C'est le grand jour. Je me lance à la conquête de Staten Island. Si cela n'avait pas été pour Syragane que j'avais rencontré la semaine précédente, je n'aurais probablement pas été prête. La douceur, le calme et la gentillesse qui émanait de cette jeune femme lors de notre rencontre fortuite m'avaient été bénéfique et m'ont convaincu de sortir de mon propre trou. Bon, la rencontre avec Sullivan aussi, mais c'était encore une autre histoire. Je me sentais plus seule que jamais et je tenais la femme en estime. C'est peu dire que je suis réticente à entreprenre cette sortie, parce que je déteste le bruit, et que les Parcs et le cirque ne sont pas connus pour leur atmopshère calme mais je suis aussi déterminée. D'une parce que cela fait parti de mes défis et objectifs hebdomadaires que je m'étais fixé, et parce que je sentais qu'il me fallait me mettre en mouvement. Mon autre motivation c'est la jeune femme. Elle a aiguisé ma curiosité,j'ai d'ailleurs peur que celle-ci me perde un jour. J'avais envie de la connaître un peu plus et de découvrir l'univers dans lequel elle évoluait. D'autre part, j'étais peut-être encore trop paranoïaque mais je ressentais un besoin inconsidéré d'explorer d'autres lieux que les quartiers auxquels je commençais à m'habituer, pour m'éloigner d'un éventuel danger.

J'ai peur, cela ne change pas. Et il m'a fallu un certain temps avant de me décider à franchir le pas. On dit que c'est toujours le premier qui compte. Je n'en suis pas aussi certaine. Les autres me comptent tout autant, si bien que s'il n'y avait pas eu le Ferry à prendre, je me serais présentée au parc sous forme canine. Cela aurait été vachement pratique pour réclamer la jeune femme... Mais en attenant c'était presque ainsi que je me sentais parfois le mieux. Je n'étais pas obligée de répondre à des questions qui m'obligeraient soit à parler, soit à mentir.

Je sais également que mon aptitude à me transformer peut également vite échapper à mon contrôle puisque je ne le maîtrise pas. Plutôt que de prendre sur moi inutilement, je m'étais procurée un médicament qui était sensée me permettre de gérer mon anxiété, du moins me rendre plus relaxe. Le hic était que j'avais peur que ça produise le même effet que l'alcool sur mon organisme, alors je n'avais pris qu'une demi dose dans le but de rester quand même lucide. Grand bien m'en avait pris. A peine montée en taxi, je commençais à piquer du nez. Si le chauffeur n'avait pas été aussi intègre, il aurait pu en profiter pour me faire faire trois fois le tour de Manahttan, jen'y aurais vu que du feu. Au lieu de quoi, il m'avait interpellé de sa voix de stentor, avec la douceur d'une cygne, pour que je me réveille et règle ma course.

Je me sentais un peu groggy, en montant dans le Ferry, et je faillis faire marche arrière mais la foule attendant son passage derrière moi m'en dissuada et je m'en abstenais.La traversée avait été plutôt calme et agréable même si je fus rassurée que mes pieds recouvrent de nouveau le plancher des vaches. A 14h, j'étais enfin devant les grilles du Parc dont m'avait parlé Syragane et je prévenais  le gardien que j'étais venue pour la recevoir comme elle me l'avait conseillé. Le brave homme essaie d'entretenir la conversation quand je règle mon entrée, dans le but de se montrer aimable en attendant que la demoiselle arrive,puisque personne n'attends derrière-moi et je me sens dans mes petits souliers. Il est difficile pour moi de le regarder dans les yeux, alors lui donner la réplique... Ce n'est pas son apparence et ses prothèses en bois qui me gênent, d'ailleurs il m'explique qu'elles sont dues à un accident de travail. Savoir qu'il s'appelait Woody me le rendit tout de suite attachant, parce que je pensais au cow-boy de Toy Story, et pas à son apparence. C'est juste ma nature réservée, qui jouait une nouvelle fois en ma défaveur. Un jour, il allait falloir que je change cette attitude et que je me pousse aux fesses. Mais c'était encore compliqué. Surtout que je ne connaissais le gardien ni d'Adam ni d'Eve.

Quand la demoiselle finit par apparaître, je ne cachais pas ma joie de la revoir, et aussi mon soulagement de ne plus devoir gérer cette situation seule. J’espérais ne pas avoir vexé le pauvre homme.

-Oh, bonjour Syragane! Comment allez-vous?

Machinalement j'avais avancé de quelques pas et je m'étais reculée un peu comme pour jauger quel serait la distance suffisante que je devrais mettre entre nous pour respecter son espace vital et le mien, sans que ça ne devienne un gouffre pour autant.

codage par Laxy Dunbar.

Life is a Circus

ft  Madison

Syragane avait eu son entretien depuis sa rencontre avec Madison, alias Moonie et on avait été ravi de l’accueillir au centre. Ce qui occupait suffisamment ses journées, sans parler de ses cours, de ses entraînements et participations aux spectacles de la troupe, pour ne pas avoir à trop réfléchir à la situation de David….. oui enfin malgré tout il parvenait quand même à la distraire de ses activités, assez pour que cela se remarque.

Aussi quand Moonie, enfin Madison lui envoya un message quelques jours plus tard, Syragane fut ravie d’avoir l’occasion de la revoir. Elles avaient sympathisé la première fois suite à l’aide qu’elles avaient apporté à la vieille dame atteinte de diabète comme Syragane l’avait découvert ensuite, et Syrgane se réjouissait de la revoir, histoire de faire plus ample connaissance mais aussi de lui faire découvrir le parc.

Quand Woody lui envoya un message pour lui signaler qu’elle avait de la visite, Syragane abandonna son entraînement séance tenante et c’est vêtue d’une longue jupe ample comme à son habitude, sur un leggins, body et un sweat par-dessus parce que même si le chapiteau était chauffé, pour elle qui était ma foi plutôt frileuse, il lui fallait un peu plus se couvrir que les autres.

Elle y ajouta donc un long manteau par-dessus le tout pour sortir du chapiteau et retrouva Madison à l’entrée du parc. Elle la rejoignit en lui tendant la main qu’elle serra, respectant les codes de ce kan. Pour l’instant, elles étaient surtout des « connaissances ».

- Bonjour Madison, lança-t-elle avec un joli sourire. Comment allez-vous ?  Woody m’a prévenu que vous étiez là, j’étais en plein entraînement pour le spectacle. Est-ce que vous voulez voir le chapiteau ou vous préférez profiter du parc ?

Puis posant doucement une main sur son bras, elle lui indiqua l’entrée.

- Tenez par ici.

D’une façon ou d’une autre, elles devraient traverser le parc, le chapiteau étant à l’autre bout. Désormais Syragane s’était habituée au bruit constant et à l’animation joyeuse qui régnait dans cet endroit, ainsi qu’au parfum de barbe à papa, de caramel,  de marron grillé aussi à présent qu’on était en plein dans la saison et de pop corn qui envahissait chaque allée entre les stands, et répondait régulièrement aux saluts et signes des forains dont elle connaissait le nom de chacun.

- Alors, avez-vous pu retrouver votre chemin quand nous nous sommes quittées au café ? lui demanda-t-elle pour entamer la conversation, marchant au milieu des curieux et adeptes des attractions qui allaient d’un stand à un autre ou d’une attraction  à la suivante, chacun allant à son rythme.

Je ne repose pas la question à Syragane, je l'ai déja fait une fois. Son sourire radieux me laisse à penser qu'elle doit bien aller, alors je me contente de lui rendre son sourire à mon tour:

-Je vais bien, merci... Grâce à vos indications, je me suis sentie moins perdue. Woody, est une personne très agréable.

Je n'hésite pas une seconde à lui serrer poliment la main et cet enthousiasme sera de courte durée, quand je me rends compte que je n'échapperai de toute façon pas au bruit ambiant.

-Je pense que le chapiteau, ça sera déjà pas mal... Pour une première journée...

J'ai l'impression que je ne fais pas autant d'efforts d'ouverture que ce que je m'étais promis de faire, mais ces cris, ces rires, cette musique me déstabilisaient. Je me sentais comme une petite fille, et c'est ainsi que je me laissais distraitement guidée par la jolie blonde. Penser que les gens sont heureux ici, au moins le temps d'une attraction, a beau me réjouir, je ne m'y sens pas à l'aise, pas à ma place. C'est trop d'agitation alors que le calme a ma préférence et m'apaise.

Les odeurs alléchantes me chatouillent le nez et seraient ce qui pourrait éventuellement m'attirer dans ces lieux. Mais pas de quoi m'y attarder vraiment. Par chance, la foule n'est pas trop dense, alors j'ai plus de satisfaction à marcher auprès de mon hôtesse.

-Désolée si je marche trop vite... Je ne me sens pas très bien parmi tous ces gens...

Je savais qu'inconsciemment je devais accélérer le pas, sans le vouloir, alors autant la mettre au parfum dés le début. Je préfère de toute façon éviter que mes propres sentiments me jouent des tours.

-J'ai préféré abandonner, je me suis dis que c'est comme quand on se perd en forêt, autant s'attendre à un point où les autres sont sûrs de pouvoir nous retrouver et une fois ce point atteint... Ne plus bouger... Je ne sais plus comment, mais je suis parvenue à rentrer là où vit mon amie... C'est elle la vraie Moonie... Enfin vraie... Je ne sais plus. C'est comme si elle s'était volatilisée...

Je ne m'expliquais pas ce mystère et j'avoue que je n'avais pas trop envie de parler d'une personne qui n'était pas là et me consacrer à une personne, qui elle, l'était bien et puis j'avais peur qu'elle me pense folle si je me mettais à évoquer certains détails de la situation:

-Et vous, la personne que vous vouliez voir? Elle ne s'est pas vexée, finalement?

Je retournais la question pas seulement par politesse ou pour l'exercice qui consiste à user de codes qui me rendrait plus abordable, mais parce que ça m’intéressait réellement. Je me souciais sincèrement de cette jeune femme.

-Et euh, alors vous disiez que vous vous entraîniez... ça demande combien de temps d'entraînement vos numéros?

Je me faisais l'effet d'une journaliste plus qu'une écrivain, mais je sais que quelque part, je pourrais avoir un jour besoin de ces renseignements pour un éventuel roman. Autant glaner de la matière en le joignant à l'agréable. Peut-être, cependant, n'était-ce pas le meilleur endroit ou moment pour la questionner à ce sujet et que j'aurais dû attendre que nous soyons un peu plus posées pour ça?

codage par Laxy Dunbar.

Life is a Circus

ft  Madison

Syragane sourit, faisant confiance à Woody pour se montrer charmant avec les jolies jeunes femmes, ça c’était certain. Par contre elles étaient beaucoup plus rares, celles qui savaient se montrer gentilles avec lui, sans lui lancer des regards inquiets ou méfiants, voir carrément horrifiés, à cause de sa spécificité. L’homme de bois, c’était certain, n’avait pas le même succès auprès des filles qu’un Lukas Star.

Quant à visiter le parc, Madison préféra se rendre directement au chapiteau et Syragane crut deviner un certain malaise.

- Une première journée ? C’est la première fois que vous venez ici ? Remarquez, avant mon arrivée, moi non plus je ne connaissait pas du tout les parcs d’attraction, mais ….on s’y habitue. Et au final j’ai appris à apprécier l’ambiance toujours un peu joyeuse. Après tout, les gens viennent pour s’y amuser.

Syragane tout en parlant prit la direction du grand chapiteau tout en remarquant la nervosité de plus en plus vive de la jeune femme qui marchait à ses côtés. Ce qu’elle finit par le lui avouer.

- Vous n’aimez pas les foules ? Je comprends, pas de souci. Il ne devrait pas y avoir trop de monde sous le chapiteau.

Elle lui demanda alors comment s’était passé son rendez-vous avec son amie. Et Madison lui expliqua qu’elle avait préféré abandonner, et qu’elle était déjà contente d’avoir su retourner chez son amie, Moonie, avant de lui dire que cette dernière s’était volatilisée. Un terme qui ma foi fit quelque peu tiquer Syragane qui heureusement avait de moins en moins souvent de problème de dématérialisation spontanée.

A présent, elle pouvait sentir venir le moment où ça allait lui arriver, et dans ces moments, elle partait très vite se cacher pour que personne ne la voie se dissoudre dans les airs, comme du sable emporté par le vent.

