third Of B lui expliquait en quoi consistaient les drones du SPIN. Third Of B trouvait le terme « drone » réducteur mais pour l’instant, c’était le seul terme qui soit plus ou moins correct. Je savais que le Dr. Noonien cherchait toujours une dénomination qui prendrait en compte toute la complexité du lot B, quitte à inventer un nouveau mot.

Third termina en disant qu’effectivement, tous les drones étaient au SPIN, affectés à des étages différents. Mais qu’ils étaient en même temps tous dans sa tête.

Je montrai ma propre tempe de l’index.

-Et tous sont à l’écoute en ce moment. Ce que nous apprenons, tous les drones l’apprennent en simultané.

Eliel avait écarquillé les yeux en constatant que Third Of B était en partie un… un robot. Ma tête fit un petit mouvement sec en entendant le terme. Car c’était réducteur, même si j’avais déjà constaté, via le Collectif, que les gens utilisaient « robot » pour désigner tout ce qui était synthétique.

Alors était-ce faux ? Pas vraiment.

Quand il porta son attention sur moi en disant que j’étais entièrement robot, j’expliquai simplement.

-Androïde. Le terme « robot » désigne effectivement tout ce qui est artificiel et automate. Mais un robot peut avoir beaucoup de formes différentes, du simple aspirateur au bras mécanique. « Androïde » implique que, comme l’explique Third Of B, j’ai forme humaine.

Je souris, parce que je pensais qu’il fallait sourire.

-Mais il n’est cependant pas étonnant que je n’aie pas de ligne de vie.

Il s’intéressa à nouveau à Third Of B dont il voyait plusieurs bribes de vie et autres souvenirs. Pas étonnant.

-Vous devez voir en Third Of B plus ou moins la même chose que ce que je vois moi-même. Mais vous êtes sûrement plus à même d’interpréter leurs émotions.

Monsieur Zacharie constata alors que je n’avais pas d’âme. J’allai vite chercher, suite à la question de Third Of B à savoir s’il avait une âme, la définition du terme.

-Principe spirituel de l'être humain, conçu dans la religion comme séparable du corps, immortel et jugé par Dieu.

Je hochai la tête en haussant les sourcils, appréciant la définition…

-Cela semble propre à l’être humain. Donc je n’ai certainement pas d’âme. Mais toi et les autres drones étant des clones et donc des êtres humains à part entière, vous devez avoir une âme.

Je regardai à nouveau Eliel qui expliquait de quel pouvoir il était investi. C’était un pouvoir complexe difficile à résumer, mais j’essayai quand même.

-Donc vous savez lire les âmes, en quelque sorte.

Eliel demanda alors si nous étions des agents, comme ceux qui étaient attablés et nous regardaient actuellement avec beaucoup de curiosité.

-Non, nous ne sommes pas des agents.

La réponse de Third Of B fut plus étoffée. Mais quand il se tourna vers moi pour me demander pourquoi, étant donné que les drones faisaient le même travail que les agents, pourquoi ils n’étaient pas eux aussi considérés comme tels, je restai quelques secondes à le regarder d’un air neutre.

Avant de conclure par :

-Je l’ignore.

Puis, à Eliel.

-Quel âge avez-vous, Monsieur Zacharie ? Quand et où êtes-vous nés ?

A Caged Angel

Ft Julian Bolton

Non, Third n’était pas entièrement une machine, je le voyais bien, et je ne parlais pas de son physique. Et donc tous ces drones étaient ici au SPIN, ils y travaillaient mais à des étages différents. Je m’interrogeai aussitôt.
- Et il y en a beaucoup d’étages ? ...enfin je suppose que oui, si vous êtes vingt... ça ferait vingt étages ? Je regardai l’un et l’autre, attendant une confirmation.

Mais quand Third ajouta qu’ils étaient aussi tous ici, j’affichai mon incompréhension.
- Je ne vois personne d’autre, dis-je comme une évidence. Mais son geste me laissa encore plus perplexe. Je ne compris pas plus.

Pour Datalore, ça semblait être plus simple, puisqu’il était entièrement robotisé. Et c’est lui qui expliqua en premier qu’ils écoutaient tous en ce moment et qu’ils apprenaient en simultané. J’étais à la fois surpris et impressionné :
- Ça doit être très utile ! Mais alors tous savent ce que vous faites à chaque instant ? Vous n’avez jamais de moments où vous êtes seuls ? demandais-je encore curieux.

Datalore me donna alors une définition plus complète de ce qu’était un androïde, et j’acquiesçai, retenant les informations.
- Oui tellement humaine que ça en est étonnant. Je n’avais jamais vu quelqu’un comme vous avant.

Mais au moins, je comprenais désormais pourquoi je ne voyais rien chez lui contrairement à Third qui demanda s’il avait donc une âme.
- Je crois oui, une... ou des morceaux de plusieurs, comme si vous aviez traversé plusieurs vies, c’est.. étrange.

Quant à Datalore il ne semblait pas du tout surpris. Mais puisque c’était une machine, je ne devais peut-être pas m’attendre à le voir montrer des émotions. C’était plutôt déstabilisant. Il se comportait exactement comme un humain, mais il n’en avait pas toutes les caractéristiques.

Et il en vint à la même conclusion, avant d’ajouter sa propre définition d’une âme.
Je souris, bienveillant.
- C’est bien plus qu’un concept religieux, c’est... ce qui est ! Quand le corps meure, les âmes s’élèvent puis s’en vont rejoindre leur lieu de repos éternel, d’autres ne s’élèvent pas parce qu’ils ont échoué dans leur vie terrestre, et certaines parfois reviennent sur terre, sous d’autres formes. Ce n’est pas juste une question de religion, affirmais-je.

Je me tournai vers Datalore.
- J’en suis la preuve.

Puis je répondis à sa question sur mes pouvoirs, enfin sur celui-ci en particulier. Mais pouvoir percer le secret de chaque vie, de la naissance jusqu’à sa mort ne s’expliquait pas en deux mots. Et son résumé me laissa un instant silencieux le temps de trouver les mots pour expliquer ce qui n’était pas explicable, avant de répondre:
- C’est plus complexe. Parce que ça dépend d’un tas de facteurs. Ça peut varier suivant les personnes et les situations. Parfois tout se déroule en un seul fil, un seul regard et je sais qui est face à moi, parfois, ce sont seulement quelques morceaux de vie, quelques détails, des intentions, des envies, ou la nature profonde de quelqu’un. Et parfois je ne vois rien.

Ce fut alors à mon tour de poser une question, déjà pour comprendre ce qu’ils faisaient là. Ce qu’ils attendaient de moi. Je commençai donc par la plus évidente : quel était leur rôle ici, pour eux, ces drones et cet androïde ? Ils étaient si différents et en même temps, je reconnaissais la curiosité propre à toute créature vivante, comme l’était Third.

Mais Third n’était pas un agent me dit-il. Datalore non plus. Ils étaient là pour surveiller les cellules.
- Oh je vois... vous êtes venu pour me surveiller.

Mais il n’y avait pas grand-chose à surveiller. J’attendais sagement qu’on vienne me libérer. Mais Datalore avait encore des questions et je réfléchis quelques instants à sa question.
- Je crois que ça remonte à....quelques siècles avant la naissance du Christ, - 900 ans, environ.. puis je souris, et nous venons tous du paradis, même si pour quelques rares exceptions, certains ont eu une vie terrestre avant d’avoir été choisis.

ET comme si tout cela n’était qu’une simple conversation, je leur retournai la politesse.
- Et vous ? ... Qui est votre créateur ?

A Caged Angel

ft. Eliel Zacharie & Datalore

Eliel se demanda s’il y avait beaucoup d’étage au SPIN. S’il y avait autant d’étages que nous étions de drones. Nous comprenions sa curiosité mais nous n’étions pas autorisé à lui révéler.

-Nous ne pouvons pas donner des indications sur la configuration du SPIN aux détenus. C’est une question de sécurité.

Nous expliquâmes alors que tous les drones étaient là en montrant notre tête. Tout ça troublait Eliel mais Datalore expliqua autrement les choses en disant que les autres drones étaient à l’écoute et apprenait. Tout ce que nous savions, ils le savent car nous ne sommes qu’un. Nous confirmâmes les dires de Datalore d’un hochement de tête. Eliel, lui, trouvait ça utile ce qui nous fit sourire mais nous penchâmes légèrement la tête sur le côté à ses questions concernant le fait que nous ne sommes jamais seul.

-Oui. Nous savons tous ce que les autres font, pensent, voient et entendent à tout moment. Nous ne sommes jamais seuls. Nous sommes un Collectif. Nous sommes un.

Nous nous retînmes de dire que si nous étions déconnecté, nous étions seuls et nous n’aimions pas ça. Nous ne devions pas parler de nos faiblesses au détenus. Nous étions, désormais, très méfiant à ce niveau.

