Devil Always Hangs Around

ft. Syragane Dendera & Bobby Sands

Parce que les rêves sont bien plus qu’un état de sommeil. Il faut prendre ce mot dans son sens général. Un mot synonyme d’espoir. Il n’est pas utile de dormir pour rêver. Il suffit parfois d’imaginer.

Ah ouais !

Ça y est !

J’ai compris.

Moui…

Je vois aussi.

Ce qu’elle veut dire.

Comme quand on rêve

Tout éveillé…

C’est un rêve aussi.

Ou quand on a…

Très très envie.

De quelque chose d’impossible.

C’est un rêve aussi.

Je souris.

Content d’avoir compris.

Je parlai des Nergalii.

Oui les Nergalii mais ceux-ci sont humains et servent Nergal dans l’autre monde. Ils perpétuent son dogme comme vous le faites pour votre dieu.

Bobby…

Lui…

Ne voyait pas vraiment d’intérêt.

A détruire.

Pour détruire.

Il y a beaucoup de ça. Nergal ne s’appelle pas le dieu de la destruction et du chaos pour rien. Mais détruire le monde des rêves, empêcher les Djinns d’entretenir les espoirs des hommes, étouffer leurs rêves, c’est aussi une façon très détournée et sournoise de vous détruire à travers cet endroit. Même prisonnier, il a trouvé le moyen de conserver son règne à travers le monde des rêves. Nergal est très doué pour ça.

Je dansai un peu…

D’un pied sur l’autre.

Je savais que Nergal.

Adorait faire du mal.

Détruire.

Juste parce qu’il aimait ça.

C’est pour ça que ce rêve était plus grave qu’il n’y parait. A travers lui, il a su d’une manière ou d’une autre, convaincre ou manipuler Alberich pour qu’il l’aide dans son objectif.

Ouais.

Et comme j’avais dit à Bobby.

Du coup…

Comme la frontière.

Entre rêve et réalité était mince.

Nergal aurait très bien pu

Prendre possession

De mon corps.

Dans la vie réelle.

On fut alors interrompus.

Par un Ifrit.

Et heureusement.

Syragane créa un rempart de roche.

Entre le monstre de feu.

Et nous.

Putain, il y en a beaucoup des bestioles comme ça ?!

Je sentais.

La peur de Bobby.

Heureusement non, mais il y en a d’autres espèces, plus nombreuses et tout aussi dangereuses. Ceux-là sont beaucoup plus rares, mais ils sont très forts et très rusés.

Moi ce que j’avais peur.

C’était que ce soit de ma faute.

Si le monstre

Nous avait trouvés.

Peut-être. Ou c’est peut-être Nergal qui l’a attiré. Après tout, il est leur maître à tous ces djinns démoniaques

J’étais pétrifié.

Mon magnétisme ne fonctionne pas !

Ici, il faut agir avec l’esprit. Tes pouvoirs fonctionnent si tu le décides. Il ne faut pas penser comme dans l’autre monde, juste avec la volonté. Tu dois être persuadé de la réalité de ce monde.

Je fermai les yeux.

Pris une grande inspiration.

J’entendais mon cœur.

Battre…

Très fort.

Et très vite.

Peut-être t’écoutera-t-il toi.

Je rouvris les yeux.

Pinçai les lèvres.

Tu ne dois plus avoir peur. Tu es Légion, c’est toi le maître de Nergal désormais.

Mais Légion…

Non…

J’avais trop peur. [Echec]

Quant à Bobby…

Il n’arrivait pas…

A se persuader que ses pouvoirs…

Pouvaient marcher ici.

David !

Il faut que tu fasses quelque chose.

D’accord !

Je m’avançai d’un pas.

Les poings serrés.

Comme mes mâchoires.

Alors que l’Ifrit…

Cherchait à creuser sous la roche.

C’était un monstre de feu.

Nous étions dans le désert.

Un coup de tonnerre retentit !

Faisant presque trembler

La terre sous nos pieds.

Puis…

On entendit des clapotis…

La pluie tombait sur la roche.

J’avais fait pleuvoir.

En plein désert.

Et le monstre de feu…

Hurla de douleur.

Je me bouchai les oreilles.

Et tombai à genoux.

