Devil always hangs around

Ft David

Les fêtes étaient passées dans un éclat de paillettes et de couleurs, véritable courant d’air qui avait si vite, filé entre leurs doigts!  Un vent parsemé de spectacles étincelants sur ce thème de Noël que Syragane découvrait un peu plus à chaque fois.

Surtout quand elle le fêtait aux côtés de David, oui et de toute la troupe. Une merveilleuse famille qui les comblait de joies et de bonheurs tout simple, comme une poignée de twizzler joliment emballées, un chandail aux couleurs improbables pour David, pour lui tenir chaud l’hiver, un châle pour elle, aux couleurs de ces oiseaux que Syragane admirait, les paons des jardins de Babylone . . .

Et surtout, surtout beaucoup de neige et un froid intense !

Mais la vie elle, continuait, avec ses joies, mais aussi avec ses menaces. Et Syragane n’oubliait jamais celle de Nergal, ni ce qui s’était passé dans ce château de Norvège.

Elle avait jusque-là, mis tout cela de côté, pour privilégier sa vie avec David, David qui méritait qu’on lui offrît un Noël qu’il n’avait jamais connu au SPN. Et les dieux savent qu’il fut gâté, choyé par les Houdinis et Syragane, dans une farandole de rires, de plaisanteries et . . . de smouch smouch pour ce grincheux de Manakel.

Mais ce matin, elle était bien résolue à se rendre au théâtre dans la journée. Cela ne pouvait plus être remis à plus tard. Ils n’avaient déjà que trop tardé.

C’est ainsi qu’habillée de frais, longue jupe épaisse, pull en laine, de quoi en tout cas résister au froid de ce monde qui lui faisait à chaque fois regretter son pays que Syragane entra dans la chambre qu’elle partageait avec David.
Il faisait une grasse matinée, étendu dans leur lit, nu, et lui donnant déjà des remords à devoir le réveiller.

Quoique là tout de suite, il lui fallait résister à la tentation de le rejoindre.
Sinon, ils n’y arriveraient jamais !

Une minute plus tard, elle s’allongeait à côté de lui ayant oublié sa détermination comme on oubliait si vite les résolutions du Nouvel An.

Appuyée sur son coude, Syragane glissa très lentement un index sur le dos de David, suivant la courbe de ses reins, sourire aux lèvres.
- Mon ange ? dit-elle tout doucement.

Il protesta doucement dans son sommeil. Elle se pencha pour embrasser son épaule dans une série de baisers des plus délicats.
- Que penses-tu si nous rendions visite à Bobby Sands aujourd’hui ?

Devil Always Hangs Around

ft. Syragane Dendera & Bobby Sands

J’avais eu…

Le meilleur Noël…

Depuis mon internement…

Au Brooklyn Mental Health Center.

Tout le monde avait été gentil.

Et au spectacle.

On avait tous chanté.

Des chansons de Noël.

Pour les enfants.

C’était génial.

Puis on avait fait de bons repas.

J’avais eu des super cadeaux.

Et j’en avais fait aussi.

A Syragane,

J’avais offert.

Un collier de cuir.

Au bout duquel pendait.

Un crucifix que j’avais taillé

Dans un morceau de bois.

Mais il était un peu spécial

Ce crucifix.

Parce que j’avais gravé dedans.

Des motifs orientaux.

Pour rappeler les origines de Syragane.

Manakel avait été

Très content de cette idée de cadeau.

Il disait que ça la protégerait.

Moi j’avais eu…

Des Twizzlers dans un paquet cadeau.

Et aussi un beau pull.

Avec plein de couleurs.

Maintenant…

Les fêtes étaient passées.

Une nouvelle année commençait.

Hier soir…

On avait regardé longtemps la neige.

En s’embrassant.

Il y avait beaucoup de neige.

Je crois que j’en avais jamais vu autant.

Puis quand on avait commencé

A se caresser…

Sensuellement.

Manakel avait éteins la blue room.

Il savait maintenant.

Que ça ne servait à rien.

De nous en empêcher.

Et après avoir passé une bonne partie

De la nuit…

A faire l’amour.

On s’était endormis.

Moi…

J’étais encore un peu…

Déphasé à cause de fêtes.

Alors je dormais plus longtemps que Syragane.

Dans mon sommeil.

Je pouvais entendre…

Le ronflement discret de Manakel.

Qui me berçait.

Puis je sentis.

Un chatouillement.

Dans le bas de mon dos.

Je fus surpris d’abord.

Puis souris.

Les yeux fermés.

En sentant les petits baisers.

Sur mon épaule…

Il me fallut une bonne minute.

Pour émerger.

Parce qu’avec les médicaments.

C’était un peu dur…

Mais je finis par ouvrir de petits yeux.

Et me retourner.

Pour poser ma main.

Sur la joue de Syragane.

Hormis sa beauté,

Je profitai aussi.

De l’étrange silence que la neige

Sur le bungalow

Provoquait.

Ca faisait du bien.

Parce que c’était jamais vraiment

Le silence dans ma tête.

Je redressai la tête.

Et embrassai Syragane.

-Salut…

Qui voulait aller voir Bobby Sands.

Puis je regardai par la fenêtre.

-Mais… Il fait jour… Et Bobby… Bobby c’est un vampire… On va le réveiller… Si.. si on y va maintenant…

Puis je chuchotai à son oreille.

-Manakel dort encore…

Tout en passant une main

Sous les couches de vêtements…

Que la Sylphe avait mis…

Pour affronter un froid.

Auquel elle n’était pas habituée.

Je l’embrassai encore…

Puis lui enlevai son pull.

Devil always hangs around

Ft David

La température à l’extérieur était glacée, encore plus au ressenti de la sylphe.

En revanche, dans cette chambre, il faisait des plus agréables, et le baiser de David réchauffa plus encore Syragane qui y répondit avec la même chaleur, de quoi oui, chasser définitivement toute résolution.

Surtout quand on vous servait le meilleur des prétextes. Bobby était un vampire, il devait se reposer le jour. Même si dans son théâtre, tout était fait pour que la lumière du jour ne soit pas un souci, mais au vu du sourire de son ange, elle n’allait surtout pas contre-argumenter.

- Oh alors si Manakel dort encore, on a tout notre temps ! Le sourire de Syragane s’étira, mutin, beaucoup moins déterminée à aller voir le vampire. Elle avait là tout de suite, de toutes autres idées en tête.

Leurs lèvres se séparèrent pour redresser ses bras, laissant son pull glisser par-dessus sa tête, pour retrouver sa bouche à nouveau. Il y aurait bien des couches à enlever encore mais, ils avaient semblait-il la journée !

Devil Always Hangs Around

ft. Syragane Dendera & Bobby Sands

Oh alors si Manakel dort encore, on a tout notre temps !

Je rigolai.

Embrassai les lèvres

Chaudes et douces

De Syragane.

Elles avaient un goût de miel.

Probablement parce que…

Parce qu’elle en avait mis.

Dans son thé.

Pendant que je dormais.

Manakel était vraiment out.

Ou il faisait semblant.

Mais j’en avais un peu rien à faire.

Tant qu’il nous coupait pas

Dans notre élan.

Je lui avais enlevé son gros pull.

Et l’avais allongée

Sur notre lit douillet.

Tout n’était plus.

Que caresses.

Chaleur…

Et comme mes médicaments

Faisaient encore un peu effet.

Silence.

Il n’y avait que nos respirations.

De plus en plus fortes.

De plus en plus pressantes.

A mesure que nos caresses.

Se faisaient plus avides.

J’étais bien loin.

De nos première fois timides.

Mes mains n’hésitaient plus.

Mes lèvres non plus.

Et je redécouvrais doucement.

Sensuellement.

Les courbes de mon amour.

Quand elle toucha l’objet

De ses désirs…

Je poussai un gros soupir.

De plaisir.

Et la regardai dans les yeux.

Comme je le faisais rarement.

-Je… je t’aime…

Devil always hangs around

Ft David

La détermination affichée ce matin en se réveillant s’était très vite évaporée face au sourire de David, à son corps nu étendu dans leur lit, et sous des baisers qu’elle lui rendit avec la même sensualité.

De toute façon, ça ne serait que partie remise à plus tard, juste un peu plus tard ou disons le temps que la nuit tombe et ensuite, et ensuite oui elle aurait tout le loisir de laisser sa détermination revenir pour parler à Sands au sujet de sa brebis égarée.

Et voilà qu’elle commençait à penser comme Manakel ! Déjà qu’elle portait un de leur symbole autour du cou ! Le cadeau l’avait laissée plutôt perplexe, avant de voir que David avait pris le soin de graver des symboles babyloniens sur cette croix alors, elle s’était résignée à le porter même si c’était un peu, beaucoup étrange pour elle, parce que c'était un cadeau de David. Mais aussi parce que ça signifiait l’alliance de leurs deux religions pour lutter contre l’alliance de deux rois des enfers.  

Leur alliance à eux aussi, elle et David.
Quoique pour le moment ses considérations pour son amant, étaient à des lieues de la religion, vraiment trèèès loin !

David n’était pas seulement un jeune homme qu’on avait privé de liberté si longtemps, malade, et portant en lui la plus ingrate des tâches, il était aussi un amant doux et attentionné, comme il le démontra une fois encore.

Et tandis qu’elle caressait doucement son tendre amant, la peau chaude de ses caresses et de ses baisers, il lui offrit ces quelques mots si simples et pourtant si merveilleux, de même qu’un regard qu’elle accrocha un instant, se redressant le temps de le remercier d’un baiser et d’y répondre, la voix troublée par le désir, avec la même ardente ferveur.
- Je t’aime aussi mon bel amour !

Devil Always Hangs Around

ft. Syragane Dendera & Bobby Sands

Syragane…

Ne portait plus rien.

Elle était nue.

Sa belle peau mate

Luisant dans le peu de lumière

Qui filtrait à travers

Les rideaux orientaux

De la fenêtre.

Elle ne portait plus

Que la petite croix

Que je lui avais gravée.

Elle avait été perplexe

Au début.

Puis elle avait vu

Que ce n’était pas…

Pas vraiment une croix chrétienne.