- Volatilisée vous dites ? Vous ne l’avez plus revue ? Ma foi, j’ai aussi connu quelqu’un dans cette ville, une personne avec laquelle je pensais avoir certaines affinités et qui ne m’a plus jamais donné de nouvelles.

Syragane soupira. C’était des choses qui arrivaient, même si ça ne manquait pas de vous décevoir, sur le moment, et puis ça passait….
Madison lui demanda à son tour ce qui s’était passé pour son rendez-vous et Syragane sourit :

- J’en ai pris un autre et à présent une fois par semaine, je vais leur filer un coup de main. Et non les gens que je devais rencontrer, se sont montrés très compréhensifs, surtout quand je leur ai expliqué pourquoi.

Et à ce rythme, elles parvinrent rapidement au grand chapiteau quand avant de pousser la porte fermée à cette heure, Madison lui demanda combien de temps elle s’entraînait.

- Oh et bien j’essaie de le faire chaque jour, le matin, quelques heures. Surtout pour le lancer, le numéro exige une grande précision et plus les mouvements sont répétés, plus on évite les dérapages.

Et elle rit en rassurant Madison.

- Mais rassurez-vous personne n’est blessé.

Elle la fit alors entrer dans le hangar, enfin cet endroit que tout le monde appelait ici le grand chapiteau et dont rien ne le distinguait d’un chapiteau standard, si ce n’était sa structure en dur, conçue pour résister à toutes les intempéries.

Et comme elle avait abandonné son entraînement pour aller accueillir Madison, les cibles et tout son matériel était encore en place, et tout était plutôt tranquille pour le moment, à part quelques techniciens qui oeuvraient ci et là pour vérifier des spots et autre matériel.
Tout en avançant jusqu’au centre de la piste, Syragane lui demanda :

- Alors si je comprends bien, tu n’as même jamais vu un des spectacles Houdinis ?

Oui, c’était bien la  première fois qu’elle venait ici car elle n’est pas New-yorkaise à la base. Elle expliqua à Syragane, qu’elle n’avait pas pour habitude de fréquenter les cirques et les  fêtes foraines et que ce n’est pas tellement le genre d’endroit qu’elle prisait même si dans sa vie, il avait pu lui arriver de les fréquenter quelques  minutes, avant de planter là la moindre personne qui s’intéressait à  elle.  Cette mince confidence c’était pour elle un grand effort, même si d’un point de vue extérieur, il n’y avait pas de quoi fêter un chat. Mais c’était assez révélateur du fait qu’elle se sentait bien auprès de la jeune femme et que le feeling passait. Mais comment Syragane aurait pu le savoir ?  Peu habituée à faire cas de ses propres ressentis et à les exprimer ouvertement, Madison ne trouva pas de solution pour le lui faire comprendre pas pour l’instant, même si pour une raison qu’elle ignorait elle pensait cette jeune dame plutôt intuitive.

Même si elle doute apprécier un jour ce genre d’endroit trop plein de monde et trop bruyant à son goût elle apprécie beaucoup son point de vue. C’est vrai que c’est plaisant de voir des gens heureux ensemble. Et elle se souvint qu’à une époque plutôt proche, même si elle n’était pas fana du  bruit, elle arrivait à prendre sur elle, et même à apprécier les grandes rencontres familiales pour les fêtes en tous genre, qui rassemblaient tout le monde. Maintenant, elle savait qu’elle les détesteraient pour toujours, du moins,  elle ne pouvait pas voir ça sous un autre angle à l’instant T à cause du massacre de sa famille. La jolie blonde se montrant ultra compréhensive avec elle, elle fit tout son possible pour se maîtriser pour ne pas se laisser submerger par ses propres émotions même si son cœur débordait d’exploser de mots parce qu’elle ne se confiait jamais. Elle évita également la transformation d’un cheveux. Même si rien de physique ne s’était produit encore sous les  yeux de Syragane, Madison avait ressenti une sorte de fourmillement caractéristique  qu’elle avait appris à identifier avant d’entamer un processus de transformation. Voilà un palier d’atteint, même si ce n’est pas encore ça.

Elle se focalisa sur la conversation, évitant de laisser vagabonder encore son esprit vers ce genre de pensées.

- Disons que c’était presque comme si elle n’avait jamais existé, comme si on avait effacé toute trace du passage de Moonie…Je ne sais pas comment gérer cette situation… Je ne suis pas habituée à être proche des gens… Mais … Peut-être qu’elle reviendra… Et pour la personne qui ne vous a pas donné de nouvelles…   Elle reviendra peut-être vers vous… Les gens parfois s’éloignent pour mieux revenir… Je crois…

Elle se gardait bien de lui dire qu’elle avait pensé au pire, à cet ami qui avait disparu sans lui donner de nouvelles. Il a peut-être connu des malheurs, ou été dans une situation dangereuse… Rien ne servait de faire naître la paranoïa chez la jeune femme parce qu’elle-même envisageait les pires dénouements.

-Cela me fait plaisir que vous ayez pu poursuivre votre projet .

Elle se réjouissait sincèrement que la demoiselle ait pu parvenir à ses fins sans encombre. Enfin, elles arrivèrent dans le chapiteau, et elle se sentit tout de suite mieux. Son palpitant cognait encore un peu trop fort dans sa cage thoracique à son goût mais cela finirait bien vite par se calmer. Elle brûlait de curiosité, toute disposée à découvrir ce qui se cachait derrière ce hangar. Son imagination fertile se mit en branle mais elle la fit taire comme elle le pu.

Elle patienta près de la jeune femme, scrutant tantôt le visage de la demoiselle, tantôt cette fameuse porte et hochait la tête. Elle se doutait bien que sa discipline devait demander du travail et une fréquence régulière, qu'on ait un don ou pas, ne serait-ce que pour le cultiver. Elle le sentait bien elle-même que parfois, elle perdait un peu la main quand elle s'arrêtait d'écrire pendant un certain laps de temps, et qu'il lui fallait s'exercer de  nouveau pour se réapproprier l'écriture, même si ce n'était en rien comparable avec la pratique du lancer de couteaux. Disons que les conséquences n'étaient pas les mêmes en cas d'échec. Elle glousse un peu rassurée sur le sort des cibles vivantes et cache presque son visage dans la paume de sa main:

-Tant que vous ne me proposez pas de vous servir de cobaye... Je ne m'inquiète pas... Même si je me doute que vous savez ce que vous faîtes.

L'espace de quelques instants, elle hésitait à rentrer, au moins le temps de voir ce qui se trouvait à l'intérieur. Trop tard... Ses deux pieds n'avaient pas consentis à lui obéir, ils étaient allés bien trop vite, suivant la course de ses yeux obnubilés par le matériel d'entraînement laissé à "l'abandon". Et puis, elle pensait ne rien avoir à craindre de Syragane, sa douceur, et son altruisme l'avaient rapidement convaincue. La personne était sincère et elle la voyait faire du mal à une mouche. Si quelques doutes avaient subsisté, la présence de techniciens aurait fini par les chasser définitivement. Elle se sentait de plus en plus en confiance, c'était étrangement plaisant.

Elle emboîta le pas de l'artiste tout en levant les yeux au ciel, ou en baissant le regard au sol, pour être sûre de ne pas s'empêtrer dans un fil ou marcher sur un câble. Elle ne voulait rien abîmer. Une fois au centre, elle tourna sur elle-même, les yeux agrandis par la découverte:

-Non, même si l'histoire fait état de certains de leurs ancêtres? Des magiciens, ou des prestidigitateurs, non?

Elle fit le tour de la piste circulaire, jaugeait le sol de la pointe sa chaussure:

-C'est... Grand ici... Je me demande pour qui ça doit être le plus impressionnant les spectacles, pour ceux qui les produisent, ou ceux qui s'en émerveillent... Je ne pourrais pas me produire ainsi devant tant de gens...

Elle en perdrait tous ses moyens, et se sentirait mal à l'aise. Elle n'aime pas être le centre de l'attention. Elle s'interroge quelques secondes, regard perdu dans le lointain. Elle sentait qu'un truc la démangeait ici. Son cerveau était en ébullition. Elle volte finalement sur les talons pour faire de nouveau face à la belle blonde:

-Ce sont des gens de votre famille les Houdini?

Elle donnerait cher pour rejoindre les bords et raser les murs en temps normal mais elle ne se sentait pas si mal que ça, dans cet endroit, car il était vide et peut-être parce que la présence de Syragane à ses côtés la rassurait. *Cette femme est apaisante.*

codage par Laxy Dunbar.

Life is a Circus

ft  Madison

Tout en avançant en direction du grand chapiteau, Syragane bavardait avec Madison. Et cette dernière en vint à lui parler de son amie qui avait disparu sans laisser de trace. Ce qui étonna Syragane mais loin de vouloir en rajouter à l’inquiétude de la jeune femme, elle lui parla d’un cas identique qu’elle avait connu, un certain détective qui s’était volatilisé sans laisser d’adresse.

Les gens de ce khan étaient ainsi, à disparaître sans se préoccuper de donner des nouvelles. Pourtant, au vu de ce qui s’était passé, elle aurait pu croire que cela avait compté, mais finalement, elle en était venue à la conclusion contraire. C’était sans doute, justement à cause de ce qui s’était passé qu’il avait disparu.

Alors quand Madison ajouta que cette Moonie reviendrait peut-être un jour et qu’il en serait de même pour Alan, Syragane laissa échapper un léger rire de celle qui ne se faisait aucune illusion. Plus encore que ça, elle avait tourné la page. Elle n’était pas du genre à s’accrocher à une personne qui elle, n’en avait rien à faire d’elle.

- Et bien pour votre amie, c’est tout le bien que je vous souhaite. Quant à celui dont je vous parle, je doute qu’il revienne un jour, je crois qu’il a préféré fuir que trop s’attacher, si vous voyez ce que je veux dire ? Nous ne devions pas être compatibles voilà tout.

Donc pas de quoi se tracasser. Il y avait un proverbe dans ce khan qui disait « Un de perdu, dix de retrouvé » qu’elle trouvait très adapté.
Elles en revinrent alors très vite à ce rendez-vous que Syragane avait raté et qui finalement s’était fait et qui avait débouché sur un petit emploi en bénévolat, une fois par semaine. Et Syragane remercia Madison pour sa gentillesse.

Enfin elles se retrouvèrent sous le chapiteau, tandis que Syragane lui expliquait pour ses entraînements, lui parlant de son numéro d’adresse, le lancé de couteau et sa plaisanterie amusa son interlocutrice qui répliqua aussitôt qu’elle espérait seulement ne pas être prise comme cobaye. Syragane rit encore en lui assurant qu’elle n’en ferait rien.

- Je ne tirerai que sur des cibles en bois pour cette fois ! promit-elle.

Puis elle lui demanda si elle n’avait jamais assisté à aucun spectacle des Houdinis et de leur troupe et Madison répondit par la négative. Ah oui c’est vrai qu’elle craignait la foule, ceci expliquait cela. Cependant elle connaissait le nom, car celui des Houdinis était oh combien célèbre ! Et quand elle parla du patriarche de la troupe qui en ce moment même, était cloîtré dans son mobil-home, Syragane sourit.

- Oui un magicien très célèbre, de ce qu’on m’en a raconté et qui a laissé un bel héritage à sa descendance.

Quant aux spectacles, Syragane s’amusa de la remarque de Madison.

- Je dois dire qu’au début, c’était plus moi qui étais impressionnée que le public, mais la donne a rapidement changé.

Surtout que danser devant un public, ce n’était pas une première pour la grande prêtresse. Mais ça, c’était une autre histoire ! Puis elle lança soudainement inspirée.

- Mais vous devriez venir assister à la représentation, samedi soir ? Vous seriez ainsi fixée sur ce que vous ressentirez en voyant le spectacle.

Enfin Madison lui demanda pour les Houdinis, s’ils étaient de sa famille. Le sourire de Syragane retomba légèrement.

- Oh, ça aurait été un honneur. Nous n’avons aucun lien de sang mais disons qu’ils m’ont adoptée.

Bien sûr, elle pensait à la seule famille qu’elle ait jamais connue avant ce kan, celle dont les prêtresses, servantes et autres esclaves étaient désormais mortes, affreusement assassinées. Syragane chassa ces terribles souvenirs de sa mémoire, comme si à nouveau l’air commençait à lui manquer et…..elle ressentit l’étrange fourmillement qui n’était pas bon signe du tout.

