Life is a Circus

ft  Madison

Une fois un peu plu réveillée et après quelques gorgées de thé parfumé aux fruits comme elle les aimait, Syragane raconta un résumé de son histoire, ou plutôt de ce qu’elle était devenue, puisque Madison avait déjà entendu une partie de la vérité. Et désormais, elle n’avait plus aucune raison de lui faire des mystères, surtout ici au milieu des Houdinis.

Et Syragane eut à son tour droit à la compassion de la jeune femme, s’attirant de fait un sourire de la sylphe.

- Je ne m’y attendais pas vraiment non plus, avant que tout cela m’arrive, ce drôle d’incident qui m’a amené dans ce Khan, me faisant ainsi traverser plusieurs siècles d’histoire. Et j’ai découvert ici des gens d’une infinie gentillesse et…. très compréhensifs. Ils ont tous vécu des histoires similaires à la nôtre et vivent tous très soudés depuis longtemps. Alors sache que si un jour tu as des ennuis, tu trouveras toujours du réconfort dans cet endroit, comme j’en ai trouvé moi-même. Et bien plus encore puisqu’ils m’ont offert ce toit….

Syragane soupira, à jamais reconnaissante aux Houdinis pour ce qu’ils avaient fait pour elle. Et visiblement Madison aussi semblait avoir eu un long parcours semé d’embûches. Elle en fut désolée pour elle, cette transformation qu’elle subissait plus qu’elle ne contrôlait, devait être un sacré problème dans la vie de tous les jours. Enfin Syragane en avait eu une belle démonstration la veille.

Mais plus que tout, ce fut l’émotion et le chagrin qu’elle lut sur le visage de Madison tandis qu’elle racontait les origines de son pouvoir qui la toucha. Son histoire était très différente de la sienne même si elle aussi subissait quelques revers dû à son manque de contrôle, mais chaque jour apportait des améliorations à ces pouvoirs hérités d’Ishtar. Alors elle essaya de rassurer, voir d’encourager Madison.

- Ce n’est pas facile, loin de là… ces dons qu’on nous a offert sont une aide précieuse mais peuvent aussi être un sérieux handicap, surtout dans cette ville où rôdent toutes sortes de danger, mais mes amis m’ont encouragée à m’entraîner encore et encore pour mieux maîtriser toutes ces étranges facultés. Et je m’y applique chaque jour qu’Ishtar m’offre.

Puis Syragane sourit.

- Non c’est plutôt l’inverse, je le fais sans le vouloir, comme toi avec ta transformation. Je me dématérialise sans l’avoir désiré….ça peut arriver à tout instant. Et je ne sais pas encore ce qui déclenche ce phénomène, mais désormais je sens quand ça va se produire et j’ai le temps de m’enfuir avant de disparaître vraiment, conclut-elle en riant doucement.

Quant à ses lacunes que Madison souligna, Syragane fit une petite moue mais très vite remplacée par un sourire.

- En effet, je n’ai pas eu vraiment le choix, et je ne parlais même pas la langue au début, mais j’ai pris des cours, beaucoup de cours et même des cours de cuisine pour apprendre. Heureusement je suis tombée sur une personne qui parlait l’arabe, une langue que je connais aussi très bien hormis l’akkadien ma langue d’origine.  Et… j’ai aussi appris à utiliser toute cette technologie !

Elle rit.

- Je dois dire que le plus insolite pour moi ça a été les voitures. Je ne me déplaçais avant ça toujours qu’à cheval, ou en bateau, dromadaires parfois…… alors les voitures…..sans parler des avions. Enfin heureusement je ne suis encore jamais montée dans un de ces engins !! Les montagnes russes c’est déjà trop pour moi ! conclut-elle dans un souffle épouvanté. Avant de rire à nouveau de ses propres peurs.

Puis elle reprit en hochant la tête.

- Mais je n’ai rien fait de si admirable, j’ai surtout eu de la chance d’être tombée sur les Houdinis, je suis arrivée directement ici en plein cœur du chapiteau.