Mais quelque chose

Qui mélangeait

Ses croyances

Et les miennes.

Il n’y avait pas de raison…

Que l’un de nos religions.

Prenne le pas sur l’autre.

Puisqu’on savait tous les deux.

Que Dieu.

Autant qu’Ishtar.

Existaient.

On les avait vus.

Mais là…

Ce matin…

Qui était déjà bien avancé.

Je ne pensais pas à Dieu.

Pas à Manakel.

Ni à Ishtar…

Je ne pensais pas.

A mon rôle de Légion.

Ni à celui de grande prêtresse.

De Syragane.

Nous n’étions plus.

Que David et Syragane.

Deux amoureux.

Deux amants.

Qui jouaient à un jeu.

Complice.

Sensuel.

J’arrivai à lui faire atteindre l’orgasme

Une première fois.

Souriant.

Assez fier de moi.

Puis ce fut à elle.

De jouer avec mon plaisir.

Avec mes sens.

Devil always hangs around

Ft David

David possédait moult facettes, personnage aux milles visages comme l’aurait dit son ami psy et pour Sy, il demeurait encore parfois un mystère, particulièrement quand Légion se montrait, si superbe d’assurance, avec un sourire qui lui était propre, roi sur son trône qui avait, fut un temps, proposé à Syragane d’être sa reine.

Et puis David revenait, tellement incertain, hésitant, tellement doux et gentil, avec cette maladie qui l’obligeait à être constamment sous traitement. Un masque ? Ou juste une personnalité partagée avec Légion ? Qui était vraiment le maître du jeu ? David qui devait endurer tout ça ? Ou Légion ?

Ce qu’elle savait en revanche, c’est qu’il s’était toujours montré un amant sensuel et doué, attentif à ses attentes comme elle-même aimait à le combler. C’était alors un David différent qu’elle voyait , à travers chacun de ses gestes, de ses caresses et de ses sourires. Un David qui n’avait plus peur, sûr de lui et de son expérience. Un David surprenant !

Un David qu’elle aimait farouchement !

Mais en ces tendres instants, la guerrière en elle prenait du repos pour laisser place à une amante douce autant que passionnée, répondant à chacune de ses caresses.



Après cette intense étreinte, une fois leur souffle récupéré, la sylphe sourit, se souvenant qu’elle devait toujours se méfier de son bel amant et de son regard aussi bleu que le plus pur des ciels . .. elle déposa un baiser sur ses lèvres, et le dévisagea, sa main caressant doucement son visage.

- Tu sais toujours tellement me faire oublier toutes mes « résolutions », dit-elle en hésitant sur le mot, avec un accent dont elle ne se défaisait pas complètement. Même malgré toi, ajouta-t-elle en riant doucement.

Puis passant une main dans ses cheveux comme il aimait, elle ajouta :
- Est-ce que tu as faim ?

Oui s’ils devaient attendre la nuit pour se rendre au théâtre, ils avaient donc encore largement le temps. Et il valait mieux attendre que David ait récupéré ses forces et soit au meilleur de sa forme. Il fallait comprendre par là qu’il ne soit pas trop groggy à cause de ses médicaments, dans ce moment juste entre deux comme celui qu’ils venaient de partager.

Devil Always Hangs Around

ft. Syragane Dendera & Bobby Sands

J’avais passé…

Un très bon moment.

Avec Syragane.

J’avais fini.

Assis.

Elle sur moi.

Essoufflé.

Mais comblé.

Et heureux.

Après quelques baisers…

Nos corps s’étaient séparés.

Presque à contre cœur.

Et on s’était regardés.

Longtemps.

Couchés l’un face à l’autre.

Tu sais toujours tellement me faire oublier toutes mes « résolutions ». Même malgré toi.

Je lui souris.

Un beau sourire.

Et lui volai un baiser.

-Ce n’était pas… pas vraiment… Malgré moi… C’est juste que… Que j’aime ces moments… ça… ça me fait oublier… tout le reste. Mon rôle… le SPIN… l’hôpital… La schizophrénie…

Ça y est ? C’est fini ? Je peux ouvrir les yeux ?

J’avais éclaté de rire.

Puis expliquai à Syragane.

Pourquoi une si soudaine

Hilarité.

-Je crois qu’on a réveillé… Manakel…

Je fermai les yeux.

Souriant.

Et pensai dans ma tête.

-Ouais… Tu peux te ramener maintenant. Syragane… Syragane prévoit d’aller voir… Bobby Sands.

Oh…

Je suppose que

C’est une bonne chose.

Ouais…

Je crois aussi.

Est-ce que tu as faim ?

J’ouvris la bouche…

Et mon ventre gargouilla.

Me faisant rire encore

Encore une fois.

-Je crois… je crois que tu as la réponse… Il faut… il faut que je prenne… mes médicaments.

Alors je m’étais levé.

Avec Syragane.

J’avais enfilé.

Un boxer…

Pour tout vêtement.

Puis avec Syragane.

On s’était installé près de

Près de la fenêtre.

Pour manger.

Boire du thé…

Puis on avait regardé…

Un long moment.

La neige tomber.

-Je crois que c’est la première fois… que je vois autant de neige.

Pourtant…

Les hivers enneigés.

Etaient quand même

Assez courants

A New-York.

Mais cette année.

Elliot frappait.

La tempête du siècle qu’ils disaient.

Moui…

Soyez prudents.

Quand vous sortirez.

T’inquiète…

La journée avait passé…

Ponctués de moments tous simples.

Avec une bonne partie de l’après-midi…

Où j’étais resté un peu…

Un peu prostré.

Plus très réceptif.

A cause des médicaments.

Puis tout doucement.

Ça était passé.

Et j’avais de nouveau.

Pu avoir les idées.

Un peu plus claires.

J’avais pris une douche.

Pour finir de me réveiller un peu.

Et comme c’était l’hiver.

La nuit était tombée tôt.

J’avais enfilé.

Mon nouveau pull.

Et un manteau chaud.

Ainsi qu’un bon pantalon.

Et mes DocMartens…

Aux lacets multicolores.

-Je suis prêt.

J’avais pris la main de Syragane.

-C’est trop dangereux de sortir… avec la tempête… Je vais… je vais nous… Heu…

Téléporter, David.

-Ouais ! C’est ça ! Téléporter.

Je souris à Syragane.

-Tu es prête ?

Je fermai les yeux.

J’étais déjà allé au théâtre.

Ça devrait être facile.

Il y eut un grand flash blanc.

Et on atterrit…

Dans une grande salle. [Téléportation 13]

Où était taggée…

Un gros poing révolutionnaire.

Mais la salle était vide.

Je regardai Syragane.

Et souris.

Puis fermai les yeux.

Bobby Sands… Syragane et David dans la grande salle. Maintenant. S’il vous plait…

Devil always hangs around

ft. Syragane Dendera & David Edwards

J’avais passé une bonne partie de la journée éveillé… Je ruminais tout seul dans mon coin… Enfin, façon de parler… Disons que j’arpentais le théâtre en grommelant des commentaires aux membres de la Confrérie… Ils avaient bien vite eu compris que j’étais pas d’humeur causante et que mon insomnie ne faisait qu’aggraver mon humeur.

Pourquoi je ruminais ? A cause de ce que m’avait dit la chasseuse, Thunder, au Carlyle où j’avais trouvé refuge pendant la tempête de neige.

Elle était à la recherche d’Edwin Stark.

Il fallait que je le trouve avant elle… Sauf que depuis le sauvetage d’Edward, le néphilim démoniaque, je n’avais aucune idée d’où il pouvait être… J’avais perdu sa trace.

Et ce n’était pas en tournant en rond que j’allais le trouver… Mais dehors, il faisait un froid à geler le sang dans les veines et si Elliot s’était un peu calmé, ses ravages étaient encore bien visibles et bien des véhicules étaient encore coincés sous une belle couche de neige.

Bref, pour finir, j’avais abdiqué et m’étais résigné à regagner ma loge et à arrêter de faire chier le monde avec ma mauvaise humeur.

J’avais fini  par m’endormir en fin d’après-midi, d’un sommeil hanté par la vision de ma main ensanglantée et par la douleur sourde et fantôme que j’avais ressentie après m’être fait tirer dessus par Edwin, en 1989…

Quand soudain…

Bobby Sands… Syragane et David dans la grande salle. Maintenant. S’il vous plait…

Je m’étais réveillé en sursaut avec l’impression qu’on venait de m’enfoncer un pic à glace dans la tête ! La douleur vrillait d’un côté à l’autre de mon crâne et, assis dans mon lit, mon premier réflexe avait été de tâtonner pour chercher le corps chaud de Scar…

Sauf qu’elle n’était pas là… Un coup d’œil au réveil m’indiqua qu’on était encore qu’en toute fin d’après-midi et ma sorcière bien aimée était encore au château. Il était encore trop tôt pour qu’elle vienne me rejoindre. Elle ne le ferait que quand les enfants seraient couchés au château de Maol… Si elle n’avait pas été appelée pour une vengeance entre temps…

Puis je me rappelai du message qui allait avec la douleur et plaquai ma main sur mon front…

-Merci David… la prochaine fois, je dormirai avec mon casque…

Je me levai, enfilai les premiers vêtements que j’attrapai et allai jusqu’au grand hall du théâtre. Ils étaient là, Syragane et David, main dans la main.

Je les regardai et fis la moue.

-Merci de me faire remarquer que la sécurité du théâtre n’est pas encore au point… Comment vous êtes entrés sans que Graydon ne vous flaire ?

Puis j’appuyai mon regard sur eux, sans haine parce que je les appréciais tous les deux beaucoup, mais perplexe parce que leur présence ne me disait rien de bon.

-Qu’est-ce que vous venez faire ici… ? Les visites de courtoisie, c’est pas vraiment votre genre. Il y a un problème ?

Devil always hangs around

Ft David

Le regard de Syragane s’alluma des mêmes étoiles qu’elle pouvait voir dans le regard rieur de David. Il aimait ces moments-là, disait-il. Alors elle lui répondit.
- Je les aime aussi, autant que je t’aime toi !