Amplifiant la pluie.

Devil always hangs around

ft. Syragane Dendera & David Edwards

Je comprenais beaucoup mieux pourquoi David et Syragane avaient si peur des rêves. Maintenant que j’étais dans le monde des rêves avec eux et que je voyais la destruction dont Nergal était capable, c’était beaucoup plus clair. Comme David me l’avait dit, si Alberich avait réussi à invoquer Nergal en rêve, à le sortir de sa prison Légion, peut-être qu’il aurait réussi à pénétrer notre monde.

D’après Syragane, Nergal avait très bien pu convaincre ou manipuler Alberich…

-Mouais… Tout comme Alberich aurait pu agir de son propre chef en voyant une occasion de faire quelque chose qui m’échappe encore… Mais je verrai en parlant avec lui…

Je regardai Syragane.

-Je comprends mieux pourquoi pour vous, les rêves sont plus qu’un simple mécanisme neuronal.

Mais on eut pas le temps de parler plus avant de tout ça, parce qu’une créature ailée et en feu fondis sur nous.

Syragane eut juste le temps de nous mettre à l’abri sous un dôme de roche. Surpris, j’avais voulu utiliser mon magnétisme et ça n’avait pas marché. Et pour cause ! On était dans un putain de désert ! Pas de métal à des kilomètres à la ronde !

Et en plus, il y avait d’autres types de créatures aussi vicieuses que celle qu’on venait de voir !

-Putain !

David demanda si c’était lui qui attirait ce genre de bestiole. Et Syragane de dire que c’était peut-être Nergal.

-Ça revient au même ! Nergal est dans David !

Le télépathe était pétrifié et moi, j’étais inutile, comme je le fis savoir à la sylphe qui gardait un calme tellement olympien que ça en était limite énervant. Elle me dit alors que je devais agir avec mon esprit, penser que tout était possible, en gros.  

Je posai un genou en terre et plaçai une main sur le sable pendant que David fermais les yeux. J’imaginai un gros gisement de métal sous nos pieds.

Mais ça ne marchait pas…

-Faut croire que je suis vraiment trop terre à terre !

Et la bestiole se mettait à gratter sous la roche maintenant ! Heureusement, David reprit un peu ses esprits et s’avança… Je le regardai faire, curieux de savoir ce qu’il allait nous trouver comme idée… Et c’est là que la terre trembla sous un coup de tonnerre… Puis que la pluie se mit à tomber, faisant hurler la créature de douleur.

Je me relevai et m’approchai de Syragane, parlant fort pour être entendu par-dessus les hurlements de la bête.

-Si on meurt ici ? Qu’est-ce qu’il nous arrive dans le monde réel ?

Devil always hangs around

Ft David & Bobby

Mui, d’une manière ou d’une autre, Alberich était complice de tout ça. Et ce que Bobby comptait lui dire ou faire, lui était désormais égal. Syragane avait ses propres objectifs.
Mais au moins, à présent il savait, il voyait à quel point Nergal était dangereux, et peut-être plus encore à travers les rêves.

Comme le leur prouva l’apparition d’un ifrit qui semblait-il, était décidé à les faire brûler vif. Car malgré l’abri créé par Syragane, la rusée créature s’était mise à gratter pour les atteindre par au-dessous de leur dôme. Et entendre les crissements de ses puissantes griffes contre le roc et dans le sable avait quelque chose d’aussi effrayant que de l’entendre grogner et hurler de l’autre côté de ce mur qui ne les protègerait plus très longtemps.

Alors certes, la question de David avait de quoi interpeller. Syragane le dévisagea et lui donna raison, enfin pas vraiment. L’Ifrit avant probablement repéré son maître, ou celui-ci l’avait-il appelé ? Ce qui pour Bobby revenait au même. Oui mais pour David, c’était important de faire la nuance, car si Nergal était en lui, David en restait le maître, ou plutôt Légion.

Légion pouvait peut-être empêcher ce monstre de les brûler vif, bien qu’il y avait un ultime atout qu’elle n’avait pas encore évoqué, le plus évident: la fuite. Mais elle n’était pas résolue à fuir pour le moment, ce n’est pas ainsi qu’Ilhan l’avait formée.