Mais souvent Syragane se disait en y repensant que ce n’était pas juste un hasard. La sylphe revint à la conversation quand Madison parla de Woody.

- Woody oui, comme tous les membres de la troupe, on a tous une histoire qui  nous est propre. Woody a été victime d’un sortilège qui a fait de lui un homme de bois, en partie, mais Victor a réussi à l’aider à contrer cette malédiction et Woody maîtrise beaucoup mieux son apparence depuis.

Et quand Madison l’interrogea sur Ishtar, le sourire de Syragane s’élargit.

- Oui la déesse Ishtar, c’est elle qui me guide. C’est elle qui a fait de moi un esprit du vent afin de me sauver des nergalii. Ici vous dites Sylphe, chez nous on les compare à des Djinn, mais je suis un bon esprit, conclut-elle en souriant à Madison. Avant dans mon khan, j’étais sa grande prêtresse, avant de devenir celle que je suis aujourd’hui. On doit tous apprendre à s’adapter, toi aussi, tu y arriveras, tu verras, avec de l’entraînement et de la patience et aussi l’aide de tes amis.

Et ce fut au tour de Syragane de serrer sa main doucement, scellant par là-même leur amitié. Elle pourrait aussi compter sur elle en cas de besoin.

Avoir confié une partie de mes difficultés, de mes expériences passées et partagé nos secrets respectifs avec Syragane me fait sentir moins seule au monde, et a déjà un effet bénéfique sur moi. Je ne savais pas que la parole avait un pouvoir aussi libérateur et je ne suis pas fâchée qu'il en soit ainsi. Bien-sûr, je ne peux pas dire que l'étau que je ressens constamment dans la poitrine va s'en aller du jour au lendemain mais cela fait du bien, au moins momentanément.

Je suis intriguée par la raison pour laquelle elle a été envoyée ici, et me dis qu'un jour, avec sa permission, on pourrait probablement mener notre petite enquête sur le sujet. A moins qu'elle ne désire pas savoir. La demoiselle parle ensuite de son sentiment d'appartenance à la troupe et je dois bien avouer que j'ai moi-même redéfini le sens du mot famille depuis que j'ai débarqué à Manhattan. Moi-même, comme Syragane, j'ai eu la chance de tomber sur des personnes bien, gentilles et qui ont du cœur. Je ne me doutais pas alors que j'en rencontrerais bien d'autre, mais pour le moment je pouvais encore les compter sur les doigts d'une main, la belle incluse dans ce lot.

Pourtant, je n'arrive pas à le lui dire. En dehors du fait que je ne veux pas lui couper la parole, ce sont justes des mots que je ne suis pas prête à prononcer tellement tout me semble irréel. Pour un peu, je trouve que dans mes malheurs, j'ai beaucoup de chance. J'aurais pu connaître un sort pire que celui-là. Je n'arrive qu'à articuler un merci un peu gauche, quand elle m'assure d'ailleurs que je pourrais toujours trouver refuge ici, si j'en avais besoin. Je reconnais là une nouvelle fois sa grande générosité de cœur, que j'avais déjà décelée le jour où elle avait sauvé cette femme dans la rue.

Cependant, je n'arrive pas encore à voir que mes facultés peuvent vraiment être qualifiées de dons comme me l'assure la jeune femme, parce que justement, j'ai l'impression que me transformer en chienne ne bénéficie franchement à personne, et que je me focalise beaucoup plus sur le handicap que ça génère dans mes relations aux autres. Syragane connaissait les mêmes déboires avec son don, et visiblement, elle arrivait à prendre cela avec plus de philosophie. Je me dis que prendre exemple sur elle me permettrait peut-être de le vivre mieux. Nous sommes ainsi, autant en tirer le meilleur parti ? Je comprends, en l'écoutant, que j'ai peut-être baissé les bras trop vites et que tout reste peut-être encore à faire et que je saurais en temps voulu si tout cela est une bonne chose ou non ?