Datalore avait expliqué à Eliel ce qu’était un androïde. Nous écoutâmes sa définition très claire. Datalore savait bien expliquer les choses. Eliel trouvait ça très étonnant car Datalore ressemblait très fort à un humain. Nous sourîmes.

Mais en tant qu’être totalement artificiel, Datalore n’avait pas de ligne de vie. Eliel avait le pouvoir de lire les lignes de vie. Il savait lire la nôtre mais semblait y voir des choses étonnantes. Plusieurs lignes… Celle du Collectif ? Datalore pensait bien que c’était ça. Qu’Eliel voyait ce que lui voyait mais avec une meilleure interprétation des émotions. Nous hochâmes de la tête alors qu’Eliel parla d’âme. Nous nous questionnâmes sur l’âme. Est-ce que nous en avions une ? Eliel pensait bien que oui. Que nous avions des morceaux de plusieurs âmes.

-Plusieurs vies…

C’est ce que nous soufflâmes… Et nous pensâmes aux autres drones mais aussi à Third Of 96, notre ancêtre… Est-ce qu’Eliel pouvait le voir ? Nous avions du mal à véritablement voir et comprendre ce qu’il voyait ce qui rendait ça fascinant.

Nous questions sur l’âme amena une définition de la part de Datalore. Nous l’écoutâmes attentivement. Nous étions bien au fait des religions. Nous nous étions renseigné là-dessus à travers les agents. Nous savions qu’il y en avait plusieurs. Les agents n’ont pas tous la même religion. Certain n’en ont pas… Quant à nous, nous avions pu remarqué que la religion catholique avait au moins raison sur quelque chose car les démons et les anges existaient. Ainsi, nous avions un fait avéré que cette religion dit en partie des choses vraies et observables.

Nous apprîmes ainsi que l’âme est propre à l’humain. Et nous étions en parti humain donc nous devions avoir une âme. Nous hochâmes de la tête.

-Nous comprenons. Nous avons, donc, une âme.

A quoi nous servait-elle ? Telle est la question. Mais Eliel y alla de sa propre définition. Il nous apprit que les âmes, quand nous mourrons, s’élève ou non voir reviennent sur terre sous une autre forme. Que ce n’était pas juste une question de religion. Qu’il en était la preuve. Nous réfléchîmes à ça.

-Donc, il ne faut pas échouer dans sa vie terrestre ? Comment faire ça ? Comment ne pas échouer ?

Nous pensions que c’est en devenant parfait… C’était notre première idée. Notre seconde idée était que nous devions apprendre beaucoup et savoir beaucoup de chose… Une troisième idée était que nous devions remplir notre mission auprès du SPN pour réussir notre vie.

Datalore tenta alors de définir le pouvoir d’Eliel. Nous écoutâmes Eliel préciser la définition. Nous conclûmes que son pouvoir avait des résultats différents en fonction de qui Eliel avait face à lui. Nous trouvions ça fascinant.

Eliel était tout aussi curieux que nous. Il se demandait si nous étions des agents. Datalore et moi répondîmes que ce n’était pas le cas… Mais notre phrase nous troubla et nous nous demandâmes pourquoi nous n’étions pas un agent si nous faisions le même travail que les agents. Mais Datalore l’ignorait. Nous fîmes la moue. Nous étions très troublé. Nous demanderons au Docteur Noonien.

Eliel, lui, déclara que nous étions ici pour le surveiller.

-Nous surveillons tous les détenus. Notre mission est de veiller à la sécurité du SPIN.

Datalore demanda alors quel âge avait Eliel et où il est né. Nous ouvrîmes de grands yeux quand il avoua être né en -900. Nous avions appris à bien comprendre les concepts de temps. C’était même programmé en nous. Et nous comprîmes qu’Eliel était très vieux. Il déclara venir du Paradis.

-Vous avez plus de 2900 ans ! Nous n’avons que 4 mois… Nous ne savons pas à quoi ressemble le Paradis. Nous connaissons le concept mais nous avons du mal à imaginer à quoi ça ressemble réellement.

Eliel demanda alors qui était notre créateur. Nous sourîmes.

-Notre créateur est le Docteur Noonien.  

Nous réfléchîmes alors au Paradis, aux anges et aux âmes… Tout ça nous intéressait. Nous devrons lire des choses à se sujet mais, hélas, nous ne lisions pas aussi vite que Datalore même si nous pouvions lire plusieurs livre à la fois… Vingt à la fois maximum.

-Vous êtes plusieurs anges à être sur terre alors ? Vous avez des amis anges ? Ils savent que vous êtes ici ?

Nous étions programmé pour la sécurité. Ainsi ma curiosité me poussait aussi à savoir si nous risquions quelque chose. Comme Eliel était un ange et que nous en savions peu à ce niveau, nous voulions être rassuré.

A Caged Angel

ft. Eliel Zacharie & Third Of B

Planté à côté de Third Of B, je gardais naturellement mes bras le long de mon corps. Je n’avais pas cette tendance qu’avaient les humains à parler avec les mains, ce qui me donnait un air un peu rigide. Mais parfois, quand je pensais à le faire, je faisais bouger mes mains… En une pâle imitation d’un humain en pleine conversation.

Ce n’était pas le cas maintenant, car j’étais concentré sur le fait d’en apprendre plus sur Eliel Zacharie. J’étais curieux de nature, à croire que le Dr. Noonien m’avait implanté un programme uniquement pour ça. Mais quand je cherchais après, je ne trouvais pas ledit programme.

Etait-ce quelque chose que j’avais développé moi-même ?

J’ignorais la réponse à cette question. Comme j’ignorais les réponses à beaucoup de questions.

D’ailleurs, à la question d’Eliel sur la configuration du SPIN, ce ne fut pas l’ignorance qui nous empêchait de répondre, mais comme l’annonça Third Of B, nous ne pouvions pas révéler ce genre d’information à un détenu.

Par contre, rien ne nous empêchait de parler du Collectif. Surtout que, vu son profil, même très incomplet, l’ange ne semblait pas avoir de connaissances poussées en informatique. Et puis… L’ange s’interrogeait, semblait-il, plutôt sur les questions métaphysiques concernant le Collectif.

Third Of B expliqua alors qu’effectivement, il n’était jamais seul

-Comme cela fait beaucoup d’informations à traiter pour un seul être semi-organique, il a fallu que je sois construit pour faire tampon. Assimiler les informations et les redistribuer.

Je fis un petit mouvement de tête aléatoire.

-C’est pour cela que je suis un androïde et non un être semblable à Third Of B. Pour avoir des capacités de mémoire et d’assimilation des informations beaucoup plus grandes.

Pour ne pas dire pratiquement illimitées.

Mon apparence troublait réellement Eliel, à qui j’expliquai être plus qu’un robot et lui expliquant pourquoi c’était différent d’un androïde. Il disait n’avoir jamais vu quelqu’un comme moi.

-Je pense être le seul représentant d’une forme de vie entièrement artificielle.

La question de l’âme, à savoir qui en avait une ou pas, vint dans la conversation. Je connaissais la définition du dictionnaire que je donnai après que Third Of B se soit étonné que d’après l’ange, son âme était morcelée et représentait plusieurs vies.

Ma définition s’avéra très réductrice et Eliel nous en donna une définition plus complète et qui ne se limitait pas à des croyances religieuses. Il fallait, pour que son âme s’élève, accomplir quelque chose lors de sa vie terrestre. Je trouvais ça très fascinant…

Mais je réalisai que…

-Je ne connaîtrai jamais cela. Même si on m’éteint un jour. Tout s’arrêtera à cet instant.

Thord Of B, lui, sembla inquiet. En effet, en tant que possesseur d’une âme, il fallait donc qu’il n’échoue pas dans sa vie de drone. Comment, dès lors, ne pas échouer ? Mes yeux jaunes passèrent de Third Of B à Eliel, attendant la réponse.

Eliel aussi voulait en savoir plus sur nous. Il se demandait s’il nous étions des agents, ce qui n’était pas le cas. Nous n’avions pas de niveau attitré… Même si Third Of B et les autres drones faisaient exactement le même travail que les agents de niveau 5.

Third Of B expliqua que son travail était de surveiller les cellules et l’ange réduit cela à sa seule personne. Third Of B rectifia. Il y avait bien d’autres détenus à surveiller et l’ange n’était certainement pas le plus dangereux, en théorie. D’après ce que je comprenais de son dossier, il était possible qu’il sorte très vite du SPIN, ce qui était rare.

Je posai la question de son âge à Eliel afin de compléter ce dossier mais ne montrait aucune surprise pas plus que je ne montrai que le chiffre était impressionnant, puisque ça ne me faisait ni chaud ni froid. Je me contentai de noter l’information.

Third Of B, lui, était impressionné.

-2924 ans, approximativement… Dépendant évidemment de la date exacte de sa naissance.

Quant au Paradis, cela restait, pour Third comme pour moi, un concept des plus abstraits.

A notre tour de dire notre âge.

-Nous sommes le 6 janvier 2024. J’ai un an et 5 jours.

Et Third Of B de dévoiler le nom de notre créateur.