Elle l’embrassa, sans ajouter que ce qu’elle aimait plus encore, c’était de le voir si heureux. De l’entendre rire, épanoui, enfin, après tout ce temps passé enfermé. Il le méritait tellement !

Et Manakel s’était finalement réveillé, alors Syragane joignit son rire à celui de David.

Et c’est dans cette même ambiance heureuse, calme, les soucis étouffés par la neige qu’ils passèrent le reste de la journée, hormis une douche avant de se préparer pour aller retrouver Bobby.

Et si Syragane prit tout de même la précaution de s’équiper pour ce rude hiver qui s’abattait sur New York, David leur offrit le moyen de transport le plus rapide et le plus efficace qui fut : il les téléporta tous les deux directement jusqu’au théâtre, sur une scène que Syragane reconnut aussitôt. Ils avaient passé beaucoup de temps ici entourés des membres de la confrérie, avant de retourner au parc.

Revivant certain de leurs souvenirs ici, elle attendit que quelqu’un se présentât. Ce qui ne tarda pas, ignorant que c’était sous l’impulsion de David que Bobby Sands en personne vint les « accueillir ». Oui le mot était un peu exagéré sans doute au vu de l’humeur du vampire.

Ce qui est sûr c’est qu’à ses premiers mots, Syragane comprit que David avait communiqué au vampire leur présence. La sylphe le salua avec la même politesse nimbée de respect qu’elle démontrait envers ce leader, depuis leurs premières rencontres, rappelant sans nul doute de part sa légère inclinaison son ancien rang de grande prêtresse.
- Bonsoir Bobby, c’est toujours un plaisir de te revoir, ironisa-t-elle avec un sourire.

Et elle ajouta après un autre sourire pour David.
- Ta sécurité est très bien. Tu oublies que David possède de grands pouvoirs dont celui qui j’avoue aujourd’hui nous a permis d’éviter la tempête dehors en nous téléportant directement ici.

C’est ensuite sans surprise que le vampire en vint directement au fait: la raison de leur visite. Syragane le savait peu enclin à de longs discours et c’était très bien ainsi.
- Un problème, oui je pense qu’on peut le dire ainsi, et il s’appelle Alberich. L’as-tu vu dernièrement ? Nous tenions à en parler avec toi au vu de ce qui s’est passé avec David.

Elle regarda ce dernier, lui laissant le soin de le lui raconter, avec sa version des faits, car elle-même se montrerait sans doute beaucoup plus mordante.

Devil Always Hangs Around

ft. Syragane Dendera & Bobby Sands

Merci David… la prochaine fois, je dormirai avec mon casque…

Oups…

Moui…

Tu y es peut-être…

Allé un peu fort, David.

Mais au moins.

Ce fut efficace.

Bobby Sands sortit

Des coulisses.

Pour venir nous rejoindre.

Sur la scène.

Il ne dit pas « bonsoir ».

Mais inclina légèrement la tête.

Bonsoir Bobby, c’est toujours un plaisir de te revoir.

Pour saluer Syragane.

Merci de me faire remarquer que la sécurité du théâtre n’est pas encore au point… Comment vous êtes entrés sans que Graydon ne vous flaire ?

Je mordis ma lèvre.

Un peu gêné.

Ta sécurité est très bien. Tu oublies que David possède de grands pouvoirs dont celui qui j’avoue aujourd’hui nous a permis d’éviter la tempête dehors en nous téléportant directement ici.

Moui…

Je vois déjà la réponse d’ici.

Mais on était pas là…

Pour la sécurité du théâtre.

Ni pour dire « bonsoir ».

Bobby le savait.

Qu’est-ce que vous venez faire ici… ? Les visites de courtoisie, c’est pas vraiment votre genre. Il y a un problème ?

Je regardai Syragane.

Parce que je savais pas vraiment…

Par où commencer.

Je serrai un peu plus fort.

Plus fort sa main.

J’étais un peu tendu.

Parce que Bobby Sands…

M’impressionnait toujours.

C’était un grand leader.

Mais aussi très dangereux.

Un peu comme…

Moui David…

Un peu comme Légion.

Bref.

Oui.

Il y avait un problème.

Un problème, oui je pense qu’on peut le dire ainsi, et il s’appelle Alberich. L’as-tu vu dernièrement ? Nous tenions à en parler avec toi au vu de ce qui s’est passé avec David.

Je pris une grande inspiration.

Mais regardai le sol.

Effaçant une trace de gomme.

Sur le parquet ciré.

De la scène.

-Heu… J’ai fait…

Je pinçai les lèvres.

-J’ai fait un rêve…

Respire, David.

Je respire.

Calme-toi.

Bobby ne va pas te manger.

-J’ai rêvé d’Alberich. En Norvège… Et il… Il a essayé de…

Je fis un mouvement de la main

Au niveau de ma tempe.

-Il a essayé de faire sortir Nergal… Ou Abaddon, si tu préfères…

Devil always hangs around

ft. Syragane Dendera & David Edwards

Quand la sylphe me souhaita le bonsoir sur un ton ironique, je la saluai d’un signe de tête respectueux. Je n’étais pas du genre à emballer mes propos dans du sucre. J’étais direct. Et surtout, ils venaient de me prouver qu’on pouvait encore entrer ici comme dans un putain de moulin.

Quand je le leur fis remarquer, Syragane encensa directement son amant qui se tenait à côté d’elle, penaud. A le voir comme ça, on pouvait absolument douter qu’il était investi des grands pouvoirs que décrivait la jeune femme.

Je ricanai et pointai David du doigt.

-Si lui peut le faire, ça veut dire que d’autres peuvent le faire aussi. Si lui et ses pouvoirs existent, on peut aisément penser que ça peut être le cas d’autres surnaturels.

Enfin bref, ils n’avaient pas pensé à mal, ils avaient juste voulu éviter de sortir dans le mauvais temps.

Alors je leur demandai pourquoi ils venaient me voir ce soir. Ça ne pouvait être que parce qu’il y avait un problème.

Et la sylphe me fit la grâce d’entrer directement dans le vif du sujet, sans ambages.

Le problème se nommait Alberich…

Pourquoi ça ne m’étonnait qu’à moitié ?

Je ne répondis pas tout de suite à Syragane, mon regard passant d’elle à David à qui je laissai le temps de s’exprimer calmement.

Il avait fait un rêve dans lequel il avait vu Alberich et le sorcier avait essayé de libérer l’un des démons prisonniers de Légion.

Je les regardai tous les deux, le temps de quelques battements de cœur. Puis je repris la parole en leur tournant les talons.

-Suivez-moi.

Je les menai dans les coulisses, jusqu’à la loge que je partageais avec Scarlet. Elle n’était pas là. Je fis signe à mes deux gentils intrus de s’asseoir autour d’une petite table ronde en bois sculpté qui plaisait beaucoup à ma femme.

Puis j’allai vers un petit meuble duquel je sortis une bouteille de whisky écossais qui appartenait à Scarlet et servis deux verres. Je revins vers Syragane et David et leur donnai à chacun un verre avant de m’allumer une cigarette.

-Alors vous venez me voir parce que David a fait un cauchemar ?

Je stoppai direct Syragane du regard qui allait certainement s’indigner de cette remarque et prendre la défense de son amant toutes griffes dehors. Je m’adressai alors à David qui évitait mon regard.

-Je sais que tu as de grands pouvoirs et que tu peux infiltrer les rêves des autres. Tu peux avoir effectivement rencontré Alberich en rêve, je ne sais pas. Alberich n’est qu’un fantôme pour moi et il est loin d’être le membre le plus actif de la communauté. Ça fait bien longtemps que je n’ai pas eu une conversation avec lui.

Je regardai la sylphe et David, tirant sur ma cigarette.

-Comment vous arrivez à déterminer ce qui est réel et ce qui ne l’est pas ?

Devil always hangs around

Ft David & Bobby

Syragane sans se départir de son sourire et d’un ton diplomate, répliqua du tac au tac.
- Alors dans ce cas, je ne peux que te donner raison : si d’autres peuvent le faire, la sécurité du théâtre n’est pas au point.

Mais effectivement, ce n’est pas pour jouer de politesse qu’elle était venue le voir, mais pour parler d’Alberich et elle laissa David expliquer ce qui s’était passé. Il n’entra pas dans les détails, mais apparemment ça suffit pour faire réfléchir le vampire qui au final les invita à le suivre.

Syragane s’exécuta, tenant la main de David pour l’encourager. Il ne semblait pas des plus à l’aise, même s’il avait vécu ici. Peut-être était-ce la mauvaise humeur de Bobby ?

Pourtant ce dernier leur offrit à boire, et même si Syragane ne buvait que très rarement de l’alcool, et encore moins du whisky, elle accepta le verre d’un signe de tête.
Mais son apparente sérénité se craquela à la question de Bobby.
- Ce n’était pas qu’un cauchemar, protesta-t-elle aussitôt.

Et si le regard du vampire la fit taire, elle n’était pas décidée pour autant à le laisser mettre en doute leur parole, bien moins conciliante qu’au départ. Aussi quand il s’adressa à David, elle intervint.
- Mettrais-tu notre parole en doute ?

Il disait ne pas savoir si David avait vraiment rencontré Alberich. A vrai dire il doutait même de la réalité de ce rêve. Elle observa un instant son amant avant de répondre à sa question sur la réalité des rêves, expliquant d’une voix plus posée.
- Certains ne sont que le fruit de notre esprit. Mais parfois ces rêves sont un voyage dans un autre monde que je connais très bien. La réalité n’est pas toujours celle que l’on croit. La frontière ne s’arrête pas au monde tangible.

Elle ajouta en dévisageant le vampire:
- Je sais qu'il était réel, parce que j’y étais dans ce «rêve ». Nergal sait que c’est une passerelle vers notre monde. Utiliser les rêves, c’est le seul moyen qu’il a trouvé pour atteindre David. Là où ça se complique c’est qu’il n’a pas agi seul. Alberich était son complice. Alors aurait-il décidé de changer de camp et de s’allier comme d’autres avant lui à Lucifer ?