Et quand Syragane vit sa main qui commençait à se dissoudre, son cœur s’emballa plus encore.

- Oh je… je viens de me souvenir que j’ai oublié quelque chose. Tenez, installez-vous, je reviens tout de suite !

Elle réussit à stabiliser pendant un moment mais s’enfuit presque en courant vers les coulisses passant le rideau, et sous les yeux d’un Woody qui ne l’avait encore jamais vu se désintégrer devant lui, elle s’évapora dans les airs en quelques secondes seulement, ayant juste eu le temps de croiser le regard désemparé de la sylphe.

- D’accord ! conclut-il une fois qu’il ne resta plus rien, stupéfait par cet étrange spectacle. Mais au moins était-il au courant. Puis il se pencha pour soulever légèrement le rideau pour regarder la fille qui attendait au milieu de la piste. Il fit une moue.

Est-ce que Syragane allait revenir rapidement ? Ou allait-il devoir s’occuper de son invitée en attendant ? Woody hésita, regardant la fille, puis il se dit que ce serait l’occasion de sympathiser.
Il s’approcha donc et s’installa sur le tour de piste, avant de lancer en souriant.

- Salut ! alors ça va ?

Bon ok, il n’était pas doué pour les entrées en matière.

- Syragane va revenir, très vite… ajouta-t-il en espérant que ça serait le cas. Alors vous êtes une amie de la danseuse ? Vous faites quoi dans la vie ? lança-t-il avec un sourire plus large, tandis que son œil de bois restait fixe dans son orbite.

Un souffle d’air se fit ressentir dans les coulisses, pas très loin du passage des artistes. Quelques grains de sable étincelèrent sous l’éclat d’un plafonnier, puis d’autres, et soudain un nuage plus dense se forma, jusqu’à ce que Syragane réapparaisse complètement. Elle sentit ses pieds reprendre appui sur le sol et soupira de soulagement.  Mais elle ignorait combien de temps ça avait duré, alors elle s’approcha du rideau de l’entrée des artistes et repéra Woody en train de bavarder avec Madison.

Ça ne devait donc pas faire très longtemps. Syragane vérifia ses vêtements, sait-on jamais ! Et revint auprès de la jeune femme.

- Ouff ! voilà, problème réglé, lança-t-elle tout sourire. Avant de s’excuser : désolée de ce petit contre temps, mais je vois que Woody est venu te tenir compagnie. Merci Woody, lui dit-elle avec un joli sourire et ce dernier lui en offrit un large en retour. Il était toujours content de lui faire plaisir.

Oui enfin ça, ça faisait un peu partie des pouvoirs de la Sylphe ou pas ? A vrai dire il ignorait jusqu’où son envoûtement fonctionnait. Bah peu important, il l’aimait bien la sylphe, et son amie aussi !

Je ne suis pas tellement sûre de comprendre ce qu’elle veut dire, du moins, je ne peux l’interpréter qu’avec le peu d’expérience que j’avais de ce genre de choses et… Je ne suis pas sûre que mon expérience en la matière soit validable.   Du coup je ne trouve rien à en redire, et me contente d’écouter parce que cette notion de compatibilité me laissait perplexe. Bien des gens dit compatibles étaient incapables de s’apporter le bonheur, et des gens que tout semble opposer se rapprochent . Parfois ils vont même ils finissent par se retrouver sur certains terrains et se découvrir des points communs qui vont les rapprocher alors qu’ils n’auraient jamais été censés se parler si on s’appuyait sur les dictons en tout genre. Non, les relations humaines sont trop complexes pour être réduites à du noir ou du blanc.  Et cela, je ne l’avais pas lu dans des bouquins, je l’avais juste observé.

Je souris à la jeune femme, même si son trait d’humour n’a pas l’effet escompté. Je ne suis pas rassurée pour autant même si je comprends bien qu’elle sait ce qu’elle fait. En attendant, comme je l’ai dis, si je ne fais pas office de cobaye, je n’ai qu’à pas regarder et tout ira bien pour moi.  Quant aux Houdinis, je n’en connaissais que ce que l’histoire en avait raconté et encore une fois, je hoche la tête. Elle a l’air d’admirer ces personnes, et je suis loin de me douter que l’homme qui est sensé être décédé était encore parmi nous. Il valait mieux que je ne le sache pas, je pense.  En attendant, je me montre intéressée par ce qu’elle me raconte, la jolie demoiselle étant très captivante et sa conversation pas pour me déplaire. Cela me démange de prendre des notes et de tout consigner de ce que j’apprends dans mon calepin, mais je me retiens, j’aurais le temps de le faire à un autre  moment, je n’en perdais pas une miette.

Je comprends tout à fait ce qu’elle ressent face au publique, d’une certaine manière, parce que ça a de quoi impressionner mais c’est vrai que je pense que quand elle est plongée dans son numéro,  en pleine concentration, elle ne doit plus voir ces choses. Je recueille ses impressions dans un coin de ma tête, la création d’un personnage pour une aventure étant en train de fourmiller quelque part dans mon cerveau. Même si je ne m’y attelais pas maintenant, je sais que la moindre information ne tomberait pas dans les oreilles d’une sourde et que mon inconscient préparait tout cela. Si j’en ignore encore beaucoup sur les mécanismes de ma transformation, j’en découvrais de plus en plus sur  la façon dont mon esprit élaborait certaines de mes histoires.

-Je… Samedi soir?  … Euh, je suis pas sûre que…

C’est avec une grande hésitation que je prononce ces mots, je ne peux rien lui promettre. En attendant, si je venais, je devrais probablement venir accompagnée d’une personne douée pour me rassurer, parce que rien que l’idée d’être entourée de tous ces gens massés là, de me retrouver dans cette foule alors que je pourrais me transformer à tout moment, j’en éprouve des palpitations.  Etre installée près des issues de secours résoudrait potentiellement le problème. En cas de panique je pourrais fuir plus facilement et je me sentirais moins oppressée.

Je penche la tête, machinalement sur le côté quand j’entends parler d’adoption. Je ne sais pas comment Syragane se sent face à cela, et j’ai peur de manquer de tact en le lui demandant. C’est déjà quelque chose d’assez personnel qu’elle venait de me livrer… Je suis plus douée pour écouter qu’interroger.

- On peut aimer quelqu’un comme notre famille sans lien de sang… Cela ne te rend pas moins honorable qu’une autre personne et je…

Et je trouve que c’est beau qu’une personne qui n’a aucun lien avec toi te recueille sans condition aucune que de te permettre de continuer à vivre.   Je n’ai pas le temps de lui dire tout cela, qu’elle s’en va précipitamment pour récupérer un truc qu’elle avait oublié.  Je n’ai aucune raison de remettre sa parole en doute, et je suis une  adulte  bien que trouilllarde. Je peux rester momentanément seule sans que cela me dérange, au contraire, cela me permettra de consigner mon inspiration et mes idées par écrit pendant son absence.

Je vais pour observer un peu plus en détail les lieux, sous le chapiteau, avant de me mettre à l’ouvrage, et vois débarquer le  guichetier, Woody. Je vois qu’il fait un effort pour me parler et me mettre à l’aise. Etrangement, je suis moins intimidée par lui que par d’autres gens. C’est peut-être parce que je ne perçois aucune malice en lui. Alors je fais un petit effort, en m’installant sur un des rebords sensé délimiter la scène des sièges du publique.

-Je vais bien, c’est calme ici… Merci. Et vous ?  Il me répond et me pose d’autres questions. Il n’est pas obligé de faire cela, mais je ne veux pas lui être désagréable, même si je n’aime pas répondre aux questions.  Et… oui, j’en suis sûre. Elle ne devrait pas en avoir pour longtemps.

En attendant, je ne me préoccupais pas du temps perdu, j’ai surtout peur qu’un silence gênant ne s’installe quand j’aurais laissé un long silence s’écouler après  que ses stocks de questions se seront taris comme cela se produisait souvent à cause de mon caractère réservé.

-Une simple connaissance pour le moment… J e ne savais pas qu’elle dansait aussi en plus.

Je détourne le regard. Une simple connaissance dont devenir l’amie ne me dérangerait pas même si je ne  le dis pas à haute voix. Syragane revient à point nommé, ce qui m’évite d’avoir à m’étaler sur le sujet de mon métier pour le moment.  A l’occasion j’en parlerais peut-être avec elle, mais la récente disparition de Moonie me  laisse légèrement réticente à me confier sur ce sujet. Déjà que cela n’était pas dans ma nature de l’étaler devant les gens.  Cette foutue méfiance, cette paranoïa post-traumatique ne  me facilitaient décidément pas la vie.

Je fais signe de la main comme quoi ce n'était pas grave qu'elle se soit absentée, et je souris poliment à Woody d'avoir joué la nounou. Je n'ai pas tellement de doute sur sa gentillesse, encore moins sur celle de la jeune femme. Je l'avais vu à l'oeuvre dans cette rue, avec la femme qui avait fait un malaise.

-Oui... Woody m'a fait un brin de causette... Je... Cela fait longtemps que vous vous connaissez avec Woody?  

J'appréciais de pouvoir détourner l'attention de ma personne, et surtout si ça pouvait mettre en lumière Syragane et l'homme de bois.  

-Et comme ça tu danses aussi?

Je détourne le regard, ce n'est pas un truc avec lequel je suis à l'aise:

-C'est quel genre de danse? Vous dansez aussi, Woody?

Je fais un sourire à Woody, pour faire comprendre que sa présence ne me dérangeait pas même s'il avait peut-être fort à faire. Je doute qu'il aurait fait le déplacement si cela n'avait pas été le cas, car après tout, il faut quand même traverser une partie du parc pour arriver au chapiteau, même si ce n'est pas loin.

codage par Laxy Dunbar.

Life is a Circus

ft  Madison

Syragane lui avait donc tout naturellement proposé de venir assister à un des spectacles, mais au vu de la réaction de la jeune femme, il ne lui fut pas difficile de comprendre que ce n’était pas là l’idée du siècle. Ok, mais bon au moins avait-elle lancée l’invitation. Si Madison ne souhaitait pas venir, elle ne lui forçait en rien la main. Alors elle rassura très vite cette dernière en posant sa main sur la sienne.

- Pas de souci, si vous ne voulez pas, vous n’êtes pas obligée. Je sais que le cirque n’est pas la tasse de thé de tout le monde. Ne vous inquiétez pas. Si vous ne venez pas, je ne m’en offusquerai pas.

Quant à son lien avec les Houdinis, comme elle le lui dit, elle aurait été fière de faire partie de leur famille, mais elle n’était qu’une membre adoptée de la troupe qu’ils avaient recueillie un peu bon gré malgré. Même si tous, hormis peut-être Samuel, se montraient absolument adorables avec elle.

Et ce fut au tour de Madison de la rassurer. Certes, on pouvait créer des liens familiaux sans avoir besoin de lien de sang. Syragane était bien placée pour le savoir mais elle n’eut pas le temps de poursuivre la conversation. Les souvenirs de cette famille qu’elle avait aimée autant que si elles avaient été de son propre sang, lui revinrent en mémoire, et provoquèrent ce qu’elle redoutait à chaque fois, une de ces dématérialisations inopinées qu’elle ne savait pas contrôler.

Syragane lança alors le premier prétexte venu pour s’esquiver avant de se volatiliser complètement dans les airs, et c’est juste à temps qu’elle parvint de l’autre côté du rideau de l’entrée des artistes pour disparaître sous le regard médusé de Woody.

Ce dernier qui était au courant de tout ça, avisa l’invitée de Syragane qui était restée seule au bord de la piste. Aussi s’approcha-t-il pour lui faire la conversation, le temps que Syragane réapparaisse. Et si jamais ça durerait trop longtemps et bien…. Tant pis hein ! Il pourrait toujours raccompagner la jeune femme.

Mais heureusement pour tout le monde, ce fut très passager. Et Syragane retrouva toute sa consistance en même temps que son sang-froid. Elle découvrirait plus tard que comme beaucoup de surnaturels, ce problème de dématérialisation était intimement lié à ses émotions. Mais pour le moment elle s’empressa de rejoindre Madison qui bavardait avec Woody. Tout était rentré dans l’ordre !
Syragane répondit avec un sourire à la question de Madison sur le gardien du parc.

- Oui, à vrai dire c’est lui que j’ai rencontré en premier en arrivant.