-Le Dr. Jack Noonien. Ses recherches ont mis 46 ans avant d’aboutir à notre création.

Les questions de Third Of B sur les autres anges étaient bienvenues. Les démons étaient récemment venus libérer les-leurs… Ou quelques-uns des leurs. Les anges en feraient-ils autant ?

A Caged Angel

Ft Julian Bolton

Je discutai sans aucune arrière-pensée avec ces deux êtres très étranges, échangeant avec eux poussé par la même curiosité qui semblait les animer. Mais certaines choses ne pouvaient être dites, ce que je pouvais comprendre.
- Oh oui d’accord. Je ne voulais pas être indiscret, pardon, dis-je avec un sourire conciliant.

Et certaines choses m’échappaient complètement comme ce que me dit Third au sujet de son collectif. Rien que le nom sonnait étrangement à mes oreilles étant donné que je ne voyais que lui et Datalore mais Datalore aussi me disait des choses que je peinais à comprendre. C’était un domaine trop nouveau pour moi et je leur en fis part avec un léger sourire embarrassé.
- Désolé mais tout cela me parait très compliqué. J’ai vécu si longtemps loin de toute civilisation et aujourd’hui je découvre qu’on crée des êtres entièrement artificiels ! C’est... ce monde m’étonnera toujours !  
Et d’ajouter : vous êtes tous les deux très étonnants !

Mais eux aussi avaient des questions et si j’avais du mal à comprendre ce qu’ils étaient et comment fonctionnait ce collectif, ce devait aussi être compliqué pour eux de comprendre comment fonctionnait mon pouvoir parce que la question était vaste, et que tout pouvait l’influencer que tout variait suivant les cas et les situations.

Et pour les âmes, c’était pareil. Ce n’était pas qu’une question de religion. Chaque être vivant sur terre possédait une âme et chaque peuple avait ses propres croyances et ses propres dieux. Même si le fond était le même, on pouvait accomplir une vie pleine de bienfaits, ou alors, céder au mal. C’était là, l’essence même de la vie, s’épanouir, ou régresser.

Je confirmai pour Third.
- Oui, même si vous êtes très particulier, comme si vous étiez plusieurs fils emmêlés, ou oui des éclats de miroir. Il est difficile de mettre des mots sur ce que je vois chez vous.

Mais Third voulait aussi savoir comment ne pas échouer. Je souris.
- En faisant les bons choix, en faisant le bien, en devenant une bonne personne. Parfois il suffit  de faire son travail, de remplir un rôle, celui qui nous a été donné, d’aimer ses proches ou d’aider ses amis ou simplement de tendre la main à des inconnus. Mais si l’homme cède au mal, alors il prendra le mauvais chemin et son âme ne pourra pas s’élever.

Datalore fit alors une remarque qui me laissa pensif. Ressentait-il de la tristesse ? En toute logique non puisque c’était une machine. Je tachai tout de même de le réconforter
- Alors il faut faire en sorte que nul n’ait envie de vous éteindre.

Et vinrent d’autres questions notamment sur mon âge et mon origine. Je leur répondis et ça surprit beaucoup Third qui me livra à son tour son âge. Je confirmai à Datalore, même si je n’avais jamais calculé.
- Oui, il doit manquer quelques années je crois, je ne sais plus exactement. Ca n’est pas très important pour les anges de connaître leur âge exacte. Quant au paradis, je ne peux hélas pas vous en dire plus. Je crois qu’on peut aussi dire que c’est une question de sécurité ? lançais-je avec un sourire.

Je me tournai ensuite vers Third.
- Quatre mois seulement ? Je croyais que ça faisait plus longtemps dis-je songeur en l’observant.

Datalore lui se disait plus âgé, mais pas de beaucoup.
- Alors vous devez avoir encore beaucoup de place sur votre mémoire. Remarquez la mienne n’a plus assez de place pour se souvenir de tout, même si je me souviens désormais de beaucoup de choses. Il me faudrait peut-être moi aussi un androïde qui me rappelle ce que j'ai oublié, dis-je amusé.

J’appris donc que c’était un docteur Noonien qui les avait créé. J’aquiesçai avant de me tourner vers Third qui voulait savoir si nous étions plusieurs sur terre, si j’avais des amis anges et s’ils savaient que j’étais ici.
- Oh oui, on est plusieurs à venir sur terre pour différentes missions. Les humains le savent, ils parlent dans ces cas d’ange-gardiens même si nous n’avons pas tous la mission de protéger un humain en particulier. Parfois ils ne font que de brefs passages comme l’archange Gabriel.

Je songeai alors à la brève visite de Michel un peu plus tôt.
- Je n’ai pas encore rencontré de mes pairs depuis mon retour, à l’exception d’un. Donc oui je crois qu’ils sont au courant que je suis ici, mais je crois qu’ils savent que tout va bien se passer, conclus-je en retrouvant le sourire. C’est pour ça que je ne m’inquiète pas trop, parce qu’eux ne le sont pas.

A Caged Angel

ft. Eliel Zacharie & Datalore

Nous sourîmes alors qu’Eliel comprenait que nous ne pouvions lui révéler le nombre d’étages dont disposait le SPIN. Il s’excusa même et nous lui fîmes signe qu’il n’y avait pas besoin de s’excuser. Nous comprenions sa curiosité.

Une curiosité qui s’étendit à nous et à Datalore. Nous tentâmes d’expliquer ce que nous étions et comment nous fonctionnons. Ce n’était pas facile à expliquer. Datalore, lui, ajouta quel était sa fonction au sein du Collectif. Comment il nous aidait à traiter les informations. Il nous était indispensable pour fonctionner tel que nous fonctionnions. Et il était indispensable qu’il soit un androïde pour remplir cette fonction.

-Datalore nous est indispensable pour fonctionner.

Datalore affirma être sans doute le seul représentant de sa race. Nous le pensions aussi. Sans doute parce que c’est ce que le Docteur Noonien pensait aussi. Nous hochâmes de la tête pour confirmer ses dires alors qu’Eliel affirma que tout ceci était compliqué. Il expliqua avoir vécu longtemps loin de toute civilisation et qu’il découvrait à peine l’existence d’être artificiel. Il nous trouvait étonnants. Nous sourîmes. Nous prenions ça pour un compliment.

-Vous aussi vous êtes étonnant. Vous êtes le premier ange que nous rencontrons.

Ainsi, nous avions aussi des questions. Celle sur l’âme par exemple. Eliel disait que nous avions une âme mais que nous étions particulier. Il disait que nous étions plusieurs fils entremêlés. Il avait des difficultés à mettre des mots sur ce qu’il ressentait vis-à-vis de nous comme nous avions des difficultés à expliquer comment nous fonctionnons car nous avons toujours fonctionné comme ça. Nous pensons que c’est parce que nous étions plusieurs que Eliel voyait notre fil comme plusieurs fils. Mais ce qui nous intriguait aussi c’est comment nous pouvions faire pour ne pas échouer dans notre vie. A vrai dire, cette question nous paraissait extrêmement important. Nous cherchions la perfection et les paroles d’Eliel sur l’âme nous faisait penser que si nous ne l’atteignons pas, nous aurons échoué dans notre vie. De quoi faire naitre un stress au sein du Collectif. Une stress qui partait de nous et s’étendait aux vingt drones tous curieux de la réponse d’Eliel à notre question.

Nous l’écoutâmes dire que nous devions faire les bons choix… Faire le bien. Être une bonne personne. Nous avons une très bonne notion du bien et du mal. Ça faisait partie de nos programmes. Aimer ses proches. Aider ses amis. Nous ne voulions que du biens à nos amis. Nous pensons que nous cherchons à faire le bien…

-Nous cherchons à faire le bien. Nous cherchons à aider nos amis. Nous aimons discuter avec des gens que nous ne connaissons pour en apprendre plus. Mais…

Nous avons tué… Nous avons fait des erreurs. Mais nous nous tûmes. Nous n’achevâmes pas notre phrase. Nous pensons que ce n’était pas notre faute et que nos regrets était une preuve que nous étions quelqu’un de bien. C’est ce qu’avait dit le Docteur Noonien et le Docteur Jester et nous les croyons.

-Nous pensons que jusqu’ici nous n’avons pas échoué et nous essayerons de ne pas échouer.

Datalore lui disait qu’il ne connaitre jamais ça. Que si on l’éteignait un jour, tout s’arrêtera à ça moment. Nous prîmes un air triste. Nous savions que Datalore aimerait être plus proche des humains qu’il ne l’était. Qu’il voulait savoir ce que c’était que de vivre avec des émotions comme nous. Nous ne pouvions lui faire ressentir ce que nous ressentons. Nous trouvions ça triste. Eliel disait que Datalore devait faire en sorte de ne pas être éteint. Ainsi, il vivra à jamais. Nous nous tournâmes vers Datalore.

-Nous ferons en sorte que tu ne sois jamais désactivé.