En tout cas je suis admirative et ça doit se lire dans mon regard quand je le tourne de nouveau vers la belle:

-Je note... S'entraîner toujours plus.

Surtout que contrairement à la jeune femme, je connaissais mon déclencheur, je pouvais toujours agir dessus. Parfois j'y arrivais, parfois non. Syragane avait au moins trouvé une astuce pour se sortir du pétrin, et j'en suis heureuse pour elle. Ce qui me redonne le sourire.

Est-ce que je ne devrais pas travailler la gestion de mes émotions en parallèle ? Faire tout ce travail que des parents normaux aident à faire à leurs enfants dés le plus jeune âge ? Comment ? Par où commencer, avec qui ? En faisant du sport ? En écrivant toujours plus ? Toutes ces questions qui dansent dans ma tête, je les balaie mentalement à grand coup de pieds aux fesses mental. Et si au lieu de ne penser qu'à ta petite personne tu aidais aussi Syragane? A moins de pouvoir invoquer la déesse en personne et le lui demander... Je ne vois qu'une solution, mon truc fourre-tout, et ce que je connaissais le mieux, les bouquins. Et pourquoi pas fouiner dans la zone géographique où elle aurait dû se trouver si elle était encore à son époque. Un voyage serait-il envisageable pour la jeune blonde ?Est-ce qu'elle pourrait elle-même être une déesse et le fruit d'invocations, Je garde ces idées dans ma tête pour l'instant, mais je sens que ça fourmille d'excitation dans tout mon corps.

Son rire est communicatif, et je me surprends à rire en même temps qu'elle. Surtout quand elle parle de technologie, et des transports en tous genres, avant de finalement grimacer :

-Je ne maîtrise pas encore bien toute cette technologie justement, je crois que tu pourras me donner des cours, si tu veux bien .

En tout cas je bois ses paroles et j'essaie de retenir toutes les informations qu'elle me livre sur elle, car ça m’intéresse, non pas pour chercher à la piéger un jour. C'est juste que ça ne fait pas plaisir quand un ami oublie pour la énième fois que tu es allergique à quelque chose de mortelle pour toi, par exemple. Et puis qui sait, ça pourrait peut-être m'aider à l'aider, à l'avenir. Comme le fait qu'elle ait atterri dans le chapiteau même le jour où son saut dans le temps s'est produit. Est-ce que le chapiteau avait toujours été là, est-ce qu'il est le réceptacle de je ne sais quel type d'énergie ou point de concentration d'une grand puissance, comme les Dolmen et sites druidiques ? Une sorte de portail temporel ? Non, n'importe quoi ? Et si quelqu'un cherchait à l'invoquer quand elle est apparue dans ce lieu ? Un Houdini ? Quelqu'un d'autre ?

-Je suis désolée pour Woody, je suis contente qu'il ait été aidé aussi. C'est un chic type., fis-je avec une moue dépitée même si bien contente qu'il y ait de l'espoir pour lui aussi.

Je me dis que j'ai aussi envie de l'aider mais ça fait beaucoup de mystère à élucider, à m'en donner le tournis. Je devrais probablement me reconvertir en détective privé ? Bon, je fantasme encore ma vie... J'aurais pu perdre quelques couleurs en entendant parler de Djiin car dans les représentations mentale de beaucoup de gens, on les assimile surtout à des démons avides de tromper les mortels, mais je sais bien que Syragane n'est pas de cette engeance, et aussi qu'il est question de bons Djiin dans la religion musulmane. Alors je ne m'en fais pas plus et garde en tête la formulation « esprit du vent ». Ce qui expliquerait alors en partie sa dématérialisation, même si elle ne devrait pas être inopinée. Pour ce qui est du reste, je voulais demander quelque chose à la jeune femme mais c'était difficile de le faire sans risque de manquer de tact :