Oui enfin elle ne pouvait dignement pas lui raconter les circonstances exactes. Et Woody approuva d’un sourire. Madison lui demanda alors en passant au tutoiement quel genre de danse elle pratiquait. Visiblement Woody lui avait parlé de ça, et Syragane sourit.

- Danses orientales, mais j’essaie d’en apprendre de nouvelles. Enfin pour le spectacle, c’est surtout la danse du ventre et quelques autres spécialités de mon pays…. Danse du sabre ou danse des voiles par exemple.  Samuel dit que le public aime l’exotisme des pays de l’Orient.

Mais quand Madison posa la même question à Woody, il ouvrit de grands yeux ronds, enfin pour celui qui n’était pas de bois, ce qui lui donna une drôle d’expression avant de rougir.

- Ah non, non moi je n’danse pas, j’suis juste le gardien et je m’occupe de la maintenance. Et du reste, il faut que je retourne au travail, sinon Samuel va pas être content.

Gêné, il se redressa, souhaitant une bonne journée à Madison, avant de s’éloigner.
Syragane expliqua alors avec un sourire en regardant Woody disparaître derrière le rideau.

- Il est un peu timide,  et elle faillit ajouter, lui aussi, se retenant juste à temps pour conclure. mais c’est quelqu’un d’infiniment gentil.

Et elle allait lui poser une question à son tour quand le rideau s’écarta au passage de Larco le loup, accompagné comme toujours de Nunam. Syragane les salua l’un et l’autre.

- Bonjour Nunam, Larco !

Elle leur sourit avant de voir le loup qui était d’une taille impressionnante pour un loup, enfin normal quand on savait qu’il s’agissait en fait d’un loup-garou s’approcha d’elles pour venir flairer prudemment Madison. Nunam, intriguée par son comportement autant que l’était Syragane, suivit le loup et regarda tour à tour Syragane et Madison.

Il y avait des interrogations dans les yeux de la chamane mais elle n’osa pas les poser à voix haute, se contentant pour le moment d’observer Larco qui lança ensuite un regard curieux à la jeune femme. Syragane surprise, se tourna vers Madison.

- Je crois que Larco t’apprécie.

Et elle lança un regard discret à Nunam qui secoua la tête. Ca n'avait rien à voir, mais elle savait que Syragane essayait surtout de mettre des mots normaux sur une situation qui elle ne l'était pas. Larco avait senti le côté "animal" de cette fille, comme il le lui avait transmis en esprit.

Je suis bien placée pour savoir l’impact que pouvait avoir une première rencontre quand on arrivait  quelque part où tout nous était étranger, et j’en serais éternellement reconnaissante aux premières personnes qui m’avaient recueillies ou accueillies à New-York. Je suis contente que la demoiselle soit tombée sur ce qui me paraît comme des gens bien. Pour Woody, cela ne faisait aucun doute,  mais  je ne connaissais pas les autres membres de la troupe du cirque, donc difficile d’émettre une idée à ce sujet sans savoir. Me dire qu’ils avaient adopté la demoiselle comme un membre de la famille aurait dû suffire, mais pas dans mon cas.  

Je rougis un peu, car même si je n’ai jamais pratiqué ce type de danse, j’en connaissais le potentiel érotique, à cause de mes lectures secrètes et coupables, mais je n’avais aucun idée à quel point cela pouvait être artistique. Il faudrait que je creuse un jour la question. Bon, pour la danse du sabre, j’imagine un tas de trucs sans vraiment me fixer, par contre la danse des voiles c’est très… Cela ne me paraît pas appropriée en ce qui concerne la partie jeune publique,  mais je comprends qu’il faut probablement mener le show, c’est pour le côté spectacle, saltimbanque, je suppose. L’exotisme de l’Orient a toujours fait ses preuves, au même titre que les charmeurs de serpents.

Je ne cherchais pas à mettre Woody dans l’embarras ou mal à l’aise, alors je regrette aussitôt d’avoir posé la question quand je vois sa mine, même si c’était innocent dans ma bouche.  Je fais un signe de main au monsieur alors quand il prend congés, en espérant que ce n’était pas ma question qui avait accéléré son départ. Cela fait cependant deux fois que j’entends le prénom de Samuel, et j’imagine donc que c’est un peu le type qui chapote tout ça. Un Houdini, donc.

Quand Syragane s’excuse pour lui, je lui souris à demi :

-Cela se ressent qu’il est profondément gentil.

Je n’ajoute pas que je l’apprécie du peu que j’ai parlé avec lui,  même si je le pense. Sinon je n’aurais pas fait autant d’efforts pour essayer de lui faire la causette. J’hésite quelques secondes à relancer la discussion, parce que parfois certains silences sont bienvenus et que je m’en veux encore d’avoir brusqué Woody sans le vouloir. Quelque part, je m’étais retrouvé à la place de quelqu’un qui faisait ma connaissance et je méditais sur ce que cela faisait. Je pousse un petit cri de surprise quand j’aperçois les deux arrivants. En dehors du fait que je ne m’y attendais pas, je crois que ma vessie était à deux doigts de m’abandonner. Accompagnant une jeune femme, une créature qui ressemblait à un loup, pas forcément très en forme mais toujours plus en masse qu’un simple petit loup, me fixait en avançant vers moi. Ma politesse était restée aux vestiaires, alors que je sens d’un coup ma gorge s’assécher et ma poitrine se soulever de façon précipitée, ma respiration devenant irrégulière. Je commence à angoisser, même si l’animal n’engage aucun geste brusque ou violent à mon encontre.

Pendant quelques instants, il n’y a plus que la bête et moi, et je ne vois plus Syragane et la jeune femme brune. Je me sens mal. Je devrais fuir, prendre mes jambes à mon cou, mais je suis paralysée par la peur, bien trop pour esquisser le moindre geste. Mes genoux s’entrechoquent, et c’est encore pire que ce que j’aurais pu imaginer. Même si c’était totalement irrationnel, il interprétait l’arrivée du loup comme une menace. Et quand je commence enfin à comprendre ce qui se passe, et à capter le raccourci que mon cerveau avait pris en associant  le cri du loup et l’incarnation que j’en avais devant moi, comme mon plus grand cauchemar, j’essaie de me maîtriser, mais c’est peine perdu. J’entends de nouveau cet hurlement, comme si j’avais fais un bon dans le passé, revoyant la place pleine de sang, et les corps sans vie de ma famille. Voilà que je tombe subitement  à même le sol, sur les fesses, et m’attrape instinctivement les genoux pour me bercer, comme pour me rassurer, mais c’est bien trop tard. Mes mains sont déjà deux pattes, et ma transformation se poursuit inexorablement. Quand le processus est achevé, je glapis, queue entre les jambes, parce que mon modèle,  le vrai chien, Debrah, possédait toujours la sienne quand mon frère nous l’emmenait à la maison familiale lors de ses visites.

Je regarde le loup, que j’estime être un garou, étant donné les connaissances que j’avais en littérature, et je file à vive allure à travers le parc, en courant,  reprenant mon chemin en sens inverse, dans l’espoir de le semer dans la masse de gens venue fréquenter le parc.  Est- ce que ce n’est pas Woody, que je viens de percuter ? Comme pour m’excuser, j’aboie naïvement, et continue ma course, comme lorsque je l’avais fais le quand j’ai quitté Philadelphie pour ne plus jamais y revenir. Est-ce qu’on me suivait ? Je ne préférais même pas m’en préoccuper.

codage par Laxy Dunbar.

Life is a Circus

ft  Madison

Syragane s’était rematérialisée à temps. Même si elle devait encore déterminer si elle avait pu le faire parce qu’elle l’avait voulu ou que ce n’était dû qu’à un gros coup de chance ! Pour l’instant, ce phénomène restait encore flou à ses yeux. Mais elle ne désespérait pas d’arriver à maîtriser cette… était-ce vraiment une capacité ?  Il est sûr qu’elle lui avait sauvé la vie alors qu’elle se retrouvait prisonnière de son tombeau donc, elle pouvait considérer ça comme une faculté, enfin à condition de maîtriser ce qui n’était pas du tout le cas.

Le principal pour le moment, était qu’elle ait pu revenir et Woody lui, était reparti à ses occupations qui ne manquaient jamais. Et Syragane sourit à Madison qui semblait avoir apprécié sa compagnie. Mais leur conversation fut vite interrompue par l’arrivée de nouveaux personnages, un couple des plus curieux aux yeux de Syragane mais elle les appréciait beaucoup, oui même le loup. Elle avait eu l’occasion de faire sa connaissance en tant qu’homme, ayant vite compris qu’il trouvait plus ses marques en tant que loup qu’en tant qu’humain.

Elle ne fut donc pas surprise de voir le loup s’approcher, bien que Larco s’attarda à sentir l’odeur de son invitée. Et c’est ce qui parut déclencher un phénomène tout à fait inédit pour la Sylphe qui assista complètement stupéfaite à la transformation de la jeune femme en un… un chien. Cela se passa très rapidement, laissant Syragane complètement figée. Il n’y avait que Nunam et bien sûr Larco pour trouver ça moins inquiétant qu’il n’y paraissait et surtout pour comprendre ce qui venait de se passer.

Quand le chien s’enfuit brusquement, Syragane toujours figée, la regarda faire sans réagir. Ce fut Nunam qui la sortit de sa stupéfaction.

- C’est une amie à toi ?
- Euh oui….enfin ça ne fait pas longtemps que je la connais.
- On dirait qu’elle a un problème avec sa seconde identité. Ne t’inquiète pas, elle reviendra sans doute. Elle doit s’habituer à son « autre soi ».

Nunam sourit alors à Larco passant une main dans la fourrure de sa tête.

- Lui c’est plutôt le contraire, n’est-ce pas Larco ?

Le loup gronda doucement, et Nunam rit :

- La prochaine fois que tu la verras, dis-lui qu’on peut l’aider à mieux accepter sa transformation. Ou peut-être que le problème n’est pas là. C’est peut-être juste Larco qui lui a fait peur.

Syragane qui se remettait doucement, hocha la tête.

- Oui peut-être.

Et effectivement, elle pensait la revoir, ou pas. Elle ignorait ce qui avait pu provoquer cette soudaine transformation. A vrai dire, elle ignorait beaucoup de chose sur Madison à commencer par le fait qu’elle aussi était une surnaturelle qui avait donc une capacité de se transformer en animal. Ce qui de fait lui faisait un point commun avec tous les gens de la troupe, dans leur majorité.

Syragane regarda les vêtements étalés sur le sol, les ramassa puis s’excusa auprès de Nunam et Larco qui eux aussi retournèrent à leurs occupations. Pour eux ce qui venait de se passer n’était pas aussi étrange que ça l’avait été pour Syragane. C’était la première fois qu’elle voyait une telle chose. Elle finit par ramener les affaires de Madison dans son mobil-home et essayerait de l’appeler plus tard pour voir…..et bien si elle allait bien !

Je continue ma course effrénée, mais bien vite je me retrouve perdue dans ce grand espace, et je ne peux pas en ressortir. J'ai tellement peur que je suis finalement à la recherche d'un coin calme où me tapir en attendant que l'agitation se dissipe, et surtout où je puisse me cacher. Bon gré mal gré, j'arrive à atteindre mon but et j'essaie de me calmer comme je peux. Mon petit corps animal tremble encore très fort pendant au moins une bonne demi heure avant que je réussisse à m'apaiser un tantinet.

Etre caché, c'est bien, mais le temps peut s'avérer extrêmement long quand on attend allongé à rien faire et malgré le bruit ambiant je finis par faire un bon somme. Quand je rouvre les yeux je constate que la nuit est tombée et les éclairages du parc encore allumés, et il semblerait que plus un chat ne traîne dans les parages. *Comment j'allais faire pour sortir d'ici moi?*

J'hésite à sortir de ma cachette improvisée, me glisse un peu en dehors des buissons et me dégourdit les pattes quand j'entends un bruit et vois une ombre passer tranquillement. Avec un peu de chance, on ne m'a pas vu, alors je ne bouge plus, on ne sait jamais. Je vois assez bien l'ombre disparaître pour comprendre que ce n'est pas un animal, donc pas le gros loup, et attends un peu. Sauf que j'ai dû faire trop de bruit en voulant me dégager la patte pour retrouver une relative liberté de mouvement et que l'ombre fait quelques pas en arrière:

-Oh mais je t'ai vu tu sais...