Il faisait partie du Collectif, en quelque sorte bien que c’était une part distincte de nous. Et le sentiment de protection qu’il avait pour nous, nous l’avions pour lui aussi.

Eliel parla un peu plus de lui. Nous étions impressionné par son âge. Datalore se fit approximativement plus précis sur l’âge d’Eliel que nous ne l’avions été. Eliel disait qu’il n’était pas important pour les anges de savoir leur âge exacte. Nous rigolâmes quand il ajouta ne pas pouvoir parler du Paradis car c’était une question de sécurité.

-Comme diraient les agents : c’est de bonne guerre. Nous comprenons.

Nous avoua n’avoir que quatre mois mais Eliel pensait que nous étions plus âgés. Nous hochâmes négativement de la tête.

-Quatre mois mais nous avons assimilé beaucoup d’informations en quatre mois. Nous agissons comme un…

Nous cherchâmes dans notre mémoire ce qu’avait dit le Docteur Wood à notre sujet.

-Un adolescent trop curieux. C’est ce que dit le Docteur Wood de nous.

Datalore était plus âgés que nous. Eliel disait que, du coup, il devait encore avoir de la place en mémoire ce qui n’était pas son cas. Il disait qu’il lui faudrait un androïde pour l’aider à ce souvenir. Nous sourîmes à ça.

Nous expliquâmes qui était notre créateur et en combien de temps il était arrivé à nous créer. C’est ensuite que nous posâmes d’autres questions en partie pour assouvir notre curiosité mais aussi pas soucis de sécurité. Nous étions programmé pour veiller à ça et cette programmation et d’autant plus importante pour nous depuis l’attaque du 3 décembre 2023.

Eliel répondit disant qu’il y avait plusieurs anges sur Terre. Nous l’écoutâmes parler des missions des anges. Nous ne pensions pas de protéger des humains soient mal. La mission des ange nous semblait être semblable aux missions du SPN. Ainsi, cela nous fit nous poser des questions sur la présence d’Eliel ici. Nous accédâmes alors à son dossier… Il était ici parce qu’il était suspecté de meurtre. Nous doutions avec ce que nous lisions et ce que nous entendions d’Eliel qu’il était coupable.

Eliel avoua n’avoir rencontré qu’un de ses pairs mais il était certain qu’ils savaient qu’il était ici mais qu’ils savent que tout va bien se passer.

-Donc… Vous ne pensez pas que les anges vont venir vous chercher ici ?

Nous voulions une confirmation. Notre voix était empreinte d’une certaine angoisse que nous tentions de dissimuler. Un petit jeu auquel nous n’étions en rien doué.

-Nous avons lu votre dossier. Nous ne pensons pas que vous soyez coupable ou dangereux.

C’est ce que nous pensions. Nous nous tournâmes vers Datalore.

-Nous le pensons. Et toi ?

Nous avions le ressentis du Collectif mais Datalore, n’ayant pas d’émotion, nous ne savions déceler ce qu’il pensait. Nous nous tournâmes à nouveau vers Eliel.

-Seul les personnes ayant fait un crime sont enfermées au SPIN. Si vous n’êtes pas coupable, vous serez libre.

A Caged Angel

ft. Eliel Zacharie & Third Of B

L’ange comprenait que nous ne puissions pas l’informer de la configuration du SPIN. J’avais très peu d’expérience des humains et autres créatures sociables. L’humain que je côtoyais le plus était le Dr. Noonien et j’avais déjà bien compris qu’il n’était pas un être social. Il nous avait d’ailleurs avoué, à Third Of B et moi-même, n’avoir que nous comme amis.

Résultat, j’avais du mal à cerner Eliel. Mais je pensais que Les termes « poli », « avenant » et « curieux » le définissaient plutôt bien, si je me fiais aux données linguistiques et sémantiques auxquelles j’avais accès.

Par contre, je ne voyais pas pourquoi nous devrions faire un mystère de notre façon de fonctionner. Nous le lui expliquâmes donc, mais toutes ces informations étaient beaucoup trop pointues pour l’ange qui avoua son ignorance en matière de robotique et d’informatique.

Cependant, il nous trouvait tous les deux étonnants.

Je souris comme j’avais vu le Dr. Noonien le faire quand il était satisfait.

-Merci.

Lui aussi était intriguant pour nous et Third Of B lui renvoya son compliment. Etait-ce un compliment ? Oui. Je le pensais.

Eliel et Third Of B parlèrent alors d’âme, d’un point de vue métaphysique. J’écoutais avec beaucoup d’intérêt, même si je n’étais pas concerné, n’ayant pas d’âme moi-même. Mais à un moment, mes yeux fixes se mirent à bouger de gauche à droite.

Cette conversation remuait le Collectif sans que je puisse déterminer les émotions que ça leur procuraient. Ils se posaient des questions.

Third disait essayer de faire le Bien… Il pensait ne pas avoir échoué jusqu’ici.

Mais dans mon champ de vision, le Collectif me ramenait au 3 décembre 2023… Et au meurtre de l’agent Willoughby.

Je finis par regarder Third Of B, sans comprendre pourquoi il ne parlait pas à l’ange de cette question qui perturbait tout le Collectif.

-Tu étais hacké. Tu n’avais plus le contrôle. Tuer Willoughby n’était pas ton choix.

Quant à moi, je n’avais pas à me poser de question sur mon âme. Si jamais on m’éteignait, tout s’arrêterait, tout simplement. L’ange m dit alors qu’il fallait que je fasse en sorte qu’on ne m’éteigne jamais.

-Vous voulez dire que si personne ne désire jamais m’éteindre, ce sera que j’aurai fait les bons choix ?

Ça me semblait logique. Si je fonctionnais conformément aux paramètres établis, personne n’aurait jamais de raison de m’éteindre, à moins d’être malveillant.

Third Of B, lui, me promis de faire en sorte que je ne sois jamais désactivé.

-Il vaut mieux pour vous. Ma désactivation signerait la fin du lot B.

Parce que sans moi, leurs systèmes seraient tellement surchargés que tout le Collectif s’effondrerait.

Nous en vînmes à parler un peu plus de l’ange. Il ne connaissait pas son véritable âge, ce qui me fit lever un sourcil.

-Je ne comprends pas comment on peut fonctionner avec des approximations.

Etant programmé pour être précis, le concept m’échappait. Par contre, l’ange ne voulut pas nous en dire plus sur le Paradis pour les mêmes raisons que nous ne voulions pas lui parler du SPIN. Third Of B comprenait. Il affirma que c’était « de bonne guerre »… Je le regardai, un sourcil levé.

-Nous sommes en guerre ?

Si c’était le cas, je manquais d’informations.

L’ange nous questionna à son tour sur notre âge. Nous étions jeune et, d’après le Dr. Noonien, encore inexpérimentés. Mais comme le disait Third Of B, nous étions dans un apprentissage constant. Le Dr. Wood disait d’ailleurs que Third Of B était un adolescent trop curieux.

-Je ne pense pas qu’on puisse être « trop » curieux. Le Dr. Noonien dit qu’il n’y a pas de question idiote.

Je regardai l’ange dans les yeux quand il affirma qu’il lui faudrait un androïde pour lui rappeler les choses.

-Peut-être qu’un jour, tout le monde aura un androïde pour aider.

Eliel nous expliqua ensuite, répondant à nos questions, qu’il y avait bien d’autres anges, tous avec des missions plus ou moins différentes. Mais je captai la constante dans tout ça : les anges étaient des êtres bienveillants. Et ils savaient qu’Eliel était ici.

Je me tournai vers Third Of B quand, encore une fois, le Collectif s’emballa. Je compris que cela inquiétait beaucoup les drones que les semblables d’Eliel puisse venir le chercher.

-S’ils sont bienveillants, alors, ils devraient laisser la loi de hommes suivre son cours.

Third Of B ayant lui aussi accès au dossier de l’ange, il en déduit que celui-ci ne pouvait pas être coupable de ce dont on l’accusait. Il me demanda mon avis là-dessus.

-Conformément à la loi, je dirais que toute personne qui se voit reprocher une infraction est réputée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été légalement démontrée.

Je regardai Eliel, de plus en plus intrigué.

-Vous avez parlé de « votre retour ». Depuis combien de temps êtes-vous sur terre et quelle est votre mission ?

A Caged Angel

Ft Julian Bolton

Un drone et un androïde. C’était absolument nouveau pour moi et très complexe mais Third répondit que pour eux aussi c’était la première fois qu’ils rencontraient un ange. Je souris.

Ils étaient donc là par pure curiosité et non pas pour m’interroger à l’instar de Julian Bolton. Et je répondis volontiers à leurs questions, notamment en ce qui concernait les âmes. Je voyais l’inquiétude dans le regard de Third, même si son œil brun parlait plus que son œil bleu. Ça et aussi le ton de sa voix et l’expression de son visage. Et quand il affirma qu’il était quelqu’un de bien, je souris et le rassurai :
- Je sais, tu es une bonne personne Third.