-Tu... Je pense que c'est ce qu'une maman ferait pour protéger ses enfants... Cependant, je me demandais... Comment tu sais que c'est Ishtar ? Je veux dire, je te crois et je me doute que tu sais mieux que moi, mais... J'en suis venue à me demander... Est-ce que tu crois qu'Ishtar aurait pu essayer de t'envoyer ailleurs et qu'une personne de ce temps aurait pu t'invoquer ici, en opérant un rituel dans le chapiteau même, parce qu'elle aurait eu besoin de toi , et que c'est pour ça que tu serais arrivée à notre époque, ici même? Et c'est quoi des Nergalii ? En tout cas tu as l'air de beaucoup aimer la déesse. Et c'est quoi grande prêtresse ? Une fonction de médiateur comme les prêtres ici, entre les dieux et les hommes ?

Je m'excuse quelques secondes en me relevant, et faisant les cent pas nerveusement :

-J'espère ne pas te peiner... Je suis surtout curieuse de savoir comment tout ça fonctionne... Comme Larco qui est coincé, lui aussi ? Si j'ai bien compris ?

Je frissonne en y repensant, mais c'est encore un peu trop tôt pour moi expliquer à la Sylphe, pourquoi j'en ai tant peur.

-En attendant... Je suis sûre que tu as raison... Si je m'entraîne, si je demande de l'aide à mes amis... Peut-être que je devrais réussir à m'en sortir...

Il allait falloir également que je me pousse beaucoup plus moi-même aux fesses, je le savais.

codage par Laxy Dunbar.

Life is a Circus

ft  Madison

Syragane hocha la tête en souriant et confirma :

- Oui c’est ça, c’est comme pour tout. Plus on s’entraîne et mieux on est préparé !

Et elle savait de quoi elle parlait puisqu’elle avait passé sa vie à s’entraîner au combat à l’arme blanche et que finalement ça lui avait été très utile dans son combat contre cette brute épaisse de Kufus. Même s’il l’avait envoyée valdinguer dans le décor, le décor d’un autre khan….

Finalement ça avait été bien plus compliqué de s’adapter à cette ville si moderne et toute cette technologie comme elle l’expliqua à Madison en riant que d’apprendre à maîtriser ses pouvoirs.  Mais la requête de cette dernière la surprit, et Syragane cessa de rire en la dévisageant :

- Moi te donner des cours ? Ohh mais je suis certaine que tu t’en sors mieux que moi, je suis loin de tout maîtriser, disons seulement que j’ai juste envie de m’en sortir au mieux et d’apprendre. J’ai toujours aimé apprendre et ce n’est pas parce qu’on peut s’asseoir aux pieds des dieux que cela nous empêche d’apprendre encore, jour après jour, récita-t-elle avec le ton de la grande prêtresse qu’elle avait été.

Et elle reprit d’une voix douce.

- Cependant je suis prête à t’aider et peut-être pourrons-nous apprendre l’une de l’autre ?

Elle lui sourit, encourageante.

Quant à l’histoire de Woody peut-être que Syragane aurait dû laisser ce dernier la lui raconter lui-même mais Woody pouvait être très timide et elle était sûre qu’il ne lui en voudrait pas trop surtout que Madison semblait fort l’apprécier. Aussi approuva-t-elle ses paroles le concernant.

- Oui Woody est quelqu’un d’infiniment gentil et serviable, comme le sont aussi les autres membres de la troupe, chacun à leur façon. Pour certains, c’est moins évident que pour d’autres, ajouta-t-elle avec un petit rire.

Elle pensa alors à Samuel. Avec lui ce n’était pas toujours évident de savoir sur quel pied danser mais Syragane s’adaptait à chaque fois à son humeur, bonne ou mauvaise. Elle était de toute façon de très bonne composition, à quelques détails prêts. Oui elle avait aussi ses défauts.

Mais elle en revint très vite à la conversation quand Madison qui semblait fort intriguée sur les questions concernant Ishtar, lui en posa de nouvelles, beaucoup de nouvelles questions qui firent sourire Syragane. Désormais elle ne voyait plus aucune raison de lui cacher quoique ce soit et lui répondit en toute franchise.