Il restait à David de voir s’il pouvait lui, essayer de maîtriser le monstre grâce à ses pouvoirs psychiques car de son côté, malgré les conseils de Syragane, le vampire ne parvint à rien. Et sa remarque du fait qu’il devait être trop terre à terre, lui valut un regard peu amène de la part de la sylphe.
- S’il n’y avait que ça, répliqua-t-elle tout bas avant de se concentrer sur David.

Sur Légion ?

Elle regarda David s’avancer vers la mince ouverture qui leur laissait la seule issue de secours possible vers l’extérieur , et le suivit. Bientôt le tonnerre gronda et la pluie se mit à tomber de plus en plus drue sur le désert des rêves.

Le sourire de Syragane s’étira, malgré les hurlements terribles de l’Ifrit qui se tordait de douleur. L’eau était le plus grand ennemi des Ifrit. David avait visé dans le mille.
- Tu as réussi ! répondit-elle.

Elle se tourna brièvement vers Bobby.
- Nous ne mourrons pas aujourd’hui.

L’ouverture s’agrandit au moment où l’Ifrit tombait, la tête s’abattant à un mètre à peine d’elle. Ses lames apparurent dans ses mains. Elle en fit tournoyer l’une d’elle sous la pluie ce qui fit briller son or d’un éclat intense, et planta dans un élan vif et brusque, la lame dans l’œil du monstre qui poussa un dernier hurlement de douleur avant de s’effondrer sur lui-même dans un bruit sourd.

Ses chairs telles de la lave incandescente cessèrent bientôt de rougeoyer, pour s’éteindre et ressembler au final à du charbon noir, luisant sous l’averse.

Désormais trempée elle aussi, la fine étoffe collant à sa peau, les cheveux plaqués contre son corps, Syragane se redressa pour sourire à celui qui avait su vaincre un ‘ifrit.

Et l’instant d’après les youyous de victoire retentirent partout autour d’eux. L’abri illusoire s’évapora en poussière humide sur le sol, et Syragage sourit de plus bel en voyant l’armée des janns qui les entouraient, les observant depuis les hauteurs des dunes alentours.
- Ce sont mes amis, dit-elle pour David et Bobby. Les Janns célèbrent ta victoire, dit-elle encore avec un sourire qui étincela d’or. Mais son regard retrouva bientôt son éclat normal pour aller à la rencontre des cavaliers du désert des rêves. Des guerriers aux allures de touaregs, si ce n’était un regard d’un éclat intense et surnaturel, un bleu presque transparent pour les uns, un bleu plus marqué pour d'autres, tandis que certains avaient un regard bleu nuit.

Ils les entourèrent bientôt, observant d’un regard à la fois curieux et méfiant les étrangers.

Devil Always Hangs Around

ft. Syragane Dendera & Bobby Sands

Bobby…

N’y arrivait pas.

Il était…

Trop terre à terre…

Qu’il disait.

S’il n’y avait que ça

Oh là…

Pas gentille…

La païenne.

Déjà qu’on se demanderait bien.

Pourquoi elle voulait

Absolument voir Bobby

Pour Alberich.

Si maintenant elle n’en a.

Plus rien à foutre…

Tu lis ses pensées ?

Manakel ?

Je vais me gêner, peut-être ?!

Mais pour l’instant.

On avait

Un plus grand problème.

L’Ifrit.

J’avais peur.

Mais Syragane…

Croyait en moi.

J’avais pris une grande inspiration.

Puis fait tomber la pluie.

Vraiment très fort.

La bête cria.

Et moi je tombai à genoux.

Dans le sable encore sec

Protégé par le dôme de roche.

L’Ifrit arrêta de creuser.

Tout à sa douleur.

Puis on l’entendit

S’effondrer.

Tu as réussi !

Je la regardai…

Mais ne souris pas.

Moui…

C’était un sale test.

Parce que dans ses pensées.

J’ai vu qu’on avait aussi le choix de fuir.

Pourquoi elle fait ça ?

Je n’en sais rien, David.

Nous ne mourrons pas aujourd’hui.

Syragane.

Fit disparaître le dôme.

Et avec des mouvements spectaculaires

De ses lames qu’elle avait

Fait apparaître…

Elle acheva l’Ifrit.