Third l’était, je ne pouvais en revanche pas l’affirmer pour les autres, puisque je ne les voyais pas. Mais en même temps, Third semblait si soucieux de ne pas échouer. Je le dévisageai, avant de lui répondre plus gravement :
- Echouer n’est pas une fin en soi. Le principal c’est d’essayer encore et d’essayer de faire du mieux qu’on peut. Personne ne peut être parfait. Moi-même, je suis loin de l’être, dis-je en baissant les yeux. J’ai fait des erreurs, j’en fais encore, et l’une d’elles m’a conduit jusqu’ici.

Puis Datalore intervint. Il regardait Third et évoqua un terme qui ne me parlait pas, avant de préciser qu’il avait perdu le contrôle. Ce que je compris un peu mieux. Third avait tué quelqu’un. Et je compris ce qui n’allait pas.
- Je suis désolé pour ton ami et pour ce qui lui est arrivé. J’ignore ce que « hacké » veut dire, mais ce que je sais, c’est que tu n’avais aucune intention de lui faire de mal.

Je me tournai pour m’appuyer contre la vitre, détournant mon regard d’eux, et replongeant dans le cauchemar qui allait désormais m’accompagner chaque jour comme celui de Third
- Moi non plus, je n’ai jamais voulu qu’Hilary meure, mais mon erreur a été de prendre cette drogue et à cause de ça, je n’ai pas été capable d’intervenir à temps pour empêcher qu’elle soit tuée. A présent je vais devoir réparer ça. Je voulais aider l’agent Bolton, mais il m’a dit que ce n’était pas une bonne idée parce que je suis... un surnaturel ? Et que je suis le principal suspect dans cette affaire.

Je me tournai à nouveau pour faire face à Datalore qui lui, semblait s’inquiéter qu’on puisse l’éteindre. Je lui conseillai donc de faire en sorte que personne n’ait envie de l’éteindre. Il se demanda si ça dépendrait de ses choix.
- Oui mais...Hélas il y a toujours le risque d’une erreur de jugement.

Et moi-même je n’étais pas à l’abri d’une telle erreur.
- On peut être accusé sans être coupable pour autant.

Third intervint, affirmant avec ferveur qu’il ferait en sorte que Datalore ne soit jamais désactivé, et je devinais toute l’affection qu’il ressentait derrière cette déclaration. Datalore était peut-être une machine, mais Third lui était humain. Et la réponse de l’androïde fut elle, dénuée de toute émotion.

Third me posa alors de nouvelles questions, sur mon âge et le paradis, et ma réponse le fit sourire, mais convint beaucoup moins à Datalore qui ne comprenait pas qu’on puisse fonctionner avec des approximations. Je ris un peu.
- Dans mon cas, l’approximation semble ne pas trop entraver mon fonctionnement.

Quant à Third, après avoir annoncé son âge, il parla d’un docteur Wood qui avait comparé ses réactions à celle d’un adolescent trop curieux et Datalore renchérit en disant qu’on ne pouvait pas être trop curieux. Je ris à nouveau.
- Vous devriez le dire à Charles, lui il me trouve beaucoup trop curieux et bavard. Charles, c’est le cuisinier du restaurant où je travaille.

Nous en vînmes alors à parler du paradis. Sauf que sur le sujet, je ne pouvais rien dire, et Third y alla d’une expression que Datalore ne saisit pas. Je souris face à son incompréhension. C’était d’ordinaire plutôt moi qui étais perdu quand on me disait quelque chose que je ne comprenais pas.

Sans compter avec mes problèmes de mémoire et Datalore suggéra que nous aurions peut-être tous un jour un androïde pour nous aider.
- Pourquoi pas ? Des hommes l’ont déjà imaginé. J’expliquai : Je l’ai vu dans un film, Star Wars. Même si c’est un film de science-fiction.

Je ne faisais là que répéter ce que Mercy m’avait dit. Mercy qui voulait me faire découvrir toute la culture du cinéma, depuis que j’avais fait montre de toute l’étendue de mes lacunes en la matière à la fête de l’Halloween de l’an passé.

Puis Third m’interrogea sur les autres anges qui pouvaient se trouver sur terre, mais il voulait aussi savoir s’ils étaient au courant pour mon emprisonnement. Je répondis sans réserve ce qui amena une nouvelle question. Je regardai Third, surpris par celle-ci.
- Non, non je ne crois pas ! ça ne sera pas nécessaire, n’est-ce pas ? dis-je d’une voix soudain empreinte de doute.

Datalore lui, affirma que si les anges étaient bienveillants, ils se plieraient aux lois des hommes, ce qui me remplit de perplexité. Parce que je ne comprenais pas le rapport.
- Ils le sont affirmais-je. Mais ils n’auront pas besoin de venir me chercher parce que je suis innocent ! ajoutais-je en les regardant tour à tour lui et Third.

Third en tout cas, me pensait innocent. Mais j’étais désormais inquiet.
- Oui et l’agent Bolton aussi il m’a cru mais il a dit qu’ils auraient besoin d’éléments pour.. pour établir mon innocence. C’est .. c’est pour ça que je dois attendre ici.

Mais Third ajouta que seules les personnes qui avaient commis un crime étaient enfermées ici alors mon inquiétude grandit.
- Ah ? mais ...je n’ai rien fait ! L’agent Bolton a dit que c’était une formalité, le temps de rassembler des éléments pouvant étayer ... dis-je en m’efforçant de retrouver ses propres mots, mon innocence.

Sauf qu’à cet instant j’avais eu peur qu’ils ne puissent rien trouver en ce sens. Et cette peur revint, à peine étouffée par les paroles de Datalore qui évoquait la présomption d’innocence.
- Alors ça veut dire que je ne devrais pas être là ?

Je les interrogeai du regard tour à tour. Mais la question de Datalore me perturba.
- Depuis très longtemps. Désolé, je n’ai pas de date précise, plusieurs siècles, depuis que j’existe en fait. Et je parlai d’un retour à la civilisation. J’ai passé beaucoup de temps dans un monde loin de toute technologie, loin de toutes ces préoccupations qu’ont les gens aujourd’hui, mais... Dieu m’a ramené ici à New York. Et ma mission est la même que la votre, aider les gens. Faire en sorte qu’ils fassent de meilleurs choix qu’ils ne l’ont fait jusqu’à aujourd’hui.

Car oui, tout choix faisait pencher la balance du bon ou du mauvais côté.

A Caged Angel

ft. Eliel Zacharie & Datalore

La question de l’âme nous taraudait l’esprit. Nous ne voulions pas échouer dans notre vie. Nous essayons, chaque jour, de nous améliorer et d’en apprendre plus pour ne pas échouer. Nous pensions ne pas être mauvais et nous sourîmes d’un petit sourire quand Eliel déclara que nous étions une bonne personne.

-Merci.

Restait à le rester et à ne pas échouer. Mais Eliel disait qu’un échec n’était pas une fin en soi. Nous l’écoutâmes nous parler d’essais et que personne ne pouvait être parfait. Lui-même avait déjà fait des erreurs. Ce n’était pas la première fois que nous rencontrons quelqu’un qui nous disait que la perfection n’était pas atteignable. Nous réfléchîmes à ça.

-Alors il suffit d’essayer ?

Tout ça nous faisait beaucoup réfléchir… Si l’essais était suffisant alors comment quantifier tout ça ? Nous l’ignorons. Nous étions habitué à toujours réussir ce que nous entreprenions. Un échec nous faisait nous acharner sur la tâche jusqu’à sa réussite. Sauf que nous ne pouvons revenir en arrière comme avec l’agent Willougbhy. Et c’est bien cette pensée qui faisait penser au Collectif que nous avons, quelque part, échoué. Mais Datalore, qui entendait le Collectif, déclara que la mort de l’agent n’était pas notre choix. Nous hochâmes de la tête.

-Nous le savons…

Mais nous avons du mal à ne pas y penser. Eliel lui se disait désolé pour l’agent Willougbhy mais était convaincu que nous n’avions aucune intention de lui faire du mal.

-Nous aimerions pouvoir le ramener.

Mais nous avons bien compris que c’était impossible. Le Docteur Noonien avait été catégorique là-dessus. Et Eliel parla de sa propre expérience. Lui aussi avait des remords car il pensait bien avoir échoué dans le sauvetage d’une femme. Il disait avoir voulu aider l’agent Bolton à ce sujet mais que ce dernier n’avait pas voulu pour deux raisons. Nous penchâmes légèrement la tête sur le côté.

-Nous sommes désolé pour ça. Nous savons ce que ça fait de ne pas avoir réussi à aider quelqu’un. Nous savons aussi ce que ça fait de ne pas pouvoir réparer.

Nous comprenons Eliel.