- Et bien parce qu’elle me l’a dit… parce qu’elle me parle parfois et qu’elle m’est apparue à plusieurs reprises. Je sais que cela peut paraître fou, et je t’assure que j’ai aussi cru que j’avais des hallucinations la première fois mais j’ai bien été obligée d’admettre que c’était Ishtar en personne qui m’était apparue et qui m’avait choisie moi….  sans vouloir paraître présomptueuse, au contraire. Je ne me suis jamais pensée digne de devenir son élue, mais c’est elle qui l’a décidé et…on ne refuse pas à Ishtar de la servir, ce que j’ai toujours fait même quand elle n’existait qu’au travers de mes prières et des statues érigées à son nom.

Puis Syragane fronça les sourcils.

- Je ne pense pas qu’elle m’ait fait venir volontairement ici, pourtant je sais que les dieux ont un destin choisi pour chacun de nous. Peut-être que c’est ce qui devait arriver, comme le fait d’avoir croisé ta route ? C’est ainsi que les dieux l’ont décidé.  Par contre, elle savait ce que Kufus tramait et c’est elle qui m’a envoyée pour l’empêcher de franchir la porte de Nanur. La porte du temps…..et moi je l’ai franchie accidentellement. Je me suis battue avec Kufus le grand prêtre de Nergal, et j’ai été projetée de l’autre côté de la porte, ici, dans ce Khan.

Et enfin elle expliqua :

- Kufus est le serviteur désigné de Nergal le dieu du chaos et de la destruction. Il a créé avec l’aide de son dieu tout un groupe de disciples qui se sont fait appeler les nergalii en l’honneur de leur maître.

Elle sourit à nouveau en parlant d’Ishtar.

- Nul ne peut ne pas aimer Ishtar à moins de préférer le mal. Ishtar est amour, elle aime chacun d’entre nous et c’est ce que j’ai appris à faire tout au long de ma vie, à aimer et à distribuer autant de bienveillance que possible, mais aussi à conseiller le roi, à l’aider dans des choix parfois difficiles en écoutant seulement la voix d’Isthar et en priant pour qu’elle nous accorde toujours ses bienfaits. C’était là ma fonction, mais aussi aider les pauvres et les démunis, soigner les malades au dispensaire ou les accueillir au temple, bénir les naissances et les mariages, former les jeunes prêtresses et les vierges d’Ishtar, et enfin aider les hommes à avancer tout simplement, conclut-elle dans un doux sourire.

Puis elle soupira, sans cesser pour autant de sourire.

- Tu ne me fais pas de peine, au contraire. Ca me fait plaisir de parler de tout ça. Ici les choses sont très différentes, mais je n’ai pas oublié mon rôle. Puis en regardant la jeune femme qui semblait porter de lourdes blessures, elle ajouta:
Tu devrais essayer, parler de ce qu'on a vécu en bien ou en mal, aide beaucoup à guérir. Si tu as envie de me raconter ton histoire, sache que je t'écouterai toujours volontiers.

Et d’un ton plus léger, elle ajouta au sujet de Larco.

- Oh non Larco n’est pas coincé, c’est un loup garou qui s’est toujours senti bien plus à l’aise sous sa forme de loup que sa forme humaine, suite à trop de mauvais traitements des humains. Larco est un animal sauvage, malgré sa nature humaine. Tous ne méritent pas la colère des hommes, et parfois celle-ci est bien injustifiée. Larco n’a jamais fait de mal à personne. Nunam en témoignera.

Et de conclure avec enthousiasme tandis que Madison répétait ses paroles.

- J’en suis certaine ! Avec un peu de soutien, avec de l'amitié ou de l'amour, on peut déplacer des montagnes.

C’était ce que disait l’expression populaire non ? Ou quelque chose dans le genre. Syragane termina son thé, espérant qu’elle avait satisfait au moins en partie à la grande curiosité de son amie.