Je me recule un peu, apeurée, ne sachant pas qui j'allais voir apparaître mais le don est doux, et je le reconnais. Il s'agit de Woody. J'hésite pourtant à avancer, mais il s'approche et je n'ai pas trop le choix.

-C'est toi que j'ai vu cette après-midi... Tu as l'air perdu...

Je baisse les oreilles en signe d'excuse, c'est donc bien lui que j'avais bousculé sans le vouloir dans ma course.

-Tu crains rien avec moi tu sais...

J'avance à pas hésitant, puis il me caresse le crâne et me papouille comme un vrai chien. Comment les animaux peuvent supporter ce traitement et aimer ça sérieusement?! Etre tripoté sans arrêt sans le moindre consentement et surtout, surtout quand on n’a pas envie.

J’aurais pu le mordre pour le faire cesser, mais c’est Woody, et s’il y a bien une personne à qui ça serait injuste de faire du mal c’est lui. Je me montre alors assez docile et le regarde avec des yeux tristes :

-Tu dois avoir froid non ? Bouge-pas…

Il ne faut pas cinq minutes avant qu’il revienne avec une petite couverture dont il m’entoure précautionneusement. J’aurais dû en profiter pour m’en aller mais j’avais peur de peiner le pauvre homme. Sans que je puisse le prévoir, il me transporte dans ses bras, contre lui, tout sourire :

-J'vais voir avec Samuel si on peut te garder, qu’est-ce que t’en penses ?

J’ai envie de me débattre un peu dans ses bras. Je ne suis pas contente d’être ici, et à cause de la couverture je me retrouve un peu prisonnière,  mais c’est vrai que j’ai un peu froid. Woody commence à marcher, et il sent bien que je gesticule et il me laisse descendre de ses bras, et c’est peu de temps après, alors que je le suis timidement et pas très rassurée, parce que moi je ne veux pas le voir le fameux Samuel, qu’on rencontre un visage familier.

-Bonsoir… J'faisais un tour du parc… J'suis tombé sur…

Il se penche et regarde sous moi comme pour vérifier un truc auquel je n’avais pas pensé :

-Elle…

Je suis gênée de ce regard et instinctivement, je me cale derrière Syragane, après avoir vérifié bien-sûr à la ronde, si aucun loup-garou n’était à sa suite.

codage par Laxy Dunbar.

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ft  Madison

Le reste de la journée s’était déroulé sans incident. Syragane était retournée à son mobile-home puis en fin d’après-midi, elle était retournée au chapiteau, une fois changée, pour se préparer pour le spectacle de la soirée.  A la fin, elle s’était retrouvée comme souvent avec les autres membres de la troupe sous une tente à part qui leur servait de réfectoire, pour y prendre un verre ensemble et échanger quelques mots. C’était un moment convivial, comme certains repas qu’ils prenaient ensemble parfois et que Syragane appréciait.

C’est donc sur le chemin du retour qu’elle tomba sur Woody qui était accompagné d’un chien qui le suivait prudemment. Si Syragane était loin de craindre les animaux, elle n’en était pas pour autant familière, sauf des chats, toujours nombreux au palais. Mais les chiens eux, étaient des animaux astreints à la garde, des animaux souvent hargneux, ou pour d’autres, des chiens errants qui traînaient dans les rues de Babylone en quête d’un reste de nourriture. C’était des animaux très loin de ces chiens de compagnie qu’on pouvait rencontrer dans ce Khan. Des créatures pouvant se montrer agressives surtout quand elles étaient en meutes.

Aussi n’avait-elle pas le même rapport aux animaux que les gens d’ici, et si elle fut surprise de voir Woody accompagné de ce chien, il lui fallut un temps de réaction supplémentaire pour reconnaître l’animal. Le déclic se fit quand Woody lui dit qu’il était tombé sur « elle ».

- C’est elle ! ce chien… c’est

Elle allait dire son nom quand le chien vint se cacher derrière elle. Et Syragane un instant décontenancée, tourna sur elle-même pour comprendre que le chien voulait juste se cacher… Enfin ce n’était pas vraiment un chien n’est-ce pas ? Tous les souvenirs de la matinée lui revinrent aussitôt en tête, les images, la transformation… et Madison était à présent coincée ? dans cette forme animale.

- Madison, ….

Syragane croyait qu’elle était retournée chez elle, mais peut-être qu’elle ne savait plus le faire, sous cette forme-là.  Un peu empruntée face à l’animal, ou plutôt face à Madison dans sa forme canine, Syragane ne savait pas trop que faire, ni même que dire. Et Woody lui attendait toujours.

- Madison ? interrogea-t-il surpris. Comme… comme ton amie ?

Syragane hocha la tête.

- Oui c’est elle, enfin je crois ?

Oui non elle en était sûre.

- J’ignorais que tu étais encore ici, murmura-t-elle en regardant le chien.
- Alors elle fait partie des nôtres elle aussi ?
- Oui…. de toute évidence oui, répondit Syragane qui cherchait une solution à ce problème qui n’en était peut-être pas vraiment un. Nunam elle, avait l’habitude avec Larco, mais c’était loin d’être le cas avec Syragane.

Aussi évita-t-elle d’avoir quelconque geste envers l’animal, puisqu’elle ne l’aurait pas fait avec Madison et que de toute façon, elle n’aurait pas eu non plus pour un chien. Puis elle murmura un peu pour elle-même, songeant à son propre problème de dématérialisation.

- Peut-être qu’elle ne sait plus reprendre sa forme humaine.
- un peu comme Larco, ajouta Woody. Qu’est-ce qu’on va en faire ? lui demanda-t-il alors.
- Euh,….et bien je suppose que le mieux serait de l’emmener chez moi.

Elle regardait toujours le chien et lui demanda tout en se disant mentalement que c’était idiot de poser une question à un animal. Il…enfin elle ne pourrait de toute façon pas lui répondre.

- Qu’est-ce que tu en penses, Madison ?

Je n’en mène  pas large une fois derrière les mollets de Syragane. Bon, on dit toujours qu’il est dangereux de tourner le dos  à un chien, mais on ne peut pas dire qu’avec moi la demoiselle risquait grand-chose.  Elle se retourna pourtant pour me faire face et je ne bougeais pas d’un poil, même si  j’étais à l’affût de toute arrivée suspecte, bien campée sur mes pattes.

Mes oreilles s’affaissèrent comme par réflexe, quand elle comprit qu’il s’agissait de moi. J’avais un peu honte de lui avoir fait faux-bond, et  cela se traduisait physiquement puisque je ne pouvais mettre des mots sur ce que je ressentais à cet instant précis.

Oh… Woody a vite compris… Cela s’explique alors quand je l’entends dire que je faisais partie des leurs. Est-ce qu’il sous entendait qu’ils étaient comme moi ? Est-ce qu’ils avaient le don de se changer en quelque chose ou autre aptitude qui me dépassait ?

Je sautille un peu sur place, comme pour montrer qu’il s’agissait bien de moi et je finis par me tasser sur moi-même en entendant l’autre prénom auquel on m’associait. Ah non, moi je n’ai rien à voir avec cette espèce de gros loup qui me faisait très peur.

Qu’est-ce qu’ils vont pouvoir faire de moi ? Me relâcher dehors, pardi ! Non ?...Ah bah … Visiblement non, ce n’est pas au programme. Mais si je voulais pouvoir reprendre forme humaine, il allait falloir que je me détende et surtout… Que j’ai mes propres vêtements à proximité. Hors de question que je traverse de nouveau Manhattan en tenue non appropriée. Est-ce que cette fois j’avais encore déchiré mes vêtements ?

Si j’avais pu, j’aurais soupiré contre ma mauvaise fortune. Et c’est une sorte de son comme le renâclement d’un cheval qui sortit de ma gueule, sous la contrariété.  Il semblerait que je n’ai pas tellement le choix, alors pour toute réponse, je secouais la queue devant Syragane, et avançait quelques pas en avant, dans le sens opposé de la sortie, et attendais que la jeune femme me rejoigne, ensuite posée sur mon arrière train. Je tremblais de la tête aux pieds, de peur de retomber nez à nez avec le Loup Garou.

-J’ai comme l’impression qu’elle est mitigée… Je l’ai vu partir ce matin en courant. Elle m’a bousculé… Je ne savais pas que c’était elle. Qu’est-ce qui l’a fait fuir comme ça ?

codage par Laxy Dunbar.

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ft  Madison

La situation était plutôt délicate. C’était la première fois que Syragane se retrouvait avec un chien sur les bras. Enfin c’était loin d’être un simple chien, c’était une jeune femme, Madison. Et Syragane ne savait pas trop que faire. Si Madison avait maîtrisé sa transformation, elle serait sans doute déjà repartie, ou elle l’aurait appelée ou… n’importe quoi d’autre que de se retrouver  à présent là, devant elle sous sa forme canine.

Elle ne pouvait donc en tirer qu’une seule conclusion : Madison avait du mal à retrouver sa forme originelle. Alors en attendant, Syragane n’allait pas l’abandonner dans la rue et encore moins dans le parc. Elle lui proposa donc de l’accompagner jusqu’à son mobile-home, ne sachant pas trop comment réagirait le chien.

Quand ce dernier, enfin cette dernière marcha dans l’autre direction toute tremblante, Syragane resta perplexe. Elle semblait d’accord mais en même temps, elle tremblait de peur. Mais était-ce vraiment de la peur ? Elle avait peut-être froid. Quoique les chiens étaient plutôt résistants au froid non ? Ils avaient une fourrure pour les réchauffer.  Clairement, Syragane n’avait aucune idée de quel pouvait être le problème de Madison.

Ce n’est que quand Woody donna son avis, expliquant qu’il avait vu ce matin la chienne fuir et la bousculer au passage, sans doute effrayée par quelque chose qu’elle commença à faire le lien.

- Elle est venue me voir ce matin et….et puis Larco est arrivé sous le chapiteau avec Nunam. Et juste après elle s’est transformée. Et c’est là qu’elle s’est enfuie. Je pensais que c’était à cause de sa transformation. Nunam pense qu’elle ne la contrôle pas du tout. Mais à présent que tu me dis….peut-être qu’elle a été effrayée par le loup.

Alors elle se tourna vers Madison, et lui assura d’un ton gentil :

- Tu n’as rien à craindre de la part de Larco, c’est un gentil loup… il n’est pas comme …….hmpf c’est compliqué à expliquer. Je ne suis même pas sûre que tu comprennes de quoi on parle. Quoique si toi tu peux te transformer en chien, tu dois savoir pour les loups-garous.

Syragane regarda en direction des mobile-homes plus loin.

- Larco est sans doute rentré chez lui avec Nunam, tu n’auras pas à le recroiser si c’est ce qui t’inquiète. A présent je pense que le mieux serait que tu passes chez moi, un moment ? Jusqu’à ce que tu te sentes ….mieux.

Mieux ou capable de reprendre forme humaine. Et si elle n’y parviendrait pas, Syragane ne savait pas ce qu’elle allait faire.

- On y sera beaucoup plus tranquille comme ça. Tu n’as pas à avoir peur je t’assure ! Personne ne te fera de mal.

Syragane reprit donc la direction de chez-elle, lançant un coup d’œil au chien pour voir si il suivait. Elle lui ouvrit finalement la porte de chez elle, la laissa s’y engouffrer, puis referma, non sans avoir remercié Woody pour son aide. Ce dernier content d’avoir pu se montrer utile, lui fit un signe, sourit et repartit faire un dernier tour de garde dans le parc.

Comme quoi la communication ça a du bon. Je les entends parler, et je sais alors qu’ils ont compris mes réticences. Je fais quelques petits gémissements pour approuver à ma manière et essayer de faire comprendre qu’ils sont sur la bonne voie mais je ne suis pas sûre que ça va être très probant. D’autant plus que j’ai la sensation que Woody me regarde d’un drôle d’air maintenant, probablement parce qu’il doit se demander pourquoi je réagis ainsi. Alors je me calme et me pose sur mon derrière en attendant, frissonne en entendant parler de Larco, le loup soi-disant gentil et pas comme… comme quoi au juste ? Comme les autres ? Je ne suis pas sûre de vouloir y croire même si dans la bouche de Syragane je doute que ça soit un mensonge. Alors quoi…

Enfin l’information que je cherchais est tombée. Je ne risque pas de croiser la créature en chemin, et je finis par être rassurée, même par les paroles de la jolie blonde. Elle a trouvé à m’apaiser, alors je sautille sur place en remuant la queue, pour faire comprendre que je suis partante, et je vois Woody esquisser un petit sourire :

-J’crois que c’est bon, elle est partante…

Je passe la tête contre la jambe de Syragane, comme pour confirmer, et donne des petits à coups du museau, l’air de dire en route, et commence à avancer d’un bon pas.