Elle lui posait la question, même si apparemment Bobby Sands n’avait plus de nouvelles du sorcier.
- Je voulais avant tout que tu sois au courant de ce qui s’est passé, pour pouvoir prévenir tout autre problème. S’il a changé de camp, alors il pourrait très bien œuvrer contre toi, contre ta confrérie.

Devil Always Hangs Around

ft. Syragane Dendera & Bobby Sands

Alors dans ce cas, je ne peux que te donner raison : si d’autres peuvent le faire, la sécurité du théâtre n’est pas au point.

Je sentais…

Que ça n’allait pas…

Etre de tout repos…

Cette rencontre…

Et pas à cause de…

De la franchise de Bobby Sands.

Moui.

La franchise je trouve ça bien.

Même si ça m’a valu d’être enfermé ici

Et bouffé par du goudron.

Plutôt…

De la susceptibilité de Syragane.

Car une fois dans la chambre

De Bobby…

Dans laquelle je sentais.

Indéniablement.

La présence féminine

Omniprésente

De la Morrigane.

Alors vous venez me voir parce que David a fait un cauchemar ?

Ben heu…

Ouais…

Heu…

C’est vrai que c’est un peu ça, David.

Ce n’était pas qu’un cauchemar… Mettrais-tu notre parole en doute ?

Ça y était…

C’était parti.

Je posai ma main.

Sur celle de Syragane.

Et sans la regarder.

Regardant le fond de mon verre

De whisky.

-Il a raison de ne pas nous… de ne pas nous croire sur parole… C’était bel et bien… Bel et bien un rêve.

Bobby s’adressa alors à moi.

D’un ton posé.

Calme.

Et compréhensif.

Je sais que tu as de grands pouvoirs et que tu peux infiltrer les rêves des autres. Tu peux avoir effectivement rencontré Alberich en rêve, je ne sais pas. Alberich n’est qu’un fantôme pour moi et il est loin d’être le membre le plus actif de la communauté. Ça fait bien longtemps que je n’ai pas eu une conversation avec lui.

J’ouvris la bouche.

Mais Syragane.

Qui me mettait sous tension.

Tellement elle était fâchée

De ne pas être crue direct.

Comment vous arrivez à déterminer ce qui est réel et ce qui ne l’est pas ?

Prit la parole à ma place.

Je sais qu'il était réel, parce que j’y étais dans ce «rêve ». Nergal sait que c’est une passerelle vers notre monde. Utiliser les rêves, c’est le seul moyen qu’il a trouvé pour atteindre David. Là où ça se complique c’est qu’il n’a pas agi seul. Alberich était son complice. Alors aurait-il décidé de changer de camp et de s’allier comme d’autres avant lui à Lucifer ?

Je regardai Syragane.

-Sy… Syrag… Han…

Je voulais avant tout que tu sois au courant de ce qui s’est passé, pour pouvoir prévenir tout autre problème. S’il a changé de camp, alors il pourrait très bien œuvrer contre toi, contre ta confrérie.

Attends, David.

Je sentis mon cou.

Pivoter brusquement.

Et quand j’ouvris la bouche.

L’accent anglais de Manakel.

Fendit l’air.

Comme une flèche.

-Est-ce que tu vas la boucler, Syragane ? On est là pour expliquer. Bobby n’a aucune raison de nous croire sur parole.

Je sentis directement.

Manakel se retirer.

Et je me retrouvai.

A regarder Syragane.

Dans les yeux.

Je pinçai les lèvres.

Puis fermai les yeux.

La petite radio.

Posée sur un meuble

De Bobby crachota…

Puis la musique démarra.

Et tout le monde put comprendre

Les paroles.

Même si c’était en français [Connaissance absolue 11 VS 8]

♫

Bobby me regarda…

Interrogateur.

Alors j’expliquai…

-Les rêves… les rêves représentent souvent… Ce qu’on veut au plus profond de nous. Alors ouais… C’était… C’était juste un rêve, je te l’accorde… Mais ce n’était pas un rêve à moi… Moi, j’étais éveillé et j’ai senti…

Je cherchai mes mots.

-Je me suis senti partir. Alors j’ai pris Syragane… avec moi… C’était bien un rêve mais c’était celui d’Alberich… Pour moi…

Je souris à Syragane…

Gêné.

-Pour nous… c’est un signe qu’Alberich… n’a peut-être pas que de bonnes intentions… Dans la vie réelle…

Je poussai mon petit verre

Que je n’avais pas touché.

Vers Syragane.

Alcool et médicaments…

Ça faisait pas un bon mélange.

Devil always hangs around

ft. Syragane Dendera & David Edwards

Si j’avais été abrupte au premier abord, je leur offris tout de même l’hospitalité dans ma loge, leur servant du whisky. C’était tout ce que j’avais à leur offrir. Je tenais quand même à bien les recevoir parce que, pour moi, les deux habitants de Staten Park étaient des alliés, à défaut d’être vraiment des amis.

Mais je devais avouer préférer la conversation, même lente et ponctuée de David à cette rosse de slyphe qui se changeait en furie dès qu’on était pas d’accord avec elle… Ou quand on ne la croyait pas sur parole, ce qu’elle ne mit pas longtemps à me servir comme phrase.

Pour toute réponse, je la regardai, tirant tranquillement sur ma cigarette entre mes doigts. David, lui, semblait comprendre que j’avais besoin d’un peu plus que de leur seule déclaration pour mettre sa raclée à un membre, même limite absent, de ma Confrérie.

Puis je m’adressai à David, lentement, gentiment, histoire d’en savoir plus, d’avoir son point de vue. De même que j’étais curieux de savoir comment ils faisaient pour trier ce que David voyait dans ses visions et la réalité.

Je vis David ouvrir la bouche, mais c’est de celle de Syragane qu’un flot de parole énervé se déversa.

Je la regardai en fronçant les sourcils, pas fâché, pas énervé, mais perplexe…

Puis, je désignai David.

-C’est à lui que je parle.

Mais elle ne s’arrêta pas, prenant le rêve de David comme parole d’Evangile et moi, je n’avais, en gros, plus qu’à mettre sa fessée à Alberich parce qu’il était potentiellement allié avec Lucifer.

Et c’est là que soudain, David se redressa alors qu’il était, une seconde plus tôt, tout avachi sur lui-même comme s’il s’excusait d’exister. Et avec un accent anglais à me filer de l’urticaire, il cloua le bec de son amante.

Je pinçai les lèvres devant ce spectacle, me retenant de rigoler.

Comme quoi, même si je savais qu’il avait eu un peu d’aide d’un ange vivant en lui, David savait tenir sa femme. Parce que quand il s’avachit de nouveau sur sa chaise, il ne s’excusa pas vraiment à Syragane pour ce que l’ange venait de dire.

Au contraire, il en profita pour s’exprimer de cette façon qui lui était propre : en chanson…

Je restai bouche bée… je savais que j’entendais du français. Mais je n’étais pas censé comprendre le sens des paroles. Et pourtant, je comprenais chaque mot, chaque tournure de phrase et chaque vers. On écouta la chanson jusqu’à la fin, en silence. Je quittai alors la radio du regard pour poser mes yeux sur David, clope pendant au bout des lèvres. David qui profita de notre surprise à tous les deux pour enfin pouvoir en placer une.

Et bien plus calmement, il m’expliqua que le rêve en question n’était pas le sien, mais celui d’Alberich. Alberich qui, au fond de lui, n’avait pas que des intentions louables.

Je laissai David parler jusqu’au bout puis repris ma cigarette entre mes doigts quand le télépathe, lui, poussa son verre timidement vers la sylphe.

Je tapai la cendre dans le cendrier entre nous puis passai ma main libre sur mon visage.

-Je me méfie d’Alberich. Jusqu’ici, je pensais que c’était à tort. Que c’était à cause de ses airs hautains et de son manque d’engagement envers la Confrérie.

Je marquai une pause pour tirer sur ma clope.

-Il m’a bien sauvé la mise face à une chasseuse il y a quelques temps… il lui a brûlé les yeux et l’a empêchée de me tuer.

Je haussai les épaules.

-Alors je me suis dit que peut-être je l’avais mal jugé. Mais maintenant, vous arrivez avec cette histoire de rêve et de démons… Est-ce que, dans le rêve en question, quelque chose a pu vous renseigner sur le « pourquoi ? » Alberich voudrait s’allier à des démons ?

Je regardai Syragane et déclarai avec toute la patience du monde :

-Si je veux pouvoir prendre Alberich sur le fait et lui mettre la raclée qu’il mérite peut-être, j’ai besoin d’un peu plus que de votre parole. Parce que sinon, ce sera sa parole contre la vôtre. Même si je suis tenté de vous croire rien que pour lui faire ravaler ses grands airs de sorcier nordique.

Devil always hangs around

Ft David & Bobby

Syragane était perplexe. Pourquoi ne pouvait-il pas les croire sur parole ? Ils avaient vécu ici pas mal de temps. Ils partageaient les mêmes objectifs. A aucun moment, elle ne lui avait donné des raisons de douter de leur franchise. Ce n’est pas comme si Syragane était une adepte du mensonge très loin de là.

A vrai dire elle était absolument remontée contre tout ce qui pouvait être complot, mensonges donc, et surtout trahison. Et pour cause ! Kufus, général des troupes de Nabuchodonosor s’était retourné contre son propre roi, et l’avait ensuite assassiné après avoir guidé les troupes Perses, leur permettant ainsi de pénétrer dans la ville.

Donc, elle ne comprit pas qu’il pouvait mettre sa parole en doute, forcément.
Et David donna raison à Bobby. . .

Syragane cilla, dévisageant David avec encore plus d’incompréhension dans le regard.
- Mais, as-tu oublié ce qui s’est passé avec Nergal ? J’étais là, j’ai vu ce qui s’est passé avec le pentacle protesta-t-elle, mais après ce qu’elle venait d’entendre sa voix perdait en ferveur et n’était plus qu’un murmure.