En fin de compte si je maîtrise un peu mieux la technologique que Syragane c'est parce que je suis née dans ce monde là et que je baigne dedans depuis un certain temps. J'ai juste plus d' »entraînement » à ce sujet, on va dire. Je suis tout à fait partante, cela dit pour qu'on s'entraide mutuellement et je ne me prive pas de le lui dire.

Concernant les membres de la troupe, elle a l'air de leur trouver des qualités à tous sans exception et je reconnais là bien l'amour d'un membre d'une famille pour toutes les autres personnes qui la composent. Un amour inconditionnel, et je trouve cela très beau.

Et puis il y a Ishtar, cette déesse qui s'est présentée en personne en mon amie. Je trouve cela aussi très beau d'une certaine façon et je ne remets pas en doute ses propos et je suis loin de la trouver présomptueuse. Si mon amie me dit qu'elle l'a vue de ses yeux vues, alors c'est que c'est vrai. Je crois qu'à sa place, j'aurais cru comme elle, que j'hallucinais, surtout que j'ai beaucoup d'imagination. Et je me dis à la fin qu'Ishtar n'a pas trouvé meilleure personne que la demoiselle comme élue, puisqu'elle croyait en elle-même avant même une preuve de son existence et adoptait ses préceptes.

Quand elle me parle du temps, je suis à la fois ébahie et confuse pour mon amie. Je comprends mieux comment le concours de circonstance l'a menée jusqu'ici. Quelques autres questions me brûlent les lèvres cependant mais je laisse la jolie blonde terminer son récit et me parler d'Ishtar. Je bois littéralement ses paroles et quand elle a fini de parler d'Ishtar je ne peux qu’émettre un large commentaire un sourire  tout aussi large ourlant mes lèvres :

-Oui, ça se confirme, tu ne pouvais qu'être l'élue d'Ishtar. Tu as tout cet amour et cette bienveillance en toi qui t'en rendent digne, si on se réfère à comment tu me parles d'elle et de son culte. Je l'aime déjà bien à travers toi.

Je suis contente d'avoir permis à mon amie de pouvoir s'épancher et de ne pas lui avoir fait de peine, et d'en apprendre un peu plus sur tout ce que la plupart des êtres humains ignorent aujourd'hui. Ce n'est pas pour avoir les chevilles plus grosses que je suis ravie mais parce que j'ai beaucoup appris sur des mystères anciens.

-J'essaierai de faire un effort pour me confier, ça va juste me prendre un peu de temps, je dois travailler sur beaucoup de choses encore. Sache que je n'ai aucune crainte à ton encontre à ce sujet et que quand je le ferais, ça sera avec plaisir que je me confierais à toi. Quand je serais prête.

Je lui fais un clin d'oeil quand elle me fait comprendre que je ne suis pas un cas désespéré.

-Dis, je me posais encore quelques questions...

Je retire doucement mes mains de celles de mon hôte pour prendre une gorgée de café et fais tourner ma tasse timidement sur elle-même :

-Tu crois que je pourrais apprendre à parler avec Larco... J'ai besoin de lui poser des questions à lui aussi. J'aimerais bien savoir communiquer avec les autres quand je me retrouve coincée dans ma forme canine... Et je me demandais aussi... Parce que ça me fait un peu peur... Tu as été projetée par la porte du temps en combattant Kufus, mais, tu sais s'il est bel et bien mort ? S'il a pu passer et si la porte est restée ouverte ? Parce que si le passage n'a pas été fermé... Les nergalii... Ils peuvent être passés et chercher à te retrouver ?

Cette fois, c'est l'inquiétude qui se lisait sur mon visage, alors que je relevais les yeux pour croiser le regard de la sumérienne.

codage par Laxy Dunbar.