Ses vêtements moulant

Ses formes

Et rendant sa robe blanche

Presque transparente.

Moui…

C’est quand même toi

Qui a fait le job, David.

Et il y avait plein de gens maintenant.

Ce sont mes amis. Les Janns célèbrent ta victoire.

Je baissai les yeux.

Et la foule nous encercla.

Ils voulaient tous me toucher.

Et j’aimais pas ça.

D’autres…

Nous regardaient…

D’un air méfiant.

Et toutes leurs pensées.

Se bousculaient dans ma tête.

Je m’approchai de Syragane.

-On peut… On peut rentrer maintenant ? Avant qu’un autre… un autre monstre essaye de nous bouffer ?

Devil always hangs around

ft. Syragane Dendera & David Edwards

J’avais beau essayer de me détendre, de fermer les yeux et d’imaginer du métal, sa froideur, sa texture… Rien n’y faisait, rien ne se passait. J’étais beaucoup trop réaliste, trop terre à terre… Mais pas que, si j’en croyais le marmottage de la sylphe. Elle pouvait bien penser ce qu’elle voulait de moi, ce n’était pas moi qui était venue quémander… Quémander quoi, d’ailleurs ? Puisqu’elle avait dit ne pas vouloir de représailles vis-à-vis d’Alberich….

Alors quoi ? Juste foutre le doute ? Foutre la merde dans la Confrérie en brisant la confiance entre ses membres ?

Déjà qu’Alberich, je m’en méfiais.

Bref… De toute façon, j’avais presque oublié Alberich et cette histoire de rêve parce qu’un dragon de feu était en train d’essayer de nous atteindre sous le dôme de roche formé par la sylphe.

Et apparemment, tous nos espoirs de nous en sortir reposaient sur David qui était terrifié… Je le regardai, attendant qu’il fasse quelque chose, me demandant si Syragane n’en demandait pas un peu trop au pauvre gars.

Mais finalement, il s’avança.

Il y eut un coup de tonnerre puis le cliquetis de la pluie sur la roche… Et les hurlements de la bête qu’on entendit finalement s’écrouler. Moi, je voulus savoir ce qui arriverait si on mourrait dans ce monde des rêves.

Et elle me répliqua qu’on ne mourrait pas aujourd’hui.

Je ricanai…

-Merci… ça ne répond pas du tout à ma question.

Le dôme disparut et je pus mieux voir la créature que David venait de vaincre. Son feu était presque éteint et elle fumait… La pluie nous tombait dru dessus, trempant nos cheveux et nos vêtements. Syragane fit apparaître deux longues lames et acheva la bête…

Je secouai la tête…

-Frimeuse…

Et ce ne fut que là que je me rendis compte qu’il y avait toute une foule de touaregs autour de nous… Des Janns… Les amis de Syragane, nous informa-t-elle. Ils ne tardèrent pas à nous encercler et je me maintins sur mes gardes. Leurs mains se posaient sur nous et je supposais que ce qu’ils disaient dans leur langue étaient des remerciements.

David, lui, voulait rentrer à la maison avant qu’un autre monstre ne débarque.

-Il a raison… J’en ai assez vu… J’ai passé mon baptême du feu dans le monde des rêves, non ?

Devil always hangs around

Ft David & Bobby

Elle était fière de ce que venait d’accomplir David. Dans d’autres circonstances, pour mettre à terre un ‘Ifrit, il aurait fallu toute une escouade de Janns. Elle les avait déjà vu affronter l’un d’eux, et elle connaissait désormais leurs points forts et leurs points faibles, mais David avait instinctivement su ce qu’il fallait faire, lui faisant la démonstration qu’il était apte à se battre seul.

Même si David, apparemment, ça ne lui plaisait pas, à lui autant qu’à Bobby qui avait râlé qu’elle ne répondait pas à sa question. En même temps, ce n’est pas comme s’ils avaient eu le temps de taper la discussion. Et puis, à présent, il saurait ce que ça faisait de ne pas être écouté. Ce n’était que politesse rendue, bien involontairement toutefois.