Pourquoi alors l’avait-il laissée foncer tête baissée chez Bobby pour le prévenir de ce qu’Alberich avait fait ? si tout ça n’était qu’un rêve et que rien de ce qu’elle n’avait vu ne s’était vraiment passé ? Et pourquoi Alberich avait-il tenté de libérer Nergal ? Rêve ou pas, il y avait de quoi s’interroger non ?

C’est pourquoi elle tenta d’expliquer pourquoi elle pensait ce rêve bien plus réel que David ne le croyait. Et après réflexion, le voir douter n’aurait pas dû tant la surprendre, pas quand on était sans arrêt submergé par les pensées des autres et oui sans doute les rêves des autres aussi.
¨
Mais là c’était différent, puisque elle savait comment on pouvait utiliser les rêves comme un tremplin, une capacité typique de Nergal, le manipulateur des rêves. Ce qu’elle essaya d’expliquer le plus diplomatiquement à Bobby. Mais pour toute réponse, il lui dit que ce n’était pas à elle qu’il parlait.

Médusée, elle se recula, le dévisagea et demanda :
- Et ? Est-ce que cela m’interdit pour autant de te donner mon avis sur le sujet ? Et je n’interdits pas plus à David de donner le sien. Je croyais que vous aimiez la liberté d'expression ?

Comme si elle souhaitait empêcher David de faire ou de dire quoique ce soit. Une idée en passant qui était absolument grotesque.  
- Et partager son expérience est une bénédiction. Tes ancêtres te le diraient s’ils étaient encore en vie, dit-elle encore en dévisageant le vampire. ..

Avant de voir David se redresser d’un seul coup et cette voix, elle la reconnut aussitôt.
-Est-ce que tu vas la boucler, Syragane ? On est là pour expliquer. Bobby n’a aucune raison de nous croire sur parole.

La sylphe pâlit brusquement, puis son regard se mit à briller d’une lumière dorée. Son regard se posa un instant sur le vampire qui semblait trouver ça très drôle avant de revenir à David. Et vu son attitude, elle sut que Manakel s’était éclipsé aussitôt.
- Aucune raison de nous croire ? Il préfère peut-être croire un fantôme absent ?

Son regard interrogea celui du vampire.
Puis, comme si rien ne s’était passé, aussi ironique que cela puisse paraître, vu qu’ils venaient de parler de la différence entre réalité et rêve, David expliqua sa version des choses à Bobby. ET elle n’entendit qu’à peine la réponse que Bobby lui fit.

C’est d’une voix glaciale mais d’un calme effrayant qu’elle répondit après un long silence crispé, aussi droite qu’une statue, plongeant son regard qui brillait toujours d’une étrange aura dans celui du vampire :
- Les hommes ne savent ni entendre et encore moins écouter. Les mots sont souvent dénués de sens pour vous  et pourtant . . A aucun moment je n’ai signifié souhaiter des représailles de ta part. Je ne suis venue que dans l’intention de te prévenir, en espérant ainsi t’éviter des ennuis, de ceux que nous réservent les traîtres. Après ce que tu as fait pour nous, je t’étais redevable.

Je ne le suis plus, et cela tant que tu considèreras mes mots comme vains. Ce qui vaut aussi pour vous autres Légion et tes petits anges
- En revanche, et je te le dis clairement, si je dois le rencontrer, je n’aurai pas besoin qu’on me prouve ce qu’il est ou ce qu’il a fait. Ce que j’ai vu, ce qui s’est passé dans ce château me suffisent amplement.

Elle les regarda tour à tour et ajouta.
- A présent, si vous avez envie de mieux comprendre la façon dont Nergal utilise les rêves, il vous suffit de me suivre.
David en était capable n’est-ce pas ? Si toutefois Manakel ne tenterait pas de l’empêcher de suivre une païenne dans un monde de païens. D’une façon ou d’une autre, elle n’avait plus rien à faire ici.

- Sauf si vous préférez échanger entre vous, sans plus être dérangés par mes paroles.
Sa silhouette se fit soudain plus floue, se fondant dans un court laps de temps en sable doré, étincelant qui s’agita, tournoya, puis se volatilisa dans les airs pour traverser cette infime frontière entre deux mondes, et rejoindre celui des sables et des rêves.

Devil Always Hangs Around

ft. Syragane Dendera & Bobby Sands

Mais, as-tu oublié ce qui s’est passé avec Nergal ? J’étais là, j’ai vu ce qui s’est passé avec le pentacle.

Non.

Je n’avais pas oublié.

Je n’avais rien oublié.

Elle est casse-couilles…

Hein ?

David ?

Je pinçai les lèvres.

Elle ne me laissait ni…

Le temps d’expliquer.

Ni le temps à Bobby.

De comprendre.

Moi je comprenais.

Qu’il ne pouvait pas

Juste comme ça.

S’en prendre à Alberich.

Ni à personne d’autre de sa Confrérie.

C’est à lui que je parle.

J’aurais peut-être du…

Venir tout seul.

Non…

Tu aurais eu trop peur.

Mais cette païenne.

Est une vraie furie.

Et ? Est-ce que cela m’interdit pour autant de te donner mon avis sur le sujet ? Et je n’interdits pas plus à David de donner le sien. Je croyais que vous aimiez la liberté d'expression ?

Je me tortillai sur ma chaise.

Nerveux.

Puis Manakel parla.

A travers ma bouche.

Ça ne plut pas à Syragane.

Mais en plus.

Ça ne la fit pas taire.

Pas faute d’avoir essayé…

Pourtant.

David.

Aucune raison de nous croire ? Il préfère peut-être croire un fantôme absent ?

Je la regardai.

Dépité.

Elle n’allait pas…

Nous laisser en placer une.

Ni moi.

Ni Bobby…

Sauf si on l’ignorait.

Je détestais faire ça.

Parce que j’aimais Syragane.

Mais elle était têtue.

Les hommes ne savent ni entendre et encore moins écouter. Les mots sont souvent dénués de sens pour vous  et pourtant . . A aucun moment je n’ai signifié souhaiter des représailles de ta part. Je ne suis venue que dans l’intention de te prévenir, en espérant ainsi t’éviter des ennuis, de ceux que nous réservent les traîtres. Après ce que tu as fait pour nous, je t’étais redevable.

Elle n’écoutait pas plus Bobby.

Qui réussit à en placer une.

Lui.

Je ne le suis plus, et cela tant que tu considèreras mes mots comme vains. Ce qui vaut aussi pour vous autres Légion et tes petits anges
- En revanche, et je te le dis clairement, si je dois le rencontrer, je n’aurai pas besoin qu’on me prouve ce qu’il est ou ce qu’il a fait. Ce que j’ai vu, ce qui s’est passé dans ce château me suffisent amplement.

Bla bla bla…

Toi qui la touche souvent, David.

Tu as trouvé le bouton off ?

Heu…

Non…

Bobby…

Parla donc.

Je me méfie d’Alberich. Jusqu’ici, je pensais que c’était à tort. Que c’était à cause de ses airs hautains et de son manque d’engagement envers la Confrérie.

Bah…

On a déjà à moitié gagné en fait.

Il lui faut juste…

Il m’a bien sauvé la mise face à une chasseuse il y a quelques temps… il lui a brûlé les yeux et l’a empêchée de me tuer.

Oh…

Voilà pourquoi il hésitait.

-Je comprends…

Evidemment…

Si Alberich se fait passer pour un gentil.

Le peu de temps qu’il est là…

Alors je me suis dit que peut-être je l’avais mal jugé. Mais maintenant, vous arrivez avec cette histoire de rêve et de démons… Est-ce que, dans le rêve en question, quelque chose a pu vous renseigner sur le « pourquoi ? » Alberich voudrait s’allier à des démons ?

Je respirai…

Profondément.

Fermant les yeux.

Me rappelant les détails.

Il s’adressa gentiment.

A Syragane.

Si je veux pouvoir prendre Alberich sur le fait et lui mettre la raclée qu’il mérite peut-être, j’ai besoin d’un peu plus que de votre parole. Parce que sinon, ce sera sa parole contre la vôtre. Même si je suis tenté de vous croire rien que pour lui faire ravaler ses grands airs de sorcier nordique.

Ok ok.

-Ok…

Attends…

-Attends.

Mais Syragane.

Etait pas décidée à attendre.

A présent, si vous avez envie de mieux comprendre la façon dont Nergal utilise les rêves, il vous suffit de me suivre.

Pfff.

Elle me fatigue.

Ouais.

Moi aussi.

J’arrive pas à rassembler.

Mes idées.

Sauf si vous préférez échanger entre vous, sans plus être dérangés par mes paroles.

Et pouf…

Elle était partie.

Je soupirai.

Rouvris les yeux.

Bobby me regardait.

Il attendait.

Et je ne ressentais plus.

La tension de Syragane.

Alors je me détendis.

-Comme… Comme Syragane l’a dit… il y avait un pentacle. J’ai été coincé dedans. Alberich connaissait les mots… Il savait exactement comment faire. Pour faire invoquer un démon. Je sais que c’était un rêve… mais… Mais si on l’avait laissé aller jusqu’au bout… De l’incantation. Si Légion n’était pas intervenu…

Je pinçai les lèvres…

-… Je ne sais pas… Si je me serais réveillé… En étant moi-même… Ou en étant Nergal… Ou si Nergal aurait été hors de moi… Ou même si je me serais simplement réveillé… avec un gros mal de tête..

Je fis tourner le whisky dans

Dans le petit verre.

-En tout cas… le pentacle, l’incantation… Je n’ai pas pu l’inventer… Parce que je n’ai aucune idée moi-même… De comment on invoque un démon…

Je soupirai…

-Ce sont… les seules preuves… Que je peux mettre sur la table…

Je regardai le siège vide.

De Syragane.

Où gisaient encore.

Quelques grains de sable.

Devil always hangs around

ft. Syragane Dendera & David Edwards

Syragane parla d’un pentacle, attisant ma curiosité… Mais plutôt que de continuer à me donner des détails de ce fameux rêve qui aurait pu confondre Alberich et m’amener à les croire, la sylphe se focalisa sur le fait que je ne voulais pas gober tout rond cette histoire de rêve.