-Et bien, au revoir Madison et Syragane, et bonne nuit…

Je me retourne quelques secondes pour pencher la tête sur le côté, les oreilles bien dressées et la langue pendante sur le côté, puis aboie deux fois comme pour rendre la politesse à Woody. Je n’ai aucune certitude sur l’interprétation de mon attitude de la part de mes interlocuteurs mais je ne pouvais malheureusement pas faire mieux sous cette forme. Pas pour l’instant. Je reprends alors ma route aux côtés de Syragane et j’ai la joie de ne pas croiser un chat durant le trajet. Quand on arrive aux abords du mobile home, je reste un peu aux aguets, jusqu’à ce que la jeune femme m’indique d’entrer au bon endroit. Je ne me fais pas prier et reste bien sage une fois à l’intérieur. J’aurais peut-être dû ressuyer mes pattes avant d’entrer ?

codage par Laxy Dunbar.

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ft  Madison

Syragane entra chez elle et referma la porte une fois le chien à l’intérieur. Puis….elle observa un instant ce dernier et se laissa tomber sur le banc d’angle de la table de cuisine, l’air un peu dépassée par les événements. C’était bien la première fois qu’elle accueillait un animal chez elle, un chien qui plus est. Même si techniquement, ce n’était pas vraiment un chien. Oui elle l'avait déjà dit, mais elle avait vraiment beaucoup de mal avec cette idée. Bizarrement, pour Larco c'était plus facile, mais Larco lui était la plupart du temps sous sa forme loup, donc, elle avait appris à accepter le loup avant le jeune homme qu'elle ne voyait de toute façon presque jamais.

Ce qui lui fit se demander comment et pourquoi en venait-on à se transformer en chien ? Et inévitablement elle pensa à ce qui symbolisait le dieu du chaos qu’était Nergal, un dieu destructeur dont elle devait empêcher l’avènement. Oui, son symbole était une tête de chien. Ok rien à voir avec Madison. Elle ne devait pas se laisser aller à penser dans ce sens ou ça serait la porte ouverte à tout un tas de sentiments destructeurs. Madison n’avait certainement rien à voir avec Nergal et encore moins avec sa mission.

Ce qui tout de même ne l’aida pas à cet instant précis.  Les chats du palais étaient parfois nourris par les jeunes vierges et autres servantes d’Ishtar et il était arrivé que Syragane en câline un ou deux. Ces animaux étaient des créatures fières et très grâcieuses, rien à voir avec un chien…. Mais..devait-elle s’occuper de Madison en tant que chien ? Lui proposer une gamelle d’eau ? ou de la viande ? ou…. Devait-elle lui proposer un thé ? Non pfff, c’était insensé, avait-on déjà vu un chien boire du thé ? Elle soupira devant ce bête dilemme.

Et puis il y en avait un autre. Syragane n’était pas DU TOUT habituée à parler à des chiens. D’ordinaire, les gardes leur criaient après pour les faire fuir ou les menaçaient de bâtons mais là euh… non, la situation était complètement différente. Pour commencer, Syragane devait surtout oublier les apparences et se rappeler qu’elle avait toujours affaire à Madison.

- Je te proposerai bien un peu d’eau ? euh… je ne sais pas si tu as soif. A vrai dire Madison, je n’ai jamais eu de contact avec les chiens et dans mon Khan, c’était juste des voleurs et des animaux errants la plupart du temps et… Ok je sais, rien de comparable, désolé….

Elle se tut un instant nerveuse, jouant avec ses doigts avant de soupirer.

- Si seulement je savais ce qu’il faut faire pour que tu puisses retrouver ta forme normale. Enfin je ne dis pas que celle-ci ne l’est pas. Peut-être après tout que c’est le contraire, que tu es un chien qui se transforme parfois en humain. Pffff excuse-moi je raconte n’importe quoi !

Et Syragane se passa une main sur son front.

- Bon…. Je dois faire à manger, pour moi, je suppose que tu n’auras rien contre le fait de partager mon repas ? Et ma foi, si ça ne te plait pas et bien….il te suffira de ne pas manger.

Hm c’était pas terrible tout ça, mais mieux que rien. Alors Syragane finit par se redresser, fit couler un peu d’eau fraîche dans un récipient en plastique qu’elle posa sur le sol pour le chien, sans dire un mot, puis commença à préparer un repas, plat de pâtes comme elle avait appris à en cuisiner dans ce Khan, avec de la tomate, des brins de basilic et de l’huile d’olive, le tout épicé d’un peu de piment et de sel.

Elle finit par servir deux assiettes, une qu’elle posa sous le museau du chien et l’autre qu’elle posa sur la table à laquelle elle reprit place et mangea en silence, l’esprit un peu préoccupé.

Je suis Syragane mais reste à une distance raisonnable. Je la fixe, tandis qu’elle reste assise sur son banc, et j’aurais aimé avoir lire dans les pensées à cet instant précis. J’ignorais à quel point elle était dépassée ma transformation. C’est quand même une couleuvre à avaler de voir une personne se transformer en animal. Elle finit par ouvrir la bouche et je comprends mieux son silence momentané. Elle ne sait juste pas comment se comporter avec moi et je me mets à sa place, ça doit être un peu déstabilisant autant que quand on se métamorphose pour la première fois. Je penche un peu la tête sur le côté quand elle parle des chiens qu’elle a connu, et je me dis que je devrais probablement me renseigner sur ce mon Khan, pour comprendre ce que c’est, quand je serais de nouveau en mesure de reprendre forme humaine. J’avais bien dormi, je n’étais plus sur le coup des émotions, donc je devrais pouvoir entamer le processus inverse non ? Même si je m’étais entraînée de temps à autres depuis mon arrivée à New-York, je dois dire que ce n’était pas encore ça, alors je n’ai aucune certitude à ce sujet, mais j’aurais aimé pouvoir rassurer la demoiselle et m’exprimer en l’instant.

Si j’avais pu rire, je crois que je l’aurais fait. Oh, non pas pour me moquer de la jolie blonde, juste à cause de l’hypothèse qu’elle avance. Je me dis qu’il faudrait que je me renseigne sur le sujet. Contrairement à ce que pense la demoiselle, je ne trouve pas cela dénué de sens. Après tout, une femme qui se transforme en animal, ce n’est pas très commun non plus, pourtant, je suis la preuve vivante que ça existe. Pourquoi l’inverse ne pourrait pas être possible ? Je suis frustrée de ne pas pouvoir le lui dire et bois finalement l’eau donnée en lapant celle-ci avec plaisir. Cela faisait du bien de s’hydrater après une journée pareille.

Puis je regarde Syragane cuisiner, et je me relèche instinctivement les babines. Au moins, elle n’a pas mit de viande, j’apprécie, même si elle ne peut pas savoir. Au moins je n’aurais pas à trier celle-ci et à la mettre de côté, ce qui aurait été très malpoli. J’apprécie le geste de la jeune femme, et son sens du partage, pour rien au monde je n’aurais voulu la vexer.

J’attends qu’elle se mette à manger pour commencer ma propre assiette et je dois dire que je la termine plus vite que je m’en serais crue capable puisque je suis plutôt du genre à picorer et manger par petites portions sous ma forme humaine. Je devais en avoir sacrément besoin, et cette énergie engrangée devrait m’aider à retrouver mon apparence normale. Sauf qu’il faut que je retrouve mes vêtements, et je ne sais pas ce qu’on en a fait quand j’ai détalé comme un lapin. Je viens poser une pâte sur la jambe de Syragane, pour attirer son attention, et je me cache alors sous la table avant de faire mon essaie. Si ça foire, c’est tout vu mais si ça réussit, alors j’aimerais autant préserver notre pudeur à toutes les deux, même si je n’ai aucune idée du degré de celle de la danseuse du ventre. Est-ce que parce qu’on fait ça on est obligé de ne pas éprouver de pudeur ?! Je chasse ce questionnement trivial de mes pensées et m’étire un peu.  Puis je réalise qu’étant donné l’espace sous la table, je risque de me retrouver coincée. Alors je sors évidemment de là, en me disant que je devais offrir un drôle de spectacle. Je me mets de dos alors, et ferme les yeux pour me concentrer.

Rien ne se passe. Je ne sens pas cette énergie qui circule en moi quand mon retour à l’état normal opère. Ce n’est pas grave. J’essaie de nouveau, en repensant à certaines conversations que j’avais eues avec cet inconnu en rêve et je me demande si cela ne pourrait pas marcher en imaginant que je redeviens la Madison de tous les jours. Je réessaie à plusieurs reprises et enfin, je sens quelque chose. La transformation s’amorce lentement, j’en frémis d’excitation, ce qui a le don de faire retomber mes efforts comme un soufflet. Syragane doit se demander ce qui se passe, si je ne me dépêche pas. Ce que j’ignore, c’est qu’elle a pu voir mon corps canin changer, et deux pieds montrer le bout de leur nez puis pop un retour au corps canin. Visiblement, je n’ai pas encore repris assez de forces, pourtant, je me suis entraînée ces derniers temps. Je pousse un petit couinement déçu et reviens alors vers Syragane la tête et la queue basse. J’espère ne pas rester coincée comme cela trop longtemps. J’aurais aimé pouvoir communiquer avec la demoiselle en toute liberté, ne serait-ce que pour lui expliquer ce qui se passe.

codage par Laxy Dunbar.

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ft  Madison

Une fois le repas terminé, Syragane avait servi comme promis une assiette pour Madison qu’elle déposa sur le sol. Ca lui paraissait le plus correct à faire, après tout vu sa taille, elle n’aurait pu la servir à table.

Et à son grand soulagement, le chien, enfin Madison dévora son repas. Syragane en fit de même avec son assiette mangeant plus lentement pour sa part, le regard revenant parfois sur le chien quand ses pensées ne s’égaraient pas vers le SPIN et David…. Qui y était prisonnier. C’est sûr que son moral  n’était pas au beau fixe, mais la présence du chien lui permit de ne pas trop s’appesantir sur ce qui la tracassait depuis plusieurs jours, le sort de celui qui avait pris de plus en plus d’importance dans sa vie. Et elle allait devoir accepter cela…..Non, c’était impossible.

Mais le chien qui vint poser sa patte sur sa cuisse la fit revenir au présent et Syragane repoussa son assiette qu’elle n’avait pas terminée, manquant singulièrement d’appétit.

- Est-ce que tu te sens un peu mieux à présent ?

Le chien eut alors un étrange comportement. Il se glissa sous la table, sembla hésiter avant d’en sortir, pour se planter devant Syragane qui assista alors à un semblant de transformation sous son regard médusé. Elle avait beau l’avoir déjà vu une fois, ça restait la chose la plus étrange qu’elle ait vue depuis qu’elle….. enfin depuis qu’elle existait.

Sauf que… la transformation n’aboutit pas. Il y eut un moment où elle sembla faire marche arrière pour revenir à la forme animale de Madison. Ok, elle avait donc réellement un problème de transformation.
Syragane soupira, les mains posées sur ses genoux.

- Je suis navrée que cela n’ait pas fonctionné, mais peut-être qu’une fois que tu te seras reposée ?

Quand on frappa à la porte, elle sursauta presque ne s’attendant pas à avoir une visite, enfin si…. Si bien sûr, ici il y avait toujours du passage. C’est juste qu’elle avait été tellement absorbée par la tentative de transformation de Madison qu’elle s’était laissée surprendre. Et bientôt une voix accompagna les coups à la porte.

- Sy ? C’est moi, Jane. Tu es prête ?
- Prête ?

Syragane avait une notion du temps bien plus floue que les gens de ce khan qui vivaient en suivant toujours leur montre ou tout objet qui indiquait combien de temps s’écoulait, minute après minute et seconde après seconde…. Syragane bien sûr avait appris à utiliser cet outil du temps, mais ça ne l’empêchait pas d’en perdre la notion parfois comme ce soir.