Quant à Datalore, il n’avait pas d’âme. Nous étions triste pour lui et notre estomac se retourna un peu à l’idée qu’il puisse être éteint un jour. Nous pensâmes d’abord à lui avant de penser à nous. Il demanda s’il aura fait les bons choix si jamais personne ne voulait l’éteindre. Nous regardâmes Eliel en quête de la réponse mais nous fûmes un peu triste de savoir que des erreurs de jugement pourrait mener à la désactivation de Datalore. Nous déclarâmes alors que nous feront tout ce qui est en notre pouvoir pour faire en sorte que notre matrice centrale ne soit pas éteinte. L’androïde déclara alors qu’il valait mieux pour nous car si jamais il était éteint nous n’y survivrons pas. Nos lèvres se pincèrent.

-Si tu meurs, nous mourrons… Nous n’en avons pas envie.

Eliel nous parla de son âge et Datalore se demandait comment l’ange pouvait vivre avec des approximations. La créature surnaturelle rétorqua qu’il pouvait aisément vivre ainsi. C’était notre cas aussi. Nous nous tournâmes vers Datalore.

-Nous avons remarqué que nous pouvons vivre avec aussi.

Autrefois, nous étions très précis mais, au contact des humains, nous devenons de plus en plus approximatif au niveau des données. Nous avons remarqué que ça agaçait les humains quand nous les corrigions ou quand nous étions extrêmement précis.

Eliel refusa de nous en dire plus sur le Paradis pour des questions de sécurité. Nous déclarâmes que c’était de bonne guerre, une expression que Datalore ne pouvais saisir. Nous nous tournâmes vers lui en rigolant un peu.

-C’est une expression, Datalore. C’est un juste retour des choses car nous lui avons dit que nous ne pouvons parler de la configuration du SPIN pour des raisons de sécurité.

Nous lui avons donné une définition plus qu’approximative mais nous étions probablement devenu le drone le plus approximatif du Collectif.

Nous parlâmes de notre propre âge et du fait que le Docteur Wood pensait que nous agissions comme un adolescent trop curieux. Mais Datalore et le Docteur Noonien ne pensait pas qu’on pouvait être trop curieux.

-Nous le pensons aussi mais parfois la curiosité agace les humains…

Eliel avait vécu la même expérience. Un certain Charles pense qu’Eliel est aussi trop curieux. Cela nous fit rire. Nous avons ça en commun.

Datalore et Eliel parlèrent de mémoire et la matrice centrale déclara que, peut-être, un jour chacun aura un androïde pour l’aider comme nous. Eliel confirma car il avait déjà vu ça dans un film. C’était la deuxième fois qu’Eliel citait un film. Nous devons vraiment nous y mettre à suivre le conseil du Docteur Jester sur la télévision. Nous avons suivi celui sur les livres mais nous devons aussi le faire pour la télé.

-Nous devons avoir la télévision.

Le Collectif déclara ça d’une seule voix dans notre tête et celle de Datalore. Nous voulons la télévision. Nous n’avons pas encore demandé au Docteur Noonien car l’agent Bolton nous avait conseillé de nous concentrer sur notre entrainement pendant notre suspension. Cela nous avait freiné à faire notre demande. Mais nous n’étions plus suspendu…

D’autres questions furent posé par nous-mêmes. Des questions qui touchait à la sécurité du SPIN. La réponse d’Eliel ne nous rassura qu’à moitié et nous dûmes poser une autre questions pour nous rassurer complètement. Seulement, cette question sembla agité l’ange. Comme si notre inquiétude était devenue contagieuse. Il disait que les autres anges n’auront pas besoin de venir le chercher mais son questionnement prouvait que les anges étaient, peut-être, capable de venir ce qui ne fit pas taire notre angoisse.

-Nous…

Nous ne pouvions confirmer alors nous fermâmes notre bouche alors que Datalore, lui, disait que si les anges étaient bienveillants ils devaient laisser faire la loi des hommes. Nous hochâmes de la tête alors qu’Eliel confirma que les anges étaient bienveillants. Il clama, ensuite, son innocence. Nous comprîmes que nous l’avions peut-être effrayé et que, de ce fait, il avait peur de ne pas sortir d’ici. Il ajouta que l’agent Bolton disait que tout ça était un formalité. Nous prîmes un air compatissant.

-Si vous êtes innocent, vous n’avez pas à vous inquiéter. Vous serez rapidement sorti d’ici.

Car ici, il n’y avaient que les coupables qui restaient. Nous pensons, nous, que Eliel est bel et bien innocent. Rien ne démontre qu’il est coupable ni dans son dossier, ni dans sa façon d’être. Nous questionnâmes Datalore sur ses impressions et il parla de présomption d’innocence. Tant qu’Eliel ne sera pas déclaré coupable, il est innocent ce qui, inévitablement, fit se questionner l’ange sur sa légitimité à être enfermé ici.

S’il était présumé innocent alors pourquoi était-il au SPIN si cet endroit était réservé aux gens coupables. Nous pouvons répondre à cette question.

-Vous êtes ici car si vous êtes coupable et que le SPN vous avait laissé partir, il aurait eu des difficultés à vous retrouver pour vous ramener ici. C’est une question de sécurité encore une fois. Mais nous sommes certains que vous serez rapidement blanchi et ramené à votre vie d’avant hors du SPIN.

Nous lui sourîmes. Nous étions confiant vis-à-vis de ça. Nous croyons Eliel quand il disait qu’il était innocent.

Datalore, toujours curieux, posa d’autres questions et nous écoutâmes la réponse d’Eliel. Nous ouvrîmes de grands yeux curieux quand il parla d’un autre monde. Parlait-il d’un autre pays ? Ou bien d’un véritable autre monde ? Nous n’avons pas encore vu le monde extérieur de nos propres yeux alors que d’autres mondes pouvaient exister stimula notre esprit de tout découvrir. Il ajouta que sa mission était d’aider les gens.

-Cet autre monde, quel est-il ? Où est-il ?

Nous avions un tas de questions. Tout le Collectif en avait. Et l’envie d’aller visiter l’extérieur devenait de plus en plus urgente. Une pensée se fit alors entendre d’une seule voix qui était la voix de tous les drones ensemble :

*Ici, nous sommes limités.*

Dehors nous avons beaucoup à découvrir.

A Caged Angel

ft. Eliel Zacharie & Third Of B

Third Of B était une bonne personne, c’était ce que disait l’ange. Je regardai alors le drone.

-Félicitations.

L’ange ne pouvait pas avoir le même compliment pour moi car je n’étais tout simplement pas une personne.

Cependant, c’était très bien pour Third Of B. Le Dr. Noonien lui avait déjà dit qu’il était quelqu’un de bien, mais grâce à toute la documentation que j’avais sur les anges, je pouvais conclure qu’être qualifié de « bon » par l’une de ces créatures relevait d’une certaine distinction. Surtout si j’avais bien suivi et compris ce qu’avait dit Eliel sur son pouvoir qui consistait à voir les lignes de vie des gens.

Third semblait concerné par le fait de faire des choix et de parfois échouer. Mais l’ange le rassura en lui disant que l’échec ne signifiait pas automatiquement que son âme serait perdue. C’était l’essai qui comptait.

-L’intention est donc plus importante que le résultat.

Surtout qu’apparemment, le meurtre de Willoughby n’entrait pas en ligne de compte pour Third Of B. L’ange semblait formel là-dessus. Mais Third nourrissait toujours le vain espoir de pouvoir ramener l’agent.

C’est alors que l’ange nous en dit un peu plus sur ce qui l’avait amené ici, au SPIN. D’après les données que j’avais, il était le premier de sa race à être incarcéré ici. Mais je savais aussi que ce n’était théoriquement que temporaire. Il s’était trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment, et dans un état qui ne lui avait pas permis de venir en aide à la victime.

Il ajouta qu’il avait voulu aider.

-Témoigner, même en tant que suspect, aide à l’enquête. Donc vous avez déjà aidé. Pour le reste, l’agent Bolton a pris ses décisions en adéquation avec les procédures SPN.

J’essayais de rassurer l’ange. Mais mon ton monocorde et mes affirmations prononcées comme de simples faits, je ne savais pas si ça allait vraiment marcher. L’empathie était quelque chose que je ne connaissais pas.

Third Of B lui, compara cela à sa propre expérience en disant qu’il savait ce que c’était de ne pouvoir venir en aide à quelqu’un. J’observai les réactions de l’ange, juste pour voir si le drone avait plus de succès que moi dans sa tentative pour le rassurer.

Bref, je n’étais peut-être pas une bonne personne car je n’étais pas une personne… Mais mes choix feraient peut-être aussi en sorte que personne ne veuille jamais me désactiver. Cependant, l’ange affirma que je n’étais pas à l’abri d’une erreur de jugement.

-Je n’aurai aucune prise là-dessus.

Au sujet du Paradis et des informations qu’Eliel ne pouvait partager pour des raisons de sécurité, Third m’expliqua que « c’est de bonne guerre » était une expression. Et il rigola.

Alors je fis de même, imitant maladroitement le rire humain.

Tout ça nous amenant à notre tendance à la curiosité pour le Dr. Noonien, ce n’était pas un défaut. Mais parfois, cela agaçait les humains.

-Le Dr. Noonien n’est jamais agacé…

Enfin… je croyais.