Du coup, elle décontenança David, ne le laissant pas parler et elle attira ma totale indifférence. Trop de mots tuent les mots. En tant que grand orateur politique, je le savais. Et plutôt que d’en venir au fait, au fond, Syragane se focalisait sur la forme…

Je soupirai en la regardant.

-Même ma femme, je ne la crois jamais sur parole. Ce n’est pas une question de liberté d’expression, dans ce cas-ci, mais d’équité. Alberich aura son mot à dire aussi si vous ne me donnez pas plus de détails qui pourraient prouver sa culpabilité.

Je haussai les épaules.

Elle continua de parler. Et le temps qu’elle parlait, j’écrasai mon mégot et allumai une autre cigarette sans même la regarder. Si ça lui plaisait de parler dans le vide… Et j’eus même l’impression que David lui-même en avait un peu marre de l’entendre caqueter à propos de sa parole sans jamais en venir au vif du sujet. Pour elle, je devais être pendu à ses lèvres et acquiescer à chaque ponctuation.

Heu…

Non.

Bref, elle se fatigua elle-même et finit par se dématérialiser d’une façon impressionnante, nous invitant à la suivre si on voulait savoir comment les pouvoirs de Nergal fonctionnaient.

Je me retrouvai donc seul avec David… Et la conversation prit directement un tour plus calme. Je sentis même que David se détendait alors qu’il était sous tension depuis le début.

Et lui au moins, me parla de ce que je voulais entendre : du pentacle, de l’incantation et du fait qu’il ne savait pas si, même en rêve, si Légion n’était pas intervenu, Nergal ait pu s’enfuir de sa prison. Voire même prendre possession du corps de David.

-Je vois… Comme tu ne fais pas trop la différence entre ce qui est réel et ce qui ne l’est pas, c’était dangereux parce que la tentative d’Alberich aurait pu marcher…

Je fis la moue et tapai la cendre dans le cendrier.

-Je vais faire attention à Alberich… Je vais avoir une conversation avec lui, ça c’est déjà sûr. Mais je vais essayer de voir s’il a vraiment prêté allégeance aux démons… Si c’est le cas, il va m’entendre !

Je souris puis cherchai le regard de David qui s’était arrêté de parler et regardait la chaise vide de Syragane…

-Tu veux qu’on aille la rejoindre ? Je suis assez curieux quand même de voir ce qu’elle a à nous montrer.

Il releva son regard timidement vers moi et hocha la tête.

-Puis comme ça tu ne te feras pas engueuler…

Il eut un vague sourire… Puis il tendit sa main vers moi et la posa sur mon front. Il y eut un gros éclair blanc et j’eus une sensation de vertige un peu semblable à celle que j’avais quand Scarlet me faisait passer un portail.

Et je me retrouvai, les baskets dans le sable et protégeait directement, instinctivement, mon visage avec mon bras.

-Putain de merde !

On était en plein désert, sous un soleil éclatant. Il me fallut quelques secondes pour me rendre compte que le soleil ne me brûlait pas… David, lui, se tenait à côté de moi, penaud. Puis je vis Syragane et lui demandai en ouvrant de grands yeux peu habitués à autant de lumière.

-Le soleil n’est pas réel… C’est ça ?

Devil always hangs around

Ft David & Bobby

Syragane était bien trop consciente qu’aucun des deux hommes n’était disposé à l’écouter ! David avait tenté de l’arrêter lui aussi, en soupirant, en s’agitant de plus en plus, dérangé par ses interventions, malgré toute sa diplomatie. Mais Syragane n’était pas femme à se taire devant un homme.

Bobby s’imaginait-il qu’elle se tairait juste à cause d’un regard de travers ? Elle n’était pas là pour lui plaire, même si elle avait tenté de le rassurer au départ dans des intentions toutes conciliantes qui n’avaient servis à rien !!
Même quand elle avait abondé dans son sens, au sujet de la sécurité de cet endroit. Alors que pourtant le nœud du problème se situai ailleurs, en la personne d’Alberich.

Et puis il y avait eu la surprise. Visiblement elle et David n’avaient pas du tout perçu ce rêve de la même manière. Nergal avait failli s’échapper mais David expliqua que ce n’était qu’un rêve, minimisant sa démarche et plus encore les paroles de Syragane.

Comment pouvait-elle ne pas réagir ? Relativisait-il parce que Bobby semblait des plus dubitatifs sur la réalité ou les effets pervers d’un rêve ?? Ce ne serait pas la première fois qu’il se rétracterait face à l’attitude autoritaire et intimidante des autres.

Et puis Nergal possédait des pouvoirs qu’elle avait vu à l’œuvre dans l’autre monde, capable de manipuler les rêves, de la même façon qu’il l’avait fait avec celui de David, bien que le doute était permis de par la présence même d’Alberich.

Mais au-delà de l’irritation de l’un et de la gêne de l’autre, il y eut les mots de trop de Manakel qui ne fit que dire à voix haute de façon totalement irrespectueuse, ce que les deux autres souhaitaient : qu’elle la ferme.

Si elle en fut profondément blessée, bien plus que David ne pouvait l’imaginer, parce qu’il n’avait même pas cherché à s’excuser pour l’attitude de Manakel, lui faisant comprendre de fait qu’il approuvait ses paroles, elle n’en montra rien, préférant la colère à la peine.

Bobby renchérit parce qu’elle n’avait visiblement pas la même compréhension des mots, comme de ne pas croire sur parole, expliquant que même sa femme, il ne la croyait pas sur parole, elle répliqua froidement.
- Dans ce cas je la plains.

Quant à entendre la version d’Alberich lui-même, il ferait ce que bon lui semblerait avec ce membre fantôme qu’il lui dise la vérité ou non, ce n’était plus ses affaires. Elle avait tenu à l’informer, même si tout s’était soudain retourné contre elle, donc, sa mission était accomplie.

Elle n’avait qu’une envie désormais, rentrer chez elle.

Chez elle, dans son khan, dans la cité légendaire qui n’existait plus depuis longtemps.
Ne plus être obligée de jouer de diplomatie même face à des gens irrespectueux, s’éloigner de tout ça.
.  .  .   .    .  .



L’instant d’après, elle se retrouvait au pied de la statue d’Enlil. La sylphe était désormais parée d’atours royaux, robe droite et simple, blanche aérienne qui mettaient ses formes en valeurs, le torque, le fameux torque cadeau de Nabonidos autour de son cou, tous ses autres bracelets d’or présents à ses bras, accrochant chacun un éclat de soleil, et un poids sur sa tête qui n’était pas habituel, une couronne étoilée qu’elle ne pouvait voir, la même que portait Ishtar sur le portrait qu’elle gardait dans le mobilhome.

Ses cheveux longs flottaient dans le vent et cette première sensation de sable chaud sous ses pieds nus, lui arracha un soupir triste .. .

Elle était de retour, non pas vraiment chez elle. La statue en était la preuve indiscutable mais au pays des rêves, au pays des djinns. Le soleil était déjà bas dans le ciel, parant le paysage de teintes ocres et plus flamboyantes, une palette qui à chaque fois ravissait son cœur et là plus encore.

La statue d’Enlil, immense, jetait son ombre sur la dune et le vent souleva une fine pellicule de sable venant doucement la caresser, s’enroulant autour d’elle comme pour mieux l’accueillir, mieux la bercer.

Lentement Syragane se laissa tomber à genou dans le sable, buste incliné très en avant pour saluer le dieu, son effigie, décrochant son collier, celui qui portait le symbole d’une religion qui n’était pas la sienne à ses pieds, une larme coulant sur sa joue.
Mais le vent la sécha aussitôt.

David ne l’avait pas suivie. Elle n’était pas vraiment surprise, pourquoi l’aurait-il fait alors qu’il avait enfin la paix ? Il n’était plus obligé de l’écouter. .

Mais qu’importait, elle avait une mission à accomplir d’un tout autre ordre, une mission confiée dès sa renaissance: empêcher Nergal de parvenir à ses fins. Un plan destructeur qui serait bien pire qu’une apocalypse chrétienne.

Elle se relevait pour se mettre en chemin, afin de rejoindre les janns quand une voix familière se fit entendre, discordante dans cette harmonie paisible, en apparence seulement. Le regard de la sylphe se détourna de la statue pour se fixer sur le vampire qui avait reculé, se protégeant du soleil.

Puis il se posa sur David, impassible.
Ils étaient donc tout de même venu ?
- Ce n’est qu’un rêve, répondit-elle sur un ton toujours aussi froid, contrastant avec la chaleur ambiante. N’est-ce pas David ? demanda-t-elle à l’intéressé.

Et sans plus d’explication, elle lança, puisqu’ils n’avaient sans doute pas envie de l’entendre encore parler. Alors elle le leur montrerait.
- Venez !

Contrairement à Ilhan, elle ne leur fit pas présent d’un cheval pour parvenir à la suivre. Ils n’auraient qu’à se débrouiller par leurs propres moyens. Après tout David était lui aussi doué d’une grande magie. Mais elle n’allait plus lui dire comment faire pour s’en sortir.

Son corps se dématérialisa en un souffle de sable tourbillonnant, scintillant et elle s’éloigna dans le soleil couchant, en direction de la cité de sable. Elle ne s’arrêta après une longue traversée d’un désert qui paraissait sans fin qu’aux abords de la ville, sur un plateau rocheux, dominant la cité et qui leur donnait un panorama d’ensemble sur la cité de sable et ses ruines.

Car la cité autrefois d’une beauté incomparable était dans un état de délabrement avancé. Plus loin, on pouvait apercevoir un sillon dessiné par des ravines  désormais desséchées et profondes qui jadis accueillaient des flots d’un bleu-vert, scintillant et foisonnant de vie aquatique.  De même qu’on pouvait voir les restes de ce qui avaient été des ponts reliant les deux mondes, aujourd’hui pics rocheux acérés et infranchissables, pointant vers l’autre rive.

Devil Always Hangs Around

ft. Syragane Dendera & Bobby Sands

Syragane était fâchée.

Qu’on ne fasse pas attention.

A ce qu’elle disait.