Toutefois, l’horloge de son téléphone ne l’aida pas à définir pour quoi elle devait être prête. Syragane finit par se lever et alla ouvrir à son amie, non sans lancer un coup d’œil en direction du chien.

- Tu n’as rien à craindre, c’est Jane mon amie, elle travaille ici elle aussi.

Puis elle ouvrit pour se retrouver face à la pétillante Jane qui s’était changée pour…

- Zut j’avais complètement oublié !

Oui Jane lui avait proposé de sortir boire un verre avec Sean et Lukas mais, désormais cette sortie semblait fort compromise.
Jane rouspéta pour la forme.

- Oh Sy ! Bon allez, tu as encore quelques minutes pour te changer ! Vite !

Puis Jane se figea en voyant le chien.

- Mais qu’est-ce qu’il fait là lui ? s’exclama-t-elle plutôt surprise de la présence du chien.

Jusque là, jamais Syragane n’avait montré d’attachement particulier pour les animaux. Et là celui-ci avait en plus une allure plutôt austère… genre chien de garde, non ?

- C’est un doberman ?

Syragane ouvrit de grands yeux surpris.

- Un quoi ? Non c’est… euh c’est un chien.

Jane éclata de rire.

- Oui ça je le vois bien, mais je parlais de sa race.

Puis en voyant la tête que faisait Sy, elle secoua la tête en levant les mains.

- Laisse-tomber. Alors mon beau toutou, tu t’es trouvé une nouvelle amie ? Et en se tournant vers Syragane elle lui demanda : Je peux le caresser ou il va me mordre ?

Elle se trouva face à une Syragane toujours aussi perplexe qui finit par lui répondre.

- Je n’en sais rien…. Enfin non, je ne pense pas qu’elle te mordrait.

Et elle regarda le chien d’un air emprunté. Madison était une humaine aussi et les humains ne se mordaient pas entre eux n’est-ce pas ? ….quoique là encore le sujet prêtait à débat.

La pauvre Syragane n’y peut rien si ma transformation n’a pas abouti, mais je trouve quand même cela gentil de sa part de compatir. Elle ne sait pas à quel point elle a raison, il me faut probablement encore du repos. Je me tasse presque instantanément sous la table, quand on toque, une femme à priori, qui s’appelle Jane. Je crois la blonde quand elle m’affirme que je ne dois pas avoir peur, mais je ne suis pas moins méfiante pour autant. Il me faut un peu de temps avant que je reprenne une posture un peu moins « soumise »  

A priori les deux jeunes femmes avaient des plans de prévues et j’avais un peu interféré sans le savoir. Je pourrais me contenter de rester cachée là, mais c’est sans compter la jeune femme qui m’est étrangère qui remarque ma présence. Je relève une oreille quand on parle de ma race et ensuite de me caresser. Ah ça non ! Hors de question. Si je n’ai pas pour habitude de mordre je ne compte pas me laisser faire.

Je redresse la tête et gronde un peu, histoire de me montrer assez menaçante pour la dissuader de m’approcher, mais je recule aussi loin que je peux de la fameuse Jane. En attendant, je n’ai pas envie que Syragane dise adieu à sa soirée par ma faute, surtout que si je me repose, ça ne sert à rien qu’elle reste ici à s’encombrer de ma personne.  Je me cache alors derrière les jambes de la jolie blonde, et je colle mon museau contre, puis la pousse un peu vers Jane. Je ne sais pas si ça marcherait mais j’espérais éviter ainsi une séance caresses non consenties et faire comprendre à Syragane qu’il fallait qu’elle profite de sortir avec son amie. Je cherche des yeux son lit ou un endroit confortable pour m’asseoir et part m’y installer en fermant les yeux et baissant les oreilles en espérant avoir délivré le bon message.

codage par Laxy Dunbar.

Life is a Circus

ft  Madison

Bon ok, elle avait oublié les projets de ce soir. Mais désormais elle se voyait mal sortir alors qu’il y avait un chien dans son mobile-home. Et puis Jane semblait un peu avoir oublié l’idée dès qu’elle vit Madison.

Quand elle demanda si c’était un doberman, Syragane complètement prise au dépourvue haussa les épaules. C’était juste un chien. Enfin non pas vraiment… Et sa réponse amusa Jane qui lui parla alors de race, augmentant la perplexité de Syragane.

- Euh tu sais, je n’y connais absolument rien sur le sujet. Je… je ne me suis jamais occupée d’animaux avant. Dans mon Khan les animaux n’étaient pas des ….comment dire, compagnons ? Comme ici, ils ne faisaient pas partie de la famille, mais à la limite étaient un moyen de s’assurer la protection de son foyer ou … un danger quand ils étaient sauvages.

Elle secoua la tête et soupira.

- Enfin …..ce n’est pas vraiment un chien.

Trop  tard, Jane avait décidé de caresser l’animal qui n’en était donc pas vraiment un. Et Madison manifesta aussitôt son hostilité à cette idée. Jane recula sa main instantanément.

- Oh ok, il n’en a pas envie ! Euh qu’est-ce que tu disais ?
- Que… ce n’est pas un chien, mais c’est une jeune femme et elle s'appelle Madison.

Devant la perplexité de Jane, Sy en laissant retomber ses épaules, expliqua :

- C’est une amie à moi mais jusqu’à aujourd’hui j’ignorais qu’elle savait se transformer en chien ! Et puis le pire c’est qu’elle semble ne pas savoir récupérer sa forme humaine.

A n’importe qui d’autre, elle n’en aurait pas parlé, mais les houdinis étaient tous des surnaturels ou concernés de près ou de loin par des êtres différents. Comme Jane. Elle, elle était humaine, mais elle avait toujours vécu proche d’eux. Et elle les connaissait mieux que quiconque. Ca et tout ce qu’elle savait, toute l’aide précieuse qu’elle apportait à chacun.

Jane se redressa ayant définitivement renoncé à apprivoiser le chien qui était donc avant tout une jeune femme. Elle regarda l’animal pendant un moment avant d’entendre Syragane lui demander.

- Est-ce que tu sais ce qu’il faut faire dans ces cas ?
- Oh et bien, ce n’est pas la première fois qu’on peut voir quelqu’un qui a du mal avec ses pouvoirs, tiens, un peu comme toi et ta dématérialisation, s’amusa Jane. Je suppose qu’elle pourra contrôler ça avec le temps et l’expérience. A moins qu’il ne s’agisse d’une malédiction, un peu comme Lady Hawk.
- Qui est Lady Hawk ?
- Oh, c’est un film, l’histoire d’une femme qui se transforme en faucon le jour et son amoureux en loup la nuit.
- Un peu comme Woody alors ?
- Je ne sais pas, c’est juste une supposition.

Et toutes les deux restèrent à observer l’animal qui vint alors pousser Syragane avant de disparaitre dans la chambre, devant une Syragane perplexe et une Jane hilare quand toutes les deux s’approchèrent de l’entrée de la chambre pour voir que le chien s’était installé sur le lit de Syragane.

Cette dernière ne savait pas trop ce qu’elle devait penser sur le fait qu’un chien était couché dans son lit ! En quelque part ça la contrariait un peu mais bon si c’était le seul moyen de rassurer Madison…. Quant à Jane elle poussa Syragane en riant.

- Je crois que le message est clair. Ton amie a besoin de se reposer. Si tu veux, on en parlera à Nunam, c’est la mieux placée pour savoir ce qui peut l’aider. Ou sinon on demandera un coup de main à Lilah. Bon alors tu viens ?

Mais Syragane hésitait toujours. Bon elle finit par se plier à l’insistance de Jane. Elles pourraient toujours demander conseil à Nunam ou à Lilah le lendemain. Puis elle se changea pour enfiler une tenue plus fun, et avant de sortir se tourna vers le chien qui semblait déjà se reposer.

Bon il ne lui restait plus qu’à espérer qu’elle reste ….tranquille ? jusqu’à son retour. Syragane quitta donc le mobile home, sans le verrouiller cette fois et accompagna ses amis pour sortir boire un verre, mais inquiète, elle réclama bientôt le retour  et plus tard dans la nuit, Syragane poussa doucement la porte de chez elle, ne sachant pas ce qu’elle allait trouver.

Comme le chien dormait toujours dans son lit, elle opta pour le lit dans la seconde chambre, dans lequel elle se laissa tomber une fois déshabillée, fatiguée après cette longue journée. Et elle s’endormit presque aussitôt, grâce aux quelques verres d’alcool ingurgités, sans plus se poser de question.

En ce qui concerne Syragane, la demoiselle n’avait rien à craindre de moi et cela me faisait plaisir d’en apprendre plus sur elle, même si ce que j’entendais m’intriguait grandement. Au moins Jane avait compris le message sans aller plus loin. Sur le coup, je n’ai pas été très contente que Syragane dise à son amie que je n’étais pas vraiment un chien. Plus ça s’ébruitait, et plus ça me mettait en danger. Et je ne la connaissais pas cette Jane moi. L’entendre dire que je faisais partie de ses amies me fit quelque chose, éclipsant franchement mon sentiment du moment. Et s’ensuivit une série de commentaires entre les deux jeunes femmes qui me laissèrent perplexe. « Dématérialisation »… Est-ce que Syragane serait aussi… Cela expliquerait peut-être une partie de ses méconnaissances et qu’elle parle de son khan, mot que j’avais du mal à appréhender depuis que je l’avais entendu prononcer. Et ce pauvre Woody, victime d’une malédiction ? Je dois dire que lorsque les femmes étaient parties, j’avais eu bien du mal à m’endormir, la conversation me revenant sans arrêt en tête. J’avais fait une série de suppositions, émit diverses hypothèses, mais c’était de plus en plus compliqué de m’entendre moi-même penser dans le corps d’un animal et encore plus épuisant. L’idée d’aller voir Nunam, que j’associais au gros loup désormais puisque l’un avait l’air de ne pas aller sans l’autre, me fit stresser pendant une partie de la nuit. Si bien que quand la jolie blonde rentra chez elle, cela devait faire à peine une demi-heure, trois quart d’heures au plus que je m’étais endormie et par conséquent, toujours sous ma forme animale. Je ne l’ai pas entendu rentrer, c’est pour ça que je n’ai pas bougé l’once d’une oreille à ce moment-là.

Quand je me réveille, je constate par une des vitres qu’il fait jour, et que je suis de nouveau pleinement moi-même mais nue. J’enroule la couverture autour de moi façon maki mais c’est compliqué de passer la porte ainsi ou d’être libre de mes mouvements. Alors je passe mes bras par-dessus tout en maintenant le tissu autour de moi d’une main. J’allais devoir m’expliquer auprès de Syragane, mais je tenais à ne pas le faire en tenue d’Eve.

J’hésite même à passer dans sa cuisine, mais je me dis que la moindre des choses serait quand même de lui préparer un café pour la remercier de son hospitalité. Mais est-ce qu’elle buvait ça le matin ? Et est-ce qu’elle apprécierait que je fouine dans ses placards ? De peur de mal faire, je reste dans l’inaction, l’ongle du pouce dans la bouche, entre mes dents, à hésiter sur la meilleure attitude à adopter jusqu’à temps que Syragane se réveille. J’entends finalement un petit bruit et je sursaute. Est-ce Syragane, quelqu’un d’autre ? D’autres types de bruits ? Dans le doute, je tente de détaler dans la chambre où j’ai dormi et me cogne l’orteil dans le chambranle de la porte avant d’y rentrer :

-Aïe, connasse de porte, je vais te… !

Oui, c’est ridicule de parler à cette porte, surtout qu’elle n’y est pour rien, elle. Mais pour la discrétion, on repassera. Et dans le processus, j’ai relâché le tissu qui me cachait pour me tenir le doigt de pied, une petite larme de douleur au coin de l’œil.

codage par Laxy Dunbar.

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ft  Madison

C’était sympa de faire la fête avec les amis, du moins ça lui changeait un peu les idées plutôt que de penser à ce que devenait David. Mais par contre les lendemains étaient beaucoup moins « joyeux ». Syragane entendit du bruit et marmonna la tête dans l’oreiller avant de se retourner dans l’autre sens sur son lit.

Jusqu’à ce que l’idée fisse gentiment son chemin jusqu’à son esprit endormi, lui signalant qu’il y avait quelqu’un chez elle, dans …son mobile-home, oui…. oui elle était rentrée plutôt tard la veille et en plus avait un peu trop bu. Ouais elle était au courant, ça n’était pas bien du tout. Et elle allait le payer ce matin, puisqu’il faudrait bien qu’elle se lève pour aller s’entraîner.