Eliel fit à nouveau référence à un film quand je parlai de mon fonctionnement avec les drones du lot B. Et Third de conclure qu’il leur fallait la télévision. J’avais accès à internet, mais la télévision, c’était encore quelque chose de différent.

-Si vous l’obtenez, je viendrai la regarder avec vous.

Third Of B en vint ensuite à une question importante. Une question qui agita tous les drones. Il voulait savoir si les anges allaient venir libérer Eliel comme les démons l’avaient fait récemment avec leurs semblables.

Mais plutôt que de répondre par « oui » ou par « non », l’ange s’agita au moins autant que le lot B et commença à clamer son innocence.

Cela interpella les agents qui nous observaient, assis à la table. L’agent El Jidadi lança alors.

-Hey ! Vous deux ! Si c’est pour énerver les détenus, vous allez voir ailleurs, ok ?!

Je tournai la tête vers l’agent, hochai la tête puis en revins à l’ange.

-Si vous êtes innocent, vous n’avez rien à craindre.

Mais je n’avais pas l’accréditation pour le déclarer innocent ou coupable. Tout ça revenait aux agents hauts gradés, lorsqu’ils auraient les éléments qui leur fallait.

L’ange demanda si, puisqu’il n’était pas coupable, il n’était pas censé être là, mais ce fut Third Of B qui trouva les mots pour le rassurer. Ce n’était, encore une fois, qu’une question de sécurité. Une formalité, comme l’avait dit Bolton.

Eliel se calma un peu grâce à la question que je lui avais posée sur son parcours. Il avait passé une partie de sa vie dans un autre monde, loin de la technologie. J’emmagasinais les informations, en tirant le pu que je pouvais en tirer… Il était là pour aider les gens à faire les bons choix.

Je sentis tout le Collectif à l’écoute, intéressé. Mais ce fut à travers Third Of B que la question fut posée. Il voulait savoir quel était cet autre monde.

-Nous, nous ne connaissons que le SPIN.

A Caged Angel

Ft Julian Bolton

-L’intention est donc plus importante que le résultat.

J’acquiesçai en regardant Datalore :
- Exactement.

Bien que les intentions ne pourraient pas ramener ce Willougbhy. J’en fus désolé pour Third. Et il le fut à son tour pour moi. Datalore lui, ajouta que j’avais déjà aidé en tant que témoin. J’hochais la tête, réconforté par ses mots.

Nous continuâmes donc d’échanger, tant sur eux, sur ce qu’ils faisaient que sur moi, sur mon rôle et sur les âmes aussi. Cela les rendait très curieux mais la curiosité d’après leur docteur était une bonne chose. Tout le monde n’était pas du même avis.

J’eus une pensée pleine de sympathie pour Charles. Même s’il râlait beaucoup et qu’il parlait parfois très grossièrement, c’était lui aussi une très bonne personne. Pourtant lui aussi avait tué des gens, mais il l’avait fait par devoir, pas par choix.

Third précisa que parfois la curiosité agaçait les humains. Je confirmai aussitôt.
- Oh ça oui je l’ai remarqué. Ils n’aiment pas quand on parle trop, quand on essaie simplement de discuter avec eux, parce qu’on ne se connait pas, ou parce que l’on ne présente pas bien. Et c’est dommage de laisser toutes ces choses faire obstacle à ce qui pourrait apporter réconfort et un peu d’attention sur leur personne.

Et je conclus tristement :
- Parfois vouloir aider ne suffit pas si la personne ne veut pas être aidée.

Et nous bavardâmes d’un tas de choses, me faisant oublier où je me trouvai, tant ces êtres face à moi m’intriguaient. Et en plus ils aimaient discuter, sans se formaliser de la raison qui m’avait amenée jusqu’ici. Ils ne me jugeaient pas.

Quant à ma toute nouvelle connaissance des films et la référence utilisée, cela provoqua un vif intérêt chez Third et Datalore qui voulaient avoir une télévision. Je souris :
- il y a beaucoup de films de science-fiction, mais j’ai remarqué que dans beaucoup d’entre eux, il y a souvent une moralité, même si elle n’est pas toujours facile à comprendre. Et j’aime bien ça.

Third n’en avait pas pour autant fini avec ses questions et celles qui suivirent ramenèrent le doute. Je n’étais plus sûr d’être libéré, si j’étais considéré comme coupable, puisqu’ici il n’y avait que des criminelles. Ce que je n’étais pas ! Third me répondit que je n’avais pas à m’inquiéter si j’étais innocent.

Je me tournai vers Datalore qui me dit la même chose, ignorant les remontrances des gardes que je n’avais pas dans mon angle de vue. Mais ils étaient là et ils me surveillaient toujours.

Je devais donc me convaincre que peu importait ce qui arriverait, on ne pouvait rien me reprocher parce que je n’étais pas coupable du meurtre d’Hilary.  Il fallait que je reste calme, le même calme et la même confiance que j’avais vu dans le sourire et le regard de l’archange.

Datalore me posa alors de nouvelles questions et je tâchai d’y répondre au mieux jusqu’à entendre celle à laquelle nul ne pouvait répondre. Third voulait savoir où se trouvait ce monde que je venais d’évoquer. Je les regardai tour à tour et secouai la tête.
- Je suis désolé. Je ne peux pas répondre à cette question, parce que je suis tenu par une promesse.

Je souris alors à Datalore :
- Mais si vous n’avez pas encore voyagé, vous devriez le faire. J’ai appris beaucoup plus de choses en vivant parmi les hommes qu’en les observant de loin. Et même si nous sommes parfois déçus, ce monde reste plein de merveilleuses surprises, conclus-je.

A Caged Angel

ft. Eliel Zacharie & Datalore

Nous sourîmes quand Datalore nous félicita d’être une bonne personne mais nous fûmes plus songeur face à sa reformulation de ce qu’avait dit Eliel. L’intention est plus importante que le résultat. Nous retournâmes cette phrase dans notre tête. Une partie du Collectif rejetais ça car ce n’était pas en adéquation avec notre vision de la perfection quant à l’autre partie, elle prenait cette phrase comme une source de réconfort. Nous étions mitigé par rapport à ça.

L’ange aussi était en quête de résultat car il aurait aimé pouvoir aider le SPN mais l’agent Bolton ne l’avait pas souhaité. Datalore disait qu’en tant que suspect, il avait tout de même aidé à l’avancée de l’enquête ce qui sembla rassurer Eliel. Nous tentâmes aussi de le rassurer.

Quant à Datalore, il semblerait qu’il n’ait d’autre choix que de rester allumer. Mais l’idée qu’on puisse l’éteindre sans raison hormis de la malveillance ou une erreur de jugement nous ébranla un peu. Déjà parce que nous apprécions beaucoup Datalore mais, aussi, parce que sa désactivation signerait notre fin. Nous ne fûmes pas rassuré quand Datalore rétorqua qu’il n’avait aucune prise sur ce que pourrait faire les autres à son encontre. Nous nous promîmes alors de ne jamais laisser personne l’éteindre.

Jamais.

Nous parlâmes, ensuite, d’Eliel et l’une de mes réflexion provoqua le rire de Datalore. Un rire étrange qu’il mimait des humains. Chaque fois qu’il faisait ça, ça nous faisait rire et ce fut encore le cas cette fois-ci.

C’est de curiosité qu’on parla, ensuite. Parfois, les gens pouvait pensé que nous étions trop curieux. Eliel avait subit les mêmes remarques. Il disait que les humains n’aimaient pas trop quand on essayait de discuter avec eux. Pourtant, Eliel trouvait que parler était important et que ça pouvait réconforter des gens. Nous ne savions pas vraiment ce que c’était que de ne pas « être en communication ». Nous l’étions constamment avec le Collectif. Même quand nous étions en veille nous entendions la voix des autres. Nous prîmes un air un peu triste quand Eliel déclara que parfois aider ne suffit pas quand quelqu’un ne veut pas être aidé.

-Nous avons encore beaucoup à apprendre des humains. Mais nous avons remarqué que, parfois, nous avons les mêmes réactions qu’eux même s’il nous arrive de ne pas toujours comprendre leurs réactions.

Datalore, lui, rétorqua que le Docteur Noonien n’était jamais agacés par les questions. Nous hochâmes de la tête.

-C’est vrai.

Il aimait nos questions. Il les trouvait intéressantes.

De fil en aiguilles, nous parlâmes de film ce qui nous donna encore plus envie d’avoir la télévision comme le Docteur Jester nous avait parlé. Datalore semblait aussi vouloir regarder la télévision avec nous. Nous lui sourîmes.

-Avec plaisir. Tu n’auras qu’à venir dans nos quartiers pour la voir quand nous aurons demandé au Docteur Noonien.

Eliel disait qu’il y avait beaucoup de film de science-fiction et qu’il y avait parfois une moralité. C’était ça qu’il aimait bien. Nous sourîmes.

-Nous avons hâte de pouvoir voir des films de science-fiction.