Enfin comme l’Ifrit agonisait, Syragane lui donna le coup de grâce, ce qui lui valut aussitôt une remarque ironique du vampire. La sylphe laissa ses lames s’évaporer dans les airs, s’enroulant brièvement d’un tourbillon de vent chaud pour se sécher, avant de répliquer en le regardant d’un air peu amène.
- N’as-tu jamais achevé tes adversaires après la bataille ? Je n’ai fait que m’assurer qu’il ne nuira plus jamais à ce monde.

Pendant ce temps, les janns s’étaient rapprochés et leur chef, un homme de taille impressionnante, après avoir mis un pied à terre, rejoignit la sylphe pour s’incliner devant elle avec respect. Ils échangèrent quelques mots dans la langue commune* pour lui faire un retour sur ce qui s’était passé avec l’ifrit, et le pourquoi de la présence de Bobby et de David. L’un et l’autre ne manquèrent pas d’intriguer les djinns qui tous avaient des facultés particulières dont certaines leur permirent de deviner que ce n’était pas de simples voyageurs, surtout en ce qui concernait David.

Et puis ne venait-il pas de terrasser un ‘Ifrit à lui tout seul ? Il avait carrément créé une averse, et autant dire que l’évènement dans ce désert sans fin était exceptionnel ! Même si elle avait désormais cessé.

Déjà quelques Janns s’affairaient à dépecer la bête sous les cris et consignes des plus anciens dans un brouhaha ordonné et joyeux, ne récupérant que des plaques charbonneuses qu’ils utiliseraient par la suite pour alimenter leurs feux, un combustible très précieux en ce monde.

L’homme, Marid d’Ihlan,  lui proposa avec politesse, comme le voulait la tradition de participer à la fête qu'ils donneraient, afin de célébrer cette victoire mais.. .. David lui voulait rentrer et Bobby ne tarda pas à le rejoindre dans cette idée.

Le Marid les dévisagea, sans comprendre, et confuse, Syragane traduisit, refusant son offre pour les étrangers, ce qui pouvait ici paraître très impoli. En même temps, ce serait sans doute pire d’inviter ces deux-là à une fête jann, parce qu’ils ne savaient pas faire montre de politesse. Même David l’avait totalement surprise, par son comportement au théâtre, et que dire de l’intervention de Manakel ?

En revanche, elle, accepta avec joie. Elle ferait honneur au repas des Janns comme il se devait. De toute façon elle avait pris sa décision avant même de voir les Janns surgir sur les dunes.

Elle glissa quelques mots d’excuse au Marid, et revint vers Bobby et David. Les Janns les avaient finalement laissés tranquilles, pour aller aider leurs camarades.
Son regard accrocha celui de David :
- Tu n’as pas besoin de ma permission pour rentrer, David. Vous êtes libres de faire ce qu’il vous chante, ajouta-t-elle pour tous les deux. A aucun moment je ne vous ai obligé.

Puis d’une voix lasse, elle ajouta à l’attention de Bobby.
- Il va te ramener chez toi. Mais je souhaiterai lui parler avant que vous vous en alliez. En attendant, profite-en, pour une fois que tu peux te promener sous le soleil.

Son regard croisa le sien, lourd de sens, lui qui n’avait eu que des reproches pour elle, n’avait su profiter de ces instants privilégiés. Puis elle se détourna, entraînant David un peu plus à l’écart de tout ce monde.

Ils s’éloignèrent sur la dune, face au soleil couchant, et un ciel de feu. Apparemment les Janns avaient décidé d’installer leur campement sur place, et déjà des braseros s’allumaient les uns après les autres.
- Je tiens à m’excuser, commença-t-elle en fixant la ligne d’horizon sous un soleil immense et rouge. D’une voix plus triste soudain elle continua : Je m’excuse si j’ai pu te donner l’impression que je ne te laisse pas choisir, décider de ce que tu veux faire, ou de t’exprimer. Je sais que parfois les mots ne sont pas faciles pour toi, et sans doute ais-je trop voulu t’aider. Sans doute ais-je trop voulu en faire, ou trop voulu te protéger.

Sa voix se serra douloureusement dans sa gorge alors qu’elle se tournait vers lui :
- Je ne veux pourtant que ton bonheur. Je veux que tu puisses profiter de ta liberté après tout ce temps où on t’a enfermé, et privé de tous tes droits. Je veux qu'ils sachent ceux qui t'ont enfermé qu'ils se sont trompés sur toi et que tu peux très bien gérer tes pouvoirs.