Life is a Circus

ft  Madison

Syragane eut un rire gêné suite à tous ces compliments qui furent tout de même très appréciés, surtout l’idée que Madison puisse aimer Ishtar même à travers elle. Cela elle l’avait appris, seules les croyances des hommes donnaient vie aux Dieux et leur permettaient de ne pas être oubliés. C’est ce qui avait donné tant de mal à Ishtar pour revenir vers elle à cette époque tant de siècles plus tard.
Oui les hommes avaient presque tous oublié l’existence des dieux de Mésopotamie et beaucoup d’autres dieux anciens et nul ne leur vouait plus de culte excepté quelques rares exceptions, dont ma foi oui elle faisait partie, ainsi que ces maudits nergalii.

Alors elle finit par lui répondre.

- Ishtar en sera ravie et honorée.

Quant à son conseil, il fut entendu et Madison lui demanda seulement un peu de temps, parce qu’elle n’était pas prête. Ce que Syragane pouvait parfaitement comprendre.

- Prends tout le temps qu’il te faudra. Rien ne presse après tout, dit-elle avec un sourire rassurant.

Mais Madison avait encore des questions pour Syragane. Ce qui l’amusa. La curiosité contrairement à l’adage n’avait rien d’un vilain défaut d’après la grande prêtresse, elle dénotait seulement une envie de savoir et d’apprendre. Même si pour le coup, la première concernait Larco et un besoin sans doute de partager ses expériences, et la seconde était motivée par la peur. Alors elle lui répondit :

- Larco je suppose aura grand plaisir à partager ses expériences avec toi. Laisse-moi le temps d’en parler avec lui, mais je pense que s’il peut t’aider il le fera.

Puis elle soupira et regarda un point dans le vide :

- Non, Kufus n’est pas mort. Ishtar l’aurait su si ça avait été le cas car ça signifierait la fin de la menace des Nergalii. L’homme a de grands pouvoirs hérités de Nergal, lui seul peut créer ce genre de passage d’un khan à l’autre. Mais je ne crois pas non plus pour autant qu’il ait laissé passé d’autres nergalii ou que lui-même soit encore ici, car dans ce cas, il m’aurait déjà trouvée et…..j’aurai encore du me battre contre lui. La magie de Nanur est éphémère. Mais je dois sans doute m’attendre à le recroiser sur mon chemin s’il sait où me trouver. Je suis si loin de mon khan originel ! Ishtar ignore ce qui s’est passé exactement le jour où j’ai été projetée ici. Et il m’appartient justement de vérifier que plus aucun nergalii n’existe pour mettre leurs projets à exécution.

Elle soupira et sourit à Madison.

- Mais assez parlé de choses funestes. J’aurai tout le temps pour m’inquiéter de tout ça plus tard. En attendant chacun doit prendre soin de toi ! Et moi j’ai le temps ainsi de parfaire mes techniques de combat grâce aux pouvoirs offerts par Ishtar. Peut-être que c’est ainsi qu’il doit en être et que le destin m’accorde le temps de me préparer à les affronter pour éviter que le pire n’arrive. Et qu’il m’a offert un endroit pour m’y abriter.

Puis ce fut à son tour de poser des questions :

- Au fait, est-ce que tu as un endroit où dormir ? Sache que si tu as besoin d’un refuge, tu es la bienvenue ici et tu peux passer quand tu veux, d’accord ?

Syragane a raison, rien ne presse et de toute façon, il est des choses que je ne suis pas prête à remuer comme je le lui ai dis. Elle respecte cela et j’en suis encore plus heureuse. Cela me faisait du bien d’avoir une véritable amie et sincère qui plus est. En même temps, il n’est pas bien difficile d’avoir envie d’aller vers la jeune femme, touchante et avec un cœur bien plus grand que ma propre imagination.

Concernant Larco, j’avoue avoir un peu peur de m’entretenir avec lui, mais ça me fera un bon entraînement que de me pousser aux fesses pour combattre mes peurs les plus ancrées et certains traumatismes. Je me dis que s’il peut communiquer avec Numan il est des fortes chances que je puisse apprendre de lui également et ça serait bête de faire l’impasse là-dessus parce que je ne sais pas me dominer.  Pour ça, j’allais devoir me préparer psychologiquement et le croiser plus souvent. Au moins, ça me fera plus d’occasion pour venir voir la Sylphe bien que je sache que je serais de toute façon la bienvenue en tout temps.