Nous ne savons pas ce que c’était mais nous étions pressé de le découvrir.

Nous en vînmes à la probable innocence d’Eliel. L’incertitude remua l’ange et nous nous étions inquiet qu’une autre évasion ait lieu mais, cette fois, de la part des anges. Datalore essayait de nous rassurer avec des faits… Quant aux agents, ils nous firent la remarque que si nous énervions les détenus, nous devrions aller voir ailleurs. Nous tournâmes la tête vers les agents en même temps que Datalore.

-Nous ne pouvons aller voir ailleurs. Notre mission du jour est de rester à cet étage.

La demande des agents n’étaient pas en adéquation avec ce que nous devions faire mais nous comprîmes que nos questions avait agité Eliel et que, de ce fait, les chiffre concernant les risques actuels au SPIN avait très légèrement augmenter. Nous tentâmes alors de rassurer Eliel et Datalore en fit de même.

Notre matrice centrale questionna à nouveau l’ange qui semblait plus calme et nous en fîmes de même quand Eliel parla d’un autre monde. Ces paroles réveillèrent, à nouveau, en nous, notre envie d’explorer au-delà du SPIN. Datalore confirma que nous ne connaissons que le SPIN.

Seulement, nous fûmes déçu quand Eliel déclara qu’il ne pouvait pas parler de cet autre monde. Il était tenu par une promesse. Au contact des agents, nous avons très bien compris le concept de promesse.

-D’accord… Nous comprenons.

Même si notre voix était teinté de déception. Nous aurions voulu apprendre encore plus mais nous respectons qu’Eliel doive tenir sa promesse.

Eliel nous conseilla de voyager. Que, même s’il y avait parfois des déceptions, le monde était plein de bonnes surprises. Cela ramena notre sourire.

-Nous sommes pressés d’explorer le monde.

Nous l’étions.

-Merci d’avoir répondu à nos questions. Nous espérons que vous pourrez bientôt sortir d’ici.

Nous l’espérions vraiment.

A Caged Angel

ft. Eliel Zacharie & Third Of B

Je souris. Un plus grand sourire que d’habitude, quand Eliel confirma que notre conclusion concernant les choix de vie était correcte. C’était donc l’intention qui comptait.

Notre conversation avec l’ange était basé sur une échange de questions et de réponses de chaque côté. Ce qui nous amena à parler du fait de poser des questions en soi. Apparemment, autant l’ange que Third Of B avaient remarqué que cela pouvait agacer leurs interlocuteurs. Personnellement, n’ayant eu jusqu’ici pratiquement que des contacts avec le Dr. Noonien qui, lui, valorisait la curiosité, je n’en étais pas arrivé au même constat.

-Je ne comprends pas. Je pensais que les questions et la communication en générale étaient les bases de l’apprentissage.

Cela me laissait… incertain… Mais je doutais pouvoir freiner ma curiosité.

Et en parlant d’apprentissage, Third Of B affirma qu’il avait encore beaucoup à apprendre des humains. Même s’il avait parfois les mêmes réactions qu’eux.

-Cela doit être dû à tes émotions. Je serais intrigué de ressentir une émotion, un jour.

En attendant, je me contenterais d’imiter les humains au mieux.

Eliel avait fait deux fois référence à des films, ce qui nous amena à parler de la télévision. Apparemment, les drones avaient dans l’idée d’en posséder une. Je souris encore quand Third Of B m’invita à venir la voir dans leurs quartiers quand ils en auraient une.

-Merci.

A en croire l’ange, ce seraient les films de science-fiction qui nous plairaient le plus.

-Il y en a bon nombre qui parlent d’androïdes.

Je le savais parce que j’avais accès à internet, mais je n’avais jamais pris le temps d’en regarder.

La conversation devint à un moment plus chaotique parce que le Collectif était dérangé par la peur d’une potentielle attaque et qu’Eliel, tout en même temps, avait peur de ne pas sortir du SPIN. Pourtant, je pensais bien que ni le Collectif ni Eliel n’avait de raison d’avoir peur.

Ce que je déclarai après que l’agent El Jidadi nous ait ordonné de ne pas agiter les détenus. En effet, brièvement, le niveau de menace avait augmenté de quelques pourcents. Third Of B avait répondu à El Jidadi qu’il ne pouvait pas partir car sa mission était de rester à cet étage.

-Ouais. Je sais. Mais ta mission, c’est surveiller, pas faire la conversation.

Les choses s’étaient cependant vite calmées et l’agent n’avait pas insisté. On avait alors parlé d’un autre monde, mais Eliel ne pouvait nous en dire plus car il avait prêté serment.

-Oh. Je vois. Les agents du SPN prêtent aussi ce genre de serment.

Ils ne pouvaient pas parler à l’extérieur de ce qu’ils voyaient dans leur travail.

Cependant, Eliel nous conseillait d’explorer le monde, de voyager, si on le pouvait. C’était prévu pour Third Of B et les autres drones. Mais pour moi, c’était différent. Je savais que le Dr. Noonien avait envie que je sorte, mais mon apparence lui faisait se poser quelques questions.

Third Of B remerciait Eliel quand je reçus un message directement dans mon réseau positronique.

-Datalore ? Tu comptes rester là toute la journée ? J’ai un problème informatique à te soumettre.

Il savait où j’étais car il pouvait me voir sur mes écrans qui étaient restés allumés dans mes quartiers. Il pouvait même me voir à travers les yeux de Third Of B.

-J’arrive tout de  suite, Dr. Noonien.

Je regardai Third Of B et Eliel.

-Merci pour cette conversation. J’ai beaucoup appris.

Sur quoi, je laissai Third Of B et les agents à leur travail et Eliel à son attente.

A Caged Angel

Ft Julian Bolton

Oui, la réaction des humains n’était pas toujours celle qu’on pouvait attendre ou espérer ce que confirma Third et qui était difficile à comprendre pour Datalore.
- Les bases oui....quand on est face à quelqu’un qui a envie d’apprendre, mais une fois arrivé à l’âge adulte, c’est très différent. Pour beaucoup, les hommes sont devenus des égoïstes. En grandissant ils ont perdu leur innocence et leurs illusions. Mais heureusement certains savent encore se montrer bienveillant malgré tout.

Je ne devais pas oublier moi-même que j’étais là pour leur redonner un peu d’espoir, pas pour leur transmettre mes déceptions. Datalore conclut que tout ça, nos déceptions vis-à-vis du manque de communication était lié à nos émotions. Ca me fit sourire.
- C’est possible, mais sans émotion, il n’y a plus d’humanité. Et tout le monde n’a pas la même sensibilité qui plus est. Certains se moquent complètement des réactions des autres alors que ce n’est ni mon cas, ni celui de Third, dis-je avec un sourire compatissant pour ce dernier.

Je n’étais pas sûr cependant que cet androïde puisse comprendre un jour ce que ça faisait de ressentir des émotions. Mais c’était tout le bien que je lui souhaitais.
- Je l’espère pour toi, dis-je gentiment.

Et la télévision pourrait peut-être l’y aider. J’avais eu l’occasion de voir des films qui m’avaient beaucoup fait pleurer au désespoir de Mercy. Mais je n’y pouvais rien si je possédai une grande sensibilité et vraiment certaines histoires étaient incroyablement tristes. Je préférai donc leur parler des films de science fictions. Et d’autres encore qui possédaient une moralité. C’est ce que j’aimais bien dans le cinéma. C’était une sorte de miroir déformé, ou amplifié de la société reprenant des thèmes clefs, comme l’amour, la guerre, la famille etc..tout ça pour en tirer des leçons.

La conversation dévia alors sur la raison de ma présence ici et les questions de Third me firent craindre un instant que j’avais mal compris les paroles de l’agent Bolton. Parce qu’il ne m’avait pas menti, je le savais ! Et j’étais innocent, donc aucune raison de rester ici, sauf.. sauf qu’il s’agissait avant tout de procédure. Oui, Charles détestait ça, l’administration, la paperasse, les lois etc etc.
Enfin Charles détestait beaucoup de choses .

Finalement les deux êtres face à moi, machine ou semi-humain, calmèrent mes peurs. Je ne devais pas rester très longtemps enfermé.

Il y eut encore quelques questions de l’un et l’autre, concernant notamment mon âge et mes origines, mais aussi sur les voyages que j’avais fait, ou plus exactement sur un monde que j’avais visité, mais je n’avais pas le droit d’en dire plus. Ce fut là plus ou moins la fin de notre conversation.

Datalore prit soudain congé, et je lui fis signe alors qu’il s’éloignait.
- Merci à vous. Et j’ai beaucoup apprécié cette discussion dis-je en souriant à Third.

J’ajoutai à son intention.
- Peut-être qu’on aura l’occasion de se revoir s’ils ne me gardent pas trop longtemps, dehors...En tout cas j’espère que tout va bien se passer pour toi.

Je lui aurai bien serré amicalement la main mais j’étais prisonnier de cette cage de verre.
Enfin sans doute pour plus très longtemps !