Les larmes revinrent :
- Mais aujourd’hui, tu m’as fait comprendre que je ne fais que t’étouffer au lieu de t’aider. Alors si mes mots te deviennent si pénibles, si tu n’as plus la patience de m’écouter et que tu ne comprends plus celle que je suis, comme moi je t’accepte tel tu es, il vaut mieux que nous prenions un chemin différent.

L’or d’un désert sans eau, roulait désormais sur ses joues, traçant des sillons brillants sous un regard mordoré:
- Tu as vaincu un ‘Ifrit, un monstre très puissant, tu as su ce qu’il fallait faire, sans que je n’aie à intervenir. Tu n’as plus besoin de mon aide, si tu n’en as jamais eu besoin. Tu es le gardien de Nergal avec ou sans moi, et je suis l’élue d’Ishtar avec ou sans toi. Je dois poursuivre ma mission quoiqu’il arrive, et quelques que soient les sacrifices exigés.

Elle serra soudain la mâchoire avant de conclure, d’un ton plus glacial :
- Je n’aurai qu’un conseil à te donner avant que tu ne rentres. Tu dois te faire ta propre opinion David. Je ne fais peut-être pas toujours les bons choix et je sais combien tu n’aimes pas mon éducation « barbare » , mais  la voix de Manakel n’est pas non plus la plus avisée ! Regarde où ça l’a mené. J’avais de la pitié pour lui, mais jamais personne encore ne m'avait parlé comme il l’a fait, avec ce manque absolu de respect. S’il continue de prendre les gens de haut, persuadé de toujours avoir raison, le cancer noir finira par le dévorer tout entier.

Elle recula pour se tourner vers le campement désormais bien installé.
- Je vais rester encore quelques temps. Par politesse, j’ai accepté l’invitation du Marid à son repas, et après je verrai, mais ne m’attends pas, dit-elle plus froidement pour cacher sa peine, et surtout résignée.

Devil Always Hangs Around

ft. Syragane Dendera & Bobby Sands

La bête était achevée.

Il y avait plein de gens.

Et moi…

Ça me mettait mal à l’aise.

Je voulais rentrer.

Parce que j’avais peur.

Qu’il y ait d’autres créatures.

Et parce que la tension.

Entre Bobby, Syragane,

Manakel…

Commençait à faire monter

L’angoisse en moi.

Bobby était cynique.

Syragane était susceptible.

Et Manakel était irrespectueux.

Et moi…

Moi j’avais l’impression.

De n’avoir rien à dire.

Bobby voulait rentrer aussi.

Mais on dut attendre.

Que Syragane parle au chef

Des Djanns

Ou un truc comme ça.

Elle dit alors qu’on pouvait rentrer.

Si on voulait.

Mais qu’elle devait me parler d’abord.

Invitant Bobby à profiter du soleil.

Tant qu’il pouvait.

Maintenant que les nuages noirs

Que j’avais créés.

S’étaient délités.

Et là…

Un peu à l’écart des autres.

Elle me parla.

Longtemps.

Les larmes lui montant aux yeux.

Mais essayant de garder contenance.

Et moi…

Dans ma tête.

Je n’entendais pas la voix.

De Manakel.

Mais celle de Syragane.

Un peu plus tôt.

Tu es Légion.

C’est toi le maître de Nergal…

Alors…

Je n’étais que ça ?

Quand les larmes de Syragane

Coulèrent sur ses joues.

Je baissai les yeux.

Jouai avec le sable.

Du bout de mes Doc Martens.

Ouais…

Elle m’étouffait.

Je savais qu’elle voulait

Bien faire.

Mais elle m’étouffait.

Elle ne me laissait pas le temps

De m’exprimer.

Elle partait toujours au quart de tour…

Et elle n’écoutait pas plus.

Que Bobby Sands…

Alors si mes mots te deviennent si pénibles, si tu n’as plus la patience de m’écouter et que tu ne comprends plus celle que je suis, comme moi je t’accepte tel tu es, il vaut mieux que nous prenions un chemin différent.

Je hochai la tête.