Mais ce qu’elle disait.

Ne nous avançait pas.

Je voulais expliquer à Bobby.

Mais elle me laissait pas faire.

Alors ouais.

Je l’ignorais.

La laissais parler.

Et Bobby faisait pareil.

Se rallumant une clope.

Finalement.

Elle se volatilisa.

Et j’en vins au fait.

Et en deux temps.

Trois mouvements…

J’obtins de Bobby,

Ce qu’on était venu chercher.

Je vais faire attention à Alberich… Je vais avoir une conversation avec lui, ça c’est déjà sûr. Mais je vais essayer de voir s’il a vraiment prêté allégeance aux démons… Si c’est le cas, il va m’entendre !

Voilà…

C’était tout ce qu’on voulait.

A moins que Syragane.

Ne veuille que Bobby.

Coupe la tête d’Alberich.

Sans autre forme de procès.

Mais ce ne serait pas juste.

Je regardai le siège de Syragane.

Maintenant vide.

Je n’aimais pas lui faire mal.

Mais parfois elle…

Elle se perdait en conjecture.

Plutôt que d’aller

Droit au but.

Tu veux qu’on aille la rejoindre ? Je suis assez curieux quand même de voir ce qu’elle a à nous montrer. Puis comme ça tu ne te feras pas engueuler…

Je hochai

Timidement la tête.

Je tendis la main.

Touchai le front de Bobby.

De ma paume.

Et on se retrouva dans le désert.

Près de la statue d’Enlil.

Et Syragane était là.

Vêtue comme une reine.

Magnifique.

Et courroucée.

Je pinçai les lèvres.

Le regard baissé.

Les bras ballants.

Reprends-toi, David !

Tu n’as pas à te laisser…

Ecraser par elle.

Même si tu l’aimes.

Je sais.

Bobby, lui…

Avait peur du soleil.

Mais se rendit compte.

Qu’il ne le brûlait pas.

Ce n’est qu’un rêve. N’est-ce pas David ?

Je marmonnai…

-Personne ne dort… C’est une illusion… Pas un rêve… mais ça revient au même.

Venez !

Et elle se volatilisa encore.

Je soupirai.

Et Bobby se redressa.

Les yeux plissés.

Et épousseta le sable.

Sur son jeans.

C’est toujours la même chose avec les gonzesses. Tout ou rien. Jamais de juste milieu.

Il a raison, David.

Tu crois qu’elle me parlera

Encore ?

A toi peut-être…

Mais à moi j’en doute.

Et tu t’en fous ?

Complètement.

Han…

Moi pas…

Je sentis un main.

Lourde sur mon épaule.

J’avais complètement oublié Bobby.

-Heu… Ouais, je sais où elle va… Attends…

Je fermai les yeux.

Et me téléportai encore.

Jusqu’à la cité de sable.

Maintenant en ruine.

Même si ça restait.

Très beau à voir.

Surtout dans le soleil couchant.

Je me postai à côté de Syragane.

Sur le plateau rocheux.

D’où on pouvait tout voir.

Mais je ne dis rien.

Laissant la parole.

A Bobby a côté de moi.

Devil always hangs around

ft. Syragane Dendera & David Edwards

La sylphe avait fini par se dématérialiser, nous invitant à la suivre. Mais je voyais bien que David, lui, voulait profiter de son absence pour expliquer son rêve et mettre en avant le danger potentiel que ça avait représenté. Ce rêve aurait pu en effet prendre corps dans la vie réelle. Nergal aurait pu profiter de la faiblesse de David pour le posséder.

David avait parlé d’un pentacle, d’une invocation… Et j’allais mener ma petite enquête pour savoir si Alberich cherchait vraiment à faire revenir des démons… Des démons ou Nergal en particulier.

Bref, je promis à David de m’occuper du cas Alberich… C’était tout ce qu’il me fallait et non pas le long discours courroucé de Syragane à propos du fait que je devais absolument les croire.

Je les croyais. Mais je ne pouvais pas m’attaquer à Alberich sans lui expliquer pourquoi.

Mais apparemment, Syragane pensait que sa parole suffisait à condamner quelqu’un.

David était penaud, probablement parce qu’une fois qu’il eut fini de m’expliquer ce qu’ils avaient vu en rêve, il avait peur de se faire engueuler par Syragane pour l’avoir un peu remise à sa place… Enfin, il avait tenté de le faire. Mais c’était sans compter sur le caractère de merde de la sylphe que toutes les femmes semblaient partager.

Bref, je proposai à David d’aller la rejoindre. Et il s’exécuta.

On tomba dans le désert et la vue du soleil couchant me surpris. Je crus un instant que j’allais finir en un tas de cendre fumante. Avant de voir Syragane, toute fière, m’affirmer que c’était un rêve. Et David de marmonner que c’était une illusion et non un rêve.  

-D’accord… Rêve ou illusion… C’est très réaliste, je vous l’accorde.

Puis elle s’évanouit une nouvelle fois. Ne restait plus que David, la statue d’un Dieu ancien et moi. Je roulai des yeux.

-C’est toujours la même chose avec les gonzesses. Tout ou rien. Jamais de juste milieu.

David semblait complètement ailleurs, comme dans un combat intérieur… Alors je posai ma main sur son épaule pour le faire revenir un peu à la réalité… Enfin… A l’illusion plutôt.

Ses yeux balayèrent un instant l’espace puis il affirma savoir où Syragane allait… Et encore une fois, je ressentis le vertige de la téléportation. Avec un « ouf ! » de surprise, je me retrouvai à côté de David et Syragane, sur un plateau rocheux surplombant une ville en ruine, avec le soleil qui se couchait doucement à l’horizon, derrière les dunes.

J’ouvris la bouche et admirai l’ancienne cité…

-C’est magnifique…

Puis je me tournai vers Syragane.

-J’ai parlé à David. Il m’a expliqué votre rêve et je lui ai promis de m’occuper d’Alberich.

Puis, avec une moue :

-C’est ça que tu voulais nous montrer ? Ou tu vas encore nous trimballer à gauche et à droite pour le simple plaisir de nous voir te courir après ?

Puis je regardai à nouveau la ville.

-C’est Nergal qui a fait ça ? Qui a détruit la ville ?

Devil always hangs around

Ft David & Bobby

Cet endroit faisait partie du monde des rêves, c’était bien plus qu’une illusion ! Mais elle jugea inutile d’insister, au vu du ton de l’ange. Il n’était pas pire sourd que celui qui ne voulait pas entendre. Et Bobby semblait se moquer de toute façon de la différence, avant de lui accorder que ça avait l’air plutôt réel.

Alors plutôt que d’expliquer, elle allait leur montrer les preuves de la réalité de cette « illusion » en commençant par la cité de Sable qui à elle seule offrait une preuve flagrante des dégâts occasionnés par Nergal. S’ils ne voulaient l’écouter, peut-être sauraient-ils voir ? Mais celle-ci n’était pas toute proche, par rapport à l’endroit où elle s’était retrouvée. Ce qui l’obligea à utiliser sa magie pour rejoindre rapidement l’objectif de cette visite.

Et elle sentit leur présence, juste après être arrivée, grâce à une légère inflexion du vent. Le regard porté sur la cité et au-delà, elle se contenta d’hocher la tête. Oui la cité était magnifique même encore aujourd’hui. Il fallait juste éviter de s’y promener pour ne pas tomber sur les Nasnas. Même si à priori ils étaient inoffensifs, ils pouvaient se montrer hostiles s’ils se sentaient menacés. Mais c’était surtout des Salaah dont ils devraient se méfier ici.

Bobby se tourna alors vers elle pour lui dire que David lui avait expliqué leur rêve. Oui elle avait tenté de le faire elle aussi mais apparemment ça passait mieux venant de David ! Tout comme ses paroles restaient lettres mortes, alors qu’à deux fois, elle lui avait dit qu’elle n’était venue à lui que pour l’informer des actes d’Alberich, non pas en espérant de sa part une sanction. Non, elle saurait bien en trouver une elle-même.

Mais c’est peut-être là que le bât blessait, parce qu’il ne voulait pas qu’elle s’en occupe elle-même, n’est-ce pas ? Il devait craindre qu’elle ne soit trop exécutive avec le sorcier. Mui sans doute, songea-t-elle, le regard toujours sur l’horizon.

Le vampire se fit alors à nouveau désobligeant.
- Me courir après ? David vous a téléporté tous les deux ici. Et vous n’êtes en rien obligés. Si le voyage vous déplait, il vous suffit de rentrer chez vous.

Elle se tut un bref instant avant d’ajouter, voix basse :
- Je tiens à préciser cependant que le monde des rêves est bien plus vaste que vous ne pouvez l’imaginer. Il m’a fallu plusieurs heures lors de ma première visite pour parvenir au campement nomade. Et cette cité n’en est qu’une parmi d’autres, elle fait partie du cinquième royaume. Il y en a quatre autres, mais je vous rassure, je ne vais pas tout vous faire visiter.

Puis elle répondit à sa question :
- Ce n’est pas Nergal lui-même, mais ses serviteurs. Il commande une armée de Djinns puissants et malfaisants. Beaucoup sont des monstres qui prolifèrent de plus en plus et qui ont déjà massacré beaucoup de Janns. Les Janns sont les protecteurs du monde des rêves, royaume des Djinns, les « gentils djinns » si vous préférez.

Mais aujourd’hui ils sont en sous-nombre face aux armées du Shaytan. C’est le nom qu’on donne à Nergal ici, car nul n’aime à prononcer son autre nom.

Elle tendit alors son bras, en direction de ce qui restait des ponts traversant un fleuve qui n’était plus aujourd’hui.
- Autrefois, ces ponts permettaient aux Djinns d’atteindre l’autre monde, celui des êtres humains. Le tiens, Bobby Sands. Mais Nergal a fait en sorte que tous les ponts soient détruits. Ainsi désormais nul ne peut plus être guidé par les Djinns. Prisonniers de leur propre monde, celui-ci est condamné à périr peu à peu.