-Merci beaucoup. C’est gentil d’accepter de lui en parler, je patienterais.

J’adopte une mine triste, en apprenant que l’opposant d’Ishtar n’a pas été vaincu, mais d’un autre côté, je ne peux m’empêcher de penser égoïstement que si ça avait été le cas, la demoiselle aurait probablement été rapatriée à Babylone, dans son propre espace temps. Enfin, c’est ce que je m’imaginais, ayant du mal à appréhender cette donnée et même si la jolie blonde expliquait bien les choses. Toute menace n’est pas écartée, et alors, qui sait ce qui pourrait advenir si le bonhomme découvrait où elle se trouve. J’ai peur pour elle, et je n’essaie pas de le dissimuler mais en même temps je tente de conserver la tête froide.  

-J’espère qu’Ishtar pourra t’aider en cas de problèmes mais même avec mes petits moyens, si je peux t’aider, alors je le ferais.

Je reconnais bien là la jeune femme, à s’efforcer de voir le bon en toute chose, cet optimisme qui donne des ailes, et je dois reconnaître qu’elle a raison. Le temps peut jouer en sa faveur  et je me dis que de mon côté aussi car je serais plus à même de l’aider si je développe mes capacités.  Je hoche alors la tête en terminant mon café, en me rangeant à son avis.  Et puis, il serait bien vite temps de la crainte, donc tant que tout va bien, autant en profiter.

Je pose une main tendre sur son avant bras et lui souris :

-Merci ma belle, pour l’instant, je sais plus ou moins quoi et comment faire pour me loger.

Même si Central Park est mon principal lieu de refuge puisque l’hôtel reste occasionnel et que j’essaie de changer de chambre dés que possible, sans me fixer réellement quelque part. Si jamais moi aussi, on me retrouvait, je préférais qu’on ait plus de mal à me repérer même si pour ça il aurait mieux valu que je parcours le monde ou même les Etats-Unis que de m’établir à New-York. Ceci dit, j’avais besoin d’un peu de stabilité dans ma vie, alors autant rester dans le giron de l’ennemi, qui généralement tend à regarder plus loin. Tant qu’on est à côté… Et voilà que je réagis comme mes propres parents…

-Mais je retiens ta proposition qui me fait très plaisir. Et oui, je passerais. Ne serait-ce que pour te parler ou pour voir comment tu te débrouilles au couteau, et même si ça me fait peur, fis-je en poussant un petit rire. Je me connais, c’est un autre challenge à relever et chaque chose en son temps mais m’intéresser un peu plus à ce que fait mon amie est le plus motivant pour combattre mes frayeurs et mes angoisses. Dés que j’aurais un endroit bien établi à te présenter, tu pourras venir aussi chez moi, Woody aussi ou quelque autre compagnie qui te plaît. Et puis on pourra toujours aller se prendre un Irish Coffee dans un bar.

Je lui fais un clin d’œil puis regarde ma tasse :

-Je n’ai pas très envie de partir mais il va quand même falloir que je rentre, j’ai beaucoup de travail et je pense que tu vas en avoir aussi. Merci beaucoup pour ton hospitalité et ta protection et de m’avoir fait découvrir ton univers. C’est inspirant. Passe une bonne journée Syragane…

Je lui note mon numéro de téléphone puis sans pudeur, je dépose un tendre baiser sur sa joue, rentre prendre une douche à l’hôtel et me mettre à prendre des notes pour ne pas oublier tout ce que j’ai appris à ce jour. Une fois l’esprit vidé de ces informations capitales, ça sera plus facile d’écrire un peu ou de chercher des idées pour un prochain roman.

codage par Laxy Dunbar.