Mais quelle heure pouvait-il bien être ??
Et qui était chez elle ??

Syragane se redressa, consulta son téléphone pour y lire l’heure, puis appela, hésitante :

- Jane ?

Prudemment, elle s’approcha de sa porte, vêtue en tout et pour tout d’un tee-shirt un peu trop grand, avant d’apercevoir la jeune femme qui se tenait devant la porte de… de sa chambre en fait. Et complètement nue. Bon pas que la nudité dérangeait Syragane, ça aurait été un comble vu le monde dans lequel elle avait grandi, non, c’était juste que………… ah oui, voilà ! La dernière fois qu’elle l’avait vue, elle était transformée en chien.

Alors après un certain temps de réflexion mêlé de maux de têtes, Syragane retrouva brusquement le sourire et la parole.

- Madison ? Tu as su retrouver ton apparence humaine ! Quelle bonne nouvelle !

Et elle gémit, les mains sur les tempes.

- Ouch, je crois que hier….j’ai un peu trop bu.

Syragane se dirigea d’un pas un peu traînant jusque vers la banquette en angle où elle se laissa lourdement tomber.

- Et ….et donc, il te fallait juste un peu de repos, si je comprends bien ?

La sylphe parvint à lui sourire malgré les maux de tête, contente de voir que Madison avait l’air mieux euh enfin avait de nouveau une apparence humaine. Ce qui allait grandement faciliter la communication. Surtout que ouais, Syragane n’était pas douée pour communiquer avec les chiens.

Alors que je suis encore en train de ronchonner et absorbée par la douleur à mon orteil que je frotte doucement pour le soulager, je me fais surprendre par Syragane dans le plus simple appareil. Heureusement que c’est elle et pas quelqu’un d’autre, même si cela ne m’empêche pas d’avoir ma pudeur et de chercher instinctivement à me couvrir de nouveau le corps. J’attrape maladroitement la couverture et la douleur de mon pied, somme toute bénigne, passe au second plan.

-Oh merde !

Cri sorti tout droit du cœur, avant de répondre au constat de la belle d’un hochement de tête encourageant. Même si c’était purement rhétorique et que la jeune femme n’avait pas besoin de ma confirmation pour le coup.

Je me sentais déjà coupable, mais voir la pauvre dans cet état, et dire que c’était moi qui l’avais réveillée en plus avec mon ramdam, ne fit que raviver ce sentiment. J’en oubliais alors toute gêne, dans un profond besoin de réparer mon erreur et de l’aider à ma façon. Je cherchais un verre  dans les placards et le remplissais d’eau, soucieuse.

-Oui, en partie. Disons que c’était le chaînon manquant du processus… Je crois que je te dois quelques explications mais ça attendra que tu sois un peu mieux réveillée et en forme. Je suis désolée de t’avoir réveillée. As-tu des comprimés effervescents pour la tête ? Tu veux un café ?

Si mon souvenir était bon, boire un peu de café aidait à faire redescendre la pression sanguine, et soulagée la douleur. Mais est-ce que ça marchait aussi pour les migraines dues à l’absorption d’alcool ? En tout cas le comprimé ne pourrait lui faire que du bien, avec beaucoup d’eau, comme lui avait préconisé une fois Sully.

-Et euh… Quand je me suis changée… Euh… Tu sais si mes vêtements ont été récupérés par quelqu’un ? J’aimerais bien… Euh, passer quelque chose.

Je rougis un peu et souris aussi tout en attrapant les cachets là où la douce les rangeait habituellement, et commençait à lui préparer le café :

-Tu… Alors comme ça tu… Toi aussi, tu es comme moi ? Enfin, tu ne transforme pas en chien mais… Tu as des capacités… Hors normes ?

Je me référais aux soucis de matérialisation auxquels Jane avait fait allusion la veille, me montrant peut-être un peu trop curieuse.

codage par Laxy Dunbar.

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ft  Madison

Oui, Syragane se réveillait doucement, et surtout essayait de surmonter les migraines provoquées par un abus d’alcool. Aussi fut-elle infiniment reconnaissante à Madison de lui apporter un verre d’eau dont elle avala une grande gorgée avant de lui désigner la salle de bain.

- Oui, dans la pharmarcie.

Et dès que la jeune femme lui eut apporté un des comprimés qu’on lui avait appris depuis la fois où elle était tombée très malade à les utiliser, Syragane l’avala avec un peu d’eau. Il ne restait plus qu’à attendre que le médicament fasse effet.

Quant à Madison, Syragane était contente de lui voir retrouver sa forme humaine et sourit en la voyant s’installer en face d’elle, son corps dissimulé par une couverture.

- Je prendrai bien un thé mais… je peux m’en occuper…

Elle chassa le sujet pour aborder celui de Madison. Apparemment la nuit de repos lui avait fait du bien, c’était un des chaînons manquants disait la jeune femme. Syragane hocha la tête, attentive et compréhensive.

- Ça va aller ne t’inquiète pas, et je me sens déjà beaucoup mieux.

Quant aux vêtements de Madison, Syragane répondit en faisant un geste vers un coffre à l’entrée.

- Je les ai déposés là en attendant.

Syragane attendit que Madison se fut de nouveau installée devant elle pour relancer la conversation. Mais c’est la jeune femme qui le fit, en lui posant une question qui la laissa d’abord très surprise, avant de se souvenir. Elle en avait parlé avec Jane, ne réalisant pas que le chien écoutait….enfin que Madison écoutait ! Donc…. Elle était au courant.

Syragane soupira. Ma foi, elle-même venait de découvrir pour la transformation de Madison, elle ne voyait pas de problème à lui confier pour ses propres capacités plutôt surprenantes.  Des capacités auxquelles elle devait encore s’habituer.

- Oh euh…. Oui en effet, tu as entendu ma conversation avec Jane je suppose ? Ma foi à présent, je ne vois plus de raison de te faire de mystère, pas après ce qu’on sait désormais pour toi. Et….oui je suis aussi une surnaturelle, mais pas depuis très longtemps en fait, c’est… une histoire un peu compliquée.

- Je ne viens pas de ce khan, mais d’un autre beaucou plus ancien qui date de trois mille ans avant la naissance de votre Christ. Un jour lors d’un combat, j’ai été amenée ici par accident et depuis grâce aux pouvoirs qu’Ishtar m’a légué, je tâche de me faire une nouvelle place dans ce monde. Mais il y en a que je ne maitrise pas du tout comme le pouvoir du vent et parfois mon corps se transforme en poussière, je me « dématérialise » et il m’est déjà arrivé de me perdre à cause de ça. J’ai même failli me noyer. Ce n’est pas simple tous les jours.

Syragane posa sa main sur celle de Madison.

- Alors je comprends que pour toi aussi ça ne soit pas être facile. Tu sembles avoir du mal à retrouver ta forme habituelle ? Est-ce que tu transforme aussi en autre chose ? ou seulement sous une forme chien ? c’est…..comment ça t’est arrivé ? Enfin, si tu as envie de m'en parler, ce n’est pas obligé si ça t’ennuie.

Et elle lui sourit, pour la rassurer. Madison n’avait rien à craindre d’elle.

Je prends une tasse de café pour moi, afin de ne pas gâcher et souris tendrement à Syragane, heureuse qu'elle aille bien. J'avais envie de prendre soin d'elle malgré son refus, pourtant je ne la forçais pas, je ne voulais pas paraître insistante ou devenir gênante avec mon comportement. Je la pose sur la table et me sens soulagée de pouvoir repasser quelque chose de plus décent, même si mes vêtements n'étaient pas propres. Je me change rapidement dans la pièce d'à côté et reviens comme Flash Gordon, afin de l'écouter, assise à table, tasse entre les doigts.

Je confirme que je les ai entendues parler avec un petit hochement de tête, même si au fond, je suis gênée car j'ai la sensation d'avoir espionné les gens sans le faire. Je l'écoute attentivement, réfléchissant au terme "surnaturelle" qu'elle venait d'employer et que j'aimais mieux que créature, monstre ou bizarrerie, que j'aurais pu choisir pour me qualifier moi-même.

Je ne la juge pas mais je fais pourtant des gros yeux ronds, car je ne pensais pas qu'on pouvait vivre aussi longtemps même en temps qu'être surnaturel, et que l'idée de la savoir d'une autre époque n'est pas évidente à appréhender. Probablement autant que de me voir me changer en chien comme ça sans prévenir. Et surtout, je me demandais si j'avais rêvé en l'entendant prononcer le nom d'une déesse du panthéon babylonien, ou sumérien... Où est-ce que j'avais entendu parler de cette divinité d'ailleurs? J'avais dû lire un articule à ce sujet ou bien... J'ai comme une sensation de déjà vue mais je n'arrive pas à la remettre. Non, vraiment.

J'oubliais bien vite ces turpitudes pour penser aux soucis de la jolie blonde. Je la comprenais parfaitement même si je n'aurais pas voulu être à sa place, car ça ne doit pas être évident à cacher aux gens tout ça et puis manquer de se noyer, ce n'est pas rien. Je pose alors ma main sur la sienne, comme pour la rassurer à mon tour:

-Ne t'en fais pas, ça ne m'ennuie pas. C'est juste que je ne suis pas habituée à raconter ces choses là et à rencontrer des gens qui ont des difficultés similaires aux miennes, ni même à me confier en général. Et bien...

Je me lance, estimant que je pouvais faire confiance à la jeune femme:

-Je n'ai pas connu les mêmes déboires que toi mais une fois transformée il m'est arrivée d'être bloquée ainsi souvent... Je ne maîtrise pas encore tout ça car je ne m'en suis pas préoccupé avant tard.... Le pire qui a pu m'arriver c'est me faire attaquer par une horde de chien ou de me faire battre par un monsieur qui voulait m'exploiter mais une âme charitable m'a sauvée.

Je n'entre pas dans le détail sur quel était cette âme charitable, ne voulant pas déballer le sujet vampire sur la table et parce que c'était un secret qui ne m'appartenait pas. En revanche je suis plus loquace que d'ordinaire sur moi-même, probablement parce que je tiens la jolie blonde en haute estime et qu'elle sait également très bien écouter.

-Je ne me métamorphose qu'en une chienne pour l'instant, j'avoue que je n'ai pas exploré cette euh capacité plus que cela. Je l'ai découvert un peu par hasard car un de mes frères savait aussi faire ça et que je l'ai surpris à le faire en présence de mon père. Il en est mort, et je me suis retrouvée changée sans rien y comprendre. Pourquoi cet animal? Je ne sais pas, je sais que mon frère avait une chienne, Debbrah, et qu'elle était comme ça et que je l'ai beaucoup regardée à chaque fois qu'elle venait car elle me fascinait... Je l'admirais. Enfin voilà... Je ne me suis pas beaucoup entraînée, mes parents ne voulaient pas en entendre parler et puis j'ai fait des études, et j'avais trop peur que ça recommence. Mais j'essaie de progresser depuis que je suis arrivée à Manhattan... Je n'ai pas envie de parler du reste...

Je détourne le regard pour qu'elle n'y lise pas ma peine et ma douleur, et j'essaie de me contrôler:

-Je crois que la peur joue un grand rôle dans transformations ou d'autres émotions... Bref, je suis juste née comme ça, je pense. Tu sais pourquoi tu as du mal à te dématérialiser toi?

Je ramenais le sujet à la jeune femme, non pas pour fuir mes émotions mais par pur intérêt pour la jeune femme. Faire abstraction de ce que je ressentais c'était juste un bonus pour ne pas ruiner l'ambiance:

-Je comprends mieux aussi pourquoi tu ne connaissais pas certaines choses quand on a prit notre Irish Coffee. J'ai cru que c'était seulement parce que tu étais étrangère, mais je me dis que tu as dû être déboussolée dans cette époque... Je t'admire tu sais, tu as su t'adapter à ici, même si tu n'as pas eu le choix. Certaines personnes auraient juste fini à la rue.  Et Woody! Woody il lui est aussi arrivé des trucs n'est-ce pas? Le pauvre! Et tu as parlé d'Ishtar... On parle bien de la déesse??? Pardon, j'aime apprendre plein de trucs sur la mythologie et les temps ancien... Et les langues, c'est comme une seconde passion avec l'écriture!

codage par Laxy Dunbar.