Syrgane se tut brusquement, elle venait de sentir un important déplacement d’air et qui venait du ciel. Son regard porta dans une direction et elle se concentra pour soudain murmurer.
- Un ‘ifrit*!!! Il vient sur nous !

Ils devaient trouver un abri d’urgence ou s’en créer un. Ce qu’elle fit, dressant un mur de roche au dessus de leur tête dans un bruit de craquement de roche [illusion +16]. Ils entendirent juste après le cri strident du monstre.
- Ne faites aucun mouvement, dit-elle tout bas.

Ce qu'elle ignorait, c'est que c'était la présence de David ou plus précisément celle de Nergal qui l'avait attiré.

*Les Ifrits représentent une classe de djinns infernaux caractérisée par la force et la ruse. Un Ifrit est une énorme créature ailée de feu, mâle ou femelle, qui vit sous terre et fréquente les ruines.

Devil Always Hangs Around

ft. Syragane Dendera & Bobby Sands

On avait rejoint Syragane.

Qui était toujours fâchée.

Bon…

Bobby aidait pas.

Mais l’avantage avec lui.

C’était que je n’avais

Pas besoin…

De lire ses pensées.

Il disait ses pensées.

Sans rien y changer.

Il était cynique.

Sceptique.

Mais moi.

Ça ne me dérangeait pas.

Par contre…

Syragane…

Elle s’énervait vite.

Me courir après ? David vous a téléporté tous les deux ici. Et vous n’êtes en rien obligés. Si le voyage vous déplait, il vous suffit de rentrer chez vous.

Elle ne parlait pas qu’à Bobby.

Mais à moi aussi.

Je ne dis rien.

Moui…

Il vaut mieux David.

De toute façon.

Ça ne servira à rien.

78 heures.

Quoi ?

Rien.

Je tiens à préciser cependant que le monde des rêves est bien plus vaste que vous ne pouvez l’imaginer. Il m’a fallu plusieurs heures lors de ma première visite pour parvenir au campement nomade. Et cette cité n’en est qu’une parmi d’autres, elle fait partie du cinquième royaume. Il y en a quatre autres, mais je vous rassure, je ne vais pas tout vous faire visiter.

Donc on était bien.

Dans un rêve…

Je la regardai alors…

Et osai ouvrir la bouche.

-Mais… Mais comment on a pu entrer… Si personne ne dort ? Personne ne rêve…

C’était…

Une vraie question.

Pas pour la faire enrager.

Bobby

Lui

Reprenant aussi son sérieux.

Demanda si c’était Nergal.

Qui avait détruit la ville.

Ce n’est pas Nergal lui-même, mais ses serviteurs. Il commande une armée de Djinns puissants et malfaisants. Beaucoup sont des monstres qui prolifèrent de plus en plus et qui ont déjà massacré beaucoup de Janns. Les Janns sont les protecteurs du monde des rêves, royaume des Djinns, les « gentils djinns » si vous préférez. Mais aujourd’hui ils sont en sous-nombre face aux armées du Shaytan. C’est le nom qu’on donne à Nergal ici, car nul n’aime à prononcer son autre nom.

Je me tournai vers Bobby…

Et ajoutai…

-En plus… les serviteurs de Nergal… les Nergali… Sont passés dans notre monde.

Puis je regardai Syragane.

-C’est ça, hein ?

Elle désigna…

Des ponts en ruine.

Qui faisaient que plus personne.

Ne pouvait être guidé.

Par les gentils Djinns.

Les condamnant…

Avec leur ville.

Un ‘ifrit!!! Il vient sur nous !

Je sursautai.

Voyant une sorte de dragon.

Fondre sur nous.

J’eus tellement peur.

Que je ne sus pas réagir !

Seigneur Dieu !

Qu’est-ce que c’est que ça, David ?!

Un Ifrit.

Tu devrais écouter Syragane

Des fois.

Heureusement.

Elle…

Elle réagit.

Et nous cacha sous une roche illusoire.

Ne faites aucun mouvement

Je ne bougeai plus.

Ne respirai plus.

Et regardai Syragane.

Effrayé…

-C’est… ? C’est moi qui l’attire ?

Devil always hangs around

ft. Syragane Dendera & David Edwards

Oh oh !! Comme elle était fâchée… Ce n’était pas grave parce que moi, je ne prenais pas sa colère personnellement alors ça ne m’atteignait pas. Je me contentai de sourire quand elle affirma que si on était pas contents, on pouvait rentrer à la maison. Elle en voulait même à David, le pauvre. Lui, la colère de son amante semblait l’atteindre un peu. A mon avis, il n’avait pas l’habitude des conflits.

Bah ! Fallait bien qu’il apprenne !

Maintenant que Syragane était enfin décidée à se focaliser un peu moins sur mes remarques qu’elle semblait considérer comme désobligeantes et voulait bien nous raconter l’histoire de cette cité qu’elle nous montrait, j’étais beaucoup plus attentif. Parce que tout ce qui était surnaturel m’intéressait et que je voulais en apprendre un maximum.

Nous étions bien dans un rêve. Ou plutôt dans le monde des rêves, ce qui surprit David parce que pour lui, pour voyager dans un rêve, il fallait que quelqu’un dorme. Ça se tenait. Mais apparemment tout ça était beaucoup plus grand qu’on pouvait le croire.

Alors sur un ton professoral, Syragane nous raconta comment les disciples de Nergal avaient réduit la cité à néant.

Je me frottai le menton, réfléchissant alors que la sylphe expliquai que Nergal avait voulu couper le monde des Djinns de mon monde, condamnant du même coup la cité.

-Mais… Dans quel intérêt ? Que veut Nergal ? La destruction pour le plaisir de la destruction ?

Je regardais les ponts en ruine.

-Il n’y a pas d’intérêt à régner sur un monde mourant… A moins qu’il n’ait réduit les Djinns à néant pour pouvoir régner sur mon monde…  

Mais soudain, Syragane s’écria alors qu’un bêté horrible et ailée fondait sur nous !

Davod figea complètement et moi, je reculai de deux pas, les mains devant moi…

Mais en plein désert, mon pouvoir de magnétisme ne marchait pas. Je ne savais pas dire si c’était parce qu’on était dans un rêve ou parce qu’il n’y avait pas de métal alentours…

Heureusement, Syragane dressa un mur de pierre au-dessus de nous avant de nous chuchoter de ne pas bouger.

-Putain, il y en a beaucoup des bestioles comme ça ?!

Je ne bougeai pas d’un poil, désemparé d’être privé de mon pouvoir. David, lui, se demandait si c’était lui qui avait attiré la bête.

-Pourquoi tu l’attirerais ?

Puis je lançai à Syragane, toujours à voix basse.

-Mon magnétisme ne fonctionne pas !

Devil always hangs around

Ft David & Bobby

Elle se tourna vers David à sa question, la première qu’il lui posait et répondit simplement :
- Parce que les rêves sont bien plus qu’un état de sommeil. Il faut prendre ce mot dans son sens général. Un mot synonyme d’espoir. Il n’est pas utile de dormir pour rêver. Il suffit parfois d’imaginer . ..

Après d’autres explications destinées à Bobby, David apporta ce qu’il avait retenu et Syragane acquiesça.
- Oui les Nergalii mais ceux-ci sont humains et servent Nergal dans l’autre monde. Ils perpétuent son dogme comme vous le faites pour votre dieu.

Et quel était l’intérêt de tout ça ? Elle répondit au vampire.
- Il y a beaucoup de ça. Nergal ne s’appelle pas le dieu de la destruction et du chaos pour rien. Mais détruire le monde des rêves, empêcher les Djinns d’entretenir les espoirs des hommes, étouffer leurs rêves, c’est aussi une façon très détournée et sournoise de vous détruire à travers cet endroit. Même prisonnier, il a trouvé le moyen de conserver son règne à travers le monde des rêves. Nergal est très doué pour ça, déclara-t-elle avec gravité.

Elle dévisagea Bobby puis David:
- C’est pour ça que ce rêve était plus grave qu’il n’y parait. A travers lui, il a su d’une manière ou d’une autre, convaincre ou manipuler Alberich pour qu’il l’aide dans son objectif.

Elle n’eut pas l’occasion de poursuivre. Ils étaient attaqués par un ‘ifrit. Nul temps pour la discussion quand ces créatures tombaient du ciel. Il fallait se mettre aux abris en espérant qu’ils échapperaient à ses yeux qui percevaient surtout le mouvement, et son ouïe le bruit.

Syragane improvisa très vite un abri de pierre sous lequel ils seraient momentanément invisibles aux yeux du monstre. Elle secoua la tête à la question de Bobby.
- Heureusement non, mais il y en a d’autres espèces, plus nombreuses et tout aussi dangereuses. Ceux-là sont beaucoup plus rares, mais ils sont très forts et très rusés.

Un son singulier se fit bientôt entendre, faisant vibrer le sol sous leurs pieds. L’Ifrit venait de se poser et il était tout proche, alors à la question de David, Syragane se tourna pour le dévisager.
- Peut-être. Ou c’est peut-être Nergal qui l’a attiré. Après tout, il est leur maître à tous ces djinns démoniaques

Bobby lui s’énervait, ses pouvoirs ne fonctionnaient pas. Alors elle lui donna les mêmes conseils qu’Ilham lui avait donné lors de son enseignement.
- Ici, il faut agir avec l’esprit, dit-elle tout bas. Tes pouvoirs fonctionnent si tu le décides. Il ne faut pas penser comme dans l’autre monde, juste avec la volonté. Et elle ajouta : Tu dois être persuadé de la réalité de ce monde.

Tout à coup un autre son se fit entendre puis un autre, un son de grattement et de terre qu’on chassait. La créature grattait autour de leur abri, creusait le sable et les pierres pour tenter de les atteindre. Syragane se tourna vers David.
- Peut-être t’écoutera-t-il toi.

Elle n’était sûre de rien mais puisque David savait se faire écouter des petits monstres insectes dont il était le geôlier y compris de Nergal, peut-être saurait-il faire de même avec cette créature.
- Tu ne dois plus avoir peur, dit-elle d’un ton parfaitement calme. Tu es Légion, c’est toi le maître de Nergal désormais.