Puis elle me mit en garde.

Contre Manakel.

Qui lui…

Ne dit rien…

Mais je le sentais sidéré.

Pas tant par les paroles de Syragane.

Que par mon propre

Heu…

Mon propre choix.

Je vais rester encore quelques temps. Par politesse, j’ai accepté l’invitation du Marid à son repas, et après je verrai, mais ne m’attends pas.

-Ok…

Je pinçai les lèvres.

Pas une seule fois…

Je la regardai.

Et tout ce que je trouvai à dire…

Fut…

-Je vais aller dormir chez Woody.

J’eus un bref regard bleu.

Pour elle.

-Merci pour tout.

Je plantai Syragane là.

Sérieux, David ?!

Et retournai vers Bobby.

Qui attendait pas loin.

En regardant les derniers rayons.

Du soleil.

Qui disparaissaient.

A l’horizon.

Je lui souris.

Un pauvre sourire.

Et posai ma main.

Sur son épaule.

-On rentre…

Je me téléportai.

D’abord jusqu’au théâtre.

Où j’abandonnai

Tout bonnement Bobby.

Puis jusqu’à notre bungalow.

Alors c’est vraiment fini ?

David ?

Je m’approchai du petit

Plan de travail.

De la cuisine.

Et m’envoyai une bonne dose.

De Lysanxia.

Je ne sais pas, Manakel.

J’ai besoin de temps.

Pour réfléchir.

Par moi-même.

Puis je ne suis pas si loin.

Juste chez Woody.

Je pris un sac de sport.

Et y fourrai mes vêtements.

Et mes médicaments.

Woody m’accueillit…

Et ne posa pas trop de questions.

Je lui dis juste…

Que Syragane et moi.

C’était fini.

Devil always hangs around

ft. Syragane Dendera & David Edwards

Je ricanai intérieurement quand la sylphe me demanda si je n’avais jamais achevé un ennemi dans la bataille. Décidément, sa susceptibilité était à toute épreuve.

Elle nous abandonna un moment pour baragouiner avec celui qui devait être le chef des Djanns, nous faisant attendre David et moi alors que je voyais bien que le télépathe était vraiment pas à son aise. Il y avait du monde, il venait de terrasser une putain de bestiole du Diable et tout…

Et elle, elle jouait les diplomates en le faisant attendre.

Finalement, elle revint vers nous pour dire à David qu’il n’avait pas besoin de sa permission pour partir. Mais, se tournant vers moi, elle annonça qu’elle devait parler à son amant… Elle m’invita sur un ton bien plus gentil que celui qu’elle avait eu depuis le début que je pouvais profiter des derniers rayons du soleil.

-Ok… prenez votre temps…

Ils s’éloignèrent… mais pas assez pour que je ne puisse pas saisir l’essence de leur conversation… Et vas-y que Syragane jouait sur les sentiments de David.

« Et si tu ne me comprends plus ci. » et « et si je t’étouffe par là. »…

Le tout avec gorge serrée et force de larmes bien sûr.

Je m’attendais à ce que David tende la main pour écraser les larmes de celle qu’il aimait profondément malgré ses défauts.

Mais il n’en fit rien.

Il affirma qu’il allait aller dormir ailleurs…

Il la remercia.

Puis il revint vers moi…

Et moi, j’étais bouche bée ! Je m’attendais à ce qu’il s’excuse lui-même ou fasse quelque chose pour ne pas faire sombrer son couple.

Mais non !

Alors je secouai la tête quand il fut brusquement à côté de moi, sa main sur mon épaule. Il annonça qu’on rentrait.

-O…

J’étais au théâtre, déjà.

…k…

Je voulus lui dire deux ou trois mots, lui dire que tout n’était pas gravé dans le marbre, surtout en matière de couple. Moi-même, j’avais quitté Scarlet une fois et aujourd’hui, si on ne s’entretuait pas, c’était parce qu’on était tous les deux fort occupés chacun de notre côté. Ce qui n’enlevait rien à notre amour…

Mais avant que j’aie pu dire quoi que ce soit, David s’était à nouveau téléporté.

Je me frappai le front d’une main, me sentant un peu coupable.

-Et merde ! Qu’est-ce que j’ai fait ?!